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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
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See under my skin - Euxi  :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Euron O. Carrow
Euron O. Carrow
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Mar 27 Juin - 19:41

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Alexis Fawley  & Euron Carrow
Lorsque le cliquetis de la poignée retentit, lui garantissant que la porte était désormais close, Euron ferma ses paupières. La douleur était cuisante, lancinante et refusait de lui laisser le moindre instant de répit. A la fin de l’attaque du Blood Circle sur le quai 9 3/4, il avait recherché Hestia, reportant le soin de ses propres blessures à plus tard. S’il avait voulu la prendre en charge lui-même, ce n’était pas par manque de confiance envers son équipe qu’il savait performante, mais parce qu’il estimait que c’était là sa responsabilité. Il avait lutté contre sa propre douleur pour la soigner mais cela n’avait rien d’héroïque.

Dans les couloirs, l’effervescence avait décliné et même si tout n’était pas réglé, les urgences vitales avaient été prises en charge. Il allait pouvoir s’occuper de ses blessures et savait que ça ne serait pas chose aisée. Ces dernières étaient situées dans son dos et à l’arrière de sa jambe, zones difficilement atteignables lorsque l’on se soignait seul… mais il refusait de demander de l’aide à quiconque, premièrement parce que son orgueil avait été touché de plein fouet, parce qu’il refusait qu’on le voit dans un tel état de faiblesse et enfin parce qu’il n’avait confiance qu’en très peu de personne. Non. Euron Carrow se débrouillerait par ses propres moyens, comme toujours.

Il prit soin de n’emprunter que les chemins les moins connus, les moins fréquentés et même là il croisa bien trop de monde à son goût. Il devait vraiment avoir une tête des mauvais jours car le perosnnel soignant qu’il croisait lui jettait des œillades de biais fuyantes. Le Directeur n’était pas dans on état normal et il avait beau faire tout son possible pour le dissimuler, il avait bien conscience que c’était inévitable. Il était entouré de médicomages et d’infirmières expérimentés… il n’y avait nul besoin de s’attarder des heures pour remarquer qu’il boitait et qu’il devait souffrir.

Dans l’ascenseur, le Directeur ne pouvait s’empêcher de se tenir à la rambarde. De sa main libre, il frotta ses yeux froissés, laissant la structure magique l’amener là où il l’avait demandé. Chaque à-coups faisaient grandir sa colère. Saloperie d’ascenseur magique. Alors il tenta de se concentrer sur autre chose. Le mental, c’était son domaine, son point fort, son talent. Peu de gens pouvaient rivaliser. Oui, dans un jour normal, sans doute, mais pas aujourd’hui, pas en cet instant où il avait l’impression de n’avair plus le moindre contrôle, pour une simple blessure. Lorsque les portes s’ouvrirent sur le couloir desservant son bureau, il pensa que ses tribulations étaient bientôt terminées mais chaque pas élimait sa patience.

Il posa sa main sur la poignée ronde et dorée qui reconnut son maître et se déverrouilla à son simple contact. Enfin, il avait atteint son but et allait pouvoir panser ses plaies en toute tranquillité, loin du regard du moindre quidam. Il passa la porte et celle-ci allait normalement se refermer sur lui lorsqu’il entendit un son qui ne lui plut mais alors pas du tout. Quelqu’un venait de l’empêcher de se refermer. Lorsqu’il se retourna, Euron reconnut aussitôt Lexi. En d’autres circonstances, il aurait certainement été plus cordial mais ses nerfs avaient été mis à rude épreuve et il arrivait au bout de sa patience légendaire. Se détournant de la jeune femme pour progresser vers son sofa, il ne parvenait plus à retenir les signes physiques flagrants de sa gêne, son boitement s’accentuant.

_ Laisse-moi seul.

Pensait-il que de simples mots le libéreraient de la présence de la jeune femme ? Sa blessure l’aurait-elle rendu si naïf ? Bien entendu, Lexi n’écouta rien de cette instruction. Ce qui aurait fonctionné avec n’importe quel autre employé n’eut manifestement pas la même efficacité sur elle. Peu surprenant. Ses aspirations ne pouvant être atteintes, il sentit une étrange et inusitée vague de colère irradier ses entrailles. Ce qu’il pouvait éteindre aisément d’une simple pensée déborda soudain de lui-même tel un barrage cédant sous la force d’une vague.

_ Dehors Fawley !!

Il ne la regardait pas, il ne la regardait plus. Ses mains puissantes se crispèrent sur le velours du haut de son canapé capitonné d’un vert sombre alors qu’il balançait sa tête en avant, voûtant son dos large qu’il sentait moite sous sa chemise noire. Il faisait une telle chaleur ! Tout ce qu’il voulait, c’était entendre le son de cette maudite porte se clore… était-ce trop demandé ? Un son qu’il entendit enfin et qu’il accueillit avec un soupir de soulagement, fermant ses yeux.

Un bruissement survint alors, lui faisant l’effet d’un électrochoc. Il n’était pas seul.

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EURON O. CARROW


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Alexis Fawley
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Lun 3 Juil - 23:36
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Bureau d'Euron à Sainte-Mangouste, Septembre 2021 || EUXI V

« La carotide du patient a été tranchée avec une lame de qualité plus que douteuse. » commentait Lexi, tandis que la plume à papote professionnelle retranscrivait sur le parchemin ce que la cheffe de service repérait lors de l’autopsie. L’homme allongé sur la table n’avait pas plus de vingt-cinq ans et à première vue, ce sorcier avait été assassiné par un gang de moldus peu regardant sur l’hygiène. On lui avait amené le corps en début de matinée et elle travaillait dessus depuis maintenant une heure, accompagnée d’un jeune médicomage tout juste diplômé, qui avait choisi la médicomagie légale comme spécialité -ce qui était peu courant-. Lexi s’évertuait à exiger de lui la perfection dans chacune de ses actions s’il voulait continuer de travailler avec elle. Il avait fait ses preuves sur le papier en obtenant de très bons résultats académiques et son stage avait été concluant mais il en fallait bien plus pour convaincre Lexi de ses compétences. Par ailleurs, une fois n’était pas coutume, elle n’avait pas dans les pattes un étudiant encore en formation : le jour de la rentrée y était pour quelque chose, les affectations n’avaient pas encore été déterminées et par Merlin, cela faisait parfois du bien de ne pas avoir besoin de tout expliquer. Lexi s’était révélée être une excellente maîtresse de stage -tant qu’on lui donnait des étudiants prêts à se saigner pour le métier- mais elle était dure, dure avec les élèves, dure avec elle-même. On ne lui avait pas appris à accepter la médiocrité et elle avait à cœur de viser l’excellence, même auprès des étudiants qui foulaient son service. Il était hors de question qu’ils nuisent à la réputation de celui-ci. Alors parfois, pouvoir travailler sans avoir besoin de vérifier cent fois ce que faisait l’autre, c’était reposant. Lexi terminait l’autopsie lorsqu’une voix s’éleva dans la pièce, dans tout l’hôpital d’ailleurs. Code rouge. Blessés en masse arrivant aux urgences, voilà ce que signifiait un code rouge. La voix continua :  « Les personnels disponibles sont priés de se rendre immédiatement aux urgences afin d’apporter leur aide aux médicomages et infirmiers du service. »  Lexi releva la tête vers son jeune médicomage, encore bien trop peu formé pour gérer ce genre d’incident, elle soupira et retira ses gants. « Je te laisse finir de le recoudre. » Elle le regarda de son air sévère, le menaçant silencieusement afin qu’il effectue un travail de qualité irréprochable. « Je vérifierai le rapport à mon retour. » Elle quitta le service et se rendit au rez de chaussée où l’effervescence était à son apogée.

Le chef de service des urgences avait déjà débuté la réorganisation du triage et elle s’avança vers lui pour lui demander : « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Il expliqua simplement : « Le Blood Circle a attaqué le quai neuf trois quart. » La jeune médicomage fronça les sourcils et soupira fortement, ennuyée. Si les moldus en étaient réduits à attaquer des adolescents franchement… Elle secoua la tête avant de changer de blouse et de se diriger vers l’équipe des urgences qui courraient dans tous les sens. Voilà pourquoi l’ancienne Serdaigle détestait ce service -beaucoup trop bruyant, trop agité, trop vivant-. Lexi préférait et de loin le silence de la morgue, l’atmosphère pesante et la froideur des lieux où l’urgence n’avait plus lieu d’être. Peu importait, elle était médicomage et son travail consistait à être au chevet des patients, morts ou vivants. Elle releva sa longue crinière auburn en un chignon plus strict afin de ne pas être dérangée par une mèche rebelle durant les auscultations et se mêla rapidement aux tumultes des arrivées. Elle enchaîna ainsi plusieurs patients : quelques collégiens et certains parents venus leur dire au revoir… Pour certains, le pronostic vital était engagé et il avait fallu les rediriger vers la chirurgie. L’attaque avait fait de nombreux dégâts… Lexi apporta son aide du mieux qu’elle put, tombant même sur un patient des plus amusants… et des plus intriguants à la fois. Il avait réussi à lui arracher quelques sourires malgré sa blessure qu’on aurait pu qualifier de très sérieuse. Donnant le maximum pour le petit frère de son amie Saoirse, Lexi avait terminé les soins avec lui. Alors qu’elle cherchait des yeux d’autres patients à s’occuper, son regard s’attarda sur une silhouette qui devenait de plus en plus familière.

Fronçant les sourcils en voyant l’état pitoyable de ses vêtements, Lexi comprit immédiatement qu’Euron faisait parti des adultes s’étant trouvés sur le Quai au moment de l’attaque. Elle remarqua qu’il boitait et le pli soucieux sur son visage ressemblait fort bien à un stigmate douloureux. Alors qu’elle comptait aller à sa rencontre, elle fut interceptée par d’autres patients qu’elle redirigea vers d’autres blocs. Lorsqu’elle releva les yeux vers l’endroit où elle l’avait vu, il avait disparu. Sans savoir pourquoi ni comment, les battements de son cœur s’emballèrent brutalement, cherchant l’homme du regard à travers les urgences. Maintenant que les patients dont le pronostic vital étaient en jeu avaient été redirigés vers les services compétents, le brouhaha s’était calmé et l’espace ne grouillait plus autant de patients. Il fut facile de se rendre compte qu’il avait quitté les lieux. Comprenant qu’il n’y avait pas trente-six endroits où il pouvait se rendre, Lexi quitta sa blouse tachée de sang et d’autres fluides et prit le chemin vers le bureau de son directeur. Son instinct lui intimait ardemment de le rejoindre alors que son esprit lui rappelait qu’Euron était un grand médicomage qui savait se gérer lui-même. Mais l’expérience lui avait également appris qu’il était un homme des plus orgueilleux qui ne se risquerait sûrement pas à demander de l’aide à qui que ce soit, même à l’article de la mort. Elle le savait bien, elle était comme lui. Pourtant, elle ne pouvait se résoudre à ignorer ce qu’elle avait vu aux urgences et préférait quand même vérifier qu’il ne nécessitait aucune assistance médicale. Juste au cas-où. C’était son devoir, simple déformation professionnelle, se convainquit-elle.

Le rattrapant juste au moment où il entrait dans son bureau, elle se glissa derrière lui juste avant que la porte ne se referme. Immédiatement, le regard pénétrant d’Euron la transperça de toute part, probablement contrarié qu’elle ose ainsi venir troubler sa quiétude. Dans un premier temps, elle ne dit rien, évaluant à l’oeil nu ses blessures. Maintenant qu’elle était plus proche de lui, elle percevait mieux son teint blafard, les gouttelettes de sueur qui suintaient sur son front -probablement synonyme d’une infection-, les tremblements de ses membres et le boitement qui s’intensifiait. Laisse-moi seul fut les mots qu’il prononça et ceux-ci arrachèrent un maigre sourire à la médicomage. Comme si cela était possible. Elle ne bougea pas d’un iota, ce qui énerva derechef son supérieur qui lui beugla de s’en aller. « Quelle intrigante personne fais-tu. » se contenta-t-elle de dire pour commencer tout en ignorant s’il se souviendrait que c’était la phrase qu’il lui avait dite lorsqu’il l’avait également trouvé agonisante dans l’un des box des urgences, dans de biens similaires circonstances, quelques années auparavant. Le parallèle était frappant, lui qui refusait son aide, elle qui n’en avait que faire. Voilà où ils en étaient. Mais la donne avait changé depuis ces derniers mois et si Lexi ne partait pas du bureau, c’était bien parce qu’elle se refusait à l’imaginer à l’article de la mort sans pouvoir y remédier. Elle l’observa se hisser péniblement jusqu’au canapé et elle referma la porte sur eux.

Elle s’approcha de lui sans attendre. Lexi n’avait pas peur de lui, elle ne l’avait jamais craint, même après les évènements qui l’avaient amené à le détester au prime abord. « Il faudra plus que ça pour me faire partir tu sais. » L’air ennuyé qui s’installa sur son visage voulait tout dire : les blessures d’Euron étaient sérieuses, bien trop sérieuses pour qu’elle perdre la moindre seconde mais elle le savait, les réactions de son directeur pouvaient être imprévisibles. Voilà pourquoi elle commença par dire : « Tu crois vraiment que t’es en capacité de faire le difficile ? » Sa voix était des plus fermes même si on pouvait percevoir une pointe d’incertitude. « Laisse-moi te soigner ou j’vais être obligée d’employer la force. » Elle se planta devant lui, les bras croisés et leurs regards s’entrechoquèrent : « Tu sais très bien que je le ferais. » Sa voix était des plus implacables et n'accepterait aucun refus. Mais c'était Euron et cela compliquait bien des choses.

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Mar 11 Juil - 21:32

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Alexis Fawley  & Euron Carrow


Il savait ce qu’était la douleur, médicalement. Il savait la gérer, médicalement. Amoindrir les effets sensoriels perçus par le cerveau, voire la faire totalement disparaître, il pouvait le faire, c’était même la base de son métier. Mais la douleur n’était pas juste là pour le plaisir de faire souffrir. Elle était un message transmis par les terminaisons nerveuses pour alerter que quelque chose n’allait pas et qu’on devait s’y intéresser. Euron avait ignoré ce message, non pas par négligence, mais parce qu’il avait eu une priorité : soigner Hestia. Il avait usé de sortilèges basiques pour se soulager dans l’instant et lui permettre d’œuvrer sans contraintes mais cela était clairement insuffisant. Il avait fait cela en toute connaissance de cause et son geste était parfaitement rationnel, cependant, il devait maintenant se résoudre maintenant à en payer le prix.

La dernière chose qu’il souhaitait, c’était étaler ses déboires et montrer ses faiblesses. Il avait toujours cultivé un masque qui le rendait inaccessible personnellement tout en se montrant disponible professionnellement. Mais le rapport qu’il entretenait avec Alexis Fawley était différent et avait toujours été à part. Sa première injonction à son égard n’avait évidemment pas abouti.

Lexi a écrit:
« Quelle intrigante personne fais-tu. »

Tenant le sofa, il fut soufflé par sa réponse qui fit immédiatement écho en lui. C’était ce qu’il lui avait dit lorsqu’il l’avait trouvée blessée dans l’un des blocs des urgences de Sainte Mangouste. A cet instant, il sut qu’elle ne partirait pas, quoi qu’il dise ou quoi qu’il fasse. Il était bien rare qu’il se résigne car en bon maniaque du contrôle, qu’on n’abonde pas dans son sens avait le don de l’irriter particulièrement. Du fait, il argumentait et imposait ses idées jusqu’à ce que l’autre finisse par abandonner. Il entendit les pas de la jeune femme se rapprocher de lui après que la porte eut été fermée et soudain, la douleur et l’affliction inséminèrent le doute en lui. Allait-elle en profiter pour lui nuire et ainsi se venger de l’affront qu’il lui avait fait en violant son intellect ? Leur relation s’était apaisée et avait beaucoup changé mais cela serait-il suffisant pour ne pas insinuer en elle ce désir tellement humain de vouloir se faire justice…

Ses doutes qui furent bien vite balayés par sa raison -si elle avait voulu le tuer elle aurait pu essayer depuis bien longtemps- et par le ton qu’elle employa et l’étrange détail qu’il y perçut alors. Lexi n’était pas le moins du monde agressive, elle semblait même ennuyée qu’il soit ainsi blessé.

Lexi a écrit:
« Il faudra plus que ça pour me faire partir tu sais. »
« Tu crois vraiment que t’es en capacité de faire le difficile ? »
« Laisse-moi te soigner ou j’vais être obligée d’employer la force. »

Une nouvelle goutte de sueur perla à son front et l’élancement à son dos le fit invariablement grimacer. C’en était assez. Il était stupide de s’acharner à ce point là, même lui s’en rendait compte. Il leva ses yeux au bleu glacial sur la médicomage tandis qu’il se redressait, tentant malgré tout de faire bonne figure et de ne pas dévoiler toute la souffrance qui était la sienne. Il avait quand-même un amour propre.

Lexi a écrit:
« Tu sais très bien que je le ferais. »

Sa dernière réplique n’était autre qu’une provocation de sa part. Mais il devait se rendre à l’évidence, elle était capable de mettre ses menaces à exécution et actuellement, il n’était pas en état de lui tenir tête. En avait-il seulement l’envie ? Si pour la plupart des gens, se laisser aller était source de bien être, pour lui les choses étaient bien différentes puisque c’était synonyme de moins de contrôle sur la situation et sur lui-même. Mais Fawley était très douée et il la savait parfaitement professionnelle. Et puis à bien y repenser, sa présence, aussi intrusive et impromptue fut-elle, ne le dérangeait pas autant qu’il voulait s'en convaincre.

_ Pas besoin d’en arriver là. Dit-il avec cet humour pince sans rire dont il usait souvent.

Il inspira avant de fermer les yeux. Lentement, ses doigts déboutonnèrent sa chemise. Qu’il se dénude était un passage obligatoire, comme pour n’importe quel patient. Néanmoins, qu’on le veuille ou non, il n’était pas n’importe quel patient.
Lorsqu’il fit tomber le tissu souillé qui couvrait le haut de son corps, il serra les dents. Le coton s’était collé contre la plaie ensanglantée et l’en séparer lui arracha un grognement sourd. Il fit tomber le vêtement à terre, dévoilant son corps aux lignes massives. Sa peau, d’un naturel pâle, était brillante car un voile de sueur s’y était posé. Dans son dos, la blessure entaillait sa chair au niveau de son flanc pour remonter au-dessus de ses reins.

Il hésita un instant. Il était également blessé à l’arrière de la cuisse et cela impliquait donc qu’il devait en enlever davantage. Par Merlin, qu’il avait du mal à s’y résoudre... Ses prunelles glacées se plantèrent dans celles, havane, de la jeune femme qui l’invitèrent à continuer. Encore une fois, il renonça à se battre. Puisqu’il en était là, résister ne rimerait à rien. Avec un effort insoupçonné, il déboutonna son pantalon et de la même façon, grimaça lorsque le tissu délaissa l’entaille sanguinolente pour tomber à ses pieds.

D’une certaine façon, et ce même s’il ne se sentait pas trop à l’aise de se dévoiler de la sorte, il se sentait soulagé de ne plus avoir à subir le frottement perpétuel des vêtements contre sa chair à vif et l’air frais auquel sa peau avait dès lors accès lui arracha un frisson, adoucissant son mal. Rapidement, l'agréable sensation fut remplacée par deux élancements douloureux qui lui rappelèrent que ses plaies méritaient des soins immédiats. Du fait, il laissa la légiste agir à sa guise et lorsqu’elle approcha davantage, il resta de marbre, ou du moins, c’est ce qu’il s’évertua à montrer, espérant qu’elle oeuvrerait rapidement pour quitter son bureau avec la même prestesse et laisser cet épisode derrière eux. Cela ne ferait que s’ajouter à la liste toujours grandissante des situations inattendues et déstabilisantes qu’ils partageaient.

Lorsque les doigts de la jeune femme se posèrent sur lui, la réaction de son propre corps le surprit. Les contacts physiques n’étaient guère une habitude chez lui et lorsque son cœur battit plus fort, il se demanda si c’était réellement dû à l’infection qui devait se répandre dans son corps. De toute façon, c’était la seule explication plausible. Ses sens étaient affectés et ses sensations devaient également l’être. Il posa les yeux sur Lexi, l’observant tandis qu’elle l'auscultait avec minutie.

_ Votre verdict docteur ? Puis il détourna ses yeux avant de lâcher un léger soupir.

_ Je t’en prie, ne fais pas durer les choses. Dit-il avant de fermer les yeux, comme si cette situation pouvait ainsi devenir moins gênante ou moins inconfortable.


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EURON O. CARROW


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Mon allégeance : va à Kesabel et Euron
Lun 24 Juil - 23:14
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Bureau d'Euron à Sainte-Mangouste, Septembre 2021 || EUXI V

Voir Euron dans un tel état de vulnérabilité était des plus étranges. Si le spectacle aurait pu être des plus jouissifs pour la jeune médicomage quelques mois auparavant, ce n’était pas ce sentiment qui la traversait à cet instant précis. Au-delà du fait qu’elle cherchait à étouffer le besoin qu’elle ressentait de se jeter sur lui pour panser ses plaies, sa gorge était sèche et les mots qui en sortaient étaient des plus ambivalents. Évidemment qu’elle trouvait Euron intriguant même si la surprise n’était pas si grande que cela ; elle le savait fort bien et le découvrait de plus en plus, Euron était fait du même bois qu’elle et faisait partie de ces gens pour qui la confiance était difficile à obtenir, difficile à acquérir. Probablement qu’elle l’aurait laissé à son sort si un étrange sentiment de loyauté n’avait pas empli sa poitrine au moment où elle l’avait surpris en train de s’enfermer dans son bureau, sûrement pour dissimuler ses blessures et pour éviter qu’on l’aperçoive dans cet état. Les apparences étaient importantes, encore plus par les temps qui courraient. Mais avec Lexi, il était inutile de se montrer aussi taciturne ; d’une part parce qu’elle était une des personnes au monde qui se préoccupaient le moins de ce qu’on pouvait penser d’elle et d’autre part parce qu’elle estimait qu’ils avaient désormais noué un lien qui allait au-delà de la simple relation directeur-employée. Si Lexi avait senti ce changement subtil à partir du moment où ils avaient sauvé Kesabel, elle s’en était réellement rendue compte le mois dernier, lors de l’aventure qu’ils avaient vécu dans les sous-sols de l’hôpital. C’était une sensation désagréable que ces picotements ressentis au fin fond de sa poitrine ; si elle les avait mis sous le compte de l’adrénaline liée à la situation, sa conscience lui intimait qu’il y avait peut-être une autre raison à ces manifestations physiques. Des raisons qu’elle ne comprenait pas et dans lesquelles elle ne souhaitait pas s’engager. Lexi avait toujours été une femme des plus difficiles à approcher et elle se haïssait lorsqu’elle sentait les émotions prendre le dessus sur le reste. Être froide et renfermée était dans sa nature, c’était presque une signature, une protection face au monde extérieur, une armure contre les blessures. Qu’Euron parvienne à pénétrer dans sa sphère privée sans même le chercher véritablement n’était pas de bonne augure pour elle ; et pourtant, elle était d’elle-même venue dans son bureau, preuve en était (s’il en fallait une), qu’il ne lui était pas aussi indifférent qu’elle aurait aimé qu’il le soit. Elle aurait aimé poursuivre sur un terrain plus neutre avec lui, un terrain purement professionnel et courtois, par soucis de simplicité mais elle ne pouvait plus véritablement ignorer que ce n’était tout bonnement plus le cas.

Ce qui était encore plus étonnant, c’était la réaction d’Euron. Il ne chercha ni à la contraindre à partir, ni même à la forcer. Probablement que ses forces lui manquaient mais elle le connaissait suffisamment pour savoir que s’il avait vraiment voulu qu’elle parte, il aurait usé des dernières forces qui lui restaient pour qu’elle quitte la pièce. Le fait qu’il abandonne aussi vite voulait dire deux choses : premièrement, ses blessures étaient plus graves qu’elle ne l’aurait pensé au prime abord, deuxièmement, la présence de Lexi ne lui était pas si désagréable. Peut-être même qu’il mesurait l’intérêt qu’elle demeure dans la pièce ; après tout, elle faisait partie des meilleurs médicomages de l’hôpital et elle était de ceux qui savaient taire leur langue. Elle lui devait bien ça, après le service qu’il lui avait rendu avec Anderson. Il leva son regard céruléen vers elle et elle le scruta avec attention, sans rien ajouter de plus tandis qu’il souffrait le martyre. Lorsqu’il capitula et commença à déboutonner sa chemise, Lexi s’avança doucement. Il semblait inutile de se précipiter et elle ne voulait pas donner l’impression d’être paniquée par la situation et par ses blessures : de toute manière, Euron était un brillant médicomage, alors il avait déjà probablement évalué ses chances de survie et la gravité des plaies qu’il subissait. « C’est plus sage. » se contenta-t-elle de dire alors que son regard se portait sur son corps dénudé. Ce n’était pas la première fois qu’elle y était confrontée mais la première fois qu’elle y portait une réelle attention. Lorsqu’ils avaient sauvé Kesabel, il s’était changé mais Lexi, bien trop occupée à s’inquiéter pour son meilleur ami, avait ignoré ses faits et gestes. Ce qu’elle pouvait néanmoins constater, c’était qu’il souffrait. Rien que retirer ses vêtements semblait douloureux, elle amorça un geste pour l’y aider avant de s’arrêter, de peur que cela soit mal perçu par son directeur. Ses yeux accrochèrent ses muscles saillants, sa peau blanche où l’hémoglobine s’était accumulée à certains endroits de sa poitrine mais surtout dans son dos. Le sang avait également coulé sur son pantalon et Lexi fixait la plaie avec insistance tandis qu’il semblait hésiter à retirer le reste de ses vêtements, comme si cela changeait quoi que ce soit.

Elle s’approcha davantage, s’installant à ses côtés tout en sortant sa baguette. Elle fit rapidement apparaître un stéthoscope qui s’enroula autour de son cou et sa trousse de secours avant d’en déballer le contenu sur la table. Elle ne disait rien, se contentant d’agir comme la professionnelle qu’elle était. Nettoyant ses mains, appliquant un sortilège de stérilisation sur tout son matériel, elle commença son auscultation par une palpation délicate des différentes blessures pour en évaluer la gravité. Elle agissait méthodiquement tout en essayant de ne pas se précipiter même si ses mains, d’habitudes si agiles, ne pouvaient s’empêcher de trembler. C'était presque imperceptible, mais c'était pourtant le cas. Elle fit craquer ses doigts pour forcer son esprit à se reconcentrer, ne comprenant pas bien ce qui lui arrivait. L’émotion, probablement. Alors qu’il lui demandait son verdict, elle murmura sur le ton de la plaisanterie : « Tu ne devrais pas pouvoir en réchapper. » Les blessures étaient graves mais pas non plus inquiétantes au point d’engager son pronostic vital. « Te trouver un remplaçant ne sera pas chose aisée. » dit-elle platement, alors que rien ne serait plus agaçant que d’avoir un nouveau supérieur. Si Lexi avait eu grand mal à accepter sa nomination à ce poste, elle devait bien l’avouer, se séparer de lui ne lui ferait pas plaisir du tout. Depuis son arrivée, elle avait réussi à obtenir de nouveaux financements pour sa recherche et pour son service, chose qu’elle n’avait pas obtenu avec l’ancienne direction. Au-delà des aspects financiers, Lexi et Euron avaient trouvé un équilibre qu’elle aimait et dans lequel elle s’épanouissait professionnellement, elle n’avait pas envie de perdre ça. La petite voix dans sa tête lui intima qu’il ne s’agissait pas uniquement d’un épanouissement purement professionnel mais Lexi balaya ces commentaires d’un revers de la main. « La blessure dans ton dos me paraît la plus alarmante. Celle du genou n’est pas passée loin de l’artère fémorale mais aucun des tissus ne semble touché. » Elle soupira doucement avant de poursuivre : « Ne t’inquiète pas, tout va bien aller. Fais moi confiance. »

Alors que ses mains glissaient sur son corps pour ne laisser passer aucune autre blessure ou fracture, les battements impromptus du cœur de son directeur l’intriguèrent, suffisamment pour qu’elle glisse le stéthoscope sur son palpitant afin d’en évaluer le rythme. Elle releva les yeux vers Euron et posa sa main sur son front et les perles de sueurs qui s’en dégageaient. « Je vais t’administrer un anti-douleur et un anti-inflammatoire avant de commencer. » C’était le minimum. « Ton rythme cardiaque est préoccupant. » Une infection ? La septicémie ? Elle l’ignorait encore. Sortant une aiguille stérile de sa mallette, elle lui tendit la main pour qu’il lui offre son bras. Elle commença dans un premier temps par prélever un peu de son sang avant d’injecter les produits nécessaires afin qu’il souffre moins. Les fioles d’hémoglobine allèrent magiquement s’implanter dans le kit d’analyse portatif de Lexi et les analyses débutèrent seules. Ils auraient les résultats d’ici quelques petites minutes, ce qui laissait à Lexi le temps de commencer à s’occuper des blessures d’Euron. Elle demanda : « Tu peux t’allonger complètement ? » Cela sera plus simple après tout. Il s’exécuta même si elle se doutait que cela lui coûtait. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Elle n’était pas du genre à aimer discuter durant les soins mais elle espérait obtenir des informations qui pourraient lui être utile pour le soigner. Et si la conversation permettait à Euron de ne pas se focaliser sur la douleur le temps que les injections fassent effet… C’était donnant-donnant. « C’est bien la lame d’un couteau, n’est-ce pas ? » Ce n’était pas vraiment une question. La forme de la blessure avait la forme caractéristique. Débutant les soins, Lexi se concentra sur son travail ; soigner Euron était sa priorité.
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Le contact de ses doigts sur sa peau était étrangement agréable. Il s’en dégageait une certaine douceur dissonante face aux affres qui déchiraient sa peau. Pourtant, aussi loin qu'il s'en souvienne, Euron avait toujours peu affectionné qu'on le touche. Cela était différent lorsqu’il s’agissait de rapports intimes avec ses partenaires mais toujours est-il qu’il fallait passer ce cap, sans quoi il réduisait les contacts physiques au maximum.

Bien que son esprit éprouvait une certaine difficulté à se détacher de la douleur, il sentit tout de même une chose qui l’interpela. Les doigts de la médicomage tremblèrent et il ne pu s’empêcher de se demander pourquoi. Il posa sur elle ses prunelles froides et azurées et la vit faire craquer ses doigts pour se débarrasser de cet étrange phénomène. Par quoi pouvait-elle donc être perturbée ? Était-ce à cause du fait qu’elle soignait son Directeur ? Impossible… il écarta cette possibilité rapidement. C’était-il passé quelque chose qui aurait échappé à sa vigilance ? C’était troublant… il la connaissait assez pour savoir que peu de chose pouvait faire trembler ces doigts-là.

Lexi a écrit:
« Tu ne devrais pas pouvoir en réchapper. »

Un rictus étira ses lèvres. Parvenir à l’amuser en un instant pareil était remarquable.

_ Je préférerais éviter de devenir ton patient sur le long terme. Il faisait bien sûr référence au fait qu’elle était légiste.

Lexi a écrit:
« Te trouver un remplaçant ne sera pas chose aisée. »

_ Je suis certain que le Conseil trouverait un remplaçant sans trop de difficultés. Répondit-il tout naturellement, peut-être un peu plus froidement que ce qu’il aurait souhaité. Il cilla et posa sur Lexi une œillade plus intense. Venait-il de mal comprendre ? Alexis Fawley venait-elle de lui faire un compliment en faisant allusion à ses compétences ? Il fut pris au dépourvu. Si c’était cela, sa réponse à lui était inadéquat… et il s’en trouva légèrement… gêné.

Bref, il ne pouvait décemment pas revenir sur ces mots et en plus de cela, il n’était pas certain du sens de sa phrase alors autant ne pas s’enfoncer davantage. Il inclina sa tête en grimaçant et raffermit sa poigne sur le cuir du sofa.

Lexi a écrit:
« La blessure dans ton dos me paraît la plus alarmante. Celle du genou n’est pas passée loin de l’artère fémorale mais aucun des tissus ne semble touché. »

A cela Euron ne répondit rien. Il avait lui-même assez bien évalué la situation alors il n’apprenait rien, même s’il appréciait qu’elle donne son diagnostique à voix haute. Tout ce qu’il souhaitait c’est que ce moment prenne fin , en même temps que l’affichage de ses faiblesses.

Lexi a écrit:
« Ne t’inquiète pas, tout va bien aller. Fais-moi confiance. »

Autant de douceur et de prévenance de sa part… il n’était vraiment pas habitué. Il n’était pas habitué à cela, ni à ce qu’on lui administre des potions anti douleur. Il évitait d’en prendre car il en appréciait peu les effets secondaires. En cet instant, il décida que peut-être, une faible dose ne lui ferait pas de mal…

_ Si je n’te pensais pas digne de confiance, crois-moi, aussi têtue que tu puisses être, tu ne serais plus là.

La douleur avait sur son humeur, une plus grande influence que ce qu’il aurait souhaité. Malgré tout, dans sa voix ne perçait aucune hargne envers elle, mais bien davantage contre la situation.

Lexi a écrit:
« Ton rythme cardiaque est préoccupant. »

Ainsi donc elle aussi s’en était rendu compte… Euron tiqua et ancra ses yeux bleus aciers dans les siens. Il sembla hésiter à répondre et pinça légèrement ses lèvres.

_ Tout va bien. Ne t’occupe pas de ça. Fini-t-il par affirmer. Il n’avait vraiment pas envie qu’elle s’aventure sur cette voie, bien qu’il ignorait réellement pourquoi.

Le médicomage fronça ostensiblement son regard fiévreux lorsqu’elle lui demanda son bras. En bon patient -car il savait à quel point il était pénible d’ausculter une personne réticente- il s’exécuta. Il était prêt à se montrer docile pourvu que cela se termine.

Tandis qu’elle préparait son bras pour mieux percer sa peau du bout de l’aiguille, le danois l’observa. Les traits de son visage, le galbe de ses lèvres, la forme en amande de ses yeux bruns, ses cheveux bouclés indomptés et le teint cuivré de sa peau… D’elle se dégageait une odeur qu’il ne parvenait pas à qualifier… ou était-ce l’aura qui l’entourait ? Le métal trouant sa veine le força à revenir à lui et il froissa ses yeux quelques secondes, sa main libre pinçant l’arête de son nez. Mais ce n’était pas tant par la douleur qui le transcendait que parce qu’il venait de réaliser la raison de l’emballement de son myocarde. Il ne pouvait décemment plus se voiler la face et se mentir à lui-même.

Lexi a écrit:
« Tu peux t’allonger complètement ? »

Levant un sourcil, il toisa Lexi à travers ses doigts qui tenaient toujours son nez. Voilà autre chose… Il laissa sa main retomber mollement le long de son corps et ferma un instant les yeux. Sans mot dire, il s’exécuta, le pas boitant. Pliant le genou non sans difficulté - qu’il camoufla tout de même en grande partie- il se pencha sur le sofa, ses deux bras en avant, avant de s’y laisser allonger complètement. Finalement, cette position était plus agréable.

Lexi a écrit:
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
« C’est bien la lame d’un couteau, n’est-ce pas ? »

Le Mangemort ne put retenir un soupir, bien qu’il fut discret.

_ Un moldu a tenté de monter à bord du Poudlard Express. Je l’en ai empêché et il n’a pas apprécié.

Son récit était sans doute plus lacunaire que ce à quoi elle s’était attendue, mais il n’avait guère envie de s’étendre sur le sujet. Une frustration demeurait en lui de n’avoir pu tuer l’homme auquel il avait été confronté et en plus il l'avait sévèrement blessé… son amour propre avait pris un coup.

Il la sentait œuvrer sur ses blessures et très rapidement, il sentait les analgésiques agir dans son organisme. La douleur commença à s’atténuer et cette fois son soupir était dû au soulagement. Finalement, les potions contre la douleur avaient quelque chose de véritablement savoureux. Il pouvait comprendre sans trop de difficulté que certains en usent et abusent car la sensation était grisante.

La jeune femme nettoya ses plaies avant de les recoudre et d’y appliquer un pansement. Enfin, cette désagréable péripétie prenait fin. Le Directeur pourrait se concentrer sur tout le travail qui l’attendait et après cette attaques du Blood Circle, il allait être sacrément conséquent. Il savait déjà qu'il allait y passer des nuits entières.

Il prit une profonde inspiration, l'air lui insufflant une nouvelle force. Le travail ne lui faisait pas peur et de toute façon il n'avait pas mieux à faire.

Euron se redressa avant de prendre une position assise dans le canapé, se reposant contre le dossier en cuir. Se retrouvant face à sa soigneuse, il l’observa à nouveau en silence. Si on mettait de côté sa tenue vestimentaire ou plutôt sa non tenue vestimentaire, c'était presque comme si rien ne s'était passé, comme si rien n'avait changé. Tant mieux non ? Que tout reste cloitré dans les murs de son contrôle permanent, que rien ne perturbe son omnipotence, c'était là ce qu'il avait instauré, c'était ce qu'il avait imposé à son existence entière. Cet épisode n'était qu'une épine, une aiguille qui avait simplement été retirée et tout pouvait dès lors reprendre sa place sans plus qu'aucun grain de sable ne vienne le perturber. Il souhaitait que tout reprenne sa place. A une exception près.

Euron tendit sa main vers Lexi qui rangeait ses affaires et attrapa son poignet, lentement mais irrémédiablement. Il inclina sa tête sans la quitter des yeux. Aucun mot ne justifia son geste mais tout ce qu'elle put lire sur les traits carrés de son visage, c'était l'absence totale d'une quelconque menace. D'une pression, il tira sur le bras de la jeune femme pour la rapprocher de lui, tant qu'elle se trouva forcée de le surplomber. Ses prunelles dans les siennes, il semblait serein alors même que l’air s’était chargé d’une tension presque palpable. Sa main lâcha le bras de la médicomage et remonta jusqu’à se poser sur sa joue, ses doigts s’enfonçant dans les fils bouclés de sa chevelure auburne. Le silence persista encore sans que rien dans cette pièce n’ose l’interrompre, comme si le temps venait de suspendre sa course pour cet instant précis où l’univers cessait tout simplement de tourner. Son pouce caressa délicatement sa pommette et le Mangemort fronça alors ses sourcils comme s’il venait d’être contrarié, pourtant, rien ne l’avait interrompu, pas même la sang-mêlée.

_ Il est étrange de penser que je me sens plus proche de toi que de n’importe qui dans ce monde. Alors même que le début de leur relation avait été chaotique, presque meurtrière.

Jamais il n’avait agi de la sorte ou du moins pas depuis bien des années. Pour une fois depuis bien longtemps, il prenait sciemment la décision de repousser ses limites, d’ignorer ses obsessions et de s’autoriser à répondre à ses envies. Qu’elle le repousse, qu’elle rejette son entreprise ou qu’elle réagisse violemment n’effleurait pas même son esprit, même si il lui en laissait l’occasion. Cet élan qu’il avait pour elle était juste spontané. C’était la criante expression d’un désir qui couvait et qu’il refusait de retenir davantage. Les conséquences n’avaient plus la moindre importance. Elle était médicomage, il était son supérieur, cela n’avait pas d’importance. Que cela ternisse leur relation au quotidien, cela n’avait pas d’importance. Qu’elle le réprouve et le salisse -même s’il l’en croyait incapable-, cela n’avait pas d’importance.

Ses doigts posés sur sa joue se raffermirent car ils la tiraient davantage contre lui, réduisant l’espace qui les séparait petit à petit et lorsqu’elle fut à quelques centimètres de son visage, son autre main s’y posa à son tour, encadrant sa tête pour en dégager ses cheveux rebels. Euron Carrow garda ses yeux dans les siens encore un instant puis il tira Alexis Fawley contre lui, mettant fin à cette attente en prenant ses lèvres entre les siennes.


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Soigner Euron était déconcertant. Probablement parce qu’elle ne s’était pas attendue à ce que cela lui fasse cet effet-là. Elle détestait se sentir aussi vulnérable, elle détestait se rendre compte qu’il y avait quelque chose en elle qui l’empêchait d’effectuer son « travail » aussi naturellement qu’ordinaire, comme s’il était devenu difficile d’être professionnelle. Pourtant, Lexi n’était pas le genre de femme facilement impressionnable et elle savait travailler sous la pression. La seule fois où elle avait perdu son sang-froid, c’était deux mois auparavant lorsque Kesabel avait failli perdre la vie et l’intensité de ses blessures l’avait submergé. Cette fois-là, c’était Euron qui lui avait permis de reprendre ses esprits ; Euron qui l’avait aidé à sauver son meilleur ami. Euron qui l’avait sorti d’un bon guêpier le mois passé avec Anderson. Sans qu’elle ne s’en rende compte, Euron avait de manière presque imperceptible pris une place importante dans sa vie, une place qu’elle n’avait pas voulu qu’il prenne, qu’elle n’avait laissé personne s’emparer. Parce qu’elle était comme ça, parce qu’elle craignait toujours que cela la place dans une situation qu’elle ne saurait gérer. Le contrôle avait toujours régi sa vie, c’était ainsi qu’elle s’était construite, avec la volonté de toujours tout maîtriser afin de ne jamais avoir de mauvaises surprises, afin de ne jamais être prise au dépourvu. Et pourtant, ces derniers mois, les imprévus s’étaient enchaînés et Lexi se rendait bien compte qu’elle était de plus en plus exposée, que ces émotions n’étaient plus aussi verrouillées qu’elles l’avaient été. Était-ce sa faute ou bien celle d’un autre ? La jeune médicomage tentait de remettre de l’ordre dans son esprit tandis qu’elle préférait user du sarcasme qu’elle maniait avec dextérité pour se sortir de ces tourments. Plaisanter sur la gravité des blessures de son directeur semblait être la chose la plus simple à faire et même Euron s’en trouva amusé. « Pour être tout-à-fait honnête avec toi, moi aussi. » dit-elle lorsqu’il fit remarquer qu’il préférait éviter que son corps ne vienne rejoindre ceux refroidis avec lesquels elle travaillait dans son service. Elle n’avait pas envie de changer de directeur. Elle n’en avait plus envie. Craignait-elle simplement de perdre les fonds et autres avantages qu’il avait réussi à lui obtenir depuis qu’il était à la tête de Sainte-Mangouste ou bien était-ce l’homme qu’elle ne souhaitait pas voir partir ? Si Lexi tentait de se convaincre de manière rationnelle qu’il s’agissait évidemment de la première option, elle préférait totalement occulter le fait qu’il ne s’agissait plus seulement de cela. « Peut-être que je n’ai pas envie qu’on te trouve un remplaçant. » laissa-t-elle échapper avant de se mordre la lèvre, furieuse d’avoir laissé échapper ces mots. Préférant se reconcentrer sur ce qu’elle maîtrisait, elle reprit son auscultation de manière plus formelle avant de donner son diagnostic. Évidemment, rien de ce qu’elle ne pouvait dire n’était nouveau pour lui, il avait probablement réalisé un auto-diagnostic avant qu’elle ne le rejoigne.

Alors qu’elle lui intimait de ne pas s’en faire sur les soins qu’elle comptait lui prodiguer, Euron lui répondit :  « Si je n’te pensais pas digne de confiance, crois-moi, aussi têtue que tu puisses être, tu ne serais plus là. » Cette phrase lui décrocha un sourire, l’imaginant assez fort bien la contraindre de force à quitter les lieux. Mais Lexi n’était pas qu’entêtée, elle était également incorrigible. Lorsqu’elle avait une idée en tête, il était difficile de la lui faire déloger. « Je ne me serai pas laissé faire. » Cela, il le savait fort bien. Elle était de ceux dont la détermination n’avait pas d’égale. Ses pensées allèrent naturellement à cette fois où il l’avait trouvé dans une bien fâcheuse posture, blessée et où elle lui avait tenu tête malgré les blessures. Étrangement, ce souvenir ne lui paraissait plus si horrible qu’il ne l’avait été. Au final, il n’avait voulu que l’aider. Tout comme elle le faisait maintenant, même si lui était consentant. Leur relation avait changé au point que la confiance était de rigueur, ce qui en soit était presque inespéré.

Occupée à s’occuper de ses blessures, elle décida de ne pas surenchérir lorsqu’il lui demanda de ne pas s’inquiéter pour son rythme cardiaque qu’elle préféra interpréter comme une anomalie due à l’adrénaline, en attendant d’avoir les résultats des analyses sanguines. Analyses qu’elle s’empressa d’effectuer afin d’éviter de passer à côté de quelque chose. Son examen clinique était rassurant mais elle préférait tout de même s’en assurer. Ce dont elle était certaine, par contre, c’était qu’Euron n’était pas habitué à ce qu’on le touche ou qu’on le soigne. Une simple piqûre semblait l’incommoder, si elle se fiait à la manière dont il réagissait en se pinçant le nez, comme pour oublier ce qu’elle était en train de lui faire. Préférant ne pas relever, elle lui demanda de changer de position afin d’avoir mieux accès aux différentes plaies. La facilité à laquelle il s’exécutait était des plus déconcertantes pour la jeune médicomage, peu habituée à tant de docilité de sa part ; comme s’il s’était résigné. Tentant de lui changer les idées, Lexi essaya de le faire parler, de savoir ce qui s’était passé. La réponse courte est brève d’Euron lui fit comprendre qu’il n’avait guère envie de s’attarder sur le sujet, ce qu’elle pouvait comprendre puisque c’était tout de même un aveu de faiblesse. « Je n’imagine pas l’état de l’autre. » Elle savait pertinemment qu’il n’était pas le genre à se battre sans broncher ; le moldu devait être sacrément éméché. Lexii garda ensuite le silence, se contentant de poursuivre les soins qu’il nécessitait. Une vingtaine de minutes s’écoulèrent ainsi sans qu’aucun ne prononce aucun mot. Cela n’était pas pour déranger la jeune femme, habituée au mutisme de ses patients.

Une fois qu’elle eut terminée, le soupire de soulagement qui s’échappa des lèvres d’Euron lui arracha un sourire. C’était fait, c’était terminé. La douleur qu’il ressentait s’était atténuée et les anti-douleurs lui permettaient probablement de réfléchir plus sereinement. Trop occupée à ranger ses instruments, elle ne sentit pas le regard brûlant d’Euron sur elle. Et lorsqu’il attrapa son poignet, elle se tourna vers lui, se demandant si elle avait oublié une blessure à soigner. Leurs yeux se percutèrent et elle comprit immédiatement que son geste n’avait absolument rien à voir avec une quelconque plaie. Complètement figée, ne sachant pas comment réagir, Lexi n’eut même pas le réflexe de s’extirper de son étreinte comme elle l’aurait probablement fait si quelqu’un d’autre l’avait touché sans son consentement. Mais peut-être qu’elle ne le voulait pas vraiment. Et cette pensée la transperça, faisant battre son cœur plus rapidement qu’à l’accoutumée. Celui-ci fit une nouvelle embardée quand Euron l’attira à lui et que ses yeux la regardèrent si intensément qu’elle en fut décontenancée. Qu’avait-il ? Il semblait si serein alors qu’elle-même s’était soudainement figée, inquiète de ce qui pourrait bien arriver à présent. Ses doigts s’enfonçaient dans sa chevelure tandis qu’elle réfléchissait à mille manières différentes de se dérober. La difficulté résidait dans le fait qu’aucune de ces manières n’arrivaient à sa fin, son esprit semblait comme déconnecté de la réalité. Elle tentait d’ouvrir la bouche pour lui demander ce qu’il faisait mais aucun son ne passait ses lèvres tandis que la main d’Euron s’aventurait sur son visage, frôlant sa peau, lui arrachant un frisson délicieux. Non était le seul mot qu’elle souhaitait dire, tant il lui était inconcevable qu’il la touche ainsi, elle qui détestait tant la proximité physique mais elle ne parvenait pas à le repousser. Elle n’y arrivait pas, pour une raison qui lui était totalement obscure et inconnue. Son cœur s’accéléra davantage lorsqu’il ouvrit la bouche :  « Il est étrange de penser que je me sens plus proche de toi que de n’importe qui dans ce monde. » C’était trop inattendu et déroutant pour que cela soit vrai. Alors qu’elle cherchait encore un moyen pour se dépêtrer de son emprise, en proie avec une curieuse ambivalence, il la tira davantage contre lui, leurs corps s’épousant alors qu’elle basculait sur le sofa. La manière dont il la regardait en disait suffisamment pour qu’elle comprenne ce qui l’attendait si elle ne réagissait pas immédiatement mais elle en fut incapable et elle laissa Euron l’embrasser sans le repousser.

Leurs lèvres se trouvèrent avec une facilité déconcertante et Lexi s’abandonna dans ce baiser sans chercher à comprendre. Tout dans ce contact était délicieux : la douceur de sa bouche, la chaleur de sa langue, le goût de ce baiser. Lexi se laissa emporter avec une facilité qui ne lui ressemblait que peu. Les battements de son cœur s’accéléraient davantage et elle comprenait soudainement mieux la raison de l’emballement du rythme cardiaque de son partenaire. Mais pour autant… était-ce raisonnable ? Au bout d’une dizaine de secondes, elle se recula doucement pour séparer leurs bouches tandis qu’elle fuyait son regard, incapable de s’y confronter. Elle n’avait pas l’habitude qu’on la séduise ainsi, elle était désemparée et tout ce qu’elle trouva à dire ce fut : « Les antidouleurs te font dire et faire n’importe quoi, mais... » Voilà ce qui était plus rationnel. Voilà ce qui semblait être plus adéquat et plus sensé et pourtant… Elle savait que ce n’était pas totalement vrai. Peut-être que cela expliquait en partie son comportement mais pas entièrement. « Tu as toute ma confiance. » répondit-elle en retour de ces propres mots. C’était un aveu des plus irrationnels et jamais elle n’aurait cru pouvoir le dire mais c’était bien réel, malgré ce qu’il lui avait fait, désormais elle lui était loyale. Pleinement. Pour Lexi, cela voulait dire beaucoup ; elle ne confiait pas cela à n’importe qui. Elle releva les yeux vers lui avec une lenteur inconsidérée, cherchant dans son regard les réponses qu’elle cherchait à trouver mais ses yeux céruléens eurent raison d’elle ; elle se pencha vers lui pour lui voler un autre baiser tandis que son corps tout entier s’embrasait. Elle se pressa contre lui, ses doigts s'aventurant sur sa peau, convaincue qu’il lui fallait assouvir ce désir qu’elle ne comprenait pas pour pouvoir retrouver une certaine plénitude dans sa relation avec lui. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait.

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Alexis Fawley n’était pas du genre à subir un contact non désiré. Qu’elle ne le repousse pas l’encouragea à ne pas rompre son empressement et à y laisser libre court. Lorsqu’elle se recula, lui ne la lâcha pas des yeux. Avait-elle finalement changé d’avis ? Cela n’aurait pas été étonnant, bien qu’il était incapable de ressentir la moindre compréhension en cet instant. D’ailleurs, la main contre sa tête resta à sa place, contre sa peau et dans ses cheveux. Lorsqu’elle remit en doute sa sincérité, il fronça subrepticement ses sourcils. Y croyait-elle réellement ? Il analysa cette possibilité en une seconde à peine. Les antalgiques avaient fait disparaître sa douleur. Le soulagement avait provoqué la libération d’endorphines mais ces dernières ne pouvaient en aucun cas le faire agir d’une façon différente. Après tout, on ne parlait pas là de drogue. Mais peut-être essayait-elle de trouver une raison qui pouvait la satisfaire ? Elle n’arrivait même pas à le regarder dans les yeux. Voilà qui était inhabituel.

Lexi a écrit:
« Tu as toute ma confiance. »

Cette phrase le fit ciller. Avait-il mal compris ? Était-il réellement sous l’emprise des sédatifs ? Au point d’entendre des choses qui n’existaient pas ? Son regard sur elle se fit plus intense et ses yeux se froissèrent alors que Lexi osait enfin l’affronter et il sut alors qu’il n’avait pas rêvé ces mots. Il n’y avait rien à dire à cela. La seule réponse ne pouvait être exprimée par des mots et chacun savait à quel point cela était inutile entre eux désormais.

La sorcière brisa la distance qu’elle avait laissé s’installer entre eux pour se presser contre lui et ses lèvres. Ses yeux se closent à ce contact, étrangement doux, effroyablement agréable. Ses mains larges se posèrent sur ses fesses et remontèrent le long de son dos, si menu en comparaison, qu’elles pouvaient l’englober rien qu’en écartant les doigts. Sous leur passage, il froissèrent la blouse qu’elle portait encore et sans lâcher ses lèvres, ses mains entreprirent de l’en débarrasser, la faisant glisser de ses épaules sans ménagement pour la laisser tomber sur le parquet lustré. Ses bras musclés s’enroulèrent autour d’elle, possessivement, comme s’il souhaitait la dévorer toute entière. La peau de ses doigts se fraya un chemin sous son débardeur, rencontrant celle de son dos, douce, frissonnante, parfaite et passa sans hésiter le coton par delà ses épaules, laissant le haut de son corps nu, sans plus qu’aucun tissu ne la protège de son regard implacable. Euron l’observa, silencieux, laissant une légère distance les séparer, ses yeux s’attardant sur son visage qu’il semblait redécouvrir. Elle avait perdu cet air si farouche pour revêtir celui du trouble. Une image lui revint soudain, un souvenir qu’il avait violé lors de leur rencontre le fameux soir où il l’avait vue blessée. Il revoyait l’enfant cloîtrée dans la salle de bain, le corps parsemé de contusions, les yeux envahis par cette fragilité prégnante, se cachant d’un père violent trop alcoolisé. Elle l’avait dissimulée avec soin et ardeur pendant toutes ces années, et pourtant cette gamine était encore là, sublime de vulnérabilité, juste devant lui. Jamais il ne l’avait envisagée de la sorte avant cet instant et cela lui semblait si surprenant… comme s’il était passé à côté d’une chose importante pendant des mois sans la voir véritablement.

Ses yeux au bleu glacial coulèrent le long de sa gorge palpitante pour s’attarder sur la peau frissonnante de sa poitrine et sa respiration s’accéléra soudain, tant le désir de la posséder était devenu fort et violent. Cette flamme de désir, elle put le distinguer sans mal, jusqu’à ce que ses mains puissantes se referment sur elle à nouveau, ses bras l’enserrant contre lui mais cette fois il ne se limita pas à un baiser. D’un mouvement, il se redressa, la soulevant avec lui presque sans effort pour la faire basculer sur le sofa d’où sa haute silhouette la surplombait. Il déboutonna le jean de la médicomage avant de l’en défaire, puis le Carrow se pencha davantage sur elle, dispensant des baisers empressés sur son nombril, remontant vers son plexus solaire, se repaissant de ses seins. Il continua le long de sa gorge avant de laisser son corps la couvrir, se presser entre ses cuisses tandis que ses baisers enfièvrés submergeaient ses lèvres.



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A présent, il reprenait son souffle, inspirant plus profondément, fermant les yeux un instant. Fawley était encore sur lui mais il ne voyait pas son visage, juste ses boucles auburns emmêlées. Son corps contre le sien, il pouvait sentir le moindre mouvement, le moindre battement de son cœur, le moindre frisson. Avec une douceur inusité contrastant avec leurs ébats, Euron leva sa main pour poser son pouce contre sa colonne vertébrale et descendit doucement, sentant chaque vertèbre se dérouler sous son derme. A la fin de sa course, sa main chaude se posa simplement sur sa cuisse, l’englobant quasi entièrement.

Il avait une vague idée de ce que la jeune femme ressentait car il la connaissait plutôt bien. Pour autant, il ignorait, la fièvre passée, comment elle allait choisir d’agir. La raison reprendrait bientôt sa place dans leur conscience, évinçant la folie comme des anticorps se chargent d’un virus. Son bras libre se resserra légèrement sur son dos, l’encourageant sans un mot à rester ou du moins à ne pas se sentir obligée de fuir,  mais pas assez pour la priver de sa liberté et du choix qu’elle ferait.

Il reporta son regard acier sur la haute fenêtre qui laissait passer la sublime lumière de l’astre du jour. Depuis combien de temps étaient-ils ici tous les deux ? Bien que la question effleura son esprit, il ne jeta pas un seul regard à l’horloge magique pendue au mur de son vaste bureau de Direction.

Le bout de ses doigts tapotèrent sa cuisse.

_ Est-ce que tu veux boire quelque chose ?

Il devait bien l’avouer, lui crevait de soif.


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La jeune femme ne pensait à rien d’autres qu’au flot de sensations incroyable qui la traversaient de toute part, grisée par les caresses de son partenaire, par la fièvre qui s’était emparée d’eux et par les émotions contradictoires qui l’envahissaient. En règle générale, Lexi se laissait rarement aller à de telles effusions physiques. Peut-être parce qu’elle détestait que des inconnus la touchent et parce qu’elle estimait qu’elle ne pouvait faire confiance à personne. Mais Euron lui avait montré à deux reprises qu’il pouvait être un allié de taille pour elle et que s’il avait des manières absolument extravagantes à toujours vouloir tout contrôler, elle savait bien qu’en définitive, si elle avait eu son pouvoir, elle l’aurait probablement utilisé elle-aussi. Peut-être était-ce un moyen d’excuser son comportement et de passer outre ? Totalement. Si elle ne pardonnait pas ce qu’il lui avait fait vivre, elle se savait capable de l’encaisser désormais ; Euron était un mangemort, pas un enfant de cœur et cela il fallait bien qu’elle l’accepte. Qu’elle le laisse la toucher et aller bien au-delà de simples baisers montrait bien à quel point son point de vue à son égard avait changé. En cet instant, elle ne pensait plus, elle vivait simplement, laissant ses sens prendre le dessus sur tout le reste. Elle n’était pas une fervente adepte des relations charnelles mais elle savait bien ce qu’elle aimait, ce qu’elle voulait. Elle n’était guère de celles qui se contentaient de suivre les désirs de l’homme, aimant également imposer son rythme, ses propres mouvements. La manière dont le corps d’Euron répondait à ses initiatives rendait les échanges encore plus sauvages, plus fiévreux, plus intenses. Se laissant aller à cet échange bestial qu’elle n’avait nullement prémédité, leurs corps surent sans difficulté répondre à l’appel de leurs sens et succomber sans attendre dans les affres du plaisir.

Atteignant la jouissance sans tarder, Lexi sentit son corps se tendre puis se relâcher tandis qu’elle posait doucement sa tête sur l’épaule d’Euron, reprenant son souffle. Elle resta ainsi durant quelques instants, ne sachant pas bien si elle devait bouger ou non. Attendant que son cœur retrouve un rythme plus détendu, Lexi eut tout le loisir de redescendre de son nuage maintenant que l’adrénaline et les endorphines qu’elle avait ressenti sous le coup de l’excitation commençaient déjà à s’estomper, laissant les cogitations revenir de plein fouet dans son esprit malmené. Ramené à la réalité par les doigts d’Euron qui se frayaient un chemin tout le long de sa colonne vertébrale, elle frissonna à son contact ; c’était plaisant, il fallait bien l’avouer. Mais pour autant, devait-elle se laisser aller ? Elle venait de coucher avec son directeur, avec son supérieur hiérarchique direct. Quelle erreur. Pourtant, une partie de Lexi refusait de voir ça comme une erreur mais plutôt comme du bon temps pris librement entre deux adultes consentants. Mais l’autre part, bien plus importante, se souvenait à quel point il était difficile de s’attacher, de faire pleinement confiance et surtout elle n’avait jamais cru mériter d’avoir autant d’attention. Voilà pourquoi la plupart du temps, elle réduisait à néant les tentatives des autres d’entrer dans son espace personnel. Il y avait cette peur, cette angoisse sous-jacente, celle d’être abandonnée, d’être insuffisante. Si ce traumatisme ne datait pas d’hier, Lexi n’avait jamais vraiment réussi à le dépasser, ce qui expliquait sans doute pourquoi elle n’avait jamais véritablement réussi à nouer de véritables liens sentimentaux avec qui que ce soit. S’abandonner était trop difficile, trop dangereux, trop risqué.

Lorsqu’Euron resserra légèrement son emprise sur elle, elle interpréta ça comme un signal. Mais quel signal ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Elle n’était vraiment pas douée pour comprendre les relations humaines… Il la gardait contre lui, proche de lui, mais avait-il une raison de le faire ? Elle pensait trop, elle se posait trop de questions. Et pour autant, elle se demandait ce à quoi il pensait lui et surtout, elle se demandait s’il tentait de savoir ce à quoi elle pensait elle. Se raidissant légèrement, elle tenta de fermer son esprit comme Tobias le lui avait appris, tout en sachant qu’elle était loin d’avoir le niveau suffisant pour empêcher Euron d’entrer dans son cerveau, encore moins maintenant qu’elle était totalement vulnérable dans ses bras. « J’ai pas soif. » furent les seuls mots qui parvinrent à sortir de ses lèvres en réponse à sa question. Elle s’extirpa de son étreinte et se rhabilla sans tergiverser davantage. Elle replaça autour de sa cuisse droite sa sangle de couteau qui était tombée lors de leurs ébats et effleura sa lame fétiche pour se rassurer, pour tenter de remettre de l’ordre dans ses idées.

Hésitant à fuir immédiatement, elle se ravisa néanmoins en se dirigeant vers une console où était disposée divers alcools, de belles carafes et des verres. Elle grimaça face à ce breuvage qu’elle exécrait, ne comprenant pas bien pourquoi les hommes adoraient tant boire de l’alcool. Elle se contenta de remplir l’un d’eux avec du Whiskey avant de dire : « Pense à boire de l’eau aussi. » Elle le lui tendit et se réinstalla à ses côtés. Elle mit doucement sa main dans son dos pour le forcer à se décoller du canapé afin qu’elle ait suffisamment d’espace pour vérifier ses blessures. Elle souleva doucement le pansement qu’elle lui avait fait quelques instants auparavant et constata que la plaie n’avait pas bougé. Oui, sa conscience professionnelle était des plus exemplaires. Elle replaça le sparadrap. « Je viendrai changer tes pansements tous les soirs après mon service. » Ce n’était pas une proposition mais bien une obligation mais Lexi connaissait Euron, il était assez peu probable qu’il se soumette à son bon vouloir. Il était fait du même bois qu’elle. Ce constat était effrayant en réalité. « Repose-toi. »  Elle se releva et n’osa plus le regarder. Valait mieux faire comme si de rien n’était. « J’ai des patients à voir. » La fuite était la meilleure des solutions si elle voulait remettre de l’ordre dans son esprit. Tout cela était beaucoup trop difficile à gérer pour elle. Courir s’enfermer dans la morgue était la seule chose réconfortante à laquelle elle songeait désormais, là où elle avait le contrôle, la maîtrise.

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