Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
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Lun 11 Déc - 17:11
Tout ce temps à rêver jour et nuit Tout ce temps à chasser l'ennui Tant d'années sans voir ni comprendre Le monde et la vraie vie Abigail II, Appartement d'Abi et Harper, Janvier 2022
Depuis quelques jours, j’avais une idée de merde en tête. Et comme toutes les idées de merde, elle restait en boucle dans mon esprit, au point que je n’avais pas eu le choix que de l’exécuter afin de satisfaire mon cerveau, siège de toute cette machinerie. Me rendant aux cuisines, je chatouillai la poire qui menait à cette antre secrète, antre dans laquelle je passais le plus clair de mon temps aux intercours quand Eirian ou Maxime n’étaient pas dans les parages. La preuve que j’étais une habituée des lieux, les elfes se précipitèrent vers moi avec un plateau rempli de mes biscuits préférés et je riais de ma prévisibilité. « Miss Kayla ! Nous attendions votre venue. » Purée, cela devenait presque gênant. Mais j’engouffrai avec plaisir deux biscuits dans ma bouche tandis qu’une des elfes m’emballait cinq autres gâteaux dans un papier pour que je puisse les mettre dans mon sac. « Twinky, tu es vraiment la meilleure des elfes! » lui dis-je en mangeant un nouveau biscuit. Les joues de la petite elfe se teintèrent de rose tandis qu’elle se dandinait d’une jambe sur l’autre, apparemment gênée par ce simple compliment, compliment absolument mérité. « En fait, j’aurai besoin d’autres choses que des biscuits aujourd’hui... » La petite elfe m’écoutait attentivement alors que je lui exposai ma requête. Mille étoiles brillaient dans ses yeux comme si c’était une idée de génie ce qui me conforta dans le fait que c’était belle et bien une idée de merde. Mais ce n’était pas bien grave, c’était l’intention qui comptait.
Twinky me demanda de revenir un peu plus tard et je flânais dans les couloirs dans l’attente de ma petite commande personnelle. Les deux heures écoulées, je retournai aux cuisines et admirai le travail effectué par l’elfe. Dissimulé sous une belle cloche argentée, je portai le plateau jusqu’à l’étage des appartements des professeurs. Je me demandai soudainement si j’avais le droit d’être ici, le droit de frapper sans m’annoncer à la porte d’un professeur mais comme je m’en fichais comme d’une guigne du protocole, je m’exécutai, donnant trois coups distincts sur la porte. J’attendis patiemment, espérant qu’Abigail ou Harper vienne m’ouvrir. Nous étions samedi matin et j’avais supposé qu’elles seraient chez elles. Au bout de quelques secondes, la porte s’ouvrit sur Abigail et sans préambule, je soulevai la cloche en m’écriant : « Joyeux anniversaire ! » Sous la cloche, un joli gâteau avec un nappage blanc et une décoration en pâte à sucre trônait au milieu, représentant une panthère noire. Devant l’air interrogateur d’Abigail, j’ajoutai : « Mon anniversaire de transformation ! » Certes, j’avais quelques jours de retard mais j’étais devenue Animagi le 23 décembre dernier et je n’avais pas fait l’affront deux années consécutives de priver Madame MacFusty de sa fille la veille de Noël.
Tant de choses s'étaient passées depuis ce moment. Parfois j’avais l’impression que c’était hier, parfois, j’avais l’impression que c’était il y a un siècle. Cette année m’avait changé, profondément. L’enlèvement, la séquestration, la libération. Il y avait eu beaucoup de jours sans. Des jours où pas un seul sourire n’était apparu sur mon visage. Des jours où je n’avais pas dit un seul mot. Et parfois, il y avait des jours avec. Aujourd’hui, cela semblait toutefois être un jour avec. Du moins, je l’espérais. Un jour avec pouvait parfois devenir un jour sans rien qu’à cause d’une odeur, d’une bousculade, d’une parole mal placée. J’étais devenue plus fragile, moins solaire, moins spontanée. Je calculais chacun de mes déplacements, les expliquant à mes proches pour me rassurer et pour les rassurer eux ; je ne faisais quasiment plus rien seule. J’étais devenue une personne différente. Et pourtant, je me raccrochais encore à ceux et à celles qui avaient fait partie de mon existence passée. Abigail était l’une d’entre elles. Elle avait été d’un soutien indéfectible lors de ma formation Animagus, me prenant sous son aile et m’accompagnant tout le long du processus, jusqu’au jour de cette fameuse tempête où je m’étais transformée pour la première fois. Depuis ce jour, je l’avais longuement remercié et cela me paraissait tout à fait logique de fêter comme mon Animagversaire applaudissez le jeu de mot bien pourri.
Curieuse, je jetai un coup d’oeil derrière Abigail en demandant : « Harper est là ?» En parlant d’une autre femme d’exception… Ma directrice de maison en était une, sans aucun doute. Elle m’avait permis de revenir à Poudlard après des années d’errance et m’avait fait confiance. Comment ne pas l’aimer ? Que ces deux femmes se soient trouvées étaient tout simplement incroyable et parfois, je repensais à leur mariage et au bonheur que cela avait été d’y participer. J'en gardai un tendre souvenir et je repensais souvent à cette soirée que j'avais passé en compagnie d'Eirian et de la famille d'Abigail : un instant de bonheur et d'amour, un instant hors du temps. Et Merlin savait à quel point j'avais besoin de souvenirs réconfortants en ce moment.
Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Lumos Je rp en : #cc3333 & lightgrey Mon allégeance : Ordre du Phénix
Lun 11 Déc - 20:54
Mais, la vie continue
Janvier 2022
Allongée sur le dos dans mon canapé, une jambe pendouillait dans le vide. Une main sur le front, je me cachais de la lumière qui me refilait un mal de crâne carabiné. Malade comme un chien. Comme d’habitude, mais en pire, et cette fois, ce n’était pas dû à un quelconque virus. C’était ce qui grandissait en moi qui me retournait l’estomac et me rendait la vie dure. Oh, je m’y attendais, je savais que ma santé fragile allait me trahir, mais je subissais sans rien dire, sans gémir ni me plaindre. Comme tous les matins, j’avais rendu mes repas de la veille et maintenant, je prenais le temps de retrouver mes esprits. En chemise de nuit, les cheveux en bataille, je ne comptais pas bouger une fesse de la journée. J’étais bien là, blottie dans mon plaid au coin de la cheminée avec les trois chats roulés en boule sur mon ventre. Le contact de mes doigts avec le pelage duveteux et cotonneux de Poppy me faisait du bien, comme s’il m’ancrait dans une réalité plus douce. Je pris une profonde inspiration. Peut-être allais-je même pouvoir me rendormir un peu ? Ma dette de sommeil se comptait en siècle, alors je grattais la moindre seconde de repos quand elle se présentait à moi. Cela dit, je culpabilisais présentement de ne pas être penchée sur mes rapports concernant ma fonction de dragonologiste. J’allais prendre un retard considérable pour la nouvelle année et je désespérais à l’idée de la quantité de travail qui s’accumulait. J’essayais de chasser ces pensées et l’angoisse qui en découlaient quand on frappait à la porte en m’arrachant un violent sursaut. C’était qui putain ? On n’attendait personne, et Harper ne frappait jamais pour entrer. Si elle oubliait les clés (ce qui arrivait souvent) elle usait du sortilège personnalisé sur le verrou.
— Oh non, fais chier…
Murmurais-je en me redressant, ce qui déclencha le mécontentement des chats qui reprirent bien vite leurs places sur le plaid désormais abandonné de ma présence. Prudente, je me relevais très lentement pour m’éviter un potentiel vertige et attrapais un épais pull que j’enfilais à la volée, sans me soucier que mon bas de pyjama trahirait ma grasse matinée. M’en fout. Ça devait sûrement être un collègue qui avait une question quelconque concernant un élève ou un étudiant. J’aurai tôt fait de l’expédier et de retourner me coucher.
Un sursaut trahi ma surprise en voyant Kayla qui me présentait un imposant gâteau en hurlant, tout le moins, j’avais la sensation qu’elle hurlait. Les yeux arrondis, je fixais incrédule la décoration du gâteau puis la Gryffondor. Puis, la pièce tomba au fond. Bordel, comme le temps passait ! Je souris avec tendresse.
— Hey, mais c’est vrai que c’était le 23 ! Joyeux anniversaire animagus Kayla !
Je lorgnais le gâteau sans grand intérêt cela dit, puis commentai, amusée.
— Tu vas te faire péter le bide à manger ça toute seule.
Bien qu’un peu pâle et échevelée, je restais prévenante et douce sans tenir rancune à la jeune femme d’avoir interrompu ma grasse matinée et mon moment de repos. C’était trop beau pour être vrai ! Qui plus est, j’étais heureuse de la voir. Comme tout le corps enseignant, j’avais appris ce qui lui était arrivé, mais je n’avais jamais osé l’approcher pour lui en parler. Je savais ce que c’était que d’être sans cesse questionné sur un traumatisme. Alors, j’avais préféré la laisser revenir vers moi lorsqu’elle jugerait ce moment adéquat pour elle et son état d’esprit. Peut-être était-ce aujourd’hui, voilà pourquoi je restais calme et détendue. Je m’appuyais contre l’encadrement de la porte pour répondre.
— Non, désolée, elle est sortie, je suis seule ce matin. Mais entre, si tu veux.
J’ouvrais davantage la porte pour la laisser passer et refermais derrière elle. Les trois chats ouvrirent les yeux en voyant l’étrangère entrer dans l’appartement. Elizabeth et Gérard s’envolèrent pour sortir par la fenêtre ouverte (qui ne laissait pas l’air glacial entrer) alors que Grishkin, fidèle à son allure noble et fière de phénix, se contenta de se lisser une plume, indifférent à la présence de la jeune femme. Les niffleurs, quant à eux, s’approchèrent avec curiosité et reniflant. Muriel, la plus audacieuse des deux, sauta sur la jambe de Kayla dans l’intention de lui faire les poches. Sans m’émouvoir de la voir agir ainsi (cette niffleuse me blasait trop présentement), je retournais sur le canapé et me recouvrit du plaid. Cactus se releva et se posa sur mes genoux. Mes doigts se perdirent dans ses poils alors que Poppy et Archibald ne bougèrent pas, roulés en boule à côté de moi.
— Fais comme chez toi.
Soupirais-je en lui indiquant de s’installer où elle le souhaitait. La décoration du salon et de la cuisine ouverte était pour le moins sommaire, mais bien à l’image d’Harper et moi. Un tableau d’un Noir des Hébrides par-ci, des livres et une collection de baguettes par-là. Je pris un instant pour fermer les paupières et inspirer profondément dans l’espoir de me réveiller un temps soi peu avant de regarder mon invitée et de lui sourire un peu gênée.
— Excuse-moi, j’ai mal dormi. Comment vas-tu en ce moment ? Ça fait longtemps ! Ça fait quoi d’avoir un an en tant qu’animagus ?
Loin de moi l’idée d’éveiller de mauvais souvenir, la question était tout à fait banale pour prendre des nouvelles d’une personne que j’appréciais. Qui plus est, cela ne me demandait peu d’effort. Si j’étais pâle et avais une tête de déterrée, je dégageais une certaine sérénité et une douceur d’autant plus décuplée. Mon bien-être, malgré mon état, ne faisait aucun doute.
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Dim 17 Déc - 15:44
Tout ce temps à rêver jour et nuit Tout ce temps à chasser l'ennui Tant d'années sans voir ni comprendre Le monde et la vraie vie Abigail II, Appartement d'Abi et Harper, Janvier 2022
Attendant que la porte s’ouvre, je trépignai d’impatience. Je n’avais pas revu Abigail en privé depuis des mois. Évidemment, je la saluais toujours lorsque je la croisais dans les couloirs et nous échangions quelques mots mais je n’avais guère eu l’occasion de m’adresser à elle en tête à tête depuis l’an passé. Si je connaissais mal Abigail, je pourrais croire qu’elle avait cherché à m’éviter suite à ce qui m’était arrivée mais je savais que c’était tout l’inverse. La jeune femme était trop pudique et trop respectueuse pour venir prendre de mes nouvelles aussi frontalement. Sans doute qu’elle attendait que ce soit moi qui vienne à elle et aujourd’hui, j’étais prête à cela. J’aimais beaucoup Abi. Au-delà du fait qu’elle avait été mon mentor et que je ne serai probablement pas Animagi sans son appui, c’était également une femme d’une grande valeur avec qui nous partagions des idéaux communs. Faisant toutes les deux parties de l’Ordre du Phénix, nous rêvions toutes d’un monde meilleur, un monde où les différences ne seraient pas jugées mais acceptées. Que chacun puisse vivre comme il l’entendait, comme il le souhaitait. Cette vision était utopique, je le savais bien désormais. Si auparavant j’espérais encore que cela soit possible, les récents évènements m’avaient montré que non. Mon enlèvement, l’attaque de la voie neuf trois-quart et de Piccadilly Circus y étaient pour beaucoup. Nous étions en guerre et il allait bien falloir que je m’y résigne. La paix n’était plus vraiment une option. Un camp allait devoir gagner, l’emporter sur l’autre afin qu’on puisse retrouver un semblant de vie normale. Ce que j’espérais, c’était que ce soit les sorciers qui mettent un terme à ce massacre.
Mais en attendant, nous devions continuer de survivre. Et parfois, de vivre. À Poudlard, nous étions en sécurité. Du moins, je l’espérais. Et s’il y avait de nombreux jours sans, quelques jours avec me redonnaient foi en la vie. J’avais besoin de ces moments-là pour me rappeler comment je vivais auparavant. Non pas parce que je voulais redevenir la fille que j’étais alors, mais plutôt parce que je savais qu’elle existait toujours, qu’elle était toujours en moi, même si ces derniers temps, elle était aux abonnés absents. Lorsque la porte s’ouvrit sur Abi, cette ancienne fille refit surface, s’écriant joyeux anniversaire sous les yeux éberlués de la professeure. « Merci beaucoup ! » dis-je, aux anges. C’était une véritable consécration, un souvenir des plus plaisants. Enfin… Non pas la transformation en elle-même qui était en réalité très douloureuse la première fois, mais c’était une véritable fierté d’y être parvenue. « Ah bah pourquoi je suis venue frapper à ta porte à ton avis ? C’est certainement pas pour le manger toute seule, même si tu connais mon appétit des plus gargantuesques. » Je demandai après Harper mais elle n’était pas là. Pas grave, c’était Abi que j’étais venue voir à l’origine. Si Harper avait été dans le coin, on aurait gloutonné à trois, tant pis. « Tant pis pour elle, ça en fera plus pour moi ! » Évidemment. Abi me proposa d’entrer, ce que fis volontiers.
Une fois à l’intérieur, je posai mon regard sur l’appartement que je découvrais pour la première fois. Ce n’était pas si commun qu’une étudiante puisse entrer dans les appartements de deux enseignantes. Mais j’entretenais un lien particulier avec Abi et Harper, un lien qui dépassait de loin le lien étudiant-professeure. En plus de cela, je n’avais jamais été leur élève, donc cela faisait moins étrange. Nous étions plutôt comme des amies en réalité, même si je considérais Abigail comme ma mentor. Alors que j’allais demander où je pouvais poser le gâteau pour le découper, un niffleur vint me chatouiller la jambe, grimpant jusqu’à mes poches pour en dérober les quelques noises qui s’y trouvaient et je ris de bon cœur face à l’attitude absolument inconvenante de la créature. Cet appartement était une véritable ménagerie ! Quoi de plus normal pour une professeure de soins aux créatures magiques. J’observai le phénix et ses plumes rougeoyantes puis me tournai vers les chats qui ronronnaient. Abigail se réfugia dans son canapé et je m’installai dans un des fauteuils en face d’elle. Alors qu’elle me disait avoir mal dormi, mes yeux s’attardèrent pour la première fois sur elle. C’est vrai qu’elle paraissait fatiguée. Tout comme moi, malgré l’épaisse couche d’anti-cernes que je m’évertuais à mettre sous mes yeux tous les matins. « Je vais… Je vais… Je vais comme je peux. » dis-je, résiliente. Il fallait bien le dire. « J’ai tendance à dire que certains jours sont plus faciles que d’autres. Maxime et Eirian m’aident beaucoup au quotidien. Heureusement qu’ils sont là. » Dire qu’ils avaient tout deux redoublé à cause de moi… égoïstement, j’en étais plus que satisfaite. L’année aurait été beaucoup trop difficile à vivre sans eux. J’avais besoin de leur présence pour ne pas sombrer dans les ténèbres et dans le chaos le plus total. « Un an… L’aurais-tu cru ? L’année est passée à une vitesse… » Et pourtant… « Maintenant que je vais… mieux ? » hésitais-je à dire, tout en continuant : « et que je maîtrise mieux mes transformations, je vais voir si mon don ne pourrait pas servir la communauté. L’ordre aurait peut-être des missions à me confier. Je sais pas trop. » Je posai le gâteau sur la table basse devant moi, en attendant de pouvoir y goûter puis relevai les yeux vers Abigail. Face à son allure, je demandai : « C’est vrai que tu sembles exténuée… Je ne voulais pas m’imposer comme ça sans prévenir... Si tu veux te reposer, je peux repasser plus tard tu sais. C’est pas un soucis. » J’haussai les épaules en concluant : « Les fêtes de fin d’année ne sont jamais vraiment des moments reposants. » Sans doute qu’Abi avait trop mangé et picolé. Non, franchement, ce n’était pas vraiment son genre. Ou peut-être que des bébés dragons étaient nés et réclamaient toute son attention aux îles Hébrides. Qu’est-ce que j’en savais moi ?
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Mer 20 Déc - 15:07
Mais, la vie continue
Janvier 2022
Je souris en reluquant le gâteau que Kayla m’agite sous le nez. Si d’ordinaire j’avais la dent sucrée, avec la grossesse et ses nausées, j’étais devenue une véritable pique-assiette de peur de tout rendre quelques heures après avoir tout ingéré. De plus, j’ignorais les ingrédients qui se trouvaient dans ce, certainement délicieux, gâteau dont je devais me passer pour au moins neuf mois. Mais tout cela, je me gardais bien de le dire, masquant mon secret sous une fatigue évidente alors que je m’affalais sur le canapé non sans ricaner aux paroles de la Gryffondor.
— Elle sera déçue de ne pas avoir pu y goûter. Je t’en couperai une part pour elle si tu veux bien. Sinon elle va me ressortir la chose pendant au moins deux ans.
Lorsqu’elle prit place en face de moi, je prenais le temps de l’observer plus en détail. Malgré le fait qu’elle essayait peut-être de me le cacher un peu, ma grande empathie et ma profonde sensibilité me permettaient de voir que Kayla avait perdu de son assurance de lionne. Elle semblait aussi fatiguée, bien qu’adroitement caché derrière un maquillage qui ne lui allait ma fois pas si mal. Pour autant, la sincérité dans sa réponse me fouetta le cœur. Peu habituée à être la confidente d’autrui, je me donnais tout de même la peine de prêter une oreille attentive, à défaut de pouvoir donner des conseils intéressants. Après tout, je n’étais pas psychomage, mais j’avais moi aussi mes traumatismes. Voilà pourquoi je souris avec tendresse à la jeune femme que j’avais suivie des mois durant pour sa transformation animagus.
— C’est bien d’être entourée. Je dirai même que c’est l’un des éléments les plus importants vers la voie de la guérison.
Je tournais le regard vers la cheminée pour contempler une photo accrochée au-dessus de la cheminée. J’y paraissais jeune, bien plus que maintenant. Un jeune homme à l’écharpe grise et bleue m’entourait de ses bras. Malgré ses cheveux en désordre, l’air de famille était indéniable. Je me redressais un peu en soupirant, jouant avec les bagues qui ornaient mes doigts.
— Je n’ai pas vécu les mêmes traumatismes que toi, Kayla… et si je pouvais t’aider, crois-moi, je le ferais. Je ne te forcerai pas non plus à parler si tu n’en as pas envie, mais sache juste que, si tu en ressens le besoin, je suis là. Je ne dis pas que je vais pouvoir tout comprendre, mais je ferai de mon mieux.
Pour ne pas plomber complètement l’ambiance, je me relevais avec prudence afin de ne pas provoquer un vertige, puis je me déplaçais jusqu’à la cuisine pour me munir d’assiettes et d’un couteau. Durant ce temps, j’écoutais Kayla qui souhaitait mettre à profit son don pour servir l’Ordre.
— C’est une bonne idée, dis-je simplement. Je retournais m’asseoir devant elle en posant couteau, assiettes et cuillères. Nos capacités animales peuvent rendre service sur le terrain, mais nous sommes aussi rapidement limités puisque nous ne pouvons plus utiliser la magie. Trouver le moment pour se transformer est le plus gros challenge quand on est en mission. C’est un moment où nous sommes vulnérables et qui peut donc s’avérer dangereux, même si c’est quelques secondes. Enfin, dans tous les cas, il faut te sentir prête !
Je n’avais pas à faire de leçon et de grand dessin à Kayla pour qu’elle comprenne où je voulais en venir. De plus, je ne voulais pas la traumatiser plus que nécessaire (elle l’était déjà assez). Je faisais là simplement mention de ma propre expérience où j’avais moi-même failli être gravement blessée pour m’être transformée au mauvais endroit au mauvais moment durant une mission. Volontairement, mon cerveau éluda la nuit de pleine lune du mois de juin durant laquelle j’avais écopé de plusieurs cicatrices, dont certaines qui me barraient la joue. Bien qu’elles se soient grandement estompées depuis le temps, elles restaient encore visibles. Avec cette douceur qui me caractérisait, accentuée par rayonnement maternel que je dégageais à présent naturellement, et malgré moi, je regardais la Gryffondor tout en découpant le gâteau.
— Ne t’inquiète pas, si tu me dérangeais vraiment, je ne t’aurais pas proposé de rentrer. Mais bon, tu m’excuseras de me présenter en pyjama. J’irai m’habiller tout à l’heure.
Promettais-je en ricanant. Je lui tendais sa part du gâteau et m’abstenais de me servir en espérant qu’elle n’insiste pas sur ce point, mettant cela sur la fatigue qui m’engourdissait encore.
— Tu as bien passé les fêtes de fin d’année ? Tu étais en famille ?
Des questions innocentes, juste pour faire la conversation. Parce que j’appréciais Kayla, et je me souciais vraiment de sa santé.
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Ven 5 Jan - 22:59
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Le gâteau était énorme. Trop gros pour deux personnes. Même pour moi. Alors cela paraissait juste qu’Harper puisse en bénéficier. Elle était sans doute aussi glouton que moi. Je l’imaginais bien ingurgiter une quantité phénoménale de nourriture chaque matin avant d’attaquer sa journée. Elle était sortie mais elle aurait le droit à sa part quand elle reviendrait, je savais partager. Même si je venais de dire le contraire. En réalité, cela me faisait plaisir. Après tout, Harper, comme Abigail, étaient des femmes qui comptaient beaucoup pour moi et envers qui je me sentais redevable. Donc les gâter était un petit moyen de leur signifier ma reconnaissance envers elles et leurs aides dans la poursuite de mes études et de mon projet professionnel. « Oui, j’espère qu’elle l’aimera. » dis-je simplement en prenant place sur le canapé. Cela faisait plusieurs mois que nous n’avions pas parlé seule à seule. Les semaines qui avaient suivi mon enlèvement s’étaient soldées par un profond sentiment de solitude. Même entourée des gens qui m’aimaient, j’avais été comme… absente. Comme si mon corps était présent mais mon esprit ailleurs. Il était difficile pour les autres d’imaginer ce que j’avais vécu. Peu de personne pouvaient réellement comprendre les différentes émotions qui m’assaillaient à chaque moment du jour et de la nuit. Cet évènement m’avait profondément changé et si je tentais peu à peu de retrouver ma vie d’avant, je savais au plus profond de moi que c’était impossible ; j’étais devenue quelqu’un d’autre. Mais la Kayla qui avait vécu pendant plus de vingt-quatre ans était encore en moi, bien enfouie. Elle ne demandait qu’à revenir mais j’étais prudente. Je devais l’être désormais. À chaque instant. Évidemment, Poudlard demeurait un lieu où je me sentais plutôt en sécurité, donc j’étais plus détendue dans l’appartement de la professeure. Rien ne pouvait m’arriver ici. Surtout que j’étais entourée d’un membre honorable de l’Ordre du Phénix et je connaissais ses compétences. Je n’avais rien à craindre.
Lorsqu’Abigail me demanda comment j’allais, j’eus deux options. Mentir ou dire la vérité. Étonnamment, je me sentais suffisamment en confiance avec elle pour oser lui dire ce que je ressentais réellement. Un grand vide mais qui se résorbait grâce à la présence soutenante de mes deux meilleurs amis. J’étais bien entourée ici, entre ses murs. Et en dehors, mes parents, ma famille, ils étaient auprès de moi à chaque instant. Moi qui avais toujours eu soif de liberté, j’aimais désormais la compagnie des autres. Surtout de ceux qui me permettaient de me changer les idées. « Je suis d’accord avec toi. » dis-je simplement. Si j’avais été seule pour surmonter tout cela, je pensais sincèrement que je n’aurais pas survécu. L’amour était le moteur de ma vie ; sans l’affection de mes proches, à quoi cela servait-il de vivre ? Je n’étais pas de ceux qui se satisfaisaient de la solitude, loin de là. J’avais toujours eu besoin des autres. Alors que nous semblions toutes les deux plongées dans nos pensées, Abi regarda la cheminée et je ne pus m’empêcher de suivre son regard jusqu’à une photo d’elle plus jeune avec un garçon qui semblait être à Serdaigle. Même de loin, on pouvait aisément comprendre qu’ils étaient frères et sœurs. Ainsi Abigail n’était pas fille unique… Elle avait eu cette chance incroyable de partager son enfance avec son frère. Et à en croire sa réaction corporelle, on lui avait arraché ce bonheur. Je me tus, n’ayant rien à dire qui pourrait réconforter Abigail. Et je ne voulais pas non plus paraître indiscrète. Elle évoqua néanmoins spontanément ce qu’elle appelait un traumatisme et je sus alors que je ne m’étais pas trompée. « Je te remercie pour ta proposition. » dis-je prudemment. Avais-je envie de retourner le couteau dans la plaie maintenant ? Surtout qu’aujourd’hui, j’étais venue pour une occasion particulière et je n’avais pas forcément envie que mon enlèvement vienne altérer la joie que je ressentais. « Aujourd’hui, c’est un jour avec et j’ai plutôt envie que cela continue de l’être. » dis-je en lui adressant un sourire. Un peu faiblard le sourire, mais un sourire quand même.
Pendant qu’Abi allait chercher de quoi couper le gâteau dans la cuisine, je lui expliquai aussi les raisons de ma venue. J’avais désormais un an de recul sur l’utilisation de mon Animagus et j’avais déjà vécu de belles aventures grâce à la panthère que je pouvais choisir d’être lorsque j’en avais besoin ou envie. Je me sentais désormais prête à utiliser ce don pour des missions plus périlleuses. Si j’étais encore traumatisée par ce qui m’était arrivée, cela avait ravivé la volonté d’aider l’Ordre du Phénix à mettre à terme aux agissements du Blood Circle. Je refusais que d’autres subissent ce que j’avais vécu. « Je pensais vraiment aller doucement. Je sais que mon Animagus n’est pas le plus discret donc déjà je ne pourrais pas aider sur des missions de reconnaissance ou des choses comme ça. Faut que je vois avec l’Ordre ce qui est possible. Et j’aimerais aussi me faire chaprôner. Éventuellement avec la meilleure des mentors. » dis-je en lui adressant un clin d’œil. « Qui d’autres que toi pourrais me guider dans ce nouvel objectif ? » Évidemment, c’était une proposition. Mais Abi maîtrisait son Animagus à la perfection, elle m’avait accompagné tout au long du processus qui m’a mené à ma transformation, alors lui demander à elle me paraissait logique. « J’ai encore tant à apprendre. » concluai-je, faisant pour une fois preuve d’humilité. Je ne crus pas nécessaire de préciser que je refusais également de prendre des risques inconsidérés. J’avais assez donné.
Me rendant soudainement compte que je dérangeais peut-être mon hôte qui se trouvait encore en pyjama, je voulus prendre congé mais Abigail balaya mes inquiétudes d’un revers de main. Bon, tant mieux. Elle me tendit une part du gâteau que je pris de bon cœur, attrapant la cuillère et en avalant un morceau. Je soupirai d’aise en sentant toutes les saveurs fondre dans ma bouche. « Un pur délice. » Je continuai de manger sans me rendre compte qu’Abi n’avait pas encore touché au sien. Entre deux bouchées, je trouvai le temps de répondre à sa question sur les fêtes de fin d’année. « Oui, très bien, je te remercie. Effectivement, j’ai passé les fêtes avec mes parents. Et Eirian. » Je souris à ce souvenir. Nous avions passé de supers moments. « C’était vraiment chouette de l’avoir auprès de nous. Mes parents l’adorent. » Je me contentai de dire cela, sans en ajouter davantage, n’ayant pas envie qu’elle me questionne sur pourquoi Eirian était avec nous et pas avec sa propre famille. Ce secret ne m’appartenait pas et jamais je n’oserai le révéler. Bien entendu, je retournai la question à la professeure : « Et vous ? Vous êtes restées à Poudlard ou bien vous vous êtes rendues sur les Iles Hébrides ? » J’avais si souvent entendu parler de cet endroit mais quand j’y étais allée pour la première fois le jour de ma transformation, j’avais été épatée par l’endroit, par les paysages. Même sous l’orage, cela avait été grandiose. « Pas d’orage cette fois-ci ? » demandai-je. L’an passé, la tempête avait permis ma transformation mais il fallait bien l’avouer, ce n’était pas forcément la météo que l’on espérait à Noël. La neige était davantage attendue mais cette année encore, du moins à Londres, nous avions du nous en passer. « As-tu bien mangé, bien bu, bien trinqué à cette nouvelle année ? As-tu été gâtée par une multitude de cadeaux ? » Personnellement, moi oui.
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Ven 12 Jan - 16:53
Mais, la vie continue
Janvier 2022
Je souris avec complicité à lorsqu’elle évoqua espérer qu’Harper aimerait le gâteau. Ça, je n’avais aucun doute là-dessus. Dès que ça se mangeait, et surtout si c’était sucré, mon épouse en raffolait. Une épouse qui, malgré elle, m’avait fait terriblement souffrir par le passé. Et même si aujourd’hui je lui avais pardonné et que l’affaire était loin derrière, la présence de Kayla et ce qu’elle avait vécu m’obligeait à regarder par-dessus mon épaule. Oui, la savoir soutenue par ses amis et sa famille me soulageait véritablement, car moi, à la mort de Kyle, j’avais repoussé tout le monde, et j’avais été seule au monde. Harper partie, il ne me restait plus qu’un seul phare dans la nuit qu’était ma vie, et ce phare, c’était Kyle. Bien sûr, Rory avait appris son décès, tout comme Kesabel, mais nous n’avions pas la même proximité. Détruite par ma souffrance, j’avais rejeté mes parents, et d’autant plus ma sœur adoptive. Je m’étais refermée comme une huître alors qu’Harper et Kyle avaient mis tant d’années à m’ouvrir sensiblement. Pendant longtemps, la mort ne me faisait plus peur et j’avais pris des risques inconsidérés. Des réflexes que je possédais encore aujourd’hui, car je ne parvenais pas à comprendre que je puisse être importante pour certains. Comme si, sans Kyle, la vie était devenue fade et sans saveur. Évidemment, aujourd’hui je remontais la pente. Après des années de cauchemars, de dépression et de malnutrition, j’avais enfin promis à Harper de me prendre en charge, de suivre une psychothérapie qui ma fois s’avérait tout à fait bénéfique. Pour elle. Pour nous. Je posais distraitement une main sur mon ventre. Parce qu’aujourd’hui, je n’étais plus seule. Parce que Harper était revenue, parce que nous étions à présent liées, et parce qu’une vie dépendait maintenant de moi. Tout changeait. Tout arrive. Même ce à quoi on s’attend le moins. Je m’étais relevée. Seule. Mais j’avais boité avec un trou dans le cœur et dans l’âme jusqu’à ce qu’Harper revienne auprès de moi. Un miracle. Aujourd’hui, le monde me paraissait quelque peu plus chaleureux. Moins en noir et blanc. Quand on a frôlé les enfers, on se sent capable de se relever en toutes circonstances. Je penchais légèrement la tête de côté. La moitié de mon visage fut voilé par un rideau de cheveux en bataille.
— Puise ta force en eux. Les amis, c’est là en toutes circonstances et sans condition, si ce sont de bons amis. Et je connais assez Eirian pour oser prétendre qu’il est une personne sur qui on peut compter. Je connaissais moins bien Maxime pour pouvoir me prononcer alors je m’abstenais, même si une idée germa dans mon esprit alors. Je la mis de côté avant de continuer en regardant distraitement les flammes dans l’âtre de la cheminée. Je suis sûre que ça va aller.
Pleine d’encouragement, je souriais à Kayla en plantant mon regard foncé dans le sien. Si la Gryffondor était une personne que j’appréciais, je restais encore sur la réserve avec elle et je ne la regardais que peu dans les yeux. L’instant dura quelques secondes puis je m’enfonçais à nouveau dans le canapé. Poppy en profita pour me sauter sur les cuisses en se frottant contre mon ventre. Elle s’y lova et ronronna lorsque j’entamais de caresser son pelage dense. Aux paroles de mon interlocutrice, je fis un petit geste de la main comme si je chassais tranquillement le sujet.
— Non, évidemment, je ne te disais pas ça pour que tu m’en parles maintenant. Mais, à l’occasion, si un jour tu en as besoin.
Inutile de forcer quoique ce soit. Quelque chose qu’on n’avait pas compris lors de l’accident de Kyle. On voulait absolument me faire parler. Cela n’a fait qu’aggraver la situation. Fort heureusement, ma psychomage aujourd’hui le comprenait et respectait mon rythme de confidence. Petit à petit. Brique après brique, nous déconstruisions le mur que j’avais érigé autour de mon cœur et de ma profonde peine. Quoiqu’il en soit, Kayla avait mon invitation et mon soutien. Elle en ferait ce qu’elle voudra. Alors que je la regardais manger, je posais ma tête sur le dossier du canapé. Si le gâteau avait pu me faire envie il y a de cela deux mois, aujourd’hui, rien que de songer en avaler une miette me donnait la nausée. Et ce n’était pas quelque chose que je voulais communiquer à Kayla. Pas encore. Pas maintenant. C’était notre secret, à Harper et à moi. Et nous voulions le préserver à tout prix. Pour nous construire ce cocon familial dont nous rêvions depuis tant d’années. Je préférais donc me concentrer sur ses paroles concernant l’Ordre et ce que cela impliquait. Si la proposition me faisait plaisir et que mon premier élan aurait été d’accepter, aujourd’hui, dans ma condition, j’ignorais si je pouvais accéder à sa demande. Serait-ce vraiment prudent ? J’ignorais même si j’avais encore l’autorisation de me transformer ou si cela était trop risqué pour… Pour Jack le haricot. Le souvenir d’Harper, emballée dans ses vêtements d’hiver, qui me proposait ce surnom, me tira un sourire franc.
— Ce sera avec grand plaisir pour que je continue à t’apprendre tout ce que je sais. Mais, comme tu l’as bien dit, nous irons doucement. Pas de précipitation. Puis, les idées fusèrent. On pourrait commencer tranquillement à l’extérieur, dans la forêt par exemple, sur des proies factices, puis essayer de mettre à bien l’entraînement durant une mission. Je clignais des paupières et mesurais subitement mes propos. Je corrigeais avec tranquillité pour ne pas me trahir. Enfin, cela prendra des mois avant qu’on en arrive là, évidemment.
Oui, tout en douceur. Aussi bien pour elle et éviter de raviver ses traumatismes, que pour moi et éviter de me blesser ou de blesser Jack. Quoiqu’il en soit, si je savais Kayla intrépide, je ne l’avais jamais jugée stupide. Les risques qu’elle pouvait prendre à l’époque devaient sans doute être réfléchis par deux fois à présent. Je soupirai rapidement en m’imaginant ce frein mental à tant de talents qu’elle possédait. Mais encore une fois, rien n’était perdu, et elle était bien entourée pour ressortir les crocs et les griffes de manière bien plus bestiale qu’avant. Je croyais en sa résurrection. Il y eut un bruissement d’ailes, et dans un tourbillon élégant orange et rouge de plumes, Grishkin sorti par la fenêtre ouverte, mais qui filtrait le froid extérieur. Je pouffais. Avait-il entendu mes pensées ?
Je reportais ensuite mon attention sur Kayla qui savourait sa part de gâteau tout en me racontant ses fêtes de fin d’année. Sans trop savoir pourquoi, le fait de savoir qu’Eirian avait été avec elle durant cette période me rassérénait un peu. Qu’ils soient ensemble était une bonne chose à mes yeux. Mon instinct me le soufflait.
— Mmh, cela m’évoque plein de souvenirs, quand Harper venait chez nous pour fêter Noël quand nous étions enfants. Ce sont de superbes souvenirs.
Confessais-je, le regard un peu perdu dans le vague aux images sépia qui me revenaient en mémoire. Mes parents aussi adoraient Harper. Un peu moins par la suite. J’avais bataillé pour qu’ils acceptent à nouveau notre couple. Aujourd’hui, tout était apaisé.
— Nous avons profité de retourner dans les Hébrides et nous avons passé Noël avec ma famille. Non ! Pas d’orage cette fois-ci. J’échangeais avec elle un regard complice avant de continuer. Nous avons bien bu et bien mangé, pour sûr ! Quant aux cadeaux… ma fois, il y en avait de plaisants, oui. Et pour toi ? Le Père Noël t’a apporté tout ce que tu lui avais demandé ?
Détendue, je mentais de manière éhontée à la jeune femme. Je n’avais pas bu une seule goutte d’alcool. Et pour cause. Cela dit, pour le reste, tout était vrai. Je m’imaginais bien Kayla, une coupe de champagne à la main entrain de fêter la bonne année aux côtés d’Eirian, le spectre de ses ténèbres un peu éloigné pour quelques heures. Je me réjouissais de cette vision.
— Du coup, en dehors de parfaire ton Animagus, quelles sont tes résolutions pour cette nouvelle année ?
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Dim 28 Jan - 22:57
Tout ce temps à rêver jour et nuit Tout ce temps à chasser l'ennui Tant d'années sans voir ni comprendre Le monde et la vraie vie Abigail II, Appartement d'Abi et Harper, Janvier 2022
C’était étrange d’être là. Assise dans le canapé de ma professeure, à attendre patiemment qu’on me serve une part du gâteau que j’avais demandé aux elfes de confectionner pour moi. Après tout, je n’étais qu’une étudiante de dernière année, je n’étais pas supposée avoir un quelconque lien avec une des enseignantes. Mais le lien qui m’unissait à Abi était différent de celui qu’elle entretenait avec les autres élèves. Déjà, pour commencer, je n’avais jamais été une de ses étudiantes. Pour autant, elle s’était imposée rapidement dans ma vie comme un mentor de choix pour m’accompagner dans le processus afin de devenir Animagus. En plus de cela, nous avions des idéaux communs et nous faisons toutes les deux partie de l’Ordre du Phénix. Et j’adorais sa femme. Bref, tous les astres s’alignaient pour qu’Abi et moi soyons en bons termes. J’ignorai si je pouvais dire que nous étions amies car ce n’était pas sur ce type de lien que notre relation s’était construite mais pour ma part, j’appréciais Abi comme telle. Certes, je ne lui parlais pas tous les quatre matins mais je savais pourquoi compter sur elle, sur son soutien. En tout temps. Voilà pourquoi j’avais tenu à la remercier pour tout ce qu’elle avait fait pour moi lors de mon apprentissage. Ma formation n’avait pas été de tout repos, cela avait été long et difficile. Donc il fallait bien un gâteau pour fêter ma première année en tant qu’Animagi. C’était important pour moi de le célébrer. Cela signifiait aussi que j’avançais, que le temps passait. Et avec les jours qui s’écoulaient, ma peine, mon désespoir, s’amenuisaient chaque matin un peu davantage. « Oui, il m’aide beaucoup tu sais. » Ce qui m’était arrivé nous avait rapproché, Eirian, Maxime et moi. Et je passais le plus clair de mon temps avec eux ; on se soutenait, on s’épaulait. Notre amitié me protégeait de mes pensées les plus sombres et je m’accrochais à eux, satisfaite d’avoir trouvé en eux des amis fidèles, pour qui je pourrais mourir sans hésiter. « Je n’ai pas le choix. » dis-je, un faible sourire sur les lèvres. Je devais avancer. Je ne disais pas que c’était facile. Mais il le fallait. Abi m’encourageait dans cette voie et j’espérais sincèrement qu’elle disait vrai. « Je te remercie, Abi. » J’étais sincère. Sa proposition me touchait beaucoup. Si je pouvais aisément en parler avec Eirian et Maxime, c’était aussi parce qu’ils savaient tout. C’était plus simple pour moi. Je n’avais pas besoin de mentir, ni d’inventer quoi que ce soit sur comment j’avais réussi à m’échapper. Avec eux, je pouvais être totalement honnête.
En tout cas, je n’étais pas là pour ça. Si j’avais pris la peine de venir jusqu’aux appartements des MacFusty, c’était aussi pour parler avec Abi des différents projets qui me trottaient dans la tête. À l’origine, si j’avais souhaité devenir Animagus, c’était pour devenir plus forte. Pour que cette compétence soit utile au sein de l’Ordre. Mais pour autant, je ne savais pas toujours comment cela pouvait s’articuler. Après tout, j’étais encore novice. Voilà pourquoi je sollicitai l’aide de quelqu’un de plus expérimenté. « Non, j’ai besoin de prendre mon temps. » Je maîtrisais assez bien mon Animagus et j’avais déjà eu l’occasion de l’utiliser lors de sorties périlleuses, notamment avec Maxime où nous avions attaqué des moldues impliquées dans un trafic d’animaux. Nous avions même réussi à sauver un petit lion. Mais encore une fois, ce type de sortie restait risqué, surtout lorsqu’on était pas vraiment préparé. Heureusement, tout s’était bien terminé pour nous ce soir-là. « Je suivrai tes conseils. » dis-je simplement, posée.
Demandant à Abigail comment ses fêtes de Noël s’étaient déroulées, j’écoutais la réponse avec avidité. La fin d’année sur les Iles Hébrides devait être assez austère mais tant que les deux femmes étaient entourées… Peu importait le lieu finalement. Pour ma part, Noël avait toujours été ma période de l’année préférée. Cette année, évidemment, mes pensées n’avaient pas vraiment été tournées vers les festivités. Toutefois, la présence d’Eirian et de Maxime à mes côtés m’avait permis de ne pas totalement sombrer. J’étais en vie. C’était cela que je me répétais sans celle. J’étais en vie et j’avais cette chance. D’autres ne l’avaient pas eu. Cette pensée me donnait la force de continuer d’apprécier les petits instants heureux que la vie m’offrait. « Oh tu sais, rien n’était plus important que d’être ensemble, cette année. » dis-je en lui adressant un léger sourire. « Mais j’ai eu le droit à la traditionnelle farandole de chocolats. Je n’ai pas encore terminé de tout manger, c’est pour te dire à quel point la farandole était énorme ! » Je ris doucement tandis que je mangeais à nouveau du gâteau. C’était un pur délice. « Mes parents m’ont aussi offert un album photo retraçant tous nos souvenirs ensemble. C’était amusant de me voir grandir en quelques pages. » Je le feuilletais quasiment chaque jour.
Alors que je dégustai encore une autre bouchée, la question d’Abi me prit de court. Je reposai mon assiette sur la table basse, réfléchissant. Qu’est-ce que je voulais ? « Tu te moquerais de moi si je te disais que tout ce que je veux est plutôt niais ? » Je regardai Abi, m’interrogeant sur la manière dont je devais dire cela. « Tu sais, quand on trinque. Et qu’on dit, bonne année et surtout bonne santé. Je crois que je ne l’ai jamais autant pensé que cette année. Que tous mes proches aillent bien. Qu’on soit tous en sécurité. » C’était un peu illusoire, mais bon. « Et pour ça, il faut que j’ai mon diplôme. » Je travaillais dur grâce à Eirian. Il fallait bien le dire, il était présent à mes côtés chaque soir à la bibliothèque. Et je copiais bien ses notes de cours et je recopiais allègrement ses fiches de révisions. Cela servait d’avoir un meilleur ami Serdaigle. « Donc mes bonnes résolutions sont de me donner à fond jusqu’à cet été pour l’obtenir. » J’ajoutai : « Tu sais, j’ai un nouveau tuteur de stage pour cette année ? Théo Greengrass ! » Théo était l’ancien infirmier de Poudlard, j’étais persuadée qu’Abi devait le connaître. « Normalement je me dirigeais plutôt vers la police magique mais plus je travaille avec lui et plus la carrière d’Auror m’intéresse… » C’était pénible de changer d’avis comme de chemise. « J’ai encore quelques mois pour me décider. »
« Et sinon, j’ai décidé de moins manger. » Je repris ma part de gâteau grosse bouffe coucou. « Mais j’ai déjà abandonné cette résolution-là, elle n’est clairement pas tenable ! » Je ris de bon cœur, amusée par mon propre sens de l’humour. Un peu douteuses mes blagues. Mais bon. « Et toi alors ? Tes résolutions pour cette année ? Ne me dis pas que tu espères la victoire Poufsouffle à la coupe des maisons. Je me donne à fond pour que Gryffondor remporte la victoire. » Autant en cours que sur le terrain de Quidditch. « Quelle vie attend Abigail MacFusty pour cette année ? » J’étais curieuse de savoir ce qu’elle pouvait bien souhaiter pour la nouvelle année. Après tout, elle venait tout juste de se marier. Elle possédait déjà une belle demeure. Elle avait un travail plaisant entre son poste d’enseignante et celui de dragonologue. Que pouvait-elle désirer de plus ?
Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Mar 20 Fév - 15:09
Mais, la vie continue
Janvier 2022
En général, je faisais toujours attention avec la relation que j’entretenais vis-à-vis des élèves et des étudiants. Je ne voulais pas sous-entendre que certains avaient droit à un traitement de faveur. L’impartialité, mon maître mot dans mon emploi de professeur. Pour autant, Kayla était assise là, sur mon canapé, dans notre appartement à Poudlard, un lieu d’ordinaire interdit à tous. Si ma santé me l’avait permis, je serais sans doute sortie pour profiter d’une promenade plutôt que de l’inviter à entrer afin d’éviter la situation. Mais voilà. Peut-être tout à l’heure. Les doigts plongés dans le pelage épais de Poppy, je souris doucement à la jeune femme qui avalait goulument son gâteau en me confiant qu’elle n’était pas seule. Bien qu’elle refuse mon aide pour le moment, ce dont je ne me formalisais pas, elle savait que ma main était tendue. Puisque Kayla avait été ma protégée en tant qu’élève animagus, nous avions passé beaucoup de temps ensemble, et ce, dans un cadre différent que celui de l’école ou de l’université. Apprendre à devenir animagus, c’était se mettre à jour, c’était se confier à son mentor, lui faire confiance et se donner complètement pour parvenir à se transformer. La place de mentor demandait tout autant de responsabilités si ce n’était pas plus, puisque l’apprenti mettait entre nos mains tout espoir dans cet apprentissage. Enfin, la forme animale qui en découlait, démontrait l’âme profonde du sorcier, un peu comme son patronus. Alors, oui, j’avais la naïveté de croire que je connaissais Kayla, et jamais je ne la trahirai. La savoir bien entourée me suffisait. Elle viendra me voir lorsqu’elle en aura besoin. Elle savait qu’elle pouvait le faire.
Mes yeux s’étrécirent sensiblement alors que Kayla abondait dans mon sens. Prendre son temps et suivre mes conseils. Je n’en attendais pas moins d’elle. Si elle savait que j’étais une sorcière très gentille, je n’en étais pas moins exigeante, surtout dans la formation d’animagus. Si elle voulait utiliser ce dont pour l’Ordre du Phénix, ce qui était tout à son honneur, elle devait aussi acquérir certains réflexes.
— Parfait. Je n’avais de cesse de caresser Poppy qui ronronnait contre mon ventre. Ça me détendait plus que de raison. Je commençais à me sentir mieux, alors je profitais de ce regain. Du coup, j’ai quand même besoin de savoir. Qu’est-ce que tu voudrais améliorer ? Est-ce que tu rencontres des difficultés ? Est-ce que tu as pu te transformer à nouveau depuis ta capture ?
Inutile de tourner autour du pot. Ce n’était pas une mésaventure que Kayla avait vécue, c’était un putain de désastre. Elle avait été capturée, et je ne pouvais pas enrober ça dans de jolies phrases et de jolis mots comme je lui offrais un paquet de Noël, non, non. Si je comprenais qu’elle ne souhaitait pas tout me raconter, elle me devait tout de même un minimum d’explication pour que je puisse l’aiguiller au mieux. En dehors de mes cours de Soins aux Créatures Magiques, je m’adaptais à mes élèves. Je n’avais pas formé Kayla comme j’avais formé un autre sorcier à l’animagie. Je ne punissais pas un élève comme je pouvais en punir un autre. Je voulais tirer le meilleur de mes enseignements et pour cela, je devais comprendre les difficultés de la personne en face de moi. J’espérais que Kayla le comprenne.
Ainsi, quand elle me confia les événements des fêtes de fin d’année, mon sourire ne fit que s’élargir. Être ensemble, bien entourée, réconfortée de voir que tous ceux qu’on aimait se porte au mieux. Je comprenais cela. J’avais tant de fois frôlé la mort, bien que la situation fut à chaque fois différente que ce qu’avait vécu Kayla.
— Ça doit être mignon !
Laissais-je échapper à l’évocation de l’album photo. J’en avais un similaire chez-moi, et c’était quelque chose que je voulais reproduire avec Jack. Petit Jack bien au chaud à vibrer sous les ronrons de Poppy. Une étincelle de douceur brilla dans mes yeux foncés lorsque Kayla continua son récit. Lentement, je remuais le visage.
— Ça n’a absolument rien de niais, Kayla, au contraire. Tu sais, je souhaite souvent la même chose, même en dehors de Noël. Je portais mon attention sur la fenêtre ouverte qui filtrait le froid extérieur. Surtout en ces temps de guerre… J’ai constamment des pensées pour mes proches. Tu vas y arriver, il n’y a pas de raison, tu fais tout ce qu’il faut pour que tout aille bien.
Essayais-je de la rassurer et de l’encourager. Ironie du sort quand on songe que celle qui disparaissait à la suite d’une attaque de loup-garou, c’était moi. Que celle qui faisait face à des dragons et qui risquait de terminer en merguez carbonisée, c’était moi. Un sourcil se releva en apprenant le nom du nouveau tuteur de Kayla.
— Théo Greengrass ? C’est super ! Il va pouvoir très bien te former, je suis vraiment très heureuse pour toi !
Je connaissais un peu Théo pour avoir été l’infirmier de Poudlard. Indubitablement nous nous étions croisés plus d’une fois à cause de ma mauvaise santé. J’ignorais ce qu’il était devenu aujourd’hui, mais j’étais heureuse d’avoir de ses nouvelles, même indirectement. Ils formeraient une belle équipe, Kayla et lui.
— Oui, tu as encore le temps pour te décider et au pire, même après ton diplôme tu pourras prendre le temps. L’important, c’est que tu fasses quelque chose qui te motive à te lever chaque matin. Le faire en y allant les pieds devant, c’est la sensation la plus horrible qui soit, je crois.
Ça m’était arrivé une seule fois, lorsque je ne travaillais plus comme dragonologiste et que je n’avais pas encore ma place de professeure. J’avais trouvé un petit boulot de quelques mois, et j’avais bien vite abandonné. Qu’importe. J’éclatais de rire en entendant une autre de ses résolutions. Moins manger. Pourquoi je n’y croyais pas ? Heureusement, Harper n’avait pas eu une idée aussi saugrenue.
— Quelle idée aussi de t’infliger ça ! Je suis certaine qu’Harper ne pourrait pas s’y tenir non plus !
Contrairement à moi qui n’avais toujours pas touché à ma part de gâteau. Il faudrait pourtant, pour ne pas éveiller les soupçons de la sorcière en face de moi. Alors, j’attrapais enfin mon assiette avec la petite part que je m’étais servie et en picorai quelque petit bout. Pourtant, je craignais trop des ingrédients qu’il pouvait y avoir dedans. Les œufs, le lait… est-ce que tout cela était sans risque pour Jack ? L’étreinte qui étouffa mon cœur m’empêcha de continuer. Je ne me le pardonnerais jamais s’il lui arrivait quelque chose par mon imprudence. Il partait déjà perdant avec une mère fragile comme moi, autant ne pas tirer sur l’ambulance. Je posais l’assiette à côté de moi pour caresser encore Poppy afin de calmer mes nerfs et cacher les quelques tremblements de mon état de panique interne. Je ris une nouvelle fois.
— Poufsouffle a gagné la coupe l’année passée, je serai heureuse qu’une autre maison la remporte cette année… même si évidemment, je ne serais pas peu fière si c’était à nouveau Poufsouffle ! Je levais le nez au plafond. Concernant mes résolutions et mes projets… Mmh… à dire vrai, je n’en ai pas trop. Mieux vivre ?
Je croisais le regard de Kayla un court et timide instant avant de le baisser sur Poppy. J’accentuais alors mes caresses.
— Si j’ai tout pour être heureuse, j’ai beaucoup de mal avec certaines situations alors… je voudrais tout mettre en œuvre pour aller mieux avec tout ça. Je le dois pour Harper.
Faire mon deuil, par exemple. Quant au reste… je ne pouvais pas le lui dire pour le moment. C’était trop tôt, même si ça me brûlait la bouche.
— Pour le reste, on verra, on n’a pas de plan autre que celui de vivre en paix. Que ce soit entre nous, en famille, ou avec le monde moldu. Je n’ose pas imaginer les plans du Blood Circle et surtout ceux des Mangemorts pour alimenter encore cette guerre odieuse… Quand j’y pense trop, ça me donne envie de vomir. Doux euphémisme. Alors… vivre au jour le jour. Avec nos bestioles, mes dragons, nos proches… et notre amour.
Poppy releva ses yeux fendus en deux alors que je lui grattais le menton et elle émit un petit miaulement comme pour m’approuver. Mon sourire s’élargit encore.
— Je commence à me sentir mieux. Que dirais-tu de sortir un peu pour étayer nos propos avec l’animagie ?
Je relevais la tête pour regarder Kayla. Rester trop longtemps à côté de ce gâteau sans y toucher allait me trahir, il me fallait trouver un stratagème… et en vérité, je commençais à avoir besoin d’air. Les ronronnements de Poppy m’apaisaient assez.
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Ven 15 Mar - 20:29
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Je savais que j’entretenais une relation particulière avec Abigail. Une relation peu commune. Peut-être que le fait qu’elle n’ait jamais été ma professeure avait influencé le fait que je ne l’avais jamais véritablement considérée comme telle. Elle était mon mentor, celle vers qui je m’étais tournée pour ma formation animagus mais elle aurait très bien pu être vendeuse, médicomage ou même joueuse de Quidditch. Le fait qu’elle soit enseignante à Poudlard n’avait pas véritablement joué dans ce choix même si la proximité liée au fait que j’habitais moi aussi au château avait été un plus. J'avais ainsi pu la solliciter à chaque fois que je le nécessitais, lui faisant alors part de mes doutes, mes craintes, mes inquiétudes. Celles-ci avaient été nombreuses et j’avais eu besoin de la confiance de mes proches et d’Abigail pour me montrer que j’en étais capable. Alors évidemment, j’étais reconnaissante de l’appui qu’elle m’avait apporté, d’où cette idée de gâteau anniversaire. C'était une étape de franchie dans ma vie d’Animagi, une première étape. Celle qui me mènerait vers d’autres projets. Et depuis peu, c’était dans l’Ordre du Phénix que je souhaitais m’investir davantage. Mon enlèvement n’avait fait qu’accentuer ce besoin viscéral de contribuer à la paix entre les moldus et les sorciers ; par ailleurs, je ne supportais plus l’idée que d’autres membres de la communauté magique soient toujours enfermés dans les geôles du Blood Circle et j’avais envie que cela change. J'avais besoin d’être utile. J'informai alors Abi de ma volonté de m’impliquer davantage. Évidemment, elle posa des questions. Ma bouche s’assécha lorsqu’elle parla de ma capture mais il fallait bien appeler un dragon un dragon, c’était inutile de nier ce qui m’était arrivée. Je soupirai doucement avant de répondre : « Oui. Je ne te cache pas que ça a été difficile. » Pour qu’Abigail comprenne, il fallait peut-être que je revienne un peu en arrière. « Je venais de passer une nuit entière transformée quand c’est arrivé. » J’avais mis un peu de temps à oser le faire à nouveau, quand bien même les deux évènements n’étaient absolument pas liés. Mais me transformer, c’était me rappeler de cette nuit-là, passée à arpenter toute la forêt en compagnie de Maxime. Je ne regrettais rien, seulement mon imprudence. « Mais j’ai réussi à dépasser ça. Enfin, je crois. » Mes mains vinrent soudainement triturer le bout de ma robe de sorcière, mécanisme peut-être inconscient, signifiant que non, j’avais pas vraiment réussi à dépasser ça. Mais cela n’affectait pas mes compétences d’Animagi, c’était déjà ça. « Quant aux améliorations, je pense notamment à apprendre à ne pas laisser de traces, à me fondre davantage dans le décor, être un peu plus invisible. » Voilà ce qui me préoccupait en ce moment.
Je n’avais pas pour habitude d’agir ainsi. Bien au contraire. Auparavant, j’étais une femme qu’on remarquait, qui parlait fort sans craindre de déranger, qui riait beaucoup, un peu exubérante. Évidemment, cette partie de moi s’était éteinte ; fort heureusement, j’avais mes proches qui me soutenaient, envers et contre tout. Les vacances de Noël m’avaient notamment permis de me recentrer dans ma petite bulle, dans ma sphère privée, et cela m’avait fait un bien fou. J’expliquai à Abi comment les fêtes de fin d’années s’étaient déroulées et je lui fis part de mes envies pour l’année qui venait de débuter. Évidemment, frôler la mort avait fait un tri dans mes priorités. L'important, c’était la famille. Irrémédiablement. Abigail vint me conforter dans l’idée que mon ressenti était tout sauf niais. Bien au contraire. En réalité, elle avait raison. Nous étions en guerre et chaque jour, nous étions confrontés à de nouveaux défis, de nouvelles attaques et parfois, de nouvelles morts. L’épée de la faucheuse était au-dessus de notre tête, comme pour nous rappeler que nos vies étaient courtes et éphémères, qu’elles pouvaient s’arrêter comme ça, d’un claquement de doigt. C’était dans ces moments-là que la famille prenait tout son sens. « Je suis comme toi. » conclus-je finalement. Je ne pensais qu’à eux, à chaque moment.
Dans les nouvelles personnes qui gravitaient autour de ma vie, il y avait aussi Théo. Même si je ne pouvais pas véritablement le qualifier de proche, il était, comme Abi, un élément important dans ma vie professionnelle. Il jouait lui aussi le rôle de mentor, dans un autre domaine que celui de la professeure, évidemment ; j’avais de la chance d’avoir des personnes aussi expérimentées et talentueuses pour me former. « Oui, j’apprends beaucoup ! Et je trouve ça très formateur d’avoir un nouveau tuteur. Chacun a ses méthodes, sa manière de faire. Cela permet aussi de piocher ce qui me convient ou non. » Que ce soit avec mes anciens référents ou bien avec Théo, cela allait sans dire, je donnais le meilleur de moi-même. Pour autant, j’avais encore du mal à me décider sur la voie professionnelle à choisir. Même si Eirian ne disait rien d’aussi frontal, je savais qu’il rêvait qu’un jour, on puisse travailler ensemble en tant qu’Aurors, mais j’hésitais encore, même si cette perspective me plaisait énormément. « Oui, j’ai le temps, et puis, Théo est l’exemple même qui prouve qu’on peut changer de voie et s’épanouir professionnellement après une reconversion. » Il se plaisait énormément dans ce nouveau poste et ses anciennes connaissances en médicomagie étaient un atout non négligeable sur le terrain.
Pour partir sur une note plus joyeuse, j’exprimai à Abi une des résolutions que j’avais déjà abandonnée : celle de moins manger. Je ne pus m’empêcher de sourire lorsqu’elle ajouta qu’Harper ne pourrait elle-non plus pas tenir longtemps ce genre de défi. Pour ma part, ça avait été qu’une vague idée dans ma tête mais je n’avais pas tenu plus d’une journée. Vraiment idiot de se priver des petits plaisirs de la vie. Et il me fallait des forces pour le Quidditch. Pour gagner des points pour la coupe des maisons et écraser la maison Poufsouffle. Cette année, la tendance s’était inversée et Gryffondor était pour le moment en tête mais à Poudlard, on savait que rien n’était joué d’avance. Abigail, bonne joueuse, expliqua qu’elle se réjouirait pour le vainqueur, quel qu’il soit. Quelle bonne âme. Personnellement, c’était ma dernière année, je hurlerai si jamais nous ne ramenions pas la coupe à la maison.
Abigail évoqua ensuite succinctement ses résolutions pour l’année qui débutait. Mieux vivre. C’était un beau projet en soi, pas forcément facile d’y répondre. Elle se fit ensuite plus mystérieuse et je me contentai de sourire, acquiesçant doucement la tête. Si elle avait souhaité être vague, ce n’était probablement pas pour que je vienne poser davantage de question. « Tu sais, vivre en paix, c’est déjà un rêve si doux. Pour le moment pas accessible. Mais j’espère qu’un jour, les générations futures nous remercieront d’avoir tenu bon, de s’être battues pour qu’ils aient un meilleur avenir. » J’étais totalement d’accord avec elle. « Carpe Diem, comme dirait ma maman. » Alors que j’engloutissais sans difficulté ma deuxième part de gâteau, un sourire s’installa sur mes lèvres lorsqu’elle me proposa de sortir nous dégourdir les jambes. Ou plutôt les pattes. « Excellente idée ! Cela fait longtemps qu’on a pas eu l’occasion de le faire. » Je terminai ma part avant de me lever, suivie par Abigail.
Avançant ensuite dans les couloirs, nous nous dirigeâmes vers la sortie. Une fois la grande porte franchie, je demandai : « Tu veux aller près du parc ou plutôt vers la forêt ? » Les deux me convenaient. Dans la forêt, il risquait d’y avoir des créatures magiques -et je n’avais jamais été très douée avec eux- mais j’étais en présence de leur mère nourricière. J’étais donc parfaitement bien escortée. Néanmoins, je laissai totalement le choix à la professeure ; elle allait pouvoir me dire ce qui lui paraissait le mieux, surtout à cette époque de l’année où tout était froid et glacial. Je refermai mon manteau sur moi, ayant grand hâte de me transformer afin de profiter de la chaleur du pelage de la panthère. Cela avait parfois des avantages d’être un animal et je prenais toujours autant plaisir à me transformer. Je devais l’avouer, après ma libération, j’avais passé beaucoup de temps transformée, sur le sofa de la maison de mes parents, juste pour profiter des sensations différentes que m’offraient mon animagus. C’était un lien que peu comprenait mais j’étais attachée à ma forme animale ; pourtant, c’était toujours moi. Mais une Kayla différente. Réellement.
Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Ven 12 Avr - 17:14
Mais, la vie continue
Janvier 2022
Un élan de compassion m’étreignit si bien le cœur aux confidences, pourtant vagues, de Kayla, que je décidais de simplement hocher la tête. J’avais les informations que je souhaitais, inutile de retourner le couteau dans la plaie. Le jour de sa capture, elle était transformée. Évidemment que le lien se faisait dans le cerveau, même si les deux événements n’étaient pas directement liés. Si la jeune femme donnait une hésitation dans sa réponse, je souhaitais m’assurer que tout aille bien pour elle lors de sa transformation. Une hésitation pouvait rendre le processus extrêmement dangereux. Je ne pouvais pas me contenter d’un « je crois ». Pas avec ce qu’il y avait en jeu, pas avec l’attache que je ressentais pour Kayla. Ainsi, son objectif me rassura autant que je l’approuvais. La discrétion c’était mon domaine et je ne pouvais que l’enseigner de la meilleure des manières pour ma très chère apprentie animagus. Si cela ne lui serait pas utile sur le terrain durant une mission de l’Ordre, ça lui serait au moins utile pour tous les jours, et pour éviter, au maximum, d’être repérée et à nouveau capturée.
Pour le reste, je souris, simplement, la main dans le pelage de Poppy et l’assiette à côté de moi. J’étais sincèrement heureuse que Kayla puisse s’épanouir dans un corps de métier qui lui plaisait, et effectivement, il n’était jamais trop tard pour changer de voie. Je l’avais moi-même fait en devenant enseignante, puis directrice. Moi, la si petite et timide sorcière qui aimait tant faire face aux dragons. Peut-être qu’un jour, ça aussi ça changera, et je retournerais à ma passion première : les dragons. Quant aux résolutions de fin d’année, elles étaient ce qu’elles étaient. Mieux vivre en temps de guerre. Si cela semblait utopique pour l’heure, elle me paraissait tout de même vitale. Pour Jack. Mais ça non plus, je ne le mentionnais pas. Amusée de voir Kayla retrouver de sa vivacité, je poussais Poppy pour me relever.
— Je reviens.
Précisais-je, puisque j’étais toujours habillée en tenue de nuit, pas coiffée et limite avec la trace de l’oreiller sur la joue. Il me fallut peu de temps. Je n’étais pas de celles qui passaient des heures à s’apprêter. Moi, j’enfilais ce qu’il y avait à enfiler, je me coiffais, je prenais mes médocs et ensuite, j’étais prête. C’était mon jour de congé et je n’avais aucune envie de porter l’une de mes robes noires et jaunes même si je les aimais. Surtout si nous devions nous transformer tout à l’heure, il m’était inutile de trop me préparer. Dans le secret de la salle de bain, je fixais mon reflet et surtout ma taille. Aucun changement. Kayla n’y verrait que du feu et pour le moment, le gynécologue ne m’avait pas interdit d’user de l’animagie. Parfait. Dans le salon, je ne m’inquiétais pas de savoir Kayla en train de patienter. Harper et moi n’avions rien à cacher. Ainsi, elle eut tout le loisir d’observer les photos trônant au-dessus de la cheminée. Celle de mon frère et moi, celle de notre mariage ou encore d’autres où nous paraissions plus jeunes. Il y avait aussi des clichés de baguettes, moins bien organisées celle-là, ou un tableau avec un Sombral qui paissait tranquillement. Poppy rejoignit deux autres chats dans l’arbre à chat et Théodore, le niffleur, vint renifler vers Kayla dans l’espoir d’y trouver des trésors. Si son attitude était timide, celle de Muriel, la niffleuse femelle, était bien plus directe. Cette dernière lui attrapa encore une fois la jambe pour y fouiller dans des poches qu’elle aurait pu oublier la première fois. Sur la table de la cuisine s’éparpillaient de nombreux parchemins dont il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait de quelques exercices et interrogations d’élèves. Puis, tout à coup, le gâteau s’envola, ainsi que mon assiette, le frigo s’ouvrit et le tout se rangea convenablement sans rien renverser. Je revenais pile à ce moment, ma baguette en forme d’aile de dragon dans la main.
— Voilà, désolée.
J’arrangeais encore un peu mes cheveux avant de les cacher dans un large bonnet noir. D’ailleurs, mon pantalon était noir lui aussi et mon pull, dont les mains se cachaient derrière des manches trop longues, était rayé de blanc. J’attrapais mon manteau, mon écharpe jaune et noire et ouvris la porte à Kayla. Une fois dehors, j’enfonçais ma tête dans mes épaules pour me cacher vainement du froid.
— Mmh… commençons par le lac. Ce sera une première étape pour t’entraîner à la discrétion.
Il était, à mon sens, plus facile de couvrir des traces en forêt qu’en terrain découvert, surtout si ce dernier était humide, comme dans du sable ou de l’eau constamment aux prises par les remous d’un lac habité par diverses créatures. Fort heureusement, aujourd’hui, il ne pleuvait pas. C’était déjà un bon début et non pas des plus négligeables. Malgré l’air glacial qui frappait mes joues et mon apparent état de fatigue, je marchais d’un bon rythme, comme revigorée par l’air frais. En réalité, j’étais bien trop habituée à marcher dehors pour trainer des pieds, sans compter que je me sentais à présent le devoir d’aider Kayla et qu’il me tardait de le faire. Une fois au bord du lac, je me permettais encore de le longer sur plusieurs mètres jusqu’à arriver à une plage où, à l’une des extrémités, s’étendait un champ de roseaux. De l’autre, des rochers puis l’herbe, et le chemin que nous venions d’emprunter. Parfait. Je plongeais mes mains dans mes poches et pivotais vers Kayla.
— Bien, on va commencer simple. Regarde la plage. Aucune trace en dehors de celles des oiseaux et autres animaux… on va dire normaux pour la faune d’ici. J’aimerais que tu y marches, et que tu trouves une solution pour effacer tes traces de patte. N’importe quoi. Montre-moi ce qui te vient, que je me fasse une idée de ce que tu as en tête.
À la fin de ma tirade, je me permettais de lui accorder un immense sourire aux yeux illuminés de malice. Évidemment, je savais bien de quoi Kayla était capable et je ne doutais pas un instant de ses capacités. Pour autant, il y avait des méthodes simples pour camoufler ses traces, mais sans les connaître, cela pouvait se révéler plus ardu que prévu. Sans compter que, en recouvrant des traces, nous pouvions laisser d’autres traces tout aussi lisibles pour un bon pisteur. J’étais curieuse de voir ce que Kayla allait pouvoir m’offrir, en gardant toute mon attention sur la façon dont elle avait de se transformer. Si le lac avait été un choix justifié pour la discrétion, je ne désirais pas mettre Kayla dès maintenant dans une forêt sous sa forme animagus. Je voulais éviter une potentielle crise de panique. Autant rester prudent et y aller en douceur, comme je le lui avais promis.
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Lun 24 Juin - 21:35
Tout ce temps à rêver jour et nuit Tout ce temps à chasser l'ennui Tant d'années sans voir ni comprendre Le monde et la vraie vie Abigail II, Lac noir, Janvier 2022
Ma vie d’avant me semblait si lointaine. Je pouvais la toucher du doigt, y faire allusion mais jamais plus je ne pourrais suivre le chemin que j’avais initialement tracé. Mon existence avait été bousculée par mes tortionnaires et si j’en étais désormais libérée, ils vivaient toujours dans ma tête, me tirant du sommeil quasiment chaque nuit, m’empêchant d’oublier, ne serait-ce qu’un seul instant, l’enfer que je continuais de vivre le soir. La journée, je savais désormais donner le change, faire preuve d’une certaine résilience qui m’était nécessaire. Je ne pouvais pas constamment penser au négatif, penser à la souffrance que je ressentais encore. J’avais le droit à certains moments de répit. Dans les appartements d’Harper et d’Abigail, c’était un de ces moments-là. Remercier mon mentor d’avoir su m’accompagner jusqu’à ma transformation en Animagi me paraissait tout-à-fait normal. Un an. Cela faisait un an désormais. Et ce premier anniversaire, j’avais eu envie de le passer avec elle, comme remerciements pour m’avoir soutenue et épaulée durant tout mon apprentissage. Évidemment, si devenir Animagi était difficile, apprivoiser l’animal l’était tout autant. Je ne prétendais pas tout connaître de la panthère qui sommeillait en moi, bien au contraire. Je n’en doutais pas, j’avais encore énormément de choses à apprendre et à découvrir afin de pouvoir maîtriser tous les aspects de mon Animagus. Si je souhaitais tant parfaire mes compétences, c’était aussi parce que, même si j’étais dévastée par ce qui m’était arrivée, je croyais encore à la paix, à la justice. J’avais envie d’aider l’Ordre, peu importait comment. Ce désir me poussa à demander l’aide de la professeure, encore une fois. Abigail accepta et tandis qu’elle partait se changer, mes yeux détaillèrent la pièce, regardant les photographies présentées sur les différents murs et dont je ne pouvais que deviner les liens de parenté avec Abigail. Avoir une famille, c’était vraiment tout ce qui comptait dans ce bas monde. Et depuis mon enlèvement, je chérissais la mienne. Plus que tout.
Quittant l’appartement quelques minutes plus tard, une fois Abigail prête, nous traversâmes une bonne partie du château avant de nous diriger vers les extérieurs de Poudlard. Sans savoir où cette visite matinale allait me conduire, j’avais été plutôt bien éclairée de choisir une tenue plus chaude. L’hiver était bien là et les températures froides des couloirs nous le rappelaient à chaque fois. Abigail décida de nous conduire vers le lac pour m’apprendre à être discrète et je la suivis sans tergiverser. J’avais foi en elle et en ses compétences, apprendre à ses côtés avait toujours été très valorisant pour moi. Arrivant jusqu’à une plage qui longeait le lac noir, j’observais les lieux. Tout était si calme, paisible. En réalité, être ici était reposant. Je me tournai vers Abi lorsqu’elle me demanda de marcher entre les traces déjà visibles des autres animaux en tentant ensuite de camoufler ma venue. Bien. La partie pratique commençait maintenant. Ses yeux rieurs m’observaient désormais et je devais montrer ce que je savais faire. « Très bien. » me contentai-je de dire. Je n’avais de toute manière pas grand-chose de plus à ajouter. Je retirai les couches superflues de mes vêtements avant de me transformer en panthère. Avant de partir à l’aventure sur la plage, je vins glisser ma gueule entre les doigts de ma mentor, réclamant une caresse de sa part. C’était une des choses qui me plaisaient dans mon Animagus, on pouvait oser des contacts physiques qu’on ne pourrait se permettre sous nos formes humaines.
Une fois mon cœur plus léger, rassérénée par la jeune femme, je partis en quête de ma nouvelle mission. J’avais à peine fait quelques pas que je me retournai déjà, me demandant comment j’allais bien pouvoir m’y prendre. Mon premier réflexe, sûrement due à ma condition humaine, fut de frotter le sol avec ma patte pour dissimuler la forme de l’empreinte que j’avais moi-même créé en me déplaçant ici. La difficulté résidait dans le fait qu’en faisant cela, je créais d’autres traces. Imaginant une technique différente, je choisis d’avancer à reculons afin d’effacer mes traces au fur et à mesure que j’avançais. Mais je me rendis compte au bout de quelques secondes que ce n’était vraiment pas pratique. J’étais plus occupée à regarder ce que je faisais qu’à explorer et guetter mon environnement, ce qui, il fallait bien le dire, était l’inverse de l’effet recherché. Comprenant que je faisais fausse route, j’assis mon derrière de panthère sur le sable, le regard fixé vers les marques des autres animaux. Y avait-il un moyen pour moi d’utiliser le terrain à mon avantage ? Je me redressai sur mes quatre pattes et commençai à vagabonder dans les traces déjà laissées par les autres animaux. J’avais fait environ vingt mètres quand je me retournai pour voir si on s’apercevait des traces de mon passage. C’était mieux que de les effacer soi-même mais ce n’était pas non plus parfait.
Je repris forme humaine et retournai auprès d’Abi. « Je pense qu’il faut utiliser les aléas du terrain à son avantage. Les traces des autres animaux par exemple. Le soucis, c’est quand ces animaux sont plus petits et plus légers que ma panthère. On voit bien la différence au niveau du tassement de la terre. Cela trompera peut-être un pisteur pas très aguerri mais pas un expert en la matière. » concluai-je doucement. « As-tu des techniques à me donner ? » J’ajoutai : « Toi, tu as de la chance, ton animal est plutôt commun et peut se fondre dans la masse. Pour ma part, les panthères sont plutôt rares au Royaume-Uni. J’ai peur que cela me desserve. Chaque sorcier qui sait où chercher dans le registre des Animagi déclarés pourrait savoir que je suis passée par là. » Ce n’était pas si facile que ça d’être une sorcière avec un don particulier. Cela avait bien des avantages mais le fait que mon Animagus ne soit pas un animal des plus communs ne facilitait vraiment pas la tâche en ce qui concernait le camouflage. Mais cela avait au moins l’intérêt de créer un effet de surprise. Comme quand Maxime et moi avions sauvé un lionceau des griffes de braconniers.
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Dim 7 Juil - 11:47
Mais, la vie continue
Janvier 2022
Si je me félicitais d’avoir réussi à échapper à la vigilance de Kayla en faisant semblant de manger son gâteau, qui devait être succulent à n’en point douter, je marchais à présent jusqu’au lac avec une certaine appréhension. Si j’étais fatiguée et malade (maudit premier trimestre) j’étais encore libre de mes mouvements, et si j’avais une appréhension quant à ma transformation animagus, les médicomages ne m’avaient encore rien interdit. A moi de tromper l’attention de la Gryffondor, qui, je le devinais, devait crever le plafond depuis sa capture. Mon cœur s’étreignit à cette triste réalité, pourtant je n’en montrais rien et m’arrêtais sur la plage pour expliquer son exercice à la jeune femme. J’adorais le bord du lac. J’aimais l’eau, depuis l’enfance, sans doute à cause de mes origines écossaises. La pluie, l’océan, le grain irritant du sable. Tout cela faisait partie de mon quotidien, comme l’odeur âcre du soufre et des éléments calcinés par le feu des dragons. M’ébattre sur la plage, je faisais cela depuis ma naissance, et depuis mes quatorze ans sous ma forme Animagus. Non pas que j’ai toujours cherché à paraître discrète, je le faisais naturellement en fait. Je n’aimais pas les gens, ou plutôt, je les craignais, moi si chétive et menue du haut de mon petit mètre cinquante, à la santé fragile et davantage depuis… depuis que Jack était là. Qu’il s’était immiscé dans nos vies, à Harper et à moi, remettant toutes nos priorités au placard.
Je donnais mes explications et laissais Kayla se préparer. Ma poitrine bondit de tendresse quand elle vint se frotter contre moi, et je la gratifiais d’une gratouille tendre derrière l’oreille, lui signifiant que j’étais là, juste à côté d’elle, et que je veillais sur elle. Ensuite, je la laissais expérimenter et réfléchir, les mains enfoncées dans mes poches après avoir pris appui sur un rocher pour m’éviter les vertiges qu’engendrait ma grossesse. M’efforçant de ne pas trop me perdre dans mes pensées, j’observais la manière de procéder de Kayla, non sans sourire en ayant la sensation de me voir, des années auparavant, à expérimenter de la même manière. Lorsque la Gryffondor revint auprès de moi, j’élargis davantage mon sourire, et sans me relever, je lui répondais.
— Tu as trouvé une partie de la réponse toi-même : utiliser les aléas du terrain à ton avantage. Marcher dans les traces des autres animaux en est une, mais comme tu le fais remarquer, elle n’est pas infaillible. Ce qui me rappelle un point important et auquel tu devras être attentive dans ces conditions. Je levais l’index pour étayer mes propos. Au possible, essaie toujours de savoir qui tu as derrière toi. Avec un pisteur néophyte, tu pourrais te permettre de gagner de précieuses secondes que tu te devras de perdre avec un pisteur expérimenté. Quoiqu’il en soit, il faut être prudente dans les deux cas.
Je me relevais, et à mon tour, je me débarrassais des vêtements superflus, et, gardant mon alliance autour de mon doigt, je prenais l’apparence du Berger Allemand aux longs poils noirs parsemés de blancs. Mon alliance se manifestait par une tache blanche au-dessus du doigt correspondant. Une image valait mille mots, alors je m’éloignais de la jeune femme pour prendre place là où elle s’était assise en panthère. Je pris le temps de fermer les yeux et de respirer à plein poumon. L’odeur aiguë des algues envahit ma truffe et me piqua la gorge. J’entendais les milliers de bruissements dans le sable généré par les petits insectes, le clapotement des vagues et le claquement de quelques poissons qui sautaient hors de l’eau. Le vent qui remuait doucement mes longs poils. Pourvu que mon état d’Animagus ne me soit pas retiré durant ma grossesse, j’avais trop besoin de cette fusion avec la nature. Déterminée, je rouvrais les yeux et, sans avertissement aucun, je bondis en avant pour courir jusque dans l’eau où je m’immergeais complètement. Je ressortais en ayant perdu un volume évident de poils à présent dégoulinant. Je revenais vers les traces que j’avais laissées et, sans ménagement ni préoccupation envers Kayla, je m’ébrouais. La pluie que je faisais tomber tomba sur les grains de sable, et mes piétinements effrénés effacèrent la plupart de mes traces dans un amas incompréhensible. La piste à présent brouillée, je trottinais telle une ballerine que me donnait mon allure de chien, puis trempais cette fois juste les pattes dans l’eau. Si mes coussinets s’enfonçaient dans le sable mouillé, les lentes vagues du lac eurent tôt fait de les recouvrir puis de les effacer. Je marchais ainsi jusqu’à hauteur de Kayla et, taquine, je m’ébrouais une dernière fois pour lui offrir une nouvelle douche. Là, je reprenais forme humaine.
— Être discret signifie, en gros, devenir invisible… et des fois, le meilleur moyen de le devenir, c’est d’être si visible… qu’on ne nous voit plus. Je posais mes mains sur mes hanches, les cheveux mouillés plaqués sur mon front. Autrement dit, brouiller les pistes fait aussi partie du jeu.
Je m’écartais et levais ma main pour lui montrer la plage en l’incitant à essayer une nouvelle fois l’exercice. Puis, je pris ma baguette pour me jeter un sort et me sécher. Mieux valait éviter que j’attrape un rhume dans mon état.
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Jeu 15 Aoû - 21:31
Tout ce temps à rêver jour et nuit Tout ce temps à chasser l'ennui Tant d'années sans voir ni comprendre Le monde et la vraie vie Abigail II, Lac noir, Janvier 2022
Une fois à l’extérieur du château, je me transformai. Immédiatement, tous mes sens s’aiguisèrent ; ma vue était plus perçante, mon odorat surdéveloppé et j’avais l’impression de pouvoir entendre une souris grimper sur un des arbres environnants. Tout était toujours décuplé lorsque j’étais sous ma forme d’animagi. J’avais tant travaillé pour en arriver à cet exploit : et c’était le cas de le dire. J’avais bûché comme une folle, j’avais passé mes journées sur de vieux grimoires de métamorphose, bossant sur ce que j’avais appris lors du programme du Ministère à destination des futurs animagi, m’empreignant de l’expérience d’autres sorciers et notamment celle de ma tutrice. Abigail n’avait jamais été mon enseignante à Poudlard puisqu’elle était arrivée sur le poste bien après mes BUSES. Pour autant, pouvoir trouver à Poudlard une personne comme elle, prête à m’enseigner et me faire bénéficier de ses compétences, c’était une chance incroyable. Elle m’avait rapidement prise sous son aile et maintenant, j’en étais là, à lui demander des conseils sur comment mieux utiliser mon don. Ce que j’appréciais chez Abi, c’était aussi sa manière d’être pédagogue, en plus d’être une sorcière particulièrement redoutable ; j’avais encore tant à apprendre d’elle.
Mais pour le moment, c’était à moi d’essayer de tirer de moi-même des conclusions. Comment faire pour camoufler mes traces ? Comment s’en sortir sans que les empreintes de mes pattes ne souillent le sol ? Je m’essayais à plusieurs techniques : effacer au fur et à mesure, avancer à reculons, puis marcher dans les pas des autres. Mais celles-ci n’étaient décidément pas très concluantes. Il allait falloir trouver mieux. Reprenant forme humaine, discutant avec Abi, elle me fit part de ses observations. J’étais sur la bonne voix en utilisant les avantages que le terrain pouvait m’offrir. Néanmoins, il y avait tout de même des contre-indications à cette technique qui était, comme le soulignait Abi, loin d’être infaillible. Déjà parce qu’il n’y aurait pas toujours des animaux à proximité mais aussi parce qu’un pisteur éclairé saurait rapidement comprendre la supercherie. Alors comment faire autrement ? Alors que je réfléchissais, Abigail retira ses vêtements et prit l’apparence du Berger Allemand. J’observai l’animal avec plaisir ; je n’avais pas eu beaucoup l’occasion de le voir car la plupart du temps, c’était moi qui m’exerçait et Abi qui me conseillait. Avoir une expérience pratique me semblait toutefois nécessaire aujourd’hui ; alors je regardai Abi s’imprégner de l’environnement, je la vis humer l’air, sentir le sol sous ses pattes, prendre tous les indices visuels nécessaires à sa tâche. Peut-être devrais-je moi aussi mieux observer ce qui m’entourait lorsque j’étais transformée ? J’avais souvent tendance à aller directement droit au but. Mais peut-être qu’il fallait prendre davantage de temps. Scrutant Abi, je fus intriguée par son comportement lorsqu’elle se dirigea vers l’eau avant de dire : « Ah oui c’est pas idiot ça ! » La voilà maintenant qu’elle utilisait la piste mouillée pour mieux brouiller les empreintes. C’était malin ! Ma main venant pincer mon menton, je réfléchissais. Je me mis à rire lorsqu’Abi vint s’amuser à me mouiller en s’ébrouant. Je n’eus pas le temps de lui caresser le poil puisqu’elle était de nouveau transformée.
J’acquiesçai face à ses propos. « Je pense également que l’expérience est le meilleur des apprentissages. » Je m’expliquai : « J’imagine qu’à force d’être confronté à des situations aussi variées les unes que les autres et à force de réfléchir à comment camoufler ses traces, cela devient un automatisme. » Alors je n’avais qu’une seule chose à faire pour m’améliorer : il fallait pratiquer ! Je me transformai à nouveau et m’appliquai à utiliser les mêmes stratagèmes que ma mentor. Au bout de plusieurs essais que j’estimais concluants, je repris ma forme humaine. « On essaie sur un autre endroit ? » dis-je, heureuse de poursuivre cet apprentissage du jour. Et comme je l’avais annoncé peu de temps auparavant, pour pouvoir mieux anticiper les situations à venir, j’allais devoir me confronter à beaucoup d’entre elles, dans le but d’automatiser au maximum ces pratiques. Décidant ensuite de s’enfoncer à la lisière de la forêt interdite, j’appliquai les conseils d’Abi, trouvant parfois des solutions à laquelle elle n’avait pas songé et la matinée passa à une vitesse incroyable. Une matinée entière où je n’avais plus pensé à mes soucis, ni à plaie béante qui brûlait ma poitrine. Une matinée qui ressemblait à celles que je passais auparavant, entourée de ma mentor, prête à assimiler et engranger de multiples connaissances juste pour le plaisir d’être plus performante. Ces moments-là étaient si précieux, si importants. Après avoir remercié Abigail pour son temps, je pris le chemin de mon dortoir, me promettant de continuer à m’entraîner afin que la leçon du jour devienne une aptitude naturelle, tout comme cela semblait l’être pour la professeure de soins aux créatures magiques. J’avais encore des progrès à faire pour que cela le devienne.
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