Diantre. Me voilà de retour au Royaume-uni depuis quelques semaines. Bien entendu, mes parents ont voulu mettre les choses à plat avec moi. Nous avons discuté longuement à la table de la cuisine tous les trois, écarter Nymphéa de cette discussion n'a pas été facile mais... ça ne la concernait pas et mes parents me connaissent assez bien pour savoir que devant elle, je ne parlerai pas aussi librement que seul. Il était question de mon avenir bien entendu, mais également de mes sentiments. Je n'ai pas pu cacher bien longtemps que j'allais mal, que mon état avait empiré, que la dépression s'était aggravée mais avais également été diagnostiquée et confirmée par un psychiatre moldu lors de mon année en Norvège. J'ai du m'ouvrir à mes parents, moi qui d'habitude reste silencieux sur mes états d'âme. Hyacinthe, le fils qui est fermé comme une huître a dû s'ouvrir pour dire la vérité. J'ai carrément pleuré, en leur annonçant que si j'étais parti subitement c'est que j'avais honte de moi. Que j'avais vécu mon renvoi du ministère comme un échec et que je ne voulais pas qu'ils me regardent avec pitié et embarras suite à cette bavure. Mais que pourtant, aussi paradoxal que ça puisse l'être, je ne regrettais pas e m'être défendu face à une femme raciste qui m'avais manqué de respect ouvertement. Tous les deux ont approuvé, que je me sois défendu, même si je sais bien qu'ils auraient préféré que je ne sorte pas la baguette et que je me contente de cracher mon venin comme d'habitude plutôt que d'agir vraiment. Le mal est fait, mais l'eau a coulé sous les ponts depuis l'an dernier. Je sais que je leur ai fait du mal, qu'ils se sont inquiétés, qu'ils ont même du croire que j'étais mort. Mais finalement j'ai pu prendre du recul sur la situation. Je n'ai pas mentionné certaines choses sur mon année loin d'eux, préférant les garder privées. Comme mon histoire d'amour dramatique qui a mal tourné, ou encore ma rencontre impromptue avec William Ombrage, le chef des Oubliators qui sans le savoir m'a beaucoup aidé. J'ai dis que j'allais mieux aussi, qu'il ne fallait plus s'inquiéter pour moi qu'une vie normale m'aiderais à me stabiliser psychologiquement. Ils n'y croient qu'à moitié et moi je n'y crois pas du tout, mais disons qu'au moins j'évite ainsi les questions aux quelles je n'ai pas nécessairement envie de répondre. Les questions aux quelles je ne sais pas répondre non plus. Hyacinthe, pourquoi est-ce que tu vas si mal ? Je pourrais écrire tout un livre là dessus, sans forcément apporter un réponse concrète. Et c'est le plus frustrant dans tout ça, la seule explication logique et rationnelle c'est un dérèglement hormonal stupide.

Toujours est-il que la rentrée approche à grand pas. Après qu'il ait été décidé que j'allais reprendre mes études en cursus de Sciences magiques, nous avons envoyé un hibou tardif à l'école pour essayer de me trouver une place bien que les délais d'inscription soient dépassés. En plus d'avoir effectivement eu la bénédiction de l'administration pour m’accueillir à l'université, j'ai également failli pleurer en voyant qu'ils avaient joint à la lettre d'admission un badge vert émeraude portant l'inscription head boy. Préfet en chef, de nouveau. Je soupçonne mon directeur de maison d'être derrière tout ça, avec le soutien d'autres enseignants du collège qui m'appréciaient grandement pour mon sérieux en classe ainsi que mon ambition et ma rigueur dans le travail. Et... Je leur en suis grandement reconnaissant. Il nous faut encore acheter les fournitures scolaires, et c'est à ce moment là que la famille Chang nous a confié à Nymphéa et moi que notre cousin Kun venait de Hong Kong jusqu'ici pour lui aussi intégrer l'université. Et qu'en plus... Il allait être dans le même cursus que moi. J'ai été assez surpris de la nouvelle, mais en même temps c'était prévisible. A un moment ou à un autre, un cousin ou une cousine allait bien vouloir poursuivre ses études au Royaume-uni non ? L'aventure, il parait que les Chang ont ça dans le sang. Pour plus de praticité et limiter les allers retours il a donc été décidé que nous irions tous ensemble une fois le cousin arrivé, pour acheter nos fournitures scolaires.

C'est chose faite, Kun est arrivé hier de Hong Kong. C'est un sacré voyage, si bien qu'il a été convenu que nous irons en fin de semaine, le temps qu'il se fasse au décalage horaire et puisse s'adapter un minimum au pays. Pour l'instant je dirais qu'il n'a pas l'air trop déconcerté, même s'il est silencieux. Néanmoins, son calme naturel n'est pas quelque chose qui me dérange, j'apprécie même de ne pas l'entendre faire de bruit et être presque invisible. Un peu comme moi. D'ailleurs, je passe la majorité de mon temps dehors où enfermé dans ma chambre. J'ai trouvé un petit job d'été chez les moldus, Glasgow a l'avantage d'avoir un fort patrimoine historique et moi j'ai l'avantage d'avoir un père professeur d'histoire. Si bien que je me suis retrouvé guide, pour dépanner une auberge hantée du coin où un écrivain s'est donné la mort. Les moldus savent que c'est hanté et pourtant, ils ne peuvent pas voir le fantôme de cet homme. C'est fascinant tout de même qu'ils soient sensibles à ce point sans avoir de magie en eux ! Me voilà donc avec mon air austère à faire une visite macabre aux touristes curieux sur cet endroit de la vieille ville de Glasgow. Mais je ne vais pas m'en plaindre. ça m'occupe et surtout, j'ai un peu d'argent de poche que je gagne moi-même. Surtout que ce n'est pas le pire travail du monde, pas comme mon emploi au ministère l'été passé. Selon le propriétaire de l'auberge, j'ai la tête idéale pour faire la visite d'une maison hantée et je raconte bien les histoires, surtout aux enfants. Une fois de plus, je devrais remercier la mère des Prewett qui quand elle gardais les enfants de ses amis sorciers nous racontais toujours de fabuleuses histoires à l'aide de la magie. J'avoue que je me suis un peu inspiré de Shelby pour certaines tournures de phrases quand les enfants me posent des questions.

Ce soir, nous avons fait un barbecue pour profiter du beau temps tant qu'il en est encore temps. Bientôt ce sera l'automne. Mais avant ça, la rentrée dans quelques jours. En attenant de pouvoir feuilleter mes livres de cours, j'ai revu quelques points du programme de potion de septième année, puisque j'aurais cette matière à l'université également. Mieux vaut être certain d'avoir tout retenu et j'ai constaté en révisant seul que j'avais oublié comme un idiot la moitié des ingrédients du félix félicis. La nuit est déjà bien avancée et il fait bon. J'ai la fenêtre ouverte, j'ai mis un peu de musique et enfilé mes lunettes pour palier à la fatigue de mes yeux. M'étirant longuement sur ma chaise de bureau en grognant, je lève le regard vers le réveil moldu à côté de mon lit et constate qu'il est déjà bientôt deux heures du matin. Je suis sur mes fiches de potion depuis déjà quatre heures. Il est peut-être temps de prendre une pause ? Lâchant un bâillement, je coupe ma chaîne hi-fi et les hurlements du chanteur puis attrape mes cigarettes ainsi que mon zippo moldu. Je vais sortir m'en griller une.

En descendant les escaliers, je m'arrête dans la cuisine. Tout le monde dort déjà visiblement, ou tout du moins dans sa chambre à faire merlin ne sait quoi. Appuyant sur le bouton de la bouilloire, j'attend sagement que l'eau chauffe pour me faire un thé. D'ailleurs, hormis le petit bruit de l'eau qui boue doucement, j'entend des bruits de pas dans les escaliers. Les bras croisés et les fesses appuyées contre la table de la cuisine, je regarde qui viens donc dans la famille à une heure si tardive. Qui est insomniaque comme moi ?... Une tête blonde apparais dans l'encadrement de la porte, et j'adresse un signe de tête à mon cousin. « J'allais me faire un thé et sortir prendre l'air. Tu en veux un ? » Puisqu'il n'y a que des sorciers du côté purement asiatique de la famille, j'imagine qu'il a peut-être un peu de mal à se servir de certaines technologies moldues. Imaginez, le pauvre gars qui ne peut pas se faire un thé ou un café tout seul le matin ? C'est triste tout de même !

Vas pour un thé, alors. Une fois l'eau suffisamment chaude dans la bouilloire, qui me l'indique avec un petit clic distinctif, je me redresse de la table de la cuisine et grogne un peu en sentant mon dos craquer sous ce mouvement. J'ai du rester trop longtemps assis à mon bureau pour réviser, si bien que j'attrape les tasses dans le placard au dessus pour en sortir deux en grimaçant. Merde, je suis déjà vieux pour avoir le dos engourdi comme ça à dix neuf ans ?! Deux mugs dans les quels je met un sachet de thé vert, avant d'y verser de l'eau chaude avec précaution pour ne pas en foutre partout. Levant les yeux vers Kun qui me demande si j'ai un soucis j'esquisse un sourire amusé : « Non, j'étais en train de réviser le programme de potions de septième année, pour être à jour à la rentrée. J'ai ressorti mes livres de cours, mes notes et mes fiches. J'ai bien fait, je me suis rendu compte que j'ai oublié la moitié des étapes de préparation du Félix Félicis. » J'ai beau être un bon élève, très bon même, les potions ça n'a jamais été spécialement mon fort. J'étais largement meilleur en sortilèges, mais surtout en métamorphose. Ma matière de prédilection, avec l'arithmancie je dois l'avouer. Mais les potions ?... Il faut tout retenir par coeur ou presque, c'est assez contraignant. J'ai généralement une assez bonne mémoire, mais mon pauvre cerveau a jugé que ce n'était pas spécialement utile de retenir tous les détails pour comprendre les réactions des ingrédients entre eux. C'est un comble, quand on sait que les Serpentard sont généralement bons dans cette matière. Et aussi, quand on sait que deux de mes amis à Poudlard à savoir Noctis et Hestia sont très bons là dedans. Je leur laisse donc la première place dans cette discipline, me contentant de la seconde ou troisième de la classe. Tant que je reste premier en arithmancie et en métamorphose, je ne vois pas le problème. Même si dans l'idéal, j'aimerai être le meilleur dans toutes les matières. Fichu esprit de compétition...

Tendant sa tasse pleine à Kun, je me saisis ensuite de la mienne par la anse et ouvre la fenêtre de la cuisine pour sortir dans le jardin avec lui. Nous trouvons place sur les chaises longues du jardin, là sous les étoiles dans le calme avec nous tasses de thé. C'est une bonne soirée. Pour l'instant le breuvage est trop chaud pour être bu. Je sors donc mon paquet de cigarettes pour en allumer une et souffle longuement la fumée après en avoir pris une première bouffée. Mes parents ne cautionnent pas c'est évident. Surtout maman. Mais j'ai pris cette mauvaise habitude maintenant. Moi qui suis un gros stressé, ça a l'avantage de me calmer un peu. Je ferais peut-être mieux de renifler des huiles essentielles, comme de la lavande par exemple, mais l'odeur me file vite mal au crâne. « Je n'ai jamais été très bon en potions. C'est mon point faible, je crois. Je ne suis pas mauvais, je suis juste bon, mais pas excellent. Alors c'est mauvais selon mes propres standards. » Bon, j'ai l'air d'un connard arrogant je suppose. Mais quand on a des Optimal dans toutes ses matières en permanence ou presque et qu'en potions ce n'est que de temps en temps que l'on en obtiens un... Forcément on est "mauvais". Nouvelle bouffée de cigarette, et je referme un peu mon gilet. Il fait un peu frais c'est vrai.

« Tu dois être pressé de rentrer à l'université non ?... C'est un peu comme si tu entrais en première année finalement. » J'ai hâte également. D'y retourner. Mon badge de préfet en chef accroché sur le col de ma robe de sorcier vert émeraude. Retour à la normale j'imagine, après un an d'errance. Je ne suis pourtant toujours pas certain que le cursus scientifique me plaira réellement. Qui vivras verra. Mais je vais enfin retrouver mes quelques amis, le peu de personnes qui comptent pour moi et qui tiennent sur les doigts d'une main et ça, c'est une bonne chose. « Je ne connais pas vraiment l'université non plus. On l'a visitée quand on étais en septième année, pour se faire une idée de ce qui nous attendais après, si on avais d'assez bonnes notes pour y aller. C'est étrange, parce que c'est assez moderne si on la compare au château de Poudlard. La salle commune de ma maison est dans les caves visiblement, je n'ai pas eu le droit de rentrer dedans, mais j'espère qu'elle sera aussi confortable qu'au Collège. A Poudlard, à Serpentard, les vitres donnent sur le fond du lac. C'est assez sombre, mais très beau et relaxant d'écouter le bruit de l'eau. » Même si quand on est en première année, le temps de s'habituer, tout le monde fait la queue au WC. Mais mieux vaut éviter de détail. Je me retourne vers Kun et sa tasse de thé en esquissant un petit sourire, essayant d'être sympathique. Par réflexe, après avoir vu le visage calme de mon cousin, je relève les yeux de manière inquiète vers le ciel à la recherche de la lune. Je ne devrais pas être au courant. L'astre qui nous donne à tous les deux un teint blafard n'est pas rond, et n'est pas encore prêt de l'être. J'étouffe un soupire de soulagement, et avale une gorgée de thé. Merde, je stress sans doute trop vis à vis de tout ça. Pourquoi est-ce qu'il a fallu que j'écoute aux portes quand nous étions enfants ?...
Ce n'est pas vraiment de ma faute, je m'étais juste relevé pour aller chercher un verre d'eau, et j'avais aussi du mal à dormir convenablement à cause du décalage horaire entre l'Asie et le Royaume-uni. Si bien que j'ai entendu les adultes en parler dans le salon. Caché derrière un pan de mur, j'ai écouté leur conversation ayant attiré mon intérêt après qu'ils aient mentionné les mots suivants dans la même phrase : malade et Kun. Effectivement, tu parles d'une maladie. En bonne commère que je suis, j'ai donc été obligé de rester pour entre cette vérité que j'aurais préféré ignorer, avec le recul. Une histoire sordide, un accident malheureux.

Préférant changer de sujet, et ne plus penser à cette malédiction dont est atteint mon cousin, je bois une gorgée de thé également. « En tout cas, si ça peut te rassurer... Je pense que tu ne seras pas réparti dans la même maison que ma sœur. On ne se connais pas encore très bien tous les deux, mais le peu de choses que je sais sur ton caractère me suffisent pour deviner que ton uniforme scolaire ne sera probablement pas Jaune et noir comme le sien. » Je marque une courte pause avant d'ajouter : « Même si on n'est jamais à l'abri d'une surprise. » J'esquisse un sourire taquin à son attention et lui adresse un clin d'oeil malicieux. Ramenant mes genoux contre mon torse, je me racle la gorge tout en continuant de fumer ma cigarette : « Si ça t'intéresse d'en savoir plus sur notre école et ses traditions, je peux te prêter un livre qui en parle. L'histoire de Poudlard. On en apprend un peu plus sur l’architecture et la magie des lieux, mais aussi sur les quatre fondateurs de l'école et il y a le règlement des dortoirs. » Bon je suppose que Kun doit s'en ficher un peu des règles des dortoirs. Il sera à l'université après tout, et le règlement est différent. J'ai d'ailleurs expressément envoyé un hibou pour demander une copie complète de celui-ci afin de l'étudier et de le retenir avant la rentrée scolaire, et de faire convenablement mon travail de préfet en chef. Je suppose que certains points sont similaires à celui du collège, comme le port obligatoire de l'uniforme et ce de manière décente. Ils doivent en avoir marre de moi, à la fac ! L'année n'a pas encore commencée officiellement que déjà, je prend mon rôle très au sérieux. Peut-être trop ?... Mais c'est le but quand on est préfet en chef. Assurer l'ordre et la discipline, mais aussi aider à l'organisation de différents événements liés à la vie de l'école.

« Bien entendu, nous avons aussi des clubs et des équipes de Quidditch, si tu as envie de t'investir dans une activité extra scolaire pendant tes études. » Moi-même je fais partie du club de duel et suis un supporter chevronné de l'équipe de Quidditch de ma maison. Le plus bruyant et le plus enthousiaste, celui qui créé des bannières pour encourager les joueurs et qui lance des chansons parodiques et un brin insultantes à l'encontre des joueurs adverses. Dans le monde moldu on pourrais me qualifier de Hooligan, comme les supporter extrêmes de football. Mais... Pour être honnête je ne me suis battu que trois frois en sept ans lors des match. Une fois avec un élève de Poufsouffle en première année qui insistais que les Serpentard avaient triché. Une autre fois en quatrième année quand quelqu'un de Gryffondor avais dit du mal de mon amie Hestia, batteuse dans l'équipe. Et une troisième fois en septième année après le match opposant Serpentard à Serdaigle, quand un élève de la maison adverse a sous entendu que je devrais plutôt supporter les bleus à la place des verts. A ce moment là, je sortais avec l'une des joueuses de l'équipe des aiglons et aux yeux de ce dernier -qui avais aussi des vues sur elle- j'étais un petit ami pitoyable qui n'étais pas digne d'elle. Ah, souvenirs souvenirs. J'esquisse un sourire nostalgique et soupire en portant ma tasse de thé à mes lèvres.

Mon cousin m'avoue que les clubs, ce n'est pas trop son truc. J'ai surtout l'impression que la sociabilité en général, ce n'est pas son truc. Je suis assez mal placé pour juger c'est vrai. Je ne suis pas le type le plus ouvert e grande-bretagne, j'ai assez pu d'amis qui se comptent sur les doigts d'une main. Il y en a deux en qui j'ai une entière confiance d'ailleurs : Noctis Lestrange premièrement. Mon ami de Serpentard métamorphomage, si bien que je suis même le parrain de son fils. C'est un trouble fête, un type qui a été collé pour tous les motifs possibles et imaginables. Tandis que je suis l'élève sérieux, préfet puis préfet en chef, premier de la classe studieux au possible... Notre duo est certes improbable, mais il est une personne de confiance contrairement à ce que l'on pourrait croire. Ensuite, Mérope Greengrass de Serdaigle. Que j'ai clairement failli tuer lors de sa première année. Je la trouvais jolie, elle n'avait qu'un an de moins que moi et à douze ans je ne savais pas encore vraiment ce que c'était la séduction. Si bien que je lui ai servi un jus de citrouille pour être sympa et engager la conversation. Grave erreur, elle y est allergique. Si bien qu'à l'infirmerie, elle s'est réveillée avec un Serpentard inquiet en train de l'observer. Bien qu'à l'origine je la trouvais jolie, il ne s'est finalement jamais rien passé entre nous. Nada, rien, que dalle, niet. Juste une longue amitié. C'est bien pour ça qu'ils sont les deux seuls êtres vivants qui ont été mis au courant de mon départ soudain l'an dernier. Deux hibou envoyé en urgence avant de partir, puis un à Noël pour le petit AJ Lestrange, histoire qu'il ait un petit quelque chose de la part de son parrain sous le sapin. Puis aussi, pour que Noctis saches que je suis en vie et fasse passer le mot à Mérope à l'école.  

Kun lui a encore moins de chance que moi : il est nouveau dans ce pays, ne connaît personne à part Nymphéa et moi. Et surtout, il a fait l'école à la maison à cause de sa condition. J'ai beau ne pas être censé le savoir, je me dis que ça ne doit franchement pas aider à être plus sociable. Nos caractères à Kun et moi semblent être assez semblables. J'imagine que si j'étais un loup garou par dessus le marché... Ma vie sociale serait réduite au néant absolu. C'est clairement dommage qu'il n'ait pas pu aller à Mahoutokoro. Mine de rien, être scolarisé aurais pu l'aider à avoir une vie plus normale. A avoir une adolescence, à créé des liens, à expérimenter, à mûrir... J'imagine que du coup, il n'a jamais eu de petite copine en étant cloîtré à la maison. L'horreur absolue, la vie monastique forcée. Quand on est un garçon en pleine puberté pourtant, on a que ça derrière la tête. Enfin, c'était mon cas. C'est toujours le cas d'ailleurs. C'est bien pour ça qu'en ce moment, je vois une fille en attendant de retourner à l'école à la rentrée. On se voit un coup de temps en temps, et puis c'est suffisant.

Je hausse un sourcil quand mon cousin me demande si j'ai un projet particulier. Lâchant un soupir et prenant une moue boudeuse, je m'enfonce un peu plus dans mon transat pour réfléchir. Un plan ?... Quel plan ? Je n'étais même pas censé revenir à l'origine. J'avais prévu de continuer la musique, d'essayer de vivre le plus longtemps possible sans vouloir moi-même y croire. « Non. On verra bien j'imagine. » Si je n'avais pas craqué l'été dernier, j'aurais déjà terminé ma première année de droit magique. Seulement en étant sur liste noire au ministère de la magie (et ça même Noctis ne peut pas s'en vanter je crois), c'est impossible d'envisager de devenir ministre de la magie. A vie bien entendu, j'aurais établi une dictature. J'ai donc revu à la baisse mes ambitions. Ou tout du moins, elles ont changé. Je compte devenir directeur de Poudlard un jour. Ce qui signifie devenir Professeur avant ça j'imagine. De sortilèges peut-être. Ou de métamorphose, ou d'arithmancie. Quelque chose dans ce goût-là j'imagine. Je ferais par contre peindre mon portrait en étant encore jeune et beau. Hors de question que je sois un vieux croûton de plus sur les murs du bureau du directeur de Poudlard ! Et je réformerai le système éducatif, au passage. De grands projets donc, que je ne suis même pas certain de réaliser un jour puisque je n'ai pas spécialement envie de vivre. Mais c'est un autre débat.

« Enseignant chercheur. Comme ça j'aurais du temps libre pour la musique et des recherches sur un sujet magique, écrire quelques thèses et composer un peu. Même si je me doute que ça ne mènera pas à grand chose, la musique. » Comme dirait maman c'est juste un hobby. J'imagine qu'elle a raison, même si je lui ai dit que comme Céline Dion, sa chanteuse moldue favorite, je n'allais pas me laisser démonter par les gens qui n'aiment pas. Pourtant elle a raison, un genre de niche, du metal extrême, ça ne deviendra probablement jamais populaire. A moins de prendre du félix félicis ? Finalement c’est peut-être un signe, puisque je viens de relire mes notes de septième année sur cette potion… Puis Kun a dit aimer l’art des potions. Je devrais le soudoyer j’imagine ? Histoire d’être certain que ce ne sera pas loupé Je pourrais demander à Noctis aussi, ou à Hestia mais elle ne voudra certainement pas faire une chose pareille, si déloyale. Soupirant longuement je secoue la tête pour arrêter de penser à ce plan, qui s’annonce déjà foireux. Foutue cervelle qui ne se met jamais en pause. « Et toi, qu’est-ce que tu prévois de faire ? Dans le domaine des potions, j’imagine mais encore ? »

C’est assez vaste comme domaine. Beaucoup de possibilités, beaucoup de passionnés et peu d’élus finalement. J’avoue ne jamais avoir compris pourquoi tant de gens appréciaient cette matière qui à moi ne me plaisait pas plus que ça, malgré le côté scientifique et rigoureux de la chose.  

Me lancer dans la musique ?... Je reste silencieux un instant et soupire longuement en regardant les étoiles. Sans doute. Peut-être. Mais je n’aurais surement pas vécu bien longtemps si j’avais continué j’imagine ?... J’étais au plus bas l’an dernier en Norvège. Il s’est passé certaines choses dont je n’ai pas nécessairement envie de parler avec Kun, ni avec qui que ce soit. Des choses qui me conduisent aujourd’hui à porter des manches longues pour éviter les questions des gens, que ce soit celles de ma mère, de mon père ou encore de ma soeur voir de mon cousin. Pour éviter les regards choqués et outrés des badauds dans les rues égalements, qui seraient probablement terrifiés de voir des cicatrices aussi profondes sur les avants bras d’un garçon à peine sorti de l’adolescence. Je soupire, en allumant une nouvelle cigarette et hausse les épaules. « Oui mais ça n'aurait sans doute pas fonctionné. Ce n’est pas le genre de musique qu’on écoute à la radio, ce n’est clairement pas tout public. C’est même l’inverse, c’est… Assez uderground Un genre de niche, écouté par une minorité de personnes qui arrivent à trouver ça beau, même si ça consiste à première vue en des hurlements et des guitares saturées. »

Quand j’ai été retrouvé par ma mère, elle n’a clairement pas apprécié le spectacle. Ni les mélodies. Son fils qui hurle à la mort en s’ouvrant les poignets sur scène, son fils qui se roule par terre et presque en transe. Et surtout une musique insupportable j’imagine, puisqu’elle adore Céline Dion la chanteuse de variété moldue qui chante des chansons d’amour niaises et dégoulinantes de guimauve. « Le seul véritable avantage que mon groupe avait, c’est que j’ai la voix qui porte et que je peux gueuler plus fort qu’à peu près n’importe quel autre chanteur de metal. J’ai eu de l’entraînement à Poudlard, pour réprimander mes camarades enfreignant le règlement j’imagine. » J’esquisse un sourire amer en tirant une nouvelle latte et ajoute : « Puis on étais un appel au multiculturalisme, vu que parfois je chantais en cantonais. » Décidant de me livrer tout de même un peu sur ma vie, je passe ma langue sur mes lèvres et fronce les yeux à cause de la fumée de cigarette. « J’habitais dans une ferme, au milieu de nulle part dans la campagne en Norvège. On avait les bois à côté. J’ai appris à tirer avec un fusil moldu, puisqu’un des gars venait d’une famille de chasseurs. Bon, je ne suis pas très doué, mais je sais comment recharger c’est déjà ça. J’ai aussi appris pas mal de choses par moi-même pendant cette année. Comme certaines choses que tu peux faire avec un ordinateur moldu en rapport avec la musique. J’ai aussi terminé le programme de mathématiques du lycée moldu, parce que j’avais du temps à perdre. Un peu de Norvégien, même si tout le monde parle anglais là-bas. Et puis à faire des cappuccino puisque je travaillais à mi-temps dans un café moldu de la ville d’à côté. » J’ai aussi appris que j’avais une dépression, mais ça je ne tiens pas à le partager. Parce que je ne sais pas vraiment moi-même pourquoi les hormones dans ma cervelle font des leurs depuis quelques temps.

C’est vrai que j’ai toujours été un garçon sensible, même si je l’ai toujours plus ou moins bien caché. Mais de là à tenter de me tuer, je ne pensais pas l’être autant. C’est pourtant ce qui est arrivé au nouvel an, en pleine tempête de neige, avec l’ambulance qui était bloquée sur les routes de campagne et qui a failli ne pas arriver à temps. Mais ça Kun n’a pas besoin de le savoir non plus. Nouvelle bouffée de nicotine et gorgée de thé vert. « J’avais besoin de prendre du recul, même si j’étais triste.  » Est-ce que ça va mieux ? Pas vraiment. Peut-être plus tard. J’ai des jours avec et des jours sans. Comme tout le monde certes, mais c’est bien plus violent chez moi quand c’est un jour sans. Je reste au lit sans bouger, je n’ai même pas le courage d’aller prendre une douche ni de manger quoi que ce soit. Heureusement… Ce n’est pas arrivé depuis quelques temps. Il y a donc de l’amélioration j’imagine ?... C’est peut-être d’avoir enfin pu m’expliquer avec mes parents. Leur vider mon sac, confier ce sentiment d’échec qui me hantait depuis mon renvoi du ministère. J’en ai chialé, sur le coup. Mais je me sens plus léger.

« Je suis certain que toi aussi tu sais faire tout un tas de trucs que moi je ne sais pas faire. » Même si je ne connais pas forcément très bien Kun qui est un cousin éloigné, j’ose espérer qu’il n’est pas stupide comme garçon. Il n’en a pas l’air. Puis… En étant si seul, il a probablement dû lire tout un tas de bouquins, plus que moi qui pourtant arrive à en engloutir un à deux par semaine pendant mon temps libre.