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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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une drôle de mission ✣ Soledad :: United Kingdom :: Angleterre :: Londres :: QG de l'Ordre du Phénix
Ennis O'Callaghan
Ennis O'Callaghan
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Lun 24 Juil - 20:56

une drôle de mission ✣ Soledad Image

Une drôle de mission


Novembre 2021
Le 12, square Grimmaurd

Quand Ennis poussa la porte du quartier général, il fut accueilli par une salve d'exclamations lancées par une bande de vieux sorciers qui trainaient toujours à l'Ordre. Ils ne s'exprimaient rarement sans y aller de leurs petits commentaires sexistes auxquels ils semblaient tenir comme à la prunelle de leurs yeux.  - « Alors, on va lire les cartes avec la petite Sol ? », ironisa avec leste une voix légèrement éraillée. - « Laisse donc tranquille l'gamin, on sait jamais, ça peut donner que'qu'chose ! », rétorqua une autre voix aux mêmes tonalités basses. - « Je te remercie Pati. Bon, je vous laisse, je suis un peu en retard. », répondit Ennis avant d'emprunter le couloir menant à de vieux escaliers boisés et grinçants.

Sol, c'était Soledad Velasquez. Une sorcière connue à l'Ordre pour ses pouvoirs de divination. Connue, enfin disons plutôt raillée. Si Ennis s'entendait plutôt bien avec l'ensemble des membres de l'Ordre, Soledad faisait certainement partie des rares exceptions. À y bien réfléchir, les raisons étaient trop légères pour qu'Ennis n'en eut pas un peu honte. Déjà à l'époque, quand Ana avait intégré l'Ordre pour faire face aux Forces du Mal, le nom de Soledad était revenu plusieurs fois aux oreilles d'Ennis. Elle lui avait été alors présentée comme une ancienne camarade de Poudlard dont Ana déplorait la superficialité. À mettre en cause, une querelle d'enfant que les deux jeunes femmes n'avaient vraisemblablement pas réussi à dépasser. Mais tout de même, cela n'avait pas sans influencer le regard qu'Ennis avait posé sur celle dont il ne connaissait alors que le nom. Quand il avait intégré lui-même l'Ordre, quelques temps à peine après la disparition d'Ana, il avait enfin pu faire la rencontre de la fameuse Soledad. Mais, cela ne lui avait pas permis de s'en faire une meilleure opinion, bien au contraire. Ennis l'avait alors découvert à travers les railleries d'un grand nombre des membres de l'Ordre, certes pour la plupart des anciens attachés à des pratiques magiques légèrement archaïques, mais tout de même, cela n'avait fait qu'empirer l'idée qu'il se faisait de la jeune femme.

Aujourd'hui, Ennis était d'une humeur exécrable. C'était le moins qu'on puisse dire. Depuis plusieurs jours, il avait la sensation de trainer son squelette parmi les vivants. Cette nuit-là, il avait été réveillé vers quatre heures du matin par un cauchemar suivi d'une paralysie du sommeil et s'était alors mis à pleurer sans pouvoir s'arrêter. Le rêve était toujours le même : il apercevait à travers un épais brouillard la silhouette d'Ana et hurlait son nom sans parvenir à avancer ou à se faire entendre, avant de sentir le sol se dérober sous ses pieds. Il avait alors ouvert les battants de la fenêtre et s'était assis sur le rebord, observant la voûte étoilée du ciel jusqu'au petit matin. Il s'était ensuite installé à son bureau, parcourant la gazette des sorciers. Les articles couvraient tous les mêmes événements : une suite d'attaques du Blood Circle et d'obscures disparitions de sorciers. C'est donc épuisé, enfin disons plutôt harassé, qu'il avait poursuivi sa journée de cours au lycée. S'il avait ressenti un certain enthousiasme en début de carrière, la magie était retombée comme un soufflé. La monotonie des programmes à suivre ajoutée aux soupirs constants des élèves qui filaient comme une ritournelle sinistre ne finissaient pas de le décourager. Autrefois au moins, il pouvait partager sa passion pour la pédagogie avec Ana. Leurs conversations formaient une émulsion sans laquelle il peinait à ressentir le même enthousiasme qu'autrefois. Lycée, BC, L'Ordre. L'Ordre, BC, Lycée, et ainsi de suite, à n'en plus finir. Il se sentait presque disparaître, se sachant plus vraiment qui il était. Même la poésie, sans les discussions toujours stimulantes d'avec Ana, quittait progressivement son paysage. Seule la lutte politique semblait encore donner un but à sa vie. Ennis avait beau être une personne calme et pour la plupart du temps apaisée, sans passion et sans objectifs qui transcendaient le train-train routinier de l'existence, il se sentait comme vidé de lui-même. Et encore, ces derniers temps, la lutte politique même n'avait pas fière allure. Les disparitions qui s'accumulaient à une vitesse on ne peut plus effrayante freinaient grandement le processus : des missions programmées depuis des mois s'annulaient au dernier moment, les volontaires ne faisaient de moins en moins volontaires et les idées peinaient considérablement à se renouveler. Ennis lui-même commençaient à se laisser gagner par le découragement. Voilà plus de trois ans qu'il n'avait pas eu le moindre indice sur Ana, sur son état ou sur l'endroit où elle se trouvait. Après trois longues années, il ne parvenait toujours pas à passer à autre chose. Il y a certaines séparations dont ne se remet jamais. Il faudrait qu'il apprenne à vivre avec.

Aussi, la perspective d'une énième mission, qui plus est avec une personne à laquelle il n'accordait pas beaucoup de crédit, ne l'enchantait pas des masses. À y réfléchir de plus près, c'était certainement une des seules missions à laquelle Ennis se rendait à contrecœur. Se retrouver en tête-à-tête avec Soledad Velasquez pour fouiller dans l'avenir probablement sordide de sa sœur, la personne qu'il détestait le plus au monde, lui inspirait l'image d'épines empoisonnées lui perçant une à une le crâne. Mais il n'avait pas tellement eu le choix. L'Ordre avait estimé que, vu le rôle que sa sœur tenait au sein du BC, cela valait le coup de solliciter les dons de divination pour essayer d'en apprendre un peu plus à son sujet. Et bien sûr, cela était tombé sur Soledad.

Il tourna la poignée de la porte en laissant s'échapper un soupir las, regrettant aussitôt d'adopter la même attitude qu'il déplorait tant de la part de ses élèves. Il fût tout de même soulagé : malgré son retard, il était arrivé le premier. Il avait encore quelques minutes devant lui. Dans la pièce, régnait une atmosphère de fin d'automne. Il tira une chaise sur laquelle il posa un sac à dos bleu aux anses effilées. Sur la table, il étala différents objets, seules reliques de son enfance ayant plus ou moins un rapport avec Deirdre, et qu'il avait récupérées d'Enniskillen avant de partir définitivement pour Londres : un couvre lit en fine broderie violette et dorée portant le nom de sa famille, un étui à lunette qu'il avait subtilisé à sa soeur et la paire de chaussure de Colin retrouvée le soir où Deirdre l'avait noyé. Ennis n'avait pas la moindre idée de la manière dont allait se dérouler la séance, ce qu'il appelait certainement naïvement une séance de divination. Il avait apporté ces objets en espérant que cela puisse aider Sol d'une manière ou d'une autre. Il espérait ne pas passer pour le moldu de service, un peu nigaud sur les bords, face à une sorcière avec laquelle il n'avait déjà pas grande hâte de passer du temps. Il faut dire que sa seule référence en matière de divination était les enquêtes paranormales diffusées sur les chaînes de télévision moldues. Il sortit de sa sacoche un dernier bibelot, une boule à neige offerte par Deirdre et Collin lorsqu'ils étaient enfants, et l'ajouta aux différents objets sur la table, quand les gonds de la porte grincèrent derrière lui. En se retournant, il fit tomber la boule à neige dont le dôme en verre se brisa en mille morceaux, laissant s'éparpiller sur le sol un fluide translucide et d'innombrables paillettes en plastique. Face à lui apparut alors Soledad Velasquez, son regard d'un noir intense. - « Salut, tu vas bien ? J'ai apporté ce que j'ai trouvé, je ne sais pas si ça te sera utile. », questionna-t-il en essayant de masquer un mélange d'irritation, de gêne et d'épuisement.
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Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
Admin Sorcier OP
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Lumos
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Lun 28 Aoû - 22:30




Une drôle de mission
Soledad ☽ ☾ Ennis



Novembre 2021

Cela faisait un moment que Soledad n’était pas partie en mission pour l’Ordre. Il fallait dire que les derniers mois n’avaient clairement pas été des plus simples pour elle, alors mettre sa vie en jeu pour l’organisation n’avait pas vraiment été dans ses priorités. De toute façon, elle n’avait pas été en état d’être efficace, partir en mission sans avoir les idées claires, ça revenait à partir à l’abattoir alors elle avait préféré lever le pied. Il y avait des moments où il fallait savoir reconnaitre quand il était plus prudent de rester sur la touche. Elle voulait bien se battre pour la cause, mais mourir pour elle n’avait jamais été une option vraiment viable. Oh, bien sûr elle savait que ça pouvait arriver, elle savait les missions dangereuses et ne se pensait pas immortelle, loin de là, mais si elle pouvait éviter, ça lui convenait très bien. Elle avait déjà frôlé le pire pendant l’attaque d’Azkaban et voir la mort de si près une fois lui suffisait amplement. Elle avait mis du temps à se remettre de ses blessures, aussi bien physiquement que mentalement. Surtout que sa rupture avec Doryan avait eu lieu au même moment et qu’elle avait eu un effet particulièrement dévastateur sur elle. Comme si affronter une épreuve à la fois ne suffisait pas. Soledad devait le reconnaitre, pendant un moment elle avait préféré rester sur le banc de touche, elle ne s’était pas sentie en état d’accomplir quoi que ce soit de réellement dangereux pour l’Ordre et préférait s’abstenir plutôt que de jouer les boulets. Elle avait déjà bien assez joué le rôle de celle qu'il fallait sauver. Elle savait se montrer réfléchie et raisonnable. Et puis, ça aurait bien trop fait plaisir aux membres de l’organisation qui la prenaient encore pour une sorcière inutile, or elle n’allait certainement pas leur faire ce plaisir.

Ces derniers temps, Soledad avait donc endossé de nouveau le rôle qui avait été le sien lors de son entrée dans l'ordre du Phénix : la diseuse de bonne aventure. Ce qui n’était pas vraiment pour la déranger. Même si elle avait fini par mettre à disposition de l'ordre d'autres de ses capacités, et notamment sa baguette, elle n'avait jamais réellement arrêté de lire l'avenir pour l'ordre, en réalité elle mettait toujours son don à disposition lorsque le besoin s'en faisait ressentir, que des membres partaient en mission ou que quiconque le lui demandait. Elle devait tout de même avouer que cette dernière catégorie n'était clairement pas la plus importante, malgré les nombreuses fois où elle avait fait démonstration de son don, les combattants de l'Ordre étaient encore nombreux à mettre en doute son troisième œil. Tant pis pour eux, Soledad était habituée à leur scepticisme et à leurs critiques. Elle aurait préféré que ça ne soit plus le cas, elle estimait qu'elle avait fait bien assez d'efforts comme ça et que ce n'était plus à son tour, mais les moqueries sur son don ne l'atteignaient plus depuis bien longtemps. Elle avait prouvé sa valeur un nombre incalculable de fois, si certains refusaient encore d'ouvrir les yeux, elle ne pouvait rien pour eux et n'allait certainement pas se fatiguer à tenter de les convaincre. Alors même si cela provoquait encore quelques sourires ironiques lorsqu'elle sortait son jeu de tarot ou son pendule, elle avait continué de lever le voile du futur pour l'ordre. Soledad ne considérait pas cela comme un retour en arrière, loin de là. Elle n'avait pas besoin de sans cesse prendre des risques pour l'ordre pour être utile et avoir sa place dans l'organisation. Certains pouvaient penser ainsi, croire que la valeur d'un sorcier se mesurait aux missions qu'il avait à son actif, au nombre de ses cicatrices, mais pas la mexicaine.

Aujourd’hui, ce qui attendait Soledad mélangerait les deux aspects de son engagement auprès de l’Ordre, et ne lui vaudrait, elle l’espérait bien, ni nouvelle cicatrice, ni niveau séjour à Sainte Mangouste. Quand les têtes pensantes de l’organisation étaient venues la trouver pour lui confier une mission qui ferait directement appel à son don de voyance, elle avait accepté sans hésiter. Son don était trop souvent décrié, et encore plus moqué, pour qu’elle se passe d’une occasion de prouver à tous qu’il était utile, et surtout réel. Les consignes qu’elle avait reçues avaient été plutôt simple et aussi particulièrement succinctes, ce qu’elle trouvait toujours frustrant. Certes, cette fois elle n’allait certainement pas mettre sa vie en jeu, mais même sans cela elle préférait savoir à peu près où elle mettait les pieds. Elle savait bien qu’une simple séance de divination pouvait rapidement se transformer en une réelle enquête de terrain, elle en avait déjà eu l’exemple avec sa cousine Toni quand la simple manifestation d’un fantôme avait mené à l’arrestation d’un sorcier assassin au beau milieu de Sainte Mangouste. Soledad espérait toutefois ne pas en arriver là cette fois, elle voulait bien reprendre les missions pour l’Ordre mais souhaitait aussi faire ça graduellement. Elle avait bien assez mis sa vie en jeu ces derniers temps. Il n’empêche qu’elle regrettait d’avoir si peu d’informations avant de se lancer dans cette nouvelle mission. Elle devait fouiller dans l’avenir d’une membre du Blood Circle, ça s’arrêtait là. Pour tenter de déterminer ses prochaines actions, récupérer des informations intéressantes… Tout était possible. Ce qui était franchement faible comme information avant de se lancer. En temps normal, la mexicaine aurait été trouver son binôme pour cette mission afin de l’interroger un peu plus, recroiser leurs informations et se préparer un peu mieux, mais là, étrangement, elle doutait que cela soit une bonne idée. Elle ne comprenait pas trop pourquoi, mais entre Ennis et elle, l’entente n’avait jamais dépassé la froide cordialité. Pour elle qui était capable de s’entendre avec à peu près tout le monde, c’était incompréhensible. Si elle avait tenté de faire des efforts au début, Soledad avait fini par renoncer et accepter cette relation qui au fond n’en était pas vraiment une. Tant qu’ils n’étaient pas en conflit ouvert pour une raison qu’elle ignorait, elle pouvait faire avec. Tout le monde ne pouvait pas l’apprécier, elle le savait bien.

Le truc, c’était que ça rendait cette mission encore plus délicate. Non seulement elle était commanditée pour utiliser un don que beaucoup aimaient à tourner en dérision, mais en plus elle s’apprêtait à le faire en compagnie d’un homme qui ne l’appréciait clairement pas. Pour couronner le tout, si elle avait tout compris la moldue dont elle devait fouiller l’avenir n’était pas juste une membre du Blood Circle, mais également la sœur d’Ennis. Rien que ça. Non, vraiment rien n’était fait pour la mettre à l’aise. Sûrement était-ce la même chose pour Ennis d’ailleurs, elle n’était pas assez égoïste pour ne pas songer le contraire. Mais elle avait une mission et tant que le moldu était d’accord pour la remplir avec elle, elle comptait bien aller jusqu’au bout. Même si, clairement, elle était en retard. Bon, ce n’était pas entièrement de sa faute, le Witches Bazaar avait connu un afflux de clients juste avant l’heure de fermeture et elle avait dû prendre le temps de servir tout le monde avant de pouvoir fermer la boutique. Elle avait beau prendre les missions pour l’Ordre au sérieux, le Witches Bazaar restait son gagne-pain et elle ne pouvait pas tout laisser tomber aussi facilement. Heureusement le transplanage lui permettait d’éviter les bouchons Londoniens et de rattraper une bonne partie de son retard. Ce qui ne l’empêcha pas de se presser une fois dans les locaux de l’Ordre et certainement d’ouvrir la porte de la salle où elle avait rendez-vous avec Ennis, avec un peu plus de brusquerie que nécessaire. Le bruit de verre brisé qui accompagna son arrivée la fit grimacer. « Oh, je ne voulais pas te faire peur. Lo siento. » S’exclama-t-elle, gênée. Déjà que ce n’était pas la grande amitié avec Ennis, elle était loin d’aider à améliorer les choses en débarquant de la sorte.

« Salut, tu vas bien ? J'ai apporté ce que j'ai trouvé, je ne sais pas si ça te sera utile. » Soledad prit le temps d’évaluer la situation avant d’avancer dans la pièce, laissant la porte se refermer doucement derrière elle. Il était clair qu’Ennis n’était pas ravi de la voir, elle ignorait juste si sa réaction était dû à sa simple présence ou à l’objet qui avait fait les frais de son arrivée. N’oubliant pas qu’ils avaient une mission à accomplir et donc possiblement quelques heures à passer ensemble, Soledad décida de faire comme si de rien n’était dans l’espoir que tout se passe au mieux. « Bonjour Ennis ! » Elle tenta un sourire, à la fois réel et un peu désolé. « Ca va très bien et toi ? Tu es prêt ? » Elle ne fit aucun geste pour tenter de réparer l’objet cassé, jugeant que vu son entente toute relative avec Ennis, il valait mieux ne pas toucher à ses affaires sans son consentement. Ce n’était pas le moment d’empirer les choses. Elle jeta néanmoins un coup d’œil à la victime de son arrivée et réalisa qu’il s’agissait vraisemblablement d’une boule à neige. Cela lui fit tout drôle, Doryan lui avait offert un objet semblable l’année passée pour son anniversaire et elle ignorait encore si elle devait le sortir de la boite dans laquelle elle l’avait rangé depuis leur rupture. Décidant qu’il était plus sage d’oublier tous les aspects compliqués de son existence, Soledad secoua la tête et observa les autres objets qu’Ennis avait disposé sur la table. Des objets hétéroclites mais qui avaient certainement un lien et du sens pour lui. « Tout ça c’est lié à ta sœur, c’est ça ? » Elle s’approcha de la table mais prit soin de ne rien toucher. A la place, elle leva les yeux vers le sorcier, l’encourageant à lui donner plus d’explication sans pour autant directement le noyer sous toutes les questions qu’elle avait en tête.

CODAGE PAR AMATIS




— And all the pieces fall right into place
So it goes
I'm yours to keep and I'm yours to lose

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Ennis O'Callaghan
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Jeu 7 Sep - 21:52

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Une drôle de mission


Novembre 2021
Le 12, square Grimmaurd

« Oh, je ne voulais pas te faire peur. Lo siento. » La voix de la Soledad vint briser le silence qui avait succédé au son du verre contre le plancher. Ennis battit des paupières et examina l'objet qui jonchait le sol. Le globe de verre éclaté en morceaux n'était pas l'unique souvenir qu'Ennis conservait de son défunt frère. Une pile de poèmes et de lettres recouvertes de l'écriture enfantine du garçon l'avait accompagnée à Londres. Le moldu avait également en sa possession, minutieusement pliée dans un tiroir de son appartement, une polaire vert sapin que le garçon ne quittait jamais durant l'hiver tant il l'aimait. Mais la boule à neige n'en restait pas moins précieuse aux yeux de l'irlandais. Colin et Deirdre la lui avait offerte un jour où il était resté cloué au lit alors que la famille célébrait l'anniversaire de Colin au Bundoran Adventure Park. A cause de son vertige et de son aversion pour la foule, Ennis n'avait pas été vraiment peiné de manquer l'excursion. Mais, son frère et sa soeur lui avait tout de même rapporté cette boule à neige gagnée à un stand de tirs, et à l'intérieur de laquelle figurait une miniature de grande roue. Ennis se souvenait encore de la joie sur le visage de Colin quand ils la lui avaient apportée. A cette pensée, le jeune homme sentit les muscles de son visage se tendre et il dut presque se retenir de fusilier Soledad du regard. Heureusement, Ennis n'était pas du genre à se laisser emporter par la colère. Après tout, il serait toujours temps de demander à la sorcière de réparer l'objet d'un coup de baguette. En quelques secondes à peine, le temps d'une profonde inspiration, il retrouva son calme. Calme qui, il le savait, passait souvent pour de la dureté ou de la rigidité chez ceux qui le connaissait mal.

« Bonjour Ennis ! » Au sourire gauche bien que sincère qui s'afficha sur le visage de la jeune femme, Ennis comprit qu'elle était certainement aussi à l'aise que lui de se retrouver dans cette situation. En outre, s'il essayait le plus que possible de mettre à distance les émotions de Soledad, chose qu'il avait pris pour habitude de faire en dehors de son investigation au Blood Circle, pour préserver l'intimité de ses interlocuteurs, l'empathe crut néanmoins deviner une pointe de gêne de la part de la sorcière. « Ça va très bien et toi ? Tu es prêt ? » « Ça va bien. », rétorqua-t-il, avec plus de froideur qu'il n'aurait voulu. « Prêt. », enrichit-il en esquissant à son tour un bien maigre sourire.

Sans ajouter un mot, il suivit le regard de la jeune femme qui se dirigeait vers les trois objets inégalement répartis sur la large table. « Tout ça c’est lié à ta sœur, c’est ça ? » Il hocha machinalement la tête avant de s'obliger à répondre quelque chose. « Plus ou moins, mais c'est tout ce que j'ai pu trouver. Comme tu l'auras sans doute deviné, on est pas extrêmement proches. », ironisa-t-il. « Ça, c'est ma grand-mère qui l'a confectionné. Elle était couturière. Une excellente couturière. », ajouta-t-il en secouant vigoureusement l'édredon afin de l'étendre sur la table. Du bout des doigts, il effleura les lettres brodées sur le tissu. L'image vaporeuse d'un soir de noël émergea à la surface de sa mémoire. Mais quand il essaya d'en préciser le contenu, l'image resta voilée de cette fumée opaque propre aux vieux souvenirs d'enfance. « La seule chose que j'ai réussi à subtiliser à Deirdre, c'est cet étui à lunettes. Pas sûr que ça te permette de pénétrer sa psyché. » Il eut un petit sourire. Quand son regard trouva la dernière paire d'objets, sa voix se suspendit. Sans réfléchir à son geste, il posa la main sur les deux tennis usées avec la même douceur avec laquelle il aurait autrefois posé la main sur l'épaule de son frère. Le bleu du tissu tirait vers le gris et le bout des lassés était complètement effilé. Ennis marqua une pause avant de poursuivre, relevant enfin le visage vers sa camarade : « Elles étaient à mon frère. Je t'épargne les détails, mais c'est sans doute l'objet qui a le plus de chance de créer une connexion avec Deirdre. »

Créer une connexion. Il se répéta à lui-même ces mots. S'ils voulaient lire dans l'avenir de sa soeur, il leur faudrait certainement bien plus qu'une vieille couverture, un boîtier quelconque et les chaussures d'un mort. Et, il avait bien peur que le peu de lien qu'il avait avec Deirdre ne lui permette pas d'être un bon intermédiaire entre elle et Soledad. Cette histoire de voyance, il n'était pas certain d'y croire. Comme moldu, il n'avait jamais été du genre sceptique. Mais face à l'avis général sur les prétendus dons de Soledad, Ennis ne pouvait s'empêcher de douter. Ce n'était certainement très malin, mais c'était ainsi. Pourtant, si la sorcière était décrédibilisée par les moqueries de ses confrères, l'Ordre avait tout de même fait appel à elle. L'irlandais faisait face à un paradoxe, et il n'était pas assez de mauvaise foi pour l'ignorer. Par ailleurs, étant lui-même doué de dons d'empathe qu'il avait mis un certain temps à comprendre et à oser partager, il était plutôt mal placé pour remettre en questions les aptitudes magiques de qui que ce soit. Finalement, comme tout ce que nos sociétés marginalisaient, il se demandait si le rejet des pouvoirs de divination de Soledad n'était pas dû à leur anormalité ; ils ne rentraient simplement pas dans la norme sorcière. A cette réflexion, Ennis se pinça les lèvres, regrettant de n'avoir pas cherché à décortiquer l'opinion qu'il s'était forgée de Soledad avant d'être amené à travailler avec elle. Aussi, c'est sans ironie, mais avec une curiosité sincère qu'il demanda : « Tu crois que ça va marcher ? » Puis, décidé à donner une chance à Soledad, mettant de côté ses préjugés qui risquaient de mettre en péril leur mission, dans le cas où les dons de divination de Soledad étaient tout sauf une plaisanterie, il ajouta : « Comment procède-t-on au juste ? » Après tout, ils étaient là pour un objectif précis : devancer les plans de Deirdre et les détruire. Et cet objectif était plus important que tout le reste. Comme s'il eût subi les violentes et soudaines secousses d'un électrochoc, Ennis comprit qu'il devait renoncer à se poser mille et une questions sur Soledad pour la considérer comme ce qu'elle était réellement à l'instant donné, c'est-à-dire la meilleure chance qu'il avait depuis longtemps de contribuer au renversement du Blood Circle et de sa folie sanguinaire.
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Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
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Lun 23 Oct - 22:23




Une drôle de mission
Soledad ☽ ☾ Ennis



Bon. Il fallait admettre que la mission ne commençait pas exactement aussi bien que Soledad l’avait espéré. Même si les choses n’étaient pas exactement au beau fixe entre Ennis et elle, c’était qu’elle avait tout de même eut un peu d’espoir. Elle avait même été prête à faire des efforts et à mettre toutes les chances de son côté. Certes, Ennis n’avait pas l’air de beaucoup l’apprécier, alors qu’il ne s’était jamais rien passé de spécial entre eux, mais il était encore temps de renverser la vapeur. Soledad voulait bien admettre que tout le monde ne pouvait pas l’aimer mais ils savent pas ce qu’ils manquent mais elle pouvait au moins tenter de se faire apprécier. Au moins un minimum. Mais arriver et casser dans la foulée un souvenir d’Ennis n’était pas vraiment la meilleure des méthodes pour démarrer du bon pied. Certes, elle n’avait pas vraiment cassé l’objet elle-même, mais quelque chose lui disait que le moldu aurait à redire à cette affirmation. C’était son arrivée un peu brusque qui avait causé un mouvement involontaire chez le brun et fait chuter son bien. Bref, sans elle, sa boule à neige serait toujours intacte. Et même si ça ne paraissait pas non plus être la fin du monde, Soledad savait bien qu’il y avait tout de même mieux comme première approche. Elle s’en excusa aussitôt, bien évidemment, elle s’en voulait même un peu que son arrivée ait eu de telles conséquences. D’accord, elle s’en voulait carrément. Avec n’importe qui d’autre, elle aurait aussitôt proposé de réparer l’objet grâce à la magie, ou elle aurait même directement sorti sa baguette pour lancer un reparo et ainsi ne plus avoir à en parler, mais avec Ennis elle préférait ne présager de rien et ne pas le brusquer. Elle avait déjà fait une boulette, inutile d’enchainer directement avec une seconde. Elle était bien sûr prête à réparer sa boule à neige, mais elle préférait ne pas prendre d’initiative qui pourrait être mal reçue.  

Malgré ce départ pas franchement encourageant, Soledad s’efforça de conserver son sourire et surtout sa bonne humeur. « Ça va bien. » Bon, elle était clairement la seule de bonne humeur dans cette pièce, très bien. Elle pouvait faire avec. « Prêt. » D’accord, donc l’ère glaciaire allait peut-être même s’installer entre eux, elle en prit note. Soledad savait qu’il n’était pas nécessaire qu’Ennis et elle deviennent les meilleurs amis du monde pour travailler ensemble, mais ce serait tout de même plus agréable s’ils pouvaient au moins s’entendre. Ce fut pour cette raison qu’elle décida de ne pas se laisser abattre et interrogea Ennis sur les objets qu’il avait pris soin d’amener. Une couverture brodée, un étui à lunettes et une paire de chaussures usées qu’elle observa en se gardant bien d’y toucher. Un seul faux pas suffisait. C’était un ensemble plutôt hétéroclite mais qui avait sûrement du sens aux yeux du brun. Vu leur raison ici, c’était sûrement lié à sa sœur. « Plus ou moins, mais c'est tout ce que j'ai pu trouver. Comme tu l'auras sans doute deviné, on est pas extrêmement proches. » La mexicaine jeta un coup d’œil au moldu. C’était certainement la première chose un tant soit peu personnelle qu’il lui disait mais elle prit soin de ne pas afficher d’expression particulière et de ne pas se laisser atteindre par son ton. Ca ne devait pas être simple de savoir qu’une presque inconnue, qu’il n’appréciait pas franchement en plus, allait fouiner dans sa vie. « J’imagine… » Se contenta-t-elle de souffler avec un petit hochement de tête compréhensif. Elle savait à peu de chose près la même chose que les autres membres de l’Ordre. La sœur d’Ennis avait choisi de rejoindre le Blood Circle et lui avait choisi de la combattre. C’était d’ailleurs pour ça qu’ils se retrouvaient aujourd’hui.

Sans rien ajouter de plus, Soledad observa Ennis étendre la couverture sur la table devant eux. « Ça, c'est ma grand-mère qui l'a confectionné. Elle était couturière. Une excellente couturière. » Avec un léger sourire, Soledad hocha la tête. Elle se pencha un peu plus pour mieux voir l’édredon et les lettres brodées qui s’y trouvaient, réalisées par la grand-mère d’Ennis. Elle aussi avait un lien fort avec son abuela, ça leur faisait au moins un point en commun. Vint ensuite le tour de l’étui à lunette. « La seule chose que j'ai réussi à subtiliser à Deirdre, c'est cet étui à lunettes. Pas sûr que ça te permette de pénétrer sa psyché. » Cette fois, une expression légèrement amusée s’échappa des lèvres de la sorcière. Pénétrer dans la tête des gens, ce n’était pas exactement ce que son don lui permettait de faire mais elle n’en tint pas rigueur à Ennis. Elle savait que le troisième œil était nébuleux pour bien des personnes, même parmi les sorciers. Elle aurait tout le temps de lui expliquer. « Ne dis pas ça, tu pourrais être surpris. » Lui glissa-t-elle à la place. Elle ne pouvait peut-être pas entrer vraiment dans la psyché de qui que ce soit, mais le moindre objet pouvait l’aider à soulever le voile du futur. Même l’objet le plus banal au monde. Cet étui serait peut-être pile ce dont elle avait besoin. Enfin vint le tour des chaussures, Soledad nota le soin avec lequel Ennis posa la main dessus mais garda une fois de plus le silence. Elle pouvait deviner à qui elles appartenaient avant même qu’il ne le lui dise. « Elles étaient à mon frère. Je t'épargne les détails, mais c'est sans doute l'objet qui a le plus de chance de créer une connexion avec Deirdre. » Nouveau hochement de tête de la part de la mexicaine. Elle prit le temps d’enregistrer toutes ces informations, ses prunelles passant d’un objet à l’autre. Leur degré de lien avec la sœur d’Ennis était différent, mais l’impact émotionnel qui y était associé aussi. Ils allaient peut-être avoir des surprises. Avant de se saisir du moindre objet, elle se tourna vers les éclats de verre au sol. « Et la boule à neige, c’était à elle ? » Demanda-t-elle, toujours un peu gênée d’être la raison de l’état de cet objet. Elle hésita un instant avant de proposer « Je peux la réparer, si tu veux. » Soledad espérait bien qu’il accepte.

« Tu crois que ça va marcher ? » Surprise par le changement de ton du moldu, Soledad releva ses prunelles vers lui. Elle le jaugea un instant et finit par déterminer que la curiosité qu’elle avait entendu dans sa voix avait l’air sincère. Il n’y avait pas d’éclat moqueur dans les yeux d’Ennis, il ne lui donnait pas l’impression d’être sur la défensive ou à la recherche d’une manière de la piéger. Il avait l’air de bonne foi, et même si ce n’était pas le cas, si elle se trompait sur toute la ligne, ce ne serait pas bien grave. Ca ne changerait pas grand-chose pour elle, Soledad était habituée à ce genre de comportement. En revanche, elle ferait tout pour le faire changer d’avis, lui. Mais puisque pour le moment il avait l’air sincère, elle décida d’en faire autant. « J’aimerais pouvoir te garantir que oui, mais je dois te prévenir que mon don n’est pas toujours très conciliant. » Admit-elle. Autant ne pas donner de faux espoirs au moldu, il y avait des jours où son troisième refusait de lui accorder la moindre information utile. Des jour où certaines questions n’étaient pas à poser. Des jours où elle n’avait pas les réponses qu’elle désirait. Il fallait qu’Ennis soit conscient de tout ça, elle possédait un don mais ne faisait pas de miracles. « Mais je vais faire de mon mieux pour que ça fonctionne. J’ai plus d’un tour dans mon sac. » Affirma-t-elle tout de même. Ca aussi c’était vrai. Elle avait amené plusieurs artefact afin de décider de celui qui serait le plus adapté pour leur mission du jour et en cas d’échec, elle ne s’avouerait pas vaincue avant d’avoir exploré toutes les pistes. Ce qui était bien, c’était qu’elle pratiquait la divination depuis si longtemps qu’elle ne manquait pas d’options.  

Déjà, Ennis ne partait pas en courant ou ne la noyait pas de remarques sarcastiques, c’était un bon début. « Comment procède-t-on au juste ? » A cette question, Soledad eut un léger sourire. Apparemment il avait pour objectif d’être un peu plus ouvert d’esprit, ce qui était loin de déplaire à la sorcière. Il fallait bien commencer quelque part. Il était curieux, c’était déjà mieux que critique ou moralisateur. La mexicaine prenait ce qu’on lui donnait et ce premier pas était déjà mieux que rien. « Ce n’est pas vraiment rentrer dans la psyché de Deirdre ce que je vais tenter de faire. » Commença-t-elle. Ca lui semblait important de clarifier ce point. Elle n’allait pas entrer dans la tête de Deirdre, n’allait pas sentir ses pensées ou ses émotions, il ne fallait pas qu'Ennis en attende autant. « C’est plutôt dans son avenir. » C’était ça qu’elle verrait, ses actes futurs, ses choix, pas les raisons qui y étaient liées. Avec un peu de chance, elle pourrait prédire à Ennis ce que sa sœur allait faire, mais elle ne pourrait pas lui expliquer pourquoi elle le ferait. Eventuellement ils pourraient tenter de le deviner ensemble -ou, il pourrait le faire seul- mais son don n’allait pas si loin, elle n’était pas omnisciente. Et encore heureux. Voir l’avenir de certaines personnes était parfois terrible, elle n’avait pas besoin d’en plus être dans leur tête coucou Ennis. « Je vais tenter de voir où elle sera, ce qu’elle fera… Et surtout si ça a un lien avec le Blood Circle. Le but c’est de savoir qu’elle prépare pour pouvoir le contrer au mieux. » Soledad le savait, empêcher le destin de se jouer était impossible, en revanche on pouvait s’y préparer. C’était pour ça qu’elle intervenait.  Elle déposa le sac qu’elle avait emmené sur la table, à côté des différents objets du moldu. « J’ai amené des cartes et un pendule. » Commença-t-elle tout en sortant les différents objets. Plusieurs cartes, plus ou moins précise du Royaume Uni, de l’Ecosse, de l’Angleterre, de Londres. Ainsi qu’un pendule en cristal relié à une longue chaine. « Ca va m’aider à voir où Deirdre se trouvera au prochain évènement fort qu’elle vivra en lien avec le Blood Circle. Après ça, je pourrai interroger mon tarot pour comprendre pourquoi ce moment sera marquant pour elle. » Elle déposa le jeu de cartes offert par son abuela sur la table, soigneusement rangé dans sa pochette en velours violet, la couleur symbole de magie, de spiritualité et de connaissance. Son artefact de prédilection quand il s’agissait de lire l’avenir, celui avec lequel elle avait le plus de facilité, d’affinité. Aujourd’hui elle avait besoin de mettre toutes les chances de son côté. « Bien sûr, c’est plus simple pour moi quand la personne concernée est présente, mais c’est là que les objets que tu as amenés vont m’être utiles. Ca va m’aider à créer une sorte de lien, à me concentrer vraiment sur ta sœur. » Elle laissa quelques secondes de silence suivre cette explication. Elle jaugea Ennis du regard, observant ses réactions pour tenter de déterminer s’il était toujours prêt à tenter le coup ou si le scepticisme l’avait de nouveau rattrapé. C’était une chose d’entendre parler de divination, s’en était une autre d’avoir un pendule sous le nez. « Tu as des questions avant que je commence ? » Autant clarifier les choses maintenant, avant de se lancer.

CODAGE PAR AMATIS




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Ennis O'Callaghan
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Mar 28 Nov - 12:20

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Une drôle de mission


Novembre 2021
Le 12, square Grimmaurd

Il avait beau essayé, le gaélique n'arrivait pas à se détendre. Il était aussi à l'aise qu'un funambule sans filet, déambulant avec grande peine et sans aucune garantie sur une corde tendue. « J’imagine… » Les rares fois où il avait mentionné la nature des liens qu'il entretenait avec sa famille, ses interlocuteurs avaient eu une réaction qui avait le don de l'agacer. Pour la plupart, c'était de la maladresse. Ennis le savait. Mais, entendre des personnes qui n'avaient jamais vécu pareilles situations établir des parallèles avec leurs propres parcours de vie avait fini par l’écœurer. C'était peut-être de l'orgueil, mais Ennis avait l'audace de penser que sa situation était tout sauf ordinaire. Avec le temps, il avait fini par ne plus rien dire du tout. Il ne mentionnait sa soeur qu'en cas d'extrême nécessité. S'il devait être honnête, le malaise ressenti lorsqu'il parlait de sa sœur n'était pas toujours le fait des autres. Même quand il se confiait à une personne qu'il estimait de confiance et qui faisait preuve d'un minimum de tact, il avait toujours la sensation que le récit qu'il faisait de sa famille tombait légèrement à côté de ce qu'il aurait dû en dire. Il n'arrivait pas bien à s'expliquer cette sensation sinon que les faits étaient si horribles qu'ils lui paraissaient à lui-même irréels. Aussi, loin de lui être désagréable, il apprécia le quasi-mutisme de la jeune femme. Du coin de l’œil, il put l'observer esquisser un discret sourire lorsqu'il évoqua son aïeule, la laissant s'approcher pour en examiner la broderie. Tout au long de ses explications, elle l'écouta sans jamais prononcer un seul mot. De sa part, il ne ressentit aucune onde de frustration ou d'impatience, si ce n'est un calme grandissant qu'il prit pour de la concentration. L'attention qu'elle semblait porter à ses propos et aux objets rapportés le détendit un peu. « Ne dis pas ça, tu pourrais être surpris. » Cette fois, un plus franc sourire vient tirer les traits de la sorcière. Comme malgré lui, l'empathe sourit à son tour. Bon, elle ne semblait pas trouver complètement ridicules les objets qu'il avait apporté avec lui. C'était déjà ça. Et, Ennis devait bien l'avouer, elle semblait beaucoup moins fermée qu'il ne s'était attendu. Les voilà qu'ils étaient presque à échanger des blagues. Enfin, il ne fallait rien exagérer. Lorsqu'il présenta succinctement les chaussures de Colin, Soledad resta à nouveau silencieuse, accompagnant ses propos d'un simple hochement de tête. Décidément, le gaélique fut surpris du tact dont elle faisait preuve. Il se demanda tout de même s'il devait voir là un signe de malaise de sa part ou une véritable forme de délicatesse. Si c'était le cas, elle n'avait vraiment rien du portrait qu'Ana lui avait dépeint. « Et la boule à neige, c’était à elle ? » Leurs deux regards convergeaient à présent vers la boule à neige dont l'épais liquide translucide avait imprégné les lattes du parquet, formant une large flaque sur le sol. À cette question, l'embarras de la voyante se fit palpable. « Non, Colin me l'avait offert. Enfin, Colin et Deirdre. », répondit-il sans quitter les éclats de verre des yeux. Prononcer le nom de son frère et de sa sœur dans la même phrase lui fit presque grincer des dents. « Je peux la réparer, si tu veux. » Il releva les yeux vers la jeune femme et, hochant doucement la tête, lui adressa un sourire qu'il aurait voulu conviviale. « Je veux bien, je te remercie. » Deuxième tentative. Tant bien que mal, il tenta d'étirer ses lèvres en un sourire aimable, mais il ne parvient qu'à esquisser un rictus maladroit qui manquait cruellement de naturel.

« J’aimerais pouvoir te garantir que oui, mais je dois te prévenir que mon don n’est pas toujours très conciliant. » De nouveau, l'irlandais fut étonné de sa sincérité. Sol ne cessait donc pas de s'éloigner de l'image qu'il s'était faite d'elle. Ni condescendance ni fausse annonce. La sorcière semblait bien loin de la réputation d'attrape-nigaud ou de vile sournoise qu'on lui prêtait. « Mais je vais faire de mon mieux pour que ça fonctionne. J’ai plus d’un tour dans mon sac. » Cette fois, il réussit à lui décocher un sourire sincère. Ce n'était pas trop tôt. Il y avait des jours comme ça, où agir comme un être humain normal demandait plus d'effort que de coutume. « Et je vais faire de mon mieux pour t'aider. », renchérit-il.

« Ce n’est pas vraiment rentrer dans la psyché de Deirdre ce que je vais tenter de faire. » C'était à son tour d'écouter attentivement la sorcière. Il se contenta d'un hochement de tête en n'émettant aucun commentaire. Toutefois, il n'était pas mécontent de s'entendre préciser les possibilités et les limites du don de divination. Car, s'il avait lancé cette idée comme une blague, il est bien évident qu'il n'avait pas une idée précise de ce dont Soledad était capable. Il fût presque soulagé de ce qu'elle lui apprit : lire dans la psyché de Deirdre, il ne le souhaitait à personne tant pis pour lui. « C’est plutôt dans son avenir. » A ces mots, un léger frisson remonta l'échine du moldu. L'avenir de Deirdre O'Callaghan... Ça risquait de promettre. Mais, enfin, peut-être apprendraient-ils au passage des informations sur l'endroit où se trouvait Ana. Il savait qu'il n'aurait pas dû espérer quoi que ce soit, d'autant que ce n'était pas la priorité de leur mission, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. A cette seule pensée, il sentit son cœur palpiter. « Je vais tenter de voir où elle sera, ce qu’elle fera… Et surtout si ça a un lien avec le Blood Circle. Le but c’est de savoir qu’elle prépare pour pouvoir le contrer au mieux. » Bien qu'il écoutait la sorcière avec le plus grand sérieux, il crut bon de se manifester. « D'accord », glissa-t-il en hochant la tête tout en restant à une distance raisonnable du sac qu'elle déposait sur la table. « J’ai amené des cartes et un pendule. » Ennis examina les linéaments et les courbes de niveau reproduits sur les cartes, puis le cristal du pendule que la sorcière posait à proximité de ses affaires. Le pendule en particulier retint son attention. Il n'en avait jamais vu auparavant et il fut saisi par la beauté de cet objet énigmatique. Dans la demi-pénombre de la pièce, le cristal réfléchissait le peu de lumière qui filtrait à travers les rideaux. « C'est un très bel objet. », dit-il en désignant du regard le pendule. « Ça va m’aider à voir où Deirdre se trouvera au prochain évènement fort qu’elle vivra en lien avec le Blood Circle. Après ça, je pourrai interroger mon tarot pour comprendre pourquoi ce moment sera marquant pour elle. » Le regard du gaélique glissa du scintillement du quartz à l'étoffe veloutée. Le violet de la matière conférait un attrait particulier à l'objet. Un jeu de tarot. Parmi tous les objets étalés sur le bois laqué de la table, c'était de loin celui qui laissait le plus sceptique Ennis. Dans le monde moldu, le tarot était un simple passe-temps qui permettait à ceux qui le tiraient d'interpréter les présages annoncés à la lumière de leurs aspirations et de leurs craintes. Le gaélique y voyait uniquement le moyen de lire autrement certaines difficultés rencontrées. Bref, de donner un sens aux embûches de la vie et de se donner le courage de les surpasser. Mais Ennis savait que c'était un regard moldu qu'il portait sur l'épais sachet fermé par une belle boucle. Aussi, il se contenta de hocher doucement la tête. « Bien sûr, c’est plus simple pour moi quand la personne concernée est présente, mais c’est là que les objets que tu as amenés vont m’être utiles. Ça va m’aider à créer une sorte de lien, à me concentrer vraiment sur ta sœur. » Imaginer Deirdre ici, à l'Ordre, soumise à un interrogatoire, le fit intérieurement sourire. « Pour le bien de tous, il valait mieux qu'elle ne soit pas présente. », lâcha-t-il, un sourire cynique au coin des lèvres. « Tu as des questions avant que je commence ? » Il ne savait pas si c'était l'assurance ou le professionnalisme inattendu de Soledad, mais Ennis se sentit soudain plein d'espoirs. Il se rendit compte qu'il attendait beaucoup de cette mission. Un indice, un signe, n'importe quoi qui lui permettrait de contrer le Blood Circle, et peut-être, seulement peut-être, de retrouver Ana dans le cas où elle serait bel et bien encore aux mains de l'organisation. Mais ça, il n'osa pas encore le mentionner.  « Non, je ne crois pas, tu peux y aller. », répliqua-t-il après un bref moment de réflexion, faisant de son mieux pour témoigner de son entrain.
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Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Lumos
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Dim 14 Jan - 18:29




Une drôle de mission
Soledad ☽ ☾ Ennis



Comme à chaque fois qu’elle partait en mission pour l’Ordre du Phénix, Soledad ne pouvait s’empêcher de se sentir nerveuse. L’envie de bien faire, de se rendre utile, de prouver sa valeur se mêlait à la crainte d’échouer. Non, pire, à la crainte de devoir avouer son échec à tous les membres de l’organisation. Oh, pour sûr que beaucoup trouveraient là matière à se moquer, à lui rappeler qu’elle était surtout bonne à faire jolie pendant les réunions et qu’elle devrait laisser les véritables combattants se charger des choses importantes. Une perspective qui agaçait autant la mexicaine, qu’elle l’envahissait d’appréhension. Ils avaient tort, une partie d’elle arrivait enfin à se dire qu’elle était utile et avait un don important à offre à l’Ordre, mais ce n’était pas parce qu’ils avaient tort que partir en mission était devenu soudainement plus facile. Ce qui était certainement pour le mieux, avoir un peu d’appréhension permettait de garder les pieds sur terre et la tête froide. De quoi sauver une vie face au danger. Cette fois, cependant, le danger ne serait pas au rendez-vous. Ou du moins il n’y était pas prévu, car elle savait bien que tout pouvait basculer d’un instant à l’autre, même pendant la mission la plus simple au monde. Elle espérait cependant que ce ne soit pas le cas. Cette fois, elle ne s’était pas préparée à affronter un ennemi mais à plonger dans l’avenir de l’un d’eux. Ce qui était un exercice tout à fait différent, mais tout aussi délicat. De plus, il ne s’agissait pas de n’importe quel ennemi, Deirdre O'Callaghan, membre connue du Blood Circle, mais surtout grande sœur d’Ennis. Ennis qui ne portait clairement pas Soledad dans son cœur, ce qui était une des raisons pour laquelle la sorcière se sentait si nerveuse à l’idée de réaliser cette mission en sa compagnie. Fouiller dans l’avenir d’une famille était tout de suite plus compliqué quand elle le savait avec quelqu’un qui ne l’appréciait pas vraiment.

Néanmoins, si tout n’était pas au beau fixe entre Ennis et Soledad, chacun semblait prêt à faire des efforts pour que cette mission soit la plus réussie possible. La mexicaine était bien décidée à mettre de côté les griefs -quels qu’ils soient- que le moldu avait à son encontre pour se concentrer uniquement sur l’utilisation de son troisième œil. Quant à lui, sa preuve de bonne volonté se trouvait dans les objets qu’il avait pris soin d’amener pour lui faciliter un peu la tâche. Il y avait devant eux tout un assortiment d’objets ayant appartenu à un O'Callaghan et Soledad appréciait l’intention. Malgré leurs différents, ils voulaient tout les deux que ça fonctionne, et c’était déjà partir du bon pied. Avec beaucoup d’attention, elle écouta le brun lui présenter chacun des items qu’il avait amenés pour leur séance et l’interrogea sur le seul manquant sur la table : la boule à neige qui avait fini au sol à cause de son arrivée un peu trop pleine d’enthousiasme. « Non, Colin me l'avait offert. Enfin, Colin et Deirdre. » De nouveau, Soledad pu sentir Ennis se tendre à ses côtés mais elle ne lui en tint pas rigueur. Elle s’entendait parfaitement bien avec son frère et sa sœur, mais elle n’avait pas de mal à imaginer combien ça devait être difficile d’être en conflit avec un membre de sa fratrie. Et encore, le mot conflit lui paraissait bien faible, ça avait l’air plus compliqué encore entre Ennis et son aînée mais elle jugea que ce n’était pas son rôle de s’aventurer sur ce terrain-là. Elle allait déjà assez en faire aujourd’hui. A la place, elle lui proposa donc de réparer la boule à neige. « Je veux bien, je te remercie. » Soledad adressa un sourire au moldu, qu’il accepte était plutôt bon signe. La magie avait du bon, autant en profiter un peu. Elle sortit sa baguette de sa poche et la tendit vers l’objet brisé. Un petit mouvement du poignet, un reparo soufflé et les morceaux de verre quittèrent le sol pour reformer une boule parfaite, emprisonnant de nouveau son petit décors avant de se poser sur son socle. « Et voilà, comme neuf ! » Lança-t-elle en faisant se poser l’objet sur la table, juste devant Ennis. Elle eut une hésitation en comprenant que ce qu’elle venait de dire pouvait être mal interprété. « Enfin… Pas vraiment, mais tu vois l’idée. » Elle ne voulait surtout pas insinuer que l’objet était réellement neuf et que les souvenirs qui y étaient liés, tous les petits défauts du temps qu’il avait récolté au fil des ans, avaient été effacés. Cette boule à neige devait avoir de l’importance pour Ennis, elle le devinait. « Encore désolé. » Ajouta-t-elle tout de même, toujours gênée à l’idée d’avoir brisé l’objet, même si ça avait été temporaire.

Cela étant fait, Soledad s’efforça d’expliquer au mieux ce qu’elle allait faire à Ennis. Comme ça, la divination pouvait sembler être une discipline simple, mais il n’en était rien. En réalité, c’était bien plus complexe que ce que la plupart des gens pensaient, moldus comme sorciers d’ailleurs, alors elle tenta de lui donner les explications les plus claires possibles. Elle voulait qu’il comprenne où ils allaient aller, pourquoi, et surtout qu’il sache qu’il ne devait pas s’attendre à des résultats miraculeux dès le premier essai. Voire même après plusieurs essais. Soledad avait beau posséder le troisième œil depuis sa naissance, celui-ci pouvait se montrer capricieux, même envers elle. Elle comptait cependant faire de son mieux. « Et je vais faire de mon mieux pour t'aider. » La mexicaine leva les yeux pour rencontrer un sourire sur les lèvres d’Ennis. Pour la première fois depuis qu’elle était entrée dans la pièce, il semblait plus détendu et cela se voyait dans son sourire qui n’était ni embarrassé, ni forcé. Soledad prit ça comme le signe qu’ils étaient peut-être sur la bonne voie, que cette mission allait peut-être être moins étrange à réaliser. Trouvant le moment opportun, elle en profita pour enchainer. « Ca tombe bien ! J’aurais peut-être besoin de te poser des questions ou de te demander des précisions. » Puisqu’Ennis paraissait motivé à donner de sa personne autant le prévenir tout de suite. Si Soledad parvenait à voir l’avenir de sa sœur, elle aurait peut-être besoin de précision afin de pouvoir interpréter ce qu’elle verrait sans se tromper. Et si elle avait du mal à voir quelque chose… « Il est aussi possible que j’ai besoin de te tenir la main. » Prévint-elle, tout de suite un peu moins à l’aise. Elle pouvait aussi poser sa main sur son poignet ou juste lui toucher le bras, mais l’idée était là. Elle s’empressa de s’expliquer. « Ce ne sera peut-être pas nécessaire, les objets que tu as amenés devraient déjà bien m’aider. Je préfère juste te prévenir. Parfois un contact peut aider et comme tu es génétiquement le plus proche de Deirdre… » Certes, ça aurait été bien plus facile avec la principale concernée avec eux, mais sans elle, Ennis était celui qui s’en rapprochait le plus. Autant qu’il en soit conscient tout de suite. « Mais si tu n’es pas à l’aise avec l’idée, pas de problème. » Ce n’était pas comme si elle allait le forcer à quoi que ce soit.

Afin de montrer à Ennis qu'elle allait tout de même pouvoir faire la plus grande partie du travail par elle-même, Soledad lui entreprit de lui expliquer ce qu'elle allait faire exactement. Elle savait qu'il existait de nombreuses idées reçues sur la divination, essentiellement négatives, alors il lui semblait important d'exposer les choses clairement pour qu'il sache à quoi s'attendre. Elle se doutait un peu que comme la plupart des gens, Ennis devait être empli de doutes en ce qui concernait son don alors autant qu'il comprenne dans quoi il mettait les pieds. Soledad avait envie de lui montrer de quoi la divination était capable, mais elle voulait aussi qu'il comprenne tout ce que ce n'était pas. Entrer dans la psyché de Deirdre n'était pas son objectif, mais dans son avenir oui, ce qui était très différent. Au signe qu'Ennis suivait les explications, et en l'absence de protestation de sa part, Soledad entreprit de sortir les artefacts qu'elle avait elle-même amené et de lui en expliquer le rôle. Des cartes plus ou moins précises du Royaume Uni, ainsi qu'un pendule servirait à déterminer où Deirdre vivrait son prochain moment marquant. « C'est un très bel objet. » Soledad eut un sourire face au compliment. Ce genre de réaction était décisive et elle l'appréciait, cela montrait que le moldu n'était pas réfractaire à la divination. Il lui semblait que c'était bon signe. Il pouvait être sceptique, mais il n'était ni braqué, ni moqueur et ça c'était important. « Merci. C'est mon abuela qui me l’a offert. » Elle glissa les doigts sur le cristal du pendule et son sourire se fit un peu plus nostalgique. Comme chaque fois qu’elle pensait à son abuela restée au Mexique. « Elle a toujours eu beaucoup de goût. » Ajouta-t-elle avec un peu plus de malice. Peut-être qu’ainsi l’atmosphère allait se détendre un peu plus entre eux, ce qui ne serait pas du luxe. Elle reprit ses explications sur la manière dont elle comptait procéder, soulignant que si elle ferait de son mieux pour obtenir des résultats, tout serait plus simple avec la personne concernée à portée de main. « Pour le bien de tous, il valait mieux qu'elle ne soit pas présente. » Soledad fit un petit mouvement de tête en direction du moldu. Même si elle ne savait pas grand-chose de leur histoire familiale, elle ne doutait pas qu’il avait de bonnes raisons de dire ça. « J’imagine… Il y a des réunions de famille qui ne sont pas forcément très attendues. » Admit-elle sans mal. C’était une chose de savoir qu’un de ses proches faisait partie du Blood Circle quand on était soi-même de l’Ordre, s’en était une autre que cette personne soit sa propre sœur.

Ses explications arrivées à leur termes, Soledad prit la peine de demander à Ennis s’il avait des questions. Tout ça pouvait faire beaucoup d’un coup, même s’il fréquentait régulièrement des sorciers, alors elle voulait s’assurer qu’ils étaient sur la même longueur d’onde. « Non, je ne crois pas, tu peux y aller. » Bon, au moins il ne prenait pas la fuite en criant à l’hérésie ou n’affirmait pas que c’était n’importe quoi. C’était déjà ça. Il paraissait songeur, mais dans le bon sens du terme, prêt à se lancer et c’était tout ce que Soledad avait besoin de savoir. Après un hochement de tête dans la direction du moldu, elle étala ses cartes sur la table et déposa les objets amené par le jeune homme dessus. Elle fit attention de tout manipuler avec soin, histoire d’éviter un autre accident bête. Ceci fait, elle se saisit de son pendule et prit quelques instants pour se concentrer. Elle rassembla ce qu’elle savait de Deirdre et tenta de former dans son esprit une image vague d’elle, lui imagina les mêmes prunelles chocolat que son frère et la même teinte de cheveux. Ce n’était peut-être pas la réalité, mais ça aidait. Comme chaque fois, elle laissa son regard se perdre sur le pendule qui se balançait doucement au-dessus des cartes, elle laissa son instinct guider sa main. Elle élimina d’abord la carte de l’Ecosse, puis celle du Pays de Galles, au-dessus desquelles son pendule ne réagit pas. L’artefact s’agita un peu plus sur la carte de l’Irlande, mais étant donné que la famille O’Callaghan venait de là, Soledad ne s’en étonna pas. Quand le pendule pointa sur un lieu au nord de Londres, la mexicaine posa la main sur l’étui à lunettes appartenant à Deirdre et la réponse de l’artefact fut plus nette encore. Elle sortit de sa transe pour se tourner vers Ennis. « Ca te dit quelque chose ce coin ? Il va s’y passer quelque chose. » Demanda-t-elle en cillant des paupières. Peut-être le moldu connaissait-il, peut-être que ça lui parlerait. Pour le moment, il était difficile pour Soledad d’être plus précise, elle pourrait toujours recommencer avec une carte plus détaillée plus tard, mais elle avait au moins un premier point auquel se raccrocher.

Consciente que pour le moment, elle restait très vague, Soledad rangea ses cartes, ne conservant que celle sur lequel son pendule s’était arrêté. Elle sortit son tarot de son pochon et commença à battre les cartes avec dextérité. Comme souvent, elle profita de ce moment pour occulter la présence d’Ennis à ses côtés retrouver sa concentration, cet état si particulier qui caractérisait l’utilisation de son troisième œil. Aux informations qu’elle possédait sur Deirdre, elle ajouta le lieu indiqué par son pendule, se focalisa dessus. Elle tira quatre cartes qu’elle disposa en croix devant elle. Sans un mot, elle promena ses prunelles d’une carte à une autre, cherchant un signe, interprétant chaque face dévoilée. C’était à ce moment-là que son instinct prenait le dessus, elle voyait là où les cartes voulaient la mener sans avoir besoin de mots ou d’explication. Soledad sentait quand elle approchait du message que voulait lui dévoiler son tarot, l’instant précis où tout prenait sens. De longues secondes plus tard, elle prit une profonde inspiration et sortit de sa torpeur. « Je vois un lien fort avec tout ce qui touche à la médecine et au corps, à la recherche et à la réflexion. » Commença-t-elle en tapotant du bout des doigts la carte la plus éloignée d’elle avant d’en désigner deux autres. « Mais ce sera aussi teinté de beaucoup de noirceur, je dirais peut-être même de la douleur. Je crois que le but de tout ça sera loin d’être positif. » Elle grimaça un peu, consciente que ce n’était pas vraiment encourageant. « Et ça va se passer là-bas. » Ajouta-t-elle en désignant la carte de la main. Soledad prit quelques instants pour réfléchir un peu, sur une impulsion, elle se tourna vers Ennis. « Ta sœur est médecin ? » Demanda-t-elle un peu distraitement, peut-être un peu brusquement. Elle voulait éviter de tirer des conclusions hâtives, mais elle avait besoin d’informations pour comprendre. « Ou… » Elle réfléchit un peu plus aux différentes possibilités mais la réponse qui s’imposa à elle lui glaça le sang. « Oh… » Oui, oh. Elle regarda Ennis, soudainement gênée, c’était de sa sœur qu’il s’agissait, même s’ils ne s’entendaient plus ça ne pouvait pas être agréable à entendre. L’espace d’un instant, elle avait oublié que les informations qu’ils cherchaient étaient en lien avec le Blood Circle. La médecine, la douleur, quand tout ça était lié au Cercle, c’était un mauvais présage. Ca ne pouvait faire références qu’aux analyses forcées effectuées par l’organisation, ou à de la torture pure et dure. Soledad frissonna en réalisant tout ça. « Ce n’est pas très bon signe, mais je ne sais pas si c’est pour elle, ou si c’est pour quelqu’un d’autre… » Elle contempla ses artefacts étalés sur la table, peu sûre d’avoir tout ce qu’il lui fallait sous la main pour éclaircir ce point.

CODAGE PAR AMATIS




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