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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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S'affronter soi-même n'est pas si mauvais - Jonas :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Anonymous
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Mer 24 Nov - 2:42
S'affronter soi-même n'est pas si mauvais
Ludivine & Jonas

« Au fond des choses il m’apparaît que s’affronter soi-même n’est pas si mauvais. Au fond des choses transparaissent les avantages des désavantages. »
Suite à l’attaque chez moi, tout allait très mal. En à peine quelques instants, j’avais perdu ma maison, mon cocon de sécurité et de sûreté. Mademoiselle avait été plus que confuse. Comment aurait-elle pu comprendre ce qui se passait ? La pauvre chienne vivait une routine constante tous les jours. Tout était réglé au quart de tour. tout était toujours très calme, paisible à la maison. Là, il y avait eu des bruits forts, excessifs même, des gens avaient crié, j’avais crié, j’avais été choqué, Jonas s’était battu et il y avait eu du sang partout sur le sol ce qui nous avait tous sali. Je nous avais fait transplaner loin pour nous cacher et depuis, je n’avais pu que retourner à la maison pour la vider et emmener tout ça dans ma nouvelle demeure. L’Ordre m’avait prise en charge, avait sécurisé le périmètre et surveillé le secteur quand nous avions tout vidé. J’avais pu entreposer certaines choses, le temps de trouver une nouvelle maison. Ce travail avait été franchement pénible. Jonas était venu avec moi faire des visites et mes exigences avaient été simples, je devais quitter les quartiers moldus. J’avais adoré mon temps à Londres, vivre parmi les moldus, mais maintenant c’était terminé. Les tensions étaient trop grandes, je devais m’exiler et c’est ce que j’ai fait.

Je me suis trouvée une résidence à Godric’s Hollow, dans un secteur complètement sorcier. Ce n’était pas ce que je préférais, je préférais la ville, mais pour le moment, c’était la meilleure chose pour moi, pour ma sécurité et pour la sécurité de mes proches. J’avais eu terriblement peur, oui pour moi, mais surtout pour Jonas. Il n’avait pas de baguette, il ne pouvait pas renvoyer des balles ou envoyer valser ceux qui avaient défoncé ma porte. Il n’avait eu que ses poings. Il aurait pu se prendre une balle. Nous avions tous les deux eu de la chance et surtout, Garnet nous avait sauvés. Si elle n’avait pas été là, nous serions probablement morts tous les deux et plus j’y pensais, plus ça me rendait folle. Je détestais ce sentiment d’impuissance qui m’habitait depuis cette journée. Ça me tournait en tête, encore et encore sans fin. Tout se bousculait et d’autres événements vinrent me choquer. Avec la mort d’Harry Potter d’une balle en pleine tête, je me disais que le monde devenait fou et que je ne donnais plus cher de notre peau. L’Angleterre était devenue dangereuse. J’avais mis une protection sur la maison de mes parents, au cas où et je ne me rendais presque plus chez eux. Je communiquais avec eux régulièrement, à la moldu, via le téléphone. La situation de mon père allant mieux, ce n’était pas trop mal.

Au lendemain de la mort de notre leader, Jonas passa chez moi pour me parler. Plus rien n’allait. Depuis la crémaillère qui avait eu lieu chez lui à Halloween, je le voyais dépérir, petit à petit. J’avais bien vu que la fille dont il parlait tout le temps n’était plus là. Thalia, quand il en parlait avant ce fameux soir, il souriait, ses yeux s’illuminaient. Je l’avais vu changer, je me doutais de ce qui se passait, mais j’avais pas relevé. Je l’avais laissé filer sur son nuage, je le sentais renaître. Après Jordan, il s’était fermé et avait été brisé. Nous l’avions reconstruit, ses amis et moi, morceau par morceau. Petit à petit il était revenu à la vie et depuis l’année dernière, au milieu de l’hiver, un petit plus était arrivé : Thalia. Il semblait mieux dans sa peau, plus heureux, plus épanoui. Jusqu’à ce fameux soir où je l’avais rencontrée. Ça avait été bref, elle avait semblé inconfortable ce qui avait rendu Jonas inconfortable. Ils étaient montés discuter et elle n’avait jamais descendue, contrairement à lui. Là, il était reparti en spirale et avec les derniers événements, je pouvais comprendre qu’il avait besoin d’air. Je ne savais pas ce qui s’était passé à ce moment, mais je savais ce qui c’était passé avec Potter. Mon cousin m’avait dit qu’il voulait partir, s’éclaircir l’esprit et c’est sans chi-chi que j’avais dis que j’allais l’accompagner et nous sommes partis le lendemain pour la France.

Après quelques réservations, nous nous étions installés dans un magnifique AirBNB où nous avions pu nous prélasser et ventiler. Nous avions beaucoup parlé, de tout et rien, joué à des jeux de société et beaucoup dormi, aussi. Nous avions sincèrement tous les deux besoin de ce repos « forcé ». Suite à notre arrivée et à nos balades, j’avais vu un pamphlet publicitaire pour un spa et ça piqua ma curiosité, C’était une idée de génie même. J’en avais parlé à Jonas, j’avais fait la réservation et maintenant, nous y étions. Nous sommes tous les deux partis de notre côté pour nous changer, enfiler une tenue appropriée, c'est-à-dire un maillot de bain pour prendre un bain de boue. Nos caprices de luxe avaient fait que nous avions sélectionné un forfait au spa « de luxe ». Nous avions donc droit à un cocktail à boire durant notre baignade. Verre de martini-framboise à la main, je suis entrée dans la pièce qui nous était réservée. Je posai mon verre sur une petite table installée à côté du bain, enlevai ma robe de chambre moelleuse et j’entrai dans la « baignoire ». J’appuyai mon dos contre le rebord, pris mon verre et bus une gorgée de mon cocktail. Seigneur que c’était bien d’avoir la paix.
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Jonas Tallec
Jonas Tallec
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Lumos
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Mer 1 Déc - 19:24

TALLEC II
Quelque part dans les Pyrénées, début décembre 2020
S'affronter soi-même n'est pas si mauvaisJ’ai besoin d’air. C’est ce que j’ai dit à Ludivine en me réfugiant dans le logement temporaire que lui avait prêté l’Ordre du Phénix. La mort, que dis-je, l’assassinat d’Harry Potter m’a bouleversé. Chamboulé. J’ai senti mon monde entier s’écrouler, comme si toute la tension accumulée depuis ces derniers mois venait de retomber comme un soufflet, comme si sa disparition mettait un coup d’arrêt à la spirale infernale dans laquelle je m’étais englué. L’envie d’ailleurs, l’envie de partir, l’envie de souffler. Voilà comment j’ai présenté les choses à ma cousine et voilà comment elle m'a remercié, en m’emmenant loin, bien loin. La France. Quand je suis arrivé chez les Tallec, j’ai rapidement compris que ce pays était une institution chez eux, ils en parlaient comme le meilleur pays au monde avec ses paysages infiniment beaux et pleuraient la qualité médiocre des baguettes anglaises. Ce n’est qu’une fois rentré de mon premier voyage en leur compagnie que j’ai vraiment compris ce qu’ils voulaient dire ; il est vrai que je n’oubliais pas les Etats-Unis, le pays qui m’a vu naître et encore moins le Royaume-Uni, le pays qui m’a vu grandir. Mais la France, c’est un pays d’adoption pour moi ; au fur et à mesure, j’en ai maîtrisé la langue -même si au départ je ne l’ai fait que pour faire plaisir à mon père adoptif-, je prenais maintenant plaisir à manier la langue de Molière que ce soit en famille ou parfois avec Raphaël pour ne pas perdre la main ou pour emmerder Leah, chaque excuse était bonne à prendre. En tout cas, je n’avais pas encore eu l’occasion de visiter les Pyrénées et c’est peut-être la raison pour laquelle Ludivine a choisi cet endroit. Non loin des stations thermales, la chaîne montagneuse offre de nombreux avantages sur le plan paysagé et Ludivine a choisi un AirBNB formidable. Les jours ont passé et elle ne m’a jamais forcé à parler de ce que je ne souhaitais pas évoquer, elle m’a laissé aller à mon rythme. Nous avons joué, nous avons ri, laissant rien ni personne casser la bulle formidable qu’elle avait créé autour de moi.

Ludivine est si forte et j’ignore si un jour je pourrais arriver à l’être également. C’est pourtant elle qui a vécu « le pire », c’est pourtant elle qui était visée mais pourtant, c’est moi qui m’effondre. C’est moi qui n’arrive pas à gérer mes émotions et encore moins mes sentiments. Je me sens totalement englouti sous la montagne d’angoisse qui m’assaille, sous la montagne de ressentiments qui m’envahit. J’ai bien senti que ce besoin de bol d’air n’arrivait pas par hasard au milieu de nulle part, au contraire. Il est la sonnette d’alarme que j’ai tenté de tirer. Je le sais, je le sens. Le retour dans la dépression n’est qu’à un pas et je tente par tous les moyens de m’y soustraire. Le repos, j’en avais besoin, ayant l’impression d’être sur la corde raide depuis fin octobre… Mes pensées se tournent étrangement vers une jeune sorcière tandis que je me change dans l’un des vestiaires du SPA et je ferme les yeux doucement pour chasser Thalia de mon esprit. Mais cela ne fonctionne pas vraiment. Son visage tourne et tourne dans ma tête encore et encore et cela me tue à petit feu. Je me demande si je dois lui pardonner et si je le peux. Je n’ai parlé à personne des révélations qu’elle m’a faites le soir d’Halloween, craignant qu’elles ne deviennent plus réelles si je me mettais à les énoncer à voix haute. Et pourtant… Tout cela est réel. Tout comme mon silence. Thalia m’a écrit. Deux fois. Je n’ai rien répondu et je ne sais même pas comment je me sens avec ça.

Je laisse mon téléphone dans le casier et retire mes vêtements avant d’enfiler mon maillot de bain : cette détox digitale me fait un bien fou, moi qui suis si présent sur les réseaux sociaux je me suis vaguement contenté de mettre quelques photos des randonnées que Ludivine et moi avons fait et de cette descente en luge que nous avons dévalée sur  3 000 mètres. La froideur de l’hiver est bien là dans les hauteurs de la montagne, contrastant sincèrement avec la chaleur qui règne dans le SPA. Alors que je pénètre dans la pièce où je suis sensé retrouver Ludivine j’éclate de rire en la voyant ainsi, allongée dans son bain, un verre de martini à la main. « Attends, bouge pas. » C’est mort, je ne peux pas laisser mon cerveau oublier ça alors je retourne dans les vestiaires chercher mon téléphone et quand je reviens, je la mitraille de photos sous ses protestations. Mais elle ne peut rien faire, elle ne peut même pas bouger et c’est tant mieux ! Moi, je me marre, j’ai le sourire aux lèvres et cela fait tellement du bien. Je pose mon téléphone sur l’une des tables et lui dit : « Désolé Ludi, je voulais garder ça en mémoire toute ma vie ! » dis-je en m’approchant du bain de boue. «  Beurk c’est quoi en fait ça ? » demandé-je à Ludivine, me demandant si je souhaite véritablement avoir une réponse. Je retire mon peignoir. Contrairement à Ludivine qui l’a posé délicatement sur l’un des porte-manteaux, je le balance à travers la pièce comme un malpropre. Je regarde ma cousine et sans pouvoir m’en empêcher, je cours comme un cinglé et plonge dans le bain de boue. Je suis certain que c’est interdit, je suis certain que c’est défendu et j’en ai strictement rien à foutre. Ce n’est pas très profond si bien que ma tête reste en dehors de « l’eau » mais la boue éclabousse partout ; Ludivine se retrouve affublée d’un masque gratuit. Avant qu’elle n’ait le temps de protester, je lui dis : «  Quelle chance, ton verre n’a pas été touché. » J’éclate d’un rire si singulier, un rire qui avait bien eu du mal à sortir de ma gorge depuis quelques semaines. «  Et mon verre à moi, il est où ? Où est la clochette à faire tinter pour faire venir les domestiques ? Ma chère cousine, je me dois de vous dire que vous êtes d’une impériale beauté ainsi. » dis-je d’un air pompeux. Tout est bon pour oublier les jours difficiles que nous venons de vivre.
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Le regard plein d’étoiles, quand la lune se voile, restons fidèles à nous-mêmes ; Quand la neige de l’hiver s’évanouit, les fleurs à leur tour s’éveillent et les larmes d’espoir de la pluie annoncent de nouvelles merveilles...

KoalaVolant
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Anonymous
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Lun 6 Déc - 17:41
S'affronter soi-même n'est pas si mauvais
Ludivine & Jonas

« Au fond des choses il m’apparaît que s’affronter soi-même n’est pas si mauvais. Au fond des choses transparaissent les avantages des désavantages. »
J’avais voulu bien paraître pour mes proches. Je ne voulais pas qu’ils s’inquiètent pour moi. J’avais voulu dédramatiser pour mes parents. Oui, la maison avait été attaquée, mais mis à part des bris matériels, j’allais bien. J’allais déménager dans un quartier sorcier, plus sécuritaire, je serais bien entourée. J’allais bien. Je vous jure, je vais bien. Ils avaient assez à s’inquiéter avec l’état de santé de mon père, qui allait mieux dernièrement. Je n’allais pas leur en rajouter une couche. J’allais bien. J’avais voulu être un roc pour Jonas. Son équilibre était si fragile à ce moment déjà. Je n’entendais plus parler de Thalia, ça le travaillait, ça me travaillait de le voir comme ça. Avec ce qui s’était passé à la maison, je l’avais senti en colère, enragé et il s’était cherché un exutoire. Il m’avait suivie dans l’Ordre pour donner à la cause, et pour en rajouter une couche, il avait été témoin de la mort de Potter. J’avais eu peur de le perdre, j’avais été terrorisée quand j’avais su ce qui s’était passé. J’avais eu peur pour sa vie et quand je l’avais vu par après, j’avais eu peur pour sa santé mentale. J’avais eu peur qu’il se ferme, comme il l’avait fait il y a de ça quelques années quand Jordan lui avait foutu le plus grand vent de l’histoire. Alors avec tout ça, j’avais souris et j’avais dit que j’allais bien, pour le bien de mes proches.

J’étais nerveuse, le moindre bruit me faisait sursauter. Je regardais toujours énormément autour de moi, analysant mon environnement, au cas où quelqu’un voudrait me surprendre, me coincer. Et puis, je n’avais plus de maisons. Mon refuge était disparu, j’avais dû le laisser derrière moi. Jonas, Soledad m’avaient aidée à vider la maison, à tout entreposer le temps que je me trouve un nouveau chez-moi pendant que l’Ordre sécurisait le secteur. Mon petit monde routinier bien tranquille s’était effondré j’avais dû trouver autre chose ailleurs. J’avais fini par me trouver un nouveau logement dans Godric’s Hollow. Il n’y avait pas plus sorcier comme quartier, j’y serais en sécurité. Il restait que ce n’était pas « chez moi », pas encore en tout cas. Je n’avais pas terminé de vider mes boites et certains objets, que j’aimais avant, me semblaient maintenant détestables. Plusieurs objets avaient été salis par le sang qui avait énormément coulé chez moi ce jour-là. Tout avait été nettoyé, bien sûr, mais le souvenir restait imprégné dans mon esprit. Je me disais seulement que je devais laisser le temps au temps de faire son travail, de me faire oublier, de me faire relativiser l’événement. C’était ce que je me disais jusqu’à ce que mon cousin vienne me voir peu de temps après la mort de notre leader pour me dire qu’il avait besoin d’aide, qu’il avait besoin d’air. J’avais souris quand il m’avait dit ça. Il était venu me voir pour me demander de l’aide et j’allais la lui donner. C’était comme ça que nous nous étions retrouvés tous les deux dans les Pyrénées

La demande de Jonas tombait bien, j’avais besoin de prendre du temps pour moi aussi, mais je ne l’aurais pas fait. J’avais trop de choses à faire, à gérer et j’avais la clinique qui roulait tout de même. C’était seulement quand mes proches avaient besoin de moi que je mettais mon monde sur pause. C’était ce que je faisais, là, au spa, dans un bain de boue avec un martini à la main. Je prenais une pause. Je relaxais en sachant que Mademoiselle était sagement avec mes parents à la maison et que mes patients à la clinique n’étaient pas en danger. Je les avais tous contacté pour expliquer la situation et comprenaient très bien. Je leur avais donné le numéro d’un collègue en cas d’urgence et nous nous reverrions à mon retour. Mes yeux furent fermés jusqu’à ce que Jonas entre et semble trouver la situation plus qu’amusante. Il me demandait de ne pas bouger ? Il voulait que j’aille où ? J’haussai un sourcil, trouvant le tout louche, jusqu’à ce que je comprenne son intention alors qu’il revenait dans la salle avec son téléphone.

« Ah non, Jonaaaaaaaaaaaas. Fous moi la paix ! Elle est où ta pause numérique de je sais plus quoi ? Jonaaaas, sale petit con je vais te faire pousser des boutons si t’arrête pas. Tu vas être moche et tu vas finir ta vie seul avec moi et Mademoiselle. je t’avertie ! »

Alors que je m’obstinais pour rien, Jonas, lui, s’amusait comme un gamin lors d’une journée de tempête de neige. Il s’excusa, probablement seulement pour la forme, ce qui me fit sourire aussi. Ça faisait du bien de le voir se détendre, de le voir sourire. Depuis que nous étions arrivés au pays, c’était de plus en plus fréquent, je retrouvais l’ancien Jonas, le garçon brillant et épanoui que je connaissais si bien. Il posa une question qui me fit sourciller, il se foutait de moi ou quoi ?

« C’est un bain de boue, Sherlock. Tu sais, le truc dont je t’ai parlé et que tu m’as dit de réserver parce que ce serait trop cool de se sentir comme dans des sables mouvants. »

J’avais essayé d’imiter la voix du moldu en le citant pour le parodier. Il s’était foutu de moi, c’était à mon tour de m’amuser. Il retira son peignoir, le jeta au sol parce que pourquoi pas et se jeta dans le bain comme la misère sur le pauvre monde. Ayant les priorité à la bonne place, je protégeai mon verre de cette attaque brunâtre. La boue, maintenant, il y en avait partout. J’allais devoir faire un bon nettoyage à la baguette avant de partir. Je pris une gorgée de mon martini, sentant la boue nouvellement atterrit sur mon visage commencer à sécher. C’était pour me détendre que j’étais venue ici, c’est ça ? Zen Ludivine, je devais rester zen. Jonas souriait, il était heureux contrairement aux dernières semaines. C’était ça l’objectif après tout. Je m’adossai contre la baignoire, feignant d’être au-dessus de tout ça.

« Contrairement à certains, j’ai les priorités à la bonne place tu sauras. J’ai protégé mon martini au détriment de mon joli minois. Pour ce qui est de ton verre, il fallait que tu ailles le chercher du petit bar près de l’entrée. Le truc que t’as sûrement pas regardé… Et tu te dis fêtard…amateur. »

Je pris une nouvelle petite gorgée de mon verre avant de me mettre à rire. Je devais effectivement être resplendissante avec de la boue dans les cheveux et le visage. Au moins il y avait des bains d’eau et des douches pour se nettoyer à la sortie, histoire que nos jolis peignoirs blancs ne deviennent pas tout crottés.

« C’est l’effet de la boue, tu vas voir, tes petites pattes d’oie vont disparaître comme par magie. À l’âge que tu as maintenant, il faut commencer à t’entretenir un peu plus. »

Évidemment, je savais très bien que Jonas était digne d’un dieu vivant pour certains et certaines. C’était mon cousin, disons que mon jugement était un peu différent, mais ce grand bonhomme tatoué aux yeux clairs et au sourire dévastateur savait très bien à quoi il ressemblait. Il aimait bien s’amuser à nous le rappeler à certains moments. Alors ma pique sur son âge et ses pattes d’oie ne devrait pas trop l’atteindre dans son amour propre.

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Jonas Tallec
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Lumos
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Jeu 16 Déc - 22:42

TALLEC II
Quelque part dans les Pyrénées, début décembre 2020
S'affronter soi-même n'est pas si mauvaisLe pire, c’est la nuit. En journée, j’arrive vraiment à donner le change car je suis entouré par ceux que j’aime et qu’on me chouchoute comme c’est pas permis. J’ai abandonné quelques jours la collocation après ce qu’il s’est passé chez Ludivine pour retourner chez mes parents, ressentant le besoin de me ressourcer en famille et d’être auprès de mes proches. Leah et Raphaël avaient tout à fait compris et m’avaient accueilli à nouveau à bras ouverts lorsque je suis de nouveau rentré à la maison qu’on loue ensemble. Mais malgré leur bienveillance, malgré la gentillesse de ma famille, leur empathie et la volonté tranchée d’être aux petits soins pour moi, j’ai sombré. Je le sais ; la vengeance s’est emparée de moi lorsque j’ai cru perdre Ludivine, elle qui s’évertue à demeurer mon repère depuis tant d’années. Dans mes cauchemars, je revoie le massacre, je revois la lame argentée venir trancher la peau des assaillants, l’hémoglobine se répandant avec lenteur sur le parquet, l’odeur ferreuse du sang qui me prend aux tripes ; je m’éveille en sueur quasiment toutes les nuits, le cœur tambourinant dans ma poitrine. Syndrome de stress post-traumatique, c’est ainsi qu’il se nomme. C’est ainsi qu’il m’empêche de reprendre une vie normale. Tout s’est intensifié avec la mort de Potter où l’envie de représailles a bien failli me transformer en quelqu’un que je ne suis pas. C’est pour évider que mon état psychologique empire que j’ai demandé à Ludivine de partir. Partir loin. Bon d’accord, pas si loin. La France, le pays de ses origines, le pays de mes parents adoptifs, cette destination que ma famille choisissait tous les étés. J’avais découvert avec délices les recoins de ce beau pays mais Ludivine m’offre aujourd’hui l’opportunité d’apprécier une autre région inexplorée : les Pyrénées. Les paysages montagneux m’ont toujours fasciné et moi qui suis plutôt ouvert sur le sujet, lorsque Ludivine a proposé d’aller au SPA, j’me suis dit pourquoi pas. Après tout, qui refuse un massage à quatre mains ? Qui refuse un bain hydromassant ? Qui refuse que des mains expertes viennent modeler son corps, tentant par la même occasion de faire disparaître certaines tensions ? Certainement pas moi. Me faire chouchouter, j’en rêve.

Puis Ludivine a parlé d’un bain de boue. Je ne vois pas comment ça peut être agréable de se baigner dans de la boue mais elle m’a assuré que c’était super sympa alors je fais confiance à son expertise tandis que je la rejoins dans la salle privée que nous avons réservée, histoire d’être tranquille. Car c’est ce que nous cherchons : la paix, le repos, la quiétude, une certaine harmonie. Et je voulais retrouver le sourire. Retrouver ma joie de vivre, celle qui fait que je suis moi : un garçon jovial, avenant, amusant. Je sais que sous ces traits de caractère se dissimulent de nombreuses fêlures, de nombreuses blessures qui peinent à se refermer mais j’ai envie de penser que tout est possible, que je peux aller mieux ; voir le verre à moitié plein m’aide également à aller de l’avant. Ludivine m’aide à aller de l’avant alors qu’elle peste contre moi tandis que je la mitraille en la prenant sous toutes les coutures alors qu’elle ne peut rien faire puisqu’elle est prisonnière de son bain et qu’elle est probablement bien trop polie pour en sortir et mettre de la saleté partout. Je suis donc bien pénard. « Ma pause numérique, c’est quand je veux en fait, t’as pas compris ça ? » Je continue de prendre un milliard de photos tandis qu’elle me menace effrontément. « AHAHAH tu n’oserais pas abîmer ce si beau visage, il plaît tellement aux femmes tu sais, cela serait du gâchis ! » Je continue de rire et je dis avec un sourire scotché sur mes lèvres : « Tu sais, finir ma vie seul avec toi et Mademoiselle ne serait pas vraiment une punition. » dis-je tout simplement. Je l’aime Ludivine. Bien sûr que je l’aime. Plus que tout au monde. Ce qu’elle m’a apporté dépasse de loin la simple amitié et même si nous ne sommes pas du même sang et même avant que je porte le même nom qu’elle, je l’aimais. J’aime ce qu’elle m’apporte dans ma vie, j’aime notre relation ; je sais que je peux me confier à elle, que je peux tout lui dire, sans conditions. Elle a toujours été mon guide, mon soutien inébranlable au travers de toutes les tempêtes de ma vie et si je me suis encore une fois tourné vers elle après la mort de Potter c’est parce que je savais qu’elle pourrait encore une fois m’aider à tout surmonter.

Je pince un peu des lèvres en repensant à ce qu’elle vient de dire. Finir sa vie seule… Pour ma part, j’ai d’autres projets pour elle. Ce sont déjà des sujets dont nous avions parlé surtout quand l’état de son père se dégradait. Ludivine m’avait fait part de ses inquiétudes et de ses regrets ainsi que du poids des paroles de son père : lui qui espérait qu’elle se marie et ait des enfants avant de mourir… Faisant peser une pression importante sur les épaules de ma cousine, j’avais tenté comme j’avais pu de l’aider à mon tour. Depuis la rupture avec Azrael, Ludivine n’avait jamais vraiment retrouvé chaussure à son pied et je connais assez ma cousine pour savoir que si elle ne parvient pas à construire sa vie avec un homme c’est parce qu’elle n’a pas vraiment tourné la page. Chassant ces pensées de ma tête, après tout, nous n’étions pas là pour ruminer cela, je retire mon peignoir et hésite sur la manière d’entrer dans le bain mais l’imitation de Ludivine me permet soudainement de prendre ma décision. « Alors toi, tu vas regretter ça ! » Je m’élance comme un fou en criant : « ATTENTIOOOOON !» Je saute dans le bain, répandant l’eau boueuse partout autour du bassin et sur Ludivine. M’en inquiétant pas le moins du monde -après tout Ludivine pourra tout nettoyer à l’aide d’un sortilège-, je commence à rire comme un cinglé en voyant ma cousine faire comme si de rien n’était alors que de la boue commençait déjà à durcir sur son visage. Elle, que fait-elle ? Elle continue de boire son verre avec la grâce d’une reine.

Je ricane doucement alors qu’elle m’explique ses priorités, « MOI ?!» Je fais mine d’être offusqué. « Moi, un amateur ? P’tite joueuse ! Tu ne me connais pas bien ! » Avec l’aisance qui me correspond, je sors du bain et traverse la salle tout en dégueulassant le sol sans vergogne. On peut me suivre à la trace tel le petit poucet. J’ouvre le bar et j’observe les différentes boissons proposées afin de porter mon dévolu sur une simple bière. Prenant mes précautions, j’en attrape une seconde ainsi que la bouteille de Martini que je place à proximité de Ludivine pour qu’elle puisse se resservir lorsqu’elle le souhaitera.

Je me réinstalle à ses côtés et lui exprime à quel point elle est magnifique ainsi, son verre à la main, de la boue à présent sèche sur le visage. Une vraie déesse. Sa réponse ne se fait pas attendre et un sourire s’installe à nouveau sur mes lèvres. Amusé, je lui dis : « Le temps n’a pas d’emprise sur mon corps d’Appolon Ludi. » J’ajoute : « Et puis pourquoi crois-tu que je fais tout ce sport ? Faut bien que ça serve à quelque chose ! » dis-je en forçant sur mes biceps et mes pectoraux pour faire ressortir ma musculature. Il faut l’avouer, je suis un garçon sportif et aller à la salle de sport est un vrai délice, un besoin primitif pour faire sortir toute la tension. Je décapsule la bouteille contre le bord du bassin et tend celle-ci vers ma cousine pour trinquer avec elle. « Aux Tallec. Ces dieux vivants sur Terre, nous n’avons pas d’égal et les simples mortels ne nous comprennent pas. » dis-je d’un ton cérémonieux avant de m’enfoncer un peu plus dans le bain, déposant ma tête sur l’un des rebords où un petit coussin semble avoir été placé exprès pour ma royale tête. Je ferme doucement les yeux, profitant durant quelques instants de ce calme. Rien ne durait jamais. Surtout avec moi aux commandes. Au bout d’un moment, je réouvre mes paupières et je lui dis : « Je suis content d’être avec toi, Ludi. » Ce sont quelques petits mots simples, mais si lourds de sens. Je la regarde avec mes grands yeux clairs et j’observe ses traits tirés malgré son masque de beauté. « Comment tu te sens ? » Depuis quelques jours, j’ai réalisé que j’étais tellement centré sur moi que j’en avais oublié de le lui demander. Ludivine est si forte, elle a tenu bon pour moi, je le sais ; elle a tenu parce qu’elle savait que si elle ne tenait pas, je m’effondrerai. Mais sa peine, sa colère, sa tristesse, ses angoisses, je veux les supporter aussi pour elle, comme elle l’a toujours fait pour moi. Toujours. Ce que nous avons vécu, cela nous a traumatisé, tous les deux. Au point que nous avions besoin de nous retrouver, loin de l’Angleterre, loin de la guerre. Je veux simplement qu'elle sache que ses douleurs peuvent devenir les miennes.
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Anonymous
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Jeu 23 Déc - 4:30
S'affronter soi-même n'est pas si mauvais
Ludivine & Jonas

« Au fond des choses il m’apparaît que s’affronter soi-même n’est pas si mauvais. Au fond des choses transparaissent les avantages des désavantages. »
La nervosité me tuait à petit feu. Je sursautais au moindre bruit et je dormais très mal. J’avais des cauchemars assez fréquents. C’était mieux à l’aide de potions qu’Azrael m’avait offertes pour m’aider à mieux dormir. Il reste que j’avais encore des flashs de souvenirs de ce qui s’était passé chez moi à la fin novembre. Les bruits qui n’étaient plus là et les images qui auraient dû être bien loin me réveillaient encore. Je m’endormais facilement grâce aux potions quand c’était plus difficile, mais elles ne garantissaient pas toujours un long sommeil. Ça, c’était à l’esprit de gérer et le mien ne collaborait pas toujours. Dans la journée, je m’activais le plus possible au travail et au quartier général, selon où je me trouvais. J’avais rempli mon horaire au possible à la clinique pour que les journées passent rapidement et me fatiguent. Le soir venu, de retour au QG, j’essayais d’aider le plus possible. Je faisais à manger, nettoyais les pièces de la maison, restais discuter avec les gens de passage qui étaient là et surtout, j’évitais les temps morts. Il y en avait, forcément, mais je les évitais au possible. Azrael passait régulièrement prendre des nouvelles et pour travailler et nous passions toujours un petit moment à discuter quand c’était possible. Ça changeait les idées, comme toutes les conversations que j’avais avec Soledad, Abigail ou Jonas par le fait même.

C’était surtout pour lui que je tenais à rester forte. Soledad entendait mes états d'âme et Azrael avait vu dans quel état j’étais quand j’étais arrivée à Sainte-Mangouste. Jonas, lui, avait été présent avec moi, il s’était battu et, surtout, il était fragile. Je savais très bien qu’il avait des tendance dépressive, il ne me cachait rien et, normalement, je ne lui cachais rien aussi. J’avais toujours été un point d’ancrage pour ce moldu que je considérais plus comme un frère qu’un cousin. La vision du sang, les coups de feu et l’odeur du sang l'avaient probablement autant choqué que moi. J’avais vu ses mâchoires serrées et ses cernes qui ressemblaient aux miennes. Je n’avais pas voulu ajouter au fardeau qu’il portait déjà. L’univers s’était chargé de le faire lui-même en le rendant témoin de la mort d’Harry Potter. Ce fut la goutte de trop pour la majorité des sorciers et ce fut le cas aussi pour Jonas. J’ai eu peur de le perdre, j’ai été terrorisée. C’est comme ça que nous étions partis. Nous avions pris la route des Pyrénées pour nous détendre et nous retrouver. Nous allions expier nos peurs, retrouver un semblant de normalité lui et moi. Comment ? En jouant à des jeux de société, en visitant des villes, des musées, en dormant, en buvant et en allant au spa.

Je m’étais attendu à ce que le jeune homme rouspète, qu’aller au spa était un truc de fille et que les bains de boue étaient dégoûtants. Cependant, à ma plus grande surprise et à mon plus grand bonheur, il avait accepté. J’étais donc là, dans mon bain de boue, martini à la main à me détendre royalement. Ça, c'était sans compter sur les idioties de Jonas qui décida de me prendre en photo, pleine de boue. Je m’obstinai pour le principe considérant que je savais très bien que ses photos, il allait les prendre avec ou sans mon consentement. Et puis, en plus, c’était tout de même un peu amusant.Je ne le lui aurais pas dit, il s’amusait beaucoup trop à me coincer comme ça. Le voir sourire comme ça à ce moment, c’était le but de notre escapade après tout. Je finis par me résigner, prenant une gorgée de martini en prenant la pose pour une photo de moi dans toute ma splendeur boueuse. S’il pensait que je n’oserais jamais abîmer son si beau visage, il se trompait. Pour lui faire une petite frousse, un jour, pourquoi pas. Mais là, il avait raison, je ne comptais pas le faire. Il s’amusait beaucoup trop pour que je gâche le moment. Ça arrivait si peu dernièrement. Il me dit que finir sa vie seul avec moi ne serait pas si mal en bout de ligne. Il avait raison, ce serait pas mal, mais je savais que ça n’arriverait pas. Un garçon comme lui ne resterait pas seul bien longtemps. Il fallait seulement qu’il panse ses blessures comme il se doit pour arriver à passer à autre chose. Ça allait venir, il était assez fort pour ça.

« C’est bon, j’abandonne. Est-ce que toi et ta royale tête voudriez bien arrêter de faire les cons et embarquer dans cette boue. »

Je continuai de boire mon verre tranquillement alors que mon idiot de cousin faisait des cascades pour embarquer dans la baignoire, mettant de la boue partout. J’avais protégé mon verre, histoire de ne pas gaspiller ma boisson. Le reste sécherait sur ma tête que je laverais un peu plus tard. Juste à gratter la boue sèche, ça tomberait dans le bassin. Aucun problème. Je le traitai d’amateur alors qu’il réalisait qu’il n’avait pas pris sa boisson et il dit semblant de s'offenser de mes propos. La petite joueuse regarda donc son benêt de cousin moldu sortir du bassin, mettre de la boue partout, encore une fois. Au moins, je vis quand il revint qu’il avait les priorités à la bonne place. Il avait pris deux bières pour lui et la bouteille de martini déjà préparé pour moi. Il la posa près de moi pour que je puisse me resservir éventuellement. À voir mon verre, ça ne saurait tarder. Je ricanai quand mon cousin me dit que le temps n’avait pas d’emprise sur lui. Si seulement c’était le cas. Il contracta ses muscles pour me montrer les effets de son entraînement. Je devais l’avouer, son travail à la salle payait.

« Merci pour l’offrande, Appolon. Et à ton égo qui semble prendre autant de place que des muscles. »

Le calme revint dans la salle et j’appuyai ma tête, aux cheveux relevés en chignon, sur le bord du bassin, déposant mon verre sur le côté. Jonas me sortit de mon repos qui frôlait la ligne entre le sommeil et la conscience. J’ouvris mes yeux, haussant un sourcil amusé devant cette déclaration sérieuse qui lui ressemblait peu. Nous pouvions être sérieux, nous l’étions parfois. Cependant, aujourd’hui, il ne l’avait pas été. Depuis le début du voyage j’aurais même dit, il l’avait très peu été. Je lui souris doucement, reprenant mon air détendu en l’écoutant me demander comment je me sentais.

« Je suis contente que tu sois là aussi, Jo’. Je suis fatiguée, mais ça va. Je vais finir par reprendre le dessus. Et toi, comment tu te sens ? T’as pu recommencer à dormir un peu mieux ? »

Oui, je lui avais menti. Il en avait assez sur les épaules, pas question que j’en rajoute une couche. Le but d’être ici, c’était de l’aider à se reconstruire et de m’aider à me retrouver dans cette pagaille. Il savait que j’avais été choquée, il avait été avec moi à Sainte-Mangouste avant que nous soyons séparés. J’avais réagi comme il se doit à la maison, mais une fois que l’Ordre était venu à notre rencontre après mon appel, j’avais abandonné le combat. J’avais laissé les décisions aux autres. Je n’avais repris le cours de ma vie normale que quelques jours plus tard après avoir quitté le logement de Soledad pour m’installer au QG de l’Ordre. Mon cousin avait eu et avait toujours besoin de moi, pas question de flancher.

(c) DΛNDELION
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Jonas Tallec
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Lun 27 Déc - 19:10

TALLEC II
Quelque part dans les Pyrénées, début décembre 2020
S'affronter soi-même n'est pas si mauvaisTout comme moi, Ludivine tente de se reconstruire. Pour le moment, nous encaissons. Clairement. Je n’ai pas d’autres mots que celui-là. Je ne sais pas comment le définir autrement. Il ne s’agit pas de se voiler la face, il s’agit d’être honnête, d’être honnête avec soi-même. Une chose est certaine, j’ai besoin de temps, d’un temps considérable pour me remettre du traumatisme vécu, j’ai besoin de temps pour que les reviviscences de ce que j’ai vécu cessent. J’ai l’impression de replonger malgré moi dans l’enfer du mois d’avril, dans cette séquestration que j’ai subie, de la peur que j’ai ressenti à l’idée d’avoir peut-être tué un homme. J’avais laissé ce sorcier inconscient et je sais que si cela m’a tant travaillé, c’est qu’au-delà d’avoir craint pour ma propre vie, j’ai surtout eu peur d’en avoir pris une. Parce que je suis ainsi, derrière mon air prétentieux, je m’oublie parfois et j’oublie que je ne suis pas aussi solide que j’en ai l’air. Mais les mois ont passé et j’ai noyé mon désespoir auprès de mes amis, dans les bras de Charly puis dans ceux de Thalia. Thalia m’a aidé à refaire surface, elle n’a pas tout su, je n’ai pas pu tout lui dire, mais ce que j’ai vécu, elle l’a senti, elle l’a deviné et elle a aussi été là pour m’aider à le surmonter, à sa manière. Être elle suffisait amplement à me faire oublier le reste et c’est ce dont j’avais besoin. Penser autrement, penser à autre chose ; retrouver le goût de la vie. Et alors que je pensais être sorti de cette torpeur, tout recommence. Encore. Les mensonges de Thalia, l’attaque chez Ludivine, la mort de Potter ; la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà bien trop plein. S’enfuir d’Angleterre m’a alors semblé être la meilleure solution ; prendre de la distance, prendre du recul, prendre un peu d’air. Durant tout le séjour, je n’ai pensé qu’à moi. Ma souffrance, ma douleur. Ma peine. Pourtant, je n’étais pas le seul dans cette foutue maison, je n’étais pas le seul à avoir vécu ce traumatisme et je le sais, j’ai fait porter à Ludivine le poids de mon trauma, espérant qu’elle puisse m’aider à le surmonter alors qu’elle avait déjà le sien à traverser.

Alors lorsqu’elle m’a parlé de son idée de SPA, j’ai accepté tout de suite ; ce n’est peut-être pas l’endroit où je serais allé en première intention mais si cela faisait plaisir à Ludi de se faire dorloter, cela me faisait plaisir également. Dans un sens, je ne suis franchement pas un garçon difficile de toute manière, considérant que j’étais une bonne patte, il fallait simplement me motiver un peu. Ludi m’a parlé de massage et de bain de boue, rien de tel que pour aiguiser ma curiosité après tout. Et celle-ci est bien satisfaite ! Je ris à gorge déployée alors que je la mitraille de photos qui resteront ainsi gravées dans ma mémoire mais surtout dans celle de mon téléphone. Je n’avais aucunement envie d’oublier cela. « Fort bien votre sainteté, j’arrive ! » Et je fais une entrée mémorable dans ce vaste bassin de boue, plongeant dedans comme un malpropre, me préoccupant absolument pas de tout salir. Je nettoierais tout au besoin et au pire des cas, Ludi utilise sa baguette et hop hop hop merci la magie, tout sera nickel en dix secondes et demi, cela ne valait vraiment pas le coup de se priver ; car la tête de ma cousine pleine de boue, préférant protéger son verre d’alcool que son propre visage, voilà ce pourquoi je suis là, voilà ce pourquoi je suis ici. Prendre des souvenirs plein la tête et surtout du positif. Des rires, des sourires. S’amuser. Voilà pourquoi nous sommes là. Me voilà dans mon bain sans mon verre et sans serviteur pour venir m’en apporter un. Qu’à cela ne tienne, je sors du bassin et retourne chercher à boire tout en prenant du stock pour que ni Ludi, ni moi n’ayons besoin de nous relever. « Je vous en prie déesse Athéna, tout le plaisir est pour moi. » dis-je pour déconner, tout en ne sachant pas si les cours de mythologie dispensés à l’école moldue faisaient partie des souvenirs qu’elle avait conservés. Mais Athéna, déesse de la sagesse, de la guerre et de la justice me semble une belle représentation de Ludivine. Sauf de la guerre peut-être. Pour le reste, on est ok. L’attitude sage de déesse Athéna me pousse à poser ma tête sur le bord du bassin, et je ferme légèrement les yeux, me contentant de temps à autre de porter ma bière à mes lèvres pour en déguster une gorgée.

Nous sommes bien, je me sens détendu, peut-être même que c’est la première fois que je le suis autant depuis plusieurs jours. Quand je m’enquiers de l’état de ma cousine, sa réponse ne me satisfait pas du tout. Elle ose dire que ça va puis me retourne la question. D’ordinaire, je me serai engouffré dans la brèche et j’aurais immédiatement déversé sur elle toutes mes angoisses : parce que je suis ainsi. Parce que je n’ai pas honte de dire ce que je ressens et encore moins comment je me sens. Les années de thérapie me l’ont appris, ressasser n’est jamais bon et Ludivine a toujours su trouver les mots pour me réconforter. Mais aujourd’hui, c’était peut-être le moment de lui rendre la pareille. « Tu sais, j’ai demandé en premier. Et je ne suis pas certain de me contenter d’un simple « ça va » en réalité. » Je crois n’avoir jamais été aussi sérieux de toute ma vie. J’avale une gorgée de ma boisson pour lui laisser le temps de bien assimiler mes paroles. « Tu sais Ludi, j’ai vingt-quatre ans et je peux t’aider moi aussi. T’as toujours joué le rôle de la grande sœur mais je t’assure que tu n’es pas obligée de toujours tout porter sur tes épaules. Ce qu’on a vécu, on l’a vécu à deux, alors la souffrance, la douleur, les craintes, les peurs, on se les partage. » Je ne réponds pas volontairement à la suite de sa phrase, je n’en ai pas envie. Je veux lui donner la parole, je veux qu’elle aussi puisse me dire tout ce qu’il lui passe par la tête, je veux lui montrer que je suis là pour elle moi aussi, je veux lui montrer qu’elle n’est pas seule, tout simplement. Alors je le lui dis : « Tu n’es pas seule tu sais. » Ma main boueuse vient trouver la sienne que je serre brièvement. « Laisse-moi t’aider moi aussi. Pour une fois, ça changera. » Mes yeux clairs rencontrent les siens et elle pourra y lire toute ma détermination. Je ne suis plus l’adolescent chamboulé sans famille. Je ne suis plus ce jeune homme qui vient de briser une amitié de dix ans avec son meilleur ami, je ne suis plus ce garçon à ce moment-là. Je ne suis que moi, Jonas, je ne suis personne mais pourtant, pour elle j’ai envie de déplacer des montagnes. Comme lorsque j’ai débarqué à Oxford quand j’ai cru que Maximilien avait fait une grave rechute. Je suis là pour ma cousine, qu’elle se le mette dans le crâne, je suis là et je ne bougerai pas ; jamais je ne lui lâcherai la main. Nous ne partageons peut-être pas le même sang mais je l’ai appris à mes dépends, les liens du sang ne sont pas forcément les plus solides. Ludivine m’est tombée dessus comme un cadeau venu du ciel et j’aimerai tant lui rendre la pareille.
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S'affronter soi-même n'est pas si mauvais - Jonas PsLPpoxn_o


Le regard plein d’étoiles, quand la lune se voile, restons fidèles à nous-mêmes ; Quand la neige de l’hiver s’évanouit, les fleurs à leur tour s’éveillent et les larmes d’espoir de la pluie annoncent de nouvelles merveilles...

KoalaVolant
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Jeu 30 Déc - 23:04
S'affronter soi-même n'est pas si mauvais
Ludivine Tallec
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« AU FOND DES CHOSES IL M’APPARAÎT QUE S’AFFRONTER SOI-MÊME N’EST PAS SI MAUVAIS. AU FOND DES CHOSES TRANSPARAISSENT LES AVANTAGES DES DÉSAVANTAGES. »

Le calme qui m’emplissait depuis que j’avais quitté Londres me faisait un bien fou. Alors que j’étais plongée dans mon bain de boue, je me sentais plus en forme qu’à la fin novembre. Ce n’était pas parfait. loin de là, mais je voyais une différence. J’avais accepté l’aide d’Azrael et de Soledad en cette période de crise. Je prenais les potions du médicomage pour m’aider à dormir et son réconfort quand il passait au quartier général. Pendant les instants que nous passions ensemble, il semblait prendre une partie du poids que je portais sur ses propres épaules pour me donner un peu de manœuvre pour respirer comme il se doit. Soledad, elle, entendait mes états d’âme et m’écoutait patiemment à chaque fois que je voulais sortir ma tristesse et ma frustration. Cependant, j’avais voulu rester solide pour ma famille, pour Jonas surtout. Je ne voulais pas qu’il sente le poids que j’avais sur les épaules, le malaise qui me prenait constamment au ventre et qui me réveillait sans cesse à des heures impossibles le matin. Je m’endormais le soir, ce n’était pas ça le problème. Je prenais des infusions, restais loin des écrans et prenais les potions d’Azrael si nécessaire. Mon problème c’était mes réveils. Ils étaient difficiles, désagréables et me laissaient une lassitude que j’avais marre de traîner derrière moi, une lourdeur que je n’avais pas l’habitude de porter.

Me réveiller le matin alors qu’il faisait aussi noir me déprimait. J’étais une personne de lumière, pas de noirceur. J’aimais le soleil, sa chaleur et tout ce qu’on pouvait y voir. La noirceur, elle, cachait des monstres, attirait le froid, l’humidité et refusait de nous montrer quoi que ce soit. Il fallait anticiper tout ce qui pouvait y être et ça, je n’y arrivais pas. Je m’étais fait avoir, je n’avais pas vu la noirceur qui me tournait autour et je m’étais fait prendre, chez moi, dans mon refuge. Si je ne pouvais pas être en sécurité chez moi, où le pourrais-je ? J’en étais là dans mes réflexions qui me torturaient l’esprit quand Jonas était venu me voir pour me demander si nous pouvions partir, quitter le pays ensemble, pour nous ressourcer. C’est comme ça que j’étais arrivée dans ce bain de boue. Je jouais les sorcières solides depuis le début de ce voyage avec Jonas. J’aurais pu me plaindre, geindre, vider mes états d’âme, mais je n’en voyais pas l’intérêt. Je préférais pelleter tout ça plus loin dans ma tête et dans mon cœur et profiter de ce que nous vivions ensemble dans les Pyrénées. Tout était si beau, si lumineux et agréable, je ne voulais pas ajouter de la lourdeur dans notre séjour. Ce n’était pas l’objectif après tout. C’était même l’inverse. On voulait se sortir tout ça de la tête, pas y repenser sans cesse.

Prendre de la distance et prendre le dessus, c’était mon objectif en venant ici. Devenir la cible des photos idiotes de Jonas était exactement ce qu’il me fallait. Le voir s’amuser me rendait heureuse. Je m’amusais aussi, j’avais un mojito, j’étais dans un bain de boue et le moldu me faisait rigoler. Je n’avais besoin de rien de plus. Je ris en l’entendant m’appeler sa sainteté avant de le voir faire une entrée remarquée dans la boue. Salissant tout, à l’exception de mon mojito. Pas question de gaspiller mon breuvage. Je l’aimais trop pour le laisser le gâcher. Mon cousin pouvait tout salir, je pourrais nettoyer d’un coup de baguette plus tard, mais mon verre, il n’en était pas question. Je suivis le tatoué du regard partir à la recherche de sa boisson et souris en le voyant revenir avec deux bouteilles. Maintenant tous les deux bien installés après avoir trinqué à la santé de l’égo de Jonas, nous prîmes un temps de silence, fermant les yeux de mon côté pour apprécier comme il faut le moment. Je pris de grandes inspirations pour me détendre, calmer mon rythme cardiaque. Je me mis à penser à du positif : mes parents bien protégés par l’Ordre qui avait jeté des sorts de protection sur leur maison, Mademoiselle qui était gardée sagement par Soledad, Jonas souriant en prenant des photos partout où on allait et Azrael qui par sa seule présence parvenait à me calmer. Il dégageait une énergie rassurante, je n’avais plus constamment l’impression de devoir être sur mes gardes quand il était là et c’était surtout de ça dont j’avais besoin.

Jonas me sortit de mes songes paisibles pour me demander comment j’allais. Réponse automatique, globalement, j’allais bien. On pouvait passer à un autre appel. En retournant la question à mon cousin, j’avais pensé qu’il allait me répondre et me parler de ses cauchemars, des potions qui devaient l’aider à dormir, ces troubles tout ça, mais je manquai ma cible. Je relevai la tête vers l’accro à la salle de sport et pris une gorgée de mojito. Je savais bien qu’il avait demandé en premier, je lui avais répondu et j’avais retourné la question, c’était comme ça que ça fonctionnait les conversations, non ?

« Je sais bien que t’as demandé en premier, j’ai répondu et j’ai demandé en deuxième…comme d’habitude. »

Je pris une nouvelle gorgée de mon mojito, histoire de me donner une contenance. Le problème était que ces verres étaient assez petits et peu pratiques, le niveau de boisson commençait à baisser rapidement. Au moins l’autre Apollon avait eu la brillante idée d’emmener la bouteille de cocktail déjà préparé. Je n’aurais qu’à m’en reverser le moment venu. Je fixai mon cousin qui était étrangement sérieux, je ne l’avais que rarement vu comme ça. Seulement dans les moments critiques où il avait vécu quelque chose de grave. Il en avait bavé dans la dernière année et j’espérais vraiment que la suivante soit plus douce avec lui. Il avait cet air là en me parlant, mais pour me parler de moi et non pas de lui.Je fermai mes yeux quelques secondes pour réfléchir. Je parlais déjà avec Soledad de tout ça, avec Azrael aussi qui me suivait du côté santé. Je n’avais pas besoin d’en rajouter sur les épaules de Jonas, même s’il était costaud. Je lui souris tendrement pour lui répondre.

« Je sais que tu peux m’aider, tu le fais en étant ici, avec moi, à me changer les idées. Mais t’en as déjà assez sur tes épaules Jonas, je veux pas t’en rajouter. T’en as assez bavé comme ça dans la dernière année, pas question que j’en rajoute une couche. »

Le cœur lourd, je repensais à tout ce qu’avait vécu Jonas, son enlèvement et le choc post-traumatique qui en avait découlé, qu’il voit la mort d’Harry Potter et ce qui était arrivé chez moi, c’était déjà trop pour une seule personne. Il y avait bien eu des périodes de redoux durant l’été qu’il avait passé avec la mystérieuse Thalia que j’avais brièvement rencontrée (ouais ouais, je la connais à peine), mais maintenant qu’il l’avait éloigné de lui, je le sentais encore plus morose. Je ne savais pas ce qui s’était passé et j’avais espéré pouvoir comprendre la situation durant notre session boueuse. Ça ne saurait tarder. Alors que Jonas prenait ma main pour la serrer, je fis de même en retour en lui souriant. Nous avions de la chance d’avoir un garçon comme lui dans nos vies. Il ne semblait pas s’en rendre compte, mais il était vraiment quelqu’un de bien. Fondamentalement.

« Je sais que je suis pas seule, t’en fais pas. »

Je pris mon verre de mojito et le vidai d’un trait. Je me tournai pour saisir la bouteille et remplir mon verre à nouveau. Il voulait qu’on se parle à coeur ouvert, alors c’est ce que j’allais faire. Il allait devoir accepter de jouer le jeu aussi quand viendrait son tour parce que, moi aussi, j’avais des questions et je n’accepterais pas de diversion.

« Je suis crevée Jonas, je suis lasse et j’ai l’impression de devoir tout le temps me traîner. Je m’endors le soir, mon problème c’est le réveil. J’ai toujours une boule au ventre qui me réveille à pas d’heure. »

Je pris une nouvelle gorgée de mojito avant de regarder Jonas le plus sérieusement du monde, de la tristesse plein les yeux. J’étais fatiguée, j’étais terriblement fatiguée et Jonas avait enfoncé la porte de ma lassitude. Maintenant qu’elle était ouverte, la fermer serait pas mal plus complexe. J’essayai de lui sourire, mais la tristesse et la fatigue y restèrent collées, tout comme mes traits tirés.

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Mar 4 Jan - 21:02

TALLEC II
Quelque part dans les Pyrénées, début décembre 2020
S'affronter soi-même n'est pas si mauvaisIl n’y avait rien qui m’effrayait plus que le calme. J’associe désormais le calme à la nuit, quand il n’y a pas un bruit et que la pénombre emplit la pièce. Or mes nuits sont loin d’être relaxantes désormais et si celles-ci sont de plus en plus agitées, c’est parce que c’est quand le soleil se couche et que la nuit tombe que je me retrouve seul avec mes pensées, mes cauchemars et mes craintes. Les angoisses sont si prégnantes qu’elles viennent envahir mon sommeil, expliquant les jolis cernes qui s’accumulent sous mes yeux clairs ; voilà pourquoi je me sentais mieux en journée lorsqu’il y avait autour de moi les bruits de la vie ; le soir est désormais associé aux ténèbres qui m’enserrent toujours davantage depuis le traumatisme que nous avons vécu lors de l’attaque de la maison. Les images se répètent en boucle dans ma tête et m’empêchent d’accéder à un sommeil plus réparateur. Maintenant que nous étions en France, je constate néanmoins une légère amélioration ; j’ignore si c’est à cause du changement de lieu ou parce que je suis avec Ludivine et que j’ai l’impression d’être en sécurité avec elle mais en tout cas, je suis ravi de pouvoir faire étouffer mes états d’âme à défaut de pouvoir les faire taire. Une bouffée d’oxygène, une petite soupape ; voilà ce que j’ai demandé à Ludivine, la suppliant de m’emmener loin de ce pays qui ne m’a pas vu naître et qui m’a tout pris. J’aime l’Angleterre, j’ai appris à l’aimer mais sa politique actuelle me faisait parfois regretter la simplicité de ma vie d’avant. Mais peut-être que cela me paraissait plus simple parce que je n’étais qu’un enfant, vivant son existence à travers le prisme d’un regard enfantin. Mais si j’ai appris une chose de ces dernières années, c’est que la vie est fragile et qu’elle peut basculer d’un instant à l’autre. La mienne a changé le jour où un homme à la chevelure grisonnante que je ne connaissais ni d’Adam ni d’Eve est venu me chercher dans ma classe pour m’annoncer que j’étais orphelin et qu’on m’emmenait immédiatement dans un « endroit ». J’avais hurlé, j’avais pleuré, j’avais exprimé mon envie de vivre seul dans le logement de mes parents, refusant de quitter les souvenirs que j’avais alors créés là-bas ; on me l’avait refusé. Évidemment. On ne laisse pas un jeune garçon de 12 ans vivre seul, encore moins un jeune garçon comme moi, perdu et dévasté, dont la seule envie était de mourir. J’avais retrouvé foi en l’existence humaine après ma rencontre avec Jordan puis après mon placement chez les Tallec. Pour autant, la vie s’évertue à me mettre des bâtons dans les roues, mettant toujours en péril mon équilibre psychique déjà fragile. Depuis la mort de mes parents, mes tendances dépressives sont allées et venues au gré des différentes épreuves que j’ai traversées et j’ai toujours pu compter sur le soutien indéfectible de Ludivine, lui faisant -à tort- porter tout le poids de mes souffrances et de mes tourments sur ses épaules. Aujourd’hui alors que nous sommes tout deux en train de prendre du temps pour nous, temps qui nous fait souvent défaut, je pense à la manière dont je pourrais la remercier.

M’enquérant de son état actuel, la réponse de Ludivine me satisfait assez peu et reflète bien la dynamique actuelle de notre relation. Elle s’est toujours considérée comme étant « la grande sœur » sur qui je peux compter et elle en a probablement oublié que je suis maintenant en capacité de lui rendre la pareille. Comme tout le monde j'ai mes défauts, j’ai pas toujours les mots qu’il faut, je sais que je ne suis pas toujours de très bon conseil mais je sais être là, comme lorsque l’état de Maximilien s’est dégradé et que j’ai foncé à Oxford. N’en déplaise à Ludivine, elle va m’avoir aux basques jusqu’à sa mort. « T’as demandé en deuxième mais je relance effrontément la question. » dis-je d’un ton sans appel. Je regarde Ludivine boire une gorgée de son verre et je me dis que je n’ai peut-être pas tort d’attendre qu’elle daigne m’en dire davantage ; elle a l’air … nerveuse ? Inquiète ? Je ne sais pas trop mais en tout cas, elle a l’air si sérieuse que je me dis que je fais bien d’insister. Ce n’est pas l’attitude de quelqu’un qui va « bien ». Pourtant, elle garde son éternel sourire bienveillant et je me demande si elle ne cherche pas à me protéger de tout cela. Comme d’habitude. Ses mots ne me rassurent pas du tout en réalité encore moins quand elle dit ne pas vouloir ajouter de l’eau à mon moulin. Je secoue la tête. « Tu vois. Tu dis « en rajouter une couche », ça veut bien dire que tu ne veux pas me dire que ça ne va pas. J’suis pas si con, Ludi, j’vois bien quand tu essaies de me protéger, comme d’habitude. »  J’hausse les épaules alors qu’elle dit qu’elle n’est pas seule tout en avalant son verre d’un seul coup. Cela ne lui ressemble pas vraiment en réalité de boire aussi vite, pour moi ce n’est que le symbole de son mal-être, ne lui en déplaise. Je ne dis rien, préférant la laisser aller jusqu’au bout. Elle m’avoue être très fatiguée et je ne peux que la comprendre. « J’avoue que je me traîne moi aussi. » Je suis une loque humaine et j’ai même du mal à faire mes séances de sport, c’est bien le signe que la fatigue me gagne. Alors qu’elle me dit avoir une boule au ventre à chaque réveil, je lui souffle : « Moi ce sont les cauchemars. Ils sont revenus. Quasiment toutes les nuits en fait. » C’est vrai qu’ils s’étaient bien atténués lorsque Thalia a commencé à squatter chez moi en juin, sa présence auprès de moi me rassurait… Je me demande si cela aurait le même effet si nous repassions une nuit ensemble. Son corps chaud auprès du mien, sentir son cœur battre tandis que je glisse ma main sur sa peau douce…

Je frissonne doucement et je chasse la jeune femme de mon esprit, je ne veux pas y penser maintenant, cela fait trop mal… D’un air las, je termine ma bière et prends l’autre que j’avais apporté en prévision. J’aurai mieux fait d’en prendre plus. D’une manière experte, je la décapsule sur le rebord de la baignoire et je demande : « T’en parles avec d’autres ? » demandé-je doucement. « Sol ? » Plaçant mes pions, je dis aussi : « Azrael ? » Je fixe ma cousine, guettant chacune de ses réactions. On ne me l’a fait pas à moi. J’ai vu le médicomage sortir de sa chambre lorsque nous étions à Sainte-Mangouste. Je ne sais pas qu’elle est la nature exacte de leur relation et j’avoue que j’aimerai bien le savoir. Je sais que Ludivine a été dévastée par la rupture avec l’ancien militaire et personnellement je n’ai jamais pu pardonner à Azrael de l’avoir abandonné ainsi, sans véritable raison qui plus est.

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Dim 16 Jan - 15:32
S'affronter soi-même n'est pas si mauvais
Ludivine Tallec
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Jonas Tallec


 

 



 

 

« AU FOND DES CHOSES IL M’APPARAÎT QUE S’AFFRONTER SOI-MÊME N’EST PAS SI MAUVAIS. AU FOND DES CHOSES TRANSPARAISSENT LES AVANTAGES DES DÉSAVANTAGES. »

Je m’étais toujours fait une fierté de voir le positif dans les moindres situations que je vivais à tous les jours. Je m’étais toujours dit qu’il y avait une raison pour chaque chose, que ça pouvait apporter des apprentissages, de nouvelles relations ou à tout le moins nous préparer pour l’avenir. J’y arrivais toujours normalement. Cependant, là, je n’avais pas assez de recul pour faire cet exercice avec l’attaque qui avait eu lieu chez moi. Je ne voyais que ce qu’il y avait en surface : la perte de ma maison, ma nervosité constante, mes sursauts fréquents, mes nuits agitées, mes regards à la ronde à tout moment pour vérifier ce qui se trouvait autour de moi et, surtout, où étaient les sorties. Tout ça était un cercle vicieux en fait, ma fatigue n’aidait pas ma nervosité qui ne m’aidait pas à avoir de bonnes nuits. Le seul point positif que je voyais était ce que je vivais à ce moment avec Jonas. Nous nous étions tous les deux créés une bulle de réconfort pour pouvoir y vivre à notre rythme. Ce moment hors du temps que nous nous étions créé avait permis à mes cernes de diminuer un peu, de me calmer. Nous étions loin de nos problèmes ici, nous pouvions nous détendre. Je sursautais toujours et je me réveillais parfois en pleine nuit, mais c’était beaucoup moins pire qu’à Londres.

J’espérais que ce soit la même chose pour mon cousin et son air détendu me rassurait. Sa légèreté semblait de retour et son air habituel de troll était de plus en plus visible. Son plongeon dans la piscine de boue me confirmait tout ça. Je ne disais pas que c’était parfait, ça ne l’était pas et ça prendrait du temps avant que ça le soit. De mon propre côté, ce ne l’était pas. Je savais que j’allais devoir laisser le temps au temps de faire son travail. J’allais devoir être patiente avec moi-même et j’allais devoir me reposer aussi sur les autres pour m’aider à traverser ce passage complexe de ma vie. J’étais bien entourée par Jonas, ses parents, mes parents, Soledad et sa famille, Azrael et les membres de l’Ordre. Je n’étais pas seule, avec le temps, tout irait bien. Moi, dans tout ça, je veillais aux grains en gardant le moldu près de moi. Jonas avait toujours eu des tendances à la dépression, depuis ses premiers moments avec nous, ça avait toujours été là, rampant à la surface. À chaque fois qu’il était tombé dans un creu de vague, je m’étais fait un devoir d’être un pilier solide pour le garder près du rivage, qu’il ne parte pas à la dérive. Nous avions toujours un lien particulier, lui et moi. Je n’avais jamais eu de frère ou de sœur et nos parents étaient plus que souvent ensemble alors je lui avais ouvert les bras, l’accueillant comme un membre de la famille à part entière. La nature de son sang et la couleur de sa peau n’avaient jamais rien changé. Je lui avais parlé du monde magique quand nous avions senti qu’il était prêt et lui ne m’avait jamais rien caché de ce qu’il vivait. J’avais tout su de l’épisode Jordan et je l’avais aidé à rester debout.

Avec ce que nous venions de vivre chez moi, je comptais faire la même chose. C’est pour ça que je lui avais dit que j’allais bien vu les circonstances. Cependant, j’eu l’impression que mon cousin ne me prenait pas au sérieux. La dynamique habituelle que nous avions ne semblait plus exister. Normalement, j’ouvrais à peine une porte et Jonas la défonçait à grand coup de pied pour se vider le cœur. J’avais espéré qu’il fasse la même chose alors que nous sirotions nos verres dans les bains, mais ça échoua. Il me fit savoir que ma réponse ne lui plaisait pas et il insista. Je lui répondis donc la vérité après une gorgée de mon verre. Je regardais mon cousin sérieusement alors qu’il me parlait, ne bronchant pas. Nous ne rigolions plus pour nous détendre, nous parlions comme deux adultes. Je savais qu’il n’était pas con, il était même très brillant. Mais oui, j’essayais de le protéger. Jonas était tellement sensible et son assiette débordait déjà, je ne voulais pas risquer de briser son équilibre qui était plus que précaire en ce moment.

« J’ai jamais dit que t’étais con et je le dirai jamais. Et tu peux pas m’en vouloir de vouloir te protéger. »

Je pris une nouvelle gorgée de mon verre qui s'en venait dangereusement vide et je me mis à parler de ma fatigue au moldu et de mon état général et il me dit qu’il était aussi crevé. La belle affaire. Alors que Jonas commençait à me parler de ses cauchemars qui étaient revenus, je me dis que j’allais être tranquille. L’attention était détournée. un air soucieux fin faire quelques plis sur mon front. Je savais que Jonas avait souvent eu des problèmes de sommeil et je ne fus pas surprise quand il me dit qu’ils étaient revenus. Ça se voyait sur ses traits tirés et les cernes sous ses yeux. J’aurais voulu pouvoir lui enlever tout ce poids des épaules, toutes les inquiétudes de sa tête pour qu’il puisse redevenir le Jonas léger que je connaissais. Malheureusement, ce n’était pas possible, il devait garder tout ça et apprendre à le gérer et ça me faisait de la peine. Je finis par expliquer que je n’étais pas seule et que je parlais de tout ça à d’autres. Tout allait bien malgré tout. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète, il en avait assez sur les bras. Alors que le moldu nommait le nom de ma meilleure amie, j'hochai la tête doucement en souriant. Effectivement, elle était en première ligne. J’étais restée chez elle quelques jours après tout. Il nomma ensuite Azrael et je feignis que ce nom ne me faisait rien. Je voulus prendre une nouvelle gorgée de mon verre, mais il était maintenant vide. Profitant de la bouteille que Jonas avait emmenée un peu plus tôt, je me tournai dos à lui pour remplir ma coupe. Le verre maintenant rempli, je repris ma place dans le bain, pris une gorgée et répondit le plus candidement possible.

« Oui, je leur en parle à tous les deux. Je suis restée chez Sol, c’est évident que je lui en parle. Et Azrael…j’ai dû tout lui raconter quand il s’est occupé de moi à Sainte-Mangouste. J’ai pas besoin de tout redire…et puis il fait suivis avec moi au QG. C’est là que j’habite et il y bosse. On se voit donc de temps en temps, pour les suivis on s’entend. »

Jonas me fixait du regard et je voyais bien ce qu’il essayait de faire. Sa question n’était pas anodine. Essayant de me cacher de ma gêne, je pris une nouvelle gorgée et je retournai la question.

« Tu dois bien parler de tout ça à quelqu’un aussi Jonas, à part moi je veux dire. Leah ? Ou bien Thalia…elle doit être une bonne oreille non ? Ça fait longtemps qu’on ne l’a pas vue…»

Tentative pour détourner l’attention ? Tout à fait. Assumée ? Pour moi oui, mais si Jonas me le demandait, j’allais feindre l’ignorance. Détourner l’attention ? Ce n’était pas mon genre voyons.

©️ Gasmask


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Jonas Tallec
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Jeu 27 Jan - 23:16

TALLEC II
Quelque part dans les Pyrénées, début décembre 2020
S'affronter soi-même n'est pas si mauvaisElle allait devoir arrêter de faire ça. De vouloir porter le monde entier sur ses épaules, de vouloir tout garder pour elle. Je me suis moi aussi trop souvent reposé sur Ludivine étant plus jeune. Même encore récemment en réalité. Ludivine a toujours été un point d’ancrage dans ma nouvelle vie, dans ma vie à Londres du moins, comme Leah. Lorsque j’habitais encore aux Etats-Unis, tout me paraissait clair et limpide. Après tout, j’avais une vie simple, j’étais choyé et aimé par mes parents, j’avais des amis à l’école, je pratiquais divers activités qu’un enfant de 9 ans apprécie et je me complaisais dans cette existence faite de petits plaisirs. Londres a marqué un tournant dans ma vie, le décès de mes parents tout autant. Il a fallu s’adapter, faire sans eux. Les premiers mois ont été un véritable enfer et c’est Jordan qui m’en a sorti. Quand j’ai rencontré Ludivine après mon placement chez les Tallec, notre différence d’âge n’a pas vraiment été un frein à notre relation qui s’est rapidement installée ; mais je n’étais qu’un adolescent paumé, déprimé, encore sous le choc de la perte de ses parents. Je la voyais aussi sous un autre prisme, elle était majeure, adulte, avait déjà une vie bien à elle, elle était en couple depuis des années avec le même homme. Elle faisait partie du monde des adultes et moi je sortais à peine de l’enfance. Les années ont passé et j’ai grandi. J’avais toujours besoin d’elle, certes. Mais j’avais un regard différent désormais. Il n’était plus seulement question d’un ado et d’une adulte. Nous étions désormais deux adultes et je sais que je peux encaisser aussi bien qu’elle, que je peux l’aider aussi bien qu’elle. Ce que nous avons vécu, nous l’avons vécu ensemble, certes. Mais je n’étais pas visé. Ludivine oui. C’était bel et bien elle qu’on a cherché à attaquer, c’est bel et bien elle qui est la victime de l’attaque. Je ne suis qu’un dommage collatéral, j’étais là au mauvais endroit au mauvais moment. Mais mon esprit réfute l’idée que j’étais là au mauvais endroit au mauvais moment car peut-être que si je n’avais pas été là, Ludivine serait morte. Les choses auraient pu être différentes, je n’en sais rien, mais je sais que je vais devoir rajouter cela à mon parcours de vie et je n’ai plus envie de m’enfermer dans mes traumatismes. J’ai besoin de traverser cela avec elle, d’en parler avec elle. Je ne veux pas qu’elle pense devoir me protéger, je veux porter le poids de nos tourments moi aussi. Elle n’est pas seule, c’est ce que je veux qu’elle comprenne.

Je n’étais plus un enfant. J’ai désormais mes propres armes pour me défendre et je suis maintenant moins égoïste que j’ai pu l’être. D’ordinaire, j’aurai foncé et répondu à sa question sans chercher à creuser davantage. Mais les temps changent et il n’est plus seulement question de ma santé mentale, la sienne m’importe tout autant, si ce n’est plus. « Non je t’en veux pas de vouloir me protéger. Alors ne m’en veux pas de vouloir en faire de même. » dis-je doucement, un sourire contrit s’affichant sur mon visage. Ludivine évoque son état de fatigue généralisé et je peux aisément comprendre ce qu’elle ressent puisque je le vis moi aussi. Les cauchemars sont revenus, les nuits sont agitées et il est rare que mon sommeil soit paisible. J’avais l’impression qu’il me manquait quelque chose en réalité. Rebifurquant la conversation vers elle afin de ne pas me laisser emporter dans mes propres difficultés, je m’enquiers de lui demander vers qui elle se tourne pour en discuter. Soledad est la réponse la plus évidente à mes yeux, après tout, elles sont meilleures amies et elle a toujours été d’un soutien indéfectible, pour Ludivine comme pour moi d’ailleurs alors je ne peux qu’être soulagé qu’elles puissent continuer à compter l’une sur l’autre. Pour Azrael, ma question n’avait rien d’une question innocente. Après l’attaque, Ludivine et moi avons été placés dans des chambres séparés à Sainte-Mangouste et n’en pouvant plus d’être seul, j’avais cherché à rejoindre celle de ma cousine. C’est là que je l’ai vu en sortir. « D’accord. » dis-je en écoutant ses justifications. « Tu me dirais si… Si… » J’ouvre la bouche et la referme doucement. Je ne sais pas trop comment formuler ma phrase. Préférant faire simple, comme je suis toujours, je lui murmure : « T’as jamais su l’oublier non ? » Je fronce les sourcils, ma question est davantage rhétorique qu’autre chose en définitive. Après tout, Ludivine n’avait jamais eu d’autres relations après Azrael alors qu’elle avait tout pour plaire. Elle était belle, intelligente, elle avait une situation professionnelle, elle était une amie fidèle, une alliée de confiance, une personne sur qui on peut compter. Ludivine est une personne unique, bienveillante, attachante. Et il n’y a absolument aucune raison qu’elle ne trouve pas chaussure à son pied. Sauf si elle ne voulait pas. Mes yeux se lèvent vers ma cousine et soudainement, cela me frappe. Elle l’aime encore. Je soupire et pose ma bière vide avant d’attraper la seconde.

Encore une fois, Ludivine tente de détourner l’attention vers moi et cette fois-ci, je le laisse faire. Je ne peux pas toujours repousser ses questions, au bout d’un moment, je dois moi aussi passer à table. Mon cœur s’emballe lorsqu’elle parle de Thalia et mon regard se perd sur un des tableaux de nature morte accroché au mur. Je garde le silence pendant quelques secondes, cherchant mes mots. Je me contente de répondre à la première partie de sa phrase. « Ouais, bien sûr, j’ai tout dit à Leah et Raphaël. Vu mon état façon... Et les cauchemars... Ils allaient s'en rendre compte façon, surtout après le passage à Sainte-Mangouste. Puis, ils avaient besoin de savoir, même si je n’étais pas visé directement par l’attaque. Comme l’Ordre allait venir renforcer les sortilèges de protection sur la colloc, il valait mieux qu’ils sachent. Puis maintenant que j’y pense, on fait une cible de choix maintenant qu’on est trois membres de l’OP côté moldu, ces sortilèges ne seront pas de trop. » J’ajoute : « Par contre… » Je me mords les lèvres. « Je suis en difficulté avec le psychiatre. Je veux pas lui raconter ça… Parler de mes parents, de mon adoption, de Jordan oui. Mais de ça… Je veux pas qu’il sache que j’ai un lien avec la magie tu vois, je veux pas que ça te retombe dessus ou que ça te mette en danger. Il a dit la semaine dernière qu’il voyait que je lui cachais des choses et que j’étais dans la résistance. Je sais pas comment faire pour me dépatouiller de ça. » J’hausse les épaules. J’ai laissé volontairement de côté la question sur Thalia et avale une autre gorgée de ma bière. Je soupire sous son regard inquisiteur de Ludivine, elle ne me lâchera jamais de toute manière. Elle est comme Leah, elle va creuser jusqu’à ce que je crache tout. « On ne se voit plus. » Le silence s’installe et je fais tourner ma bière entre mes doigts, cherchant un moyen de dissimuler ma peine mais c’est sans grand espoir. Un long soupire s’échappe à nouveau de mes lèvres et j’ajoute : « Elle m’a menti. Encore. » Je balance ça comme ça, oui. Je ne sais même plus quoi penser de tout ça. Il y a une seule chose dont je suis certain. « Mais elle me manque. » C'est un fait. « Elle m’a écrit avant… » Je ne finis pas ma phrase, elle sait. « J’ai pas répondu. » Il y a tant d’ambivalence en moi, tant de chose qui sont difficilement appréhendables. Ce que je ressens pour Thalia est bien réel mais le reste, je ne peux plus le supporter. Je ne sais même pas ce que je veux, ni ce qu’elle, elle veut. Pour le moment, je demeure avec mes incertitudes mais je le sais, mon esprit est déjà bien assez perturbé par les cauchemars qui hantent mes nuits pour que j’y rajoute mes états d’âme et mes confusions sur la jeune femme.
©️ 2981 12289 0


S'affronter soi-même n'est pas si mauvais - Jonas PsLPpoxn_o


Le regard plein d’étoiles, quand la lune se voile, restons fidèles à nous-mêmes ; Quand la neige de l’hiver s’évanouit, les fleurs à leur tour s’éveillent et les larmes d’espoir de la pluie annoncent de nouvelles merveilles...

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Sam 19 Fév - 2:15
S'affronter soi-même n'est pas si mauvais
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« AU FOND DES CHOSES IL M’APPARAÎT QUE S’AFFRONTER SOI-MÊME N’EST PAS SI MAUVAIS. AU FOND DES CHOSES TRANSPARAISSENT LES AVANTAGES DES DÉSAVANTAGES. »

La vie avait fait que j’étais une sorcière qui donnait énormément. Je donnais de mon temps, de mon énergie, de ma personne en fait. Je ne lésinais pas sur les efforts pour aider mes proches, du mieux que je le pouvais, autant que je le pouvais. Ça faisait partie de mon ADN, mon métier était dans la relation d’aide après tout, ça ne doit pas surprendre qui que ce soit que je dise ça. Mes parents le savent, mes amis le savent et le reste de ma famille le sait aussi. Je n’avais pas l’impression de porter le monde sur mes épaules comme le pensait si bien mon cousin. C’était la moindre des choses, sans plus. Je voulais que mes proches se sentent bien, qu’ils soient en sécurité, que leur esprit soit léger. Je voulais qu’ils soient, en fait, dans le même état d’esprit que moi de manière générale. Je n’étais pas du genre soucieuse, au contraire. Je prenais la vie comme elle venait et j’y faisais mon chemin selon ce qui s’y passait. Quand Jonas était arrivé dans la famille, je l’avais pris sous mon aile comme un petit animal blessé et j’avais essayé de lui faire un chemin vers la simplicité, un chemin loin des soucis qui semblaient le gruger. Étant à Poudlard, je n’avais pas été très présente durant l’année scolaire. Cependant, quand j’étais à la maison et qu’il était en visite, je faisais ce que je pouvais. Il m’avait semblé être un bon garçon un peu perdu, mais avec un bon fond. Ce garçon était maintenant devenu un homme avec le même bon fond.

La situation que nous vivions à ce moment-là était particulière. Je ne parlais pas seulement de notre sortie au spa durant un séjour improvisé de l’autre côté de la Manche. Je parlais plutôt du contexte social tendu dans lequel nous vivions. C’était ce même contexte social qui m’avait poussée à suivre Soledad du côté de l’Ordre du Phénix et c’était qui avait mené l’attaque chez moi, du moins, c’est ce que je croyais. Je ne voyais pas d’autres raisons pour qu’on vienne m’attaquer. Je n’avais jamais fait de mal à qui que ce soit après tout. Jonas avait été coincé entre nos deux camps et j’avais eu peur que ça se termine mal, pour lui, pour moi, pour Mademoiselle et aussi pour Garnet. Je ne savais toujours pas ce qu’elle était devenue et ça m’inquiétait énormément. Je profitais du mieux que je le pouvais de notre séjour, mais je ne pouvais éloigner cette idée complètement de mon esprit. Le moldu s’en était probablement rendu compte cela expliquait l'interrogatoire qu’il commença à me faire vivre. Il ne se laissa pas berner par mes esquives qui n’avaient pas été assez subtiles. Alors que le jeune homme me disait de ne pas lui en vouloir, j’hochai la tête négativement. Comment aurais-je pu lui en vouloir, surtout pour ça.

Je me résignai donc à répondre aux questions de mon cousin le plus sincèrement possible. Je lui dis donc que je parlais à Soledad, ce qui ne dû pas le surprendre, et qu’Azrael était effectivement au courant de la situation. Je regardai Jonas très sérieusement et j’haussai un sourcil à sa question. Si quoi ? Penchant ma tête sur le côté, je fronçai un peu les sourcils en cherchant toujours ce qu’il voulait dire.

« Faudrait que tu sois plus clair si tu veux des réponses à tes questions, bonhomme. »

C’est là qu’il approfondit sa pensée. Si je l’avais oublié ? Jamais. Je l’avais laissé de côté, je l’avais enterré, mais jamais je n’avais pu l’effacer complètement. On aurait pu me dire que ça n’avait été qu’un amour d’adolescents, mais il avait été plus que ça. Il m’avait brisé le coeur, certes, mais il avait semblé aussi brisé que moi. Sans dire que ça avait adouci la rupture, je pouvais dire que ça m’avait fait réfléchir et relativiser ce qui s’était passé. Quelque chose l’avait poussé et ce n’était pas des mauvaises intentions. Il me manquait une pièce du puzzle pour comprendre, mais le temps avait calmé mon ressenti. Je n’étais pas rancunière. Et puis, le revoir comme ça à l’hôpital… Sans dire que ça avait été vital, ça m’avait aidée à passer un cap, à dormir…il m’avait fait du bien. Je fermai mes yeux quelques instants en prenant une grande inspiration avant de soupirer.

« J’imagine que non…pas complètement. Quand il n’était pas là, c’était tel que tel, je pensais que c’était loin…mais te fais pas d’idées. Je veux dire, on s’apprécie tous les deux, c’est un ami.  Il est venu voir si j’allais bien, il aurait fait ça pour n’importe qui. C’est son travail. »

Tout ça était vrai, je ne mentais pas. L’ancien militaire était un ami, je l’appréciais et il avait fait son travail. Cependant, il y avait eu plus que ça. Il avait réveillé des sentiments que j’avais enfouis il y a des années et j’étais convaincue qu’il n’agissait pas ainsi avec tous ses patients. J’aimais me dire que j’avais eu un traitement spécial, mais cette idée ne pouvait pas rester. Le médicomage avait dû passer à autre chose il y a de ça des années, il m’appréciait, c’était certain, mais il n’y avait sûrement pas plus. Il n’y aurait sûrement jamais plus. J’allais devoir me contenter des souvenirs de notre adolescence et du souvenir de ses bras autour de moi pour me rassurer durant ma nuit à Sainte-Mangouste, Ce serait plus sage, je devais être sage. Verre à la main, j'interrogeai à mon tour mon cousin qui resta silencieux quelques instants, tout comme je venais de le faire. Il me confirma qu’il avait parlé à ses colocataires de la situation et j’en fus contente.

« C’est bien, ils ont dû faire comme chez mes parents. »

Qu’il en soit autrement n’avait pas été une option. Déjà que jonas avait été un dommage collatéral de mes affiliations, il était hors de question que j’entraine mes parents dans le même tourbillon. Il me parla de ses rencontre avec un psychiatre et je devais l’avouer, la situation était complexe. Comment savoir qui était du bon côté et qui était du mauvais. Avant l’attaque chez moi, je n’aurais probablement pas réfléchi plus qu’il le fallait à la question. Pour moi, tout le monde était bon jusqu’à preuve du contraire, Je n’avais jamais été du genre méfiant, je faisais confiance facilement. Faisais était le bon temps de verbe. Je n’avais pas été assez méfiante et j’avais payée, Jonas avait payé et mon entourage y goûtait aussi. J’allais devoir apprendre, rapidement, à faire mieux, à être mieux, pour eux.

« Je ne sais pas quoi te dire. Je ne sais même pas ce que je ferais à ta place… Vu les circonstances, probablement que je ne dirais rien aussi. Mais…tout est compliqué maintenant. C’est déprimant.  »

Je posai mon verre à côté de mon bassin, n’ayant plus envie de boire. Je venais de le dire, j’étais déprimée. Aux mots du moldu, je compris que son ciel n’était pas plus rose que le mien. La fille dont il avait si souvent parlé, la fille qu’il m’avait présentée, n’était plus dans son paysage. Je m’en étais douté vu ce qui s’était passé à la soirée d’Halloween chez lui. Je n’avais pas su les détails, mais j’avais vu le comportement de mon cousin se dégrader petit à petit et le malaise de la jeune femme grandir. Soucieuse, je fronçai les sourcils alors qu’il expliquait qu’elle lui avait menti.

« Elle a menti sur quoi ? »

Je souris tristement alors qu’il me disait qu’elle lui manquait et qu’elle lui avait écrit. J’étais plutôt contente de l’entendre. J’avais eu l’impression que la sorcière lui faisait du bien quand elle était encore dans son entourage. Il semblait plus détendu, souriant. Elle n’avait pas jeté la serviette, pas encore à tout le moins.

« Tu comptes lui répondre ? »

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Jonas Tallec
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Mar 1 Mar - 20:58

TALLEC II
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S'affronter soi-même n'est pas si mauvaisJe respire calmement, tentant de mettre des mots sur ma pensée. Ludivine a raison, je dois être plus clair. Mais c’est si difficile de l’être. Après tout, moi-même je ne parviens pas à comprendre ce qui m’arrive, moi-même je suis en difficulté pour organiser le fouillis qui s’accumule dans mon cerveau. Azrael a tenu une place importante dans la vie de ma cousine, une place prépondérante ; et si je n’ai pas eu le temps de le connaître longtemps, j’avais moi aussi tissé un lien avec lui, un lien qui me manque parfois alors même que nous n’étions pas si proches. Leur séparation avait été si soudaine, si inexplicable. Je me souviens être rentré dans une certaine fureur à l’époque alors que je n’étais encore qu’un adolescent. J’étais en colère, je lui en ai voulu de faire souffrir Ludivine à ce point, je lui en ai voulu d’abandonner une femme comme elle, alors qu’elle avait toutes les qualités pour être la petite-amie idéale. D’ailleurs, elle l’est non ? Je regarde ma cousine et je fouille dans ma tête, lui cherchant des défauts mais j’ai beau chercher, je ne lui en trouve aucun. Je me rappelle notre conversation d’il y a quelques mois, lorsque je suis venu chez ses parents à Oxford et je me souviens des mots que j’avais prononcés. Ils sont toujours d’actualité. Je ne connais aucune personne sur cette terre plus douce, plus prévenante, plus sympathique, plus attachante que Ludivine. Par-dessus le marché, elle avait en plus d’une silhouette avantageuse une tête bien faite. Elle avait tout pour elle. Pour autant, elle ne trouvait pas chaussure à son pied et maintenant que nous évoquons à demi-mots Azrael, je pense comprendre pourquoi. Et je le lui dis. Elle n’a jamais vraiment pu l’oublier. Mon cœur s’emballe tandis qu’elle me répond que non. Je me demande si l’être humain est condamné à vivre sans arrêt dans le passé. Me concernant, je n’arrête pas de penser à Thalia alors même que notre relation ne date que de quelques mois. Ludivine est quant à elle restée des années avec le médicomage… Quelle dure réalité. « Tu crois  vraiment qu’on peut être amis après s’être aimés pendant des années ? » lui demandé-je. C’est une véritable question. Une question à laquelle je n’ai pas la réponse. Comment imaginer qu’on puisse devenir amis ? Leah et moi avons pu conserver notre amitié parce que nous n’étions pas vraiment épris l’un de l’autre. Mais Ludivine aimait intensément Azrael, j’étais jeune, mais je pouvais percevoir ses sentiments et son affection au travers de ses mots et de ses gestes. Et après la séparation… Cela avait été pire. « Tu crois que ça fait partie de ses attributions de rester toute une nuit avec une patiente ? Si c’est le cas, je comprends mieux le trou de la sécu. » dis-je d’un ton légèrement sarcastique. Je ne suis pas dupe non plus. Même s’ils sont amis, comme elle s’évertue à me le dire, se serait-il donné la peine de passer la nuit auprès d’elle si cela n’avait été qu’une histoire d’amitié ? Je n’en suis pas certain. À elle de me le dire.

Une fois le sujet clos, Ludivine redirige la discussion sur moi et je vois bien là une de ses techniques favorites. Me faire parler moi pour éviter de parler d’elle. Il faut dire que celle-ci avait vraiment bien marché ces dix dernières années. Mais cela ne signifiait pas que je n’avais pas envie que cela change. Après tout, j’ai grandi et je veux aussi lui montrer que je suis là pour elle, elle n’avait plus à gérer tout cela seule. Si quand j’étais mineur, cela apparaissait normal mais je ne suis plus l’enfant démuni qu’elle a connu ; j’ai toujours mes failles, j’ai toujours mes faiblesses, j’ai toujours mes fêlures. Mais pour autant, je veux encaisser autant qu’elle, me montrer aussi courageux et aussi forte qu’elle ne l’est. Même si parfois elle dissimule sous son beau sourire un masque bien moins reluisant. J’ai surtout envie de lui montrer qu’elle peut lâcher prise, elle n’a pas à me protéger tout le temps… Lorsqu’elle me confie être aussi perdue que moi concernant la situation avec mon psychiatre, j’hausse les épaules : « C’est comme ça. Je ne préfère rien dire que de vous exposer. Faudrait que je vois avec l’Ordre, peut-être que quelqu’un là-bas pourrait m’aider en fait ? » dis-je à voix haute, davantage pour moi que pour elle. Après tout, cela serait peut-être plus simple de parler de tout cela avec un psychomage ? Je n’aurai plus besoin de dissimuler les problématiques magiques.

Quant à Thalia, c’était une autre problématique. Plus personnelle. Je soupire doucement lorsque Ludivine me demande plus de détails. Je tente de remettre de l’ordre dans mes pensées et je lui dis : « Bah… » Je reprends depuis le début : « Bah déjà, elle avait menti sur son statut de sorcière quand on s’est rencontré. Bon ça, je comprends tout à fait, c’est normal, je ne lui en ai pas voulu, fallait qu’elle se protège. » J’hausse les épaules : « En fait, à la crémaillère… Quand je lui ai présenté Raphaël, elle a eu une réaction bizarre, vraiment bizarre. Au début je ne m’en suis pas formalisé, c’est vrai que Raph, au premier abord, il peut être un peu spécial. Mais ensuite, on l’a recroisé et elle était toujours aussi étrange. J’ai cru que… » Mes insécurités remontent et mes doigts se crispent sur ma bouteille : « J’ai cru qu’il lui plaisait et que bah… elle s’en fichait de moi je sais pas… » Je ferme les yeux : « Je savais plus comment réagir, plus elle était gênée et plus je l’étais moi. Je ne comprenais rien de ce qu’il se passait. C’est là que je suis monté dans ma chambre pour me calmer. » Ludivine m’avait vu de toute manière, elle avait vu mon état et la manière dont j’avais réagi. « Elle est monté et m’a tout expliqué. En fait, elle le connaissait Raphaël. D’avant moi je veux dire. D’avant qu’il n’y ait plus le secret magique. Mais… Il s’en souvient pas, elle a dû lui effacer la mémoire parce que… » Il n’y avait pas trente-six façons de le dire de toute manière. « C’est une… une… » Le mot me semble tellement étrange à prononcer, tellement saugrenu. Mon esprit tente encore de dégager une explication cohérente à tout cela. « Une sirène. » Je porte la bière à mes lèvres et en termine le contenu. « Tu le crois ça ? Une sirène. » Je suis ouvert d’esprit, vraiment. Pour autant, cette nouvelle m’a bouleversé. « J’ai l’impression de pas la connaître. » Je ferme les yeux et repose ma tête sur l’appui-tête du bassin, m’enfonçant un peu plus profondément dans l’eau boueuse.

Elle me manque, c’est certain. Je pense à elle régulièrement. Surtout depuis qu’on est en France, en réalité. Auparavant j’étais trop en colère. Contre le monde, contre le système, contre le Blood Circle qui a attaqué ma cousine, contre l’assassinat de Potter. Mais maintenant que j’avais retrouvé mon calme, le message que j’avais laissé sans réponse me trottait de plus en plus dans la tête. Je me trouve lâche de ne pas y avoir répondu et je ne sais plus vraiment comment faire pour m’en dépatouiller. Lorsque j’exprime mes doutes à Ludivine, elle pose à voix haute la question qui me dérange. Est-ce que je compte lui répondre ? Je garde le silence un temps et je lui dis : « Je sais pas. » J’ajoute : « Ce que j’ai envie de lui dire, j’ai pas envie de lui dire par message. » Avare des conseils toujours avisés de Ludivine, je demande : « Tu crois que ça se fait de débarquer chez elle sans prévenir ? » J’explique : « J’ai trop peur qu’elle ne veuille plus me voir. Ça fait presque un mois et demi qu’on ne s’est pas parlé. Peut-être qu’elle est passée à autre chose. » dis-je, résolu. Après tout, elle avait peut-être mieux à faire que de se coltiner un moldu sans intérêt à moitié dépressif qui ne répond pas à ses textos. Elle valait mieux que ça.
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S'affronter soi-même n'est pas si mauvais - Jonas PsLPpoxn_o


Le regard plein d’étoiles, quand la lune se voile, restons fidèles à nous-mêmes ; Quand la neige de l’hiver s’évanouit, les fleurs à leur tour s’éveillent et les larmes d’espoir de la pluie annoncent de nouvelles merveilles...

KoalaVolant
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Dim 2 Avr - 17:00
S'affronter soi-même n'est pas si mauvais
Ludivine Tallec
feat.
Jonas Tallec


 

 



 

 

« AU FOND DES CHOSES IL M’APPARAÎT QUE S’AFFRONTER SOI-MÊME N’EST PAS SI MAUVAIS. AU FOND DES CHOSES TRANSPARAISSENT LES AVANTAGES DES DÉSAVANTAGES. »

Mon objectif ici était de me détendre, de prendre du bon temps et d’avoir un brin de repos. Je vivais à toute vitesse depuis des mois et avec l’attaque chez moi, j’étais arrivée dans un mur. J’enlevais donc tranquillement ma carcasse du mur et je replaçais les morceaux tranquillement un à un. Ce n’était pas un travail qui demandait beaucoup d’énergie, à tout le moins, ce n’était pas trop difficile, mais ça prenait du temps. Verre à la main, dans mon bassin, je respirais doucement et je profitais du moment. Mon célibat et le retour d’Azrael dans les environs semblaient troubler mon cousin plus que de raison. Ce n’était pas très grave, Je savais où mes pieds se tenaient dans la situation et j’y étais confortable. Je ne savais pas exactement où nous allions terminer, mais ça m’importait peu. Je voulais aller au bout de tout ça, peu importe la finalité. En le revoyant depuis sa visite à ma clinique, je m’étais rendu compte que son absence avait laissé un trou en moi, que j’avais essayé de boucher le mieux possible, mais que je n’y étais pas tout à fait arrivée. Est-ce que le blond allait pouvoir combler ce vide ? Je n’en avais aucune idée,  j’allais devoir donner le temps au temps et attendre de voir le fils des événements. « Tu crois  vraiment qu’on peut être amis après s’être aimés pendant des années ? » Je soupirai en entendant la question très juste de Jonas. Je pris une gorgée de mon verre en réfléchissant bien avant de lui répondre.

« Oui, je crois. Tant qu’il n’y a pas de non-dits et que c’est ce que tout le monde veut, y’a moyen. Pour ce qui est de mon cas, je sais pas. On va voir. »

Jonas enchaîna en me parlant des attributions des médecins à Sainte-Mangouste. Je ne pus retenir un sourire. Évidemment que ça ne faisait pas partie de son boulot, mais il l’avait tout de même fait, pour mon plus grand soulagement. J’avais eu besoin d’une présence cette nuit-là, et Azrael avait été là pour combler ce besoin. J’haussai les épaules en répondant malicieusement à mon cousin.  

« Non, t’as raison, c’était pas son boulot de faire ça…mais il avait terminé son quart de travail et au lieu de rentrer chez lui, il a décidé de rester pour me tenir compagnie. J’en avais besoin. Et puis, toi, si tu savais que quelqu’un a qui tu tiens vraiment est sous le choc et à l'hôpital, tu resterais pas avec elle ou lui ? Pas besoin de me répondre, fais que réfléchir. »

En ayant marre de parler de moi, surtout que moi-même je ne savais pas où j’allais, je dirigeai la conversation vers Jonas. Sa situation égalait la mienne, alors autant faire sortir le chat du sac. On aborda le sujet de son psy à qui il ne pouvait pas vraiment parler de la situation. Sa question avait du bon sens et dans les circonstances, je me dis qu’il y avait sûrement quelque chose à faire avec ça. Après tout, Jonas était au courant de l’existence des sorciers depuis des années et n’avait jamais trahi le secret sorcier. Encore pire, il avait lui-même été traité à Sainte-Mangouste après l’attaque chez moi. Si ça avait fonctionné une fois, pourquoi pas deux ?

« L’Ordre pourrait sûrement t’aider, sinon directement à Sainte-Mangouste. T’y es déjà allé de toute façon, je vais m’informer à Azrael s’il croit que ce serait possible pour toi. Dans les circonstances, je peux pas croire qu’ils refuseraient.

Sur ce, j’écoutai le récit de mon cousin qui m’expliqua la situation qu’il vivait avec sa douce. Mensonge sur son état de sorcière, compréhensible. Je ne criais pas à tous les vents que j’étais sorcière après tout. Ensuite, il me parla de la pendaison de crémaillère. Je me rappelais de cette soirée un peu étrange. J’avais observé cette étrangeté de loin, voyant l’humeur du moldu et de la sorcière s'assombrir. Alors que mon cousin m’expliquait ses insécurités, j’essayai de comprendre d’où ça pouvait bien venir. La moitié de la ville de Londres lui courait après et il pensait que son copain Raphaël allait lui voler sa copine. Le pauvre, comme s’il ne s’était jamais vu dans une glace et qu’il ne se rendait pas compte qu’il était une bonne personne. Il finit par m’expliquer pour les soucis de mémoire et l’état surprenant de Thalia. Elle était une sirène. Incroyable ! Je savais que les personnes comme elle existaient, mais je n’en avais jamais rencontré avant.

« Ouais, je le crois. Ça change pas qui elle est, tu sais ? La fille que tu connaissais avant, ça reste la même, qui peut pas vraiment se baigner. C’est vraiment pas simple comme état. J’en ai jamais rencontré, mais pour ce que j’en sais, ça peut être assez problématique si c’est pas bien contrôlé. »

Il enchaîna en me disant qu’il ne savait pas s’il allait lui répondre. Je bu une gorgée de mon verre, qui devenait dangereusement vide, alors que Jonas me disait que ce qu’il avait envie de répondre à la sirène ne se disait pas par message. Alors, ça, ça sentait le grand geste romantique. Bon, à la base ça aurait pu être un message de séparation, mais en l’entendant dire qu’il avait peur qu’elle ne veuille plus le voir, je me dis que ça devait être l’inverse.

« Oui, ça se fait. Et, j’y connais probablement rien, mais ça me surprendrait qu’elle soit déjà passée à autre chose. Si elle t’avait caché tout ça, et qu’elle a fini par te parler de tout ça, c’est que ton avis lui importe, tu es important pour elle. C’est pas rien de révéler tout ça. Vas y et joue les grands romantiques, comme dans Say Anything. Sors le boombox ou je sais pas quoi. Parle lui au moins. Peu importe ce que tu décides, explique toi. Laisse la pas en plan sans explication, c’est ce qu’il y a de pire. Même si c’est pas la conclusion qu’elle veut, il faut qu’elle sache.»

Là, je repensais à la rupture d’Azrael que je n’avais jamais comprise. Je n’avais pas eu d’explication et ça me hantait encore à ce jour. Personne ne méritait ça, surtout pas une personne à qui on tient.

« Prends le temps de prendre la bonne décision, tu t’occuperas de ça quand on retournera à Londres. En attendant, moi j’ai plus rien à boire. »

Je sortis de mon bain, me dirigeai rapidement vers le bar, me pris à boire, ramenai une bière à mon cousin et nous continuâmes, à discuter tranquillement jusqu’à ce qu’on doive retourner à notre location.

©️ Gasmask


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Jonas Tallec
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Lumos
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Sam 6 Mai - 21:42

TALLEC II
Quelque part dans les Pyrénées, début décembre 2020
S'affronter soi-même n'est pas si mauvaisDepuis que j’étais en France, ma vie londonienne semblait comme bien lointaine. Je savais fort bien qu’il allait falloir que j’y retourne à un moment ou à un autre, j’avais construit mon existence dans ce pays, dans cette ville après mes premières années de vie aux États-Unis. Le Royaume-Uni était désormais mon pays et je ne comptais pas m’installer ailleurs même s’il aurait été plus facile et plus simple de tout plaquer pour venir vivre ici, là où mes parents adoptifs avaient leur port d’attache. Je le savais, si je leur demandais, ils seraient capables de tout abandonner et de tout recommencer en Bretagne ou dans une région plus au Sud, pourvu que cette région ne soit pas sous l’influence du Blood Circle. J’avais beau être un moldu, j’avais beau vivre dans cette communauté, grandir auprès d’une cousine avec des pouvoirs magiques avait évidemment influencé ma vision des choses. Je n’avais jamais eu peur des sorciers, contrairement à une bonne partie de la population qui avait appris à la connaître uniquement par le biais de la propagande des Kane, par le biais de la terreur et de la peur. Pour ma part, je détestais le Blood Circle pour ce qu’ils venaient de nous faire vivre à Ludivine et à moi, je détestais les Mangemorts et l’Augurey pour ce qu’ils faisaient dans le monde sorcier, mais cela ne m’empêchait pas de savoir faire la part des choses. En tout cas, ma présence dans ce SPA, au côté de Ludivine, était plus que salutaire. Elle était nécessaire à notre survie à tous les deux, si nous avions eu besoin de nous éloigner, c’était surtout afin de pouvoir oublier un peu notre vie là-bas et se concentrer sur nous. Je n’étais pas forcément adepte du farniente, du moins pas dans une piscine à remous mais finalement, ce n’était pas si désagréable.

La discussion qui était bien détendue au départ devint soudainement plus personnelle. En parlant d’Azrael, nous étions en train d’ouvrir des pans du passé de Ludivine et j’ignorais si elle avait envie qu’on échange précisément sur le sujet. Je savais que leur rupture avait été difficile pour ma cousine, au point que je ne l’avais jamais revu avec un homme depuis. Pourtant, il suffisait de la regarder et de passer du temps avec elle pour se rendre compte qu’elle était sans conteste la femme idéale. Pour ma part, j’avais toujours considéré qu’Azrael avait été idiot de rompre avec elle mais je n’avais jamais eu les menus détails sur les raisons de leur séparation et je ne pouvais pas non plus être juge et parti dans cette histoire ; ma relation avec Ludivine impactait forcément mon point de vue sur la question. « Je te fais confiance, tu sais ce que tu fais. » dis-je doucement lorsqu’elle m’expliqua qu’elle pensait possible une amitié après des années de couple. Mais… il était resté après l’attaque et après l’avoir soigné. « Ah tu sais, je pense qu’il y a besoin de répondre au contraire. Mais je garde ma réponse pour moi. » dis-je en souriant, comprenant aisément que Ludivine n’avait pas envie de s’attarder sur le sujet. Après une séparation, peu de gens gardaient contacts. Et quand bien même Azrael serait consciencieux dans son travail et respectueux de leur relation passée, il n’était pas obligé de rester toute la nuit. Pour moi, il y avait plus que cela. Mais je décidai de garder tout cela pour moi.

Après avoir parlé de mon psy et des nouvelles modalités de prise en charge qui pourraient exister (un psychomage sorcier serait effectivement plus adéquat), je remerciai ma cousine qui comptait se renseigner auprès du médicomage pour savoir si Sainte-Mangouste pouvait m’accueillir.  Nous en étions désormais arrivés à parler de Thalia et de nos derniers… différents. Décidément, nos relations amoureuses semblaient prendre le pas sur toute la conversation. « Je sais bien que ça change pas qui elle est, ni les moments qu’on a passé ensemble. Mais il n’empêche que je me pose beaucoup de questions. Je pensais bien connaître votre monde mais au final, il y a toujours des choses à découvrir. Et que cela touche spécifiquement Thalia, et bah… ça me touche aussi, tu vois ? » Ludivine savait très bien ce que je voulais dire par-là. J’avais mis du temps à admettre ce que représentait vraiment Thalia à mes yeux parce que j’avais peur de souffrir, peur de me retrouver seul. Elle était apparue dans ma vie au moment où je m’y attendais le moins et même si cela faisait moins d’un an, sa présence était devenue comme indispensable. Alors évidemment, lorsqu’on découvrait quelque chose sur la personne qu’on aimait, tout devenait plus compliqué. J’étais totalement perdu. Au départ, je m’étais dit que je me contenterai de réfléchir quelques jours, puis il y avait eu l’attaque chez Ludivine et tout s’était enchaîné… J’avais besoin d’un avis, j’avais besoin d’aide, j’avais besoin des conseils précieux de ma cousine : je n’avais jamais eu besoin de me réconcilier avec qui que ce soit, de renouer avec qui que ce soit. Donc évidemment, tout ce qu’elle pouvait me dire m’aiderait à prendre la meilleure décision et surtout comment l’appliquer. Pour Ludivine, aller directement chez elle était envisageable. C’était mon idée depuis le début donc j’étais soulagé de l’entendre dire que ce n’était pas un plan totalement foireux. « Tu sais bien que j’suis pas très doué pour ces choses-là. » Voilà qui résumait bien la panade dans laquelle je m’étais fourré. Comment s’en sortir ? « Mais je  te rejoins, faut qu'on en parle, qu'on mette les choses au clair. Je trouve ce silence insupportable. » J’étais habitué à lui parler sans arrêt, de passer nos week-ends ensemble alors quoi de plus normal ? « Je vais y réfléchir. Merci d’éclaircir mes neurones. » Ludivine se leva pour aller chercher à boire et me ramena de quoi m’abreuver à mon tour. « Profitons un peu, nos problèmes seront toujours là demain, c’est certain. » Je me détendis davantage, cherchant désormais des conversations plus légères. Il fallait que l’on s’oxygène, que l’on pense autrement, qu’on se ressource. Nous étions là pour ça, après tout.
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S'affronter soi-même n'est pas si mauvais - Jonas
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