Dans sa chambre pailletée, Winnie Auburn, actrice en devenir (perspective) rêve d'amour, de gloire et de beauté.  Ses vœux presque exaucés, son rêve d'amour commence à tarder. Le temps passe, elle a 23 ans, toujours pas d'enfant ni de mari.

"Tu n'en a pas besoin", lui souffle Clarence, une amie d'enfance, un rejeton collé au sein.

Winnie décida de sélectionner les gènes (hollywoodiens) de sa descendance, ramassa ses économies et pris le premier avion pour son rêve américain. Quatre mois plus tard, son pied foule à nouveau le sol londonien, son ventre cachant un nouvel être à venir. Grand-mère Elaine frôla l'AVC et grand-père Vicky lui demanda au moins de lui donner un prénom digne.

"Harper", répondit-elle la tête dans les nuages, « comme les joueurs de harpe ».

Vicky abandonna tout espoir de voir apparaître une once d'intelligence dans le regard de sa fille.

Un beau matin dans le jardin d'enfant, Harper se querella avec une méchante petite fille qui portait son menton plus haut que sa bouche. L’effrontée voulait suspendre par les pieds un garçon rond pour une bonne partie de rigolade avec ses camarades trop idiots pour voir plus loin que le bout de leur petit nez. Pas de chance, Harper échoua en essayant de déjouer son vilain tour ; elle finit par se battre avec deux garçons aussi bêtes que costaud et fini tête la première dans la boue. En rentrant à la maison, Harper était tellement en colère que des bulles rouges sortir de sa tête en ébullition. Winnie s'évanouie.

Le lendemain, un homme étrange vêtu à la mode du moyen-âge apparut dans le salon. Est-ce qu'elle aurait déjà vu sa tête quelque part ? Il expliqua à la mère que sa fille possède des capacités spéciales qu'il fallait développer dans une école spéciale et en garder spécifiquement le secret.

Harper, sa petite harpe, est une sorcière. Enchantée par ce spectaculaire rebondissement dans sa vie monoparentale, elle n'attend pas que Harper arpente les couloirs de Poudlard pour tout apprendre du monde des sorciers et rencontre un beau sorcier, l'histoire d'une nuit, dont découlera une nouvelle vie : celle de Jean, la cadette. En espérant que celle-ci sera également une sorcière. Et la magie opéra. Grand-Mère Elaine fit bel et bien un AVC. Sa bouche n’aura plus jamais la même forme... A six ans, Harper devient grande sœur, totalement dans le déni de ses capacités magiques. La magie ça n’existe pas. Les dessins animés, c’est pour les bébés. Harper se détache de sa mère. Elle devient une petite fille solitaire, désolidarisée de sa petite sœur, se contentant de se battre dans la cour de l’école pour se décharger des énergies négatives. Heureusement, Grand-Père Vicky réclame sa garde les week-ends pour un recadrage en douceur. Qualités exceptionnelles ou pas, il n’est pas question que sa petite fille tourne mal.

A la maison, Winnie vit au-dessus de ses moyens grâce aux aides sociales et la pitié de ses parents, plus inquiets du sort de leurs petits enfants que celui de leur irrécupérable fille. Harper a accepté son statut de sorcière. Dans le mécanisme de sa jeune cervelle, elle occulte les obsessions, l’immaturité, la bêtise et l’égocentrisme de sa mère, le regard tourné vers l’avenir : Poudlard. Elle intégrera l’école sous les fières couleurs de Gryffondor. Elle voulait aller à Serdaigle, chez les érudits, mais le Choixpeaux lui confia qu’il valait mieux apprendre à « canaliser tout ça ». Harper ne comprenait pas. On pouvait très bien être sage et se prendre les pieds dans les draps au réveil. N’est-ce pas ?

A Poudlard, la jeune Harper était une élève moyenne, plus préoccupée à bavarder qu’à écouter en classe. Néanmoins, elle se débrouille pour obtenir la moyenne à tous ses examens car voyez-vous, Harper regarde l’avenir : elle veut devenir Aurore. Des rêves pleins les yeux, des éclats d'étoiles dans le sourire : c’est une enfant joyeuse, qui s’entend bien avec ses camarades. Elle se prend souvent le bec avec ces prétentieux de serpentard, perdant toujours à ce jeu-là, accumulant les heures de colle et le temps passé dans le bureau de son directeur de maison. Mais pour défendre la justesse, ça valait le coup. Elle intègre l’équipe de Quidditch en quatrième année. Une joueuse sans prétention, très appréciée des cognards.

La relation avec sa mère est… discrète. Lointaine. Invisible. Cependant, régulièrement, elle envoie un hibou à ses grands-parents pour raconter aventure, mésaventure, injustice et bagarre. Lorsque sa cadette, Jean, fait son entrée à Poudlard, Harper rentre en dernière année. Une année scolaire en commun telle deux inconnues.

Pendant l’été 2005, alors qu’elle s’apprête à rentrer en dernière année, une rixe éclate avec un passant, ce dernier déblatérant des propos haineux à l'encontre des moldus et de leurs "résidus " de sorcier. En infériorité numérique et surtout, élancée par son trop plein d'émotion, Harper est mise à terre par un sortilège d'enfumage, manquant de mourir étouffée. Après un bref séjour à Sainte mangouste, grand-père Vicky lui suggère d'étendre ses connaissances avant de songer à rentrer dans l'élite des Aurores. Jouant des coudes, un de ses professeurs l’aide à décrocher un stage au Macusa pour une durée d’un an. Là-bas, son apprentissage se déroulera sous la tutelle d’un ancien Aurore, spécialiste en sortilège.

En 2007, retour en Angleterre : sa grand-mère fait un deuxième AVC et devient totalement dépendante. Pour ne pas devenir un poids et soulager le porte-monnaie de Grand-Père Vicky, elle travaille comme serveuse dans un bar où elle rencontre une drôle de sorcière capable de sort imprononçable. Une surdouée qui préfère servir des bièrraubeurres plutôt que de devenir le larbin du Ministère. Malheureusement, cette année-là, elle échouera aux épreuves d’admission pour la formation d’Aurore et repartira bredouille, les bras ballants, les épaules lourdes de déception. Ses rêves s’effondrent. Mais la vie est trop courte pour se lamenter. Regonflée à bloc après une bonne nuit de sanglots, Harper a la ferme intention de retenter sa chance l’année prochaine. La seconde chance tomba à l’eau, puis la suivante…

En septembre 2009, alors qu’elle vient d’ouvrir ses portes, l’Université accueille Harper la nouvelle étudiante en Protection Magique. S’en suivent trois années mouvementées à l’image de ses jeunes années d'études à Poudlard : Harper est dissipée, une élève passable néanmoins douée en sortilège grâce à ses expériences précédentes.

Elle obtient son diplôme en 2012, mais les places dans l’élite sont saturées. Toutefois, elle décroche un entretien avec le Chef des Oubliators, un homme fort entreprenant, qui conclura qu’elle n’a tout bonnement pas les épaules pour partir en mission sur le terrain, d’autant plus que son faux souvenir pendant la simulation n’était pas assez efficace. « Clairement, vous ne convenez pas au poste ». Douche froide. Cet échaudé aura au moins le mérite d’être clair.

Les nuits suivantes lui semblèrent bien longues. Harper n’a plus d’idées, elle perd pour une fois la foi. Manifestement, elle a besoin de changer d’air. Un besoin de grand air. Sans tarder, elle est embauchée dans une exploitation de bois pour la fabrication de baguette. Pendant cinq ans elle vivra dans cette ferme Irlandaise, éprise d’affection pour le couple d’exploitants, dont elle apprendra beaucoup humainement et techniquement : les baguettes n’ont plus aucun secret pour elle.

En 2018, l’ombre de l’Augurey plane sur la communauté sorcière. Harper craint pour la vie de sa famille, et dans cette lutte contre le Mal, elle refuse d’être en reste. La jeune femme de 30 ans revient en Angleterre pour rentrer dans l’Ordre majestueux du phénix.

Contre toute attente, alors qu’elle cherchait un nouvel emploi, un beau matin Grand-Père Vicky qui lisait la presse sorcière, l’interpella pendant qu’elle perdait la moitié de sa biscotte dans son bol de café noir.

« Ils recherchent des professeurs dans ton ancienne école… le poste de professeur de défenses contre les forces du mal est disponible ».

Pour toute réponse, Harper souffla sur la grosse mèche de cheveux qui lui barrait le front. Pour faire plaisir à grand-père Vicky, elle postula, décrocha un entretien pour finalement apprendre, quelques jours plus tard, qu’elle venait d’obtenir le poste de… Professeur de Sortilège. Parfois, l’avenir vous réserve de drôle de surprise. Avec enchantement, elle réintègre l’école de sorcellerie, fière d’exercer le métier d’enseignant, au même titre que son grand-père moldu enseignait les lettres, cet homme qu’elle admire et qui l’a aidé à devenir cette femme droite et fière.

Une nouvelle page pour une nouvelle histoire. Harper n’en a pas fini de se prendre les pieds dans les tapis et Peeves, n’y ai pour rien. Des jours heureux s’écoulent dorénavant, malgré l’apparition de ce groupe de fanatiques moldus. Le monde ne tourne plus rond (a-t-il seulement déjà tourné dans le bon sens ?), l’obscurité s'étend... Un jour, il faut se battre contre les Mangemorts nostalgiques, le lendemain il faut se battre main dans la main. A l’en croire, le monde ne tourne plus du tout.