Mai 2019

Ca faisait longtemps que je n’avais pas pris de retenue à l’école. Ici, c’est la première fois il me semble. Une colle...tu parles d’une corvée! A Mahou, je me souviens que les punitions étaient toujours très fastidieuses. J’en prenais souvent à cause d’oublis, de conneries involontaires dues à ma maladresse légendaire ou simplement parce que j’avais osé répliquer lorsqu’on m’emmerdait. Il y avait toujours quelque chose, toujours un moyen de me refourguer une punition qui ne m’apprenait rien. Des lignes à copier, des salles à nettoyer, des champignons à ramasser, des professeurs à assister...non, vraiment, ça nous faisait tous chier là-bas, ces punitions. Autant les élèves que les professeurs. Pourquoi en donner à quelqu’un comme moi alors? Je l’ignore. Je ne suis pas legilimens, même si ça me tenterait bien j’avoue, de voir les pensées des autres. Ca doit être un lourd fardeau de naître avec cette capacité quand même, il paraît que la contrôler est du coup très complexe...Bah. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’y songe. Ah oui, pour savoir pourquoi ils voulaient absolument s’encombrer de moi en retenue...les professeurs de Mahou ne brillent pas par leur logique, je dirais.

Bref. Me voilà en retenue ici, à Poudlard, simplement parce que j’ai répondu à un professeur après avoir oublié plusieurs fois mes affaires durant son cours. Il faut dire que cet imbécile commençait à me les briser avec ses réflexions à deux balles sur les bienfaits du ministère, du système actuel, alors que j’ai appris pas si récemment que ça que nous étions ici aussi dans une sorte de dictature. J’ai dû passer pour un pro-mangemort, mais j’avoue que je m’en branle totalement. Je ne suis pas dans ce pays pour me mêler de politique, ni même me faire une place dans cette société...non, je suis seulement là pour fuir mon propre gouvernement, apprendre ce que je ne peux apprendre au Japon, et revenir comme une fleur avec quelques recommandations dans la poche. Bon, d’accord, je vais devoir jouer au parfait petit hypocrite pour cette dernière chose, mais ça devrait le faire...normalement. J’espère juste que le dossier international que possède ce ministère n’est pas trop complet concernant ma famille.

BREF. Je disais donc que je me retrouve en retenue ce soir, au lieu de faire tranquillement mes devoirs ou de rester tranquillement avec Hyacinthe. Il s’est foutu de ma gueule d’ailleurs lorsque je lui ai appris cette nouvelle....mais je ne m’attendais pas à mieux venant de sa part, j’avoue, je connais le personnage depuis le temps. Il n’allait certainement pas prendre ma défense même s’il pense la même chose que moi au fond. J’ai presque dû le menacer pour qu’il cesse de rire comme un demeuré! Non, vraiment, parfois je me demande comment je fais pour le supporter. Puis je me rappelle que l’un comme l’autre, nous sommes tellement insupportables qu’il nous est impossible d’avoir une relation potable avec n’importe qui d’autre extérieur à nos états d’esprit. La barbe.

En tenue civile puisque je n’ai aucunement besoin de mon uniforme pour une retenue, je descends dans les sous-sols de l’université où j’ai normalement rendez-vous. Je ne sais pas si je serai seul, si d’autres collés se joindront à moi...mais j’espère au fond que je n’aurai pas à me coltiner un ou deux autres élèves, moi qui ai du mal avec tous les autres. Je ne suis pas sociable, c’est un fait, mais je m’en porte pour le mieux. A quoi ça sert de se sociabiliser si on ne compte pas rester plus de quelques années? A quoi ça pourrait me servir d’avoir des amis à la fac alors qu’ils ne me seront certainement pas utiles pour obtenir des contacts bien placés? Non, vraiment, les gamins ne m’intéressent pas. Et des gamins, il y en a ici. Je suis un des plus âgés des premières années, certains ont à peine dépassé la majorité et ça se ressent dans la maturité. Hide-sama, qu’est-ce qu’ils peuvent être cons quand ils n’ont jamais goûté la vraie vie, pure et dure, impitoyable face à quiconque ne se démerde pas un minimum! Non, ils ne sont toujours pas sorti du cocon de Poudlard depuis leur onze ans pour beaucoup, ou ont juste été transférés ici. Peut-être est-ce pour ça que Hyacinthe et moi nous sommes si différents d’eux...bah. C’est pas important.

J’arrive enfin devant la porte indiquée, non sans difficulté puisque je n’ai jamais mis les pieds dans cette partie du bâtiment. Je fronce les sourcils en captant la vétusté du panneau; quoi qui se cache derrière, ça doit faire un moment que c’est là. Je ne pense pas qu’il s’agisse de simples lignes à copier, aujourd’hui. Du nettoyage? A la bonne heure! Je parie qu’il n’y a même pas le droit à la baguette. Les mains dans les poches, je m’appuie contre le mur en pierres apparentes, la mine renfrognée. Quoi, je ne vais pas faire un seul effort alors que je viens me faire punir, non? C’est pas ce genre de punition qui m’amuse, moi!

Je poireaute ainsi pendant de longues minutes avant de voir finalement débarquer deux silhouettes distinctes. Et...merde. Il faut croire que malgré mes prières, je vais devoir me coltiner un jeune puceau en prime. Quoique...puisqu’elles arrivent enfin à ma hauteur, je capte immédiatement le visage ahuri de Nymphéa, et celui un peu plus mature d’une demoiselle dont le nom m’est totalement inconnu - mais certainement pas l’insigne qu’elle porte fièrement à la poitrine. Tiens donc. Les larbins sont de retour, hein? Je ricane sans me cacher, et me détache finalement de mon mur pour leur faire face, les bras croisés.

“Yo. Je suppose qu’on va rester un moment ensemble, hein?”

Je les dévisage dédaigneusement du regard, toujours agacé d’être ici plutôt qu’ailleurs. Et si en plus je dois me coltiner miss Chang...ça va paraître encore plus long, dites-moi! J’espère au moins que madame la préfète n’est pas du même genre que Hyacinthe, parce que là je ne peux pas juste la plaquer contre un mur pour la calmer. Pas qu’elle me repousse, non, mais je suis du genre fidèle, moi. J’espère d’ailleurs que cet idiot ne va pas se monter la tête tout seul comme la dernière fois...

Mai 2019

Nymphéa, Elizabeth, Chang. En entendant le nom de “Chang” il y a plusieurs sentiments qui peuvent vous traverser l’esprit. Soit vous connaissez leur mère, impitoyable Serdaigle qui a flirté avec les types les plus connus du territoire à savoir le type qui s’est fait assassiner le soir de sa victoire d’un tournoi archaïque et celui qui n’a fait que détruire ce qui était alors la seule véritable menace qui pesait au-dessus des sorciers. Soit vous connaissez Hyacinthe, qui d’ailleurs porte le nom du premier type, horrible préfet en chef de Serpentard qui adore la ramener et foutre la merde chez les maisons adverses. Tout le monde le déteste mais il s’en fout totalement. J’aimerais d’ailleurs dire que c’est une simple apparence, qu’il n’en a pas réellement rien à foutre et que ça le touche, mais...pour une fois, contrairement à beaucoup d’autres sentiments qu’il essaye de faire croire, celui-ci est réel. Et ce n’est pas moi qui vais lui apprendre à l’accepter, je suis du genre à penser la même chose donc…

Mais il existe un troisième “Chang” qui a aussi son importance dans l’histoire...enfin n’exagérons rien, celui-là n’a pas inventé le fil à couper le beurre. Il s’agit de miss Chang, Nymphéa, qu’on pourrait qualifier de “rayon de soleil” vu son excitation générale mais qui me donne plutôt la nausée. Je soupire de nouveau et m’approche de mauvaise grâce de la puce qui me fait face. Un rictus de mépris déforme mes lèvres.

“C’est ton frère, tu devrais le connaître à force. Il ne me protège pas auprès des profs, ne se porte pas garant si je fais une connerie. Pire, il m’a déjà retiré des points lui-même pour un oubli de cravate. C’est pas parce qu’on nique ensemble qu’il y a un traitement de faveur, hmm.”

Ah, on dirait que je l’ai un peu gênée cette fois. Peut-être que la perspective de nous imaginer tous les deux dans un lit la dégoûte? Bah, son frère est adulte depuis un moment maintenant, elle devrait se faire à l’idée qu’il a une vie sexuelle...plutôt développée d’ailleurs, étant donné que nous sommes deux hommes. C’est peut-être un cliché, même si je n’y crois pas trop, mais nous avons bien plus de besoins à assouvir que les femmes de ce côté-là. Et surtout nous n’avons pas d’indisposition mensuelle, autant dire que c’est tous les jours open bar.

“Bon, c’est pas tout mais j’ai pas que ça à foutre. On commence?”

Si nous avons toutes les archives de l’école à trier, ça risque de nous prendre pas moins d’une semaine. Alors si on pouvait commencer maintenant, ça m’arrangerait! Justement parce que mon “cher” Hyacinthe a besoin de moi pour vivre. La préfète ne semble pas ravie de ma façon de parler d’ailleurs, mais je m’en branle totalement. Je lui adresse d’ailleurs un magnifique sourire exagéré qui doit encore faire descendre mon potentiel sympathie. Moi, ne pas respecter l’autorité? Hyacinthe ne cesse de me le répéter à longueur de temps. Je suis un Taira après tout, c’est dans mon sang d’être un révolutionnaire anarchiste. Et puis j’ai toujours détesté ces larbins qui rapportent tout à leurs maîtres, ça me rappelle ces élèves qui gratuitement mettaient des bâtons dans les roues des autres pour se faire bien voir des profs à Maho. Ca me fout la gerbe.

Enfin, nous mettons les pieds dans cette...cave? Je ne saurais pas comment la décrire. La pièce est immense, j’ai l’impression de ne pas pouvoir en voir le fond. Ce qui est très gênant quand on sait qu’on doit s’occuper de beaucoup trop de documents ici...mais il paraîtrait que seule une petite partie doive être réorganisée. Sûrement pour nous éviter de fouiller dans des documents compromettants ou parmi des sortilèges de magie noire, n’est-ce pas? Ils ont retiré d’eux-mêmes tout le fun de cette retenue! Je veux bien que ce soit une punition mais quand même, on a le droit de s’amuser un peu! Je soupire d’ennui, et plisse des yeux pour essayer de capter où s’arrête notre “zone de travail”. Bon, déjà, si cette demoiselle est sur notre dos en permanence...ça va vite me saouler. Elle a intérêt à se la fermer pendant deux heures ou je risque d’aggraver mon cas en pétant un câble. Entre Hyacinthe et moi, le pire être humain n’est peut-être pas celui que vous penseriez…

“Ok. Toi tu prends cette allée, moi celle-là, et tout va bien dans le meilleur des mondes.”

L’ironie? Je suis tombé dans la marmite étant petit. Je m’éloigne aussitôt de miss Chang pour fouiner dans mon coin, non sans tousser régulièrement ou éternuer bruyamment. C’est que c’est bourré de poussière cet endroit maudit! J’en suis allergique, c’est bien ma veine. J’ai envie de mourir putain…

Alors que je pensais que tout cela ne pourrait pas être pire, me voilà face à une petite commode qui fait un drôle de bruit. Allons bon, qu’est-ce que c’est encore que ce machin? Un rongeur? Si une souris veut bien bouffer toute cette paperasse inutile, ça m’arrangerait! Enervé avant l’heure, je lance un simple Alohomora qui ouvre les portes...et m’éloigne en poussant un hurlement au moins aussi viril que celui d’une fillette. Devant moi, un énorme papillon de nuit déploie ses horribles ailes sombres et menaçantes. L’ignoble créature doit dépasser le mètre d’envergure, même au Japon je n’ai jamais vu ça. Et pourtant, les insectes au Japon ont une taille surnaturelle!

“K...kuso tte...nani kore…?! AH, UGOKENEE!! AAAAH!!”*

La lépidophobie, parlons-en. Hyacinthe se fout régulièrement de ma gueule à cause de ça, mais je n’y suis pour rien! C’est une phobie que je me trimballe depuis que je suis capable de m’en souvenir. Je déteste les papillons, papillons de nuit, et globalement je n’aime pas tout ce qui vole. A l’exception de mon Guruguru, évidemment. Mais là...je suis tétanisé sur place. Et les deux autres pimbêches qui n’ont pas l’air de rappliquer!

“HEY! Ca vous dérangerait pas de me filer un coup de main par hasard?! Mais bougez-vous, putain! J’vais me faire bouffer, là!”

Je ne suis plus vraiment cohérent, je l’avoue. Mais je flippe, putain! Si ça avait été un simple cafard, j’en aurais fait de la ratatouille en moins de deux. Là, j’ai l’impression que c’est ce monstre qui va faire de la ratatouille avec mon cadavre...parce que je vais mourir là, clairement, sans exagération. Ce truc va me bouffer. Ou je vais faire une crise cardiaque.

“MAIS BOUGEZ-VOUS PUTAIN, VOUS VOYEZ PAS QUE JE VAIS CREVER?!”

trad viteuf: