Chatpristi !Vendredi 10 Décembre 2021 | Avec @Khelia AndersonLe mois de Décembre a cette ambiance un peu particulière : d’un côté, le Soleil qui se couche de plus en plus tôt jusqu’à arriver à cette date – 21 Décembre – à partir de laquelle la nuit se fera de plus en plus tard, et de l’autre, les fêtes de fin d’année. L’excitation de cette période un peu spéciale commence à se faire sentir, surtout chez les plus jeunes. Quoique, certains grands aiment beaucoup Noël eux aussi… Il est vrai qu’à une certaine époque, j’aimais ça aussi. Les décorations, les repas préparés avec mes Mamans, c’était vraiment bien. Mais c’est terminé, et pour toujours c’est certain maintenant.
Il y a malgré cela toujours quelque chose d’agréable à l’arrivée du vrai froid : j’aime regarder la neige tomber et tout recouvrir. Bien que les flocons n’aient rien de magique, leur danse aérienne est ensorcelante, hypnotisante. Je pourrais passer des heures devant ce spectacle… Même si pour ce soir, Luna a une autre envie. Certains jours comme aujourd’hui, elle me réclame à sortir pour se dégourdir les pattes. Bien qu’il fasse nuit à l’extérieur, rien ne l’empêche de se promener dans les couloirs. Ceux-ci sont souvent vides une fois la journée de cours terminée, les élèves préférant se détendre dans les Salles Communes avant le dîner.
Par chance pour Luna, nous sommes vendredi : les devoirs peuvent attendre demain. Alors je peux l’accompagner dans les couloirs éclairés tandis qu’elle se fait ma guide du haut de ses petites pattes pourtant bien rapides. Sait-elle réellement où elle va ? Sûrement pas, mais c’est là l’intérêt d’une promenade : marcher sans but précis, et pourquoi pas être surpris par ce que l’on voit. On arrive ainsi aux escaliers, que Luna adore. Sûrement car elle n’a jamais eu à les emprunter alors qu’il y avait des horaires à respecter… Des escaliers qui bougent c’est bien, mais s’ils pouvaient nous aider à nous repérer et à arriver à l’heure, ce serait mieux.
Mais puisqu’il n’y a pas d’autre heure limite que celle du dîner qui est dans un moment encore, allons-y. On descend, encore et encore, menées par un museau qui semble suivre une odeur précise. Qu’est-ce qui l’attire de cette manière ? Je suis certaine que nous le saurons bientôt. Car soudainement, Luna sort des escaliers pour s’engager dans un couloir – je ne suis pas sûre de mon compte, mais je dirais que nous sommes au troisième étage.
« Dis-donc, on va un peu vite pour une promenade là ! » Je tente de ralentir Luna, qui ne fait qu’accélérer : l’odeur se fait plus forte, plus proche.
Je comprends l’attitude de Luna lorsque je remarque la silhouette à côté de laquelle elle décide de s’arrêter : un chat noir et blanc, poils hérissés et queue dressée, se tient face à une statue. Statue certes un peu effrayante, mais qui n’a rien fait, du moins pas de là à se faire feuler dessus par deux chats. Sans se connaître, ils sont d’accord sur un point : cette statue ne leur plaît pas. C’est assez amusant de les voir menacer une statue, quand on sait que celle-ci ne bougera jamais. Mais eux sont peut-être un peu effrayés, alors je les rejoins rapidement.
Une main posée sur la tête de Luna pour lui offrir une caresse réconfortante, je tends l’autre au chat inconnu pour lui proposer de découvrir mon odeur, et pourquoi pas réclamer lui aussi une caresse. En même temps que ces gestes, je m’assoie devant la statue, à même le sol, pour leur expliquer calmement que
« Tout va bien, c’est une statue, elle ne va pas vous faire de mal. » Les deux félins se calment doucement, le noir et blanc accepte ma main et lui réclame des grattouilles en s’étalant sur le sol. Rapidement, Luna l’imite en ronronnant : ils ont sûrement compris.
Ou peut-être ne sont-ils pas entièrement convaincus, car ils semblent malgré tout rester sur leurs gardes. Je dois bien admettre que je les comprends : elle a une curieuse tête, un peu penchée, le dos rond. Ah non, pas rond : bossu. Mais oui, bien sûr ! Comment n’ai-je pas pu la reconnaître plus tôt ? Un livre parlait d’elle, enfin je peux supposer que c’est bien elle. Y a-t-il beaucoup de Sorcières bossues ? À vrai dire, je n’en sais rien. Mais qu’importe ? Les chats n’en savent rien non plus, alors rien ne m’empêche d’expliquer qui est, ou qui semble être, cette personne.
Alors je prends le temps de leur raconter tranquillement ce que je sais : c’est certain, ils seront rassurés ! Et puis, Luna a l’habitude que je lui raconte des histoires, qu’elles soient vraies ou non. Peu importe en soi : elle aime m’écouter, cela se voit à chaque fois à son regard attentif.
« C’est une Sorcière très importante dans l’Histoire de la Magie : elle a découvert comment soigner la Dragoncelle. » Je tourne un instant la tête vers Luna pour lui préciser que
« C’est une maladie un peu bizarre, un peu comme la varicelle mais en pire, on a la peau verte aussi ! »Franchement, les maladies magiques sont très étranges. Avoir des boutons, ça arrive. Mais la peau verte ? Ça ne m’est jamais arrivé. « Et toi, Monsieur Bicolore, tu as déjà vu quelqu’un avec la Dragoncelle ? D’ailleurs, pourquoi t’es tout seul ? » Il faudrait que je lui trouve mieux comme prénom. Mais bon, il a sûrement déjà un prénom, qui a été choisi par l’élève qui s’en occupe. Sauf que je ne le connais pas, et je ne parle pas la langue des chats. Pourtant ce serait bien : il me répond avec quelques miaulements, et moi je ne sais pas les traduire !
Ceci dit, il n’a pas l’air malheureux pour autant, réclamant de nouvelles caresses tout comme Luna. Les deux chats semblent bien ici, alors on va y rester.
« Quelqu’un va forcément te chercher et venir te retrouver. En attendant, quelle est ton histoire préférée ? Pour Luna, c’est La Souris étoilée. » Une histoire que j’ai inventée, bien entendu. Et regardez-la lever la tête rien qu’en entendant le titre, si ce n’est pas la preuve qu’elle l’adore ! Vous penserez sûrement que c’est dû au mot souris dedans, mais je vous assure qu’elle aime écouter.
Je vais vous le prouver en la racontant, après tout,
« Peut-être qu’elle te plaira toi aussi. » Et je souris à notre nouvel ami chat avant de commencer.
« Il était une fois, une petite souris toute grise qui vivait dans le garage d’une maison… Elle aimait sortir, mais pas pour se nourrir : son activité préférée était de regarder les étoiles. Chaque nuit, elle passait des heures à les contempler et à rêver d’aller leur rendre visite. Mais comment faire ? Car cette petite souris ne savait pas voler…» Devant le bâillement du chat bicolore, je me dis que peut-être cela ne lui plaît pas tant.
Mais bon ! J’ai à peine commencé.
« Heureusement, une de ses voisines souris avait entendu parler d’un Sorcier-souris qui savait faire plein de choses magiques. Alors, elle se dit qu’il pourrait l’aider. Il habitait loin, de l’autre côté de la forêt qui était elle-même de l’autre côté de la ville où était sa maison, mais petite souris était bien décidée à réaliser son rêve. Après avoir rempli un petit sac de provisions, et elle partit ! » Et ainsi, petit à petit, je commence à raconter les diverses aventures vécues par cette petite souris voyageuse.