Living well is the best revenge.
ft. Crystal & Swanhild
Diantre, je déteste les mariages. Seulement avec le printemps qui reviens, les couples ont tous décidés de se marier à ce moment-là de l'année. C'est sur que c'est plus agréable d'avoir une réception au soleil dans un jardin que de se cacher sous des parapluies et de trembler de froid. Mais encore une fois cette année, la règle se confirme : j'ai deux mariages de prévus lors des beaux jours. Un en Mai, celui d'une de mes employées. Et un en Juillet, celui d'un cousin lointain. Si j'ai encore le temps avant l'été, le mariage de mon employée approche à grands pas et je n'ai toujours rien à me mettre. Mes placards débordent à la maison, mais je suis lassée de ces vêtements accumulés depuis des années. Pour autant, jamais je ne les vendrai à qui que ce soit. Je tiens beaucoup à toutes ces tenues, aussi vieilles et démodées soient-elles pour certaines. Je ne jette tellement rien que j'ai encore mon uniforme scolaire porté lors de ma dernière année à Beauxbâtons. Toujours est-il que j'ai donc un mari désespéré de constater que les placards sont pleins à craquer, qu'il va sans doute falloir en aménager un troisième si ça continue, et que j'ai deux filles qui tentent désespérément de me convaincre de leur prêter certaines pièces de mon dressing. J'ai beau aimer Lynn et Bella de tout mon cœur, je ne suis pas certaine de faire vraiment confiance à mes filles. J'ai toujours pris extrêmement soin de mes vêtements si bien que j'en ai des sueurs froides rien qu'à les imaginer laisser une tâche sur un de mes gilets en cachemire. Ces vêtements forment une sorte de collection, un petit musée privé que je chérit énormément en bonne matérialiste que je suis.
J'aurais très bien pu aller voir un couturier de renom pour trouver une tenue pour le mariage de Mademoiselle Pierce, prochainement Madame Sykes. Mais je ne tiens pas à mettre mal à l'aise les autres invités. C'est un mariage qui sera assez simple et ce serait d'un très mauvais goût que d'arriver dans une robe qui coûte l'équivalent d'une année de salaire juste pour la soirée. Quand je dois faire preuve de retenue pour ne pas être malpolie ni risquer d'éclipser la mariée, je connais l'endroit idéal : Gaichiffon, à Pré-au-lard. Toute la populace va là-bas, ce n'est franchement pas très chic mais tout de même de bonne qualité à un prix très abordable selon moi. Déposant une caresse sur la tête de mon doberman avant de sortir dans le jardin de la maison Yaxley, me voilà donc concentrée pour transplaner en écosse. Mauvaise surprise, en arrivant le temps est couvert. Je rouspète donc dans la langue de Goethe comme à mon habitude, et presse le pas pour rejoindre la petite boutique de prêt à porter sorcier afin d'éviter l'averse qui ne va pas tarder à arriver si j'en juge les nuages épais.
La cloche de la porte d'entrée sonne et j'adresse un sourire à l'une des vendeuses qui me souhaite la bienvenue. Immédiatement, je retire mes gants et lui demande poliment : « Faites venir Mademoiselle Avery s'il vous plaît. » Je fais confiance à cette femme. Elle est la styliste de la maison, et même si c'est une cracmole qui a eu certains scandales par le passé la jeune brune sait très bien ce qu'elle fait et je n'ai jamais eu à me plaindre d'elle et de ses conseils quand je visite la boutique. En attendant que la fille aille chercher celle que j'exige de voir, je m'installe sur l'un des canapés après avoir retiré mon manteau. Il y a quelques années, j'aurais très certainement refusé d'adresser la parole à quelqu'un dénué de magie comme elle. Mais la maternité m'a changée et adoucie. Je pensais qu'il valait mieux les abandonner, ou dans certains cas les aider à partir sans douleur. Je les considérais comme des handicapés que l'on ne pouvais ni sauver ni intégrer dans notre monde. Si je considère toujours les cracmol comme tout de même handicapés, j'ai réalisé que si l'un de mes enfants l'avait été, je n'aurais clairement pas pu me résoudre à m'en séparer. L'amour d'une mère change les gens, croyez moi. La jeune employée reviens, me demandant si j'étais attendue. J'esquisse un sourire poli et secoue la tête : « Non. Dites lui simplement que Madame Yaxley est ici. » Soudainement la jeune femme réalise qui je suis et écarquille les yeux avant de s'excuser platement. Bien. J'espère que Crystal ne se fera pas trop désirée. Je n'ai absolument aucune idée de ce que je pourrais mettre à ce fichu mariage. Tout ce que j'espère c'est que celui de mon employée sera moins dramatique et animé que le mien, et que le traiteur sera bon. J'ai assez donné avec la nourriture dégoûtante lors des réceptions !
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