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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Ceux qui boivent pour oublier sont priés de payer d'avance || Jordan  :: United Kingdom :: Angleterre :: Londres
Kayla Rausale
Kayla Rausale
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Ven 23 Aoû - 22:39


Ceux qui boivent pour oublier sont priés de payer d'avance
Kayla & Jordan, Bar de Londres, Mai 2022


Tournant sur moi-même, passant ma main dans la chevelure blonde, je commençai à prendre goût à cette apparence que j’arborai de plus en plus régulièrement grâce à la potion polynectar que me concoctait ma cousine Hestia. Je la gardai pour de belles et grandes occasions, ne souhaitant pas gaspiller inutilement chaque goutte du précieux nectar. Si j’étais désormais réduite à vivre sous l’apparence d’une autre, c’était avant tout pour me protéger des menaces du monde extérieur, de la crainte d’être reconnue, de l’angoisse de croiser -un jour ou l’autre- la femme rousse vilaine Lyllyah. Ma vie avait brutalement changé depuis l’an passé et désormais, sortir dans le Londres moldu sans protection rapprochée n’était plus possible. Alors cette nouvelle apparence, je la portais comme une armure et elle me permettait de ne plus regarder constamment derrière mon épaule pour m’assurer que personne ne m’épiait, que personne ne s’apprêtait à me bondir dessus pour m’attaquer et m’enfermer dans des geôles insalubres. De toute manière, je le savais mieux que quiconque, désormais, je devais vivre en fugitive, du moins de ce côté là du monde. C’était écœurée que j’avais fait ce constat : aux yeux des membres du cercle, j’étais une prisonnière sorcière qui s’était échappée, mettant à mal leur système de protection d’une manière qu’ils ne pouvaient expliquer (puisqu'ils ignoraient que j’avais été aidée et que je n’aurais pas pu sortir seule). Amère, je savais que je ne pourrais jamais plus me balader dans la communauté moldue en étant moi-même, en étant Kayla Rausale. J’étais désormais Anna, un prénom qui me seyait parfaitement et auquel je m’étais accoutumée, à force d’entendre Julia m’appeler ainsi, même si les bourdes étaient légions. La plupart du temps, les personnes qui nous entouraient été suffisamment éméchées pour ne pas y prêter attention ou bien imaginaient une simple erreur d’étourderie. Il fallait dire que Julia était la reine des gaffeuses ; elle n’avait pas la langue dans sa poche et si j’étais moi-même capable de débiter mille mots à la minute étant une très grande piplette, Julia battait probablement le record du monde.

Si j’étais ainsi transformée en la jolie Anna, c’était belle et bien pour elle. Pour Julia. Une des femmes les plus extraordinaires que la vie m’avait donné. Une de mes cousines, mon unique cousine du côté paternel. Même si je commençais doucement à nouer un lien de proximité avec mon autre cousine, cette fois du côté maternel, ma relation avec Hestia n’en était qu’à ses balbutiements. Avec Julia, c’était différent. Nous avions grandi ensemble, vécu ensemble quasiment toute notre vie. En vérité, elle était la sœur que le destin n’avait pas offert à mes parents ; je lui confiais mes peines, mes douleurs, mes joies également. Le problème d’une telle relation, c’était que j’étais incapable de lui dire non. Incapable de lui refuser quoi que ce soit. Incapable de décliner une invitation. Pire, Julia me poussait aux vices. Systématiquement. Au fond de moi, je savais qu’elle ne désirait qu’une seule chose, que je puisse prendre du bon temps, vivre intensément, m’amuser à nouveau. Les soirées auxquelles elle choisissait de m’emmener semblaient triées sur le volet, même si, en réalité, le danger était partout. J’avais néanmoins appris quelque chose après mon enlèvement : la vie était courte, trop courte. Et je ne pouvais pas me terrer sur le chemin de traverse toute ma vie. Cette existence serait bien trop triste. Alors je m’autorisai, assez rarement, je devais l’avouer, quelques écarts pour toucher du doigt la vie que je menais auparavant, même si je ne faisais que l’effleurer, avec le secret espoir, qu’un jour, tout serait plus facile.

Passant la porte du bar en compagnie de Julia qui tendit un papier au videur -ce que je ne compris pas d'ailleurs (donnait-elle son numéro à tous les mecs bien gaulés que nous croisions?)-, je fus immédiatement submergée par la musique qui tambourina au fond de mes tympans, les lumières des stroboscopes qui me firent cligner des yeux et je mis quelques instants à m’habituer à l’ambiance de la fête. Bien que le bruit soit assez élevé à l’intérieur, la salle n’était qu’à demi-remplie et je tournais le regard vers Julia qui m’expliqua que le bar avait été privatisée pour la soirée par la promotion des étudiants en médecine et qu’elle avait eu les places grâce à un mec qu’elle s’était tapée la semaine dernière et qui -selon ses propos- était beau comme un Dieu. « Mais t’es incorrigible Julia putain ! » dis-je en éclatant de rire. « Et le mec de droit du mois dernier ? » Julia secoua la tête, amusée par la situation. « Je te jure que c’est vrai, le gars, il commence à me réciter mes droits pendant qu’on… enfin tu vois ! Clairement je préfère et de loin jouer au docteur et à l’infirmière...  » Je pouffai allègrement tandis que Julia faisait de grands signes à un garçon qui se trouvait de l’autre côté du bar et je me retournai pour admirer ce fameux… étudiant. « Bon ok, il est trop canon ! » Ce n’était pas du tout mon genre mais s’il plaisait à Julia, c’était bien le principal. Elle avait raison de s’éclater. Vivre intensément, voilà ce que Julia faisait. « Et puis, il a peut-être des amis avec qui tu pourrais sympathiser… » minauda-t-elle, absolument suggestive. « Ne commence pas. » soufflai-je péniblement, comprenant avec aisance le sous-entendu piquant qu’elle me balançait. Elle ne voyait pas du tout d’un bon œil le fait que je revois Lyam, même si nos rencontres étaient très espacées. Je ne savais pas du tout où j’allais avec lui, clairement, je naviguais à vue. Mais ce dont j’avais conscience et étais certaine, c’est que je l’aimais encore, en dépit de toutes considérations raisonnables, en dépit de ce que la raison me disait. « Rien que pour ça, je mérite un verre. Même deux. » Et quelques minutes plus tard, j’étais accoudée au comptoir, une pinte de bière à la main dont la moitié était déjà ingurgitée tandis que je demandais à Julia : « Et ce futur médecin, il a un prénom ? » « Est-ce véritablement important ? » s’amusa Julia en me faisant un clin d’oeil tandis que je roulai des yeux vers le plafond. « Oh que oui que c’est important. Je te rappelle que ce mec est étudiant en médecine et que ton frère est infirmier. Imagine qu’ils se connaissent, vaudrait mieux savoir son nom. » Julia éclata de rire et précisa qu’elle savait pertinemment comment il se prénommait. Je souris à nouveau. Julia demeurait Julia, elle avait beau avoir des mœurs légères, elle demeurait prudente. « En tout cas, il te dévore des yeux. Que lui as-tu fait pour qu’il soit aussi énamouré ? » demandai-je en regardant discrètement le garçon, ne remarquant pas la silhouette pourtant reconnaissable de Jordan Millers, qui, lui aussi, avait déjà goûté aux joies des plaisirs charnels avec ma cousine…

KoalaVolant


 

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Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.

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Ceux qui boivent pour oublier sont priés de payer d'avance || Jordan  FsFf3wGn_o Ceux qui boivent pour oublier sont priés de payer d'avance || Jordan  HDG12n5j_o
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Jordan Millers
Jordan Millers
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Lun 23 Sep - 19:56
Won't you come on and come on and
Raise your glass?
Just come on and come on and
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Comment s’était il retrouvé là ? Aucune putain d’idée, une chose en entrainant une autre… Ami d’un ami d’un pote, vaguement connaissance et voici de Jordan Millers se retrouve à une soirée étudiante dans un bar, un truc organisé par les étudiants en médecine, soirée privée ou un truc du genre.
Est ce que c’était aussi pathétique que ça, de se retrouver à son âge dans ce genre de circonstances ? Peut être… M’enfin l’avantage des étudiants en médecine - si on peut dire ça…- c’est quand même que leurs études durent un certain temps ou un temps certain et qu’ainsi, Jordan n’avait pas tant de différence d’âge avec les gamins présents -gamins ? huuum mauvais signe Millers- sa pensée le fait tiquer, il s’appuie contre le bar, l’amie de l’ami d’un ami d’un pote avec qui il s’était retrouvé à devoir tenir la chandelle était sortie fumer une clope, la vibe avec cette nana était pas folle, et Millers considérait en cet instant, alors qu’il commandait un shooter de rhum au bar, que la jeune femme en question n’allait très potentiellement pas revenir de si tôt.
Pas le mood, pas le moment, pas l’envie… Bah alors Millers qu’est ce que tu fabriques… Aucune putain d’idée, Jordan aimait les femmes, les relations sans prise de tête, un truc simple, léger, qui durait jamais parce que bien évidemment, rien ne dure jamais. Pas vrai…

“Merci” glissé à la barmaid, sourire en coin, il lève son verre, en frappe le cul sur le bar, et l’avale tout net, puis dans la foulée, captant le regard de la petite blonde occupée à servire une bande de gamin -ouch- assoifée, lui fait signe d’en poser un second sur la table. Barmaid s’exécute, conso payée. Jordan se tourne, s'appuie contre le zinc, son regard se perd dans la foule, musique live trop forte, un peu de rock sympa pourtant.
“Bah alors vieux” heureusement le gars en question, le fameux ami de l’ami de bref, a à peu près son âge et que son surnom n’est pas une épée de plus dans son petit coeur. “Sarah est partie ?”
Sarah donc, la brune, peau hâlée, petit sourire, maligne et culturée avec laquelle il s’était vu arranger un rendez vous parce qu’elle était la soeur du plan de Monsieur et qu’elle voulait pas tenir la chandelle, cette Sarah là, pharmacienne de profession avec laquelle il s’était légèrement embrouillé au sujet de l’usage bénéfique de l’homéopathie pour le rhume que Jordan était en train de développer et qui lui rougissait les pommettes actuellement, à moins que ce soit l’alcool, qui sait. Cette même Sarah là qui avait fuis donc, Jordan avait soupiré.
“Je crois que Sarah et moi n’auront jamais une tripotée de bambins courant paisiblement dans la future maison de ses rêves.”, la demoiselle avait déposé d’entrée ses conditions. Sacré mélange pour Jordan. Sacré trigger warning aussi. Pour lui, pour elle. Elle faisant face à un grand gamin, propriétaire de son commerce, certes, mais vraisemblablement pas décidé à se caser.
Les mystères de la vie… Pas de coup de foudre ce soir-là. Pas de rencontre ultime. Et honnêtement, Jordan n’avait pas envie d’aller courtiser une autre de ces créatures. Il n’avait pas envie de se prendre la tête, il verrait bien, comment les choses tourneraient. Se laissant porter par l’ambiance de la soirée qui ne faisait que prendre en intensité.
“Je crois que Neila t’attend mon grand.” Millers avait signifié d’un coup de menton le date de son pote, assise sagement sur une banquette dans un coin, les yeux rivés vers son portable à taper du pied au sol. “Vas donc et bon courage avec ta future belle soeur.” Il avait fait teinter le shooter qu’il n’avait toujours pas bu contre l’une des pintes que son pote tenait à la main. Puis l’avait laissé partir.
C’est là qu’il l’avait vu. Silhouette située de l’autre côté du bar, silhouette familière qui le fait tiquer. Il la connaît c’est certain et n’a pas grande difficulté à resituer Julia… Délicieuse Julia qu’il avait fréquenté un temps, un temps équivalent ici à quelques mois, avant qu’ils ne réalisent qu’en fait ils n’étaient pas compatibles. De mémoire… mais peut être que l’alcool était traître… Ils s’étaient quittés en bon terme, s’étaient recroisés à plusieurs reprises, avaient même eu l’occasion de flirter un peu entre deux temps morts respectifs.
Son rire fendit l’air, rire caractéristique qui lui avait permis de confirmer qu’il n’était pas tout à fait dans les choux. Julia était accompagnée mais vraisemblablement pas de quelqu’un de sa connaissance. Engloutissant son deuxième shooters de ces cinq dernières minutes mais quatrième verres de ce type dans l’heure, il s’était approché de deux jeunes femmes.
Blouson en cuir noir, éternel tee-shirt basique sobre, blanc, jean baskets, Millers avait comblé la distance entre eux. Les deux jeunes femmes sont en train de discuter. La voix de la seconde lui semble familière… Moue dubitative, incrimination de l’alcool qu’il vient de consommer.
“Hey Julia !” Véritablement content de la voir, n’attend rien d’elle à cet instant, seulement de pouvoir échanger avec une entité familière, il avait posé sa main sur son épaule, sourire aux lèvres et baiser sur la joue.
“Si je m’attendais à te voir ici…” Jordan prend la voix de la conspiration, est obligé d’être un peu proche d’elles pour se faire entendre. “Tu viens chasser les étudiants de médecine maintenant ?” Éclat de rire.
Son regard se porte sur son interlocutrice, l’espace d’un instant il avait cru reconnaitre une voix familière sans parvenir à mettre un nom dessus, mais vraisemblablement la jeune femme qu’il fixe à présent n’a rien à voir avec un visage connu.
“Jordan, enchanté.” Prunelles qui s’attardent un instant sur son visage, sur ses traits, en cherchent la familiarité mais en vain. Reporte son attention sur Julia qui rayonne comme toujours.
“La soirée est sympa…” sonne creux, se reprend. “Mais ces médecins n’ont aucun goût en matière de musique.” Le groupe actuel joue du rock certes, enfin disons plutôt qu’il massacre allègrement du rock, Jordan grimace sur une note étrange.
Décidément, pas le mood, pas le soir, enchaînement étrange de mots et de phrases. Jordan se fustige intérieurement, mais ne se départit pas de son sourire avenant. “Au moins la bière est bonne.” lâche t’il avec un mouvement d’épaule qui signifie que c’est toujours ça de pris.
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Kayla Rausale
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Lun 7 Oct - 22:00


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Kayla & Jordan, Bar de Londres, Mai 2022


La belle Anna avait du succès. Toujours. Les hommes avaient cet attrait pour les blondes que je n’expliquais pas. Julia m’avait déjà confié une fois que c’était parce que les femmes blondes étaient plus stupides et plus facilement influençables, donc plus faciles à mettre dans un lit. Je m’étais indignée face à tant de stéréotypes et Julia s’était contentée de rire en rejetant sa tête en arrière, sa belle chevelure brune s’agitant au rythme de ses soubresauts. En tout cas, ces soirées-là étaient placées sous le signe de l’espoir. L’espoir d’un retour à une vie plus routinière, moins empreinte des traumatismes qui me réveillaient toujours la nuit. J’avais besoin de retrouver de l’espoir. J’avais besoin Julia dans ma vie. Elle incarnait cette optimisme et avait la faculté de voir le verre à moitié plein. En réalité, ma cousine était pour ainsi dire, une des personnes les plus proches à mon cœur. J’avais grandi avec elle, j’avais évolué avec elle, je m’étais effondrée à ses côtés. Son soutien inébranlable n’avait jamais faibli, peu importe les épreuves que j’avais subies et traversées, Julia avait toujours été auprès de moi. Elle était un roc parmi la tempête, une lumière dans l’obscurité, une aide salutaire. Je savais que je pouvais tout lui dire, tout lui confier, comme la sœur que je n’avais jamais eue, elle avait pris cette place dans mon cœur, et je la considérais, comme Maxime, comme étant une de mes plus proches confidentes. Et à ce titre, j’avais le plus grand mal à lui dire non. Essuyer un refus n’était pas dans les habitudes de la jeune Julia, qui m’aurait -de toute manière- titillé jusqu’à ce que j’accepte. Elle savait où appuyer pour actionner les leviers qui m’empêchaient de lui répondre par l’affirmative. Et puis, il fallait bien l’avouer, depuis que je possédais du polynectar, sortir à l’extérieur était plus aisé. J’avais toujours cette peur, cette angoisse qui grandissait en moi lorsque j’étais dans le Londres moldu, mais sous ma forme blonde, personne ne pouvait me reconnaître et cette apparence jouait le rôle d’un puissant bouclier défensif. Je n’étais peut-être plus moi-même physiquement, mais je retrouvais une part de celle que j’avais été dans le passé : plus joviale, plus drôle. Moins renfermée.

Accoudée au comptoir, une pinte de bière blanche à la main que je portais bien trop régulièrement à mes lèvres pour que cela soit raisonnable, je conversais avec Julia sur cet étudiant en médecine dont s’était entichée Julia. Enfin… Entichée… Je me questionnais tout de même, après tout, Julia avait réussi à me traîner ici et c’était peut-être bien le signe qu’elle ne se fichait pas autant de ce garçon qu’elle le disait. Alors que j’éclatai de rire face aux commentaires de Julia qui m’expliquait avec des mots trop crues pour être rapportées ici les choses qu’elle lui avait faites pour que le garçon en redemande encore, nous fûmes interrompues par une voix familière. Jordan Millers. « Bonsoir! » dis-je, prête à lui donner une grande claque sur l’épaule -comme au bon vieux temps-, avant de me rappeler que j’étais Anna, que je n’étais pas Kayla et que Jordan n’avait aucune raison de me reconnaître.  J’avais failli me trahir. Il salua Julia, embrassa sa joue et mes mains attrapèrent ma bière pour ne pas rire. Jordan et Julia, c’était une belle histoire qui finissait mal, mais pas tant que ça, en définitive. On s’était déjà croisé à plusieurs reprises et pour ma part, j’avais immédiatement perçu que ça n’irait pas entre eux. Un feeling, un truc. Non pas parce que Jordan était un gars pas sérieux, ni parce que c’était un idiot. Au contraire. Il était somme toute très intelligent, intéressant, drôle surtout. Mais il y avait quelque chose au fond de lui que je n’avais pas réussi à percer, mais que j’avais immédiatement suspecté : Jordan faisait partie de ceux qui n’avait pas gagné à la loterie de la vie. Il y avait quelque chose de sombre en lui mais j’ignorai comment je le savais. Était-ce ma propre expérience traumatisante qui me rendait plus apte à déceler les fêlures chez les autres ? J’en savais rien, encore une fois. Mais dans tous les cas, c’était une personne que j’appréciais et je savais que si Julia n’était pas avec lui, ce n’était pas à cause de sa personnalité. Des divergences d’opinion sur leur manière de concevoir la vie et le couple, ça serait plus exact. Julia avait beau butiner de fleur en fleur, elle était désespérément romantique, prête à tomber amoureuse avec ferveur de l’homme qui lui ravirait son cœur. Cet homme n’était pas Jordan, assurément. Mais ce n’était pas une raison pour ne pas s’amuser de temps en temps. Entres amis, en tout bien tout honneur. Évidemment. J’avais moi aussi des yeux pour voir, et si je n’étais pas si amoureuse de Lyam, j’aurais pu moi aussi admirer la silhouette avantageuse de Jordan, même dans cette tenue des plus simples. Un brin l’habillait, comme disait ma mère. « Tu sais Jordan, j’ouvre mon esprit aux milliers de possibilités, les étudiants en médecine étant l’une d’entre elles, parmi tant d’autres... » répondit Julia, en lui adressant un clin d’œil des plus suggestifs. Nous rîmes ensemble, non pas uniquement à cause des paroles de Jordan que de la réponse de ma cousine. Ces deux-là s’étaient bien trouvés. Ils avaient le même humour caustique.

Jordan se tourna alors vers moi, se présenta et je lui adressais un joli sourire hébété, me demandant comment je devais réagir face à lui. En réalité, c’était la première fois que cela arrivait, que je rencontre quelqu’un que je connaissais sous mon apparence polynectar. Enfin non, c’était la seconde fois mais la première fois c’était Lyam et tout était donc différent car je l’avais vu au loin et j’avais sauté sur l’occasion pour lui parler. Là, c’était Jordan, un gars que je ne connaissais au final pas si bien que ça même si nous avions passé des soirées à picoler ensemble. On pouvait dire que ça rapprochait suffisamment. « Salut Jordan, enchantée, moi c’est Anna. » Je le savais mieux que quiconque, le polynectar ne transformait pas la voix. C’était aussi ce qui m’avait trahi avec Lyam. Mais je me contentai de rester naturelle, il y avait beaucoup de bruits et nous étions dans un bar en train de picoler, cela pourrait jouer en ma faveur. « Sympa ? » demandai-je d’un air amusé tout en buvant une autre gorgée. Pour l’instant, ce n’était décidément pas le début de soirée de l’année. « Écoute Jordan, ils ont la vie des gens entre leurs mains, ils ne peuvent pas avoir tous les talents. » Et Julia de surenchérir : « Et oui, Jordan, écoute ma cou-... » Elle s’interrompit, comprenant qu’elle était en train de dire une connerie tandis que je lui faisais de gros yeux. Je rêvais où elle avait bien failli dire cousine ? « Ma COUPINE Anna ! Elle est très douée pour organiser des soirées. » Elle rit aux éclats, rire qui sonnait un peu faux, comme pour extérioriser sa gêne d’avoir failli lâcher une information des plus capitales. Jordan ne devait pas faire le lien entre Anna et moi. Jamais. Trop dangereux.

Je me reconcentrai sur Jordan. Après tout, je devais faire mine de ne pas le connaître. Mais même ce que je savais de lui n’était pas suffisant pour me confirmer qu’il était un bon mélomane. De mémoire, il tenait une librairie mais j’en savais pas beaucoup plus sur lui. « Oh, on a un amateur de musique ici ! » Il était dans le vrai, le groupe qui jouait n’était pas des plus entraînés. C’était peut-être leur première scène. Ou bien ils sont trop bourrés eux aussi. J’opinai du chef lorsqu’il conclut en disant que la bière était bonne. « Où est ta pinte alors ? » dis-je en riant. Je fis signe à un des barmans pour qu’il lui en remplisse une. « C’est péché d’être dans un bar et n’avoir rien dans la main, non ? » Julia rit et ajouta : « Je dirais même que cela devrait être puni par la loi. » Plaisantant bêtement sur ce qu’on devait faire ou ne pas faire dans un bar, Julia demanda au bout d’un moment : « Comment tu vas Jordan ? Ça fait quelques temps qu’on ne s’était pas vu. » Avant qu’il ne réponde, j’enchaînais : « Et j’imagine que tu ne fais pas partie des étudiants en médecine que tu as si sagement critiqué. Que fais-tu là ? Tu rejoins des potes ? » C’était souvent la raison invoquée lorsqu’on cherchait à savoir comment une personne se retrouvait dans une soirée privatisée pour certains étudiants alors même que cela faisait bien longtemps qu’on avait pas posé nos fesses sur les bancs de l’université. Enfin, ça c’était vrai pour eux, pas pour moi. Plus que trois mois avant l’obtention de mon diplôme.

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