Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Ces derniers mois avaient été douloureux pour Amber et elle n’avait pu en parler à personne. Évidemment, elle avait échangé des hiboux avec Elise et Helios, mais elle n’avait pas pu leur partager le piège dans lequel elle se trouvait. Sa famille avait surveillé ses lettres pendant des mois et elle avait été incapable de partager ses difficultés.
Le jour même de l’obtention de son diplôme, son grand-père Torin était venu la chercher dans la demeure familiale. Il avait prétexté avoir préparé un dîner en Australie pour fêter son entrée dans l’âge adulte et elle avait été stupide au point de le croire et de le suivre à l’autre bout de la planète. Tobias n’était plus là pour la protéger des manigances de sa famille et son grand-père avait entouré son domaine d’un bouclier qui empêchait tout transplanage.
— Il est temps. — Temps pour quoi ? répéta-t-elle, les sourcils froncés. — Tu es peut-être neutre à Londres, mais tu viens d’une famille de Sans-Noms et il est temps de commencer ta formation.
Amber avait essayé de s’enfuir, de protester, de transplaner, mais toutes ses tentatives avaient échoué. Elle avait été enfermée dans une chambre pendant des semaines, des semaines durant lesquelles elle n’avait pas pu partager la moindre information à ses proches. Sa baguette lui avait été confisquée et elle s’était montrée de plus en plus piquante envers son grand-père.
— Cesse de te comporter comme une gamine, Amber. Tu sais très bien que ton avenir est auprès de ta famille. Ces moldus ont pris bien trop leurs aises, ces dernières années, et cela doit cesser. Tu nous représentes à Londres, maintenant que ton frère est parti à New-York, et que Thorfinn n’est plus de ce monde. Alors comporte-toi comme une Towsen et cesse de pleurnicher, tonna-t-il d’une voix sévère qui glaça le sang d’Amber. Si tu veux sortir d’ici, tu devras finir ta formation. Tu dois t’endurcir. Tu n’as plus d’école et tu n’as pas encore de métiers. Personne ne t’attend nul part et moi, j’ai tout mon temps.
La sorcière foudroya son grand-père du regard. Elle avait envie de le défier, mais elle savait qu’il ne plaisantait pas. Après tout, Thorfinn tenait bien ses méthodes d’éducation de quelqu’un. Torin était en train de lui prouver que son propre père n’était qu’un diablotin à côté de lui.
— Tu as une semaine. Après, ce sera sous la contrainte.
La semaine suivante, Amber l’avait suivi sans la moindre volonté. Elle se trouvait face à un moldu ligoté sur une chaise en bois.
— Tues-le. — Quoi ? Non ! s’exclama-t-elle en se retournant d’un bond en direction de Torin.
Il lança un sort et Amber se retrouva projeté contre un mur. Une force invisible l’avait décollé du sol et elle peinait à respirer, comme si une main invisible l’avait étranglée. Son grand-père l’avait renvoyé dans sa chambre et avait réessayé le jour suivant. Cela avait duré six jours avant qu’il ne passe au Doloris. La jeune femme avait tenté de lui tenir tête, le corps meurtri par les coups et lacérés.
Les semaines passèrent et elle avait fini par céder. Amber s’était retrouvée dans un état entre la folie et la dépossession de son propre corps. Elle ne savait pas combien de temps s’était écoulée depuis son arrivée dans cette chambre, mais sa colère était montée. Cette fois-ci, au lieu de la diriger contre son grand-père, elle le dirigea contre un nouveau moldu qui avait été ligoté. Au départ, elle lui fit subir le Doloris de longues minutes.
— Très bien, murmura Torin dans son dos. Maintenant, tues-le et tu n’auras plus à rester enfermée dans cette chambre.
Pendant un instant, sa raison tenta de reprendre le dessus, mais la fatigue la fit taire. Elle voulait rentrer à Londres et le seul moyen d’y arriver était de faire ce qu’on attendait d’elle. Elle tua donc ce moldu. C’était la première fois qu’elle utilisait l’Avada Kadavra.
Les semaines suivantes, les exercices de ce type se multiplièrent. Puis elle fut envoyée au front. Une mission des Sans-Noms. L’attaque d’une base emplie de moldus qui cherchait à soumettre les sorciers.
Sa dernière sortie, Torin lui confia les rennes. Elle devait gérer tout un groupe de Sans-Noms et préparer la stratégie d’attaque. Si la mission était un succès, elle obtiendrait la marque de ce groupe extrémiste et serait renvoyée à Londres. À cet instant, ses pensées se tournèrent vers Raphaël, Jonas, Elise, Aodhan, Helios… Elle voulait les revoir. Elle voulait quitter cet enfer. Pour ça, Amber devrait devenir le diable incarné et elle ne broncha pas.
Mi-octobre. Amber était enfin de retour à Londres. Elle se tenait devant son miroir et observa les multiples coupures sur son avant-bras, sur son ventre et sur ses jambes. Elle se tourna et observa la marque des Sans-Noms qui avaient été apposés en dessous de son épaule. Un soleil qui croisait une demi-lune. Cette vision lui donna la nausée. Quand elle repensait à tout ce qu’elle avait dû faire, elle avait honte de ne pas s’être battue davantage. Elle se sentait faible alors que Torin pensait l’endurcir. Les larmes lui montèrent aux yeux, mais elle les essuya d’un revers de main. Ce matin, elle voulait simplement rendre visite à Helios et oublier tout ce cauchemar.
Elle lui avait envoyé des hiboux, mais elle n’avait pas pu être honnête avec lui. Elle lui avait fait croire qu’elle passait de merveilleuses vacances en vacances, ce qui n’était pas le cas. Dans un soupir, Amber enfila un pull bordeaux, bien trop chaud pour la saison, mais qui permettait de cacher sa peau. Elle attrapa son jean noir, une paire de bottes et se mit en route pour le manoir des Carrow.
Le vent contre son visage lui fit du bien. Son esprit était ailleurs, si bien que le trajet passa à une vitesse phénoménale. Elle se trouva enfin devant la maison d’Helios. Devait-elle frapper ? Et si elle tombait sur sa mère ? Amber ne voulait pas que la situation soit embarrassante… Son regard émeraude se déposa sur une gouttière et pendant un instant, elle pensa que c’était une bonne idée de l’escalader jusqu’à la chambre de son ancien camarade.
La jeune femme ne s’attendait pas à se retrouver à la moitié du tuyau, en train de pester parce que les prises n’étaient pas faciles, quand une voix retentit derrière elle.
— Je peux savoir ce que vous faites ici, Mademoiselle Towsen ? — Je… Bonjour, Madame Carrow. Je voulais rendre visite à Helios. — Et bien, je vous en prie. Passez par la porte d’entrée ou continuez à escalader et profitez-en pour retirer les feuilles mortes coincées là-haut.
Le rouge monta aux joues d’Amber et elle jugea préférable de rebrousser chemin. Elle s’avança en direction de la porte d’entrée avec l’envie de retourner d’où elle venait (le manoir des Towsen, sûrement pas l’Australie).
— Peux-tu prévenir Helios qu’une amie qui escalade des gouttières est là pour le voir ? demanda Meredith à un elfe de maison. Je vous en prie, ne restez pas dans l’entrée.
Elle lui fit signe de rentrer et Amber ne protesta pas. La femme lui donna les indications pour se rendre dans la chambre de son fils et elle la remercia, pressée d’échapper à son regard. La sorcière n’avait même pas cherché à voir si elle était amusée ou outrée par son comportement. Elle voulait échapper à son regard.
La sorcière monta les escaliers et s’approcha d’une porte entrouverte. Elle n’avait pas prévenu Helios de sa venue et elle espérait ne pas le déranger. Elle toqua deux fois et se risqua à pousser la porte en bois.
— Helios ?
Il se tenait là. Au milieu de la pièce. Un sourire franc naquit sur les lèvres de la Towsen et elle s’avança vers lui pour le prendre entre ses bras. Elle n’était pas très démonstrative en temps habituel, mais elle avait besoin d’un contact chaleureux. Après tous ces mois de souffrance, elle avait besoin de se sentir vivante à nouveau. Elle n’avait pas posé d’étiquette sur sa relation avec Helios, mais elle savait qu’elle avait besoin de lui dans sa vie et qu’il en était devenu une part importante au fil des mois et des années. Plus rien ne comptait à présent. Ses douleurs étaient restés sur le pas de la porte. Ses traumatismes, également. Il n’y avait qu’eux, au milieu de cette chambre, et elle espérait que le sorcier ne chercherait pas à la repousser. Amber avait besoin de lui. Plus que jamais.
Helios avait commencé depuis plus d’un mois son nouveau travail à Sainte-Mangouste. Il était plus qu’enthousiaste et se sentait pousser des ailes. Il était dans son élément et adorait vraiment ce qu’il faisait. Il pouvait prendre son air important et sérieux, tout le monde le respectait. Bon pas tout le monde : les plus vieux medicomages le voyaient comme une farce. Il n’arrivait pas bien à se l’expliquer mais il sentait des regards sur son dos quand il passait dans les couloirs ou en salle de garde. Il n’y avait vraiment qu’avec Alexis qu’il pouvait discuter sans avoir la désagréable impression d’être moqué. Cela passera Helios, tu es le petit nouveau. Un autre prendra bientôt ta place et tu pourras alors rejoindre le groupe pour te moquer à ton tour lui avait dit sa mère lorsqu’il avait rapidement abordé le sujet. Meredith savait de quoi elle parlait. Elle connaissait les liens sociaux aussi surement que la justice magique. Helios avait donc pris son mal en patience, s’appliquant à réaliser un travail sérieux.
Il était en repos ce jour et profitait d’une grasse matinée bien méritée. Il avait passé la nuit précédente à essayer de sauver la vie d’une pauvre fille qui avait abusé d’onguent de Bubobulb. Sans son intervention, elle aurait été défigurée pour le reste de son existence… Tout ça parce qu’elle avait voulu éviter trois boutons… Helios ne comprendrait jamais la stupidité des gens… Mais comme sa mère disait, s’il y a des gens aussi intelligents que les Carrow, il doit y en avoir quelque part des inversement proportionnellement stupides. Meredith Carrow était plein de sagesse. Alors que la grande pendule de l’entrée sonnait treize heures, et après un brunch au lit, Helios se décida à s’habiller et descendit dans le petit salon pour jouer quelques morceaux au piano. Cela le détendait après la pression qu’il portait à l’hôpital.
Se décidant à changer d’activité, il monta à l’étage dans la petite bibliothèque afin de profiter d’un repos bien mérité et d’un feu de cheminée. Alors qu’il finissait un chapitre, l’elfe de la maison s’approcha de son maître la tête baissée. « Maître Carrow, Madame votre Mère vous indique qu’une de vos amies qui escalade des gouttières est là pour vous voir. » Helios leva un sourcil devant cette information qui ne ressemblait à aucune de ses connaissances. Il se leva malgré tout en entendant des bruits de pas dans l’escalier. Dire qu’il s’attendait à tout serait un euphémisme. On toqua à la porte et il reconnut une voix familière. La porte s’ouvrit et Amber apparut dans l’encadrement. Surpris, il le fut encore plus lorsqu’elle lui sourit et l’enlaça. Ne sachant pas très bien quoi faire de ses bras, il les passa doucement autour d’Amber. Quelque chose clochait mais il ne savait pas quoi. Pourtant Amber et lui s’étaient écrits à plusieurs reprises et elle ne semblait pas aussi demandeuse d’affection. Mais enfin, qui n’aurait pas eu envie de revoir Helios Carrow ?
Après quelques secondes ainsi enlacé, Helios se détacha lentement pour tenter d’apercevoir le visage d’Amber. « Bonjour jolie brune. » Il lui sourit. « Alors comme ça on escalade mes gouttières ? Dis moi que c’est ma mère qui t’as vu que je me moque un bon coup… » Son sourire ne disparu pas de son visage et il continua encore quelques secondes à l’étreindre avant d'à nouveau prendre la parole. « Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Tu sais qu’en prévenant, j’aurais pu t’ouvrir la porte hein. » Il l’attira à lui pour l’empêcher de lui renvoyer une pique et chercha ses lèvres pour l’embrasser. « Mais je suis ravi de cette surprise, tu me la refais quand tu veux ! » Il la mena ensuite vers le canapé et, après avoir enlevé le livre qui les empêchait de s'installer, il continua leur discussion. « Tu veux boire quelque chose ? Un thé ? Un café ? » Il ne fit pas tout de suite attention à l’expression d’Amber. « Vas-y je te laisse dix minutes pour que tu me racontes tes incroyables vacances au pays et ensuite je te parle des affreux collègues que je me coltine à Sainte-Mangouste ! Deal ? »
Cette surprise était véritablement une bonne surprise. Helios était ravi de voir Amber. Ils se comprenaient et peut-être même pourrait-elle lui donner son avis quant au comportement à adopter face aux insupportables qu’il côtoyait au travail. Il n’était pas sûr de pouvoir supporter que la sorcière lui raconte à quel point son voyage en Australie avait été formidable alors que lui était resté coincé à Londres. Certes il aimait son travail, mais il n’aurait pas dis non à un petit voyage de l’autre côté du monde, au soleil, afin de faire une pause avant de se lancer dans une carrière qu’il avait attendu toute sa vie.
Amber savait que cette aventure la changerait à jamais. Elle avait tué à de nombreuses reprises. Elle avait dû le faire pour sa survie, pour revoir ses proches et retrouver sa liberté. Elle en avait terriblement honte. Pourtant, elle ne culpabilisait pas. La sorcière savait qu’elle avait toujours eu cette part d’ombre en elle. Elle était toujours parvenue à la faire taire, mais sans Tobias à ses côtés pour la protéger, elle devait faire ce qu’elle avait à faire pour survivre dans ce monde terrifiant. Ses pensées se tournèrent vers Jonas et Raphaël. S’ils savaient… Ils auraient tellement honte d’elle. Elle avait tué des moldus qu’elle pensait innocent, pour le plaisir de son grand-père et parce qu’il était la seule personne à la terroriser plus que son père. Thorfinn n’aurait jamais tué un de ses enfants. Il était mauvais et violent, mais il avait conscience de ce lien de parenté. Torin n’avait aucun scrupule. Il était dépourvu de toute empathie et n’avait aucune honte à éliminer un membre de sa famille qui ruinait sa réputation.
Par chance, la sorcière était persuadée que Meredith ne le connaissait pas et qu’elle n’allait pas lui répéter cette drôle d’intrusion dans leur domaine. Sa mère, en revanche… Elle risquait d’en entendre parler à un futur dîner et cette idée la fit grimacer. Tant que Torin ne l’apprenait jamais…
Les bras enroulés autour de la taille d’Helios, elle vint nicher sa tête dans son cou et huma son odeur. Amber était heureuse de retrouver un endroit où elle se sentait en sécurité, même si elle ne sortait pas officiellement avec lui. Il la faisait se sentir libre et bien dans ses baskets. C’était tout ce qu’elle demandait depuis son retour au pays.
— Tu m’as manqué.
Elle ne pensait pas prononcer ses paroles un jour, parce qu’Amber ne s’attachait à personne en temps normal. Dans l’état où elle était, même ses pires ennemis lui avaient manqué. Sa vie à Londres et les ennuis qui allaient avec, mais qu’elle pouvait gérer, parce qu’ils restaient à son niveau. Ce qu’elle avait vu en Australie dépassait tout entendement. Elle était devenue une Sans-Nom et le tatouage qu’elle portait au niveau de son omoplate lui donnait la nausée. À cette pensée, elle la sentit la brûler et dut se dégager de l’étreinte d’Helios, tout en tentant de maîtriser une grimace de douleur. Dès qu’elle voulait l’oublier, la sensation de brûlure se réveillait, comme si elle était condamnée à accepter cette nouvelle condition.
— Crois-moi, j’aurais préféré que ce soit ton elfe de maison qui me tombe dessus, avoua-t-elle entre la gêne et l’amusement. Et sinon ça ira, je n’ai pas très soif.
Silencieuse, elle suivit Helios jusqu’au canapé et s’assit à ses côtés. Elle avait appris à relativiser certaines choses. L’intervention de sa mère était plus amusante que terrifiante. Elle avait l’impression que les petits tracas du quotidien n’en étaient plus vraiment. Pas après les jours de torture et d’Imperium qu’elle avait subis.
— Et si tu me racontais plutôt comment se passe ton travail ? On aura tout le temps de parler de moi après.
Une habile façon de ne pas briser l’ambiance. Amber savait qu’elle serait obligée de lui en parler. Si leur rencontre dérapait sur le plan physique, comme ils avaient l’habitude de le faire par le passé, il remarquerait bien vite ses cicatrices et le tatouage indélébile qui trônait honteusement dans son dos.
Comme si elle craignait qu’il puisse lire son inquiétude sur son visage ou dans ses pensées, elle s’empressa de déposer un baiser sur ses lèvres, qu’elle fit durer quelques secondes avant de s’éloigner.
— J’espère que tu ne m’as pas trouvé de remplaçante, pendant mon absence ! s’amusa-t-elle. Sinon tu n’auras plus souvent d’étonnantes surprises comme celle-ci.
Elle lâcha un petit rire en sachant très bien qu’elle avait été complètement ridicule sur cette gouttière. Amber aurait pu trouver mille autres façons de contacter Helios. Des cailloux contre sa vitre, un balai, un patronus… Elle était partie trop loin dans son imagination. Comme quoi le Choixpeau ne l’avait pas envoyé dans une maison qui ne correspondait pas à sa personnalité ! Cette pensée lui décrocha un sourire. Cette époque d’insouciance lui manquait, parfois. Ils avaient grandi si vite. Helios et elle ne se planquaient plus derrière des livres de bibliothèque. Elle était chez lui, ce qui était une grande avancée !
Ils n’avaient jamais vraiment définis leur relation tous les deux. Amber et Helios ; il y avait quelque chose de tacite mais de réconfortant. Pas de label, pas d’obligations, mais une envie mutuelle de passer du temps ensemble. Helios n’avait aucune envie de se lancer dans une grande et longue relation, pas lorsqu’il était encore dans ses années de liberté. Mais pouvoir compter sur Amber et plonger son visage dans la chevelure de la jeune femme, faisaient partie des petits plaisirs dont il ne rechignait pas à profiter. De l’amour entre eux ? Helios n’aurait su le dire, il n’avait jamais pris le temps de se poser ce genre de questions trop dangereuses. Il préférait reconnaître une affection certaine mais rien de plus. Un cœur de pierre ? Au contraire, Helios était un véritable cœur d’artichaut et avait suffisamment souffert, sans pour autant le laisser paraitre ; la réputation avant tout. Il fallait mieux ne pas s’attacher au risque d’avoir le cœur déchiré, il n’y avait qu’à voir sa mère. A chaque homme qui avait croisé sa vie, elle en était ressortie forte mais blessée. Helios ne ferait pas ces mêmes erreurs. Même si ce « tu m’as manqué » d’Amber lui réchauffa un peu sa cage thoracique. Il resta silencieux et se contenta d’encore enlacer quelques secondes une Amber qui étonnamment semblait grandement en avoir besoin.
Helios sourit à la remarque d’Amber concernant la personne ayant fait sa découverte. « Je ne suis pas sûr que Tippy ait été un meilleur témoin… Il a tendance à tout raconter à Mère avec force de détails qui sont parfois un brin trop complets. Tout y serait passé, de ta corpulence à la hauteur exacte où tu étais arrivée… » Un sourire moqueur orna les lèvres d’Helios. Ils s’assirent dans le canapé et Helios passa un bras autour de la sorcière. La chemise relevée au niveau des bras du medicomage laissait apparaitre sa marque de Mangemort. Il ne s’en cachait plus, elle faisait partie de lui à présent. Il fut étonné de la réponse d’Amber mais n’en s’en formalisa pas beaucoup plus, il avait besoin de lui parler de ses problèmes. Elle l’embrassa et il sourit devant cette preuve d’intimité. « J’espère que tu ne m’as pas trouvé de remplaçante, pendant mon absence ! Sinon tu n’auras plus souvent d’étonnantes surprises comme celle-ci. » Helios sourit et la rattrapa pour lui voler à son tour un baiser. « D’autres demoiselles à divertir, toujours voyons. Mais une remplaçante pour toi ? Pas dans mes plans immédiats. » Il lui sourit et se réenfonça dans le canapé. « Je veux bien me faire moine quelques semaines si cela veut dire que tu escaladeras ma façade plusieurs fois par semaine Amber… » Moqueur ? Helios ? A peine. Il avait une envie certaine de profiter de ce moment d’intimité sur le canapé pour se rappeler au bon souvenir de sa mémoire corporelle, mais il était peut-être encore un peu tôt pour cela. Il se concentra plutôt sur ses paroles afin de rattraper un peu le temps perdu entre eux. « Alors oui, mon travail… C’est vraiment bien. Je suis ravi de voir que je ne me suis pas trompé de voie. C’est un peu… Rassurant ! Le souci, c’est vraiment mes collègues. A part quelques uns, ce sont des raclures de fond de chaudron… Mais je ne m’en offusque pas. Ils se lasseront et je leur ferai regretter leur comportement lorsque je serai le medicomage en chef de Sainte-Mangouste… Enfin rien de bien étonnant. » Il se recula un instant pour sonder les réactions d’Amber. Il cherchait son approbation qu’en à la catégorisation de ses collègues. « Il n’y en a vraiment qu’une poignée qui sont dignes d’intérêts, Alexis Fawley et Euron Carrow par exemple. »
La conversation reviendrait suffisamment tôt vers lui. Il était très intrigué de savoir ce qu’Amber avait bien pu faire à l’autre bout du globe et ce qui avait pu l’empêcher de le contacter. Helios n’était pas du genre remplaçable ! « Et toi alors ? L’Australie ? Quoi de beau au pays des kangourous ? » Il sourit à sa propre boutade. « Pas un hibou, je commençais à penser que tu m’avais trouvé un remplaçant ! » Fortement improbable, il l’avait déjà dit, Helios Abraham Edmond Carrow était irremplaçable. Mais il comprenait que des sorciers australiens, bien bâtis, pouvaient faire chavirer les cœurs. Il n’aurait lui-même pas rechigné à ces rencontres… Plutôt que de baver sur d’hypothétiques sorciers, il chercha plutôt une réaction de la part de la Towsen. Elle n’était pas dans son état habituel. Il avait suffisamment passé de temps dans sa jeunesse à essayer de la faire sortir de ses gonds pour savoir quand quelque chose clochait. Amber était une des sorcières les plus fortes qu’il connaissait. Cela ne le rassurait pas beaucoup de la voir ainsi. Quelque chose clochait et ce quelque chose risquait de faire l’effet d’une bombabouse s’il ne trouvait pas très vite ce qu’il se tramait…
Amber avait parfaitement conscience du ridicule de la situation, mais elle ne s’en formalisait pas. Elle avait passé un excellent moment à escalader cette gouttière. Elle avait l’impression de faire partie d’un de ses films américains, sauf qu’en général c’était plutôt le garçon qui escaladait pour rejoindre la fille qu’il aimait. Aucun regret, mais un peu d’humiliation. Elle aurait aimé que la mère d’Helios la revoit dans d’autres circonstances et elle n’avait aucune idée de si la situation l’avait agacée ou amusée. Elle était restée assez stoïque. Peut-être se demandait-elle quelle genre de personne fréquentait son fils. Elle n’était pas sûre que Grigory escaladait les gouttières des Carrow… Tant pis ! Il n’y en avait pas deux comme elle et elle n’avait pas été envoyée à Serdaigle par hasard. Son imagination pouvait être débordante.
— Je pense que j’aurais préféré ton scénario, s’amusa-t-elle en rentrant dans la chambre du garçon.
Amber vint poser sa tête contre l’épaule d’Helios pendant qu’il passait son bras autour d’elle. Son regard se déposa un instant sur sa marque. Elle avait préféré arrêter de lutter et de déclencher des débats sur les mangemorts. Elle avait compris qu’il ne changerait pas d’avis, mais cela l’attristait un peu. Elle était certaine qu’il apprécierait Raphaël ou Jonas… Quoi que… Elle se rappelait des propos qu’ils avaient tenus à son sujet. Elle ne savait pas ce qu’Helios avait fait à sa cousine ni pourquoi, mais il semblait être détesté dans cette colocation. Autant dire que la sorcière s’était fait discrète à ce sujet.
— Si je fais ça toutes les semaines, il n’y aura plus rien d’amusant. Non ! Je vais devoir redoubler en ingéniosité.
Elle lui offrit un clin d’œil. Il n’y avait pas de mots sur leur relation, mais Amber avait envie de le surprendre comme elle pourrait surprendre un petit-ami. Elle avait envie qu’Helios n’ait même plus envie de tourner le visage vers une autre fille. La sorcière ne qualifierait pas ça d’amour, mais il y avait un immense attachement pour cet ancien Serpentard et elle avait envie de passer un autre cap dans leurs échanges. Elle ne savait pas encore lequel.
— Je suis ravie que le travail se passe bien pour toi. De toute manière, les autres auront toujours quelque chose à redire sur toi ou sur n’importe qui d’autres. Ignore-les et contente-toi de te surpasser. Ce n’est pas eux qui prendront la décision de te faire évoluer sur ton poste ou non.
Amber releva son regard émeraude dans sa direction et finit par se décrocher de son épaule. Elle resta stoïque à la mention d’Alexis. Elle ne l’avait pas vu depuis le soir où elle avait aidé Tobias à cacher le corps sans vie de leur père. Elle préférait l’éviter et ne pas laisser croire à Helios qu’elles se connaissaient déjà. Elle lui faisait confiance, mais jamais elle ne pourrait mettre Tobias en danger pour cette relation. Le lien du sang primait sur tout le reste. Enfin, uniquement pour son frère aîné… Son grand-père, c’était un autre sujet.
Un sujet qu’elle ne put éviter plus longtemps avec Helios. Elle se mordit la lèvre inférieure et tenta de maîtriser ses yeux qui la brûlaient. Elle ne verserait pas de larmes. Pas pour cet affreux personnage. En temps normal, elle aurait répliqué qu’Helios était facilement remplaçable, rien que pour le taquiner, mais elle n’avait pas cœur à le faire. Elle aurait aimé rien lui dire, mais il était le seul à qui elle puisse se confier depuis son retour.
— Je…
La jeune femme fixa le sol d’un air absent. Elle ne trouvait pas les mots pour parler de ça avec lui. Par où commencer ? Un profond soupir quitta ses lèvres et elle se tourna pour être dos à Helios. D’un geste maladroit, elle fit passer sa chemise par-dessus sa tête et la déposa sur l’accoudoir du canapé. Si elle ne trouvait pas une formule correcte pour lui en parler, l’état de son dos ferait l’affaire.
Il était couvert de multiples cicatrices. Ce n’était pas le signe d’une lutte avec un moldu, mais d’un enchaînement de sorts de magie noire que son grand-père avait exercé sur elle pour l’obliger à coopérer. Elle bascula sa chevelure sur l’une de ses épaules, révélant la marque des Sans-Noms qu’elle aurait préféré ne jamais avoir sur son corps. Cette zone était celle qu’elle détestait, désormais. Une chance qu’elle soit sur son omoplate qu’elle ne voyait jamais.
— Torin… Il m’a forcé à suivre la formation des Sans-Noms. J’ai été enfermée dans une chambre au sous-sol, sans baguette et sans moyen de te contacter. Je n’ai pas reçu tes lettres non plus.
Son grand-père était à la tête de cette organisation. L’équivalent des Mangemorts en Angleterre. Sauf que les attentes n’étaient pas les mêmes. Torin voulait que chaque membre de sa famille soit irréprochable et à chaque écart d’Amber, il l’avait puni à sa manière. Merlin sait à quel point la jeune femme déteste qu’on lui dise quoi faire et qu’elle s’attellerait même à faire l’opposé. Elle était incontrôlable… Jusqu’à ce qu’elle parte en Australie. Amber savait qu’Helios avait les mêmes opinions sur les moldus que son grand-père, mais il ne lui aurait jamais fait subir le tiers de ce qu’elle a subi là-bas. Son regard fixa la fenêtre de son ami et elle se demanda, l’espace d’un instant, si elle ne pourrait pas fuir par la gouttière pour ne pas avoir à affronter sa réaction maintenant que la bombe avait été lâchée.
La journée n’avançait pas exactement comme Helios l’avait imaginé. Une Amber sauvage qui escaladait sa façade, ça c’était bien le genre de choses qu’il n’aurait pas pu prévoir même avec beaucoup d‘imagination. C’était une surprise mais qu’il rangeait dans la catégorie bonne surprise (pas comme découvrir qui était son père par exemple…). Il était heureux de revoir la sorcière après ces longs mois et de passer un peu de temps avec elle n’était pas désagréable. Il n’y avait pas vraiment quoi que ce soit qu’il l’aurait retenu ailleurs aujourd’hui.
A Sainte-Mangouste, il recommençait tout en bas de l’échelle sociale, en bas de la chaine alimentaire de l’hôpital. Il n’était pas tout à fait un étudiant mais il restait un jeune médicomage qui commençait et qui devait faire ses preuves, il n’était pas loin du plancton. Qu’importe. Il saurait faire la différence. Il avait longtemps douté de lui-même, surtout avec son sang. Mais aujourd’hui il avait dépassé tout cela. En grande partie grâce à Grigori et Meredith. Il avait d’ailleurs longtemps hésité à dire à Amber de qui il descendait. Elle avait toujours montré des idées plus progressistes que les siennes, elle n’en aurait probablement eu que faire de ces histoires. Mais une infime partie d’Helios avait peur : peur que malgré ses grands discours, elle ne le regarda pas de la même façon en apprenant ce qui coulait dans ses veines. Alors il se taisait, se disant que ce n’était jamais le bon moment. Il verrait bien plus tard…
Assis dans le canapé, Helios profitait d’avoir Amber dans les bras. Cela lui faisait du bien de la voir, quoiqu’il se rabâchait à longueur de journée. Il sourit à la réponse d’Amber. Effectivement, la sorcière n’était pas du genre prévisible… Il aurait dû s’en douter. Le clin d’œil de la jeune femme fut loin de le rassurer. « Faut-il que je prévois un sort de ralentissement au cas où tu tombes en tentant de passer par le toit ? » Il sourit et lui vola un autre baiser, histoire de faire bonne mesure et d’essayer de mettre un peu de plomb dans la tête de la casse-cou du jour. Il acquiesça à la réponse d’Amber. Ils étaient en phase sur le sujet. Mais cela faisait du bien d’avoir quelqu’un de son côté et qui partageait sa position. « T’as raison. Je ferai ça et bien plus ! » Il sourit à Amber mais elle semblait déjà partie ailleurs. Avait-il dit quelque chose de particulier ? Il haussa les épaules et préféra ne pas s’attarder sur cette histoire. Non l’histoire qu’il voulait entendre, c’était celle d’Amber en Australie, partie à l’aventure avec sa famille.
Le sujet qu’Helios pensait anodin sembla jeter un froid glacial dans la pièce. Il se releva lentement alors qu’Amber cherchait ses mots. Amber ne cherchait jamais ses mots, surtout lorsqu’il fallait rétorquer des phrases bien senties. « Je… » Helios se releva lentement alors qu’elle lui tournait le dos. La rigolade avait fait place à une réelle inquiétude. Que s’était-il passé en Australie ?! Il ne tarda pas à avoir la réponse. Amber enleva sa chemise et alors son dos lui apparut. Il était zébré de cicatrices. Helios avait vu des cicatrices similaires à de nombreuses reprises sur des moldus dont s’occupait son ancien mentor, Rodolphus Lestrange. Il s’agissait de sorts impardonnables et colorés faits pour faire souffrir. Et vu l’état du dos d’Amber, ces sorts avaient été nombreux. Le poing d’Helios se serra sous la colère qui bouillonnait dans ses veines. Il appréciait Amber, et la considérait comme sienne à bien des égards. Et il était furieux que qui que ce soit lui ait infligé ce genre de traitement. Il resta stupéfait devant la marque qu’elle laissa ensuite apparaitre. Il en avait vu une similaire chez Tobias. Il écouta silencieusement les paroles d’Amber. Les Sans-Noms. Thorfinn. La mâchoire d’Helios se serra encore davantage. Il détailla quelques secondes silencieusement Amber immobile. Il approcha finalement sa main et effleura lentement la peau meurtrie d’Amber. Et sans qu’il ne puisse s’en empêcher, il se rapprocha d’Amber et l’enlaça. Il posa son menton sur l’épaule de la sorcière et resserra encore davantage son étreinte. Il resta ainsi quelques instants, prêt à relâcher Amber si elle le lui demandait ou bougeait. La colère montait petit à petit dans ses entrailles et il réussit finalement à articuler quelques mots qui vibraient de rage. « Où est Thorfinn, Amber ? » Il ne savait pas encore ce qu’il ferait de cette information mais à terme, il savait qu’il ferait s’abattre l’enfer sorcier sur cet homme. Cela prendrait le temps qu’il faudrait mais il l’aurait ce salopard. « Rien ne justifie de tels actes sur une sorcière comme toi… Tu… » Il déglutit difficilement. Alors qu’il allait s’emporter, il respira un bon coup. Il fallait être méthodique dans ses actes. « Comment est-ce que tu vas ? » Il ne savait pas vraiment quoi dire d’autre. Il se doutait de sa douleur mais il ne savait pas quoi faire de plus. « Tu veux que je tue ce connard ? » Il était le plus sérieux du monde. En tant normal il respectait les patriarches, surtout des grandes familles. Mais ainsi s’acharner sur sa propre petite fille… Et en un instant le jeune Helios qui demeurait au fond de son être comprit qu’il ne serait plus jamais le maître aux commandes de cet être. Helios avait grandit et il n’était plus aussi innocent.
Amber n’avait aucune idée des tourments qui pouvaient assaillir Helios, quant à ses véritables origines. Et pourtant, si elle les avait su, elle ne l’aurait pas jugé le moins du monde. Au contraire, elle aurait été là pour lui, pour essayer de comprendre son état d’esprit, son ressenti. Elle aurait essayé de lui montrer le bon côté des choses… La jeune femme ne demandait qu’à être là pour lui autant qu’il avait pu l’être pour elle dans le passé.
Elle se rappelait lui avoir avoué son premier meurtre, à la bibliothèque de Poudlard. Il avait toujours été honnête avec elle et c’était exactement ce qu’elle cherchait chez ses amis (ou plus si affinité). Il lui avait permis de mieux comprendre la personne qu’elle était en train de devenir et ne le remercierait jamais assez. Un jour, elle espérait lui rendre la pareille.
— Pas besoin de sort de ralentissement. La prochaine fois, je passerai par ta cheminée, plaisanta-t-elle avec un doux sourire.
Elle déposa ses lèvres contre les siennes. C’était devenu presque normal entre eux, si bien qu’Amber avait fini par oublier comment tout cela avait véritablement commencé.
— Je suis sûre que tu feras de grandes choses, Helios Carrow. Et ce jour-là, je suis impatiente de voir le visage de ceux qui n’ont pas cru en toi.
Elle planta son regard émeraude dans le sien et lui offrit un nouveau sourire qui se voulait encourageant. Elle croyait en lui. Il était investi et allait toujours au bout des choses qu’il entreprenait.
La légèreté du moment finit par disparaître pour laisser place à un vent glacial. Amber avait essayé de retarder ce moment, mais Helios devait savoir. Elle ne pourrait pas lui cacher ses cicatrices éternellement. Elle avait envisagé, l’espace d’une seconde, de s’éloigner de lui pour ne pas avoir à avouer cette partie de son histoire dont elle avait particulièrement honte. Cependant, elle savait aussi que le garçon était son seul pilier depuis qu’elle avait quitté le château. Elle ne voulait pas le perdre comme elle avait fini par perdre ses amis. Elle pensait à Elise qu’elle n’avait pas revu depuis deux ans maintenant et déglutit. Non. Helios devait rester à ses côtés. Il était le seul sorcier à lui faire du bien.
À mesure qu’elle parlait, elle le sentait se tendre. Un frisson lui parcourut l’échine au moment où il toucha ses cicatrices et elle ferma les yeux, l’espace d’un instant. Des visions terrifiantes lui revinrent à l’esprit. Elle pouvait encore ressentir l’humidité de ce sous-sol. La sensation de brûlure contre sa peau qui se déchirait. Les larmes rouler sur ses joues pour venir s’écraser au sol. Torin lui rappelant qui elle était et qu’elle ne pouvait pas se montrer aussi faible. Elle le détestait… Bordel. Elle n’avait jamais autant détesté un homme de sa vie.
— Il est en Australie, pour le moment.
Ce qu’elle ne se doutait pas, c’était qu’il allait débarqué dans quelques jours avec un magnifique contrat de mariage pour elle entre les mains. Son cauchemar était loin d’être terminé et elle le savait. Inconsciemment, elle savait qu’elle aurait dû mal à se détacher de son emprise. Elle se demandait même si elle était assez forte pour le faire.
La colère d’Helios se faisait ressentir. Sa voix tremblait, mais il tentait de se maîtriser. Il contenait sa rage, rage qu’Amber avait fini par intérioriser.
— Je ne sais pas…
Elle n’arrivait pas à mettre de mots sur ses émotions. Elle avait l’impression que Torin lui avait volé cette liberté, celle qu’elle avait sur son propre corps et ses propres idées. Elle pencha la tête sur le côté et vint coller sa tempe contre celle d’Helios. Son regard fixait le plancher de sa chambre.
— Ça aurait été plus simple si j’avais simplement accepté cette formation. J’aurais dû lancer les sortilèges impardonnables qu’il me demandait de lancer. Tuer les moldus et les traîtres qu’il me demandait de tuer… Ça m’aurait évité tout un tas de souffrances inutiles.
Mais ça ne lui aurait pas ressemblé. Amber n’était pas comme ça. Elle n’aimait pas faire souffrir sans raison. Elle avait ses propres idéaux. Elle voulait voir le Blood Circle tomber. Elle était prête à se battre pour cette cause-là. Pas pour celle des Sans Noms. Ce n’était pas son combat. C’était celui de son père et de son grand-père. Elle ne voulait pas être à la tête de cette organisation. Elle ne voulait pas de ces responsabilités. Elle ne voulait pas non plus voir son frère perdre toutes ses libertés pour suivre les pas de Torin et la protéger elle. Toute cette situation lui donnait la nausée… Il y avait des enjeux qui la dépassaient…
— On ne peut rien faire. Torin est inatteignable et très doué en duel. Et puis ce n’est pas que mon grand-père. Il est à la tête de la plus grande association de mages noirs d’Australie. C’est…
Amber avala sa salive et ferma les yeux pour contenir ses larmes. Elle n’osa pas se tourner en direction d’Helios. Elle ne voulait pas lui montrer à quel point il l’avait brisé en l’espace d’un été.