Ton histoire elle commence comme beaucoup d’autres, par une naissance, ou plutôt deux à vrai dire… Savoir qui est né quelques secondes avant l’autre importe peu. Ce jour-là, Dieu t’a fait cadeau d’un être précieux, un double, il t’a offert l’assurance que jamais, tu ne seras seul. Encore aujourd’hui, tu peux assurer qu’il n’y a pas plus belle relation que celle qui te relie à ton frère. Votre mère, Madame Rosebury donna naissance à deux garçons aux traits identiques le vingt-huit novembre mille neuf cent quatre-vingt-dix dans un hôpital de Nottingham. Ce qui fit alors le plus grand bonheur du couple, ils n’avaient pas un, mais deux enfants à aimer et à choyer et ils s’en donnèrent à cœur joie. C’est donc dans cette bulle d’amour, de douceur, de sécurité et de stabilité que tu as pu grandir et t’épanouir développant sans grand étonnement une très grande complicité avec ton jumeau, Doryan. Lyam et Doryan, vous faisiez la paire, jamais l’un sans l’autre, si bien qu'il était très facile de vous confondre. Et puis comme tout bon parent de jumeaux qui se respecte, pour ne rien arranger vous étiez souvent habillés à l'identique et pourtant en grandissant c'est bien vos caractères qui faisaient de chacun de vous un être à part entière. Si ton frère est plus extraverti et ouvert vers les autres, toi tu gardes une petite réserve, ne te dévoilant qu’avec le temps, comme si tu avais besoin d’analyser avant de savoir si oui ou non tu pouvais faire confiance à quelqu’un. Doryan étant plus à l’aise, c’est un euphémisme, avec les filles il n’était pas rare qu’il te file un coup de main sur le plan sentimental, pas que tu ne sois pas capable de draguer une fille toi-même, mais parfois tu frisais tout de même la catastrophe il fallait bien l’avouer. Là ou toi tu ne faisais pas plus attention que cela à ton physique, ton frère était tout le contraire, légèrement égocentrique sur les bords, tu t’amusais alors à l’appeler Princesse, affectueusement bien entendu. Votre duo a été rejoint par l’arrivée d’un petit ange de quatre ans alors que vous en aviez que six. D’où elle venait ? Vous ne le saviez pas vraiment, mais elle s’appelait Charly et venait rejoindre votre famille. Une petite sœur et même si elle n’était pas de votre sang, vous l’aimiez et la protégiez comme si c’était le cas. Côté études, tu étais plutôt bon élève, doué dans plusieurs de matières, mais excellent dans aucune en particulier, tes professeurs disaient que tu avais un bon potentiel mais que tu ne faisais pas les efforts nécessaires, te contentant de te reposer sur tes acquis, ce qui était tout à fait le cas. La matière que tu préférais ? Le sport et d’ailleurs ton frère et toi aviez fait du foot pendant quasiment toutes votre scolarité ! Vous aviez toujours ce plaisir de faire les choses ensemble et ce plaisir ne partaient pas. Vous partiez même de la demeure familiale en même temps, à peine âgé de dix-huit ans, puisque la suite de votre vie vous menait tous les deux à Londres ! Prendre un appart ensemble était bien évidemment une évidence. Qu’avais-tu choisis pour ton avenir ? La décision avait été assez facile au final, voulant t’engager et faire ton service militaire, tu avais une passion pour le tir depuis des années, votre père ayant pris l’habitude de t’emmener ton frère, ta sœur, même si elle a très vite arrêté de venir et toi à la chasse. Au début tu l’admirais tout simplement rêvant qu’un jour se serait toi qui tirerait à sa place. Il n’y avait rien de malsain, ce n’était pas le fait de prendre une vie qui te faisais kiffer qu’elle soit animale ou non. Non ce que tu aimes c’est le contrôle que tu ressens à ce moment-là. Le calme, la précision et la patience parfois dont tu dois faire preuve pour réussir un bon tir. Ton cœur c’était empli de fierté la première fois que ton père t’avait tendue une arme disant alors que tu étais enfin assez grand ! Quant à ton père, lui, son regard c’est empli de fierté la première fois que tu as touché ta cible. C’était donc cela que tu voulais faire pour le reste de ta vie, mais à plus haute échelle et en voulant servir ton pays voilà pourquoi tu t’étais dirigé vers le métier de tireur d’élite.

Pendant un peu plus de trois ans et demi, après ta formation militaire, vous viviez une belle vie tous les deux, puis tous les trois lorsque votre petite sœur a eu l’âge de venir vous rejoindre, une belle époque ! Travaillant chacun avec sérieux et profitant en même temps de votre jeunesse que ce soit en soirée ou avec les filles, pour ce qui était de Doryan et toi, même si de ce côté-là, ton jumeau avait un palmarès beaucoup plus grand que le tiens, ce n’était même pas comparable, des fois tu n’arrivais même pas à réellement savoir combien ils étaient dans son lit… Vous profitiez de votre liberté tout en ayant toujours ce lien solide entre vous, donnant également régulièrement visite à votre famille… Et puis il y a eu LA fille… Celle dont tu tombas amoureux, celle qui pour la première fois faisait battre ton cœur plus rapidement, celle avec qui tu te disais oui c’est la bonne, celle pour qui tu as quitté ton frère et ta soeur après un peu moins d’un an à vivre le parfait amour pour t’installer avec elle. Tu l’avais rencontrée lors d’une soirée entre amis et tout avait parfaitement matché entre vous, elle était Américaine et elle travaillait en tant que guide touristique dans un musée de Londres et parlait de son métier avec passion. Cela faisait environ deux ans lorsqu’elle t’annonça la nouvelle qui allait changer ta vie à jamais. Celle qui allait faire de toi l’homme le plus heureux du monde. « Tu vas être papa. » T’avait-elle annoncé alors, qu’un sourire s’était dessiné sur tes lèvres imaginant dès à présent le petit être qui grandissait dans son ventre. Papa… Tu ne t’y étais pas préparé, tu n’avais pas pensé faire un enfant aussi tôt, mais il était là, il n’avait pas demandé à apparaitre et tu étais le genre d’homme à assumer tes actes. Au fur et à mesure des mois vous appreniez alors qu’il s’agissait d’une petite fille. A vrai dire, fille ou garçon, tu t’en fichais, les deux t’allais et tu savais que dans tous les cas tu aurais couvert d’amour ton enfant. Tu as souvent entendu que la naissance d’un enfant est l’un des plus beaux jours d’un parent et tu peux le confirmer. Il n’y a pas de plus belle émotion que celle de tenir sa fille pour la première fois dans ses bras… Vous avez décidé de l’appeler Alice. Etre papa changea des choses en toi. Tu as grandi, mûrit et si tu étais déjà protecteur envers tes proches, ce trait de ta personnalité c’est accentué. Heureux tu l’étais et en cet instant tu ne voyais pas pourquoi cela changerait…

Puis les mois ont passés, les années aussi… Votre relation avec la mère d’Alice à commencer à décliner. Jamais tu ne regretteras la naissance de ta fille en revanche si toi tu t’étais retrouvé prêts à être père et te retrouver dans le milieu des couches et des biberons et a abandonné les sorties des week end, ce n’était pas forcément le cas pour elle… Les disputes étaient de plus en plus fréquentes que ce soit pour un oui ou pour un non. La patience de chacun a été mise à rude épreuve, jusqu’à ce qu’aucun de vous deux ne fassent plus aucun effort et que la décision de vous quitter deviennent plus saine que celle de rester ensemble… Alice avait deux ans lorsque sa maman est partie. Et elle ne s’est pas contenté de quitter la maison non, elle est retournée en Amérique afin de rejoindre sa famille et prendre un nouveau départ… Un départ dont son enfant ne semblait pas faire partie… A partir de cet instant là ce n’était plus qu’elle, toi, sa tata adorée et bien sûr tonton Princesse ! Tu faisais évidemment de ton mieux pour qu’elle ne manque jamais de rien même si tu ne pouvais évidemment pas remplacer l’amour d’une mère. Elle est une enfant adorable, qui mène absolument son petit monde par le bout du nez, mais elle n’est pas une peste pour autant loin de là, cela ne l’empêche pas d’avoir des règles strictes surtout avec un papa travaillant à l’armée. Lorsque tu pars en déplacement à cause du boulot tu peux toujours compter sur ton frère pour s’occuper d’elle, ta sœur étant elle aussi beaucoup en voyage. Alice est toujours heureuse de passer du temps avec son oncle. Les années passent et tous les quatre vous trouvez votre équilibre et quelque part ce n’est peut-être pas si grave si tu ne lui retrouve pas une maman n’est-ce pas ? Et puis un jour, alors qu’Alice à désormais quatre ans, il y a eu cette mission parmi tant d’autre qui te paraissais totalement anodine et qui l’aurait été si elle ne cachait pas un terrible secret… Tu avais fait ton travail, tu avais fait ce qu’on attendait de toi, l’ordre avait été de tiré, tu n’avais donc pas hésité et avait abattu l’homme qui mettait le pays en péril. Tu avais même eu des félicitations… Sauf que peu de temps après, peut-être une simple semaine, alors qu’il était l’heure de coucher ta fille, ta vie changea encore une fois en une simple fraction de seconde… Un homme est entré chez vous pour vous agressez, enfin tu apprendras par la suite que c’était toi qui était visé et non ta fille. Tu as eu du mal à accepter ce que tu avais vu ce soir-là. Que cet homme que tu avais abattu pour protéger la prunelle de tes yeux qui se vidait de son sang sur le carrelage de la salle demain, l’avait propulsé dans les airs sans même l’avoir touché. La magie ce n’était pas quelque chose en laquelle tu croyais, pour toi, c’était de belles histoires que tu racontais à Alice pour qu’elle s’endorme, rien de plus et pourtant ce soir-là, cela s’est bien transformé en réalité et cela n’avait rien d’une belle histoire…

Une fois l’homme hors d’état de nuire, ta priorité avait été d’emmener ta fille aux urgences, t’aurais pu les appeler et qu’ils viennent la récupérer chez toi, le souci était que tu n’avais pas encore réfléchis à comment t’allais expliquer le fait que tu avais un corps inerte dans ta salle de bain. Un problème à la fois et la survie de ta fille était ce qui était le plus important. La version que tu donnas en revanche était la vrai, un homme était entré chez toi et vous avait agressé, tu évitais de parler de magie et te contentais de dire qu’il avait poussé ta fille sur le carrelage. Cette dernière fut prise en charge immédiatement. Tandis que de ton côté tu passais les prochaines heures au téléphone entre la police et ton boulot pour mettre au clair toute cette situation. Après plusieurs heures d’attente, un medecin c’était approché de ton frère, ta soeur et toi, ces derniers t’avait rejoint immédiatement et étaient aussi morts d’inquiétude que toi. Il vous rassurait alors indiquant que ta fille allait bien, plus de peur que de mal, elle n’aura aucune séquelle, juste quelques soins et quelques points de suture. Plus tard, tu apprendras que votre agresseur était un homme de main de l’homme que tu avais achevé une semaine plus tôt et évidemment tu avais été lavé de tout soupçon ou accusation… En revanche si tu n’avais parlé de magie à personne pour ne pas passer pour un fou, pas même à ton jumeau ou à Charly, cela ne t’empêcha pas de passer des nuits et des nuits à faire des recherches… Plus les semaines passaient et plus tu te demandais si tu avais rêvé, si finalement les choses ne s’étaient pas passé ainsi, ton cerveau cherchant une explication logique, refusant de reconnaitre ce qu’il avait sous le yeux… Et puis tu as commencé à trouver une trace, un nom, le Blood Circle… Ta surprise fut encore plus grande en comprenant que Charly en faisait partie depuis déjà un an sans vous avoir dit quoique ce soit, c’est elle qui ta expliqué qu’il s’agissait d’une organisation qui lutte contre les sorciers dans l’ombre pour le moment. Parce qu’ils n’avaient pas encore les ressources nécessaires pour dévoiler leur existence… Tu ne tardes pas d’être convaincus qu’un monde sans sorcier, sans ces êtres dangereux qui avaient failli t’arracher ta fille serait un monde plus sein, tu as donc rejoint leur rang ! Tes qualités de tireur d’Elite étaient évidemment très appréciées… Et faire passer les missions du Blood Circle pour des missions de travail auprès de ta famille était assez simple, même si de toute façon tu n’avais jamais été très bavard lorsqu’il s’agissait du travail, secret professionnel obligatoire…

Un an plus tard… Le 2 Février 2019. Ce n’est pas ton monde qui explose cette fois, mais celui de ton jumeau. Tu étais au courant de ce qu’ils avaient prévus, tu savais ce qui allait se passer. Le Blood Circle était enfin près à se dévoiler au monde et à dévoiler par la même occasion la menace des sorciers, mais tu n’en faisais pas parti non. A cet instant-là tu étais à des milliers de kilomètres pour le boulot, tu aurais aimé faire partis de leur rang, mais cela n’avait pas été possible et servir ton pays restait le même but que tu avais toujours eu dans la vie. Sauf qu’à ton retour… Tu as cru que ton cœur allait t’arrêté lorsque tu as appris ce qui était arrivé à ton frère. Sachant ta fille en sécurité, tu avais débarqué comme un fou à l’hôpital, trouvant qu’en un an tu t’y étais retrouvé bien trop de fois… Tu exigeais de voir ton frère, menaçant, oui parce qu’on sait très bien qu’on obtient tout avec des menaces n’est-ce pas ? De tout casser s’il ne te laissait pas le voir sur le champ, racontant que de toute façon il n’allait pas rester ici, que tu allais l’emmener ailleurs où il pourrait être soigné plus rapidement. Bien sûr, personne ne t’écoutait, ton frère avait été placé en coma artificiel pour pouvoir être maintenu en vie, bien sûr qu’ils n’allaient pas te laisser repartir avec lui sous le bras… Et vue l’état dans lequel tu étais, personne ne prenait la peine de prendre ce que tu expliquais pour argent comptant… Néanmoins tu avais fini par avoir eu le droit de lui rendre visite… Les parties de son corps qui ont été brulés avaient été bandées tu étais resté un moment à le regarder avant de lui faire la promesse que tu ne le laisserais pas ainsi… Tu mis tout de même un peu de temps avant de prendre une décision, tu savais que le Blood Circle avait de quoi le soigner, mais que cela impliquait ces êtres que tu détestais tellement… La vie de ton frère ayant bien trop de valeur à tes yeux, tu avais fini par faire la demande de transfert. Il fut pris en charge très rapidement, que ce soit à l’hôpital de la ville ou celui du Blood Circle, tu venais de le voir tous les jours et ce que tu pouvais constater c’était que depuis qu’il avait changé d’hôpital les progrès de sa guérison était très, très rapide… Il fut retiré du coma artificiel et peu de temps après il ouvrait les yeux. Il est rare de te voir pleurer pourtant c’est avec le regard brillant et humide que tu t’adressais à ton frère.

« Bah alors Princesse. Tu nous as fait une belle frayeur tu sais ? » Lançais-tu avec humour, même si la tension était perceptible dans ta voix. S’en ai suivis une longue conversation. Du comment il s’était retrouvé ici, ce que c’était que cet endroit. Dans un premier temps tu te contentais des faits officiels, qu’il y avait eu une attaque et qu’il avait été brûlé et qu’ici c’était un hôpital spécialisé qui allait l’aider à se remettre rapidement. Puis doucement au fil des jours à venir tu lui donnais toujours un peu plus de détail voulant lui annoncer les choses avec douceur et puis doucement tu lui expliquais ce qu’était le Blood Circle, du fait que votre sœur avait elle aussi rejoint cette organisation, ce qu’était leur but, ce qu’ils avaient fait le 2 février 2019 ne voulant rien lui cacher et s’en suivait évidemment la révélation de l’existence des sorciers, du comment il s’était donc retrouvé brûlé, mais aussi ce qui était arrivé réellement à Alice une année plus tôt. D’ailleurs si jusqu’ici tu avais évité d’emmener la petite dans ces murs, tu avais fait une exception pour qu’elle puisse voir son oncle au moins une fois avant sa sortie de l’hôpital. Si vous avez toujours été proche avec ton frère et que tu ne pouvais pas imaginer que ça puisse l’être encore plus, tu t’étais trompé, vous étiez encore plus soudés depuis cet évènement et à son tour il a décidé de rejoindre les rangs du Blood Circle afin de combattre cette menace que représente les sorciers…

Aujourd’hui, Alice à six ans, elle a fait sa grande entrée au CP, la vie a repris plus ou moins son cours, tu ne lui a pas caché l’existence des sorciers, tu n’es pas crétins tu te doutes bien que de toute façon elle l’apprendrait un jour ou l’autre surtout à l’école et avec d’autres enfants. Tu as donc préféré ne rien lui cacher même si à son âge elle ne doit pas comprendre grand-chose, tu veux juste qu’elle ne se mette pas inutilement en danger à cause de son ignorance et son innocence, parce que tu le savais, s’il devait lui arriver quoique ce soit, ce serait une partie de toi qui mourrait avec elle…