• • • Les mains derrière la tête, je m’étirais dans le fauteuil du bureau que j’occupais au cabinet. Les dossiers s’empilaient de plus en plus ce qui ne me donnait pas un moment de répit. Les cas dont je m’occupais passaient des successions à de la violence conjugale en passant par plusieurs divorces. C’était telle si l’atmosphère tendue causée par la guerre contre les sorciers ne déprimait pas seulement les gens, mais les rendaient aussi plus colériques et frustrés incapables de savoir quoi faire dans telle ou telle situation.
Tout le monde déraillait.

Alors, je ne devais pas faillir pour eux. Je devais être fort et puissant pour protéger et leur dire que tout allait bien aller. Je ne pouvais réellement pas me permettre d’être faible. Je me demande si je ne devrais pas suivre un cours de psychologie songeais-je tout en me redressant pour prendre mon long manteau noir, la journée ayant été bien assez longue alors que Big Ben sonnait 18 h : 00. Pianotant sur mon téléphone pour vérifier l’heure du prochain autobus, mes yeux tombèrent une énième fois sur le beau sourire d’Eliza Johnson. Cela fera trois mois dans deux jours qu’elle partit vivre aux États-Unis : on serait le premier décembre. J’étais heureux pour elle, mais …  Fourguant le téléphone dans ma poche de manteau d’un geste rageur, je sortis du bureau puis, de l’immeuble sans dire au revoir à personne parce que j’étais le dernier hormis bien sûre l’équipe s’occupant de l’entretien. Un vent presque glacial s’offrit à moi en l’extérieur et heureusement, le bus arriva une dizaine de minutes plus tard seulement. Je m’assoyais me rendant compte avoir le cœur lourd. Je ne souriais pas et rien ne sembla prompt à attirer mon attention de l’autre côté de la fenêtre. Alors, en place et lieu de retourner chez moi, je descendais au prochain arrêt. Je marchais un bon moment d’un bon pas pour enfin arriver en vue d’un bâtiment insolite, caché parmi tant d’autres : le QG du Blood Circle.

N'ayant pas encore le cœur à sourire, je me dirigeais d’un pas vif vers mon bureau y déposant manteau et effets personnels. Ensuite, je troquais mes atours d’avocat pour un pantalon en flanelle, mais préférant rester torse nu.

Ressortant de mon bureau, je parcourais les couloirs de pierre simples et éclairés par des fluorescents blancs. Je savais que père n’était pas ici, car occupé au parlement. Je me surprenais, toutefois, de ne pas y voir mes paires mue par une certaine déception et solitude. J’aurais, sans nul doute, voulu parler et surtout m’entraîner avec un ou une amie. Alors, comme si mon vœu s’exauçait, je rencontrais Alexander Terry au détour d’un couloir.

- Salut Alex ! Tu travailles tard aussi dis donc. Je viens de rentrer du cabinet. J’ai bien envie de m’entraîner un peu pour décompresser.

Je le saluais d’une main tout en lui offrant un sourire chaleureux soit rien de ce que mon humeur aurait laissé entendre quelques minutes plus tôt. Hypocrite ? Sûrement, mais je ne pouvais pas faire autrement. Je ne souhaitais pas montrer un moment de faiblesse et encore moins face à Alex. Avec lui, je ne devais pas perdre la face au risque de passer pour un véritable pleutre au sein du Blood Circle. Il était de ceux qui se fichaient des mœurs de moralité et ça semblait même remonter à notre enfance. Il avait toujours été si solitaire, si étrange parmi nous tous enfants des grandes familles du Blood Circle.
Jugeant qu’il revenait des laboratoires, je m’arrêtais pour lui proposer de venir aussi à l’entrainement.

- Est-ce que tu voudrais t’entraîner avec moi ? Ça finirait bien la journée. Je pense réellement avoir trop pensé aujourd’hui.

Que j’affirmais tout en rigolant légèrement me voulant affable. Parler m’amenait à me sentir déjà mieux en place et lieux de ma dépression solitaire. Je ne savais pas du tout si Alex allait accepter, car il le faisait rarement pour de l’entraînement. Je l’espérais toutefois ne serait-ce que pour gagner mon dû, pour une fois, face à lui. S’il acceptait, je devrais filmer pour le prouver quoi.

• • • Rire ? Rire en compagnie d’Alexander Terry ? Plusieurs penseraient ce fait d’impossible. Le jeune homme semblait avoir un balai coincé dans le dos en permanence, l’amusement ne faisant absolument pas partie de sa vie. Il n’y avait évidemment pas que des défauts à apprécier la solitude, moi-même je disparaissais à chaque mois de juillet en Écosse pour marcher seul sans aucun but ni pensé en tête. Après tout, Alexander lui préférait le silence pour alimenter l’ambition d’atteindre son objectif de neurochirurgien. L’étrange personnage peu loquace qu’il était gardait un cercle restreint de connaissances même au Blood Circle, mais je ne doutais pas non plus de ses compétences.
Alors, je riais avec légèreté pendant qu’il se moquait de ma tenue peu couverte.

- C’est pour mieux attraper des filles.

Rétorquais-je du tact au tact tout en prenant une pose de mannequin musclé et stupide. J’étais toujours aussi amusé par sa pique bien envoyée à mon encontre. Je ne savais pas pourquoi, mais l’ambition de le voir sourire, rire et éprouver du plaisir me titillait à chaque fois que nous nous rencontrions.

5 … 10 … 30 …. 1 minute.
Se fichait-il de moi pour ne pas répondre à ma question ? Non, sûrement pas. Encore une fois, il était toujours comme ça. Il semblait aimer se faire attendre décourageant les esprits impatients. Je l’avais été, mais aujourd’hui je le connaissais bien mieux. Haha ! Je baissais simplement les yeux m’attendant à un non catégorique quant à ma proposition d’entraînement en équipe.

Finalement, il accepta. Comme à chaque fois, Alexander ajouta un commentaire et cette fois c’était sur cette manière dont mes pensées tourbillonnaient un peu trop dans mon esprit actuellement. Je ne fus pas plus surpris par sa réponse positive que pour son unique vision de la vie.

- Ouais sûrement, mais les miennes doivent plutôt ressembler à un bordel pas possible en ce moment. Je pensais attraper mal à la tête avant de quitter le boulot ce soir affirmais-je tout en mimant une explosion de mes mains chacune d’un coté de ma tête. Bon, je vais t’attendre à l’entraînement.

D’un hochement de tête stipulant mon approbation, je continuais mon chemin jusqu’à la salle d’entraînement, un lieu qui n’avait plus de secret pour moi. C’était une pièce gigantesque sans fenêtre au plancher de bois verni tel un gymnase d’un côté et d’équipements sportifs de l’autre. Des tapis matelassés étaient aussi parfois entassés près des murs, d’autres fois laissés au sol par les derniers occupants.
Appréciant le calme qui y régnait, je posais la gourde d’eau sur un banc pour commencer à m’étirer.

Tiens, je me rendais aussitôt compte avoir déjà oublié une partie de mes tourments grâce à cette discussion avec Alex. Souhaitant continuer dans cette voie, je fis alors plusieurs types d’étirements pour les bras et les jambes tout en n’oubliant pas le cou partie du corps fragile et, à l’évidence, d’une importance capitale pour la vie. Je me mis alors à courir sur place levant les genoux très hauts pour réchauffer les muscles des cuisses toujours durement éprouvés.

Une dizaine de minutes plus tard, je rejoignais enfin l’un des punching bag pour commencer à frapper tel un ninja en manque de sensations fortes pendant que l’image d’Eliza revenait me hanter, disparaissait puis, reprenait sans empathie aucune.

Puis, je n’étais enfin plus seul à nouveau entendant qu’on entrait dans la salle s’entraînement. Arrêtant de m’exercer, je vis Alexander approcher de ma position. J’avais un large sourire aux lèvres.

- Je suis content que tu ne te sois pas défilé finalement. Faudra qu’on fête cela.

Rigolais-je une fois de plus moqueur. Je pris aussi ce moment de pause pour resserrer les bandes de tissus autour de mes mains et poignets.

• • • L’ironie, le sarcasme que je ressentais dans son ton de voix me faisait sourire. C’était seulement un ressentiment parce que Alex avait, plutôt toujours été comme ça : direct. Une personne qui ne le connaissait pas songerait en son arrogance, à de la condescendance envers autrui. Je savais qu’il n’en était rien, mon pair bien trop franc pour se perdre dans le labyrinthe infernal à se croire au-delà des autres. Ainsi, je ne pris absolument pas sa rétorque à la manière d’une rebuffade tout comme sa pique quelques minutes plutôt quant à mes techniques de séductions en panne. Haha !

Si j’avais ris et déjà oublié la première, je prenais ses propos sur la fête comme un énième défi. Un jour, Alexander Terry participerait à une fête organisée à mes frais, ça je m’en faisais un point d’honneur. En réalité, j’aimais cette légèreté qui s’en ressortais à chaque fois que je passais du temps avec Alex.
Ça m’en faisait oublier ce trop plein de pensées qui, sûrement, étaient toutes importantes à m’empêcher d’être tranquille.

Ne m’arrêtant pas de cogner le punching-bag pour autant, je regardais du coin de l’œil le futur médecin partir à la course habillé de long. S’éloignant de ma position plus ses pas l’amenaient au loin dans cet énorme gymnase d’entraînement, l'écho de ceux-ci me revenait dans les oreilles comme le bruit de mes poings vifs contre le punching-bag, ces derniers évacuant les dernières émotions encore enfouies en moi.

Ainsi concentré, je ne vis pas tout de suite Alexander revenir sur ses entrefaites près de moi et élaborant un plan de match de son propre cru. Il ne me laissait même pas la chance d’y mettre mon grain de sel. Bah, tant pis songeais-je tout en haussant des yeux au ciel.
Et puis bon, qui disait que ce plan ne me plaisait pas ? Moi, ça m’allait parfaitement ! Un point de plus ou de moins, ce n’était pas trop compliqué.

À l’évidence, je savais qu’un combat ne durerait jamais aussi longtemps dans la réalité. Pour un entraînement plus réaliste, j’aurais mis deux ou au maximum trois points. Je ne dis, néanmoins, rien pour lui faire changer d’avis. Après tout, je savais avoir besoin de temps pour me changer les idées, incapable encore d’agir à trier toutes ces pensées comme il l’avait si bien dit.

- Parfait ! Faisons cela.

Sur ce, j’allais chercher deux tapis que j’amenais rapidement côte à côte au centre du gymnase. Honnêtement, je n’avais pas envie de me péter rudement la gueule à cause d’un coup de poing ou de pied que je raterais bêtement. Si j’étais blessé stupidement en entraînement, on le saurait bien assez tôt et on me le ferait regretter par mon incapacité à participer aux choses sérieuses. Même si Alex n’avait jamais pris l’entraînement au combat avec autant de sérieux que moi, il fut tout de même entraîné par Mackenson : comme moi. Je le savais donc doué et surtout sans merci. D’un geste de la main, je l’invitais donc à se mettre en position sur les tapis.

En position, j’attaqua le premier connaissant un peu trop la propension d’Alexander à observer, à analyser longtemps avant d’agir. En des temps plus sérieux, je ferais évidemment comme cela. Après tout, on ne gagnait jamais rien en s’énervant à la tout va et ça et je l’avais compris trop souvent à mes dépens. Actuellement, nous étions toutefois en entraînement et si j’attendais qu’Alex passe à l’action nous serions encore ici à minuit.

Non, non, je n’osais aucun rire. Non, aucun. Rien.

Ok, peut-être un peu.

Je donnais alors un coup de poing simple de type « jab » au corps enchaînant avec un coup de pied fouetté, celui-ci devant désarçonner réellement Alex. Le premier n’était qu’une distraction, car je n’étais pas stupide, mon vis-à-vis le contrerait aisément. Malheureusement, ce fut moi qui fut complètement désarçonné encore un peu sous le choc quelques secondes après m’être retrouvé au tapis.

Je soupirais gonflant mes joues pendant que mes réflexes cherchaient mes erreurs.

• • • La seconde suivante, j’étais donc dos au sol la respiration haletante par l’adrénaline engendrée. Bon, heureusement le tapis avait réussi à faire son œuvre. Malgré tout, je me sentais tout de même sonné. Je ne m’étais vraisemblablement pas préparé à ce qu’Alex pare le coup de cette manière. J’étais agacé aussi même si je tentai de ne pas le laisser paraître en un sourire toujours aussi empli de défi. Obnubilé par mon coup de pied, mes yeux en avaient oublié les mouvements succincts, mais ô combien importants de l’adversaire. Ces actions qui démontraient si vous vous prenez un coup ou pire si le sang giclerait.
Heureusement, je n’en étais pas là.

Je me relevais donc sur les coudes avalant sans broncher ses commentaires sarcastiques quant à ma concentration déficiente ce soir. Sûrement songeais-je en une moue grimaçante allant déformer une seconde le bas de mon visage. J’étais fatigué. Fatigué de devoir me battre et contre des sorciers toujours plus puissants, mais aussi contre un Blood Circle préférant justement ce sang, la violence à toute autre approche. L’espoir faisait vivre toutefois alors que j’espérais en une amélioration le premier décembre prochain.

Je ne savais pas. Je n’espérais pas trop. À trop espérer, on désespérait.

- C’est sûrement ça. Mais non, je continue à sourire et cela juste pour te faire mentir.

Amenant le geste à la parole, je lui offris un large sourire pouvant paraître un peu trop arrogant si on pensait à la situation dans laquelle j’étais actuellement. Non mais, il fallait arrêter d’être sérieux là ! Je n’étais pas contre un sorcier souhaitant me démembrer puis, ranger mon corps par catégories dans des fioles de verre. - Étrangement, j’avais l’impression que des sorciers pouvaient être comme ça. Ils étaient humains après tout et les fous restaient le propre de l’homme – Alors, je n’étais pas sérieux, mais pas du tout. Je voulais m’amuser, jouer tout simplement. J’en avais assez des airs sérieux de mes paires, de mon propre père.
Et puis, je n’avais pas dit mon dernier mot à Alex. Plutôt, je n’avais pas produit ma dernière action. Après tout, ne lui restait-il pas trois points à récupérer pour « gagner » le match ?

N’allant donc certainement pas lui laisser carte blanche pour la suite, je détendis ma jambe gauche pour la passer aussi rapidement que possible sous les siennes dans un magnifique croc-en-jambe. Les mains au sol m’y aidant, tout ne se passa évidemment pas comme prévu. Il fallait y croire probablement ce soir quoi. Tous mes mouvements seraient ainsi, observés bien à l’avance par Alex.

Agacé, mais pas vaincu pour autant je sus m’éloigner vif comme l’éclair de lui évitant alors toute autre attaque sournoise de sa part. Sur ce, je me relevais debout.

- Pas mal. Il faudrait que je mémorise tout cela pour plus tard.

Affirmais-je fier comme un bouc préférant donc appuyer sur un coin positif de cet entraînement. Non, il n’était pas question que j’avoue m’être fait battre par deux fois. Sur ce, je m’avançais à nouveau sur le tapis et de nouveau à la hauteur d’Alex, j’envoya un coup de pied vertical soit d’haut en bas espérant le surprendre tout en lâchant un cri de guerre tel un karatéa.

• • • Le sérieux d’Alexander pourrait être insupportable dans les mêmes circonstances si on ne le connaissait pas. Cet entraînement était une envie de me détendre et non de faire la guerre. Je semblais donc m’amuser face à l’indifférence de mon ami qui trouva toujours un moyen pour amener toute action posée comme une leçon pour la vie. À quelque part, j’appréciais son pragmatisme et son calme à toute épreuve. J’avais ainsi, rarement vu Alexander Terry s’énerver à en bousculer un meuble voire autrui. Bien d’autres de mes connaissances et amis ne pouvaient, néanmoins, pas se targuer d’indifférence en toute circonstance. Donc, est-ce que ses paroles furent un sarcasme ou totalement sérieuses face à mon air de défi ?

Mystère.

Puis, je n’aurais même pas loisir à lui poser la question parce que sinon je perdrais. Et je ne voulais pas perdre. C’était un jeu, mais l’un de ceux où mon orgueil se démesurait considérablement. Croc-en-jambe manqué, je m’éloignais de ses coups pour me rapprocher très rapidement à en courir cherchant là l’effet de surprise. Je savais bien le coup destructeur s’il touchait, mais Alexander était aussi bien entraîné que moi. Il ne serait ainsi, pas blessé … Ou pas trop. Cœur sensible hors de la bataille dirait-on ? Peut-être, mais je m’en fichais bien alors que ma jambe s’élevait très haut pour mon corps d’homme démontrant, par le fait même, ma souplesse.
Dans la descente mue par l’adrénaline, mon talon ne ressentie rien que le tapis sur lequel il atterrit. BAM !
Alexander venait de l’éviter adroitement,

Aussitôt, je sentis son coude heurter violemment ma joue gauche puis, mon nez m’en faisant détourner le regard dans un réflexe pour le protéger coûte que coûte. Cette fois, je n’étais pas du tout sonné, la douleur faisant uniquement son œuvre au travers mon corps tout comme son commentaire s’amenant, lui, à mon esprit un peu ébranlé à me rappeler Erebe Mackenson.

- Erebe alors que me mis à cracher un peu de sang vers le plancher. Tu as mieux retenu la leçon que moi.

Je m’essuyais la bouche avec le dos de la main gauche toujours prêt à gagner se défi même si je perdais déjà 0 – 2. La frustration me gagnait un peu, sûrement aidé par cet orgueil puéril ne m’ayant jamais vraiment quitté. Je savais que cet entraînement me permettait d’en apprendre toujours davantage en cherchant les techniques de mon ami, mais parfois la critique faisait mal. Je prenais la critique, oui ! Dans le feu de l’action, toutefois, la frustration tout comme une certaine jalousie d’être à la traîne m’en aveuglait.

Alors, j’attaquais à nouveau coup de poing après coup de poing laissant une inspiration tout comme une expiration entre chacun pour en augmenter la force. Alex m’avait mis nos entraînements d’adolescents en tête en évoquant notre mentor et donc je me mis à reproduire l’un de ces exercices. Celui-ci équivalait plus en de l’endurance physique pour le cœur, les muscles tant du côté de l’attaquant que du défendeur. Ainsi, si ce dernier manquait de parer un coup, il avait perdu. C’était ce à quoi je voulais aspirer lorsque je donnais finalement un coup de pied vers l’avant, malheureusement bien paré par Alex.

- Pas mal lâchais-je tout en reprenant ma respiration. Tu mènes 2 à 0. Penses-tu pouvoir me toucher deux fois de plus et remporter une victoire nette et sans bavure ?

Rétorquais-je encore sur le coup de ma fierté tout en me forçant à l’être pour lui sans amener frustration et colère de mon côté quant à ma piètre performance. Je me rendais alors compte d’être sortie des tapis que nous avions posé prenant quelques secondes pour y retourner.

• • • Je ne savais pas. Je commençais à devenir un peu trop frustré pour mon propre bien. C’était juste un entraînement. Oui, cela en était juste un … Au fond de moi, je savais qu’il n’en fut pas le cas. Cela ne le fut même jamais. Toute ma vie, on m’a sans cesse rabâché l’obligation d’être discipliné et sans faille peu importe quand et où. Je pensais vouloir me détendre pour une fois, mais trop rapidement cet état de fait revenait hanter mon esprit jusqu’à faire trépigner mon corps à en faire plus. C’était cette frustration qu’ici entre Alexander et moi, c’était lui gagnant le gros bout du bâton. Et moi ? Moi, ça ne me plaisait pas tant que ça finalement même si je faisais de gros efforts pour ne pas le laisser paraître. Ou en tout cas, ce fut jusqu’à maintenant.

Sûrement que c’était la goutte faisant déborder le vase si on me permettait l’expression. Il avait paré mon coup de pied avec brio et sa rétorque me fit complètement l’effet d’un chat s’étant fait caresser dans le sens contraire du poil. Je me hérissais et sûrement une fois de plus par orgueil. De retour au centre du tapis, les poings serrés je devrais regretter mes paroles.

- Je sais bien ! alors que j’explosais tout à coup. Je suis juste un peu fatigué, c’est tout ! J’ai pleins de choses auxquelles penser et celle que je croyais aimer est partie aux États-Unis et j’y pense encore ! Ça me hérisse ! Alors, fais-moi plaisir, laisse-moi oublier tout cela en continuant ce duel.

Sur ce ton courroucé, je n’avais pas cessé d’observer mon ami dans les yeux. En même temps, je ne désirais point revenir là-dessus parce que je sentais n’avoir pas dû crier et m’échauffer à ce point. Je savais que cela fut mauvais pour moi surtout en face d’Alex trop analytique et pragmatique pour son propre bien.

Peu de temps après et à nouveau au corps à corps, Alex et moi nous nous battions et cette fois ce fut une longue séquence. Nos coups étaient durs parés tout autant par nos avant-bras. Malheureusement et une fois de plus, je manquais de concentration pour ne pas m’éloigner assez rapidement et BAM ! J’attrapa un coup de pied en plein visage, celui-ci me faisant tituber quelques secondes. Ainsi, je sus m’éloigner de mon adversaire au moment où je sentais que de continuer comme ça m’enverrait cette fois au tapis. Ma mâchoire était douloureuse, mais rien que je n’aie pas déjà ressenti auparavant tel une fracture ou un sortilège terrassant ma seule volonté à combattre. Les sorciers pouvaient parfois être si fourbes gesticulant rapidement à utiliser cette magie.
Je perdais, cette fois, 0 – 3 et je le savais.

Certes, je n’étais pas vaincu et ce fut dans un sourire presque trop ironique pour ma position que je retournais au combat. Bah quoi ! Je n’allais pas le laisser l’emporter comme ça ! Cela ne serait vraiment pas juste !