J’avais hâte de finir cette journée. Je m’épanouissais dans ce métier, c’était tout ce que j’avais toujours rêvé, je n’avais rien à y redire, mais plus tôt dans la journée j’avais reçu un hibou de Kiara qui me donnait rendez-vous après le travail pour une surprise, mais elle n’a pas voulu me dire ce que c’était, alors je trépignais d’impatience ! Je chérissais les moments que je pouvais passer avec ma sœur, parce que déjà que j’avais quitté la maison, du coup forcément on se voyait moins, mais à présent qu’elle allait se marier avec Grigori, sans doute qu’on allait encore moins se voir. J’avais ma vie, elle allait avoir la sienne et bien sûr qu’on se verrait toujours, je l’espérais bien, mais certaines choses allaient forcément changer. C’était assez dingue de se dire que peu à peu nous quittions notre ancienne vie pour en créer une nouvelle et cela pouvait faire peur, même si je ne doutais pas un seul instant que mon avenir était avec Théo. Que quelque part, cette petite routine, cette vie qu’on a déjà commencé à avoir à deux, allait être mon pilier pour pouvoir supporter les changements qui étaient à venir. Heureusement qu’avec mes parents cela c’était tout de même bien arrangé car cela me faisais tout de même une angoisse de moins à gérer. Aujourd’hui avait été une journée assez calme, les rendez-vous s’étaient plutôt bien passé, pas de mauvaise surprise, pas d’urgence, ces journées-là étaient assez rares, mais la bonne nouvelle c’est que j’allais pouvoir être à l’heure lorsque Kiara passerait me chercher. Cela me faisait étrange de me dire que je n’étais plus une stagiaire, que j’étais à présent ici en tant que Zoomage, que j’étais totalement apte à exercer et à sauver des vies, même si elles ne sont pas humaines.

J’ai essayé de deviner cette fameuse surprise, me demandant si cela avait un rapport avec son mariage ? J’y avais forcément pensé je savais qu’elle était en plein dans les préparatifs en ce moment, j’espérais qu’elle n’avait pas choisi sa robe sans moi sinon j’allais lui en vouloir, cela ne pouvait donc pas être cela. Et si elle me déclarait être enceinte ? Est-ce que ce serait une bonne nouvelle ? Arriverais-je réellement à me réjouir ? Elle n’avait pas encore fini ses études… Mais était-ce seulement ce qui m’embêtait ? Est-ce que je vivais mieux le fait qu’elle allait se marier avec Grigori à présent ? Pas vraiment… Est-ce que je l’avais accepté… ? Je faisais de mon mieux pour essayer. Pour elle, pour ma sœur, parce que si tout se passait bien et c’était ce que je lui souhaitais évidement, elle allait vivre le reste de sa vie avec lui et que nous ne pouvions pas être indéfiniment en froid. J’avais évidemment imaginé aussi d’autres pistes, mais ce n’était pas mon anniversaire, ce n’était pas le sien non plus…  Au final j’avais beau tourner dans les sens, je n’avais rien. J’avais donc décidé de me concentrer le reste de la journée uniquement sur mon travail, sinon j’allais avoir des nœuds au cerveau, mais cela n’était pas une mince affaire, l’information restait là, dans un recoin de ma tête, prête à surgir n’importe quand, ce qui avait rendu cette journée si calme, affreusement longue.

Mais quand vint enfin l’heure, je ne me fis pas prier pour quitter ma blouse et retrouvais une tenue civile, je disais au revoir à Ludivine tandis que je courrais presque pour rejoindre Kiara qui devait m’attendre dehors. Un sourire étira les traits de mon visage lorsqu’elle entra dans mon champ de vision et je vins évidemment la prendre dans mes bras. Je ne perdais pas un seul instant pour attaquer. « Alors, qu’est-ce donc cette fameuse surprise ? C’était cruel de me faire attendre toute cette journée sans rien vouloir me dire ! » Déclarais-je en feignant une fausse mine boudeuse qui était sous sauf crédible. Toutes mes interrogations que j’avais retenues jusqu’ici revenaient de plus belle tandis que j’étais littéralement suspendue à ses lèvres. Je pouvais constater qu’elle n’avait rien dans les mains ce qui me rendait encore plus curieuse. Avec un peu plus de sérieux je reprenais. « Comment tu vas ? Pas trop stressée entre les préparatifs du mariage et tes études ? » Demandais-je avec douceur. Je l’admirais, je ne sais pas comment elle faisait, heureusement que Théo était plus de la team, je prends mon temps avant de me marier et de vouloir des enfants. Enfin… Pour se marier, puisqu’il ne voulait pas d’enfant, me ronchonnais une voix intérieur… Si j’acceptais le fait qu’il veuille redevenir auror avec plus ou moins de bonheur parce que j’avais du mal avec ce métier et le fait qu’il allait risquer sa vie, je devais bien avouer que j’avais un peu plus de mal au fait que nous aurons pas d’enfant, que notre petite famille s’arrêterait à lui et moi pour toujours, mais je ne voyais pas ma vie sans lui et je comprenais ses raisons, alors j’allais devoir me rabattre sur mes futurs neveux et nièces ! Constatent que ce n’était vraiment pas le moment de penser à tout cela, je rangeais tout ça dans un autre coin de ma tête et attendait avec impatience de découvrir la surprise de ma sœur.

Je levais les yeux au ciel lorsque ma sœur me réprimanda presque en me soulignant, sans animosité bien sûr, le fait que je n’avais même pas dit bonjour. Mais ce n’était pas ma faute, j’attendais depuis si longtemps que j’en avais oublié les bonnes manières et puis bon je lui avais tout de même sauté au cou ! Sa réponse, me fis grimacer, elle s’amusait à mes dépends et si je ne l’aimais pas autant, j’aurais presque pu la détester à cet instant. « Tu es si cruelle, la famille Dimitrov déteindrait-elle déjà sur toi ? » Oh c’était petit ça, même pour moi, cela dit, je ne cherchais pas la querelle, c’était dit uniquement sur le ton de la plaisanterie et je ne visais pas particulièrement Grigori, si je voulais bien essayer de faire des efforts pour lui, en revanche Kiara ne pouvait pas me demander d’en faire pour toute la famille et quelle famille… La réputation de celle-ci n’était plus à faire. Je m’enquis évidemment de la santé de ma sœur et des préparatifs du mariage, j’imaginais sans peine le stress que cela devait être même si chacun de nous faisait au mieux pour l’aider évidemment. Mais nous n’étions pas les seuls et même si je ne portais pas mon futur beau-frère dans mon cœur, il semblait être autant investi que Kiara dans les préparatifs de leur mariage et ça c’était une bonne chose.

« Tu es la plus intello de la famille, je suis sûre que tu as tout déchiré. » Lâchais-je alors amusée. Peu importe ses résultats, j’étais déjà fière d’elle de toute façon, je ne comprenais pas ses choix en matière de garçon, mais pour le reste, je me faisais aucun souci quant à l’avenir de ma sœur. Alors que nous étions en chemin, Kiara marquait un arrêt devant une boutique et en voyant la devanture, je comprenais aisément pourquoi. Dès qu’elle me parla robe, j’en oubliais presque tout le reste et m’excita de nouveau aussitôt. « Oh oui ! Dis-moi quand et je devrais pouvoir me libérer ! Tu as une idée du style que tu veux ? Il y en a déjà une qui ta tapé dans l’œil ? JE VEUX TOUT SAVOIR ! » D’accord, je n’approuvais pas le mari, mais cela ne m’empêchait pas d’être heureuse tout de même pour ma sœur et de m’extasier avec elle sur la robe et tout ce qu’implique le mariage, tout en gardant en tête que le nôtre avec Théo ne serait pas pour tout de suite, loin de là. Lorsque ma sœur reparla de la surprise, je me rappelais soudainement que c’était ce que j’avais attendu toute la journée. « Kiara, si je ne te connaissais pas aussi bien, je pourrais croire que tu veux ma mort à me faire trépigner de la sorte ! » Lâchais-je en exagérant bien mes propos, sachant bien que j’étais encore loin de mourir évidemment. J’avais à peine finis ma phrase que nous avions quitté l’endroit où nous nous trouvions une seconde plus tôt, avant de nous retrouver totalement ailleurs, il me fallut quelques secondes pour comprendre que nous venions de transplaner. J’allais ouvrir la bouche pour lui demander où nous étions, mais elle me devança et me pris totalement de court. Ma bouche s’ouvrit en un O quasiment parfait tandis que je regardais tout autour de moi. L’extérieur tout d’abord, remarquant alors un assez grand jardin, avant de me rendre compte que nous étions près d’une porte, je sursautais alors en prenant conscience de la taille de la demeure.

« Nom d’un dragon Kiara, bordel c’est… » Je n’arrivais même pas à finir ma phrase, restant béate devant le spectacle devant mes yeux. « Bienvenue chez nous. » cette phrase tournait en boucle dans ma tête tandis que j’avais du mal à comprendre ce que cela voulait dire alors que pourtant les paroles de mon ainée étaient claires comme de l’eau de roche. Je n’avais toujours pas réalisé et réussi à dire une phrase en entière lorsque ma sœur m’entrainait à l’intérieur, qui était tout autant splendide que l’extérieur. Je restais les yeux grands ouvert sans pouvoir dire quoique ce soit lorsque nous fûmes alors accueillis par l’elfe de maison, c’était sans doute la chose qui me surprenais le moins. Alors que Wipsy tendait ses mains vers moi, je défaisais ma veste avant de glisser un « Bonjour » à son attention. Lors de la mention du nom de mon futur beau-frère, je me tendis légèrement, était-il là lui aussi ? J’appréhendais toujours nos rencontres quand bien même je faisais de mon mieux pour être polie et gentille envers lui. Je me détendais rapidement lorsque ma sœur m’indiquait que son futur mari était alors à Moscou, il n’était donc pas là. Lorsque Kiara m’invita à avancer, je m’exécutais commençant doucement à réaliser pour de bon ce que j’avais sous les yeux.

Alors ces derniers continuaient d’explorer chaque recoin, j’écoutais les paroles de ma sœur en ayant tout de même toujours cette impression de ne pas être totalement dans la réalité.

« C’est… » Commençais-je à repondre tout en me demandant quel adjectif correspondrait le mieux. « Sompteux Kiara mais… » Dis-je en me tournant soudainement vers elle. « C’est vraiment ce que tu veux ? Cela ne te ressemble guère. » Je connaissais assez bien ma sœur et si j’avais pu imaginer nos vies dans le futur, je ne l’avais jamais imaginé dans un tel manoir, car oui, il ne s’agissait pas d’une maison vue la taille de cette dernière. Inquiète, ne voulant pas blessée mon ainée, je reprenais. « Elle est splendide hein ne te méprend pas, mais c’est… Immense. En général tu n’aimes pas trop ce qui est… Assez grandiose. » J’avais du mal à choisir mes termes, étant un peu troublée, ne comprenant pas son choix, mais je ne la jugeais pas, si je ne me voyais pas vivre ici, en revanche, je reconnaissais sans mal que c’était très beau. Je voulais simplement m’assurer que c’était son choix, ce qu’elle voulait et que cette demeure ne lui était pas imposée. Jusqu’ici elle semblait être libre de ces choix, mais est-ce que Grigori ne l’avait pas influencé et si c’était le cas était-ce un problème ? Une maison ce n’était peut-être pas un souci, mais jusqu’où pourrait-il l’influencer si c’était le cas ? Je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter et en même temps, je culpabilisais de penser ainsi et de ne pas pouvoir lui donner ma pleine confiance comme ma sœur me l’avait demandé.

Kiara pouvait défendre Grigori autant qu’elle voulait, je voulais bien finir par croire qu’il se comportait bien avec elle sinon elle ne voudrait pas l’épouser et qu’il s’améliorait, en revanche, pour ce qui était de sa famille, c’était tout autre chose. La réputation des Dimitrov n’était plus à refaire et je savais pertinemment dans quel genre de famille ma sœur avait décidé d’entrer. Alors oui, plaisanter à ce sujet était facile et il n’y avait aucune animosité dans ma voix. Je me contentais d’échanger avec ma sœur un regard et un sourire complice bien consciente qu’elle préférait ne pas rebondir sur mes propos. Je préférais d’ailleurs la questionner sur sa santé et tout ce qui devait la travailler ces derniers jours, ne la laissant pas se poser la moindre question sur ses résultats d’examen, la question ne se posait même pas, je savais qu’elle avait tout déchiré, c’était une évidence, après tout je connaissais ma sœur par cœur. Sa réponse ne me surprenait pas non plus, malgré ses réussites, Kiara était toujours restée modeste. Une qualité que j’avais toujours admirée chez elle et qui faisait que ma sœur avait toujours été l’un de mes modèles. Alors que Kiara gardait le silence sur la surprise qu’elle voulait me faire, le fait de s’arrêter devant une boutique de robe de mariée me fit tout oublier. Ce moment je l’attendais avec impatience, cela avait toujours été une évidence que je serais là pour elle pour l’aider à choisir sa robe, comme elle serait là pour moi quand ce sera mon tour. C’était une chose dont je rêvais depuis toute petite et j’avais même du mal à croire que ça allait enfin arriver… Cela m’avait paru si loin durant tellement d’année et là c’était presque comme si c’était demain… Samedi prochain ? C’était donc presque demain !

« Bien sûr que je serais disponible ! » Restait à voir si Maman l’était aussi bien évidemment. Une sortie entre fille Macmillan, cela faisait bien longtemps que ça n’était pas arrivé d’ailleurs. Alors que Kiara m’expliquais ce qu’elle avait déjà repéré, mon sourire devenait encore plus grand. « Je vois très bien, tu as oublié qui tu avais en face de toi ? Je te connais par cœur, je n’en attendais pas moins de ta part, j’ai hâte de voir tout ça. » Si j’oubliais le fiancé en question, j’étais vraiment impatiente de ce mariage, il n’y avait rien d’autre qui pouvait freiner mon excitation à ce sujet et cela faisait tout de même du bien de pouvoir me réjouir pour ma sœur malgré tout. Et même si j’avais du mal à approuver son choix, je faisais confiance à ma sœur, me disant qu’elle n’épouserait jamais quelqu’un qui ne la rendrait pas heureuse, mais c’était tout de même difficile de s’en convaincre totalement. Chaque fois que j’essayais je me rappelais ce qu’il avait fait à la sœur de Théo et cela m’en empêchais… Si l’histoire de la robe m’avait totalement accaparée, le sujet de la surprise ne tarda pas à revenir sur le tapis et je n’en pouvais plus d’attendre, me demandant sans cesse ce que cela devait être. Mettant enfin fin à mes souffrances, dans les secondes qui suivaient nous nous retrouvions dans un tout autre endroit. J’étais loin de m’attendre à ça, si bien que dans un premier temps j’étais incapable de réagir, ne pouvant qu’admirer ce que j’avais devant moi. Je la suivais sans rien dire à l’intérieur tout en restant aussi soufflée que pour l’extérieur. Si tout était superbe, il y avait tout de même une chose qui me chiffonnait un peu, le fait que j’avais cette impression que cela ne lui ressemblait pas du tout et c’était donc avec honnêteté que je lui répondais lorsqu’elle me demanda mon avis. Je faisais tout de même attention à mes mots, je ne voulais pas la blessée loin de là et je savais que déjà le fait que notre famille a du mal à approuver sa relation et son mariage devait lui peser, je ne voulais pas avoir l’air de critiquer tous ses choix. La réponse de Kiara me surprenait, un coup de cœur ? Vraiment ? Un sourire cependant ne quittait pas mes lèvres et c’était avec plaisir que je me laissais entrainée à l’étage. La pièce que je découvris était alors bien différente de ce que j’avais vue jusqu’ici grâce à la décoration.

« Il est vrai que ça te ressemble déjà beaucoup plus. » Admettais-je alors en continuant de tout admirer, même si je continuais de trouver tout cela toujours gigantesque, mais toujours aussi bien entendu. Continuant de suivre mon aînée nous arrivions ailleurs, dans une pièce qui aurait pu également me faire chavirer le cœur. Une pièce qui quelque part me rappelait même l’intérieur de Poudlard si on oubliait la vue sur le jardin. Si jusqu’ici tout ce que je voyais me plaisais, là, c’était encore à un autre niveau, j’avais littéralement des étoiles dans les yeux. « Je crois que cette pièce aurait conquis n’importe qui, même moi j’aurais envie de vivre ici, fort heureusement on a déjà une maison avec Théo. » Lâchais-je alors avant de rire légèrement. « C’est incroyable. » Dis-je alors en m’avançant de plus en plus, ne perdant aucune miette du spectacle que j’avais sous les yeux. Suivant ma sœur jusqu’à la vue sur le jardin qui laissait voir à quoi ressemblait le reste de ce dernier. « Moi aussi. » Répondais-je totalement rêveuse des moments où je viendrais lui rendre visite, rien que pour cette vue je pourrais sans doute supporter un peu son mari, tout devenait presque possible soudainement. Je hochais la tête lorsque ma sœur me proposa de continuer, le regard brillant et complice, mais même si j’avais hâte de tout voir, j’ajoutais « Je continue de penser que c’est beaucoup trop grand, il va vous falloir pleins d’enfants pour remplir cette maison. » Lâchais-je alors amusée avide d’en connaitre davantage sur cet endroit ou ma sœur allait vivre sans doute ses prochaines décennies.

L’idée de voir Kiara essayer sa robe ne pouvait que me faire sourire. J’étais d’accord avec elle, se serait un instant magique. Quelque chose que, quelque part, nous attendions presque toute notre vie. Alors peu importe qui était son mari, cela n’enlèverait rien à la joie de partager un moment comme celui-là entre les femmes de la famille. Si j’avais pu penser que les essayages de la robe, pouvaient être sa surprise, j’étais en réalité bien loin du compte. Cette surprise fut bien plus grandiose en terme de taille pour le coup. Si j’avais imaginé Kiara vivant dans sa propre maison un jour avec sa petite sœur qui viendrait évidemment lui rendre visite régulièrement afin de venir gâter tous mes neveux et nièces, je ne l’avais jamais imaginée dans une demeure aussi grande. La bouche ouverte. Je n’étais pas de marbre face au spectacle que j’avais sous les yeux, j’étais littéralement soufflée par la beauté de la demeure. En revanche, j’étais surprise. Tout simplement parce que pour moi cela ne ressemblait pas à mon ainée. Mais Kiara su finalement me convaincre en m’emmenant dans la chambre décorée par ses soins et ensuite cette fabuleuse bibliothèque. Je ne savais plus où regarder, mes prunelles papillonnaient à droites, puis à gauche tandis que sans surprise Kiara m’indiqua qu’il s’agissait là de sa pièce préférée. Etonnant. Qui n’aimerait pas cet endroit ? J’avouais à ma sœur et si nous n’avions pas déjà notre maison avec Théo, même moi j’aurais voulu vivre ici. Son invitation me fit sourire.

« Je ne suis pas sûre que tu quittes la demeure familiale pour avoir ta sœur en permanence chez toi. » Répondais-je amusée en dévoilant toutes mes dents blanches, bien contente de moi. De toute façon, même si je le voulais, j’aurais bien trop peur de tomber sur mon beau-frère, avec qui il me faudra certainement plus de temps afin d’être à l’aise. Peut-être n’y parviendrais-je jamais, mais pour ma sœur, je me devais d’essayer. Alors que nous continuions la visite, j’indiquais à mon ainée que je trouvais toujours cette maison bien trop grande pour elle, pour eux deux d’ailleurs et qu’il allait falloir remplir la maison de pleins d’enfant afin de la rentabiliser et de la rendre vivante. La réponse de ma sœur, ne me surprenait pas tant que ça. Même si le sujet n’était pas tombé sur le tapis, je connaissais bien ma sœur et je l’avais toujours imaginé avec des enfants dans le futur. La seule chose qui pourrait m’inquiéter, c’était plutôt si c’était dans leur projet à court terme. Alors qu’elle reprit la parole je levais les yeux au ciel. « N’en parle pas aux parents ? Sérieusement Kiara ? Quand est-ce que j’ai déjà balancer quoique ce soit ? » S’il y avait bien une chose que vous saviez faire toutes les deux, c’était bien cacher les secrets de l’une et de l’autre, pour ça elle avait ma totale confiance. Si la question me brûlait les lèvres, Kiara y répondait avant même que je ne la pose. Je hochais alors la tête. « C’est tout ce dont j’ai besoin de savoir. » Répondais-je alors en regardant ma sœur chaleureusement. Je ne l’aurais pas jugée pour ses choix, je l’avais assez fait par rapport à Grigori, mais j’étais rassurée tout de même qu’elle garde la tête sur les épaules et qu’elle choisisse de finir tout d’abord ses études. Je suivais ma sœur qui me guidait dans cette grande maison jusqu’au jardin, qui était tout aussi beau que la demeure. Je n’avais aucun mal à imaginer Kiara en train de lire en plein milieu de cet endroit et alors que je marchais d’un pas léger, Kiara attira mon attention en demandant ce que c’était. Je fronçais les sourcils en ne comprenant pas tout de suite de quoi elle parlait. Mon regard suivait alors le sien jusqu’à déceler une petite tâche rouge. Nous nous avancions et une fois près de l’endroit, il n’était pas difficile de deviner que c’était du sang. Mais d’où est-ce que cela venait ? Ni elle, ni moi n’étions blessée.

« Il y a quelqu’un d’autre ici en dehors de ton elfe de maison ? » Demandais-je alors à ma grande sœur. « Regarde, il y en a encore ici, et là également. » Dis-je en me dirigeant de tâche en tâche sans comprendre pourquoi… Et puis c’est là que je vis une autre tâche, plus grosse cette fois, rousse et poilus un peu plus loin. Je m’avançais prudemment sans être certaine de ce que c’était. « Je crois que c’est un renard non ? » Je m’avançais mais restais à une distance prudente ne voulant pas lui faire peur et ne sachant pas comment il allait réagir. « Je crois que c’est lui qui est blessé. Tu aurais quelque chose qu’on pourrait utiliser pour le transporter ? » Me hasardais-je tandis que la Zoomage en moi était déjà en train de prendre place, essayant d’analyser la situation et savoir comment est-ce qu’on pourrait aider l’animal.

Un sourire emplit d’émotions et de souvenirs se dessina sur mes lèvres lorsque mon aînée déclarait qu’elle aimait quand nous vivions ensemble. « Probablement l’une des plus belles périodes de ma vie. » Assurais-je également même si je ne regrettais pas de m’être installée avec Théo. Mais grandir aux côtés de Kiara et de notre petit frère avait été joyeux et enrichissant, je les aimais, tous les deux, nos parents aussi évidemment même si tout n’a pas toujours été rose. « Je te promets de venir passer quelques jours si tu veux, à condition que toi aussi tu viennes à la maison. » Répondais-je alors qu’elle annonçait que j’étais la bienvenue ici à n’importe quel moment, ce qui était tout aussi vrai pour elle chez moi. Si je ne faisais aucune allusion à Grigori, c’est parce que je doutais un peu qu’il veuille lui aussi s’inviter chez eux, probablement que l’ambiance serait glaciale. Kiara savait aussi à quel point Théo en voulait au mari de ma sœur pour ce qu’il avait fait à Alcyone, probablement qu’elle-même jugerait que ce n’était pas une bonne idée, même si jamais je ne me permettrais de lui dire qu’il n’était pas invité. Elle allait se marier avec lui. C’était un fait. Et je ne tournerais pas le dos à ma sœur, ça c’était une certitude. Au fur et mesure de la conversation et de la visite, voilà que la question des enfants se posaient déjà sur la table ce qui pour le coup avait eu le don de me surprendre. Je n’avais rien contre cela, en revanche si je devais demander une seule chose à mon aînée c’était d’au moins prendre le temps de finir ses études, rien de plus. Et Seulement dans une inquiétude de son propre bien être et peut-être parce que c’était aussi quelque chose qui était inscrit dans nos têtes depuis des années. Nos parents n’avaient jamais été très strictes, même si tout ne s’est pas forcément bien passé. Jamais ils n’ont envisagé de nous mariés de force à des personnes étrangères comme d’autres familles de sang purs, en revanche, ils ont toujours dit que peu importait nos choix tant que nous finissions nos études d’abord. Alors qu’elle m’annonce donc que c’était dans leur projet ce qui me choqua plus que cela, fut le fait qu’elle me demande de rien dire aux parents. Celle-là, je pensais ne jamais avoir à l’entendre de la bouche de ma propre sœur. Je croyais que c’était une promesse déjà faite à ma naissance. Ce que je m’empresse de lui faire comprendre en m’offusquant de cette demande absurde. Je m’apaisais rapidement lorsqu’elle m’expliqua les raisons de cette soudaine méfiance. Papa toujours le même évidemment…

« Je l’aime. Vraiment. Mais des fois je ne le comprends vraiment pas… » Lâchais-je dans un soupir. Des fois… J’étais gentille, l’avais-je réellement compris un jour ? Kiara savait combien j’étais proche de notre père et combien de souffrais de toute cette situation. Maman au moins faisait vraiment des efforts pour accepter nos choix et faire en sorte que justement, notre père aussi. A quoi ressemblerait notre famille sans elle ? Au moins avec Théo, la question des enfants ne se poseraient pas, je ne risquais pas de le mettre en colère le jour où je tomberais enceinte, en revanche si je pouvais faire quoique ce soit pour que ça se passe le mieux possible pour Kiara, je le ferais évidemment. Alors que la visite se poursuivait dans l’immense jardin, qui faisait bien évidemment honneur à la bâtisse qu’il entourai, notre attention fut vite absorbée tout d’abord par une tâche rouge… Si au départ j’eus peur qu’une personne soit blessée, c’était en réalité un petit animal qui se trouvait là. La zoomage en moi, pris très vite le relais tandis que mes réflexes se mettaient rapidement en place. Je comprenais que Kiara semblait connaitre le petit renard puisqu’elle l’appelait par son prénom, je compris vite le comment du pourquoi lorsqu’elle expliqua que c’était le renard de Grigori. Si je fus surprise, qu’il puisse avoir un attachement pour un animal, je ne le montrais pas me concentrant sur la bête en question. Qu’il soit à Grigori ou non, je ferais tout mon possible pour l’aider, en dehors du fait que c’était mon métier, je ne pouvais pas rester insensible devant un animal qui souffrait, cela m’était totalement impossible, au-dessus de mes forces. Je demandais dans un premier temps si elle aurait de quoi le transporter et tandis qu’elle se dirigeait vers un autre endroit, je commençais à analyser la situation, l’animal semblait faible et pour cause, il avait perdu pas mal de sang. Lorsque Kiara amena la planche, je sortais ma baguette pour faire léviter l’animal sur cette dernière sans avoir à le toucher, de peur de lui faire encore plus de mal que c’était déjà le cas. Quelque chose semblait attaché à lui.

« Je crois qu’il est tombé dans un piège, regarde. » Dis-je en désignant l’objet en métal. « Il faut l’emmener tout de suite, je vais avoir besoin de sang animal il faut aller à la clinique. » Ni une ni deux, j’attrapais la main de ma sœur, l’autre tenait la planche avec le renard et je nous faisais transplaner directement là-bas. J’aurais pu avoir quelques potions pour pouvoir soulager sa douleur, mais le sang en revanche, je ne m’amusais pas à le transporter avec moi. Ne perdant pas de temps, j’installais l’animal sur la table. « Ouvre-lui la gueule, il est beaucoup trop faible pour se défendre il ne te fera aucun mal. » Indiquais-je alors à Kiara tandis que je m’emparais d’une potion qui empêcherais l’animal d’avoir mal pendant que je manipule le piège qui était ancré dans sa chair. Une fois l’ouverture faite, je libérais le contenu du flacon. « Cela va l’empêcher d’avoir mal. » Et sans perdre plus de temps, je lançais un sortilège pour contenir le sang dans son corps, il fallait à tout prix qu’il arrête d’en perdre et le fait de lui enlever le piège risquait d’ouvrir encore plus les vannes. Le problème était que je devais agir vite car pendant ce temps le sang était stopper dans son corps et n’irriguait plus aucun membre vital. Avec précaution et sans perdre davantage de temps, j’enlevais alors immédiatement le piège. Faisait signe à Kiara de lui ouvrir de nouveau la gueule et cette fois ce fut une potion pour refermer ses plaies. J’écartais alors ses poils pour regarder la potion faire effet. Je ne pus souffler qu’une fois que je voyais sa peau se refermée. Sentant alors les battements de mon cœur affolé dans ma poitrine. Je lançais sans plus attendre, le sortilège pour que son sang recommence à circuler librement et surveillait ensuite ses constantes pour être certaine que nous n’étions pas en train de le perdre.

« C’est bon, il n’est plus en danger. » Assurais-je alors à ma grande sœur, du bout de ma baguette, je pointais en direction du cœur de l’animal et amplifiait le son afin que Kiara puisse entendre les battements de ce dernier. « Il va s’en remettre. Il faut encore que je le mette sous perfusion car il a perdu beaucoup trop de sang, mais après ça, il devrait remonter la pente, il lui faudra du repos et s’assurer qu’il mange bien. » Comme pour un humain en soit. Heureusement, nous avions des poches de sang d’avance, je revenais très vite avec ce qu’il fallait. « Cela va demander un peu de temps par contre. » Il y avait des choses que même la magie ne pouvait pas encore faire…