Une étrange nuit. (PV Khelia)

Cela n'a pas été une bonne soirée, car j'ai perdu un patient. Depuis le temps, je devrai savoir gérer. Cependant, ce n'est toujours pas le cas. D'une certaine manière, je me dis que si je ressens encore quelque chose, c'est que je suis humain. C'est le jour où cela m'indifférera qu'il faudra que je me tire parce que cela voudra que j'aurai perdu toute mon empathie et que je ne serai plus qu'une machine. Six mois qu'on se battait pour trouver une parade aux effets d'un sort d'une relique de la guerre. Le pauvre a vu son corps lentement devenir noir et perdre toute sensibilité dans ses membres jusqu’à ce que son cœur soit touché. Ca a provoqué un arrêt et on savait déjà que tenter de le ranimer ne servait à rien. D'ailleurs, il avait demandé à ce que l'on ne le fasse pas.

Par moments, l'envie de me battre me quitte. Toutefois, je n'ai aucun droit de me plaindre ou d'abandonner. Ma vie, j'ai choisi de l'utiliser pour tenter de payer la dette de ma famille envers le monde sorcier. Toutes les générations ont pratiqué la magie noire à outrance à l'exception de la nôtre. A ce moment, j'ai une pensée pour Dimka que j'ai revu quelques semaines plus tôt. Honnêtement, tout ce que j'ai envie,c'est d'aller boire un pur feu pour oublier, quelques instants, mon impuissance. Combien encore vont tomber à cause de cette idéologie qui prône la supériorité des sang-purs ? La preuve est bien que ce n'est que des foutaises. Je suis un sang-pur et je suis démuni face à certains cas. D'après eux, rien ne devrait me résister...

Je me mets à rire. Je sais bien que je ne suis pas tout-puissant. Je l'ai même su très tôt face à la violence de mon père parce que j'étais différent. Le pouvoir ne m'a jamais intéressé. Ecraser les autres encore moi. Et en ce qui concerne les coups bas, je n'en ai jamais été capable. Une déception du début à la fin pour mon géniteur qui s'est empressé de faire un nouvel héritier.

Je chasse mes sombres idées et prends rapidement une douche avant de me remettre en version moldu. Car j'ai parfaitement conscience du lieu où mes pas vont me conduire à présent, le Spaniards Inn. C'est l’un des plus anciens pubs du nord de Londres. Il n'a pas grand-chose d'extraordinaire, mais la bière est bonne. Puis le côté ancien me fait me sentir bien. Même si l'ambiance est assez sombre ces derniers temps. Enfin, c'est le genre qui n'est pas à la mode et qui a sa clientèle d'habitués loin des frasques de certains fêtards qui se veulent dans la tendance de la popularité.

Je sors de Saint-Mangouste est me dirige vers les rues côté moldu. Je ne compte pas prendre un taxi. J'irai dans un coin et je transplanerai dans la ruelle derrière. Personne n'y va, car cela ressemble à un coupe gorge d'un mauvais film de série Z. Quelques pas et me voilà à l'abri des yeux indiscrets. Le saut dure quelques instants. Avec le temps, les sensations désagréables sont devenues gérables. Avant de sortir de la pénombre, j'observe qu'il y a personne en vue.

Finalement, je m'avance et je rentre. Il y a un peu plus de monde que d'habitude. Je vois aussi quelques têtes qui ne sont pas du genre à être dans ce genre d'endroits. Mais je n'y prête pas plus attention que cela. Je vais me caler au comptoir et comme une Guinness Original Extra Stout. Tout ce qu'il y a de plus classique. Le patron me fait signe comme quoi il a bien pris en entendu ma commande. Non loin de moi se trouve une jeune femme blonde qui détonne plus encore que ceux que j'ai vus à l'entrée. On a l'impression qu'elle s'est trompée de monde comme si elle était un anachronisme. Mais bon, je ne suis pas là pour faire l conversation. Je veux juste m'enivrer assez pour me détendre sans tomber dans des excès d'un autre temps...

Ma chope arrive et je commence à tremper mes lèvres. Je savoure le goût fort de ma boisson. Je la sens descendre le long de mon œsophage pour atterrir jusqu'à que dans mon estomac. Pour accompagner ma brune, j'ai droit à quelques trucs à grignoter. C'est juste histoire que l'alcool ne monte pas trop vite à la tête.

C'est là que j'ai entendu ma voisine lancer une phrase à laquelle je ne me serai absolument pas attendu dans ce lieu et surtout à cette heure avancée de la nuit...