Quand j’ai été en âge de comprendre que la vie pouvait être injuste, mes parents m’ont raconté l’histoire de notre famille. Une histoire qui paraissait simple au prime abord. Il faut dire que j’ai grandi dans l’amour, l’acceptation et la tolérance, je n’ai jamais manqué de rien et certainement pas d’affection. Mes parents se sont rencontrés sur les bancs de l’école Poudlard lorsqu’ils étaient adolescents ; une histoire comme tant d’autres. Deux jeunes qui apprennent à se connaître et qui tombent amoureux, il n’y a rien de plus banal que cela. Mais pourtant, leur histoire fut entravée par de nombreux obstacles, il faut dire que lorsqu’une jeune femme appartenant à une famille de sang-pur renommée pour prôner la pureté du sang, commence à sortir avec un né-moldu, cela fait mauvais genre. Lorsque leur histoire est devenue sérieuse, ma mère n’a eu d’autres choix que de s’enfuir, reniant sa famille, ses proches et ses origines. Salir la lignée n’était pas tolérée et ma mère n’a jamais pu toucher la moindre pièce de son héritage. Mais cet héritage, il était si lourd à porter qu’elle n’en a jamais souffert d’en être délivrée. Vivre libre, sans le joug et les desseins d’une famille qui lui dessinait une voie toute tracée avec probablement un mariage arrangé, voilà quel a été le combat de ma mère une fois sortie de Poudlard. Se libérer des entraves et des années d’endoctrinement ne fut pas une chose aisée mais par amour pour mon père, c’est ce qu’elle a fait. C’est de cette union que je suis née quelques années plus tard, après un mariage en petit comité et sans le moindre membre de ma famille maternelle. Il en fut ainsi pendant encore de longues années où j’ai vécu entourée d’une famille aimante et protectrice. J’ai grandi entre deux mondes : mon père, en tant que né-moldu, mêlait ses pouvoirs à sa vie moldue actuelle et a un travail dans le monde moldu. J’ai toujours été proche de mes grands-parents et de mes cousins et cousines même s’ils ne possédaient pas de pouvoirs magiques, ils ont pu m’apporter des valeurs et des connaissances dans bien d’autres domaines. Lorsque mes pouvoirs se sont manifestés, chacun s’en est réjoui même si cela aurait été pareil si cela n’avait pas été le cas, tout simplement parce que ce n’était pas ce que j’étais qui importait mais plutôt qui j’étais. Qui j’étais ? Kayla Rausale, fille de Nicolas Rausale et de Laureen Rausale, née Carrow.



Je n’ai jamais ressenti le besoin de connaître la branche maternelle de ma famille avant d’entrer moi-même à Poudlard. Lorsqu’à l’âge de onze ans je reçus ma lettre d’inscription pour le collège, je savais que j’y rencontrerais des personnes de mon sang. Même si je ne portais pas leur nom, je ressentais leur rancœur, leur rancune, surtout d’un de mes cousins. Un blondinet sans la moindre once de classe et d’estime pour lui-même. Mes ‘’cousines’’, quant à elles, semblaient davantage enclines à m’ignorer et à me laisser tranquille du moins au début mais on s’est rapproché assez rapidement. Dans un premier temps, la proximité avec ma cousine Thalia du fait qu’on soit dans la même promotion a fait que nous nous sommes entendus assez vite. Elle semblait être la brebis galleuse de la portée et ne pas vouloir suivre le même destin que son cousin même s’il lui était difficile d’assumer tout ça en public. En tout cas, on lui avait dit grand bien de moi et on lui avait bien expliqué le malheur qui s’abattrait sur la famille si elle osait me fréquenter : attention, sinon vous finirez comme votre cousine éloignée, reniée, seule et vous finirez aux enfers, tout cela vend du rêve, n’est-ce pas ? Mais Thalia, loin des idéaux qui incombent à son nom de famille, n’a jamais porté un jugement sur ce que je suis, ni sur la non-pureté de mon sang. En tout cas, le fait que je sois une lointaine cousine des Carrow ne s’est pas vraiment ébruité à Poudlard, ce qui m’a permis de me faire une place toute seule, sans avoir besoin de personne. Ma simple personnalité se suffisait à elle-même et j’ai rapidement formé un cercle d’amis autour de moi. J’étais solaire, amusante, rayonnante. À voir toujours le verre à moitié plein en toutes circonstances, j’étais à Poudlard comme j’étais dans la petite maison où j’ai grandi : moi-même. J’y ai appris à jouer au Quidditch, j’ai même fait partie de l’équipe de ma maison. J’adorais me promener dans le parc, nager dans le lac. Les études, cela n’a jamais été mon fort mais je suis toujours parvenue à passer les examens et à m’en sortir, souvent de justesse. Les années ont passé sans que je ne les vois filer et c’est finalement en septième année que je me suis rendue compte du chemin accompli et à quel point j’avais grandi. Mais pas encore assez.


Effectivement, trouver un métier n’est pas une tâche aisée. Suivant ce qu’on m’avait conseillé à Poudlard, après mes ASPIC, je suis directement entrée en première année de droit magique. Mais par contre, cette voie que j’avais choisie plus par dépit que par réelle conviction, j’ai rapidement compris que cela ne fonctionnerait pas. Le travail dans un bureau, en intérieur, moi qui aime bouger, c’était exclu et ce n’est qu’en restant assise pendant des heures à écouter un cours ennuyeux de droit magique que je l’ai compris. Quand je voyais les autres avec des paillettes dans les yeux en écoutant le monologue barbant du professeur tandis que je m’endormais entre chaque nouvel article du Code Civil et du Code Pénal... Bref, il en a fallu du temps pour que je réalise tout cela et que j’ose enfin penser qu’il me fallait un métier de terrain et dans lequel je me sentirai utile. Mes parents m’ont soutenu dans ma démarche, j’ai pris une année sabbatique après cette année en droit catastrophique, en profitant pour effectuer des stages de découverte et en faisait quelques voyages, rejoignant ma cousine Thalia sur certaines de ses destinations. Cette année de césure m’a beaucoup apporté sur le plan humain et lorsque j’ai repris le chemin de l’école quelques mois plus tard, j’étais certaine de ce que je voulais. La protection magique, en voilà une branche intéressante. D’autant plus que les récents agissements du Blood Circle m’ont poussé à vouloir aider. Je veux en faire plus, je veux trouver ma place dans ce monde. Lorsque le secret magique a été révélé j’ai aussi compris l’importance du travail de liaison entre les deux mondes et j’espère en tant qu’étudiante en protection magique pouvoir contribuer à celui-ci.


Certes, la protection magique est une branche intéressante mais c’est loin d’être la plus simple. Les cours qui m’ont posé le plus de difficulté au début ? Je vous le donne dans le mille : les entraînements sportifs. Il faut dire que n’étant pas sportive pour un sou, j’ai craché mes poumons plus d’une fois et je ne vous raconte pas les courbatures le soir. Ok, j’adore le Quidditch et j’ai joué pour ma maison à Poudlard ; on aurait ainsi pu croire que j’étais une grande athlète mais non. Finalement, au Quidditch, et surtout au poste d’attrapeur, c’est plus le balai qui travaille que le joueur. Le fait que je sois légère, mince et menue était un avantage à mon poste. Alors je n’ai jamais cherché à développer ma condition physique. Peut-être aurais-je dû, je n’aurais pas autant souffert la première année. Mais effectivement, durant ces premiers mois, mon corps s’est peu à peu transformé, mes muscles se sont finement dessinés. J’ai gagné en assurance aussi. Mais je savais que quoi que je fasse, peu importe le nombre d’heures passées à la salle de sport, compte tenu de mon gabarit, il allait être difficile de rivaliser avec d’autres hommes au corps à corps. Cette idée faisant son bonhomme de chemin dans ma tête, j’ai pris une grande décision en décidant de m’inscrire au programme d’encadrement des formations des Animagi. J’ai toujours été plutôt douée en métamorphose, c’est la matière où j’avais le plus de facilité. Tout en sachant que l’apprentissage serait ardu, long et fatiguant, je n’ai pas perdu de ma détermination et j’ai hâte d’y parvenir. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, c’est certain mais je sais que cela pourrait être un avantage non négligeable dans le cadre des missions de terrain, que ce soit sur les missions d’espionnage ou d’attaque. Je m’imagine déjà me transformer et mettre la pâté aux ennemis, quels qu’ils soient. Sorciers ou moldus. Car je n’oublie pas d’où je viens et ce que la vie m’a pris et a failli me priver ; les idéaux des Sang-Purs ont bien failli me priver d’une famille, de Thalia et d’Hestia. Alors je cherche à protéger les deux camps ; les sorciers des moldus malveillants du Blood Circle mais aussi les moldus des sorciers sauvages de l’Augurey. Avoir un pied dans chaque monde m’aide énormément pour cela puisque cela me permet d’avoir une vision plus fine, plus objective de ce qu’on peut lire dans les journaux. La propagande, il y en a dans les deux camps et j’espère qu’en tant que fille d’un né-moldu, je parviendrais à protéger aux mieux les intérêts de ma famille paternelle.


Oui, il avait les études. Mais il n’y a pas que cela dans la vie, il y a aussi tous les à-côtés et il faut dire que je ne suis pas la dernière pour m’amuser. Au contraire, j’adore sortir, que ce soit dans le Londres moldu ou le Londres sorcier, je n’ai jamais fait de distinction entre les deux, si ce n’est qu’on ne peut pas s’enivrer avec le même type de boisson et qu’on ne retrouve pas les mêmes musiques pour se déhancher sur le dancefloor. Ce soir, je sors avec mes cousins moldus et on a bien l’intention de boire jusqu’au bout de la nuit. Les boîtes de nuit, j’en ai bien l’habitude ; j’aime danser, m’amuser sur une piste de danse. Je n’ai jamais eu besoin de montrer ma carte d’identité, je sais que je fais plus vieille que mon âge et je peux en jouer. En soirée, je m’amuse à mentir, à m’inventer une autre vie, je me dis que ça peut toujours servir de jouer la comédie en mission d’infiltration. Et la vie continue ainsi depuis quelques mois et ce que je sais, c’est qu’il y a encore tant à faire et tant à découvrir. Ma vie, je ne veux pas la gâcher, je veux la vivre intensément car à chaque instant je sais que tout peut s’arrêter d’un claquement de doigts.