Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
☾ ☾ Autant que cela lui est possible, Ennis évite la foule. Il ne fréquente pas les bars et encore moins les salles de concert. Ces lieux sont un véritable enfer pour l'empathe qu'il est. Le déferlement d'émotions qu'il y subit lui donne, au mieux, le tournis, au pire, la nausée. Vous pouvez donc imaginer l'entrain avec lequel il ouvre les portes de ce petit pub converti le soir en music-hall. Il faut dire qu'il ne sait pas à quoi s'attendre. Le jeune Irlandais a entendu parler de cet endroit, mais n'y a encore jamais mis les pieds. Ce n'est que très récemment qu'il a décidé d'y jeter un œil, suite à une rumeur circulant à l'Ordre.
La veille, Ennis a passé la journée au quartier général pour suivre une énième piste sur les disparitions de février. Des on-dit ont suivi la progression de la journée. En début de matinée, il a été rapporté qu'une moldue allait mener un interrogatoire sorcier. Vers midi, on assurait qu'une chanteuse avait simplement participé à l'interrogatoire, jouant toutefois un rôle crucial. Une sirène qui envoûte ses victimes ? Cette version est de loin sa préférée. À la fin de la journée, on jurait que la même moldue pouvait lire dans les pensées les plus secrètes de tout un chacun. Ennis a réservé à ce flot incessant de bavardages la même attention qu'à tous événements ne concernant pas de près ou de loin Ana, c'est-à-dire aucune. En règle générale, le jeune homme fait peu de cas des commérages, d'autant plus quand ils soulèvent des hypothèses aussi absurdes qu'invraisemblables. Mais, alors qu'il traversait un couloir, une conversation retint son attention : - « Il paraît qu'elle peut carrément ressentir ce que tu ressens. J'vais éviter de la croiser quand je serai avec Milo, sinon j'suis grillée. » Ces mots lui firent l'effet d'un électrochoc. C'est la première fois qu'il entendait des personnes parler du don d'empathe sans le nommer explicitement. Est-ce possible ? La fameuse Leah dont tout le monde ne cessait de parler serait empathe ? Ennis n'a encore jamais eu la chance de rencontrer une personne qui partage ses aptitudes, du moins à sa connaissance. Il faut dire qu'il est plutôt du genre discret lorsqu'il s'agit de son don. Il n'a fait part de ses capacités qu'à une poignée de sorciers proches de son ancienne compagne. Il est persuadé que certains atouts ont plus de poids lorsqu'ils sont gardés pour soi. Bien sûr, il n'a absolument rien à cacher à l'Ordre. Mais il n'oublie pas la présence des Forces du Mal. Des espions de toutes sortes peuvent se cacher parmi eux. Il a une idée très claire de qui est Leah. Une jeune femme aux intonations irlandaises dont la chevelure dorée tombe en cascade sur de fines épaules. Il l'a croisée quelques fois au 12 square Grimaud sans avoir eu l'occasion de lui parler directement. « Elle peut ressentir ce que tu ressens. » Toute la soirée, Ennis a ressassé ces mots. Il est très probable que cette rumeur soit fausse, tout comme celle qui mentionnent une sirène manipulant ses proies par son chant hypnotique. Mais ces paroles entendues à la volée ont continué de le troubler. Et si c'est vrai, comment une empathe peut-elle travailler dans un endroit aussi bondé de monde, face à des clients pour la plupart ivres qui plus est ? Pour la première fois peut-être depuis six mois, autre chose qu'Ana occupe ses pensées. Est-ce par réelle envie de rencontrer une de ses semblables ou pour se distraire de son désarroi quotidien ? Aucune idée. Il pourrait directement interroger l'un des membres de l'Ordre, mais il refuse de s'exposer inutilement au cas où la rumeur serait fausse. Le regards rivé sur une pile de copie en désordre, il prit la décision d'aller observer la jeune femme au bar où elle travaille avant de la confronter directement. Ferait-il semblant de tomber sur elle par hasard ou continuerait-il de l'observer de loin ? Il n'en a absolument aucune idée. Pour une fois, il se laisse porter par son impulsion.
L'intérieur du bar est illuminé par une combinaison de guirlandes lumineuses et de lustres diffusant une douce lumière tamisée. Des solitaires attendent au comptoir d'être servis tandis que des couples et des groupes d'amis sont déjà installés à un ensemble de tables rondes, toutes orientées vers une scène. Une guitare, un piano et un micro ont été placés au centre de l'estrade. Même si la soirée s'annonce plutôt calme, Ennis ressent presque immédiatement une pointe de douleur au-dessus de son œil gauche. La pièce regorge déjà d'émotions contradictoires, certainement amplifiées par l'effet de l'alcool. Ennis balaye le bar du regard dans l'espoir d'apercevoir Leah. - « J'espère que je ne me suis pas trompé d'endroit », grommelle-t-il en se dirigeant vers le comptoir. Il examine un instant une ardoise qui affiche en lettres capitales une liste de pressions. - « Bonsoir, une pinte de Guinness s'il te plaît », lance-t-il à l'attention de la serveuse. C'est à ce jour une des seules solutions qu'il a trouvées pour supporter l'intensité des émotions autour de lui. Alors que la serveuse actionne la tireuse pour en faire sortir un épais liquide noir, Ennis demande : - « Excuse-moi, Leah travaille ce soir ? » - « Oui, elle se prépare derrière. Mais tu l'entendras mieux là-bas. », lui répond la serveuse en désignant la scène du regard. Ennis la remercie d'un signe de tête avant de se diriger vers l'une des tables qui font face à l'estrade. Il observe les techniciens ajuster les câbles et vérifier les niveaux sonores des instruments. Le bar commence à se remplir. Savourant les notes de malt torréfié qui irradient la voûte de son palais, le jeune Irlandais laisse son regard se perdre dans la foule. Soudain, les lumières s'atténuent et une brève salve d'applaudissements éclate. Ennis porte instinctivement son attention sur la scène où la silhouette de Leah se découpe dans un faisceau lumineux.
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Leah O'Malley
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Ven 7 Juil - 15:03
"A familiar feeling"
Ennis & Leah Décembre 2019
« Leah ? » Leah relève un instant la tête vers sa collègue comme tirée de sa rêverie. « Ça va bientôt être à toi. » La jeune femme hoche la tête, mais elle n’est pas vraiment là. Encore assez secouer des évènements de la veille, sa discussion avec Morgan se répétait encore dans sa tête. Elle ne s’était pas attendu à ce que toute cette histoire au sujet de cet interrogatoire prenne autant d’ampleur. Elle aurait dû demander qui était interrogé et ne pas s’en mêler. Au lieu de cela elle s’était retrouvée face à lui et instinctivement elle avait préféré mentir pour lui. Avait-elle bien fait ? Il avait fini par lui avouer avoir voler les documents en question mais seulement pour protéger sa famille, chose que Leah pouvait aisément comprendre puisque sa propre famille est, elle aussi le plus important pour elle. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’avoir des doutes, et si tout se retournais une nouvelle fois contre elle ? Ou même contre lui ? Elle voulait être dans sa vie cet aveu avait franchi la barrière de ses lèvres et c’était peut-être ce qui la troublait le plus au final. Etait-elle prête à l’être au point de tout accepter ? Et si ce qu’elle découvrait était finalement encore pire ? Où est-ce que tout cela allait la mener ? Tant d’interrogation sans réponse pour le moment et pourtant, ce soir, au lieu d’obtenir des réponses, elle se devait d’aller sur scène et de faire ce pour quoi elle respirait dans ce monde. Soufflant un bon coup, elle tentait d’apaiser ses propres émotions, parce que si elle n’y arrivait pas avec elle-même comment allait-elle contrôler le flux d’émotion qui l’attendait dans la salle d’à côté ? La jolie serveuse se levait, décidant de mettre tout cela de côté et quittait les vestiaires pour arriver dans la salle qu’elle connaissait si bien autant pour s’y produire que pour servir le reste du temps. Cet espace avait ce côté chaleureux qu’elle lui avait toujours connu, dans ce bar, elle s’y sentait comme chez elle. C’est donc naturellement qu’elle prenait place derrière le piano avec cette légère appréhension qu’elle avait toujours avant de passer sur scène et qu’elle aimait tant ressentir. Il y avait toujours ce curieux silence au moment où ses doigts frôlaient les notes et où elle n’avait pas encore commencé à jouer, ce petit moment suspendu dans le temps ou tous les regards sont braqués sur elle et comme si tout le monde retenait sa respiration ou presque. Et ensuite, le silence n’est plus. La mélodie empli la pièce. Leah avait choisi un morceau qu’elle affectionnait particulièrement ce soir, enfin de toute façon c’était souvent le cas évidemment.
Il commençait de manière assez douce, comme si ses mains cherchaient à se l’approprier, puis peu à peu la tendance s’inverse, les émotions de leah, celles qui se trouvent dans la salle viennent se mélanger et influent sur sa manière de jouer. La mélodie s’accélère, les notes deviennent alors plus intenses au fur et à mesure du morceau. Dans ce tourbillon d’émotion qui traversait en elle il y en avait une en particulière qui était plus étrange que les autres, une émotion dans laquelle elle se retrouvait, cette sensation d’être sur le point d’exploser qu’elle pouvait avoir lorsqu’il y avait un trop plein, lorsqu’un client pouvait avoir une émotion si forte qu’elle prenait le pas sur les siennes. C’était cette émotion, cette urgence, voir cette douleur, qui l’emportait sur le reste et faisait que la mélodie accélérait de plus en plus sous les doigts de la jeune femme. C’était une sensation si semblable à ce qu’elle pouvait avoir vécu qu’elle avait la sensation qu’elle lui appartenait. Si elle laissa cette émotion décidée des notes presque jusqu’à la fin, elle reprit le contrôle à la toute fin, finissant quasiment comment elle avait commencé, avec douceur. Les applaudissements envahir alors la pièce, un sourire étirait les lippes de la musicienne qui prenait le temps de saluer le publique avant que ses doigts ne partent sur le second morceau et c’est ainsi qu’elle charma les oreilles de toute la salle jusqu’à ce que son tour soit terminé et qu’elle doive laisser sa place au groupe d’après. Elle quitta alors la scène sous les applaudissements et après avoir salué une dernière fois évidemment. En descendant de la scène, Leah savourait un instant ce trop-plein d’émotion que l’adrénaline ressentie sur cette dernière lui permettait d’encaisser sans en souffrir, cette sensation allait évidemment bientôt la quitter. Elle rejoignait alors les vestiaires non sans accueillir comme souvent les compliments de ses collègues au passage.
Elle ressortait alors quelques minutes plus tard après avoir récupéré ses affaires et après avoir repris pied avec la réalité. Elle comptait profiter un peu du groupe qui passait après elle avant de rentrer chez elle, elle allait donc au bar et commandait un verre lorsque soudainement, elle ressenti de nouveau cette émotion qui avait pris le pas sur le reste sur scène, elle n’y avait plus pensé en la quittant, mais à présent elle était curieuse. Son regard balayait alors les tables du bar à la recherche du propriétaire. Remerciant le barman, elle prit son verre et se laissa guider, mais il y avait tellement d’émotion différentes en plus celles des musiciens sur scène qui commençait à l’emporter, qu’elle se retrouvait de plus en plus dans le flou, elle s’arrêtait alors un instant, prenant une grande inspiration, elle se concentrait pour faire le vide et mettre son bouclier en place. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle ne cherchait pas à se couper de toutes les émotions qui étaient autour d’elle, non elle désirait en ressentir une, l’exercice était donc encore plus difficile puisqu’elle devait laisser une fenêtre ouverte, mais pas n’importe laquelle… Lorsqu’elle retrouva l’essence de l’émotion qu’elle cherchait, elle restait alors concentrée dessus et excluait toutes les autres. Alors qu’elle savait à présent vers où se diriger, elle ouvrit les yeux, mais elle n’avait pas besoin de bouger pour trouver cette personne, non les prunelles de Leah tombaient pile dans un autre regard, qui à la lumière aurait dû être azur, mais dans l’ombre elle ne pouvait pas le vérifier. Mais elle était certaine d’une chose, c’était la personne qu’elle cherchait. En le détaillant un instant, elle se rendait compte qu’elle l’avait déjà vue quelque part, sans arriver à le resituer pour autant. Troublée, elle décida de s’avancer jusqu’à la table de cette personne. Elle ressentait également des interrogations émaner de cette personne, elle se demandait un instant si lui aussi la cherchait, mais elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi ça serait le cas. En arrivant près de la table où il se trouvait, Leah finissait par reconnaitre cet homme, pas parce qu’elle l’avait déjà vue, mais parce qu’elle se souvenait avoir déjà été troublée en sa présence. En ressentant comme aujourd’hui, quelque chose de très semblable à ses propres émotions. Si jusqu’ici pourtant ils n’avaient jamais été l’un vers l’autre, aujourd’hui Leah décide de ne pas l’ignorer, voulant comprendre pourquoi il lui semblait si familier alors qu’il lui était si inconnu.
« Bonsoir. » Dit-elle alors simplement à son attention avant de demander. « La soirée vous plait-elle ? » Oui parce que ça ne serait quand même impolie de lui demander directement pourquoi est-ce qu’il était ici. Sachant que la réponse serait sans doute comme pour beaucoup de personne présente ce soir, pour écouter de la musique, ou pour peut-être dans certains cas, oublier leurs soucis. Peut-être connaissait-il l’un des musiciens qui se présentait ce soir. « Excusez-moi de vous déranger mais… Nous nous sommes déjà croisé non ? » Autant en avoir le cœur net après tout et si ce n’était pas le cas et que sa présence n’était pas désirée, il lui serait alors facile de s’excusée et de retourner à ses propres occupations de la soirée.
☾ ☾ Si le concert s'est tout d'abord ouvert sur un tempo d'une douceur hypnotique, une variété de gammes s'entremêle rapidement. Ennis est décontenancé par ce changement de rythme, mais encore plus par le naturel avec lequel la chanteuse passe d'une tonalité à une autre. C'est assez troublant à regarder, on pourrait presque croire que Leah est habitée par quelques forces extérieures qui orientent pas à pas sa musique. Forces dont Ennis peut immédiatement lui-même ressentir l'attraction, ce qui risque presque de lui donner la nausée. Pour éviter cela, le jeune Irlandais essaie de se concentrer sur Leah, mettant de côté les émotions de ses voisins de tables qui sont à l'origine de sa débâcle intérieure. Mais phénomène encore plus étrange, au fur et à mesure qu'Ennis sent le flot d'émotions qui le traverse de part en part comme le vent houleux d'une tempête qui bat les branches d'un arbre jusqu'à faire plier son tronc massif, la musique de Leah prend de plus en plus de vitesse et de puissance, gonflant elle aussi sous le jeu de cette bourrasque sensible. Ennis est traversé par la pensée folle que la musique lui répond, dialoguant directement avec le remous intérieur qui l'anime. Et, plus la musique semble suivre sa bataille intérieure, plus celle-ci prend de l'ampleur. Il lui semble alors qu'on lui rejette sa douleur au visage dans un mouvement de boomerang. Maintenant, il a si mal à la tête qu'il aurait certainement rendu sa bière si la mélodie ne s'était pas tout d'un coup adoucie. La sensation de dédoublement s'estompe. Il met un moment à comprendre que le morceau est terminé, comme s'il était immobilisé dans un état de transe. Le brouillard qui voile presque son regard s'estompe peu à peu et il joint les applaudissements de la salle. Balayant la pièce du regard, Ennis lit la fascination sur presque tous les visages qui se tournent vers Leah, leurs mains battant énergiquement l'une contre l'autre. Il lui semble n'avoir jamais vu une salle aussi unanimement enthousiaste.
Longtemps après que Leah ait quitté la scène sous une salve d'applaudissement, Ennis reste comme abasourdi. Quand il sort enfin de sa sidération, il l'a cherche du regard. Ne l'apercevant pas tout de suite, il examine plus attentivement la salle. Après un moment, elle apparait près du bar. Le regard alerte, Leah semble elle aussi être à la recherche de quelque chose. Son regard tombe rapidement sur le sien. Il comprend alors que c'est lui qu'elle cherchait, car elle arrête immédiatement son exploration, s'immobilisant un bref un instant tandis qu'ils continuent de se fixaient mutuellement. Ennis perçoit la perplexité de son regard tandis qu'elle se dirige vers lui. A mesure qu'elle s'approche, la sensation de dédoublement ressentie pendant la performance de la jeune femme se produit à nouveau. Encore plus nettement que lorsque Leah était sur scène, Ennis est parcouru d'une sensation de familiarité déconcertante, comme s'il se regardait dans un miroir.
- « Oui, je vous remercie. J'ai beaucoup apprécié le concert. », répond Ennis en laissant trainer un silence et en l'examinant avec attention. Quand elle lui demande s'ils se sont déjà croisés, Ennis comprend que la jeune femme faisait référence à l'Ordre. Ils n'ont jamais parlé ensemble, mais se sont croisés à de rares occasions, en tout cas dans les souvenirs d'Ennis qui était toujours trop accaparé par ses préoccupations pour accorder son attention à tous les membres de l'Ordre quand il s'y rendait. Pourtant, à cette question, Ennis est traversé par une drôle de sensation mêlée d'une image de la nature Irlandaise. Une pelouse fraichement coupée et un portail en bois peint en rouge s'impriment en toile de fond de la figure qui se découpe devant lui. Une image de son enfance, il en est presque certain. Mais il ne parvient pas à faire le lien entre celle-ci et la jeune femme qu'il connait de l'Ordre. Aussi, il se contente de dire : - « Oui, nous nous sommes déjà croisés. » Tout occupé qu'il est à ressentir les émotions de la jeune femme et la sienne qui s'y reflètent simultanément, Ennis se sent incapable de formuler une pensée complète. Abruptement, il se contente d'ajouter : - « 12, square Grimmaurd. » La bouche à demi-ouverte, il fixe à nouveau son regard en fronçant légèrement les sourcils avant de déclamer, comme une vérité que lui ni elle ne pouvaient remettre en question : - « Mais, pas seulement, il me semble. » Ennis veut essayer quelque chose, quelque chose qui pourrait confirmer ou infirmer la théorie selon laquelle Leah serait également empathe. Fermant les yeux un bref instant, il se sert du souvenir nébuleux qui l'a assailli quelques minutes auparavant pour faire remonter à la surface toute la tendresse qu'il éprouve pour les paysages et la terre de son enfance. Il voit le vert flamboyant et varié des parcs naturels irlandais. Il sent l'odeur d'houblon et de pin humide qui défilent sous son nez quand il traversait le pays en voiture, les vitres abaissées. Il peut presque sentir sous son touché la matière rugueuse des arbres rencontrés lors de ses déambulations en solitaire. Il ne faut pas beaucoup de temps pour qu'Ennis soit envahi par une vague de profond bien-être, un sourire sincère étirant délicieusement ses lèvres. Il rouvre les yeux pour observer la réaction de Leah, laissant retomber sa propre émotion afin de mieux capter celle de son interlocutrice.
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Leah O'Malley
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Lun 18 Sep - 17:17
"A familiar feeling"
Ennis & Leah Décembre 2019
Leah avait beaucoup de mal à mettre des mots sur ce qui se passait actuellement. En revanche, intérieurement elle avait les émotions en ébullition. Troublée, ces dernières l’avaient menée droit vers un homme qui lui semblait autant familier qu’inconnu c’était très étrange. Et elle savait que ça n’était pas la première fois qu’elle ressentait quelque chose de semblable en sa présence. Mais jusqu’ici aucun d’eux n’avait jamais été vers l’autre. Comme si quelque chose les retenait, comme si jusqu’ici, ça n’avait pas été le bon moment. Et ce soir alors, est-ce que ça l’était ? Aucune idée, mais Leah s’était avancée jusqu’à sa table et avait lui avait adressé la parole pour la première fois. Qu’il lui réponde à voix haute et non par des émotions étaient presque étrange, irréel, comme si… Soudainement elle prenait conscience qu’il existait pour de vrai. Ce qui lui laissait une sensation étrange. Un sourire étira néanmoins les lèvres de la jeune musicienne lorsqu’il répond qu’il a apprécié le concert. Que les gens passent un bon moment en l’écoutant c’était tout ce qu’elle demandait, alors elle savourait le moindre compliment, cela avait tendance à la toucher en plein cœur. Alors que le silence s’installait de nouveau et qu’on pourrait croire qu’il n’y a rien de plus à dire, tout se passait par le regard, comme si lui aussi ressentait cette étrangeté qui se passait entre eux deux chaque fois qu’ils se retrouvaient non loin de l’autre. Mais comment est-ce que c’était possible ? La jeune femme finissait par demander s’ils s’étaient déjà croisés même si elle connaissait déjà la réponse, mais c’était une façon pour elle de pouvoir ouvrir la discussion et le fait qu’il ne cherche pas à nié, lui démontrait qu’il était également ouvert à cette discussion.
« 12, square Grimmaurd. » C’était donc bien cela. Mais pourtant cette seule réponse ne lui convenait pas, elle avait l’impression qu’il y avait autre chose. Qu’ils se connaissaient d’ailleurs, sans pouvoir mettre le doigt dessus. Ce qui surpris encore plus la jeune femme, fut la réponse suivante du jeune homme. Cela la laissa soudainement sans voix au point qu’elle en ouvrit la bouche sans rien pouvoir dire. Se contentant de le fixer sans savoir quoi répondre. Et si elle tentait de se ressaisir pour savoir ce qu’il voulait dire par là, une nouvelle sensation familière vient l’envelopper sans qu’elle en sache pourquoi. Une douce sensation de confort et de maison. Quelque chose qu’elle connaissait bien qui lui rappelait son enfance. Mais pourquoi des émotions lui rappelant l’Irlande de son enfance apparaissaient tout à coup ? Elle n’y avait même pas pensé, pourquoi est-ce qu’elle se retrouvait bercée soudainement, couvée comme dans un cocon ? Tentant de sortir de ce brouillard, fronçant des sourcils, c’est en continuant de fixer l’homme devant elle qu’elle finit par comprendre que ça ne vient pas d’elle, mais de lui. Et le regard qu’il avait en cet instant lui faisait comprendre que ce n’était pas un hasard, qu’il avait choisi de lui transmettre cette émotion… Pourquoi ? Comment ? La gorge de la jeune femme s’assèche.
« Comment est-ce que vous faites ça ? » Demande-t-elle alors du bout des lèvres ayant peur d’avoir déjà la réponse et se demandant comment est-ce que c’était possible et si c’était le cas, qu’est-ce que ça allait changer ? Et comme si ça ne suffisait pas, pourquoi ces émotions faisaient échos à ses propres souvenir à elle ? Pouvait-il lire en elle, au-delà même de ce qu’elle pouvait imaginer ? « Qui… Qui êtes-vous ? » Demandait-elle dans un souffle. Pas sûr que s’il lui dégainait son identité cela allait véritablement l’aider, mais Leah tentait de se raccrocher à tout ce qui pouvait être logique pour elle. Ayant besoin de vérifier à son tour, ce fut à elle de jouer, à elle de lui envoyer ses émotions. Se concentrant, bloquant les émotions qui l’entourait, elle ne pensait qu’au bien être qu’elle ressentait lorsqu’elle jouait du piano. Aux notes qui l’habitait et que plus rien d’autre n’existait durant ce labs de temps. Et à son tour, elle attendait de voir si elle allait alors avoir cette sensation de miroir d’émotion émanant de cet homme en face d’elle. Même si elle ne savait pas très bien ce qu’elle ferait de cette information, mais elle avait besoin de savoir et certainement qu’elle n’était pas la seule vue les interrogations qui émanaient de lui.
« Est-ce qu’il… Ne vaudrait pas mieux de continuer cette conversation ailleurs ? » Demandait-elle pour finir. Déjà parce que parler d’empathie au milieu des clients ce n’était peut-être pas l’idéal, surtout si quelqu’un les entendait et ensuite parce que l’endroit fourmillaient d’émotions ce qui commençait à être compliqué à gérer pour la jeune femme et certainement pour lui aussi si ce qu’elle pensait se révélait être la vérité… Et qu’elle ne se sentait pas d’encaisser ce genre de révélation en plus de ce trop plein qui tourbillonnait autour d’eux.
☾ ☾ Quand le gaélique plonge à nouveau son regard dans celui de Leah, la jeune femme semble complètement déboussolée. Une veine bat légèrement sa tempe et le fond de ses yeux exprime une très nette perplexité sous des sourcils arqués. Elle lui fait l'impression d'être perdue entre des préoccupations immédiates et des souvenirs lointains. Ennis ne peut s'empêcher de se demander s'il s'agit des mêmes fulgurances qui le traversent sans ménagement, si la femme qui se tient en face de lui est, elle aussi, par une opération mystérieuse, transportée sur les côtes irlandaises.
Mais cela ne fait aucun doute : le même puissant sentiment de bien-être suscité plus tôt par Ennis a traversé la jeune femme. Cela n'a durée que quelques secondes, entre le moment où il a cessé de cultiver cette sensation d'infinie réconfort et de merveilleuse familiarité pour se concentrer sur Leah et celui où il a rouvert les yeux. L'émotion cherchée chez la blonde lui est brièvement apparue. Impétueuse étoile filante, elle a rapidement été remplacée par la perplexité qui marque désormais son visage. Mais cela a suffi à Ennis pour la ressentir. Légèrement différente de la sienne, imprégnée de nuances qui n'a pas reconnues, et pour cause, il ne s'agissait plus de son propre ressenti, mais de celui de la chanteuse.
Malgré sa certitude, la question de Leah lui fait furieusement battre le cœur. Elle vient, avec ses quelques petits mots, de définitivement confirmer ses soupçons de la veille. - « De la même manière que vous, il me semble. », glisse-t-il.
Toutefois, une autre intuition soulève sa poitrine et accélère son rythme cardiaque. Il pressent, sans bien savoir pourquoi ni comment, que ce n'est pas uniquement de leur don commun d'empathie dont il est question. Car, la jeune femme continue de poser sur lui un regard chargé d'un lourd suspens et d'un mystère irrésolu. - « Je me suis simplement contenté de penser à mon enfance. J'ai pensé à.. à l'Irlande. », ajoute-t-il en scrutant la moindre réaction chez la moldu.
« Qui… Qui êtes-vous ? » Son cœur bondit nerveusement contre sa poitrine. Le balbutiement de la jeune femme conforte son intuition. Il y a bien, entre eux, autre chose qu'une simple aptitude à lire les émotions des autres. - « Je vous retourne la question. », articule-t-il pour couvrir le brouhaha du bar. Ennis ne peut lâcher du regard ses grands yeux qui ne cessent de s'arrondir. Leur bleu tendre, marqué par une innocence qui ne lui est par étrangère, le ramène tout droit sur les plages côtières d'Irlande. L'odeur saline et iodée lui revient si vivement en tête qu'il peut presque croire que la foule mouvementée qui les entoure a été remplacée par la houle de la mer. - « Je.. Je n'arrive pas à me départir de l'idée que nous nous connaissons depuis très longtemps, peut-être depuis notre enfance. C'est stupide, n'est-ce pas ? », se risque-t-il en laissant échapper un rire nerveux.
Non loin d'eux, un homme éclate en sanglots ; aussitôt, une lame invisible transperce le crâne du gaélique. Il porte une main à son front et se plie sous la douleur. Entre sa petite expérimentation sur Leah et les émotions du bar qui n'arrêtent pas de prendre de l'ampleur, c'est bien plus que ce qu'Ennis peut supporter. Il ne sait pas combien de temps encore il va pouvoir tenir. - « Comment faites-vous pour travailler ici ? Vous ne semblez pas souffrir la plus petite douleur. », lâche-t-il en massant délicatement ses tempes. Bien que ni lui ni elle n'aient encore utilisé le mot d'empathie, Ennis n'a presque plus le moindre doute. « Est-ce qu’il… Ne vaudrait pas mieux de continuer cette conversation ailleurs ? » Il acquiesce en jetant un coup d'œil à son verre. - « Volontiers, mais après avoir terminé ça. » Comme s'il venait de courir un cent mètres, l'irlandais se saisit de la Guinness et vide ce qu'il en reste d'une seule gorgée. Il essuie la mousse de ses lèvres du revers de la main et repose le cylindre de verre sur le bois de la table. - « Vous avez peut-être un endroit plus calme derrière... Peut-être une loge ? Ou préférez-vous que nous marchions ? Vous avez un peu de temps devant vous ? », demande-t-il en montrant tour à tour la scène et la porte d'entrée du regard.
Il n'aurait jamais osé le dire à voix haute, mais d'une certaine façon, il serait prêt à la suivre n'importe où. Il ne peut pas se l'expliquer, mais il lui voue une totale confiance. En la présence de la chanteuse aux yeux de la mer d'Irlande, le gaélique se sent inexplicablement à sa place.
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Leah O'Malley
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Jeu 11 Jan - 16:15
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Ennis & Leah Décembre 2019
Si ses propres questions ont tendance à la perturber, les réponses de l’homme en face d’elle ne sont pas en restes. Il ne répond pas vraiment, se contentant de lui retourner ses propres questionnements et pourtant la réponse semble si simple, il ressent les émotions, tout comme elle… C’était possible ? Combien de chance que cela arrive ? Si cela était déjà énorme comme coïncidence, il se trouve que ce n’était pas la seule. Il lui apprenait par la suite qu’il avait grandi en Irlande ? Leah déjà toute chamboulée parce qui arrivait, fronçait de nouveau les sourcils tandis qu’en plus des émotions qui véhiculaient autour d’eux, une multitude de questions l’envahissait. Se pourrait-il qu’ils se connaissent de beaucoup plus loin qu’elle n’aurait plus l’imaginer ? Cela l’amène à se questionner sur son identité sans savoir si réellement cela allait l’avancée. Mais encore une fois, il ne répond pas tout de suite lui retournant sa propre question. « Leah O’Malley. » Répondait-elle simplement en se disant qu’il devait déjà être au courant. Entre l’ordre et le fait qu’il était venu ici où elle se produisait, difficile de passer à côté de cette information. Alors que leurs regards étaient ancrés l’un dans l’autre avec une impossibilité de s’en défaire, il mettait des mots sur ce que Leah osait à peine entrevoir. « J’ai également grandi en Irlande. » Répond-elle alors dans un souffle. Alors était-ce réellement stupide ? A défaut de lui demander d’où il venait et s’attendant à ce qu’il lui retourne une nouvelle fois la question, elle lui donna directement l’information.
« J’habitais à Galway et vous ? » En posant cette question, Leah avait beau connaitre plus ou moins la réponse elle avait encore besoin d’en être certaine, voilà pourquoi à son tour elle tente de lui transmettre ses propres émotions, mais à peine avait-elle commencé qu’elle ressent comme une vive douleur s’enfoncer dans son crâne. Une sensation qu’elle connaissait plutôt bien pour l’avoir expérimenté un nombre incalculable de fois, sauf que cette fois-ci cela ne venait pas d’elle. C’était lui qui souffrait de ce trop-plein d’émotion autour d’eux. « Je travaille dans ce bar depuis neuf ans, j’ai appris à me barricader sinon c’est invivable… Mais en ce moment je commence également à saturer. » Mais même si elle commençait à éprouver le besoin de s’éloigner de tout ce brouhaha constant, elle était encore loin d’être dans le même état que lui. « Pourquoi êtes-vous venue dans un endroit aussi bondé si cela vous fait souffrir à ce point ? » Demandait-elle alors sans comprendre. Etait-il fou ? En tout cas elle proposait d’aller ailleurs. Tout d’abord pour lui, pour elle, mais également parce que le bar n’était vraiment pas l’endroit idéal pour ce genre de discussion. Si quelqu’un les écoutait probablement qu’il s’inquiéterait dans leur santé mentale. Elle le laissait finir sa pinte, se demandant un instant comment est-ce que ça pouvait être sa priorité dans un moment comme celui-là, mais décida que ce n’était pas plus bizarre que le reste et que ça ne valait pas la peine d’être relevé. Alors qu’il proposait d’aller dans un endroit comme la réserve du bar, Leah secoua la tête.
« Cela ne vous coupera pas assez de ce qui circulent, allons ailleurs. » Si elle ne disait pas le mot à voix haute, elle parlait bien évidemment de toutes ces émotions qui tourbillonnaient autour d’eux. Il fallait s’éloigner, ce n’était pas juste un mur et une porte qui allait tout couper, cela pouvait aider quand il n’y avait pas encore grand monde, mais dans une situation comme ce soir, ce n’était pas du tout le cas. Elle ouvrait alors la voie qui menait à l’extérieur. Lorsqu’ils furent sortis, elle ne perdait pas de temps à s’emmitoufler dans son manteau, la fraicheur de dehors tranchant du tout au tout avec la chaleur qu’il y avait à l’intérieur avec tout ce monde. Elle ouvrait ensuite le pas dans une direction, n’importe laquelle du moment que cela les éloignait du bar. Plus ils mettaient de la distance avec ce dernier et plus Leah avait l’impression de se retrouver enfin elle-même. Emotion sans doute partagée par la personne à ses côtés. Elle ne pouvait d’ailleurs pas s’empêcher de lui jeter des regards en coin assez régulièrement. Se rendant compte de son impolitesse, elle finissait par prendre la parole.
« Je suis désolé de vous fixer comme ça mais… J’ai encore du mal à croire que vous existez vraiment. C’est la première fois que je rencontre quelqu’un qui… » N’arrivant pas à mettre des mots qui étaient pourtant si simple d’habitude, elle opta pour autre chose. « Quelqu’un comme moi. » A présent ils en étaient certains n’est-ce pas ? Ils étaient empathe tous les deux et donc la moindre émotion qui transperçait l’un était immédiatement perçus par l’autre… Pour la toute première fois, Leah découvrait ce que devait ressentir chacun de ses proches, cette vulnérabilité de ne rien pouvoir cacher, cette sensation de se retrouver face à une personne qui pouvait lire en vous comme dans un livre ouvert, de se retrouver comme totalement nue sous le regard de l’autre et inversement.
☾ ☾ Ennis peut très distinctement sentir l'agitation de Leah. Dans ce mince corps, à l'aspect délicat et fragile, immobile devant lui, une tempête gronde en silence. Des vagues d'émotions l'assaillent à son tour, ne laissant comme écume que des questions sans réponse. Quand la blonde lui révèle son nom, le moldu hoche la tête par mécanisme. Cela, il le savait déjà, mais il ne lui semble pas nécessaire de le lui préciser. Quand la blonde prononce cette simple phrase, en apparence anodine, « J’ai également grandi en Irlande. », le gaélique sent ses muscles se tendre. Cela aussi, au fond, il s'en doutait. L'accent reconnaissable de boucle d'or, bien qu'aux intonations différentes des siennes, ne laisse pas grande place à l'imagination. Pourtant, de l'entendre le confirmer lui vaut un nouveau frisson. Il n'a pas le temps de rebondir qu'elle lui précise déjà sa ville natale. Il ne peut répondre immédiatement à la question qu'elle lui pose. « Galway... » Pendant quelques instants, ce nom reste accroché à ses lèvres et à ses pensées. En suspens. Cette ville réveille un pan endormi de sa mémoire, mais il serait bien incapable d'en définir précisément les contours. « Mes parents vivaient à Enniskillen. Votre ville.. elle me dit quelque chose, mais je... », une image se forme, lointaine et vaporeuse réminiscence, pour aussitôt disparaître. « Je n'arrive pas à me souvenir. », finit-il par répondre, résigné.
Neuf années ? Neuf longues années à travailler chaque soir parmi cette foule ? A nouveau, il se contente d'hocher la tête avec une forme de placidité, intégrant non sans peine cette nouvelle information. Depuis aussi loin que lui permette sa mémoire, il lui semble avoir toujours été empathe. Pourtant, ce que Leah lui explique là ne fait aucun sens pour lui. Serait-il possible qu'il soit d'une nature plus faible, lui rendant impossible toute mise à distance des émotions ressenties ? Il joue un instant avec cette pensée, arquant malgré lui ses sourcils, toujours légèrement plié sous le poids de la douleur. Mais quand la blonde aux yeux azur lui demande la raison de sa venue dans ce bar, il relève immédiatement le visage pour trouver son regard. Il laisse un silence tomber entre eux, peut-être pour donner davantage de poids à ce qu'il s'apprête à dire. « Je suis venue vous voir. », déclare-t-il d'une voix de plomb. Sans comprendre pourquoi, le gaélique se sent l'envie irrépressible d'être honnête avec la femme qui lui fait face. Il est de toute façon trop tard pour mentir sur ses véritables intentions.
Troisième hochement de tête. Il emboîte le pas à l'irlandaise, s'engouffrant à son tour dans les rues vides de Londres. Il goûte avec plaisir la morsure du froid tandis que la charge émotionnelle qui l'enserrait comme un étau relâche son emprise. Pendant quelques instants, ils marchent en silence l'un à côté de l'autre, dans l'obscurité que vient percer à intervalles réguliers de majestueux réverbères. Le calme environnant semble jeter sur eux une nouvelle intimité. Loin de sentir une quelconque forme de gêne, Ennis sent qu'il pourrait continuer ainsi un moment. Il a l'habitude de ces pérégrinations nocturnes. Pour une fois, il prend plaisir à partager l'obscurité avec quelqu'un. Dans l'éclairage intermittent produit par les becs de gaz, le brun devine le galbe du visage de Leah. À plusieurs reprises, il ne résiste pas à l'envie de l'examiner, croisant alors le regard de la blonde qui aussitôt se détourne. C'est elle qui brise le silence qui les maintenait dans une complicité muette depuis qu'ils ont franchi la porte du bar. « Ne vous excusez pas, je comprends parfaitement. », glisse-t-il. Au détour d'une ruelle, un groupe riant aux éclats apparaît dans son champ de vision. Ennis décide d'attendre qu'ils aient mis assez de distance entre eux et les inconnus pour poursuivre. « Je m'étais toujours demandé si d'autres personnes pouvaient... Enfin, vous voyez. Avec les années, je m'étais fait à l'idée d'être seul avec tout ça. Je suis heureux de mettre trompé. », ajoute-t-il enfin en restant cette fois accroché à son regard de saphir. « Plus tôt, vous me disiez que vous aviez réussi à vous... barricader ? Comment y êtes-vous parvenu exactement ? » Après un bref moment d'hésitation, il précise : « L'alcool est jusqu'ici le seul moyen que j'ai trouvé pour apaiser le... le surplus d'émotions. »
Ennis jette un regard circulaire à la petite place sur laquelle ils viennent de déboucher. Pour toute trace de vie, des pigeons picorent distraitement les pavés tandis qu'une brise fait danser les feuilles mortes de l'hiver au ras du sol. Autour d'eux, la place est plongée dans le calme, à peine troublé par le bruissement des branches et l'activité lointaine des passants. Le regard du gaélique se porte ensuite sur les modestes bancs en bois qui encadrent la place, faisant remonter à la surface de sa mémoire une image qui l'a plus tôt traversé. Il ouvre la bouche et se tourne vers Leah. « C'est insensé, mais est-ce qu'un portail en bois rouge a la moindre signification pour vous ? »
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Leah O'Malley
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Lun 29 Avr - 20:05
"A familiar feeling"
Ennis & Leah Décembre 2019
Alors qu’Ennis répondait à la question de la jeune serveuse, cette dernière réfléchissait afin de savoir pourquoi tout cela lui semblait si familier, pourtant à la mention de la ville où habitaient ses parents, cela ne lui rappelait rien. C’était une ville qu’elle connaissait oui, mais cela ne lui rappelait rien de particulier qui concernait l’homme en face d’elle. Leah plissait des yeux essayant de comprendre d’où est-ce que pouvait venir cette sensation si familière qui émanait de sa personne et qui semblait tout autant troubler cet homme. Alors qu’elle lui expliquait comment elle faisait pour supporter de travailler dans ce milieu, elle lui demandait ensuite pourquoi est-ce qu’il était venu dans ce bar si c’était aussi difficile pour lui. Sa réponse déconcerta la jeune femme le temps de quelques secondes. Tandis qu’elle ressentait que même lui ne comprenait pas vraiment les tenant et les aboutissants de ce qui se passait entre vous. Elle finissait par proposer d’aller ailleurs afin que ce soit plus confortable pour elle, mais surtout pour lui qui n’avait pas cette habitude de travailler dans ce milieu. Une fois dehors et surtout une fois qu’ils étaient assez éloignés du bar, l’air devenait beaucoup plus respirable. Il ne restait plus que leur émotion à tous les deux. Cette sensation de tout ressentir en miroir était toujours aussi étrange pour la jeune femme. S’ensuit alors un instant de silence pendant lequel vous examiniez chacun l’autre comme si cela pouvait soudainement vous apporter d’autres réponses. Leah finissait par s’excusez, se sentant gênée de le regardez ainsi. Mais Ennis comprenait exactement ce qu’elle ressentait. D’abord parce qu’il ressentait la même chose, mais parce que tout comme elle, il avait accès à ses émotions, ce qui était une première pour Leah. Jusqu’ici, personne n’avait été capable de lire en elle, comme ils pouvaient le faire. En entendant ses dires, Leah hochait la tête comprenant facilement pourquoi il en était arrivé à cette conclusion.
« C’est ce que j’ai fini par croire aussi, où alors que cette personne devait être à l’autre bout du monde et que je ne la rencontrerais jamais. » Expliquait-elle avant qu’il ne lui demande comment elle faisait pour se barricader des émotions des autres. Leah le regardait avec compassion lorsqu’il lui expliquait que la seule manière qu’il avait trouvé pour faire taire ces émotions étaient de se noyer dans l’alcool. « Je n’ai pas remarqué beaucoup de changement quand je bois personnellement alors peut-être que c’est propre à chacun ? » Disait-elle sans attendre de réponse, parce qu’elle savait bien qu’il n’en savait pas plus qu’elle sur le sujet. « Je n’ai pas le choix en bossant au London bar, j’étais exposée aux émotions des autres en permanence. Je ne saurais pas comment dire… » Commençait-elle en prenant le temps de réfléchir. « Il me faut faire le vide dans mon esprit, cela se rapproche beaucoup des techniques qu’on utilise en méditation et lorsque j’y arrive enfin cela atténue les émotions qui tourbillonnent autour de moi. Si elles sont calmes et peut nombreuse cela peut les effacer totalement en revanche si c’est intense, cela ne changera rien. » Est-ce que cela lui parlait ? Leah n’en était pas certaine. « Est-ce que vous voudriez essayer un jour ? » Proposait-elle alors, évidemment elle ne pouvait donner aucune garantie que cela fonctionnerait également pour lui. Ils arrivaient sur une place et alors que rien ne venait troubler le silence qui s’était de nouveau installé, Ennis posa une nouvelle question. La jeune femme fronça tout d’abord des sourcils sans comprendre pourquoi est-ce qu’il parlait soudainement d’un portail en bois rouge. Mais alors qu’elle ouvre à peine la bouche, une image s’imposa à la jeune femme. Elle regarda alors Ennis. Oui cela lui parlait, mais il n’y avait aucune raison pour que son souvenir à elle, lui parlait également n’est-ce pas ?
« C’était la couleur du portail de notre maison en Irlande, mais… » Elle ne finissait pas sa phrase n’étant pas certaine de ce qu’elle voulait ajouter. « Mais c’est impossible que vous parliez de ce même portail n’est-ce pas ? » Elle posait cette question comme pour se rassurer et en même temps elle avait cette sensation que la réponse ne serait pas ce qu’elle voudrait entendre… Etait-il réellement possible que votre lien aille au-delà que le fait déjà extraordinaire de partager le même don ?
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