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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Les poules aux oeufs d'or [Kiara] :: Hogwarts :: Les alentours :: Le Parc
Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Mer 13 Mar - 14:57


Côt, côt ?


Mars 2022

En murmurant un air que j’improvisais au fur et à mesure, je remuais doucement les doigts au fur et à mesure que mes copies passaient devant moi. La magie m’aidait à les corriger sans effort tandis que, de manière peut être négligée, je restais appuyée contre le flanc de Sleipnir. Ce jour de mars était de ceux que je préférais : la chaleur revenait, le printemps se manifestait par touches discrètes là où on savait regarder (dans les bourgeons, les fleurs, aux chants des oiseaux qui revenaient et aux bourdonnements des insectes qui sortaient de leurs léthargies). Bien que vêtue de mon épais manteau, j’avais ouvert les premiers boutons tant le soleil réchauffait agréablement l’atmosphère.
Les copies défilèrent devant moi les unes après les autres alors que je les consultais d’un air neutre en corrigeant les erreurs que je trouvais. Après un moment à rester sur le même parchemin, je vis les autres s’envoler un peu. Je détournais les yeux sur Sleipnir qui s’amusait à souffler dessus avec ses naseaux.

— Hey, ne te dérange pas surtout ! J’avais tout trié.

Le cheval ailé poussa un petit hennissement et me fixa de ses yeux blancs vitreux. Il gonfla fort son ventre et remua un peu son aile contre lesquels j’étais appuyée. Je me redressai pour lui libérer l’aile.

— OK, pardon, tu n’as pas tort.

Comme s’il me comprenait, le Sombral allongea l’encolure jusqu’à mon épaule et souffla doucement. Je lui caressais sa joue charnue en lui embrassant le chanfrein.
Le gynécologue m’avait expressément demandé de faire le moins d’effort possible. C’était exactement ce que je faisais : aujourd’hui, j’avais déménagé mon bureau contre les flancs d’un Sleipnir devenu parfait assistant et soutien. Mon lien avec le Sombral était si étroit que ça ne dérangeait pas le cheval que je reste appuyée des heures contre lui, comme si lui aussi appréciait ces moments de complicités. Entre deux cours, je me contentais de nettoyer les enclos avec ma magie (ce que j’évitais de faire en général), et j’avais demandé à divers étudiants s’ils souhaitaient m’aider en tant qu’assistant. J’attendais à présent les retours de leurs présentations. Si mon mal pouvait les aider à mettre un pied dans le monde du travail, autant joindre l’utile à l’agréable, n’est-ce pas ?
Ainsi, tout à côté des enclos, je me retrouvais assise dans l’herbe verte encore humide à corriger des copies et à préparer mes prochains cours en restant confortablement appuyée sur le flanc chaud du Sombral. Sa respiration lente et profonde m’apportait l’apaisement dont j’avais besoin. Cela m’évitait de penser au pire.
Un pire qui pouvait arriver si je ne prenais pas garde.
M’immobiliser était l’un de mes pires cauchemars, une condamnation. Être séparée de mes créatures fantastiques et de mes dragons pour les mois à venir était un déchirement… mais j’avais été naïve de croire que ça n’arriverait pas.
Je devais me faire une raison.

Voilà pourquoi j’avais convoqué aujourd’hui ma préfète en cheffe dans à côté des enclos, baigné de la caresse chaude du soleil et du bruissement des arbres encore jaune et orange, mais parsemés de verts.

Sans me soucier d’un quelconque retard qu’elle pouvait avoir, puisque je n’avais pas l’heure sur moi, je me remis au travail après avoir déposé un baiser sur les naseaux de Sleipnir qui reposa alors docilement sa tête dans l’herbe. Moi, je remuais pour trouver une meilleure position jusqu’à trouver l’endroit parfait : la tête posée sur l’aile, à moitié appuyée sur l’épaule et le flanc du cheval, je me laissais bercer par sa respiration et les battements de son cœur. Un peu plus et je m’endormirais. Après tout, porter mon propre corps tout seul était déjà une épreuve, alors deux… Je n’osais imaginer mon état dans les mois à venir, mais c’était pour le meilleur, n’est-ce pas ?
Alors que je lisais une nouvelle fiche, je plaçais ma main sur mon ventre sans m’en rendre compte, complètement plongée dans mon travail. J’étouffais même un bâillement, et pour me réveiller, je bus une gorgée d’eau au verre que j’avais préalablement rempli avec la gourde que j’avais déposée à mes pieds.

Tout à coup, Sleipnir releva la tête en poussant l’un de ces hennissements qui ressemblaient à un couinement. Les naseaux en avant, les oreilles redressées, il fixait quelque chose au loin. Moi, je me contentais de baisser le parchemin de devant mes yeux et reconnus immédiatement la silhouette svelte de Kiara Dimitrova. Un petit sourire étira mes lèvres, mais je replongeais dans mon travail. J’avais le temps de terminer cette copie le temps qu’elle ne parvienne jusqu’à moi. Ma main quitta mon ventre pour caresser l’encolure du cheval ailé.

— C’est bon Sleipnir, tout va bien.

Le cheval ne se détendit pas pour autant. Je sentais ses muscles bandés sous mon dos et son aile prête à se déployer sous ma nuque.
Avoir un lien avec les créatures restait une expérience magique, mais en étant enceinte, j’avais une véritable armée autour de moi, et parfois, ça en devenait un peu relou.
Je déposais la copie sur le tas à ma gauche et accueilli Kiara sans chercher à me relever.

— Bonjour madame Dimitrova. Merci d’être venue jusqu’ici et désolée pour ce rendez-vous tout ce qu’il y a de plus incongru. D’un geste de la main je l’invitais à prendre place devant moi. J’ignorais si elle pouvait voir Sleipnir ou non. Dans le cas contraire, elle me trouverait dans une position tout à fait étrange. Je peux vous offrir un verre d’eau ?

Je désignais ma gourde d’un signe du menton.
Les rendez-vous habituels avec Kiara étaient devenus presque une routine. Elle me rapportait ce qu’elle observait et qui m’échappait chez les Poufsouffle. Même si globalement les élèves de cette maison se tenaient bien, nous avions pris l’habitude, elle et moi, de discuter de divers sujets concernant la maison, la tenue des élèves et autre administration rébarbative dont mon épouse ne devait même pas songer. Une maison dirigée d’une main de fer dans un gant de velours. Cette collaboration me manquait par avance en songeant au prochain départ de Kiara. Trouver un préfet de sa qualité allait être compliqué.

 

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Kiara Dimitrova
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Sam 6 Avr - 10:20


J'ai dans le ventre mille angoisses
Mais depuis peu, elles s'effacent
Depuis que j'ai pris quelques kilos,
Pas seulement à cause des gâteaux
Abigail & Kiara, Parc de Poudlard, Mars 2022


Relevant la tête de son parchemin de cinquante centimètres destiné à son professeur de potions, Kiara consulta sa montre avant de terminer le paragraphe qu’elle était en train de rédiger. Si elle ne prenait pas garde, elle serait en retard à son rendez-vous avec le professeur MacFusty et rien n’insupportait davantage Kiara que de ne pas être à l’heure. Si on écoutait son mari, encore bien plus ponctuel qu’elle-même, elle était une personne sur qui on ne pouvait que rarement compter puisqu’il estimait qu’une minute après l’heure était un retard, mais en règle générale, Kiara respectait les engagements qu’on lui donnait. C’était même une de ses plus grandes qualités ; elle aimait l’exactitude, la rigueur, les choses claires, nettes et précises. Était-ce pour cela qu’on l’avait nommé préfète-en-chef il y a quelques années de ça ? Peut-être. En tout cas, Kiara prenait son rôle extrêmement à cœur et elle était fière de porter cet insigne sur son uniforme. Sans doute que cela la rendait détestable aux yeux de certains élèves turbulents mais en réalité, il fallait bien être honnête, il fallait être de mauvaise foi pour haïr Kiara ; elle était pour ainsi dire, l’incarnation de la personne compréhensive, juste et loyale. En plus d’être studieuse et rigoureuse. Elle referma avec méticulosité son encrier et rangea avec précaution sa plume dans son écrin avant d’enrouler son parchemin soigneusement est-ce que j’ai dit que Kiara faisait très attention à ses affaires ???? mdrr. Sortant de la bibliothèque, elle prit le chemin vers le parc. Une fois n’était pas coutume, la directrice de la maison des Poufsouffle avait envoyé une missive à Kiara en lui demandant de la rejoindre du côté des enclos ; cela n’était jamais arrivé qu’elles se rencontrent dans un endroit pareil mais Kiara n’avait pas posé davantage de questions. Si le professeure MacFusty le lui demandait, c’était qu’elle avait ses raisons.

Le temps s’était adouci depuis quelques mois et cela n’était pas pour déplaire à Kiara qui avait toujours aimé le printemps. L’hiver s’en était allé pour laisser place à quelques rares journées ensoleillées. Aujourd’hui, il faisait beau et les rayons du soleil venaient chatouiller la peau de Kiara qui ne put s’empêcher de sourire, passant sans même s’en rendre compte sa main sur son ventre. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu’elle était enceinte mais son abdomen demeurait résolument plat. Il y avait ce léger renflement qui se percevait pour ceux qui la connaissaient bien, mais pour les autres, c’était à peine perceptible à l’œil nu. Kiara n’était nullement inquiète, les récents examens médicaux avaient confirmé que tout allait bien et elle se portait comme un charme. Elle avait passé quelques semaines pénibles et avait accumulé beaucoup de fatigue mais depuis, un regain d’énergie s’était emparé d’elle et elle se sentait très en forme. Pour autant, elle tentait -surtout pour faire plaisir à Grigori- de se ménager. Pour être tout à fait honnête, il était relativement pénible ces derniers temps. Kiara, tu devrais arrêter tes rondes, Mais tu travailles trop Kiara, rentre plus tôt !, Kiara, tu devrais manger davantage, Couche-toi tôt, Kiara et la liste de ses autres conseils était longue comme le bras. À force, Kiara ne savait plus très bien s’il était inquiet pour elle ou pour le bébé dont ils ignoraient encore le sexe, sur volonté de la jeune femme, afin d’entretenir le mystère et éviter des remarques désobligeantes de sa belle-famille si l’enfant qu’elle portait s’avérait être une fille. En tout cas, Kiara avait promis à Grigori qu’elle parlerait de son état à sa directrice de maison lors de leur prochaine entrevue, dans l’idée qu’elle puisse éventuellement lui proposer les aménagements qui s’avéraient nécessaires. Kiara ne pensait pas en avoir besoin pour le moment, mais son mari avait été si insistant, menaçant même Kiara de venir lui-même à Poudlard pour parler au professeure MacFusty, que Kiara avait fini par céder. Ce n’était pas toujours évident d’être l’épouse d’un homme aussi buté.

Kiara traversa le parc et elle aperçut au loin sa directrice, assise seule au beau milieu d’un enclos. Plus Kiara s’approchait, plus elle trouvait la situation étrange. La manière dont elle était installée était incongrue et ne respectait certainement pas les règles de la gravité. Ce fut lorsque Kiara perçut un hennissement qu’elle comprit qu’elles n’étaient pas seules. Entourées de Sombrals que Kiara ne percevait pas, elle n’était pas franchement à l’aise. Contrairement à sa cadette Sélénya, Kiara n’était pas vraiment douée avec les animaux ou même les créatures magiques. Elle s’occupait avec bonheur de Plume, le hibou que Grigori lui avait offert mais en ce qui concernait les autres créatures, ses connaissances apparaissaient médiocres. S’arrêtant devant la jeune femme, Kiara lui adressa un sourire amical. Lorsqu’elle l’appela Madame Dimitrova, celui-ci s’intensifia davantage. Elle ne se lassait jamais de cette appellation. Si elle demeurait une Macmillan, son nom d’épouse lui plaisait tant, elle aimait tant être affiliée ainsi à Grigori, se rappeler qu’elle était sa femme et que leur nom de famille allait bientôt également être transmis à leur futur enfant était si réjouissant. « Bonjour Professeure MacFusty. Je suis heureuse de vous voir. Comment allez-vous ?  » Les règles de bienséance exigeaient cette question, même si, pour être tout à fait honnête, Kiara n’avait jamais eu besoin de ces règles pour être prévenante, bien au contraire. Ensuite, elle balaya d’un revers de main la suite de sa phrase en ajoutant : « Oh non, ne vous excusez-pas. Cela changera de nos habitudes et nous pourrons profiter de la chaleur du soleil. » Kiara se plaça face à elle suite à son invitation. « Je ne risque pas de déranger un animal ? » demanda-t-elle, soucieuse du bien-être des Sombrals, même si elle ne pouvait les percevoir. Avec précaution, Kiara y alla doucement, à tâtons avant de s’installer doucement. « Ce serait avec plaisir. » dit-elle lorsqu’elle lui proposa de l’eau. Cette petite marche l’avait assoiffé et elle n’avait pas pensé à prendre à boire. Peut-être devrait-elle faire comme sa directrice et se promener avec sa gourde ? Après tout, elle devait veiller à demeurer hydratée. C’était important pour le bébé.

Sortant de son sac son carnet où elle notait littéralement toute sa vie, Kiara tourna l’intercalaire qui correspondait à ses tâches de préfète-en-chef puis sortit une plume afin d’y annoter la date du jour. Elle était très attachée à ces entretiens avec Madame MacFusty et ne voulait rien oublier de leurs échanges. Mais avant de commencer, elle dit en introduction, amusée : « J’ai hâte de vous faire part de l’actualité brûlante des Poufsouffles ! » En réalité, rien de bien transcendant. Ces dernières semaines avaient été plutôt calmes. « Je dois vous avouer que les dernières semaines ont été plutôt tranquille et qu’aucun élément notable n’est à rapporter du côté de notre maison. Certaines élèves de premières années se sont essayés à faire quelques petites sorties nocturnes et je les ai même surpris en train de quémander à manger aux elfes de maison. » Kiara tut le fait qu’elle se trouvait elle aussi dans les cuisines suite à une fringale absolument impossible à contrôler ; les elfes avaient été particulièrement surpris de la voir demander des grignotines salées. Kiara n’était pas vraiment le genre de personne à manger entre les repas. « Après les quelques réprimandes nécessaires, nous avons conclu ensemble que comme il s’agissait de la première fois, il n’y aurait aucune sanction. » Kiara était adepte de la prévention plutôt que de la punition expéditive ; elle trouvait cette méthode plus noble et plus fiable. « Par contre, les cinquièmes années se retrouvent régulièrement dans les salles de classes désaffectées pour s’entraîner sur les sortilèges de défense contre les forces du mal en dehors des horaires autorisés. Cela fait deux fois que je les surprends. Après discussion avec eux, je les ai trouvé très anxieux suite à l’approche imminente de leurs BUSES. » Kiara se frotta le menton en continuant : « Braver le couvre-feu pour pouvoir réviser leurs sortilèges pratiques m’a en réalité semblé plutôt honorable. Je me demandais si certaines salles ne pourraient pas être affectées à ce type de pratique après le repas, ce qui permettrait par exemple aux cinquièmes et septièmes années de travailler leurs sortilèges en dehors de la salle commune. J’imaginais une fréquence de une à deux fois par semaine, pour cadrer les choses.  » Kiara ajouta : « Évidemment, cela serait sur la base du volontariat et je suis prête à gérer les élèves intéressés si besoin.  » Il ne fallait pas que cela soit un prétexte pour sortir après les horaires autorisées. « Qu’est-ce que vous en pensez ? »

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Je connais
les doutes, les pleurs, la peur mais tout au fond là dans mon cœur, je sais, qu'un jour notre amour guidera nos pas, toujours. Si toi tu es près de moi, la nuit fera place au jour, tout s'éclairera puisque tu es là, l'amour nous guidera...
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Abigail MacFusty
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Mer 24 Avr - 11:07


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Mars 2022

Un sourire tranquille accueillit Madame Dimitrova, et je ne fis que l’élargir alors qu’elle s’inquiétait des animaux autour de nous. Apparemment, ma préfète-en-cheffe avait la chance (ou malchance, c’est selon), de ne pas voir les Sombrals. Les conditions qui y menaient étant dramatiques, je ne pouvais que ressentir un peu de soulagement à cette constatation alors qu’elle prenait place devant moi. D’un geste posé, je passais une mèche de cheveux derrière mon oreille, que Sleipnir souffla alors et qui se rabattit sur mon nez. Ce jeu était sans fin.

— Je vais plutôt bien, je vous remercie, lui répondis-je d’un ton amusé en remettant mes cheveux derrière mon oreille. Vous ne risquez rien, Sleipnir est le seul dans l’enclos, les autres Sombrals sont dans la Forêt Interdite. Et Sleipnir… le cheval souffla ma mèche de cheveux qui revint devant mes yeux. … Est ici.

Ainsi, je pouvais lui expliquer indirectement l’étrangeté de ma position, mais aussi lui éviter tout tracas concernant la présence des autres créatures. Madame Dimitrova n’était pas dans mon cursus et je ne l’avais jamais trop vue trainer par ici, contrairement à miss Selenya MacMillan. Dans ces conditions, je ne forçais aucune rencontre ni pour les élèves ni pour les créatures. Sleipnir était mon Sombral, voilà pourquoi il était seul présent, en plus de tous les autres paramètres sous-jacents, comme Jackette. Quoiqu’il en soit, j’avais encore du travail ici après mon entrevue avec ma préfète-en-cheffe et je voulais éviter les allers-retours inutiles. Prescription du médecin.
D’un coup simple de baguette magique, je fis venir un verre, un pichet d’eau et même une coupe de fruits et de biscuits. Fringales de femme enceinte obligent. Je servais la jeune femme en la regardant sortir ce fameux carnet avec lequel je la voyais depuis si longtemps, et m’enfonçait contre les flancs de Sleipnir. Je devinais ce qui allait suivre, et un petit sourire se peignit sur mes lèvres. J’opinais du menton en réponse à Kiara alors qu’elle me confiait son impatience, signe qu’elle avait toute mon attention. Alors, j’écoutais son discours. Patiente. Silencieuse. Respectueuse. Attentive. Comme d’habitude lorsque nous étions ensemble. Je ne me permettais aucun commentaire tant que Kiara ne semblait pas avoir terminé toute son exposition et je prenais des notes mentales sans en avoir l’air. Depuis le temps, elle devait être habituée à ce comportement venant de moi.

Pour autant, ça ne m’empêchait pas certaines réactions en direct. Les élèves et leurs sorties nocturnes. Ah, la jeunesse et l’opposition de l’interdit. Et après tout, rôder dans les couloirs de l’école en pleine nuit est une chose si attrayante qu’il est difficile de s’y opposer. Moi-même l’avais fait de nombreuses fois, et je me revis du haut de mes 13 ans, blottie contre Harper, alors que j’ignorais l’amour que je lui portais, en train de nous servir dans les réserves des cuisines. Notre adolescence était nuancée de fou rire et de complicité.
Bref, un événement dont je ne pouvais pas tenir rancune ces nouveaux élèves, bien que Kiara et moi devions les rendre attentifs au bon respect du règlement. Autant donner un coup d’épée dans l’eau, mais voilà la logique de nos fonctions.

Mes sourcils se froncèrent légèrement à la suite. Que des élèves utilisent les salles désaffectées ne m’étonnait pas non plus. Harper elle-même avait sa salle préférée, et moi, j’avais la mienne et rien que le fait d’y songer, mon cœur papillonnait de joie et d’une félicité rarement accessible. Pour autant, je trouvais la situation aussi saugrenue qu’étrange. Les élèves étaient, apparemment, tous réunis pour s’entraîner sur des sortilèges en particulier. Ça, ce n’était pas anodin. Je comprenais le stress et l’angoisse que généraient les BUSE, mais de là à ce que ce soit un mouvement de groupe m’intriguais. En signe de réflexion, je me mordis l’ongle de l’index. Après un long silence, je répondis tranquillement.

— Pourquoi pas… mais ce n’est pas à vous de gérer les élèves intéressés par cette démarche, et avant tout, je dois en faire part au professeur de Défense contre les Forces du Mal pour mettre quelque chose en place. Si ça se trouve, le problème vient des cours donnés et non pas d’un simple manque d’entraînement. Le club de duel pourrait peut-être servir à ça le temps que les examens aient lieu. Ainsi, le cadre sera déjà en place et la salle est déjà appropriée.

Autant joindre l’utile au pratique. Je continuais en relevant mon visage en direction de Kiara. Je la connaissais à présent assez bien pour oser croiser son regard et le soutenir un peu.

— D’ailleurs, je pense même que tous les clubs peuvent endosser ce rôle quelques mois avant les examens. Je vais en discuter avec le corps enseignant et administratif.

Je hochais la tête et eus un nouveau sourire.

— Merci beaucoup pour votre travail et vos observations Madame Dimitrova. Je me rendrais en salle commune pour faire un petit rappel du règlement pour les premières années, même si bon… Je remuais les épaules. Je ne me fais pas d’illusions.

Non pas que je sois défaitiste, mon amusement à propos de la situation était par ailleurs palpable. Cela dit, si Kiara était la première à agir et celle qui faisait le lien entre les élèves Poufsouffle et moi, je me devais aussi de la soutenir et de montrer à tous les membres de la maison jaune et noire que la directrice n’était jamais loin, et toujours à l’écoute de leur besoin. Je ne pouvais pas non plus réprimander un comportement que j’avais moi-même eu à leur âge. Encore une fois, je m’amusais de la situation et pouffais. En vain, je tentais de cacher mon amusement en prenant une gorgée dans ma gourde. Sleipnir en profita pour me pousser la tête du bout du museau. Je sursautais. Mon bras fit un écart, en direction de mon visage. L’eau bondit hors de ma gourde et termina sur mon visage. Je restais immobile, les paupières closes, le visage détrempé alors que dans mon dos, Sleipnir hennit en un rire animal très clair.

— Ha,ha,ha, quel fanfaron tu es.

M’adressais-je à Sleipnir tout en m’essuyant le visage de ma manche avec un calme trop froid pour ne pas être inquiétant. Pris au piège, puisque j’étais appuyée sur lui, Sleipnir ne put se relever alors que je renversais ma gourde par-dessus mon épaule. Il plaqua ses oreilles de surprise et leva haut la tête. Son hennissement se tut d’un coup. À mon tour de rire.

— Na.

Comme s’il était vexé, le cheval ailé remua. Je me redressais pour le laisser se relever et s’ébrouer. Non sans cacher mon amusement, je le regardais s’éloigner, les yeux pétillants de malice avant que mon attention se reporte à Madame Dimitrova.

— Nous disions donc… Je réfléchis rapidement pour remettre mes idées en ordre. Ah, oui. Je voulais vous faire part d’une chose que j’avais également estimée importante. Si vous avez trouvé des élèves dans les salles désaffectées, moi j’en ai remarqué dans les écuries. Je vais dès à présent devoir les fermer à clé qu’un simple « Alohomora » ne pourra évidemment pas ouvrir. Je vous donnerais la formule une fois tout ceci mis en place. Je levais les yeux pour réfléchir et continuais. Vous peut-être également prendre note que je vais donner des cours privés à miss Parenndive et monsieur Scott. Donc, si vous les voyez dans les couloirs en dehors des heures, ce sera normal.

Je baissais mes épaules en glissant mes mains sur les assiettes de douceurs, que je lui tendis pour qu’elle se serve. Ensuite, je prenais un biscuit aux raisins et en grignotant, mon air se fit lointain.

— Peut-être que je me fais des idées, mais il me semble que cette année, les Poufsouffle manquent de motivation pour la coupe des quatre maisons. Qu’en pensez-vous ? À quoi serait-ce dû ? Je penchais un peu la tête sur le côté. Peut-être pourrions-nous faire quelque chose ?

Je ne parlais pas encore des points importants. De ceux qui, par exemple, me mettraient en indispositions très bientôt et qu’une élève de Gryffondor viendra me seconder. Je gardais ses informations pour un peu plus tard.

 

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Jeu 11 Juil - 23:43


J'ai dans le ventre mille angoisses
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Abigail & Kiara, Parc de Poudlard, Mars 2022


Kiara avait toujours entretenu une relation des plus cordiales avec la Professeure Macfusty. Cela serait mentir que de dire qu’il était difficile de s’entendre avec elle. Kiara aspirait à être comme elle plus tard. Mieux ne valait pas dire quand elle serait adulte car ces derniers mois, la vie de Kiara s’était accélérée et elle faisait résolument partie des adultes maintenant, même si elle n’était pas encore diplômée. Après tout, elle était une femme mariée et bientôt, une future mère. Mais Abigail se rapprochait vraiment d’un idéal féminin pour Kiara, elle était forte, déterminée mais aussi douce et affectueuse et même si elle n’avait jamais eu l’occasion de la connaître plus personnellement, elle savait par le biais de sa cadette qu’elle était également une excellente instructrice. L’avoir comme directrice de maison était une évidence en réalité, elle reflétait parfaitement l’esprit des Poufsouffle. En tant que préfète-en-cheffe, Kiara était fière d’agir sous sa direction et mettait du cœur à l’ouvrage pour officier du mieux qu’elle le pouvait. Leurs entrevues régulières étaient importantes pour Kiara, elles permettaient aux deux femmes d’être toujours en accord. D’ordinaire, elles se rencontraient au château, dans le bureau du professeur Macfusty mais aujourd’hui, la dragonologiste avait décidé de déroger à leurs habitudes et avait invité Kiara à la retrouver près de l’enclos des Sombrals. Kiara, pas le moins du monde offusquée par cette demande, s’était donc rendue près de l’enclos à l’heure prévue du rendez-vous. Après les salutations d’usage, la professeure intima Kiara de s’installer et la jeune femme apprit qu’il n’y avait qu’un seul Sombral dans l’enclos et comme Abigail était appuyée contre lui, Kiara ne risquait pas d’en embêter un autre. « Oui, c’est ce que j’avais cru comprendre ! » dit Kiara, amusée, tandis que Madame Macfusty lui faisait remarquer que le Sombral, nommé Slepinir, était tout contre elle.

Acceptant avec plaisir un verre d’eau, Kiara fut surprise de voir apparaître également quelques biscuits et une coupe de fruit. Sentant étrangement son estomac gronder, Kiara se mordit doucement la lèvre, espérant pouvoir maîtriser ses fringales. Depuis qu’elle était enceinte, la simple vue de sucrerie mettait à mal toutes ses inhibitions et il lui était difficile d’y résister. Elle se força à ne pas attraper immédiatement les biscuits lorsque sa directrice lui tendit son assiette. Voilà comment Kiara tentait de se contrôler, en se fixant de petits objectifs : elle pourrait manger après sa présentation. Alors elle s’occupa les doigts en tournant les pages de son carnet afin de se rendre à l’intercalaire souhaité. Elle fit un compte-rendu très détaillé des observations qu’elle avait faites ces derniers jours : une période bien tranquille en réalité. Quelques jeunes de premières années qui s’étaient amusés à braver le couvre-feu (rares étaient ceux qui ne l’avaient jamais fait et même si Kiara en faisait partie, elle savait qu’elle faisait partie des exceptions) mais aussi des cinquièmes années inquiets de leurs épreuves pratiques pour les BUSES. Faisant part de ses remarques mais aussi de ses suggestions à Madame Macfusty, Kiara écouta ensuite ses réponses, fort constructives et intéressantes, tout en grignotant avec avidité plusieurs biscuits, ce qui était loin d’être dans ses habitudes. Utiliser ce qu’il se faisait déjà semblait effectivement pertinent, Kiara n’avait pas du tout penser au club de duel lorsqu’elle avait fait sa proposition. Quant aux cours de défense contre les forces du mal… Cela faisait plus de cinq ans que Kiara n’en avait pas eu et l’équipe professorale changeant régulièrement dans cette matière, elle ignorait tout des pratiques d’enseignement du professeur actuel. Que cela soit sa directrice qui se charge de cette tâche semblait plus pertinent. « C’est une excellente idée. » En tout cas, la professeure semblait penser qu’il n’était pas dans les tâches de Kiara de s’occuper de cela et en définitive, Kiara était plutôt de son avis ; elle était serviable et elle se sentait capable de le faire maintenant, mais d’ici la fin de l’année, sa grossesse sera bien avancée et Kiara ne pouvait pas prédire comment les choses allaient se dérouler. « Je trouve cela logique que la supervision d’un tel projet vienne de l’équipe enseignante. De plus, mon mari n’aurait probablement pas apprécié que de nouvelles tâches me soient confiées, même si l’idée venait de moi, à l’origine.  » Kiara ouvrit la bouche, puis la ferma à nouveau, commençant à lisser les quelques plis de sa jupe -manie qu’elle tenait de son époux-, se demandant si ce n’était pas le moment pour dire pourquoi Grigori n’apprécierait pas qu’elle se fatigue davantage. Après tout, ne lui avait-il pas déjà demandé de réduire -voire même d’abandonner- ses tâches de préfète-en-chef au profit de sa grossesse ? Timide comme elle l’était dans ces moments-là, Kiara se tut, ne pouvant en dira plus pour le moment, loupant sa chance.

Abigail remercia son étudiante pour ses observations et un sourire s’installa sur ses lèvres lorsqu’elle promit de faire un rappel aux premiers années. Aux yeux de Kiara, c’était illusoire mais il fallait quand même tenter. « Sait-on jamais, cela pourrait peut-être leur mettre un peu de plomb dans la tête. » riant doucement, pas certaine que cela soit très efficace. Braver les règles semblait être le but premier de la plupart des élèves. Kiara prit quelques notes sur son carnet et releva la tête, interpellée par un bruit inhabituel ; a priori Sleipnir s’amusait à embêter sa maîtresse qui se retrouvait maintenant trempée comme une soupe. Abigail ne se laissa pas faire, s’appliquant elle aussi à éclabousser l’animal que Kiara ne pouvait que deviner, voyant l’eau perler sur son pelage, les gouttes semblant comme suspendues dans les airs. « Si je peux me permettre, Professeure MacFusty, vous faites bien la paire. » fit remarquer Kiara, qui dégustait un énième biscuit et picorait la plupart des fruits rouges de la coupe qu’Abi avait fait apparaître. L’animal se leva, du moins, ce fut ce que Kiara supposa à l’oreille et lorsqu’elle suivit du regard les yeux de sa directrice qui semblait l’observer s’éloigner.

Laissant Miss Macfusty lui faire part de ses propres observations, Kiara fronça les sourcils lorsqu’elle apprit que les élèves s’amusaient également à traîner dans les écuries. « Les écuries ? Vraiment ? » Quel était le but de tout ça ? Évidemment, Kiara était plutôt surprise. « Je me demande bien dans quel but font-ils cela. Ont-ils donné une raison ? » Cela étonnait vraiment la jeune préfète-en-chef. Quel intérêt pouvaient-ils y trouver ? En tout cas, Kiara acquiesça lorsque sa directrice l’informa que de nouveaux sortilèges scelleraient bientôt les salles désaffectées ainsi que les écuries afin de garantir la sécurité des élèves. « J’en prends bonne note. » ajouta-t-elle en écrivant les noms de famille de Parendive et de Scott dans son agenda. Ces deux élèves avaient donc besoin de cours privés… « J’irai leur demander s’ils souhaitent également qu’on mette en place un tuteur référent. En plus de vos cours privés, évidemment. » Toute aide était toujours la bienvenue après tout.

Lorsqu’Abigail poussa à nouveau les sucreries vers Kiara, la jeune Poufsouffle se servit à nouveau. Tout cela n’avait rien d’habituel, Kiara était loin d’être une jeune femme gourmande d’ordinaire contrairement à Kiara la grosse bouffe mais le petit être qui grandissait en elle depuis quelques mois maintenant réclamait toujours plus de nourriture, toujours plus de sucre. Pour le moment, cet amour devenu inconditionnel envers la nourriture ne semblait pas avoir d’impact sur sa ligne, même si ce sujet n’avait pas grand intérêt sur Kiara qui se fichait bien de prendre quelques kilos ; elle faisait ce qui lui semblait être le mieux pour le futur bébé. Alors qu’une main distraite se posait sur son ventre, un geste qu’elle avait pris l’habitude de faire, même inconsciemment, elle releva les yeux vers Abigail lorsque celle-ci lui demanda pourquoi les Poufsouffles étaient à la traîne cette année. Kiara se mordit la lèvre, autant ennuyée par cet état de fait que Madame Macfusty. Ayant envie de plaisanter pour rendre le sujet moins affligeant, Kiara tenta une explication : « Et bien, le fait que je sois en stage la plupart du temps et non en cours semble avoir plus d’impact sur le sablier Pousouffle que je ne l’aurai pensé ! » Le sourire contrit qui s’installa sur ses lèvres était là pour signifier à sa directrice que ce n’était qu’une boutade. Même s’il était vrai que Kiara s’était toujours évertuée à gagner le plus de points possible et son attitude studieuse lui en avait fait remporté des centaines durant toute sa scolarité. « Peut-être qu’après avoir gagné l’année dernière, certains se sont relâchés ? » questionna-t-elle à voix haute, tout en sachant qu’il serait difficile d’obtenir une véritable réponse. « Nous sommes déjà arrivés aux deux-tiers de l’année. J’imagine que seule la victoire de l’équipe de Quidditch pourrait nous octroyer le nombre de points suffisants pour effectuer une belle remontada. J’en parlerai à Maëlle. » En tant qu’attrapeuse de l’équipe de Poufsouffle, elle était une des premières concernées par tout cela. « Quant aux autres élèves, je n’ai pas l’impression qu’ils déméritent non plus. Chacun semble faire de son mieux. » Cette année, néanmoins, c’étaient les Gryffondors qui menaient la danse. « Peut-être qu’un peu d’encouragements serait nécessaire pour remotiver notre maison. » La prochaine venue du professeure Macfusty dans la salle commune serait peut-être l’occasion de rappeler aux autres élèves que l’année n’était pas terminée.

Kiara referma son agenda, ayant l’impression que l’entrevue arrivait prochainement à sa fin. Et pourtant, elle était loin d’avoir évoqué le point essentiel de ce rendez-vous. Recommençant nerveusement à triturer les plis de sa jupe, Kiara évitait le regard de sa directrice, ce qui était loin d’être dans ses habitudes. « Professeure, j’ai quelque chose à vous dire. » C’était plus difficile qu’il n’y paraissait… « C’est… personnel. » Si la grossesse de Kiara était encore largement dissimulée par sa robe de sorcière, viendrait un moment où son ventre s’arrondira tant qu’il ne sera plus aussi simple de le cacher, non pas que Kiara cherchait à garder le secret pour elle. Mais à Poudlard, peu de personne était au courant ; Maëlle avait été la première informée, en qualité de meilleure amie et confidente. Mais la nouvelle ne s’était pas ébruitée davantage.

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Abigail MacFusty
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Lun 12 Aoû - 20:27


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Mars 2022

D’un geste délicat, je glissais ma chevelure derrière mon oreille. Je déclarais à Kiara que son idée ne serait pas démérité et que je ne manquerai pas de la mentionner, car il fallait rendre à César ce qui appartenait à César. C’était important à mes yeux. Bien trop de personnes s’appropriaient le mérite des autres. Je n’étais pas de ceux-là.
Et malgré que je sois attentive à ses faits et gestes en ma présence, parce que mon instinct méfiant et timide me le soufflait, doublé d’une grossesse que je commençais à protéger comme une louve, je ne captais pas le sous-entendu concernant son mari. Je me contentais d’hocher candidement la tête, me remémorant que son époux était de ceux dont même les années n’avaient su changer les idées. Le premier pour qui mon mariage devait paraître scandaleux sans nul doute. Pour dire la vérité, je ne comprenais guère ce qu’une femme comme Kiara lui trouvait, mais après tout, je ne la connaissais que dans le cadre de Poudlard et lui, je ne le connaissais que de vue. Je n’étais personne pour juger les faits du cœur. Moi-même en étais la première victime avec la femme qui m’avait brisé le cœur, pour aujourd’hui porter son enfant. La vie aimait à être ironique.

Quand le sujet de la fréquentation des écuries fut mentionné, j’haussais les épaules en signe d’impuissance à mon interlocutrice.

— J’avoue que je n’en ai pas la moindre idée. Peut-être parce que les créatures ont des dons particuliers que les êtres humains n’ont pas ?

Je coulais un regard sur Kiara non sans cacher mon sourire.

— Pardonnez-moi, ma misanthropie reprend le dessus. Je m’éclairais la gorge pour continuer. Il y a des vertus à côtoyer les animaux, surtout en cas de stress… enfin, je ne vais pas vous faire un cours là-dessus. Je veux dire par-là que je peux comprendre pourquoi certains élèves viennent ici et en réalité, je n’en ai cure. Je le fais moi-même, pourquoi les blâmerais-je ? Le problème, c’est que je remarque qu’ils sont de moins en moins respectueux. Certaines de mes potions disparaissent, des dégâts légers sont faits, heureusement pas sur les créatures que je protège de toute façon d’un sortilège… bref… en dehors des heures de cours ou en cas d’absence, je bouclerai dorénavant les écuries.

À dire vrai, le sujet ne m’inquiétait pas outre mesure, je voulais là simplement prévenir ma préfète-en-cheffe d’une décision qui la concernait aussi, même si c’était de loin, son rôle se cantonnant davantage aux couloirs du château. Mais nous entretenions ce genre de relation très particulière et surtout très efficace de nous dire l’essentiel de nos fonctions. Ainsi, l’ordre chez les Poufsouffle régnait d’une main de fer dans un gant de velours, ce que je m’étais toujours appliquée à faire depuis mon ascension au rang de directrice de la maison jaune et noire. La collaboration avec mademoiselle Dimitrova était la plus qualitative que j’avais eu jusque-là et je m’en félicitais. La maison Poufsouffle pouvait être fière !

J’acquiesçais à sa suggestion de tuteur référent puis avalait une nouvelle douceur avant de pousser l’assiette dans sa direction. Il n’y avait pas de raison que Jackette profite de tous ces cookies que je pouvais lui cuisiner à outrance et non pas mademoiselle Dimitrova. Par ailleurs, cette fois, je le vis. Ce signe, si anodin, mais que j’effectuais moi aussi, complètement machinalement et pourtant si significatif et protecteur. Une caresse, une promesse de protection, là, sur son ventre.

Je clignais des yeux lorsqu’elle me fit part de sa théorie concernant la motivation des Poufsouffle à remporter la coupe des quatre maisons cette année, et mes doutes furent aussitôt balayés. Ce n’était pas mes affaires. Enfin, pas directement, et j’étais la première à cacher mon état aux yeux du monde tandis que, paradoxalement, je crevais d’envie de le hurler à qui pouvait l’entendre. Paradoxe entre la joie débordante d’agrandir ma famille, de porter le fruit de l’amour véritable et entre l’instinct de dragonne qui m’incitait de protéger mon petit au péril de ma vie. Je souris à sa plaisanterie. Silencieuse, le nez dans ma gourde d’eau, je réfléchissais aux propos de la jeune femme avant de répondre.

— Les autres étudiants et élèves ne déméritent pas, c’est un fait, et je ne remettais pas ça en question, et je serais heureuse si une autre maison gagne la coupe cette année. Il en faut pour tout le monde.

Bien peu possessive sur les objets et les prestiges, je laissais facilement la gloire à autrui pour pouvoir mieux me cacher et me faire discrète. Non pas que la fierté ne m’ait pas habité l’année dernière. J’aimais simplement partager.
Une moue remua mes épaules. J’étais bien peu à l’aise pour les grands discours, aussi, me contentai-je d’une timide réponse, les yeux baissés sur l’herbe verte qui nous séparait.

— Mmh… oui, je peux éventuellement profiter de mon passage…

Et il me faudrait là une furieuse préparation mentale. Mes mains en tremblaient déjà, rien qu’à m’imaginer donner remontrance et encouragement à mes chers protégés de la maison Poufsouffle. L’une de mes nombreuses tâches de directrice et d’enseignante qui ne me seyaient absolument pas. Ces fonctions m’allaient aussi bien qu’un niffleur dans la peau d’un éruptif. Je cachais mon trouble en me raclant discrètement la gorge et en faisant mine de retirer une saleté sur ma robe faite de doré et de noir.
Lorsque mademoiselle Dimitrova reprit la parole, je levais le regard sur elle sans jamais m’arrêter sur ses yeux. De mon attitude toujours calme et à l’écoute, je me redressais légèrement, prouvant ainsi à la jeune femme que j’étais pleinement disposée.

— Je vous écoute. Vous savez que vous pouvez tout me dire.

Tout le moins, j’osais espérer qu’elle le sache après tous ces nombreux mois de collaboration. Je ne m’étais jamais énervée contre elle et je n’avais jamais eu à redire de la qualité de son travail. Justement, nous n’avions jamais franchi la limite du professionnel et du personnel. Profondément, j’espérais qu’elle ne venait pas me demander de devenir sa thérapeute de couple, je me verrai dans l’obligation de refuser sans pouvoir lui offrir une bonne adresse à la place. Pitié, faites que ce soit autre chose, genre un problème de rein, un furoncle au pied ou une invasion de gnomes dans son jardin. J’avais une dégnomiseuse très efficace qui y allait à coup de Bombarda Maxima.

 

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J'ai dans le ventre mille angoisses
Mais depuis peu, elles s'effacent
Depuis que j'ai pris quelques kilos,
Pas seulement à cause des gâteaux
Abigail & Kiara, Parc de Poudlard, Mars 2022



Kiara regarda Miss Macfusty, cherchant dans les méandres de son cerveau des raisons qui pousseraient les étudiants à fréquenter les écuries. Si c’était par philanthropie, pour étudier ou s’occuper des créatures, pourquoi pas, mais Abigail signifia ensuite que des dégradations étaient commises, ce qui était tout bonnement inacceptable. La jeune Poufsouffle n’avait jamais été très férue des créatures magiques mais elle les avait toujours tenu en grande estime ; elle avait même appris à davantage les connaître et les comprendre après que Sélénya se soit dirigée vers cette filière universitaire. Trouvant étrange que les autres étudiants n’aient pas le même respect envers eux, elle était absolument d’accord avec sa directrice, cela justifiait de prendre des mesures plus conséquentes pour veiller à la sécurité des animaux lorsque Miss Macfusty ne pouvait le faire. « Il serait peut-être bon de faire un rappel aux élèves et étudiants. » Un premier avertissement, en somme. Cette situation ne pouvait pas être tolérée au sein de l’école. Kiara en prit bonne note et elle se promit d’être davantage vigilante lors de ses rondes, même si celles-ci se cantonnaient principalement aux murs de Poudlard, rien ne l’empêchait d’aller vérifier, de temps en temps, que tout allait bien du côté des écuries. Elle ajouta dans son carnet un petit rappel pour se souvenir d’en informer son homologue masculin afin qu’il puisse, lui aussi, y prêter attention.

Kiara s’estimait heureuse. Son rôle lui convenait parfaitement et elle qualifierait la relation qu’elle entretenait avec sa directrice d’agréable. Elle avait l’impression qu’elles étaient sur la même longueur d’onde, qu’elles se comprenaient et qu’elles avançaient ensemble dans la même direction. Évidemment, son homologue masculin n’était pas à Poufsouffle mais Kiara avait également de très bons liens avec lui, ce qui permettait, autant que faire se peut, de maintenir l’ordre à Poudlard. Kiara ne pensait pas être une préfète-en-chef des plus tyranniques, favorisant souvent la compréhension à la punition, -sauf en cas de récidive- et elle trouvait également son rôle utile pour accompagner les plus jeunes. Une mission qui lui manquerait lorsqu’elle quitterait Poudlard, sans nul doute. Même si bientôt, elle jouerait bientôt le rôle de sa vie… Celui de mère. Les enjeux étaient tout aussi importants. Et la condition de Kiara la força à piocher allègrement dans les douceurs apportées par sa directrice, bien plus que d’habitude d’ailleurs. Peut-être avait-elle besoin de réconfort puisque les Poufsouffle n’étaient pas en très bonne posture cette année pour gagner la coupe des maisons, occupant la troisième place. « Oui, c’est vrai, rappelons-nous que nous avons gagné celle de l’an passé. J’imagine que Madame Macfusty, votre femme, sera tout aussi ravie de gagner avec sa propre maison cette année. » sourit Kiara, en pensant à la directrice des Gryffondor, la maison qui se plaçait actuellement en tête de la coupe. Aodhan serait probablement très heureux de soulever ce trophée et Kiara le voyait déjà la charrier à ce sujet. Peut-être que les Poufsouffles avaient seulement besoin d’un peu d’encouragements ? Kiara le suggéra mais elle comprit assez aisément face à la réponse non verbale de la professeure que ce n’était pas vraiment une option qu’elle souhaitait envisager. La jeune femme n’insista pas, elle-même n’était pas très à l’aise face à un public. Alors pour motiver des troupes..

La réunion portant déjà à sa fin, Kiara commença à sentir les symptômes de la nervosité la gagner. Elle triturait le bout de sa jupe sans ménagement, défaut qu’elle avait assurément emprunté à son mari, ne sachant pas bien comment aborder le sujet. Comme à son habitude, Abigail se montra fort prévenante et douce, adoptant une posture d’écoute et de bienveillance, prête à entendre l’annonce. « Voilà, je… » Les mots moururent dans sa bouche tandis qu’elle cherchait la bonne formulation. Pourtant, ce n’était pas si difficile à dire que ça, non ? Elle l’avait déjà dit tellement de fois. J’attends un enfant ou bien Je suis enceinte. Cela ne semblait pas si compliqué. Mais Kiara avait eu l’occasion de dire la nouvelle à des personnes qu’elle aimait, qui lui étaient proches. Si elle vouait un respect profond à sa directrice, elles n’avaient jamais été proches à ce point. Kiara craignait d’être moquée parce qu’elle était enceinte alors qu’elle était encore étudiante, ou qu’on la juge irresponsable pour cela. Alors même qu’elle était probablement une des meilleures élèves de l’école et que sa situation personnelle était tout-à-fait respectable. Qu’il y avait-il d’honteux d’être enceinte de son mari ? Il y avait bien pire comme situation. Et puis, cette situation lui plaisait tant… Elle posa à nouveau sa main sur son ventre puis dit de but en blanc : « Mon mari et moi allons bientôt avoir un enfant. » Relevant les yeux vers sa directrice, elle ajouta rapidement : « Vous savez à quel point mon rôle de préfète-en-chef me tient à cœur et je ferais mon maximum pour répondre à mes obligations, jusqu’à ce que ce ne soit plus possible. Le bébé est prévu pour cet été. Mon mari demande... » Exigeait serait plus exact. Grigori pouvait en effet se montrer intraitable sur la sécurité de Kiara et de leur futur enfant. Si Kiara lui avait dit qu'elle abandonnait ses études pour rester à la maison, probablement qu'il aurait été l'homme le plus comblé de la terre. Malheureusement pour lui, Kiara n'était pas le genre de femme à demeurer inactive. Encore plus maintenant que les désagréments du premier trimestre s'étaient envolés et qu'elle tenait une forme olympique. Pour être honnête, elle se sentait très bien. « Il souhaite que je me ménage davantage. » Voilà, c’était dit. Ce n’était pas si terrible que ça finalement. Il suffisait de le dire très vite, comme ça la personne n’avait pas trop le temps de réagir.  


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Mer 30 Oct - 11:08


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Mars 2022

Un fin sourire étira mes lèvres à la mention de mon épouse faite par ma préfète en cheffe. Pour sûre, j’entendrais parler de la victoire de Gryffondor au moins durant toute l’année si ce n’était pas aussi dans les suivantes. Les Poufsouffle étaient, de manière générale, bien plus humbles, aussi, avions-nous savouré notre victoire sans le hurler sur tous les toits, quoiqu’il en soit, voir mon épouse jubiler à la potentielle victoire de sa maison m’amusait, malgré une petite piqure d’énervement. Ah, Harper pouvait être tout à fait désagréable quand elle s’y mettait ! Mais n’était-ce pas ainsi pour la plupart des couples ? Devoir gérer et dealer avec les défauts des autres. Sans doute qu’Harper avait bien des choses contre moi aussi, mais elle avait la maturité (pour une fois) de ne rien laisser paraître. C’était beau l’amour.

— En effet, et même que le mot ravi n’est pas assez approprié.

Je souris avec plus de franchise cette fois pour montrer mon amusement. Je devais me mettre à la tâche pour sauver l’honneur de la coupe dorée et noire de cette année, que nous gagnions ou non m’importait peu, mais je souhaitais au moins éviter de terminer dernière. Le revers de la médaille était rarement aussi cinglant !
Après une gorgée d’eau, je promenais mon regard en direction de Sleipnir qui s’ébattait non loin à présent, feignant d’ignorer le soudain malaise de madame Dimitrova. Elle triturait sa jupe sans ménagement, elle cherchait ses mots et perdit tout cet aplomb qui faisait d’elle une si bonne préfète en cheffe. Ah, c’était que l’annonce était bien plus grave, ou au moins importante, que ce que j’imaginais. Toutefois, et comme à mon habitude, je ne pressais pas la jeune femme. Je ne pressais personne, ou uniquement dans de rares cas. Moi-même portais un secret qui allait bientôt être révélé au monde et, pour une raison que je n’expliquais pas vraiment, je souhaitais garder cette information au silence le plus longtemps possible. C’était mon trésor, et celui de Harper bien sûr, et je souhaitais déjà le préserver comme une dragonne. Le préserver des autres, mais pas de moi. Les résolutions, c’est comme les migraines, on les oublie quand la douleur part.

Il ne faisait aucun doute que je devais me préserver, et préserver ma santé, mais c’était plus fort que moi, je n’y arrivais pas. Je n’arrivais pas à ne rien faire, il me fallait sans cesse être active, au plus grand damne de mon épouse et de mon elfe de maison. Mon gynécologue m’avait déjà fait bien des remarques, en vain… alors… était-ce de l’inconscience ? Ce paradoxe entre mon envie de rester active et devoir me reposer pour la santé de mon enfant me taraudait un peu plus chaque jour.
Quand l’annonce tomba, j’écarquillais de grands yeux et tournais cette fois mon visage sur Kiara pour la dévisager comme jamais je ne l’avais fait auparavant, et par un réflexe bienveillant et épargnant toute indiscrétion, je ne baissais pas les yeux sur son ventre arrondi. Un petit rire m’échappa.

— Quelle belle surprise, félicitation à vous deux ! J’espère que tout va bien pour vous.

Bien loin des simples formalités de politesse, je m’enquérais franchement de l’état de la jeune femme, d’autant plus que, le hasard avait fait que j’étais dans le même état qu’elle, à quelques semaines de différences. Je m’éclairais la gorge avant de continuer.

— Je comprends la demande de votre mari et vous faite bien de m’en parler. Il faut savoir s’épargner dans ce genre de situation.

Haha. L’hôpital qui se fout de la charité. Je reprenais.

— Si je peux vous soulager en quoique ce soit, n’hésitez pas à m’en faire part. Nous allons dorénavant mettre l’accent sur votre santé et vos études.

Si Harper m’entendait, elle hurlerait. Je remuais sur mes fesses.

— De quoi auriez-vous besoin ? Sachez que mon épouse a la même requête que votre époux, nous sommes dans le même bateau... Je pense même qu'il va nous falloir un plus grand bateau, alors, serrons-nous les coudes.

Une lueur d’une joie franche et sincère illumina un instant mes yeux. Je rouvrais mon carnet à la page que j’avais fermée plus tôt et m’équipais à nouveau de ma plume, prête à prendre les notes des directives dont madame Dimitrova me ferait part. Tout ceci évidemment, en ayant subtilement glissé l’information, qu’elle comprendra ou non, que moi aussi, j’étais enceinte. Elle m’ôtait une épine du pied de me l’avoir dit en première.
Pourquoi était-ce si difficile de partager cette information ?
Pourquoi était-ce si difficile de prendre soin de soi ?

 

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Mer 13 Nov - 21:16


J'ai dans le ventre mille angoisses
Mais depuis peu, elles s'effacent
Depuis que j'ai pris quelques kilos,
Pas seulement à cause des gâteaux
Abigail & Kiara, Parc de Poudlard, Mars 2022



Échanger avec Madame Macfusty était facile, simple. Kiara n’avait guère besoin de réfléchir, de penser, de songer. Il ne s’agissait là que d’entretiens dans le cadre des ses missions de préfète-en-chef, et pourtant, la jeune Poufsouffle appréciait ces entrevues, un peu décalées, qui ne touchaient ni à ses études, ni à son stage. Pour autant, Kiara s’était toujours évertuée à remplir ses missions du mieux qu’elle le pouvait, en étant la plus juste possible, la plus impliquée. Comme cela avait été le cas durant ces sept années au collège, puis les cinq suivantes dans le cursus universitaire. Elle avait tout donné, contribuant grâce à sa modeste part à la victoire des Poufsouffle certaines années. Pour autant, la victoire semblait échapper aux Poufsouffle pour cette ultime coupe des quatre maisons, au profit des Gryffondor. « Je veux bien vous croire, les Gryffondor ont ce côté exubérant. » dit-elle en souriant. Pensant à Aodhan qui la charrierait pendant de longues semaines si sa maison remportait la coupe, elle secoua la tête, encore davantage amusée par la situation que par le fait de gagner. Si Kiara était ravie de pouvoir faire briller sa maison, elle avait néanmoins la victoire modeste et la défaite franc-jeu, prête à féliciter les gagnants. En vérité, elle serait heureuse pour l’irlandais.

La discussion sur les missions terminées, Kiara comprit qu’elle allait devoir aborder le second sujet du rendez-vous, celui plus officieux ; cela faisait déjà plusieurs semaines que Grigori la tannait pour qu’elle en parle à sa directrice de maison afin qu’elle puisse bénéficier d’aménagements scolaires. Kiara estimait que c’était trop tôt pour plusieurs raisons : d’abord, elle se sentait en pleine forme. Passés les quelques désagréments du début de grossesse, depuis qu’elle avait entamé le deuxième trimestre, Kiara se trouvait une forme olympique avec un regain d’activité certain. Par ailleurs, elle n’avait pas tellement envie d’abandonner ses fonctions de préfète-en-chef tant qu’elle n’y était pas obligée. Pour autant, son mari devenant assez pressant à ce sujet, elle avait cru bon d’anticiper les choses et de partager son secret avec l’équipe enseignante. Au moins, en temps voulu, toutes les dispositions seront prises. Alors c’était le moment : Kiara annonça la nouvelle à Miss MacFusty et sa réaction lui fit chaud au cœur, tandis que ses joues prirent une légère teinte rosée à cause de l’embarras. « Je vous remercie, c’est une nouvelle qui nous comble de bonheur. » Ce fut les premiers mots qu’elle parvient à dire. Un sourire béat sur les lèvres, passant inconsciemment sa main sur son ventre, elle poursuivit : « Tout va bien pour moi, je suis en pleine forme, j’ai cette chance. » Kiara savait pertinemment que d’autres femmes ne l’avaient pas et vivaient des grossesses franchement désagréables. Ce n’était pas son cas, fort heureusement. « Je… Je vous remercie, vraiment. » ajouta Kiara suite aux propos de sa directrice qui semblait décidée à préserver la future maman, afin de la soulager au maximum. Pour le moment, Kiara ne savait pas trop ce dont elle pourrait avoir besoin, néanmoins, elle précisa : « Pour l’instant, je suis totalement en capacité d’assurer l’entièreté de mes fonctions de préfète-en-chef. Je me disais que je pourrais peut-être m’arranger avec mon homologue pour éviter les rondes qui incluent un grand nombre d’escaliers, lorsque ma grossesse sera plus avancée. Pour le moment, tout va bien, mais je suppose qu’il sera moins évident de monter et descendre 10 étages dans quelques mois. » Kiara lâcha un petit rire nerveux, ayant du mal à se projeter vers ce futur proche mais pourtant si lointain. Son ventre était encore quasiment plat et il fallait vraiment bien la connaître pour remarquer une différence. Les robes de sorcière qu’elle portait habituellement dissimulaient assez facilement son état. « Quant aux cours, en dehors d’une autorisation d’absence pour mes rendez-vous médicaux, je ne pense pas avoir besoin de quoi que ce soit. » Voilà ce dont Kiara aurait peut-être besoin. Elle n’en savait rien pour le moment. Mais elle avait promis à Grigori d’en parler, donc elle en parlait à sa supérieure.

Soulagée d’avoir pu dire ce qu’elle avait à dire, Kiara piocha à nouveau dans les biscuits, écoutant la suite des propos de sa directrice, portant le biscuit à sa bouche avant de stopper son geste lorsque le lien se fit dans son esprit. Relevant les yeux vers elle, croisant son regard joyeux qui rayonnait le bonheur, un large sourire s’installa sur le visage de la préfète tandis qu’elle s’exclamait : « Miss MacFusty ! Vous… vous aussi ? » Il n’y avait en réalité aucune place au doute. Son épouse souhaitait qu’elle se repose, elles étaient dans le même bateau selon ses dires… Kiara restait ébahie par cette belle nouvelle, elle rit allègrement face au caractère cocasse de la situation. Voilà qu’elles étaient toutes les deux en train de porter la vie… « Vous en êtes où dans votre grossesse ?  » Probablement à peu près au même point que Kiara car le ventre de sa directrice semblait encore assez plat. « Comment vous sentez-vous? Vous devez vous ménager vous aussi, vous avez trouvé un apprenti pour vous seconder avec vos créatures ? Pardon, je suis trop curieuse, vous n'avez pas à me répondre. » Kiara eut immédiatement l’idée de solliciter sa sœur cadette mais peut-être que Miss MacFusty avait déjà songé à tout cela. « Je n’en reviens pas ! Je suis si heureuse pour vous et pour votre épouse ! » Kiara n’arrêtait pas de sourire, elle ne pouvait plus s’arrêter devant ce beau miracle de la vie.

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Je connais
les doutes, les pleurs, la peur mais tout au fond là dans mon cœur, je sais, qu'un jour notre amour guidera nos pas, toujours. Si toi tu es près de moi, la nuit fera place au jour, tout s'éclairera puisque tu es là, l'amour nous guidera...
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Abigail MacFusty
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Ven 22 Nov - 15:36


Côt, côt ?


Mars 2022

Le regard pétillant de la jeune femme en face de moi me réchauffait le cœur. Elle semblait aller bien dans sa condition et personne ne semblait vouloir entraver sa santé comme on le faisait pour moi. Car tous mes proches, tout le moins ceux qui connaissaient ma fragile santé, s’inquiétaient tous de me voir porter la vie malgré la joie qu’ils ressentaient. Je n’étais pas dupe, et je voyais en chacun cette lueur d’inquiétude, ou peut-être de reproche. On m’avait rabâché les oreilles pour un héritier de la première branche MacFusty, et à présent que le choix fut mûrement réfléchi, on souhaitait me passer bride et mords, m’empêchant ainsi de continuer mes fonctions de dragonologiste, d’épouse épanouie et même au sein de Poudlard. Bien sûr, je savais la plupart des instructions pleines de bonnes intentions… mais l’enfer est pavé de bonnes intentions, n’est-ce pas ?
Oh, cette grossesse, je l’aimais, et j’aimais plus que tout l’enfant qui grandissait en mon sein, au point que je pouvais déjà sacrifier ma vie pour lui s’il fallait, à l’instar de ces dragonnes dont il ne fallait absolument pas s’approcher des œufs.
Je clignais des yeux pour sortir de mes pensées et élargir mon sourire à la mention des escaliers. J’en allais être réduite à la même chose, et heureusement que la poudre de cheminette ne m’était pas interdite contrairement à toute autre forme de transplanage.

— Bien sûr, cela va de soi.

Je rouvrais mon carnet pour noter une mention spéciale pour Kiara, sa grossesse et les éléments auxquels faire attention dans un proche avenir. Je m’amusais d’écrire ces quelques lignes alors que moi-même étais soumise aux mêmes règles et que je n’en suivais pour ainsi dire aucune. Je n’étais pas malade, tout comme ma maladie ne me rendait pas handicapée. Je refusais de l’admettre et je ne parvenais pas à calmer mon rythme, dussé-je m’attacher pour y parvenir un tant soit peu. Non pas que je m’en fichais de la santé de mon enfant, mais, j’avais la sensation d’étouffer à devoir cesser toutes mes activités. Dans ces moments, ma tête se mettait à tourner, à penser à la guerre et à toutes les horreurs du monde, et mon repos n’en était que plus troublé.
Opinant du chef, je notais également sa demande d’absence pour certains rendez-vous médicaux tout en entourant le mot « imprévus ». C’était quelque chose avec lesquels nous allions devoir composer très prochainement elle et moi, car si aucune grossesse ne se ressemblait, elles semblaient toutes soumises à une seule et même règle : l’imprévisibilité de notre santé et de celui du bébé. Accouchement prématuré, arrêt de travail pour diverses raisons, bref, les exemples ne manquaient pas.
Alors, il fallait davantage que je me prépare à la perte temporaire de ma préfète-en-cheffe, tout en trouvant un moyen de palier à mes propres absences à venir. La charge de travail ne désemplissait pas, bien au contraire.

— Je vais m’organiser avec les autres directeurs de maison et les autres préfets pour combler vos absences à venir le temps nécessaire.

Je levais les yeux de mon carnet.

— Puis vous pourrez reprendre vos fonctions le moment venu, si vous le désirez, bien sûr.

Encore une fois, personne ne savait de quoi demain était fait. Peut-être que madame Dimitrova souhaitait arrêter ses études le temps des premiers mois de l’enfant. Rien que d’y songer pour mon cas, je frissonnais. Je n’attendais que d’accoucher pour retrouver mes activités. Or, je ne me rendais pas compte que le repos que je devais prendre maintenant me serait salutaire pour plus tard.
Mais, comme un écho venu du tréfonds de mon âme, comme une fierté trop difficile à dissimuler, je confiais ma propre grossesse à mon élève, qui me félicita à mon tour. Je m’attendais aux reproches, aux mises en garde, aux innombrables recommandations… pourtant rien ne vint. Ou plutôt de manière si succincte que j’en fus presque déstabilisée. Mes joues virèrent au rouge. Un rouge sincère, et une lueur de reconnaissance dans le regard, je m’éclaircissais la gorge.

— Je, euhm… l’enfant est prévu pour la fin de l’été et pour le moment, tout va bien… Enfin…

Je roulais des yeux non sans me défaire de mon sourire.

— Le premier trimestre a été un enfer, j’ai été beaucoup malade.

Kiara l’avait sûrement remarqué. À présent, elle pouvait assembler les pièces du puzzle.

— Et maintenant, je ne peux plus rien faire, je devrais me reposer sans cesse et ralentir quasis toutes mes activités, ce que je fais, mais il me faut le temps de m’organiser, entre la direction de l’école, mon rôle de dragonologiste et tout le reste.

D’un geste, je refermais mon calepin et me servait d’un nouveau biscuit avant de prendre une grande inspiration.

— J’ai en effet déjà songé à la possibilité de prendre un étudiant pour me seconder, mais si vous avez des noms, alors je prends volontiers, peut-être en ai-je oublié.

Après tout, je n’étais pas infaillible. Mais, la joie sincère et sans détour de madame Dimitrova me frappa, encore une fois en plein cœur. Pour la première fois depuis janvier, j’avais enfin une réaction sincèrement et profondément heureuse en face de moi, dénuée de recommandations assommantes et barbantes.

— Nous le sommes, même si la chose est difficile. Je veux dire, c’est encore si abstrait, on a du mal à s’imaginer que dans quelques mois, toute notre vie changera.

Sleipnir se rapprocha, et je le mentionnais à Kiara en détournant un instant les yeux pour le fixer. À mesure qu’il avançait, je pliais davantage la nuque jusqu’à lever une main pour effleurer ses naseaux. Mes épaules s’affaissèrent. D’un coup, je me détendais.

— Que comptez-vous faire par la suite, pour vos études ? Avez-vous déjà une idée ?

Simple curiosité, mais pas tout à fait innocente. Je voulais savoir si, en plus de perdre ma meilleure préfète-en-cheffe, je me devais de lui trouver un remplaçant pour toujours. Nos premiers enfants nous quittent toujours bien trop vite lorsque nous sommes professeurs ou directrices.

 

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