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@Harper MacFusty & Aodhan O'Brian

☾☾ Fin juin 2021 – Poudlard – Les égouts


La fin de l’année approchait à grand pas. Non. En fait, on y était. En tous les cas, dans sa tête, Aodhan était déjà en vacances. Tout s'orchestrait plutôt bien pour lui dernièrement. Il passait en seconde année de Protection Magique, avec des notes bien meilleures qu’en début d’année, il avait toujours ses deux jobs, son appart, assez de tunes pour s’acheter des trucs, Sha était sortie d’Azkaban et il en pinçait pour une fille qui, il n’en doutait pas, lui céderait bientôt. Du coup, depuis peu c’était l’orgie. Tous les soirs, lui et ses potes, au mépris du couvre-feu en vigueur, sortaient pour aller dans les pubs ou en clubs pour profiter de leur jeunesse et ne se donner aucune limite… ou presque.

Cette fois il s’était couché il y avait à peine moins d’une heure lorsqu’il sentit quelque chose sur sa joue tandis qu’il était plongé dans le plus profond des sommeils… c’était quoi ça… une bestiole quelconque…. Une araignée ? Poudlard en était rempli… Pas grave. Il n’allait certainement pas se réveiller pour un insecte. Mais le mouvement sur sa joue reprit de plus belle. Non… ça ne ressemblait pas à un insecte… ça ressemblait à une main… Putain… qui était en train de s’amuser à le réveiller ? Sans doute quelqu’un qui ne l’avait jamais vu se lever du mauvais pied.

Harper a écrit:

— Réveille-toi la belle au bois dormant. J'ai une petite mission pour toi.

Cette voix… Elle était douce et pourtant il sentit ses poils se dresser sur son corps. Avec toutes les difficultés du monde, il parvint à soulever ses paupières et fut légèrement aveuglé par la lueur tendre mais paradoxalement perçante du Lumos de… Harper, sa Directrice de Maison qui s’était préalablement assise sur le bord de son lit et se relevait maintenant, baguette à la main.

Harper a écrit:

— Enfile une tenue décontractée, ça risque d'être mouvementé. Je t'attends dans la salle commune.

Puis elle tourna les talons pour disparaître, le laissant dans l’obscurité. Putain c’est quoi ce délire. Non mais elle avait le droit de venir ici ? Il dormait quand-même à poil bordel. Plaquant sa main sur le drap, il vérifia en un instant que ce dernier était suffisamment relevé et Merlin merci c’était le cas. C’est pas qu’il était prude mais il y avait des limites. Harper n'était pas une prof comme les autres. La transgression ne lui faisait pas peur et c'est aussi pour ça qu'il l'aimait bien et la respectait -même s'il préférait crever que de lui avouer en face- mais qu’est-ce qu’elle pouvait le faire chier parfois.

Bref, quoi qu’il en soit, c’était un pur cauchemar. Il plaqua ses mains contre son visage en poussant un grognement. A n’importe qui d’autre, il aurait collé une droite ou balancé un objet quel qu’il soit mais puisque c’était Elle, il n’avait pas le choix, il devait se lever. Même si son corps lui donnait l’impression de peser une tonne, il devait obéir... et ça le rendait dingue.

Lorsqu’il descendit les marches des escaliers, son pas était lourd et il avait toujours du mal à émerger. Il avait passé un jogging noir, une paire de baskets et un débardeur blanc. Il avait également fait un tour dans la salle de bain commune dans le simple but de mouiller sa tête pour forcer son corps à se réveiller. Lorsqu’il s'était redressé, l'eau glacée glissant sur la peau de son dos nu lui avait fait l'effet d'un électrochoc, le forçant à ravaler un râle. Mais c'était nécessaire s'il voulait être un minimum alerte. Si le Gryffondor n'était pas du genre à regretter ses frasques, là c'était quand même assez douloureux. Mais ce qui ne le tuait pas… bla bla bla. Il avait frotté énergiquement sa tête dans sa serviette avant d'attacher ses cheveux avec un élastique et se mit une ou deux gifles. Est-ce que cela suffirait ? De toute façon, il ne pouvait pas faire mieux.

Une fois en bas des escaliers, le visage du jeune homme n'était pas franchement avenant. Le menton rentré, il posa sur Harper des yeux bleus furibards. Pas de courbette provocatrice. Tel un ours qu'on avait dérangé, il n'avait guère envie de jouer mais avait davantage envie de la bouffer. Croisant le regard brillant de la jeune professeur, il ne posa pas de questions, attendant simplement de savoir ce qu'elle voulait de lui.

Harper a écrit:

— Suis-moi !

Tournant sa langue dans sa bouche, lui donnant un air quelque peu hostile, il s’exécuta malgré tout et la suivit sans émettre d'objection. Elle l'entraîna dans un dédale de couloirs qu'il n'avait encore jamais emprunté et s'il n'avait pas été d'aussi mauvaise composition, il aurait trouvé ça excitant, sans le moindre doute.

Harper a écrit:

— Je n'avais plus le choix.

— T'as vraiment dépasser les bornes, cette fois, O'Brian. Avec le cumul de tes conneries, je ne peux plus fermer les yeux.

O'Brian leva un sourcil tandis qu'il suivait toujours Harper dans les méandres du Château. L'œillade rogue qu’il lança était plus parlante qu’aucun mot.

Harper a écrit:

— Ca ne fait que jacasser dans la salle des profs, et j'ai pas envie de passer mes pauses ailleurs car ailleurs, il n'y a pas de goûter.

Les états d'âme du corps enseignant lui passait légèrement au-dessus. Qu'elle bande de pleureuses. Aller se plaindre à sa Directrice de Maison… Il l’imaginait tellement, elle, en salle des prof, les pieds sur la table en train de se gaver de petits gâteaux et lever les yeux au ciel sous les invectives de ses collègues…  Macfusty… cette prof était complètement barrée et bien malgré lui, il surprit un rictus étirer ses lèvres… le premier depuis qu’elle avait osé le lever de son lit.

_ Si c’est pour le tableau noir, c’était un accident.

La semaine dernière, pour patienter pendant l'arrivée en classe du prof de Défense, lui et Olsen s’étaient fabriqué une sorte de cible en bois pour “s’exercer”. Pour répondre aux provocations de son ami, Dhan avait saisi une énorme paire de ciseaux pour la lancer sur la cible alors tenue par Olsen. Ce dernier, effrayé en voyant l’objet, s’était jeté par terre, les ciseaux allant se planter avec violence dans le tableau noir derrière lui en éclatant en mille morceaux. Bien sûr, le prof était arrivé pile à ce moment… Olsen n’aurait jamais dû bouger. Foutu pétochard…

Bien sûr, il y avait également eu la fois où il avait été surpris en train de fumer dans l’enceinte du château, ou bien quand il s’était déguisé et avait commencé à prodiguer un cours d’histoire de la magie à la place de l’enseignant en remodelant les faits à sa sauce -visiblement les élèves avaient apprécié-… sans oublier une ou deux bagarres et ses moments d’insolence... l’ardoise commençait à être longue à bien y penser et puisqu’on était à la fin de l’année, certains enseignants en avaient juste plein l’cul de lui… et c’était réciproque d’ailleurs.

O’Brian n’avait décidément rien de l’élève modèle, c’était une certitude. L’irlandais était un hyperactif qui ne supportait guère de rester assis pendant des heures à écouter ou à écrire. S’il n’était pas stimulé un minimum sa patience s’étirait comme on étire un élastique avant qu’il craque. En plus de cela, sur lui, l’autorité n’avait pas l’effet toujours escompté et lorsqu’il se braquait il n’y avait plus rien de bon à tirer de la relation. Harper avait cette faculté étrange de savoir l’utiliser sans en avoir l’air et d’user de compromis tout en lui faisant accepter qu’il y trouverait son intérêt. Et puis… elle avait ce truc…

Harper a écrit:

_ Alors, pour finir l'année en beauté, on va se faire une petite escapade dans les égoûts de l'école, j'espère que tu ne tenais pas trop à tes fringues. On va bien s'amuser. Ca fait longtemps qu'ils me demandent de m'en occuper.

Le Gryffondor arrêta son pas un instant. Aodh jeta une œillade aux vêtements qu’il portait. Si Macfusty en parlait déjà au passé ça voulait tout dire. Ses fringues n’avaient guère de valeur mais ce qui l'inquiétait bien davantage c’était qu’il avait le ventre vide -la bière de la veille ne comptait décemment pas.

_ Vous vous foutez d’moi… Relâchant ses épaules et renversant sa tête en arrière, le jeune homme fronça ses yeux en les gardant fermés. Mais bon, autant se l’avouer, il l’avait cherché… il devait assumer ses conneries.

Il ne comptait plus les couloirs, les portes, les escaliers qu’ils avaient empruntés, traversés, descendus… Bien qu’il n’en donna pas l’air, il tentait de garder le chemin en tête. Il avait beau briller peu lorsqu’il s’agissait de théorie, il avait tout de même une excellente mémoire lorsqu’il s’intéressait vraiment à quelque chose. Et puis, on ne sait jamais… Enfin, leur trajet prenait fin devant une lourde et large porte circulaire. Lorsqu’il posait son regard tout autour de lui, il se pensait descendu jusque dans les entrailles de la terre sur laquelle le château était posé. La pierre brute apparente donnait l’impression qu’on avait clairement pas pris le soin de rendre les couloirs de cet endroit un tant soit peu travaillés. Peu de gens devaient se rendre dans le coin.

Ok… finalement, c’était pas dénué d'intérêt, il devait bien l’avouer. Remplissant ses poumons d’air, l’odeur lui arracha une brève grimace mais elle s’effaça presque aussi vite qu’elle était apparue. C’était par là qu’ils devaient passer mais la porte devant eux ne s’ouvrirait manifestement pas sans un code bien précis. Posant son épaule contre la paroi rugueuse, il croisa les bras sur son torse sans quitter Harper des yeux. Si un code devait être prononcé, si un geste devait être exécuté, il n’en louperait pas une miette.

_ La dernière nuit de l’année à Poudlard… je vais la passer en compagnie de Macfusty dans les égouts du château. Un baroud d’honneur... Dit-il en haussant subrepticement ses sourcils, cette œillade provocante accompagnant un sourire ténu et arrogant.

_ Vous n’avez pas trouvé d’autres façon de me dire que vos vacances allaient être terriblement longues et ennuyantes sans moi ?

Lorsque les portes s’ouvrirent, Dhan pencha sa tête avec curiosité vers l’intérieur. L’odeur ici était répugnante et même les murs suintaient d’une matière collante. Non loin d’eux on pouvait entendre les cris de petits -ou alors très gros- rongeurs (?) et l’un d’eux profita de l’ouverture de la porte pour passer sur les baskets de l’étudiant avant de foncer vers l’intérieur du château. Lui-même ayant un rat domestique, ces bestioles ne l’effrayaient pas le moins du monde et il entra sans hésitation dans les boyaux obscurs.

_ Quand vous dites « ça fait longtemps qu’ils me demandent de m’en occuper… » vous parlez quand-même pas dératisation.. ?

Non loin de là, on percevait des bruits étranges et les lueurs créaient sur le reflet des eaux stagnantes et sur la pierre, d’inquiétantes ombres. Les prunelles diaphanes du Gryffondor se parèrent d’une forme d’exaltation tandis qu’un rictus fendait son visage. Se saisissant de sa baguette, il éclaira le conduit pour en observer les recoins avec intérêt. S’il s’agissait uniquement de rats, il serait invariablement déçu…

_ Iontach *… Dit-il avant de reporter la lumière de sa baguette sur le plafond où des gouttes poisseuses tombaient. Espérons que vous ne garderez pas cette odeur sur vous pour votre lune de miel...


(*) Gaélique pour « cool » « great » etc.

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@Harper MacFusty & Aodhan O'Brian

☾☾ Fin juin 2021 – Poudlard – Les égouts  

Harper a écrit:

— C'aurait pu être pire. Les autres professeurs t'auraient collé de vrais devoirs. Certes tu aurais pu finir ta nuit et cuver ta bière.

Ah oui "les autres" professeurs. C'était pas l'amour fou entre eux et lui. Mais il avait mis de l'eau dans son vin depuis son arrivée à Poudlard. Il avait même appris à aimer les britanniques -surtout leurs femmes à bien y réfléchir- et leur culture. S'y ouvrir n'avait pas été aussi simple. N'était-ce pas là une trahison ? Son parrain, farouche intégriste, ennemi viscéral de la perfide Albion, membre de l'IRA n'avait pas bien vécu ce changement mais après tout, O'Brian avait cette particularité de n'en faire qu'à sa tête. Et ce qui pouvait être pris pour un manque de respect n'était parfois que l'expression de sa profonde et inexpugnable volonté de faire ses propres choix et ses propres expériences… mais pour toutes les autres fois, il s'agissait simplement de son caractère de merde qui ne supportait pas qu'on lui dise ce qu'il devait faire et qui se faisait un devoir de braver l'autorité.
Alors oui, "les autres " auraient pu lui filer des devoirs barbants à rédiger et on savait tous comment cela se serait terminé. Faire appel à la seule qui pouvait avoir un peu d'autorité sur lui était une brillante idée. La seule qu'ils avaient sans doute trouvé pour le punir. Et pourtant, bien que le réveil fut difficile, il ne vivait pas cet instant comme une sanction.

Harper a écrit:

— Je te ramènerai un souvenir, si tu y tiens vraiment

Un sourire en coin, légèrement pincé, fardait ses lèvres. Ca, il n'allait pas dire non. Ce n'était pas tant la vénalité qui le poussait à trouver cette idée savoureuse, mais bien la curiosité de ce qu'elle trouverait à lui offrir.

La porte ronde au bois épais s'ouvrit après que l'enseignante ait frappé par trois reprises. C'était plus simple que ce à quoi il s'était attendu mais il n'y avait pas de honte dans la simplicité, c'était souvent la solution la plus efficace.

Leur progression dans les canalisations se fit sans grande difficulté si on ne prenait pas en compte l'environnement. Une fois la répulsion que pouvaient provoquer les odeurs, le reste demeurait bien peu avenant. Aodhan n'avait pas de problème avec le fait de se salir. Il s'était déjà retrouvé dans des postures bien peu enviables par le passé, la dernière en date étant lorsqu'il avait été recouvert de fiente de troll de sa propre initiative pour couvrir son odeur et celle d'Hestia Carrow pour échapper à un géant dans la forêt interdite. Cette fois, le contexte était bien différent, néanmoins il savait qu'une mission, même entre les murs de cette école, n'était pas à prendre à la légère et pouvait virer au drame.

Bien que Macfusty gardait son ineffable sens de l'humour, elle faisait preuve de prudence, une chose qui ne faisait qu'attiser la curiosité du Gryffondor. Leurs pas les emmenèrent plus profondément encore dans le conduit enténébré aux parois visqueuses et grâce aux lueurs dégagées par leur baguettes magiques, des esquisses apparurent. Aodhan fronça ses sourcils avant de ne pouvoir réprimer un sourire. En même temps, on aurait dit les dessins d'un gosse. Mais ce qui se révélait grossier et enfantin était tout de même troublant.

Harper a écrit:

— On est tout près,

L'irlandais fit claquer sa langue contre son palais d'un son bref.

_ Ca ressemble de plus en plus à une tentative désespérée de me faire tuer... Allez Bhean uasal, soyez honnête. Ils vous ont dit de me paumer dans les conduits et lorsqu'on retrouvera mon corps en morceaux une semaine après ils feront passer ça pour un malheureux accident ?

Lorsque la jeune femme se retourna, il haussa un sourcil pour l'observer d'un regard suspicieux accompagné d'un rictus amusé, clairement sarcastique.

_ Je ne juge pas, cette méthode à le mérite d'être originale. Dit-il avec une moue en haussant ses épaules. Son regard changea pour devenir bien plus tranchant.

_ Je vais leur ramener un petit souvenir moi aussi. Lâcha-t-il dans un murmure, ses yeux bleus acérés ne relâchant pas leur attention du chemin face à eux. A première vue, il ne semblait pas plaisanter et aucun sourire n'étirait ses lippes. Il n'ajouta rien, reportant son attention sur la grille qui leur barrait la route. Harper arrêta son pas et lui intima de se faire discret en posant l'index contre ses lèvres.

Harper a écrit:

— Si nous réussissons à nous en débarasser, les elfes de maison seront particulièrement reconnaissant. Ne prends aucun risque inconsidéré, on ne sait pas de quoi elle est capable.

Si ? Le Gryffondor leva un sourcil perplexe. S'il était de nature à douter raisonnablement peu de lui-même, avec Macfusty à ses côtés, il gagnait un bon niveau supplémentaire d'assurance… et il en faudrait pour ce qu'ils allaient affronter, il n'en doutait pas. La partie "risque inconsidéré " par contre, le Gryffondor ne sembla pas relever. A prendre trop de gants, on n'arrivait à rien.

Lorsque Harper fit la lumière sur le lieu où ils se trouvaient, Aodhan observa avec grand intérêt. La pièce nouvellement éclairée était impressionnante tant elle était grande et si les ordures ne jonchaient pas le sol en créant de monstrueux monticules, cette salle aurait même eu du charme. Mais voilà, difficile de s'y retrouver dans ce bordel. Manifestement vivait ici une créature franchement dégueulasse avec des toc psy du genre entasseur compulsif. L'odeur qui se dégageait de sa petite collection était véritablement infecte.

_ Un coup de balais et y a moyen de faire des soirées plutôt sympa ici. Vous en pensez quoi ?

Il faudrait bien plus qu'un coup de balais, c'était évident, mais il était de nature plutôt optimiste. Bon, à défaut de pouvoir reboucher ce trou béant au plafond, il faudrait au moins lui trouver une fonction marrante et/ou utile mais honnêtement, les possibilités étaient infinies.

Harper a écrit:

— Comment est-ce qu'on ouvre ça ?

O'Brian avait bien plusieurs idées mais il doutait que la jeune femme les trouva à son goût, étant donné qu'elle semblait encline à user de la plus grande discrétion. Il avait encore un peu de mal avec ce concept -et l'alcool qu'il avait encore le sang n'était pas pour aider.

Un énorme machin qu'il reconnut plus tard comme étant un poêle à bois, traversa la pièce pour venir éclater la grille qui les retenait dans le boyaux. La violence du choc eut au moins l'effet de le ramener sur Terre avec la vitesse d'une balle et la violence d'une gifle. Un rire irrésistible secoua ses épaules.

_ Wouh ! Quel caractère… Ça, il adorait. Un sourire carnassier révela ses dents blanches. Voilà qui promettait de passer un moment sympa. Quoi que ce fut, cette bestiole avait une force non négligeable et venait de leur souhaiter la bienvenue à sa façon. Y a pas à dire, il ignorait de quoi il s'agissait, mais il aimait son style.

Harper a écrit:

— On va la prendre à revers.

Son regard clair s'assombrit tandis qu'il acquiesçait d'un bref mouvement de la tête et la tension raidit son corps tandis qu'il amorçait un pas vers la droite,  baguette en main et épaules légèrement voûtées. Cette fois, il était véritablement concentré sur son objectif. Le contact de la main de Harper sur son bras le surprit sans le faire trembler mais l'arrêta net dans son élan. Ses sourcils s'étaient plissés, braqués sur les prunelles brunes, tandis qu'il se penchait vers elle à son instar.

Harper a écrit:

— Pas de risques inconsidérés. Clair ?

A ses mots il ne répondit pas mais sur ses lèvres se dessina un sourire discret. Il la regarda s'éloigner avant de se détourner à son tour pour suivre sa progression par le côté qu'elle lui avait intimé. Il ne devait pas prendre trop de risques donc. Ok. Par contre elle avait gardé le plus grand mystère sur la nature même de la créature. Cela les auraient-ils aidés ? Peut-être, ne serait-ce que pour connaître ses points faibles. Mais certainement que la jeune femme ignorait simplement tout de ce qu'ils allaient affronter, ce qui n'était guère plus rassurant. Heureusement pour lui, Aodhan ne s'en faisait pas outre mesure. Il verrait sur place à l'instant T et aviserait pour la suite. Après tout, il aimait les surprises…

Ses œillades balayaient la zone pour tenter d'entrevoir la maîtresse des lieux. La flamboyante lumière des candélabres au mur était obstruée par les monticules, créant de fortes zones à l'ombre dense où il semblait périlleux de mettre les pieds. Maintenant aussi proche de ces gros tas de merdes, il se rendit compte qu'il y avait là une forme de recherche quant à leur disposition. Sans déconner… le machin nous a pondu des sculptures ?
O'Brian tentait de demeurer discret mais le sol était constellé de débris crissant sous ses pas. Il roula ses yeux en poussant un juron en gaélique dans un souffle. Son manque de discrétion n'était pas un atout. Il ignorait où se trouvait la bête et l'inverse devait être bien différent. Il avait opté pour une traque dite "à l'approche" consistant à traquer l'animal en le suivant très lentement et en prenant garde aux moindres indices (déjections, empreintes, etc.) pour enfin l’approcher et le "tirer". Le contexte l'empêchait d'appliquer cette méthode au pied de la lettre, néanmoins elle lui serait utile pour La débusquer. L'irlandais s'accroupit, son oeil observant les traces étranges qui maculaient le sol.

_ Rúin a nochtadh… qu'il murmura en bougeant doucement son poignet. Une lueur pâle et ténue, presque imperceptible s'extirpa de la baguette magique du Gryffondor. Ce sortilège issu de la tradition de son pays était un incontournable lorsque l'on s'exerçait à la chasse car il révélait tous les secrets auxquels le chasseur aspirait et que le sol pouvait révéler. Aodhan vit alors les traces de pattes de certains quadrupèdes, des rats sans le moindre doute, puis d'autres beaucoup plus étranges, comme si d'énormes limaces vivaient ici mais l'une d'elle était clairement bien plus massive. Celle-ci était semblable à une cicatrice ouverte sur le sol. Cette bête était extraordinairement large et n'avait pas non plus de pieds. Pensif, il passa son pouce sur ses lèvres. C'était un peu comme découvrir les empreintes de Jabba le Hutt, la grosse limace  dégueulasse de Star Wars et même si ça avait un côté fun, ça ne l'était pas vraiment. Il n'était pas un expert en créatures magiques et il ignorait le nom de cette chose, tout comme l'étendue de ses capacités.

Ses yeux bleus plissés suivirent la trace la plus grosse tandis qu'il demeurait accroupi, effectuant quelques pas sur le côté pour voir où le menaient les résidus révélés par son sortilège. C'est à ce moment qu'il la vit. Pas tout à fait au centre de la salle, dissimulée derrière un tertre d'ordures qui lui servait à la fois de cachette et de bouclier, Jabba -oui ça y est Elle avait un nom- attendait patiemment. Pourtant il parvenait à la voir grâce à un faible mais propice rayon lumineux d'une torche clairant dans son dos -ou du moins ce qu'il traduisit comme étant son dos. Cette créature était en fait une espèce d'amas de moisissures et de déchets mais elle faisait pas loin de deux mètres cinquante et avait en son sommet deux grands yeux globuleux qui ne rendaient certainement pas justice à son intelligence car là, elle se tenait clairement en embuscade.

Le monstre semblait avoir jeté son dévolu sur Harper, ses traces revelant qu'il avait bougé de là où se trouvait Aodhan pour se rapprocher de la sorcière. Il n'avait sans doute pas aimé le coup des torches… la prendre à revers ? Elle avait d'autres projets.

Aodh allait ouvrir la bouche pour prévenir la jeune femme lorsqu'un objet traversa la pièce dans le but clair de le percuter en pleine tête. Son bras fendit l'air par réflexe dans un Protego silencieux, désintégrant la vaisselle tranchante. Cela ne venait pas de Jabba mais d'un modèle réduit de la créature qui faisait à peine un mètre et qui se servait de son corps pour projeter des objets de taille réduite à une vitesse folle. Du coup, il n'était pas difficile d'imaginer de qui venait le poêle à bois en fonte tout à l'heure… extraordinaire !

Des heurts en direction de Harper se firent entendre. La bête venait certainement de l'attaquer. Le Gryffondor se redressa d'un bond pour se joindre au combat mais c'était sans compter sur les mini merdeux qui lui barraient cette fois la route et qui se mirent à le canarder avec tout ce qui trainait par terre. Fort de sa souplesse et de sa rapidité, il esquiva la plupart des attaques mais leur multiplicité devint difficile à juguler. Lors de sa dernière esquive, un petit éclat parvint à tracer sur ses lèvres une entaille où une goutte vermeil perla. Ce n'est pas la douleur qui lui fit lâcher un juron mais l'idée de se ramasser des bactéries dégueulasses. Avec une grimace, il appuya le dos de sa main contre la plaie. Passant sa langue sur la chair à vif, un sourire etira ses lèvres blessées tandis qui se mettait en garde.

_ A mon tour bande d'enfoirés.

Aucun mot n'aurait su être plus parlant que ce sourire féroce accompagné de ce regard glacial qui leur promettait un sort exempte de la moindre pitié.
Du moins, c'était avant qu'il ne lève les yeux pour voir Harper collée au mur directement maintenue par une extension du corps de Jabba. Son sourire disparut en une seconde, son sang ne faisant qu'un tour. S'il visait Jabba, les minions merdeux auraient tout le loisir pour le charger à volonté d'autant plus que le monstre était difficilement atteignable, à moitié dissimulé derrière l'un des monticules. Enfin, le blesser c'était prendre le risque qu'il mutile Harper.
Alors il repensa à ces fameuses sculptures où il trouvait une étrange cohérence… Avaient-elles pour lui une certaine importance ? Il allait très vite être fixé.

_ Bombarda maxima ! Le sortilège déchira la pièce par une aveuglante lumière avant de defoncer une immense colonne d'ordures dans un vacarme asourdissant. Tout vola en éclat, propageant les milliers de débris partout à travers l'immense pièce.

Les mini merdeux poussèrent des grincements de contrariété en glissant en tout sens, pris de panique, tentant désespérément de se cacher tandis que Jabba tournait ses gros yeux sur l'auteur de cet affront. O'Brian abaissa son menton, son oeillade insolente et féroce affrontant celle de la bête. S'il ne commettait pas l'erreur de se réjouir d'avoir toute son attention, Aodhan était malgré tout satisfait car la bête relacha son emprise sur Macfusty. Jabba n'était après tout pas le seul que la contrariété rendait belliqueux…

Citation :

Bhean uasal est le surnom qu'il donne à Harper à traduire par "ma lady"

Définition de EHP :
Bandimon [Bundimum]
Amas de moisissures dotée d'une paire d'yeux. Une invasion de Bandimons peut détruire une maison, car leurs sécrétions font pourrir les fondations. Ces mêmes sécrétions diluées entrent cependant dans la composition de certains détergents magiques (AF).

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@Harper MacFusty & Aodhan O'Brian

☾☾ Fin juin 2021 – Poudlard – Les égouts  


L’explosion de la « magnifique » sculpture de déchet avait attiré l’attention de Jabba, juste avant que Harper ne dézingue l’odieux machin puant avec un sortilège de nettoyage. Pas bête. Il devait bien avouer qu’il n’y avait pas pensé. Bref, maintenant sans « maman », les bébés Bandimons partaient en vrille, manifestement perdus et ne sachant où aller. L’un d’eux manqua de percuter O’Brian qui envoya la bestiole bouler avec une barre de flotte extirpée de sa baguette. Maintenant qu’ils avaient terminé, il allait pouvoir aller prendre un bon petit déjeuner hypercalorique et il en salivait déjà à l’avance.

L’irlandais se redressa en regardant sa prof revenir à ses côtés en toute hâte. Bien qu’elle eût passée un sale moment dans l’étreinte de l’odieuse limace, elle n’avait pas l’air blessée, ce qui rassura le Gryffondor, même s'il était inutile qu'il s'étende sur le sujet.

_ Bon, c’est fait. Ça vous dit qu’on aille manger maintenant ? Dit-il en jetant sa baguette en l'air avant de la rattraper. Je vous invite.

A bien la regarder, maintenant qu’elle était toute proche de lui, son visage n’exprimait aucunement l'apaisement et la satisfaction d'une mission dûment remplie, bien au contraire et la phrase qui suivit confirma ses doutes.

Harper a écrit:

- Aodhan, on n’était pas venu pour ça initialement !

Son regard froncé sur elle se fit incrédule avant qu’elle ne se mette dos à dos avec lui. Ça y est, il pigeait plus rien.

_ Vous êtes en train de m’dire qu’on n’est pas là pour Jabba ? Baguette en main, il se tenait donc sur ses gardes, observant les ombres avec soin pour tenter d’y déceler la nouvelle menace qu’ils devaient affronter. Voilà qui repoussait son déjeuner. Il n'était pas le dernier pour entrer dans l'arène mais le ventre vide c'était bien moins amusant et là c'était carrément contrariant.

_ Vous sentez pas obligée de me filer les infos au compte goutte, juste parce que j’aime les surprises.

Son bide se mit à gémir, traduisant la faim démesurée de l’élève qui, en plus d’avoir été tiré de son sommeil plus tôt que prévu, n’avait pas encore digéré sa soirée festive et arrosée. Sa mâchoire se contracta tandis que son regard azuré mais froissé de contrariété toisait les ombres.

_ J’ai vraiment trop la dalle Bhean Uasal, va falloir qu’on règle ça rapidement si vous voulez pas que j’devienne difficile à vivre.

A peine avait-il terminé sa phrase qu’une bête surgit des ténèbres pour se jeter sur eux. Le Gryffondor se jeta en avant, s’enroulant sur lui-même pour revenir sur un pied et un genou à terre avant de se relever, tenant la bête en joue -on dit merci au Juijitsu. Lorsque la bête poussa son cri, l’irlandais tira une grimace de déplaisir en enfonçant instinctivement sa tête dans ses épaules, mais il ne quitta pas sa position. Hors de question de perdre le monstre de vue.

_ Putain de merde…. On est loin des Tortues Ninjas. Maître Splitter a pris un sacré coup dans la gueule.

Harper le rejoignit, lui laissant tout le loisir d’étudier le mutant du regard avec un air plus amusé que dégoûté accroché au visage. Un truc comme ça c'était la première fois qu'il y était confronté.

Harper a écrit:

- C’est un hybride. Un croisement entre un rat et une goule. On n’a jamais vu ça.  Ne me demande surtout pas comment une goule et un rat ont pu… ont pu…

Un irrésistible sourire fendit son visage. Tandis qu’il l’écoutait, sans quitter le puma mutant des yeux.

_ Quoi ? Forniquer ? Allez, vous la jouez pas sensible. Moi j’imagine très bien. Il l’observa longuement. Son corps musculeux et lisse dévoilant une peau grisâtre, la forme étrange de ses membres et sa tête affreuse surmontée d’une belle rangée de dents affûtées crados. A l'intérieur, l'odeur devait être indescriptible... C’est fascinant. J’suis sûr qu’Abigail voudrait l’adopter.

La bête attrapa un vieux meuble de bois rongé par la pourriture et leur envoya dessus. Les deux sorciers esquivèrent l’attaque sans mal sans pouvoir éviter de se faire doucher par une pluie de débris et d’asticots. Mais O’Brian ne s’attarda pas sur ce détail. Négligemment, il épousseta son épaule d’un revers de la main, gardant ses yeux ancrés sur le puma/rat/goule mutant, mordant sa lèvre inférieure toujours blessée suite à l’attaque précédente des Bandomons. Son sourire carnassier traduisit tout l’enthousiasme que la situation animait malgré tout en lui. Mais tout se paie. Aodhan était de nature rancunière et son regard sur la créature n’avait rien d’amical.

_ Ca ferait un beau cadeau de mariage… Personnellement, j’accrocherais sa tête au mur.

Le monstre ne sembla pas apprécier son trait d’humour -en était-ce un?- et poussa un cri strident plein de hargne qui fit tout de même grimacer le Gryffondor. Ça commençait à lui taper sur les nerfs. Lorsqu’il avait faim, il supportait beaucoup moins bien qu’on lui cherche des problèmes.

Harper a écrit:

- On n’a qu’à l’appeler « Groule »,

Les lèvres d’Aodhan se fendirent en un sourire avant qu’il ne pouffe de rire. En une phrase, Harper venait de pulvériser sa mauvaise humeur naissante.

_ Une Groule ?! Vous êtes pas croyable… Je vous laisserai jamais choisir le nom de l’équipe de Quidditch !

Les Bandimons continuaient leur petite débandade ça et là et O’Brian banda son bras.

_ Aller. On arrête de rigoler. On la dégomme et on va manger.

Harper a écrit:

- Au fait : il nous la faut vivante. Le devoir c’est de l’assommer sans la blesser.

L’élève se redressa d’un coup en se tournant vers elle, la fustigeant de ses yeux bleus incisifs.

_ Mais c’est quoi ces consignes à la con ?! Cette fois, il ne souriait plus du tout. Elle veut nous mettre en pièces et nous on doit pas y toucher ?

La Groule en profita pour se jeter sur eux, griffes et dents acérées toutes dehors, et tenta de les séparer une nouvelle fois dans un hurlement rageur. Aodhan tira Harper sans ménagement par le bras, l'entraînant avec lui dans sa course qui consista très rapidement à se planquer derrière une vieille commode qui tenait à peine debout.

_ C’est une belle bande d’enfoirés. Et encore, il était poli. Ils mériteraient qu’on les enferme avec Elle.

Il jeta une œillade pour vérifier où la bête se tenait. La créature gémissait et grognait, ses pattes griffues arrachant du sol les objets qui lui barraient la route. Elle voulait trouver les deux humains et y parviendrait très vite car déjà elle n'était plus qu'à quelques pas. Il daigna enfin relâcher la pression sur le bras de sa prof -peut-être même qu'elle aura œuvré dans ce but- mais son regard resta braqué sur la Groule.

_ J’attire son attention et tu la maîtrises. Cette fois, il n’attendit pas l’accord de sa Directrice de Maison. Dans l’effervescence, il ne nota même pas qu’il s’était adressé à Harper avec plus de familiarité en la tutoyant. Il s’extirpa de son abri de fortune en se dirigeant d’un pas décidé sur la Groule.

Il siffla un coup bref d’un mouvement de sa langue entre ses dents pour attirer l’attention. Cela fonctionna car la bête se tourna directement vers lui, ses grands yeux jaunes clignotant de leur lueur malsaine et féroce.

_ Oppugno ! O’Brian fit un geste large du bras, brassant une masse d’objets divers pour le jeter avec violence sur la Groule qui les prit de plein fouet, bien qu’elle tenta de protéger sa tête en l’enroulant entre ses bras. Lorsqu’elle se redressa, les yeux de la créature exhalaient la rage. Son corps entier se tendit lorsqu’elle se redressa face au jeune homme qui osait lui faisait face sans trembler. Ses babines se retroussèrent, révélant sa dantesque dentition.

Poussant la bête au défi, Aodhan expira à son tour un grognement rageur en contractant ses poings, le visage déformé par un froncement menaçant. La Groule tomba tout net dans le panneau, incapable de résister à un tel affront et se jeta littéralement sur lui. L’élève ne l’attendit pas et courut à toute vitesse, slalomant entre les monticules encore debout pour esquiver les coups de la bête enragée. Il se servit des amas pour les projeter sur lui et ralentir sa progression mais la créature était trop rapide, même pour un sportif de son niveau.

Chaque coup de griffes, chaque coups de crocs était esquivé de justesse mais son agilité lui offrait un avantage temporaire, il en avait bien conscience. Au détour d'un monticule, un bébé Bandimon traversa juste devant ses pieds, les yeux globuleux exorbités par… le vide. Ca c’était l’élément perturbateur de trop. O’Brian tomba. Il percuta le sol et roula sur lui-même avant d’être fauché par la Groule à pleine vitesse. Les deux silhouettes tombèrent dans un bassin d’eau peu profonde et croupie. Lorsqu’ils s’en extipèrent, la créature avait la gueule grande ouverte juste devant le visage du Gryffondor qui avait agrippé les replis de sa peau grise pour l’en empêcher.  

Sa force était nettement supérieure à celle du sorcier. Le bout de sa langue léchait avidement la peau de sa joue et le jeune homme poussa un râle de rage. Putain c’est dégueulasse ! Dhan parvint à passer ses jambes autour du cou du rat mutant et resserra sa prise aussi fort qu’il le put. L’étranglement lui donnait un peu de répit. Ses ongles s’enfonçaient dans la peau de la bestiole, refusant de lâcher prise.  La saloperie se débattait vivement et tentait de se débarrasser de lui. C’est alors qu’il sentit des griffes déchirer la peau de son dos, au niveau de son omoplate. La douleur cuisante lui arracha un grognement de douleur mais il ne desserra pas sa prise.

_ Tu crèveras avant qu’je lâche ! Lui cracha-t-il. Il avait faim, il était fatigué et maintenant il avait mal. Putain qu'il avait la haine. En cet instant, son opiniâtreté maladive mêlée à son orgueil débridé et à son intense préparation physique était tout ce qui lui sauvait la vie… ça et Macfusty.

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@Harper MacFusty & Aodhan O'Brian

☾☾ Fin juin 2021 – Poudlard – Les égouts  


Harper était une prof à part, elle le prouvait à chaque instant. Même son humour était borderline. Franchement, tatonner la goule ? Aodhan avait pincé ses lèvres, retenant derrière elles un sourire large et mordant. Le Gryffondor avait tendance à aller trop loin de façon générale mais au moins savait-il qu’avec elle il ne risquait pas une punition dès qu’il ouvrait la bouche. On ne referait pas son éducation car le garçon des quartiers pauvres de Dublin n’avait tout simplement pas envie de changer mais au moins, aux côtés d’Harper il ne se sentait pas jugé.

Son duel contre la groule était impitoyable et violent. Il s’était retrouvé plongé dans ce bassin dégueulasse d’eau croupie à l’odeur plus que douteuse. Fort heureusement, il n’était pas maniaque. Il faut dire que là, être crade était le cadet de ses soucis, d’autant plus depuis que les griffes du machin avait déchiré la chair de son dos. Aodhan était concentré sur la gueule ouverte de la créature prête à gober sa tête toute entière. Sa mâchoire était parée de deux rangées de dents tordues brunâtres plantées sur des gencives grises et boursoufflées par endroits. Sous ses doigts, la peau rêche de la bête semblait épaisse et les quelques poils noirs s’y hérissant la couvraient de façon partielle et inégale et le peu qu’il avait touché avait laissé sur sa peau une sensation désagréable, comme si chaque poils était garni de minuscules épines. Bref, ce truc était dégueu jusqu’au bout.

La prise de ses jambes sur le cou du monstre ne faiblit pas un instant, mais la force de la créature étant supérieure, il la sentait se rapprocher inexorablement. Le bout de ses dents pourries mais acérées approchait de son visage glabre. l’irlandais serra les dents. Il savait qu’il ne cèderait pas, il était beaucoup trop têtu pour ça, mais ça ne l’empêcherait pourtant pas de se faire bouffer la tronche et ça c’était gênant.

Harper a écrit:

— Bouge encore d'un chicot et je crame toute ta bande.

La voix d’Harper retentit dans la haute salle et fit vibrer la bête, un frisson parcourant son échine des pattes à sa tête hideuse. Le force qu’elle usait contre lui fondit soudain. Aodhan hésita à relâcher la pression sur elle, mais elle détourna la tête, son corps et son attention toute entière se tournant vers l’enseignante.

Harper a écrit:

— Descend de là, O'Brian.

Il n’était pas de nature obéissante, n’empêche qu’il relâcha la créature avant de retomber dans la flotte dans laquelle il ne s’attarda pas. Le regard froncé par la hargne encore vivace qui enflammait ses tripes, il jeta une oeillade sur la scène pour comprendre ce soudain revirement de situation. Elle venait d’enfermer une bonne centaine de rats dans une cage invisible et ça semblait contrarier la groule qui se figea. Froissant ses yeux bleus, il se dirigea vers Harper, la douleur irradiait son dos. Dès qu’ils seraient rentrés il lui faudrait nettoyer cette vilaine plaie s’il ne voulait pas crever d’une maladie à gerber ou muter salement. L’étudiant se posta près de la jeune femme en passa son avant-bras devant ses yeux pour essuyer l’humidité qui l’embuait.

_ C’est vrai que c’est quand-même mieux que d’être collé pendant un trimestre.   Ca avait beau paraître ironique, ça avait l'air tout de même sincère.

Il roula ses épaules et fit craquer sa nuque dans un léger grognement. C’était un peu raide vu l’effort qu’il venait de faire mais tout roulait. Tendant à nouveau son bras devant la mocheté, il la mit en joue, aiguisant son regard sur elle. Cette dernière sembla ne pas aimer d’ailleurs parce que ses traits difformes semblèrent s’étirer en une grimace mauvaise. Ah ça y est, elle l’avait dans le pif. Une de plus à son compteur.

Harper a écrit:

— À trois on la stupefix. Nos deux sorts combinés devraient être suffisant. Un... deux... TROIS STUPEFIX.

Aodhan avait suivit les instructions à la lettre. Ils étaient passés d’une obscurité partielle à une lumière violente et ses yeux clairs n’eurent pas le loisir d’observer le décor. Le flash disparu, laissant les Gryffondors observer le fruit de leur travail commun et c’était franchement décevant.

_ Sans déconner, elle marche à quoi…  

L’irlandais roula ses yeux. La groule poussa un cri de rage en s’arque boutant, plantant ses yeux mauvais injectés de sang sur ces deux proies. De part et d’autres, de petites silhouettes se déplaçaient, trottinant à la faveur de l’obscurité mais à bien réfléchir, ils étaient légèrement en train de les encercler.

_ Vous me faites confiance ? Je tente un truc.  

Puisque les sortilèges ne semblaient pas fonctionner sur elle, alors autant passer à une attaque physique. Un mouvement bref de son poignet fit s’extirper un éclair rougeoyant de sa baguette dans un brondissement soudain qui alla percuter le plafond de pierre juste au-dessus de la groule dans une explosion retentissante.

Citation :

OUI : Un bout du plafond s’écroule sur la groule, l’assommant. Les rats fuient en voyant leur protectrice tomber.
NON : La pierre s’effondre mais la groule régit rapidement et l’évite. Par contre le bloc tombe sur un groupe de rats qui se font écrabouiller… oups !

Aodhan mordit sa lèvre inférieure en voyant la groule éviter la masse qui allait lui tomber sur le coin de la gueule et balança sa tête en arrière. La groule approcha du tas de pierres effondrées pour le sentir et poussa un grognement presque déchirant avant de couler un regard où perçait la rage sur les deux sorciers.

_ On dirait que papi et mamie sont sous le cailloux. Vous êtes toujours contre l'idée de la buter ?

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@Harper MacFusty & Aodhan O'Brian

☾☾ Fin juin 2021 – Poudlard – Les égouts  

Putain. Une poisse pareille c’était pas permis. Elle avait bouffé du Felix Felicis ou quoi ? Autour d’eux, le cris des rats devenaient assourdissant. Ca grouillait. Heureusement qu’il n’avait pas peur de ces bestioles, sinon y avait de quoi paniquer. Mais paniquer ça servait à rien sinon vous projeter dans une merde encore plus noire et là il avait du mal à imaginer comment ça pouvait être pire. Quoi que. Si en fait. Se laisser encercler par des nuées de rats hargneux commandés par un monstre taré increvable.

Le monstre gratta le sol en projetant des masses d’ordures derrière elle, soulevant dans le même temps des effluves absolument abjectes et nauséabondes. Soufflant d’exaspération et d’impatience, Aodhan serra les dents.

_ Putain t’en fous partout grosse dégueulasse !

Le monstre grogna et tourna vivement sa tête difforme sur les sorciers, dévoilant ses rangées de dents accidentées et tranchantes, ses yeux rouges se braquant sur le jeune homme avec rage, comme s’il était vexé. L’irlandais campa son regard acier sur elle en écartant les bras en mode désabusé.

_ Quoi !

Nan mais l’autre horreur de la nature allait quand-même pas s'offusquer ?!!!

Uasal a écrit:

— Je vais lancer un sortilège, prépare-toi à provoquer un nouvel éboulis. Fais-nous un bon bombarda digne de ce nom.

Il jeta un regard à Harper qui refusait toujours d’employer la force contre la groule. Aodhan trouvait cet entêtement tout autant inutile qu’admirable. C’était ça, avoir des principes ? Suivre une ligne malgré tout ce qui nous pousse à la lâcher. Il n’était pas certain d’avoir envie de s’imposer une telle rigueur et d’ailleurs, il n’avait pas franchement envie de s'appesantir sur le sujet pour le moment.

_ Va pour le bombarda. Conclue-t-il. Il n’émit aucun soupire et pourtant on notait dans sa voix une certaine forme d’agacement. Il voulait en finir avec cette histoire, aller se laver, manger et éventuellement, soigner la vilaine blessure qu’il avait dans le dos avant qu’il doive en perdre une partie parce que sa chair se sera nécrosée, bouffée par l’eau croupie absolument ignoble dans laquelle il avait trempé.

Le monstre s'arquebouta soudain, gonflant son poitrail pour extirper de sa cage thoracique un son qu’il n’avait encore jamais entendu jusque-là, un cri monstrueux qui déchira l'atmosphère pour faire trembler chaque particule présente dans les égouts. La baguette restant dans sa main, il se voûta en plaquant ses mains contre ses oreilles pour tenter de se protéger de ce hurlement insupportable. Il n’était pas douillet et pourtant la douleur qu’il ressentit était nouvelle et terriblement cruelle. L’irlandais eut l’impression que se boucher les oreilles était aussi utile que de pisser dans un violon.

La voix d’Harper, étrangement lointaine et déformée lorsqu’elle lui parvint, le sortit de son douloureux état de paralysie et soudain le mugissement de la bête prit fin, le soustrayant à cette insoutenable souffrance. Crache limace ? C’était bien ce qu’il avait entendu ? Le Gryffondor se redressa, le souffle court. Ses oreilles sifflaient encore et une barre semblait s’être logée contre son front où une poignée de gouttes de sueur perlaient discrètement.

_ Merci. Se contenta-t-il de dire dans un souffle, soulagé, en reprenant ses esprits. Mais à peine avait-il fermé la bouche que Maître Splinter sur le retour crachait à nouveau un cri à en décoller les tympans. Le cerveau d’O’Brian vrilla et la douleur vive qui perça sa tête se déversa en lui dans le même temps qu’une indicible fureur. La douleur harissa chaque centimètre de peau de son corps, réveillant la brûlure de l’écorchure infecte de son dos.

Tout prit fin aussi vite que ça avait commencé, le laissant haletant, le poitrail secoué par une respiration dont il commençait à peine à reprendre le contrôle. Il se redressa. Son t-shirt collait à sa peau et n’avait plus rien de blanc désormais. Même sa peau était maculée d’une substance grisâtre peu ragoûtante qui luisait sous l’éclat des torches qui brûlaient à plusieurs mètres de là. Ses doigts s’étaient crispés sur le bois de sa baguette et dans ses yeux brillait autant d’animosité que de colère. La groule était dès lors secouée de spasmes et ses yeux vides exempts d’âme ne réalisaient pas ce qui était en train de se dérouler dans le corps qui était le sien. Aodhan n’avait pour elle pas une once de pitié et sa souffrance peinait même à le satisfaire.
De sa gueule débordaient des paquets agglutinés de limaces baveuses et tout autour d’eux s’anima un bal étrange. D’abord effrayés, les rats avaient poussés de petits cris suraigus, s’éloignant de leur chef comme par peur de vivre le même sort avant que les petits curieux ne soient finalement attirés par l’odeur alléchante d’un bon repas régurgité par maman. Le Gryffondor n’était pas du genre insensible que rien ne touchait, mais ces créatures ne trouvaient pas grâce à ses yeux. Il était d’ailleurs persuadé que si la groule avait le bide ouvert, ses petits copains se délecteraient de ses entrailles moisies.

_ La dégueulasserie au sommet de son art.

Uasal a écrit:

— Après avoir lancé ton sortilège, tu pourras me remercier d'être parti en retenue le ventre vide.

_ Ouais, je vais rien pouvoir avaler pendant des lustres… J’suis pas prêt de l’oublier celle-là. Le deuxième année en Protection Magique banda son bras en levant sur le plafond voûté le bleu de ses prunelles froides. Bombarda maxima !! Double dose, toujours. C’était la base. La détonation du sortilège lancé résonna contre les parois de la large salle avant qu’un grondement sourd ne la parcourt comme le ferait un frisson le long d’une colonne vertébrale. De lourds blocs de pierre grise se détachèrent de la structure en hauteur amputant l’architecture millénaire, la masse s’écroulant sur les créatures de l’ombre dont les cris furent étouffés par le vacarme explosif et tonitruant de la roche taillée. Une telle cascade aurait tué un humain sur le coup, mais il ne fallait pas se leurrer, l’autre monstroplante s’en était certainement sortie… contrairement à sa répugnante marmaille. L’explosion avait projeté une grande partie des rats dans la flotte et à sa surface flottaient dès lors les petits corps. Les remous les repoussèrent vers un conduit qui se trouvait vers le fond de la salle, nettoyant la zone de ces abjections.

_ Et voilà l’travail. Maintenant qu’ils flottent tous en bas, ils feront plus chier.

C'était ainsi que se terminait enfin sa retenue. Du moins l'imaginait-il. L'immense salle dans laquelle ils se trouvaient était maintenant étrangement calme. Les rats encore en vie étaient partis se cacher, disparaissant dans quelques trous ou fentes. D'autres encore, les plus courageux, les observaient de loin, prêts à décamper au moindre geste suspect des sorciers.
Aodhan remua les épaules. Il observait Macfusty saucissonner la bestiole qui gisait sous les gravats. La pierre lévitait doucement, comme si chaque morceau était suspendu à un fil invisible, dégageant la créature pour mieux l'emprisonner grâce à la magie. Le Gryffondor tenait toujours sa baguette et jeta une œillade sur sa main qu'il leva devant ses yeux. La vue sur la substance poisseuse qui le couvrait lui fit lever un sourcil.

_ Y a des chances pour que je sois devenu luminescent… peut-être même radioactif.

Il tira sur son t-shirt pour en constater l'état, misérable. Franchement, jamais on aurait pu deviner qu'il avait un jour été immaculé. Et encore, dans son dos c'était bien pire. Une large tache rouge s'était étendue des suites de la blessure que la groule lui avait infligée. Son jogging noir faisait encore bonne figure mais il était détrempé et ne parlons pas des baskets.

Derrière lui, une ombre se déplaça prestement, espérant manifestement ne pas être vue. Harper était occupée avec l'affreuse grosse dinde mais O'Brian, lui, se retourna, ses prunelles azurés harcelant l'obscurité avec curiosité. Il tendit sa baguette vers un recoin enténébré qu'il perça d'un Lumos, le baignant de lumière. Un bébé Bandimon, terrifié et acculé contre un tas d'ordures tremblait de tout son horrible petit corps, les deux globes ahuris lui servant d'yeux fixant le jeune sorcier. Aodhan inclina la tête en toisant la créature. Il semblait réfléchir.

_ Qu'est ce que je vais faire de toi… si je te laisse en vie tu vas devenir un gros Jabba dégueulasse et j'ai pas franchement envie de redescendre ici pour chasser ton cul crado l’année prochaine.

Il leva sa baguette dans le but clair d’abréger la vie de la bestiole lorsqu'un froncement froissa ses yeux cristallins. Le misérable machin émis un son qui ressemblait vaguement à un pet de terreur lorsque le Gryffondor s'accroupit face à lui. L'expression de son visage avait changé et dès lors, un rictus rusé étirait le coin de ses lèvres.

_ En fait il se peut que j'ai un projet pour toi. Je vais te déposer dans un endroit fantastique. Tu vas pas être déçu mon pote.

Cette fois, le sourire de l'irlandais fendait son visage de part en part, dévoilant ses dents blanches. Lorsqu'il se releva, le Bandimon avait disparu, aspiré tout en discretion dans un flux magique par la baguette du sorcier. Ce dernier se rapprocha d'Harper, sa main plaquant ses cheveux en arrière, libérant son visage carré encrassé. Malgré son état lamentable, il se tenait droit et de son être se dégageait toujours autant d’assurance mêlée à une pointe de décontraction permanente.

_ Vous êtes prête Professeure ? Si vous traînez trop les rats vont finir par faire de vous leur nouvelle reine.

Son sourire ne faiblit pas tandis qu’il la regardait. Il avait certainement quelque chose en tête. Sa Directrice de Maison devait le connaître assez bien pour percevoir ce genre de chose. D’ailleurs, à l’approche de cette dernière, il reprit.

_ Mais vous feriez une reine sans nulle autre pareille Bhean Uasal. L’éclat de malice dans les yeux ne la quitta pas tandis qu’il replia son bras armé de sa baguette sur son poitrail en penchant le haut de son corps vers elle, comme une révérence.

Il était maintenant l’heure de quitter ce lieu de haute putridité et il tourna les talons à la suite de la jeune femme, sans regret, disons-le franchement.

_ Vous me payez le petit déj ? Suggéra-t-il innocemment. L’épisode des limaces était loin derrière lui, du moins c’était le message que lui lançait actuellement son estomac et Aodhan O’Brian était toujours très à l’écoute de son corps.

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@Harper MacFusty & Aodhan O'Brian

☾☾ Fin juin 2021 – Poudlard – Les cuisines de Poudlard

Uasal a écrit:

- Bien, nous allons la laisser là, j’enverrai des elfes de maison la chercher..

Ca lui allait très bien. A vrai dire, il se fichait de son sort. Son compte était réglé, il pouvait dès lors reprendre le cours de sa vie : aller se doucher -et putain il allait devoir frotter fort-, se changer, bouffer jusqu’à ce que son bide éclate, dormir une heure et aller ranger ses affaires. Parce que c'étaient les vacances. Tout le monde rentrait chez soi. Chez eux. Aodhan n’était pas fan de certains cours, mais il aimait être à Poudlard, il adorait cette vie et les vacances lui rappelaient à chaque fois que lui n’avait plus vraiment de foyer.

Uasal a écrit:

- Ne t’avise pas à faire du mal à ce petit bandimon, sinon je laisserai Abigail te projeter dans un nid de noir des hébrides. Sache qu’ils ne parlent pas l’irlandais. Avis, O’Brian..

Il s’arrêta soudain, tiré de ses pensées, jetant sur Harper un regard surpris avant de hausser un sourcil.

_ Sans déconner, vous avez des yeux partout c’est flippant… Le Gryffondor inclina sa tête, un sourire léger mais effronté aux lèvres. C’est bon. J’vais pas lui faire de mal. J’dirais même qu’il va adorer c’que j’lui prépare. Et d’autres moins, c’était certain.

Uasal a écrit:

- Aller, on s’arrache. Les elfes nous serviront bien un petit quelque chose.

A ces simples mots, il sentit son ventre se mettre en branle. Aodhan suivit l’enseignante dans de nouveaux méandres poisseux. Ils prirent tant de tunnels, tant de passages magiques qu’il craignait de ne pas pouvoir se souvenirs de chacun d’entre eux, et pourtant il avait un putain de sens de l’orientation.

_ Vous avez l’air de bien connaître le coin. Vous avez déjà amené des élèves ici où je suis le seul heureux élu ? Il reprit subitement sans lui laisser le temps de répondre. Non, ne dites rien. J’suis trop jeune pour avoir le cœur brisé. Ajouta-t-il avec un sens théâtral volontairement excessif.

L’odeur était toujours aussi répugnante et les parois toujours aussi collantes. S’il n’était plus à ça près, constater que les murs s’élargissaient et que l’air pestilentiel disparaissait le soulagea. Croiser enfin quelques elfes lui fit bizarre. C’est vrai qu’il ne les voyait jamais ces bestioles. Elles s’occupaient de tout dans ce château : la bouffe, le nettoyage, le linge… mais jamais les sorciers ne les voyaient ou franchement rarement. Devait-il s’en plaindre ? Trouvait-il injuste tout le travail que ces créatures accomplissaient sans avoir de réelle reconnaissance ? En fait, il n’avait pas vraiment d’opinion sur le sujet.

L’arrivée des deux sorciers laissa la petite bande toute pantoise mais ce qui l’étonna c’était que Harper connaissait le prénom de l’une des créatures. Il tourna la tête vers Macfusty, un sourcil relevé, sa bouche se pinçant. Il patienta que la créature se retourne pour aller chercher de quoi les rafraîchir tandis qu’il se pencha vers l’anglaise pour lui parler à voix basse.

_ Elle a pas une tête à s’appeler Cindy.

Les vasques d’eau fraîche étant arrivées, il ne perdit pas de temps pour se laver les mains, remontant généreusement jusqu’aux avant-bras.

_ J’suis pas certain qu’ça suffise…  Ajouta-t-il distraitement.

Uasal a écrit:

- Tu t’es bien débrouillé, O’Brian, même si tu as pris beaucoup de risques inconsidérés.

Les compliments de la Dame des Sortilèges lui arrachèrent un sourire léger tandis qu’il lavait soigneusement ses mains, chacun de ses doigts, frottant même ses ongles.

_ On est dans une école qui abrite des monstres… Dit-il en posant sur elle un regard azuré à demi amusé. Il hausse alors brièvement ses épaules. Je m’adapte. Bon, son excuse était bidon mais qu’importe. Ce geste lui arracha une légère grimace de douleur. La griffure dans son dos le brûlait toujours. Cac asail…[saloperie] Cracha-t-il dans un murmure.

Uasal a écrit:

- Pourquoi est-ce que tu m’appelle toujours comme ça…
- Be… ba… Bean usual ?

S’il ne leva pas le nez de la vasque d’eau dont la couleur était maintenant nettement moins claire, elle put noter qu’il avait tiqué à sa question. Après une poignée de secondes, il se décida.

_ Sérieux, depuis le temps que j’vous appelle comme ça, c’est seulement maintenant que vous vous posez la question ?  

Cindy approcha. L’allure de cette créature était tellement improbable… mais il la regarda sans rien dire. Lorsqu’elle lui tendit une serviette propre, il la prit, la remercia et essuya ses mains et en profita pour faire pareil avec son visage et son cou.

_ Je pensais que vous saviez que ça voulait dire “harpy”...

Il tourna les épaules, sur le qui vive en cas d'attaque, près à esquiver puis un large sourire étira ses lèvres.

_ Mais non… se reprit-il, estimant sans doute qu’il avait assez joué au con - ou n’ayant pas envie de s’prendre une droite.

_ Bhean Uasaaal… Répéta-t-il, légèrement moqueur, exagérant sa mauvaise prononciation. C’est Bane Wassol. Articula-t-il. L'irlandais l’observa un instant en gardant le silence puis il inclina légèrement sa tête sur le côté. Peut-être que cela lui parut étrange car il était peu enclin à hésiter d’habitude. C’est comme ça qu’on s’adresse à une femme noble. On peut traduire ça par… Ses prunelles roulèrent vers le plafond, semblant chercher une traduction exacte -bien que ce n'était pas le cas- en pinçant ses lèvres. Ma lady.

En premier lieu ce surnom gaellique avait été moqueur, voulant davantage mettre l'accent sur son état de “vieille” trentenaire autoritaire et casse-pieds. Aucune insulte dans ces mots et quand bien même Harper aurait traduit, il n’aurait décemment pas pu être puni pour ça. Irrévérencieux mais pas idiot. Leur relation n’avait pas très bien débuté mais cela n’avait pas tant été la faute de la sorcière. Pour avoir de l’autorité sur lui, il fallait en quelque sorte le mériter. Même si aujourd’hui encore il y avait cette incurable dose d’impertinence, son intention n’était plus la même et ses sentiments étaient bien différents… mais l’effronterie avait le pouvoir de dissimuler les choses un peu gênantes sur lesquelles il n’aimait pas trop s’étendre.

D’ailleurs, Aodhan fronça son regard et pencha légèrement sa tête vers celle de l’enseignante, les yeux rivés sur son visage, comme s’il observait un bouton sur son nez.

_ Est-ce que vous rougissez ?

Aucun mouvement de recul cette fois, il affronta son regard alors qu’il mordait sa lèvre inférieure pour s’empêcher de sourire.

Lorsqu’il entendit un poli raclement de gorge, le Gryffondor baissa finalement la tête pour observer Cindy qui s’était approchée d’eux.

_ Cindy a préparé quelque chose à manger pour l’élève de l’humaine des sortilèges.

_ Wow, déjà… T’es au top Cindy.

Un coup d'œil sur la table non loin d’eux lui fit ouvrir de grands yeux sur le festin que l’elfette venait de préparer. Un poulet entier, un gros pain de campagne à la française, quelques feuilles de salade, un plateau de fromages, des pommes sautées, des haricots verts, des éclairs en chocolat et un flanc en gelé rose à la fraise.

_ Le délire… Tu m’as pris pour une équipe de football entière ? Si je bouffe tout ça, même mon balai arrivera plus à m’porter.

Il approcha de la table et attrapa le pain qu’il éventra avec un couteau posé juste à côté. Dans ce sandwich improvisé, il fourra une feuille de salade, quelques morceaux de formage, un bout de blanc de poulet, deux trois pommes de terre…

_ J’vous fais un sandwich, prof ?

Il referma le pain bien fourni qui n’avait pas une si mauvaise tête, témoignant d’une certaine expérience dans le domaine.

_ Ca sera bien suffisant… Les griffures que la groule lui avait administrées se voyaient distinctement dans son dos, l’entaille tâchant son t-shirt souillée d’eau saumâtre au niveau de l'omoplate. Il fit volte face pour approcher de Harper, sandwich en main.

_ Autorisation de regagner ma chambre, Colonel ? Dit-il en la regardant tandis qu’il croquait à pleines dents dans l’encas.  

A la réponse affirmative de sa directrice de Maison, O’Brian opina du chef avant d’effectuer quelques pas à reculons. Il termina sa bouchée avant d’ajouter.

_ Bonne lune de miel Bhean Uasal… et n’oubliez pas mon cadeau… Il tourna les talons mais se ravisa soudain, s’arrêtant tout net. Doucement, O’Brian se tourna à nouveau vers elle. Ses yeux bleus brillaient d’une malice certaine.

_ Ah oui j’oubliais… A votre place j’éviterais la salle des prof pour quelques jours. Un sourire fendit ses lèvres, dévoilant ses dents blanches. J’vous ai rien dit… Termina-t-il en lui envoyant un furtif clin d'œil, reculant de nouveau de quelques pas, arrachant une nouvelle énorme bouchée à son sandwich pour finalement se retourner.

_ Merci pour la balade ! Cria-t-il la bouche pleine avant de disparaître.