Life is a poker game, and everybody has to show their cards + Luca et ses fantômes

Date d'inscription : 11/02/2024

Luca & Callisto

Life is a poker game, and everybody has to show their cards

La nuit étendait déjà son voile sur les toits londoniens lorsque Callisto Reyes, s’observa une dernière fois dans le miroir de sa chambre. Elle portait une tenue qui alliait modernité et élégance, une combinaison noire d'un tissu fluide et luxueux, avec un décolleté léger. Les manches trois-quarts, ajustées, ajoutaient une touche de sophistication. La taille était soulignée par une fine ceinture en cuir verni, noire également, dont la boucle discrète en or rose captait subtilement la lumière. Elle avait choisi de compléter cette tenue avec des escarpins couleur émeraude, une note de couleur inattendue qui contrastait élégamment avec le noir de sa combinaison. Ses cheveux, lâchés en de larges vagues brillantes, encadraient son visage, tandis que de longues boucles d’oreilles pendantes en or rose rehaussaient la ligne de son cou. Un rouge à lèvres rouge soulignait son sourire à la fois mystérieux et assuré, parfait pour déstabiliser ses adversaires sans un mot. Validant son reflet, elle quitta l’appartement de Tyler afin de pouvoir transplaner.

En franchissant l'entrée du manoir qui accueillait la soirée mondaine, Callisto fut accueillie par une effusion de murmures feutrés et de rires mondains. Les lieux respiraient le luxe : d'immenses lustres de cristal diffusaient une lumière dorée qui semblait fondre sur le marbre immaculé du sol. Les convives, tout de costumes taillés et de robes aux étoffes précieuses, évoluaient dans ce décor avec une grâce calculée. Des serveurs circulaient, portant des plateaux d'argent chargés de coupes de champagne et d'amuse-bouches exquis, tandis que la musique discrète d'un quatuor à cordes apportait une touche de raffinement supplémentaire. Elle se laissait porter par les discussions autour d’elle, des bribes de conversations captées entre deux accolades formelles. Ici, on parlait de fusions d'entreprises, là de secrets financiers habilement négociés. Un homme à la barbe soigneusement taillée vantait la réussite de sa dernière acquisition, tandis qu'une femme élégante au port altier dissimulait un regard calculateur derrière un sourire courtois.

Callisto savait parfaitement omù elle devait se rendre. Elle venait pour travailler. Ce n’était pas la première fois. Elle prit rapidement place autour de la table de poker, où allait se dérouler un tournoi de heads-up — un duel en face-à-face, rapide, où l'on jouait chaque main comme un coup décisif. Callisto s’installa avec aisance, observant discrètement ses premiers adversaires. Ils étaient nombreux à vouloir tenter leur chance contre elle, sans se douter que chacun de ses gestes et de ses regards n’était qu’un miroir de ce qu’elle souhaitait leur faire croire. Les premières parties défilèrent rapidement : elle plia certains joueurs en quelques minutes, tandis que d'autres, plus coriaces, parvenaient à lui donner un semblant de défi. Mais aucun ne la déstabilisait vraiment. Les traits de son visage restaient impassibles, ses yeux noirs impénétrables.

La soirée avançait et les jettons s’accumulaient devant elle, formant une pile qui ne cessait de grandir à mesure que les candidats défilaient. Elle ne toucherait qu’un pourcentage mais cela restait très intéressant. Tandis qu’elle pensait voir défiler un dernier joueur sans éclat, on annonça l’arrivée de Luca Zabini. Un jeune homme métis s’approcha. Il semblait tenir le monde entre ses mains avec une pointe de désinvolture. Ses traits affûtés, son regard perçant, et ce léger sourire en coin trahissaient une assurance presque provocatrice. Lorsqu’il prit place face à elle, Callisto releva légèrement le menton, ses yeux noirs sondant ce nouvel adversaire avec une curiosité contenue. Le nom de Luca Zabini n’évoquait rien pour elle, mais son allure décontractée et le calme presque indifférent de son visage suffisaient à éveiller son intérêt. Elle laissa planer un silence, l’évaluant avec un regard calculateur, cherchant à déceler les premiers indices de sa personnalité.

Un sourire, mince et énigmatique, effleura ses lèvres. « Luca Zabini, donc… » confirma-t-elle, ses mots se fondant presque dans l’ambiance feutrée qui régnait autour de la table de poker. « Alors, vous êtes là pour tenter votre chance ou relever un défi ? » Dans cette assemblée, personne n’avait réellement besoin d’argent, elle le savait. Elle se demandait toujours ce qui motivait ses adversaires. L’appât du gain ? Vouloir prouver qu’il était meilleur ? Battre une femme ? Rares étaient les concurrentes.

Chaque nouvel adversaire était un nouveau personnage, une nouvelle analyse. Un nouveau comportement à adopter et adapter. Elle se délectait de ce jeu de surface, de ces échanges discrets qui en disaient bien plus qu'ils ne le laissaient paraître. Callisto s’installa plus confortablement dans son fauteuil, glissant ses doigts le long du bord de la table. Elle pouvait sentir le regard de Luca fixé sur elle, mais elle gardait le sien rivé sur ses cartes, d’un calme absolu.

Sans attendre de réponse, elle poursuivit, d'un ton léger, presque désinvolte : « À vrai dire, je n’ai encore rien perdu ce soir. Peut-être êtes-vous là pour briser la série. » Elle ponctua sa phrase d’un sourire fugace, laissant ses mots flotter dans l’air, mi-défi, mi-amusement, avant de détourner ses yeux sombres pour observer une fois de plus le visage impassible de son adversaire.

Le dealer commença à distribuer les cartes, et Callisto ramena ses mains près de son jeu, ses doigts se posant avec grâce et maîtrise sur les cartes comme si chaque mouvement faisait partie d’un ballet minutieusement chorégraphié. Elle ne montrait rien, et pourtant, ses pensées allaient déjà à cent à l’heure, enregistrant chaque frémissement d’une paupière, chaque muscle qui se tendait.

« Bonne chance, » dit-elle doucement, presque pour elle-même, en inclinant légèrement la tête. Puis elle replongea dans son silence calculé, ses yeux baissés sur ses cartes, tout son être concentré sur ce duel silencieux où elle s’apprêtait à lire chaque détail, chaque infime indice qui pourrait lui donner l’avantage sur cet inconnu énigmatique. Tandis Callisto concentrait toute son attention sur les moindres gestes de son adversaire, une sensation familière, légère mais insistante, s’infiltra dans son esprit. C’était une impression d’étrangeté, cette douce tension qui, à chaque fois, signalait qu’une présence invisible l’observait depuis l’ombre. Elle sentit une pression délicate au creux de sa poitrine, comme si une main éthérée tentait d’ouvrir une porte enfouie dans son esprit.

Callisto serra les mâchoires, essayant de fermer cette ouverture, de repousser cette intrusion qu’elle reconnaissait comme l’une des manifestations de son don de nécromancie. Mais, en dépit de ses efforts, des bribes de mots, portées par une voix lointaine et vibrante, commencèrent à se glisser dans son esprit. Ils étaient susurrés avec douceur, dans une langue qu’elle identifia presque instantanément : l’italien. La venue de cet esprit était donc lié à son adversaire… Chaque syllabe effleurait son esprit comme le frôlement d’un souffle nocturne, insistant et insaisissable. Elle fronça les sourcils, gardant toutefois son visage impassible devant Luca, tentant de se protéger de cette intrusion. Mais les mots persistaient, répétés en un murmure qui semblait s’accrocher à ses pensées, l’amenant à imaginer des fragments de phrases mystérieuses, des murmures d’une époque lointaine ou d’une âme errante. Ils n’avaient pas de sens précis pour elle, mais chaque intonation semblait chargée d’émotions intenses, presque impérieuses.

Elle inspira lentement, repoussant l’inconfort que ces murmures provoquaient en elle, s’efforçant de retrouver le contrôle. Ce n’était ni le lieu ni le moment pour se laisser distraire par de tels phénomènes. D’un geste discret, elle posa une main légère sur le bord de la table, comme pour s’ancrer dans le monde matériel et faire taire ces voix intemporelles. Tout en redressant légèrement la tête, elle força un sourire serein, regardant Luca droit dans les yeux comme pour le défier silencieusement de percevoir le moindre trouble en elle. La partie n’avait même pas commencé, et déjà, elle sentait le poids d’une bataille intérieure, celle de maintenir la frontière entre son don et la réalité de ce duel.

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