Luca avait demandé à me voir. Je retournais le sujet dans tous les sens, mais ce n’était pas normal. Luca ne demandait pas. Il débarquait. Il s’imposait quoique je sois en train de faire. Parce que c’est ainsi que nous fonctionnions, lui comme moi. Alors pourquoi un putain de hibou ? Pourquoi quelque chose d’aussi solennel ? Je tournais en rond dans mon appartement. Au fond de moi, je redoutais qu’il ait eu vent de l’incartade avec Elwyn au White Horse. Il allait forcément me poser des questions. Il voulait me virer de la Cosa Nostra ? Les membres illustres des familles allaient-ils débarquer pour faire mon jugement ? Non… Il restait mon frère. Mon sang. Il ne me ferait pas ça. Mais je sentais bien qu’il voulait marquer le coup en procédant ainsi et je n’aimais pas ce que cela augurait. Il n’était que neuf du matin. Je devais m’occuper de bécanes toute la journée et voilà que j’avais cette épée de Gryffondor au-dessus de ma tête.

De mauvaise humeur, je descendais dans la partie atelier. Mes collègues durent sentir que ce n’était pas le jour pour m’emmerder. Après une vanne ou deux et les avoir envoyés chier copieusement, le silence s’installa. Je m’enfermais dans ma bulle, mes mains glissant entre les rouages d’un moteur pour sortir cette histoire de ma tête. Je n’avais rien dit à Luca pour Hell et moi. Enfin… Hell et moi… Ce n’est pas comme si nous étions réellement ensemble. Nous avions justement peur de ce genre de découverte qui pouvait nous coûter cher à l’un comme à l’autre. Des brides qui nous retenaient de pleinement profiter de ce que nous avions. Sans jamais admettre que cela pouvait être plus… du moins par bride de mots. Ce n’était pas que physique même si l’attraction était indéniable et presque toujours sous-jacente depuis que nous nous étions retrouvés. C’était compliqué… Oui, compliqué, c’était bel et bien le mot. « Porca puttana ! » Putain de merde ! Je venais de me couper avec une pièce. J’allais rincer mes mains crasseuses. Il y avait toujours de quoi se soigner dans la salle de repos. Je cherchais Luca du regard, mais évidemment, il avait disparu. Encore une de ses techniques pour me rendre dingue. Je comprenais le message. Il y avait de forte chance que cela finisse par une dispute. La confrontation Zabini, elle se faisait avec les points. Plus efficace que de parler après tout. J’atteignais mon but et ouvrais une armoire contenant plusieurs potions et compresses. Je poussais un soupir et en imbibais une pour l’appliquer sur ma main. Le picotement m’arracha une grimace. Je sortais de la pièce pour me rendre dans l’arrière-cour et profiter un instant de prendre l’air frais. L’endroit était désert. Je me sortais une cigarette et tirais dessus avec force aspirant autant de nicotine que possible, libérant ensuite un nuage de fumée. Je restais ainsi plusieurs minutes, le silence envahissant mes oreilles d’une façon presque étourdissante. Je n’aimais pas être en conflit avec Luca. Il était Mia Luce. Mais nous étions tous les deux issus de la famille. Avec des caractères volcaniques. Le message était clair depuis ce matin. Entre la lettre et son absence, cela allait partir en couille. Et j’étais certaine que cela allait être en lien avec Hell… Il n’y avait que cela qui pouvait le pousser à agir ainsi. Car si j’étais dans un état erratique, je savais que de son côté, cela n’était pas forcément mieux.

Pourtant, je ne lui donnais aucunement raison. S’il m’attaquait sur ce sujet, j’aurais clairement de quoi riposter surtout avec sa traîtresse de nana qui nous servait de comptable. S’il voulait jouer à ce petit jeu… Je retournais travailler, me préparant mentalement à tous les reproches qu’il allait pouvoir m’opposer. J’imaginais comment répondre. Dans ma tête, je tentais de garder mon calme… Seulement, mon palpitant s’agitait d’avance et mes mains se crispaient régulièrement d’énervement. Avec Luca c’était soit l’osmose parfaite, soit le chaos. Ce soir, je vous laisse deviner ce qu’il allait en être.

Après une longue journée, je remontais dans mon appartement pour me doucher et me changer rapidement. Je choisissais des vêtements confortables avant de retourner au garage et me pointer dans le bureau que nous occupions. Il n’était évidemment pas là. Bien sûr, quitte à me faire rager, autant être en retard. Je contournais le bureau et mon regard fut attiré par une revue. Je l’attrapais et … « Porca puttana ! » le magazine de merde qui avait publié l’article sur Elwyn et moi à ses côtés. Son vif d’or… putain, tu parles d’un titre racoleur. Je l’avais presque oublié. Les mois étaient passés, jamais cela n’était arrivé aux oreilles de mon frère et soudainement cela ressortait. Je savais qu’il avait fait exprès de le laisser là. Je l’entendis arriver après quelques minutes et l’accueillais d’un sourire narquois. « Je savais pas que tu lisais la presse de gonzesses. » Autant attaquer directement et ne pas tourner autour du pot. Je balançais l’objet du crime sur la surface en bois et croisais les bras, prête à en découdre.

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Le regard rivé sur la couverture du magazine people, j'étais dans un état d'agitation incontrôlable. J'étais en colère, tellement en colère que mes mains tremblaient et mon souffle était court. Mon propre frère, Luca, m'avait convoquée comme si j'étais une vulgaire employée dans notre bureau au Thestral Motor. Il m’avait fait tergiverser toute la journée en disparaissant des lieux sans même un mot. J’avais tout de suite compris qu’une telle réaction était forcément liée à Elwyn. Il n’y avait que cela pour le pousser à agir de la sorte. Il voulait marquer le coup et j’avais bien compris le message. Cela me mettait dans un état de rage insidieuse que j’avais dû contrôler tout au long de la journée. Il avait découvert ma pseudo relation avec Elwyn de la manière la plus humiliante qui soit, en voyant notre histoire étalée sur la couverture d'un magazine à scandales. Le pire, c’est qu’à ce moment-là, il n’y avait rien. Rien si ce n’est des piques, de la rancœur. Cette image était loin de refléter ce qu’il s’était réellement passé à cet instant. Pourtant… Juste après nous avions disparu dans les méandres de l’espace de réception. Ce qui avait certainement attisé la curiosité de cet enfoiré de journaliste qui avait rédigé cet article et pris cette photographie.

J'avais essayé de garder tout cela secret, car je savais que jamais la Cosa Nostra n’accepterait une liaison avec un homme comme Elwyn. Il m’était strictement interdit. Il avait été banni il y a des années, lorsque Luca avait découvert qu'il était un espion envoyé pour découvrir des informations compromettantes sur notre famille. Mais les sentiments entre Elwyn et moi à l’époque étaient déjà compliqués. Je m’étais longtemps sentie trahie par lui. Pensant qu’il m’avait manipulé pour parvenir à ses fins. Les années avaient passé, nous nous étions retrouvés, et nous avions fauté. Nous ne pouvions pas résister à la passion qui nous unissait… Et ce que Luca ne savait certainement pas, c’est que cela ne s’était pas arrêté là. Les sentiments que je portais pour Hell s’étaient réveillés. Nous nous étions expliqués sans parvenir à mettre de mot sur ce que nous étions. Parce que c’était bien trop compliqué… Parce que notre passif serait toujours là. Parce que la Cosa Nostra ne voudrait jamais que cela perdure…

Quand je suis entrée dans le bureau, Luca n'était pas encore présent, mais le magazine était là, posé de manière provocante sur son bureau. L'image de nous deux, moi et Elwyn, faussement souriants et complices, l’un en face de l’autre, installés au bar, avait été imprimée en gros plan sur la couverture. Le titre criard disait tout : « Elwyn O’Connor a-t-il enfin trouvé son vif d’or ? » Le silence du bureau était oppressant. Je pouvais presque sentir les mots accusateurs de Luca dans l'air, même s'il n'était pas encore là. Mes émotions étaient un tourbillon de colère, de frustration et de douleur. Comment Luca avait-il pu me convoquer de cette manière, en exposant notre secret de manière si publique et humiliante ? Si quelqu’un d’autre était rentré… Lorsque Luca arriva enfin, je ne pus m'empêcher de lancer une pique sarcastique pour masquer ma propre vulnérabilité.

Il leva les yeux de la couverture du magazine, son visage dur et imperturbable. « Et toi ça te plaît de passer pour sa pute ? » Les mots me frappèrent comme un coup de poing en plein visage. Si cela était notre méthode habituelle pour régler nos comptes, le fait qu’il prononce ces mots à haute voix fit tourner mon sang dans mes veines qui pulsaient jusqu’au bout de mes doigts que je fermais avec rage. Ma colère atteignait des sommets. « Comment oses-tu ? » mordais-je, dans notre langue maternelle, ma voix tremblante de rage. La fureur tourbillonnait en moi, mais il ignora royalement ma remarque. « Tu fais ce que tu veux de ton cul, Anjelica. Mais pas avec lui. » Je lâchais un rire sans joie, s’échappant sarcastiquement de mes lippes. Il se foutait de moi. Ce n’était pas possible autrement. Mais ces phrases continuèrent de tomber. Brutales et sans aucune pitié. Aucune compassion. « Ça t’a pas suffit ce qu’ils s’est passé l’an dernier ? Tu ne trouves pas qu’on est assez dans la merde comme ça, faut que t’en rajoute avec cet enfoiré. Tu vas arrêter de le voir.  » Le journal toujours entre mes mains, je le froissais. Il savait pour l’incartade au White Thestral, j’en étais certaine. De toute façon, cela ne pouvait pas être passé inaperçu… Je lui jetais le ramassis de conneries en pleine figure.

« J’espère que tu déconnes Luca ? Tu continues de baiser avec cette traînée qui nous a menti depuis des années et tu viens me donner des leçons, à moi ? » Je m’approchais de lui pour lui montrer que je lui tiendrais tête, quoi qu’il arrive. Je relevais le visage pour fondre mon regard dans le sien. « Quand tu seras exemplaire, que tu arrêteras de renifler ta merde, tu pourras me reprendre sur la façon dont je mène ma vie. » Du bout du doigt, j’essuyais la fine trace blanche qui avait souillé le coin de sa narine. Par pure provocation, je glissais le résidu entre mes lèvres. « En attendant, si j’ai envie de baiser avec Elwyn, ça ne te regarde pas. Pas tant que tu laisses notre argent être géré par cette pétasse tout ça parce que ta queue aime trop sa chatte pour s’en éloigner ! » A son instar, j’usais de mots crus et violents pour le percuter autant qu’il avait voulu le faire avec moi. Il ne pouvait pas se permettre de jouer ainsi avec mes nerfs. Il ne pouvait pas me donner d’ordre alors qu’il n’était même pas foutu de gérer ses propres relations.

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Luca avait voulu jouer avec mes nerfs toute la journée. Cette forme de convocation… Rien n’était habituel dans cette façon de procéder et cela me mettait les nerfs en pelote. Surtout qu’il avait volontairement déserté le garage. J’étais certaine qu’il l’avait fait exprès, car j’aurais passé mon temps à le tanner pour en venir aux faits plutôt que me faire mariner de la sorte. Autant le dire, cela marchait parfaitement. Cette situation m’avait agacée toute la journée en me forçant à imaginer tous les scénarios possibles. L’ éventualité que cela concerne Elwyn m’avait bien évidemment effleuré l’esprit. Surtout avec ce qu’il s’était passé il y a peu de temps au White. Pourtant, lorsque je pénétrais dans notre bureau peu avant l’heure de notre rendez-vous, c’est autre chose que je découvrais. Cela concernait bel et bien l’Irlandais avec qui j’envisageais de me tirer pour quelques jours dans son pays d’origine. La une de cette presse à scandale m’avait rendue folle à l’époque… Accusant Elwyn de l’avoir volontairement mis en scène pour me mettre dans la merde. Mais cela n’avait pourtant pas été le cas. Cette photo, prise à notre insu ce soir-là… Elle laissait penser que nous étions complices alors que nous étions en train de nous tirer dans les pattes. La tension avait été si intense, les provocations si fortes… Je me souvenais de cette première fois où nous avions recouché ensemble comme si c’était hier. Mais cela, le tabloïd n’en savait rien. Il sous-entendait juste que le joueur de quidditch avait enfin trouvé une compagne sans savoir qui j’étais et promettait dans les grandes lignes de me retrouver. Choses qu’Elwyn et son agent avaient empêchées en maîtrisant la situation. La preuve en était… Luca ne tombait sur cet article que des mois après. Il n’en avait jamais eu vent auparavant.

Pourtant, ce qui me rendait folle, c’était sa façon de procéder. Je ne supportais pas ses manières surtout lorsqu’il se croyait dans son bon droit de me donner des leçons. Certes il était mon frère, mais il n’avait aucune autorité sur ma vie. Il n’avait aucun droit de jouer avec moi de la sorte surtout lorsque tout le monde savait qu’il continuait à coucher avec Theodora, cette précieuse qui nous avait trahis au même titre que Jaeden. Alors qu’il mette en place tout ce stratagème comme pour me faire payer ma relation avec l’Irlandais, je trouvais ça limite. Un vrai foutage de gueule et une belle hypocrisie. Dès qu’il passait le seuil du bureau, je l’attaquais. Je n’avais aucune intention de me démonter devant lui. Et ses répliques ne tardèrent pas à fuser. Il avait beau être mia Luce, en cet instant, j’avais juste envie de lui coller mon poing dans la figure pour qu’il se taise. Il jugeait sans même chercher à comprendre ce qu’il s’était réellement passé. Cet article aurait pu être totalement bidon qu’il me rangeait directement dans une case. C’est ce qui me forçait à croire qu’il savait pour le White… Qu’il n’y avait pas que cette une de paparazzi qui le rendait si hargneux. Il me traitait de pute. Un comble pour un type qui s’envoyait en l’air avec une nana tout droit sortie d’un bordel. « T’es personne Luca. Tu ne seras jamais en une d’un magazine. » Elwyn avait été un prodige dans son milieu et même si je n’avais jamais aimé ce sport, il était facile de le comprendre. Il continuait malgré les années à fasciner la presse. Malheureusement pour moi, j’avais été prise en photo par ces monstres. « La seule différence entre Elwyn et elle, c’est qu’elle n’est rien. Elwyn, on a profité de son père pour s’engraisser en le faisant chanter. Je ne les compare même pas. Comme tu le dis si bien toi même, ce n’est qu’une ancienne pute. Et j’imagine que si elle est encore en vie après le tribunal c’est que tu as bien chialé auprès de papa. » Il voulait jouer ? Dire que je mettais en danger la famille par mes fréquentations ? Il n’était pas tout blanc non plus. Il devait bien avoir conscience que c’était un terrain glissant, non ? Avant de m’attaquer sur un tel sujet, il aurait dû revoir sa copie, car il avait oublié où il se trouvait dans cette histoire.

« Si ça me regarde. Ça me regarde quand tes actes ont un impact sur la famille. Franchement, te rabattre sur O’Connor juste pour me faire chier, c’est petit, même venant de toi. » J’éclatais de rire à ses paroles. Il ne pouvait pas être sérieux non ? La coke lui avait définitivement retourné le cerveau, c’était forcément lié à ça. « Excuse moi Luca, mais pourquoi je chercherais à te faire chier ? Qui j’ai suivi le jour du tribunal ? Toi. J’ai laissé Jaeden à terre. Je t’ai toujours été fidèle. Pourquoi tu me sors ça ? C’est quoi ton problème putain ? Tu te rends de ce que tu sous-entends ? » Il me rendait folle de rage. Pourquoi je l’aurais fait chier ? Qu’elle aurait été ma motivation alors que malgré son penchant pour la comptable de service, je ne lui avais jamais fait aucun reproche ? Lui venait me sauter dessus parce que je fréquentais Elwyn ? Plutôt que de chercher à comprendre ce qu’il se passait. Que de vouloir m’ordonner de ne plus le voir ou lieu de m’aider ? « Tu es décevante. » Je lui lançais un regard mauvais. J’attrapais un dossier sur le bureau et lui jetais à la figure.« Et toi tu es qu’un connard d’hypocrite qui rejette ses problèmes sur les autres parce que tu assumes pas ce qui tu fais. » Mes poings se serraient avec vigueur pour tenter de me contrôler un minimum. « T’es qu’un lâche. »

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Je constatais qu’une chose au cours de cet échange. Luca était à côté de la plaque. Il avait souhaité provoquer cette rencontre d’une façon plus que stupide, il en récoltait le résultat. Ma colère. Il avait voulu jouer au plus malin ? J’étais sa sœur, putain. Il se prenait pour qui ? Pire, comment me considérait-il pour se permettre d’agir ainsi avec moi ? Il voulait m’attaquer, me faire la morale ? Bonne nouvelle, frangin, j’étais majeure et vaccinée. Je n’avais pas besoin de lui pour me dire ce que je devais, surtout quand lui était incapable de gérer sa vie correctement. Se planquant dans la drogue, s’affichant avec Theodora sans aucune gène. Laissant Jaeden vivre sa vie. Ils nous avaient trahi. Menti. Je me souvenais encore de Jae, alors qu’une enquête avait été ouverte sur son passé sulfureux. Ses yeux, plongés dans les miens, qui me promettaient qu’il n’avait rien caché d’autre qui pourrait attiser le feu de mon père. Et la mafia avait fait parler le passé. Dévoilant cette sombre histoire. Ils nous avaient pris pour des cons. Nous avions perdu toute crédibilité devant nos parents. J’avais rompu avec Jae ne pouvant passer à autre chose. Au-dessus de ces faux semblants. Moi j’avais agi contrairement à Luca.

Hell, quand il avait fait irruption dans ma vie… je ne l’avais pas vu venir non plus. Cette situation, nous la savions tous les deux délicate. Nous étions restés cachés, sans assumer pleinement encore aujourd’hui ce qui nous unissait. Mais jamais je ne laisserais Luca venir me donner des leçons. Il n’avait pas d’allure… Il voulait piquer, il tombait à côté. Je croisais les bras satisfaite quand je lui disais qu’il n’était rien, qu’il ne ferait jamais la une des magazines alors qu’il disait ne jamais finir dans la presse à scandale. Aucun risque, c’était certain. Et donc aucun mérite. Sa réponse m’arracha un sourire en coin. Il était blessé dans son ego. Je n’ajoutais pas un mot, son manque de répartie se suffisait à lui-même.  D’ailleurs, ses réponses continuaient à taper à côté. C’en était risible. Je n’avais même pas envie de rentrer dans le débat. Je me fichais de mon fiancé ? C’est tout ce qu’il avait trouvé. Le silence. Oui. Je le laissais s’enfoncer dans ses paroles sans queue ni tête. Car il savait. Il savait qu’il m’avait tenu à l’écart. Qu’il s’était entretenu seul avec notre père sans prendre la peine de me considérer ! Moi qui avais tenu la baraque pendant qu’il sombrait dans la drogue.  Il se mentait à lui-même. Car ce qui comptait pour lui, c’était Theodora. Comme Jae ce jour-là qui n’avait eu aucun geste pour venir vers moi. Seulement s’accrocher. J’étais le dindon de la farce. Je le réalisais en cet instant. Je lâchais un rire. Il avait fait ça pour moi. « N’oublie pas que ce jour-là, tu m’as écartée Luca. » répondis-je seulement pour simple avertissement. Cela allait bien sa crise égocentrique. Qu’avait-on fait à mon frère sérieusement ? Il n’avait plus de couilles. Il se laissait complètement aller. M’accusant de tomber amoureuse d’un homme juste pour le faire chier quand lui s’entichait qu’une pute ? « T’es ridicule. » répliquais-je alors qu’il disait qu’il le détestait. C’est tout ce qu’il retenait. Il insinuait que je faisais ça pour le faire chier, sans raison apparente, juste comme ça. Putain. Il pouvait vraiment être con quand il s’y mettait. Dans le fond, ça me blessait qu’il soit aussi bas de plafond et pense que je sois capable d’agir ainsi juste pour l’emmerder. Il avait quel âge ? Et il continuait à déblatérer à côté. Sans répondre à mes reproches parce qu’il savait. Il savait que j’avais raison et qu’il n’avait rien pour me contrecarrer. J’éclatais finalement de rire à sa question. « Si tu t’inquiétais vraiment pour moi Luca, tu n’aurais pas orchestré cette putain de convocation. » Si elle se sentait seule ? Il la connaissait donc si mal ? Qu’il ne joue pas au frère inquiet alors qu’il venait de la pourrir sans argument tangible. « C’est toi qui as un problème. Tu le reportes sur moi, mais tu n’assumes rien. Tu passes ton temps à te camer. » Il assumait ? Mon cul. Il était loin d’avoir annoncé sa relation à notre paternel. Je le contournais pour me diriger vers la porte. Si nous réglions nos comptes d’habitudes par les poings, aujourd’hui j’avais juste envie de l’ignorer et de le laisser seul avec sa connerie. J’ouvrais la porte pour me tirer. « Quand tu voudras vraiment discuter et pas faire ton mâle primaire, tu sais où me trouver. »

Je passais le seuil de la porte et la claquait brutalement dans mon dos. Je devais me tirer. Je commençais à ne plus supporter que Luca ou la Cosa Nostra ne cessent de vouloir interférer dans ma vie. Lui pouvait faire ce qu’il voulait et moi non ? Cette blague. Je transplanais sans même réfléchir chez Elwyn. Malgré nos difficultés, je savais que lui au moins ne serait pas dans le jugement. Contrairement à ce qui se croyait être ma famille.

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