« Respire. » Ne cessais-je de me répéter alors que j’étais en train de me préparer. Après tout ce temps, on pourrait croire qu’avec Théo, nous avions dépassé les épreuves les plus difficiles qui nous attendaient et qu’il nous restait que le meilleur. C’était presque vrai, à quelques détails près comme le fait qu’après deux ans et demi de relation, je n’avais toujours pas été présentée à sa famille. Et pour cause. Il n’y avait qu’à voir le fiasco que cela avait été avec la mienne. Si au jour d’aujourd’hui, les tensions s’étaient apaisées, rien n’était plus comme avant. Ma relation avec Théo, avait coûté celle qu’il partageait avec mes parents, sa place de fils au sein de la famille et je ne pouvais pas me mentir, même si j’aimais Théo de tout mon cœur et que je ne regrettais rien et bien je ne pouvais m’empêcher de me sentir responsable de cela. Si d’ordinaire, je me serais attendue à être présentée à sa famille bien plus tôt, Théo m’avait prévenue que cela allait probablement ne pas être un bon moment à passer. Sachant alors qu’il y avait de grande chance que je sois mal accueillis dans sa famille, nous avions repousser l’évènement autant que possible. Mais il n’allait pas pouvoir garder notre relation secrète pour toujours et le moment était venu. Ce serait évidemment mentir de dire que je n’appréhendais pas cette rencontre, bien au contraire, j’étais littéralement une boule de stress en ce moment même. Ma seule façon de le gérer était de me dire que je ne serais évidemment pas toute seule et que je pourrais m’appuyer sur Théo qui serait le seul pilier auquel je pourrais me tenir. Ne voulant pas en faire de trop, mais être tout de même élégante ainsi que faire bonne impression, en espérant que cela soit possible, j’avais opté pour un tailleur pantalon noir et la veste de la même couleur avec top blanc en dessous, relevé mes cheveux dans un chignon et mis quelques bijoux. C’est évidemment, nerveuse, que je rejoignis ensuite Théo.

« Est-ce que ça va ? » Demandais-je en désignant ma tenue sans pouvoir m’empêcher de mordre ma lèvre quelques instants, signe de ma nervosité. Bon Théo serait sans doute capable de me dire que ça allait même si je portais un sac à patate sur la tête, j’en avais conscience, mais en cet instant, j’avais besoin de courage. De ce soutient qu’il s’avait si bien me donner. Ma main allait trouver refuge dans la sienne et ça allais déjà un peu mieux. « Tu ne me lâche pas, promis ? » Une question qui avait beaucoup plus de sens que le simple fait de lâcher réellement ma main ou non, j’avais surtout besoin qu’il me rassure, que quoiqu’il se passe là-bas, il serait là. Au fond de moi je le savais déjà, c’était une évidence, mais j’avais tout de même besoin de l’entendre. Afin de donner une raison aux palpitations que je ressentais dans ma poitrine de s’apaiser, rien qu’un peu. Quand ce fut le moment, cela nous prit qu’un instant pour transplaner devant la demeure des Greengrass. Revenir devant cette maison et surtout devant ce portail en fer forgé, réveillait de vieux souvenir. Si je n’avais pas mis un seul pied dans la maison, en revanche je me souviens très bien très bien de l’annexe et de ce qui se trouvait là-bas. « Si jamais ça tourne mal, est-ce que tu crois que je pourrais me réfugier avec les Occamy ? » Posant ma question, je prenais ce petit air innocent que Théo connaissait bien désormais et papillonnais un instant des cils avant de sourire. Sourire qui restait néanmoins un peu trop crispé, ce qui trahissait le stress qui m’habitait. Pas sûr que l’humour m’aide à me détendre cette fois. Cet endroit représentait aussi notre premier baiser, le début de notre histoire… De beaux souvenirs en réalité, qui réveillait quelques petits papillons dans mon ventre, mais est-ce que cela allait suffire à nous porter chance pour aujourd’hui ? Rien n’était moins sûr.

Alors que nous nous dirigions vers la grande maison, je me souvenais ce que Théo m’avait dit à son sujet la première fois que nous étions venus et cela m’arrachait un sourire, si à l’époque je la trouvais déjà impressionnante, aujourd’hui la sensation restait là-même accompagnée de cette jolie boule au ventre qui ne me quittais plus depuis quelques jours. Après cette journée, la pression pourrait enfin redescendre, en tout cas, je l’espérais, je ne pouvais pas imaginer que ce serait pire. Une fois à l’intérieur, c’était comme si je me retrouvais à présent en apnée, laissant totalement Théo ouvrir le chemin j’avançais avec prudence à ses côtés. « Bonjour, je suis enchantée de faire votre connaissance. » Dis-je lorsque l’ex infirmier à mes côtés me présenta. Les dés étaient désormais jetés, il n’y avait plus aucun moyen de revenir en arrière.

« Oh ton avis est toujours important pour moi. » Répondais-je alors amusée par sa réponse. Déjà parce que si ça n’allais pas, je préférais le savoir et ensuite parce que si ça lui plaisait au moins cela me donnait confiance en moi et aujourd’hui j’en avais énormément besoin pour affronter ce qui m’attendait. Un autre sourire étirait mes lèvres alors qu’il avouait préféré lorsque je faisais des tresses, j’opinais du chef lorsqu’il précisa qu’effectivement ce n’était peut-être pas le bon moment pour une coiffure de ce genre. « Oui je me suis dit que ça ne serait pas très approprié. » Malheureusement, parler de mes cheveux, ne me faisais pas oublier le stress que je ressentais à l’idée de rencontrer ses parents officiellement. Ma main dans la sienne, je posais une question, que je savais idiote, mais j’avais besoin d’entendre la réponse pour pouvoir me rassurer. Evidemment il ne perdait pas l’occasion de me taquiner, ce qui me fis lever les yeux au ciel tout en secouant légèrement la tête. Une fois devant la demeure des Greengrass, la tension que je ressentais ne fis qu’augmenter et alors que des souvenir affluaient, je tentais de me trouver une porte de sortie juste au cas où j’aurais besoin de fuir. Est-ce que ça serait une bonne idée ? Seul l’avenir nous le dirait. Et puisque le but n’était pas de rester éternellement devant le portail, quel dommage d’ailleurs, nous entrions enfin dans la maison. Quoiqu’il se passe ensuite, les dés étaient jetés. Au pire, cela ne serait qu’un mauvais moment à passer n’est-ce pas ? Est-ce que ça pouvait être pire que la réaction de mon père vis-à-vis de Théo ? J’osais espérer que non. Alors que Théo me rappelait de respirer, j’ouvrais la bouche afin de prendre une grande inspiration.

« Je ne promets pas de m’en souvenir jusqu’au bout. » Glissais-je alors tout bas. Sa réponse, dans d’autres circonstance m’aurait fait sourire, mais là, elle arrivait à peine à me dériver pour le coup. Alors que Théo s’avança dans la maison annonçant notre présence, je le suivais au millimètre prêt. L’absence de réponse devait-elle me rassurer ? Avaient-ils oubliés que nous devions venir ? La maison était-elle vide ? Sauf que si la rencontre ne se faisait pas aujourd’hui, elle se ferait plus tard, je préférais encore qu’ils soient là, que ce soit fait une bonne fois pour toute. Je donnais ma veste à l’elfe de maison qui était venu à notre rencontre et continuait de suivre Théo à travers la maison. La dernière fois que j’avais été aussi docile et calme, cela datait de la période qui avait suivi mon sauvetage après la séquestration. Signe de la grande appréhension que je ressentais en cet instant. Finalement nous ne tardions pas à tomber sur la mère de Théo qui était dans le salon. Je savais que le mieux était de m’offusquer d’aucune remarque qui pourrait m’être faite, Théo m’avait prévenue de la manière dont j’allais probablement être accueillis et bien entendu il ne s’était absolument pas trompé, ce dont je n’avais même pas douté. C’est donc pour cela que lorsqu’elle tenta de faire comme si son fils ne l’avait pas prévenue de ma présence, je ne cillais pas et laissait apparaitre mon jolie sourire sur mon visage. Je savais très bien que Théo avait prévenu ses parents et qu’il ne m’aurait pas fait une chose pareille. Sa réponse me fit sourire davantage, j’aurais bien glissé que la cravate lui allait bien, mais je n’osais ouvrir la bouche, sans doute que la remarque ne serait pas bien passée. Alors que sa mère fini par appeler son mari, je remarquais alors le regard de Théo vers moi et alors que j’allais hocher la tête pour lui faire comprendre que ça allait, la phrase suivante de sa mère me fis ouvrir les yeux un peu plus grands, l’espace d’une seconde. La surprise passée, j’offrais alors un autre sourire à Théo, me disant qu’au final, de nous deux, il était peut-être celui qui allait avoir le plus besoin de soutient.

« Je sens qu’on va s’amuser. » Glissais-je alors tout bas avec ironie, près de son oreille afin de n’être entendue que par lui. Evidemment, des copines Théo en avait eu, j’étais au courant. Mais sans doute pas autant que ce que sa mère semblait vouloir faire croire. J’étais tombée amoureuse bien plus souvent que lui d’ailleurs, je serais donc mal placée la ramener sur ce sujet. Son père ne tardait pas à arriver et semblait vouloir suivre le même jeu que sa femme. Et c’était pourtant muni du même sourire et de la même politesse que pour la mère de Théo que je saluais son père à son tour. Ne faisant aucune remarque sur le fait qu’ils insistaient sur le fait que leur fils ne les avait pas prévenus. Sachant pertinemment que c’était faux, mais si je commençais à être pointilleuse là-dessus, je n’allais vraiment pas pouvoir tenir tout le repas n’est-ce pas ? Lorsque la mère de Théo s’adressa finalement à moi, ce fus pour faire une remarque sur la tenue que je portais. Celle-là même que j’avais mis tant de temps à choisir tout en sachant que peu importe le choix que je ferais, cela n’irait sans doute pas. Si j’avais été en robe, sans doute y aurait-il eu autre chose n’est-ce pas ? Que devais-je répondre à cela ? Sans doute qu’elle n’allait pas appréciée si je lui faisais remarquer que c’était un peu (totalement) arriéré comme façon de penser en deux mille vingt-et-un. Je finissais par simplement hausser les épaules.

« Au jour d’aujourd’hui, une femme peu autant porter une robe qu’un pantalon, cela ne me choque pas. » Probablement que ma réponse n’allait pas lui plaire, sans doute que peu importe ma réponse, cela ne lui aurait pas plus de toute façon. Je devais donc simplement faire en sorte de tenter de faire le moins de vague possible, j’espérais m’en sortir jusqu’ici. De plus nous étions en plein mois d’hiver j’avais préféré une tenue plus chaude et confortable pour pouvoir confronter les parents de Théo, mais ce petit détail je le gardais pour moi-même afin de ne pas leur donner plus d’arme qu’ils n’en avaient déjà et préférais m’armer de toute la politesse dont j’étais capable. « La vôtre est très jolie. » Faisais-je alors remarquer pour tenter d’orienté la discussion ailleurs que sur moi. N’étant évidemment pas du tout à l’aise. Je n’étais pas certaine que faire des compliments m’attirerait sa sympathie, mais ça valait le coup d’essayer n’est-ce pas ? Si j’étais tenter de rouvrir la bouche pour glisser un autre commentaire afin d’essayer de déglacer la situation, je me retiens néanmoins bien consciente que tout ce que je pourrais dire, pourrais très facilement se retourner contre moi.