Ma famille est un peu étrange. Non pas parce que je suis le dernier d'une fratrie de quatre enfants, mais parce que quinze années me séparent de mon plus grand frère. Non sérieux, je ne déconne pas ! Je ne sais pas vraiment si maman a commencé tôt, ou si elle m'a eu tard, mais en fait, en y réfléchissant, ça doit être un peu des deux. Ouais, c'est certain en fait. Enfin bref, on s'égare là, revenons en à moi. Je suis donc né un beau jour de juillet de 2000 à Galway, en Irlande. Mes parents, James et Elena O’Malley étaient tout deux des fidèles représentant de la justice, puisque l’un était flic chez les moldus, et l’autre, auror chez les sorciers. Oui, malgré que mon père soit un parfait moldu et ma mère une sorcière, on peut dire qu’ils se sont plutôt bien trouvé, à l’époque. Aujourd'hui ma mère n’est plus auror, elle est à la retraite, la vieillesse, tout ça. Ne lui répétez pas ce que je viens de dire, c'est pour déconner, mais elle râle à chaque fois. Et mon père, eh bien c'est un peu le point le plus triste de mon histoire, puisqu'il est mort quand j'étais tout petit et que nous venions d'emménager à Londres. J'avais quatre ans à l'époque, alors vous vous doutez bien que je n'ai pas beaucoup de souvenirs de lui. Tout ce que je sais, c'est qu'il m'a toujours donné l'affection dont j'avais besoin malgré le temps que lui prenait son travail. Enfin, ce n'est pas comme si j'avais manqué d'une figure paternel, de ce côté là, je suis tout à fait équilibré, rassurez vous. Oui, avec deux grands frères majeurs, vous vous doutez bien qu'ils aimaient jouer aux papas. Avec ma sœur en revanche, la relation a toujours été un peu différente, puisqu'elle n'est pas beaucoup plus âgée que moi. Je ne dis pas que je n'aime pas celle que j'entretiens avec mes frères, loin de là, je suis très proche d'eux et surtout de Thomas, mais ce n'est pas pareil qu'avec Leah. Avec elle, on se chamaillait, on jouait, on se battait, c'était vraiment la pure relation de la pauvre sœurette et du petit-frère emmerdeur. Puis c'est d'ailleurs en jouant avec elle que mes pouvoirs ont fait leur première apparition. La pauvre, je me souviens encore de son hurlement lorsque j'avais fait éclater ce verre dans ses mains … Là, j'ai tout de suite su que j'étais comme mes grands-frères, un sorcier. Oui, parce que ma soeur, elle, a plutôt tenu de notre père, de ce côté là ! Du coup, je n'ai jamais vraiment manqué de rien pendant ma petite enfance. J'étais plutôt épanoui, dans une atmosphère équilibrée même avec un père manquant, mais ça ne m'a pas empêché de grandir normalement. Bon, il y a certes ce fait que je me sentais un peu seul, avec les grands qui faisaient déjà leurs vies, et Leah qui était à l’école. C'était pas toujours cool d'être le petit dernier à la maison, mais j'en tirais au moins l'avantage d'avoir tout ce que je voulais. C'est un mal pour un bien, comme on dit.

Puis l'été de mes onze ans, un peu après mon anniversaire, j'ai reçu une lettre qui annonçait que j'étais attendu à Poudlard à la rentrée. Bon, ce n'était pas une surpris en fait, on se doutait bien que j'allais y aller, ils allaient pas me laisser éclater des verres ou je ne sais pas quoi toute ma vie. Bref. Je disais donc que je n'étais pas bien étonné de cette lettre, et pourtant, j'étais tout de même très content. D'ailleurs, depuis ce jour là, j'évite d'exprimer un peu trop ma joie, je ne vous raconte pas les dégâts … Donc oui, j'étais content, et inutile de préciser que j'étais un peu intenable jusqu'à la fin de l'été. En fait, ce qui me rendait le plus heureux là-dedans, c'était de me dire que je ne serais plus seul, que je verrais enfin du monde, que je me ferais des amis, et peut être aussi que je ne serais plus vu comme le bébé de la famille. Parce que même si ça avait des avantages, ça restait tout de même pesant, parfois. C'était un peu une nouvelle vie qui commençait. En Septembre de la même année, je faisais alors mon entrée à l'école de sorcellerie d’Angleterre, comme convenu. Étrangement je n'étais plus aussi surexcité que pendant les vacances. Le premier jour je suis même passé à deux doigts de la crise de panique, c'est pour dire. Je ne saurai expliquer ce que je ressentais exactement. Il y avait un peu de cette peur de me fondre dans la masse, de me glisser au milieu de gens que je ne connaissais pas. Vous savez, peu importe la nationalité, peu importe si vous êtes sorcier ou non, on est toujours un peu pareil, et les gosses sont toujours des connards entre eux. Oui, les enfants sont méchants, et puis c'était un peu amplifié par la grosse tranche d'âge qu'il y avait à l'école. On y entrait enfant, c'est limite si on n'avait pas encore une tétine dans la bouche, et on y sortait presque adulte, mais pas plus mâture pour autant. Forcément, je me suis rendu compte que la vie n'était pas plus cool entouré de monde. Forcément, on était exposé à tous les regards, et les critiques fusaient bien vite. Moi, j'étais « le gars timide » « le gars qui n'a pas de langue » « l'asociale », et puisque la méchanceté était gratuite, j'étais aussi « le gars qui n'a pas de père » et parfois même « le bâtard ». Non mais sérieux, c'est quoi ces insultes là ? Déjà, ce n'est pas de la faute du gosse s'il est le fils d'un inconnu, s'il ne connaît pas son père. Et le pire, c'est que ce n'est même pas mon cas ! Quand je vous dis que les gosses sont de vrais petites saloperies … Bon ça va, ça aurait pu être pire, j'aurai pu être « le p'tit gros » ou le « débile », ou un autre truc du genre. Mais n'empêche que ça n'aidait pas à mon intégration, alors heureusement que j’avais Ethan, mon voisin. Je vois déjà ce que vous pensez « Quelle coïncidence d’être un sorcier comme son voisin et qui plus est, d’entrer en même temps que lui à Poudlard ». Eh bien moi, tout ce que j’y vois, c’est une merveilleuse chance, rien de plus ! Après, je ne dirais pas que j'en ai tant souffert que ça. C'était juste un peu difficile surtout au début. D'ailleurs, mon premier semestre était une véritable catastrophe, et le professeur directeur de ma maison avait annoncé que si je ne m'améliorais pas au second, je serais obligé de redoubler ma première année. Alors, c'est là que j'ai enfin bougé un peu mon cul. J'ai essayé de passer au dessus des critiques, de ne plus trop m'en préoccuper, et de me concentrer surtout sur les cours. Oui, voyez vous, je ne voulais pas devenir « l'attardé », en plus du reste, c'était un peu ma motivation première.

Au fil du temps, il me semble que les critiques s'étaient peu à peu dissipées. On passait à autre chose, tout simplement. Pourtant, je ne me suis pas mélangé plus que ça. J'avais quelques amis, certes, et heureusement d'ailleurs, mais ce n'est pas pour autant que je devenais un élève populaire. De tout façon, j’étais bien trop timide pour ça, je n'aurai jamais pu l'être, même avec un peu de volonté. En général, c'était les autres qui venaient vers moi, qui commençaient la discussion, et petit à petit je me débloquais, un peu. En réalité, j'étais surtout centré sur mes cours, ou du moins, j’essayais du mieux que je pouvais. Je n’avais vraiment pas envie de redoubler, alors je faisais des efforts, et le fameux second semestre de ma première année s'était amélioré, j'avais plutôt bien réussi les examens de fin d'année, ce qui m'a valu de passer en deuxième année. Pendant toutes les vacances, j'étais tout de même content de pouvoir rentrer chez moi, de voir ma sœur, et mes frères aussi, quand eux n'étaient pas en Ecosse. Ils voyageaient souvent, j'en avais même perdu le rythme au bout d'un moment. Et puis, ils me manquaient. On s'écrivait tout le temps, certes, mais ce n'était pas pareil que la présence physique. Là où j'ai eu le plus de mal, c'est quand Leah partait souvent de la maison pour travailler, et se lancer réellement dans la musique. J'entrais en deuxième année, à ce moment là. Oui, à cette période, je me suis vraiment senti bizarre, un peu vide. J'avais un peu cette impression que tout le monde m'abandonnait, j'étais plus seul que jamais à la maison, alors heureusement que j’avais Ethan et Mathilde. Bon, je ne leur en voulais pas, à mes frères et ma soeur, loin de là. Je comprenais bien qu'ils voulaient voir un peu le monde, si l'herbe était plus verte ailleurs, comme on dit. Et puis, je devais avouer que j’aimais ce que ma soeur faisait. Je la trouvais extrêmement douée, et encore aujourd’hui d’ailleurs. C’est grâce à elle si j’aime autant la musique. Du coup, je me lançais à coeur perdu dans la guitare, mais c'est aussi à ce moment là que je développais ma passion pour le Quidditch et pour les animaux magiques. Si je ne pensais qu’à ce sport au détriment de mes devoirs, j'avais en revanche dévoré en quelques soirées les livres d'un certain Dragonneau, un britannique. Je me plongeais de plus en plus dans cet univers, lisais tous les livres que je pouvais, et je devenais imbattable en cours de Soin aux créatures magiques. C'était un loisir, autant que les entraînements de Quidditch de mon équipe, même une passion, un peu comme un ami en fait, qui m'accompagnait partout au fil des ans, et me rapprochait aussi de Dawn, la petite soeur d’Ethan.

J'étais entré en septième année depuis peu quand un malheur nous brisa un peu tous, mes frères, ma mère, moi, mais surtout ma soeur. Leah fréquentait un homme depuis quelques temps déjà, un moldu qu’elle avait rencontré dans le bar où elle donnait ses concerts. D’ailleurs, c’était assez drôle, parce qu’il était absolument interdit de parler ou faire de la magie quand il venait à la maison, secret oblige, et si au début, cela était vraiment compliqué de se contrôler, avec le temps, c’était devenu tellement naturel que c’en était presque un jeu. Mais voilà, le drame, c’est qu’un jour Leah avait appris sa mort et autant dire que les circonstances nous a fait un sacré choc. En effet, il se trouve que j’ai su un peu après qu’il lui avait laissé une lettre qu’il avait écrit s’il était destiné à mourir, et la raison, vous n’allez pas la croire … Il a été tué par un sorcier qui avait découvert l’existence d’une espèce de groupe anti-sorciers, mais le truc, c'est que son copain en faisait parti, de ces fameux « chasseurs ». Dans cette lettre, il lui disait qu’il les avait rejoint pour les protéger, et qu’elle devait faire attention. Si c’était pas ironique ça … Un moldu anti-sorciers qui s’éprend d’une fille de sorciers sans même le savoir … J’ironise, mais autant dire que sur le coup je ne comprenais plus rien, et surtout, j’avais peur. Peur pour nous tous, mes frères, ma mère, mais aussi pour Leah qui n’avait rien vu venir une fois, et qui dit que ça ne pouvait pas arriver une seconde fois. J’avais vite compris qu’on n’était plus si en sécurité que ça, ayant eu un de ces chasseurs de sorciers auprès de nous pendant tout ce temps sans le savoir ... J’étais perdu dans mes sentiments aussi, parce qu’au fond, ce type je l’avais tant apprécié que je n’arrivais pas à croire qu’en fait, j’aurai dû le haïr pour ces intentions envers les gens comme nous, alors j’allais au plus mal, et forcément, mes résultats scolaire se dégradaient. Seulement, cette année là, je passais aussi mes Aspics, et inutile de vous dire qu'avec tous ces événements, ce fut un échec …