Fin Décembre 2021.

J'aurai dû me sortir tout ce qui s'était passé à Piccadely de la tête depuis plusieurs jours. Mais non. Rien à faire. Cela continue de tourner dans ma caboche. Faut dire que les cauchemars n'aident pas. C'est un mélange de souvenirs des tortures du monstre et de la violence que j'ai enduré de la part de ce p*tain de Blood lors de l'attaque. C'est ce qu'on appelle un stress post-traumatique. Pas besoin de chercher bien loin. On me l'a expliqué à Sainte-Mangouste. Cependant, je n'avais pas envie de m'étaler sur les événements. Je suis depuis l'enfance un survivant et je me suis toujours débrouillé seul avec l'aide de ma mère jusqu'à présent. Toutefois là, c'est différent.

En-tout-cas, tout ce que j'avais désiré ce jour-là, c'était oublié que j'étais retombé en enfer en ayant cédé une dernière fois à l'appel de la chair de Khelia. Je pensais pouvoir clore ce chapitre.

Illusion permanente de mon cœur en morceau...

" Ne te plains pas ! Je t'ai assez averti que tu finirais mal. T'aurais dû te tirer comme je te le soufflais dès que tu as vu que c'était elle. Mais non ! Monsieur n'en a fait qu'à sa tête. Et visiblement t'es devenu  en prime masochiste avec le temps !

Maudite conscience de merde. Je sais bien que j'allais me planter en couchant avec la poufsouffle. Pas besoin de remettre du sel sur la plaie. A cet instant, j'ai des flashs de ce moment de paradis. Je vois l'union de nos corps. La chaleur de sa peau qui se diffuse contre la mienne. Mon envie qui me fait tellement mal parce qu'elle a été trop longue durant ces six années. Son souffle qui murmure mon prénom au creux de mon oreille. Oui, je deviens fou. Bordel ! Certes, je n'ai fait que survivre tout ce temps. Néanmoins, j'y parvenais tant bien que mal. Là, je suis en train de crever lentement, sans aucune chance de rémission.

Trop de choses en tête qui se percutent et hantent mes pensées. Que ce soit la nuit ou le jour, aucun répit pour le pauvre être que je suis. Pour vous dire à quel point, je suis au fond du trou. Je n'ai même pas couché avec une fille ces derniers temps. C'est d'un pathétique, n'est-ce pas ?

Je souffle en continuant à déambuler dans les rues de Londres. Vous vous demandez sûrement le lieu où je me rends. Et bien, Piccadilly ! Je dois arriver à me confronter à la réalité de cette tragédie pour enfin réussir à la dépasser. Je suis conscient que je m'en demande beaucoup. Que je devrais me laisser plus de temps. Cependant, je ne peux rentrer affronter ma mère dans cet état. Je ne dois ni ne veux l'inquiéter. Elle en a déjà assez bavé par le passé. Et si je continue à m'isoler ainsi dans mon appart, je ne suis pas certain de refaire surface.

On dit toujours que les histoires moches finissent par vous rattraper si vous les fuyez. Et bien, je crois que c'est le cas aujourd'hui. Elles se rappellent toutes à cet instant. Ce qui est un foutoir pas possible pour mon équilibre.

Puis si je continue ainsi et que l'autre ver de terre de Nott vient me chercher des lutins de Cornouailles à la rentrée, je le buterai avec joie et satisfaction. Cela résoudra définitivement tous mes emmerdes. Je finirai à Azkaban, dans son tréfonds. Là où les détraqueurs sont à l’œuvre et je recevrai ce p*tain de baiser et tout sera enfin terminé. Sauf qu'à ce moment, il y a le visage souriant de ma mère, les yeux verts de Khelia qui me regarde avec intensité. Alors je sais que je n'ai pas le droit d'abandonner même si c'est de plus en plus dur d'y parvenir.

J'expire à nouveau, le poids du monde sur mes épaules, en lâchant :

- Fais chier !

J'avance toujours à travers la foule. Je ne suis plus très loin. Quand j'arrive sur place, j'ai l'impression d'halluciner. Les gens marchent, rient et vivent comme si rien ne s'était produit ici. D'ailleurs, à bien y regarder, il n'y a plus vraiment de trace des violences de la manifestation. Je sens une bouffée d'angoisse montée du fond de mon ventre. Je me sens mal. J'ai besoin de m'éloigner.

Je tourne au coin d'une rue et sans le comprendre immédiatement, je suis à l'endroit où l'ordre m'a récupéré en triste état. L'odeur est désagréable. J'ai un haut-le-cœur. Il me faut quelques minutes pour que cela passe. Je me redresse de toute ma taille. Puis je vais en direction du mur de briques rouges que j'avais percuté. Aucun signe de ma rencontre avec ce dernier. Cependant, je ne peux m'empêcher de poser la main sur la pierre en la faisant glisser lentement. Comme si cette dernière allait me confirmer que tout cela s'est bien produit.

Je recule de quelques pas, les yeux toujours accrochés à ce point invisible. Des images viennent dans mon esprit. Décidément, c'est la journée souvenir de merde. Non, je ne compare pas ce qui s'est déroulé avec Khelia et l'attentat. Toutefois, émotionnellement, cela fait beaucoup trop pour moi. Ca, plus le fait que j'ai peu dormi et les obsessions nocturnes du monstre qui parcourent mes songes. Il n'en faut pas plus pour qu'une rage indescriptible monte en moi. Ma mâchoire se crispe, signe que je suis plus que furieux et comme toujours, dans ces cas-là, cela se termine par une explosion de rage.

Souvenez-vous, je vous déjà raconté qu'en moi, il y a une part sombre. Et bien vous en avez un exemple parfait. Je commence à défoncer la palette de bois qui est là. Seulement, je ne me doute pas à cette seconde que j'ai un spectateur...

Fin Décembre 2021.

La voix qui s'élève dans mon dos tandis que je lâche ma fureur sur la palette me coupe dans mon élan. Ce qui n'est absolument pas une chose à faire. Il vaut mieux laisser passer la tempête chez moi que de vouloir la contrée. Même si je suis bien conscient qu'il n'en a absolument aucune idée. Après tout, nous sommes des inconnus. Cependant, je ne suis pas en état émotionnel de gérer son arrivée et redescendre aussi vite. Les nerfs sont trop à vifs. Le manque de sommeil se fait aussi sentir. Je tourne la tête alors que mon regard est dur et sombre telle la couleur du ciel écossais lors d'un orage d'été, en disant :

- Qu'est-ce que cela peut te faire. C'est moi qui aurai mal.

Le gris foncé se fixe dans les prunelles de l'intrus tandis que les mots se meurent dans ma gorge. Encore plus quand je m'aperçois qui est le propriétaire des sons.

" P*tain ! C'est ce Blood de merde qui ne me lâchait pas ce jour-là ! "

Pourquoi, c'est toujours pour ma gueule ce genre d'emmerdements ! Morgane, vas-tu me foutre la paix un peu ? Non, tu as décidé que je devais descendre dans les strates les plus profondes de l'enfer. C'est ta vengeance pour me faire payer le fait d'avoir ouvert la boîte de Pandore avec Khelia.

Puis il en rajoute une couche. Il s'attend à quoi ? Que je lui fasse un sourire en lui parlant comme s'il était un sauveur. Que je lui donne raison. Il peut rêver. C'est ironiquement que je dis :

- Tu crois. Je pense qu'il ne faut pas être une lumière pour le comprendre. Non ?

Je suis tellement en colère, furieux contre moi pour mes dernières conneries. Contre lui pour m'avoir retenu à ce moment-là. Je ne voulais pas leurs parlers. Tout ce que je voulais, c'était me tirer pour rentrer à mon appart. Même la violence que j'ai libérée à cet instant, n'a pas suffi à apaiser la souffrance qui me ronge depuis ces derniers jours. Soudain, il bombarde cette phrase de trop sur le fait de s'en être bien sorti.

Je rigole de manière nerveuse en entendant cela. Je dois avoir l'air d'un cinglé.

- Tu plaisantes ! Physiquement, on s'en remet toujours quelles que soient les plaies et les blessures. Bien sur la douleur dure un peu parfois. Mais il y a la partie cachée. Celle qui demande du temps, beaucoup, pour simplement encaisser les faits d'un tel événement. Et peut-être plus tard, réussir à vivre avec.

Oui, je suis bien placé pour le savoir. Je l'ai appris dans ma chair et dans mon esprit. Si je n'avais pas eu ma mère qui m'avait tenu à bout de bras, je ne saurais pas qui je suis à présent, voir même tout simplement en vie. Possible aussi, que j'aurais pu sombrer totalement dans la noirceur qui se trouve en ma personne. Je continue mon propos alors que tout se bouscule à l'intérieur de ma caboche.

- Néanmoins, rien ne peut te sortir de la terreur qui se joue durant tes nuits. Tu es désarmé. Pas de contrôle possible sauf si tu veux finir assommé par tout un tas de drogues dont tu ne pourras plus te passer au fil du temps. Pour survivre, soit disant avancer. Et ça, c'est très peu pour moi.

Je tente de reprendre la maitrise de moi. Si je continue sur ce chemin, je serai capable de sortir ma baguette et de lui balancer n'importe quel sort dangereux. Qu'importent les conséquences pour ce type. Qu'importe ce que cela pourrait être comme préjudice pour le monde sorcier. Qu'importe si je finis à Azkaban.

La force de mes paroles diminue en volume alors que je murmure, les images se rejouent dans mon esprit :

- Tout ce que je voulais ce jour-là, c'était rentrer chez moi. Oublier ce qui se passait de compliquer dans mon existence. Votre p*tain de conflit avec les sorciers me tapent sur le système. On dirait qu'il n'y a pas assez de merdes dans ce monde. Il faut que vous en rajoutiez une couche. J'ai jamais voulu me mêler de politique. Tout simplement parce que je pense que sorcier ou non, il y a des gens bons et mauvais des deux côtés. Vous en êtes encore à croire, comme au Moyen-âge, que tout est blanc ou noir. Cependant, la vraie vie ce n'est pas ça. C'est un dégradé, des compromis. Le parfait n'existe pas.

Je vide mon sac. L'avoir en face me permet de dire des choses qui sont restées coincées trop longtemps dans mon cerveau. Ma main s'enfonce dans mes cheveux en parcourant mon crâne pour retomber le long de mon corps.

- Et c'est utopique de croire que vous pourrez effacer toute une partie de la population juste parce qu'elle ne vous convient pas. L'histoire a montré que vous courrez sans aucun doute à votre perte.

La souffrance est là, mais la fureur s'est évaporée. Je me rends compte de la violence que je viens de lui balancer et je me sens coupable. Je suis allé trop loin. D'une certaine façon, il m'a servi de punching-ball verbal. Il n'y était pour rien. Ce jour-là, il m'a simplement parlé de manière civilisée. Evidemment, c'est certainement dû au fait qu'il ignore que je suis un sorcier. Néanmoins, pour me sortir de ce guêpier, il faut que je reprenne une conversation mesurée afin de me casser rapidement. M'éloigner du danger qu'il représente pour l'être magique que je suis.

- Je suis désolé. Mon agressivité envers toi n'est pas justifiée. Malheureusement, tu as débarqué à un moment de surcharge pour moi. Et de ce fait, tu en as subi les foudres.

Il faillait que j’aplanisse le terrain pour pouvoir faire bonne figure et m'en aller au plus vite...

Fin Décembre 2021.

L'homme me regarde évacuer ma colère. J'entends même un désolé de sa part. Cependant, je ne le relève pas. Je suis trop hors de contrôle. Je n'aime pas agir de la sorte. Toutefois, j'ai toujours du mal à gérer ma colère ces derniers temps. Trop de choses se produisent en même temps et me font péter un chaudron. Oui, je ne suis plus un adolescent. J'en ai parfaitement conscience. Néanmoins, je permets par moment cette valve de secours pour éviter de commettre l'irréparable...

Je sens que l'homme est mal à l'aise face à certains de mes propos. Après tout, c'est son mouvement le Blood qui a organisé ce fiasco. Il faut dire que les moldus de cette organisation ne comprennent pas encore les rouages tordus des mangemorts. Rien ne les arrête. Tuer des sorciers ne les gênent pas. Bien au contraire, s'ils peuvent éliminer quelques sang-de-bourbe comme ils disent ou des sang-mêlés qui ne sont pas acquis à leur cause, ils n'hésiteront absolument pas. Débarrasser la vermine de notre monde est l'un de leurs premiers objectifs avant de réduire les humains à l'état d'esclaves.

Je vous le dit des tarets.

Puis la tension que j'éprouve est tombée nette. Je me suis bien évidemment senti coupable. Je n'aime pas faire payer injustement les choses. La raison est revenue. A son tour, il ne me dit que ce n'était pas grave.

– Peut-être pour vous. Mais ce n'est pas une raison pour vous faire payer alors que pour une fois, vous n'êtes pas les coupables.

Oui, l'impérium, je l'avais bien reconnu. Car jamais je n'aurai perdu le contrôle sans y être poussé. Agresser des gens gratuitement n'est pas dans ma nature ni dans mes convictions qu'il soit sorcier ou moldu.

– Je peux comprendre. Après tout, cela n'a fait qu'empirer l'image de votre mouvement. Cependant, c'était prévisible.

Je me dois de faire attention à comment j'allais formuler les choses pour ne pas dévoiler que je fais partie du monde de la magie.

L'homme ne montre aucune agressivité quand il me parle. Il m'avoue être l'un de ceux qui ont voulu cette journée. Je vois le poids de la responsabilité dans son regard.

– J'en suis certain. Les sorciers noirs sont doués pour exploiter les faiblesses d'autrui. C'est ce que la rumeur dit en tout cas. Et le type manifestation pacifique est le genre de chose où ils adorent semer la zizanie. C'est tellement facile quand on peut truquer la partie. Même contre les gens comme eux, ils n'hésitent pas à manipuler de la même façon. Alors contre des humains sans pouvoir, un vrai jeu d'enfant.

Heureusement que je sais tourner mes phrases comme les moldus. Ma mère a toujours insisté pour que je connaisse le monde de mon père aussi bien que celui de la magie. Et aujourd'hui, cela se révèle très utile.

– Ce qui est fait est fait. Les regrets ou les remords ne servent pas à grand chose. Le monde est ainsi. Généralement, ce sont ceux qui voudraient la paix qui en paye le prix.

Il n'y avait plus grand-chose à ajouter de cette maudite journée. Personne ne pouvait remonter le temps pour modifier les faits. Car si les sorciers en étaient capables sur une courte durée, cela était une pratique interdite. Bien sûr, je ne pouvais pas le lui dire.

Ensuite, il m'a demandé mon nom après s'être présenté.

– Je m'appelle Daemon Mac Culloch. Je viens d'Ecosse.

J'ai toujours besoin de dire que je suis écossais. Parce que je ne crois pas au royaume-uni. Pourquoi ? Parce que si on y regarde bien, les Anglais passent leur temps à tirer la couverture à eux et à délaisser les autres. Le Brexit en est un exemple parfait chez les moldus. Heureusement, chez les sorciers, on pense un peu moins de la sorte. La coopération magique internationale existe depuis fort longtemps.

– Sinon j'espère que vous irez mieux aussi

C'est là que la petite voix, c'est à nouveau manifesté dans ma tête.

" Tu veux pas non plus lui servir du thé et des sconses pendant que tu y es. Je te rappelle que ce type n'est pas un ami et qu'il supprime les gens comme toi. "

Oui, pendant un instant, j'ai vu un simple être qui était tout aussi blessé que moi. Pendant un instant, j'ai oublié qu'il était un de ces moldus fanatiques alors que je suis un sorcier...

Je ne sais quoi faire. Est-ce que dialoguer avec lui peut me donner une meilleure compréhension de leur idéologie ? Après tout, je n'en sais pas beaucoup si je suis honnête avec moi-même. Peut-être qu'essayer de comprendre peut me donner un nouvel éclairage et aussi me permettre de garder ma couverture de moldu.

– En fait, je dis beaucoup de trucs sans savoir ce qui est vrai ou non. Je ne base que sur les rumeurs que j’ai entendu. Alors que je suis le genre à aimer les faits pour me faire mon idée. J'ai du mal à comprendre le fond du problème.

Oui la carte de l'ingénu. Cela peut aider à me garder en sécurité et à détourner les soupçons...

Fin Décembre 2021.

Je perçois les rouages de la pensée de Robin concernant ce qu'il vient de dire sur le fait que ces sorciers ont fait une erreur en les décrédibilisant. Mais surtout, ils ont renforcé la conviction du Blood sur le fait qu'ils peuvent manipuler les autres à leur bon vouloir. J'aimerais lui affirmer que ce ne sont pas tous les sorciers qui sont imbus de leur pouvoir. Cependant, je grillerais sans aucun doute ma couverture si je le faisais avec tant de ferveur. Il me faut être plus souple. Honnêtement, je ne sais pas quel genre de réaction, Robin aurait face à ce genre de propos. Sortirait-il une arme en étant rempli de haine et de peur ou bien chercherait-il à rester ouvert ? Je reste prudent de ce fait dans mes propos. Malgré tout, je suis bien décidé à partager ce que je pense.

– Certes, toutefois ce n'est pas pour autant qu'ils sont tous mauvais et veulent faire n'importe quoi. Tout comme dans la société humaine, il y a des règles je pense. Certain doivent les respecter, d'autres non. Même ici, il y a des prisons pour les gens qui ne respectent pas la loi. Que l'on soit humain ou sorcier, aucune des deux communautés n'est parfaite. Comme je le disais, il y a des gens bien et mauvais dans les deux camps. Si on y réfléchit bien, ils ne sont pas apparus du jour au lendemain. Ils ont longtemps vécu au milieu de nous sans que nous ne le sachions vraiment. Non ?

Puis pour appuyer ma démonstration, je cite un exemple qui je suis certain ne va pas l'enchanter.

– Je ne pense pas que Hitler a été manipulé par des sorciers ou qu'il en était un. Il n'a eu nullement besoin de magie pour provoquer l'assassina de millions de gens et pour déclencher une guerre mondiale par-dessus le marché.

Je n'enfonce pas plus le clou parce que je ne veux pas de nouveau que la tension remonte. Je n'ai fait qu'énoncer un fait. Après tout, je suis issu des deux mondes. Je suis bien la preuve vivante que nous pouvons coexister. Et d'ailleurs, je ne suis pas un cas unique. Après tout, les sang-mêlés représentent une part importante du monde de la magie. Suivi ensuite par les nés-moldus et en dernier les sang-purs qui sont, de mon point de vue appeler à disparaître. Parce que lorsque j'ai étudié la famille black par exemple en histoire de la magie, j'ai bien vu que ces gens-là faisaient disparaître les branches qui ne leur convenaient pas d'un coup baguette. Cependant, elles continuaient à survivre et à avoir des descendants au sang mélangé. Encore une preuve de plus que cette idéologie était complètement idiote.

Le blood me sort de mes pensées en remerciant sur le fait que j'espère qu'il ira mieux lui aussi.

– Je pense que c'est normal de souhaiter cela. Sinon nous ne serions que des barbares. Le monde est déjà bien assez violent comme ça. Alors si on peut apporter un peu d'humanité dans ce genre de geste autant le faire. Enfin, c'est ce que je pense. Pour moi, humain ou sorcier, je veux essayer de ne pas m'enfermer dans des idées préconçues.

Oui, c'est utopique. Mais cette vision s'impose de plus en plus à moi. C'est pour ça que j'envisage de rentrer dans l'ordre. Car c'est le seul qui prône la coexistante. Et c'est important pour moi. Je ne veux ni voir le monde de mon père ou celui de ma mère prendre le dessus. J'aimerais qu'on puisse vivre tranquillement. Oui, j'ai encore un petit côté naïf qui surgit parfois. C'est peut-être le dernier fragment de l'enfant qui a souffert et qui résiste pour ne pas se coucher dans la nuit infinie.

– Le problème du flou, c'est qu'on ne sait pas où il commence et où il finit. Nous ne sommes pas un monde blanc ou noir. Mais il possède un tas de dégrader de gris. Ce qui est complexe à comprendre par moment.

Puis l'homme me propose d'aller boire un café pour se faire pardonner de m'avoir lâché lors de l'attaque. J'ai un temps de réflexion. Parce que j'ai toujours l'appréhension qu'il découvre que je suis un sorcier. Néanmoins, je refuse de me laisser dominer par la peur.

– Pourquoi pas Robin.

Je le rejoins afin que nous allions dans cette boutique. En marchant, je me demande bien dans quelle direction notre conversation va se poursuivre...

Fin Décembre 2021.

Robin est un étrange blood circle. Je ne sais pas comment l'expliquer concrètement. J'ai remarqué quelques tics durant mes explications en guise de réaction. Le même genre que lorsqu'on m'a fait goûter du café pour la première fois et que j'ai bien cru que j'allais vomir. Il faut dire que c'était amer, fort et l'arrière était désagréable pour moi. J'ai eu beau retenté quelques années plus tard, l'expérience. La seule différence fut que je n'avais plus la sensation de nausée. Toutefois, le reste était identique. J'ai abandonné alors l'idée de me faire à cette boisson sans pour autant l'interdire à mon entourage. Je n'ai jamais fait remarquer que cela me rendait malade.

Puis il me sort que je pourrais être philosophe.

– Sans-façon. Déjà, je sais que ma manière de réfléchir sur le monde est complexe pour les autres, alors me retrouver avec d'autres personnes qui s'amusent à la même afin d'établir des principes. Très peu pour moi. Je finirai par leurs taper dessus et de cette manière, j'aurai le dernier mot sans que cela soit vraiment juste.

Robin m'embarque donc pour aller boire un café. Je suis certain qu'il y aura autre chose que ce breuvage noir infâme de proposer. Je le suis. Nous arrivons et l'homme me laisse entrer le premier. Comme à mon habitude, je commence à détailler les lieux pour repérer les sorties en cas d'attaque. C'est un réflexe que j'ai adopté depuis ce qui s'est passé lors de Piccadily. Dorénavant, je reste plus sur mes gardes lorsque je suis en terrain moldu. Il faudra peut-être des années pour que je me sente sans doute en sécurité.

Puis le cafetier interpelle mon compère. Visiblement les deux hommes se connaissant bien. Ce qui veut dire que Robin est un habitué. J'apprends également sa profession au vu de son surnom ici. Avocat. Merlin a de l'humour sachant que j'hésite entre cette carrière ou bien celle de langue-de-plomb. Enfin, j'ai encore un an avant de devoir prendre ma spécialité dans mon cursus.

Ils échangent des banalités de courtoisie puis Robin me présente. L'homme au comptoir me souhaite la bienvenue. Il m'appelle monsieur ce qui est étrange en devinant que le barista est sûrement plus vieux que moi. Je m'empresse alors de lui dire.

– Inutile de me donner du monsieur et de m'appeler par nom de famille. Daemon tout court suffira largement si ce n'est pas contre la politique de la maison. Je préfère la simplicité si cela ne vous dérange pas.

Je souris pour appuyer ma demande, histoire que celle-ci passe plus aisément. Visiblement, les choses ne sont pas comme ça ici, car il réemploie mon nom de famille pour me demander ce que je dèsire tandis qu'il prépare déjà la commande certainement habituelle de Robin. Je regarde quelques instants le tableau qui est affiché au-dessus du miroir derrière lui et lit rapide ce qui est proposé. Tout ce qui est à base de café est à proscrire. Puis mon choix se résume à un chocolat viennois ou bien un thé. Le genre de chose qui ne fait pas très mature. Néanmoins, je me vois mal commander une despérado orignal et encore moins une chope de bière. Cela ferait trop bizarre. Donc je me résous au second choix.

– Je vais prendre du thé s'il vous plaît.

Oui, ce n'est pas super viril, mais c'est quand moins ridicule que la boisson d'enfant. Puis on est en Angleterre, c'est quand même plus courant que dans d'autres pays. Je lance quand même un regard en coin à Robin voir s'il ne se moquerait pas un peu. Néanmoins, comme je ne le connais pas, je ne veux pas me mettre en difficulté. Même s'il paraît un type bien. Il reste un blood donc un ennemi à mes yeux. Je demande ensuite une fois servi :

– Resterons-nous au comptoir ou irons-nous, nous installer à une table ?

Fin Décembre 2021.

Voilà la démonstration parfaite qui est faite devant vous qu'un Blood Circle peut parfaitement s'entendre avec un sorcier. Certes, les sujets abordés sont quelconques. Toutefois, cela montre bien que la cohabitation entre sorciers et moldus est possible. Ce foutu secret n'aurait jamais dû sortir ainsi nous aurions pu continuer à vivre. Il n'y aurait que ces débiles de mangemorts à continuer à gérer. C'est sûr que c'est bien mieux d'être entièrement soit sans avoir rien à dissimuler. Je ne dirai jamais le contraire. Mais à quoi bon vivre pleinement si c'est pour se retrouver dans un monde en guerre alors que si nous avions continué à cacher la magie, le monde aurait poursuivi son bout de chemin sans toutes ses persécutions, ses crimes et ses combats sanglants. C'est encore plus vrai que les seuls qui peuvent réussir à permettre le retour, c'est l'Ordre du Phoenix. Raison de plus qui me pousse à envisager de plus en plus d'y entrer. J'ai bien fait d'avoir cet échange avec Eirian. C'est sûr, je vais prendre contact avec cette demoiselle qu'il m'a recommandé. Si je décide d'agir, c'est pour apporter ma pierre vers l'édifice de la paix.

C'est quand même incroyablement ma conviction de changement de position. Je pense que si je n'avais pas été une victime de Piccadily, jamais mon raisonnement n'aura évolué de la sorte. J'étais bien trop doué pour faire l’autruche et cela me dérangeait énormément. Je ne vous dis pas que la peur a disparu. Que je suis empli d'un courage infaillible qui m'empêchera d'avoir cette p*tain de boule d’angoisse que je connais si bien depuis la plus petite enfance. Néanmoins, je ferai mon possible pour garder le cap.

Je souris à la remarque de Robin.

– Va savoir. Tout cela dépendra de ton attitude. Alors dans c'est cas-là, ce serait compliqué pour toi et moi de rester en alors dans certaines situations.

Et je m'imagine la scène dans ma tête et du coup, je me mets à rire. Parce que bien évidemment, ça ne serait pas avec mes poings que je cognerai. Un petit petrificus totalus est le tour serait joué. Evidemment, j'aurai aussi recours à un petit Oubliette afin que rien ne change. Parce que malheureusement, je n'ai pas l'espoir de dire qui je suis à Robin vu son allégeance.

Je suis surpris par l’odeur du café que j'arrive à supporter. Il faut dire que mon corps a toujours réagi étrangement à la boisson chaude noire. Des fois, je ne perçois absolument pas son arôme. Tandis que d'autres à peine le parfum chatouille mes narines, que je ressens l'envie expresse d'aller soulager mon estomac dans les plus brefs délais. Enfin ! Cela fait longtemps que je ne cherche plus à comprendre ce phénomène.

Puis le dit Aaron me demande quel type thé je voudrais. Dans ces cas-là, je choisis le plus courant parce que je n'aime pas embêter mon monde avec des demandes rares. Pas que mon thé habituel l'est, mais la façon de le préparer n'est pas conventionnelle pour les moldus. De ce fait, je ne préfère pas me faire remarquer. Cela a suffisamment été le cas tout à l'heure, quand je cognais dans cette maudite palette de bois.

– Je choisis le thé noir Earl Grey avec une rondelle de citron s'il vous plaît, Aaron.

Ainsi, je tente de l'aider à ma manière pour qu'il prenne l'habitude au moins de m'appeler par prénom.

Robin m'annonce que nous allons prendre une table avant même que j'ai pu sortir mon portefeuille moldu, le jeune homme déclare qu'il payerait pour nous deux. Je me dépêche de lui dire :

– Merci. C'est gentil. Mais tu sais, même si je suis étudiant, je suis en capacité de me l'offrir.

Puis il parle de jeux vidéo. Aie. Je sais y jouer. Cependant, ce n'est pas le genre de truc qui m'intéresse. Ce n'est pas à cause de mon appartenance à la magie. C'est plutôt parce que je préfère la compagnie des livres dans un endroit où je peux être en plein milieu de la nature ou me contenter de l'observer si le temps ne le permet pas. Je ne suis pas un Serdaigle pour rien. Bien sûr, l'autre endroit préféré pour cette activité est bien entendu la bibliothèque que ce soit celle de Poudlard ou bien celle du petit manoir que maman a acquis une fois qu'elle m'a récupéré quand j'avais cinq ans. Je vous rassure aucun moldu ne peut le voir. Il y a un charme qui permet de donner l'illusion qu'il ne s'agit que d'une petite maison blanche, typiquement écossaise non loin d'une falaise.

J'ignore la tête que j'ai faite au moment où Aaron a répondu. Et mieux vaut ne pas l'imaginer sinon je sens que je vais être mal à l'aise. Et dans cette situation, j'aurai la mauvaise idée de me renfermer.

Aaron pense que Robin peut perdre contre moi. Il ne peut pas savoir qu'il se trompe. Lui non plus ne sait pas que je suis un sorcier qui n'a pas franchement été très souvent en contact avec ce genre de choses. Peut-être que je réussirai à maintenir une conversation assez agréable pour qu'il se détourne de cette idée. Je le souhaite du plus profond de mon cœur. Et encore, au moins je sais comment ce type d'appareil fonctionne. Merci maman d'avoir tant insister pour utiliser ce genre de matériel. Je suis don Robin tout en discutant...

Fin Décembre 2021.

C'est étrange avec Robin, même si je cache ma nature, je suis beaucoup plus détendu qu'à Poudlard. Je sais que l'homme en face de moi un blood Circle. Qu'il est dangereux. Qu'il a peut-être même du sang sur les mains. Pourtant à cet instant, je ne vois que l'être humain en lui. Peut-être est-ce le fait qu'il soit nouveau dans mon paysage qui permet de diminuer la pression que je ressens ces derniers temps. Certes, l'attaque m'a perturbé. Cependant, il n'y a pas que cela. La nuit, il y a aussi Khelia qui peuple mes songes. Je sais très bien qu'au fond de moi, je ne cesserai jamais de lui appartenir et de l'aimer. Toutefois, si j'ai été si dur, c'est à cause de la peur. Peur de m'ouvrir à nouveau et de rechuter en enfer parce qu'elle choisira encore de m'abandonner.

J'ai parfaitement conscience d'avoir un coup de folie d'avoir cédé à mon envie. J'ai eu tort de faire l'amour avec elle. Seulement, son corps et son être m'avaient tellement manqué durant ces six années, que j'ai agi comme un alcoolique qui trempe juste ses lèvres dans le liquide interdit et au final, se siffle la bouteille ainsi que sa petite sœur parce qu'il en est dépendant. Enfin, ici, dans ce café, il n'y a aucune pression, juste de la taquinerie. Les deux seules personnes avec qui je peux entièrement baisser ma garde sont Brath et Eirian. Mais cela est un autre sujet.

Je n'ai pu m'empêcher de rétorquer en percevant sa phrase :

– L'avenir nous le dira, Robin.

Puis je suis parti dans un grand éclat de rire, chose assez rare. Derrière mon apparence de personne sociable, je suis un solitaire. Je ne me lie jamais qu'en surface à quelques exceptions près.

Le brun a payé l'addition en ajoutant que c'était par gentillesse. Je me suis résolu à le laisser faire malgré mes dires.

– Oui

Je ne précise rien de plus pour éviter de me griller comme une andouille.

"Tu joues avec le feu. Je te rappelle que si tu es suicidaire, sauter de la tour d'astronomie ou prendre un poison et plus simple que de se faire torturer par un blood. "

Evidemment, je prie le parti d'ignorer la petite voix. Je n'ai pas envie que ce moment de vraie insouciance avec cet inconnu s'arrête. J'ai envie de le savourer encore un peu. On en vient à parler de jeux vidéo. Je fais une grimace, car je suis vraiment nul. Pas parce que je ne pratique pas. Néanmoins, si je dois choisir, je préfère la compagnie d'un bon livre moldu ou sorcier. J'aime le toucher du papier entre mes doigts. L'odeur qui s'en dégage et vient me chatouiller les narines. Et, surtout, le fait de pouvoir m'immerger dans un autre monde où je ne suis pas cet enfant battu et terrorisé par son grand-père qui voudrait le voir disparaître de ce monde.

On s'installe enfin à une table. Durant le trajet, j'ai observé le lieu. Il y avait pas mal de verdure et cela me plaît. La nature a toujours eu le don de calmer mes meurtrissures. Il y a aussi des pots de couleurs même si je ne sais pas quel est leur contenu. En-tout-cas, c'est relaxant cette ambiance. Robin s'installe et enlève son manteau. Moi pour le moment, je préfère garder ma veste. Je pose mon thé. J'aime l'odeur qui s'élève dans les airs. J'ai cette tendance à toujours attendre qu'il soit tiède pour le boire. Mon interlocuteur trop impatient prend une gorgée et se brûle. Je souris en voyant sa tête.

– Pour ma part, je ne prendrai rien à manger. Je suis de corvée de mondanité. Et le seul intérêt pour moi dans ces soirées, au grand désespoir de ma mère, c'est la nourriture. Le reste me passe au-dessus de la tête.  

Le blood attaque de nouveau sur les jeux vidéo. Je tente de ne pas tiquer sur sa blague sur la magie.

– Ce n'est pas que je suis nul. Disons que ce n'est pas quelque chose qui a fait vraiment partie de mon environnement. J'ai découvert cela quand j'étais au collège en internat. Ma mère m'a plus encouragé à développer mon goût pour la lecture, l'art, la culture et du plein air. En plus, le lieu où je vis est perdu près des falaises écossaises et il n'y a pas grand monde qui y habite.

Pour me convaincre, Robin tente de titiller ma fierté. Cependant, je ne suis pas le genre à tomber dans ce piège et je lui rétorque :

– Si tu tiens à ce qu'on y joue cela ne me dérange pas. Gagner ou perdre à ce genre de chose n'est pas franchement dramatiques. Toi et moi, nous savons ce qu'il est.

" Bien joué. Pour plomber l'ambiance, il n'y a pas mieux que toi. "

Evidemment, lorsque je me rends compte de ce que je viens de dire, j'ajoute :

– Pardon. Je ne voulais pas dire ça. J'ai une tendance à naturellement à être maladroit.

Fin Décembre 2021.

b]Fin Décembre 2021.[/b]

Noël... Cela a toujours été une période étrange et complexe pour moi. Je n'ai jamais eu droit au genre de fêtes qu'il y a dans les films moldus. Celle avec le grand repas de famille autour du bon repas accompagné d'une maison démesurément décorée. Non. Cela s'est toujours résumé à ma mère et moi durant mon enfance. Certes, elle tenté de garder quelques plats particuliers. Mais son cœur n'y était pas. Je sais que cette période est extrêmement délicate pour Merope. Pourquoi ? Car elle a rencontré mon père, Liam, à ce moment des festivités. Elle ne m'a raconté que très rarement comment tout s'était fait entre eux. Souvent, ses yeux brillaient comme si elle allait pleurer. Chose qui n'est jamais arrivé en ma présence. Elle n'avait jamais participé à tout ce cérémoniale avant. C'est une de ses amies sang-mêlés qui l'y avait convié. Bien sûr, elle ne pouvait pas rester longtemps. Mais lorsqu'elle avait pénétré dans la demeure de son ami, tout semblait féérique. L'odeur d'orange et de cannelle embaumait partout. Ses yeux se sont posés alors sur un beau gaillard écossais. Comment elle l'a su parce qu'il portait un kilt. Immédiatement, un lien fort s'est créé entre eux. Elle a l'a trouvé spirituel. Lui, était fascinée par cette fille élégante et pourtant qui semblait mal l'aise dans ce décor. Il la voyait observé tout son environnement comme si elle découvrait pour la première fois le monde. Et d'une certaine manière, c'était bien vrai. Chez les Avery, on ne fait rien de particulier pour Noël. Cependant, cette ambiance était un ravissement. A la fin, ils étaient amoureux. Elle était en dernière année. Lui, en deuxième année à Oxford... *

Puis les choses se compliquaient à cause du monstre. La fuite, leur a paru la seule solution pour qu'ils soient ensemble. Mon père a renoncé à tout pour elle comme elle pour lui. Ils se sont mariés. J"ai débarqué. Papa a disparu deux ans plus tard. Et le monstre nous a rattrapé. Puis la suite, vous la connaissez...

Je respire pour oublier. Je me sens toujours en partie responsable de la disparition de mon père. Comme on dit le complexe du survivant. Depuis cinq ans, ma mère organise une soirée de charité pour ses œuvres. Prétexte aussi pour être occupé voir débordé pour ne pas penser à ce passé qui nous hante. Et pour lui faire plaisir, je me soumets à ce ménage. Elle me demande si rarement quelque chose, que je me vois mal lui refuser. Et puis ça permet d'aider les autres ce qui n'est pas si mal. On va dire que c'est ma béa pour racheter ce que je suis devenu. Une manière de montrer qu'il reste encore un peu de l'ancien Daemon.

Puis d'une certaine façon, Robin me coupe dans cet instant fugace de songe en prononçant le mot magique.

– Les Highlands... Tu as raison. Il n'y a rien de mieux que ces vastes collines et montagnes entre couper de loch où l'herbe et la bruyère rependent leur parfum. On dirait que le temps s'y est arrêté lorsqu'on ne croise personne. Puis au détour d'un de ces chemins de pierre, tu peux tomber sur un berger avec son troupeau de brebis. Quand tu sens le vent sur ton visage, on a l’impressionne de respirer la liberté. Tout paraît plus clair et simple. Sans aucun doute, c'est là-bas que je continuerai à vivre quand j'aurai fini mes études.

Oui, les paysages de mon enfance me manquent ces derniers temps. Cependant, j'ai choisi de prendre une voix, ces derniers temps, qui ne me permettent pas d'en profiter. Depuis ma discussion avec Eirian, je suis de plus en plus convaincu que l'ordre est la bonne décision même si quelques hésitations existent encore.

Sa dernière remarque me faisait tiquer. Et étrangement, me faisait penser à la situation de ma mère.

– Oui, parler est important sans doute. Cependant, des fois, il y a des choix que l'on se doit de suivre même si cela déplaît aux tiens. Tout simplement parce que tu sais que c'est juste et parce que tu sais que c'est cette voie-là que tu dois suivre. J'ai appris très tôt que le monde ne se divisait pas dans les bons ou dans les méchants. Il est bien plus imbriqué que cela. Néanmoins, il y a une chose que ma mère n'a jamais cessé de me dire. C'est de ne jamais m’abaisser devant un plus fort lorsqu'il pense avoir raison alors que c'est faux. Des fois, il y a des décisions que l'on doit prendre et qui auront des conséquences sur tous les aspects de nos vies. Mais il ne faut pas hésiter même si cela est dure. Car il n'y a que comme cela qu'on peut se regarder en face dans le miroir le matin.

J'ai un sourire un tant soit peu ironique. Pas envers mon interlocuteur, mais bien pour moi.

– Malheureusement pour moi, je n'ai pas encore ce courage sur de nombreux aspects. Malgré le fait que je sache parfaitement les chemins que je devrai prendre. La théorie est bien plus aisée que la pratique. Néanmoins, l'attaque m'a permis de remettre certains trucs en perspective. Toutefois, ce n'est pas complétement encore limpide dans mon esprit.

A ce moment, je bois une longue gorgée de thé. Cela me permet de me redonner une contenance et aussi de me calmer. Oui, même si je suis écossais. Certaines traditions britanniques ont fini par imprégner la culture de ma nation.

Puis Aaron est venu couper ce moment d'introspection. Ce qui n'était pas plus mal. Robin réclama alors ses cookies et le serveur me questionna à mon tour.

– Rien de plus pour moi.

Ces derniers temps, j'ai tendance à être moins un estomac sur patte.

– En attendant tes gâteaux, que faisons nous maintenant cher monsieur ?