Le froid et l’humidité se trouvaient une place de choix en l’intérieur du manoir. Alors que septembre fut des plus rocambolesque après l’attaque des moldus à la voie neuf et trois-quart même, novembre préférait le calme et l’ennui d’une douce vie routinière. Bran et Deirdre étaient repartis pour Poudlard quelques jours après l’attaque et moi, je m’en étais trop rapidement remis pour y songer encore aujourd’hui, ce 14 novembre 2021. Tout le mois de septembre puis, le suivant par après je tentais d’obtenir des informations quant à l’attaque de la gare. Malgré ma position d’ambassadeur, celles-ci n’arrivaient qu’au compte-goutte m’ennuyant davantage. J’en devenais morose et dépressif obligé, de temps à autres, à me rendre à Lebetem E’ Unicornis pour discuter potions.

Mais tard le soir, j’en continuais le fil de mes pensées tel un incessant recommencement. Que voulais-je ? Débusquer le pourquoi du comment on attaqua le quai neuf et trois-quart ou bien comment on s’y était pris pour ce faire ? C’était bien un peu des deux comme toujours.

Comme l’habitude le laissait entendre cet automne, j’avais passé ma journée dans la cave du manoir entre décoctions pour potions souhaitées si puissantes qu’elles m’en rendraient célèbre comme un prophète et exercices au combat magique et non. Ruby venait me voir à plusieurs reprises me rappelant responsabilités et ce besoin primaire de manger. Elle me rappelait aussi le parchemin arrivé deux jours plus tôt et écrit par la jeune Amber Towsen, sa nièce.

- Merci. Je vais monter dans une quinzaine de minutes me préparer. Toi, tu devrais rappeler aux elfes le menu de ce soir. Je ne veux aucune erreur de leur part.

- Il n’y en aura pas Apollon susurra-elle à mon oreille m’en faisant frissonner. Ne tarde pas trop mon phœnix.

Un sourire pointa à la commissure de mes lèvres pour le surnom qu’elle me donna. Ruby l’utilisait très souvent depuis que je lui révélais mes intentions, le mois dernier, d’être partie prenante de l’Ordre du Phénix. Elle s’en était moqué un peu. Néanmoins, moi j’étais extrêmement sérieux. Ma femme partie, je me mis à tout ranger de deux ou trois coups de baguette magique.

Une vingtaine de minutes plus tard, c’était lavé, vêtu et parfumé que je refaisais mon apparition dans le grand hall du manoir passant directement au salon. Je portais un complet presqu’entièrement noir. Seule la chemise ressortant de derrière la cravate et les pans du veston montraient de la soie dorée. M’assoyant dans un fauteuil et croisant les jambes, je reprenais la lettre écrite par Amber Towsen la relisant lentement. Chaque mot avait son importance j’en étais certain. Les écrits semblaient naïfs, mais l’étaient-ils réellement ? Je ne savais, effectivement, pas pourquoi elle souhaitait parler ni à Ruby ni à moi. Son père décédé depuis près d’un an maintenant, elle devait s’en être remise. Dans un coin de mon esprit, je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’elle avait tout découvert. Ce fut donc sans rien laisser paraître dans ma prose que je lui avais répondu en l’invitant à dîner au manoir.

Le bruit retentissant du métal contre métal à la porte m’indiquait justement son arrivée. Elle avait fait vite compte tenu de l’emplacement du manoir dans le Yorkshire et éloigné des grands centres moldus. Plusieurs se perdaient encore et encore à chercher le manoir Lestrange au cœur d’un bois sombre et effrayant. Brillante songeais-je en souriant un peu.
Je me levais marchant jusque dans le hall au tapis aussi riche qu’il en était chaleureux. L’elfe de maison ayant déjà ouvert les portes, j’entendais la pluie clapoter puis, la belle voix chaleureuse de Ruby s’élevant pour souhaiter la bienvenue à notre invitée.

- Bonsoir miss Towsen. Entrez voyons, ne restez pas sous la pluie.