Garder Alice, ça pas de problème, c’était dans les cordes de Doryan, il avait l’habitude, il aimait passer du temps avec sa nièce, franchement que du positif, sauf dans un cas. Non parce qu’Alice elle était bien mignonne avec sa bouille d’ange, son air innocent mais c’était une sacrée tricheuse, elle découvrait les jeux de sociétés et elle avait une fâcheuse tendance à arnaquer Doryan. Ah non mais en plus, elle s’y prenait comme un manche à balai, elle était morte de rire au moment où elle trichait, franchement comme technique c’était tout pourrie et ça ne fonctionnait jamais… bon en fait si ça fonctionnait parce que Doryan faisait comme si de rien était… ce qu’il ne fallait pas faire pour les enfants sérieusement. Donc garder sa nièce c’était pas un problème, jusqu’au moment où se posait, tout naturellement en plus, la question du lieu. Alors comment dire que Doryan voyait son appartement comme un endroit avec une grosse croix sur les cartes au trésor, genre c’est ici, n’hésitez pas à tout faire péter. Déjà que pour lui, ça n’était pas très agréable à vivre mais alors faire courir le moindre risque à quelqu’un, il n’en était pas question. Non, non, non, il n’avait pas fait en sorte de faire migrer Belle à pétaouchnoc – ouai chez les parents quoi – subi pendant un trajet aller + retour, parce que soit disant que ça ne se faisait pas d’abandonner les gens sur le bas côté, mademoiselle Baring, toujours pas un plaisir cette fille… sérieusement heureusement qu’elle était canon parce que bordel ce qu’elle pouvait être con. Bref, il n’avait pas fait tout ça pour au final mettre sa nièce en danger, il briguait le titre d’oncle de l’année, oui ce titre lui revenait tous les ans et alors ? Il ne pouvait donc pas se permettre de mettre en danger sa nièce.

Et c’était parti, armé de jeux de sociétés, alors qu’il y en avait plein là-bas, Doryan descendit les escaliers à toute vitesse, pas parce qu’il était en retard mais parce qu’il avait, il devait l’admettre une petite trouille qu’un sorcier déboule dans les escaliers et lui fasse la peau. Oui, il fallait qu’il déménage, non, il n’avait pas le temps de s’y mettre. Aucun sorcier aux alentours, pas d’explosions dans son dos, cool, il avait survécu une fois de plus. Il eut un léger réflexe dû à des années de pratiques, son premier réflexe fut d’ouvrir la portière de derrière pour faire monter Belle avant de se souvenir et de claquer un poil brutalement la tôle. Non, il ne s’habituait pas et il allait vraiment falloir qu’il fasse quelque chose parce qu’il avait la curieuse sensation en plus d’être un pigeon par excellence, d’être un maître déplorable, ayant même l’impression de l’avoir abandonné. Une solution, il devait trouver une solution mais ça ne serait pas aujourd’hui.

Le trajet se passa très bien, en même temps, la route pour aller chez Lyam, c’était comme celle pour aller chez Charly ou chez Soledad il l’avait fait tellement de fois qu’il ne pouvait pas se tromper. Il se gara en bas de chez lui, il y avait plein de places, ça c’est top, il n’avait pas besoin de tourner trois heures. Avant de sonner à la porte d’entrée, Doryan eut quand même l’intelligence de poser le sac cabat avec les jeux de sociétés, non parce qu’il la connaissait la petite, qu’il ait quelque chose ou non dans les mains, elle sauterait et c’était une mission de la plus haute importance que de la réceptionner. Ça ne loupa pas, à peine le rai de lumière était il apparut qu’une voix, un peu stridente il est vrai se fit entendre et que ça y est, il devait jouer le rôle de Patrick Swayze dans Dirty Dancing. Tout le monde pouvait constater quand même que Doryan avait un talent pour les portés… ça et le fait qu’Alice n’était pas lourde du tout et qu’ils s’entraînaient à chaque fois voyaient. Une fois que la danseuse étoile fut remise sur le plancher des vaches, elle observa le sac qui était posé à l’extérieur « C’est pour moi ? » et voilà que sans attendre la réponse, elle tirait déjà le sac à l’intérieur. Ah elle était serviable cette enfant, il n’y avait pas à dire.

Si Alice ressemblait à elle-même, pleine d’entrain et de motivation, Lyam par contre ne ressemblait pas vraiment à lui-même. Ah la sale gueule qu’il se traînait, wouahou, là quand même, il fallait le faire. C’était peut être pas le moment de lui demander s’il n’avait pas oublié de lui souhaiter son anniversaire, pour un peu il comprendrait pas l’humour, laissons tomber. Doryan prit le temps de rentrer et de fermer la porte derrière lui, tourna la tête en entendant chboum chboum chboum « Alice, tu sais, le mieux c’est que tu les portes un par un. » chboum chboum chboum « Je sais. » Ah bah si elle savait, c’était la réalisation qui semblait être compliqué. Est-ce qu’il voulait quelque chose à boire ? Doryan tourna la tête vers son frère, les sourcils froncés « Ca dépend, est ce que tu vas me raconter impose pour ma santé mentale que je prenne une boisson alcoolisée, si la réponse est oui, alors avec grand plaisir. » En attendant  que son frère prenne la décision qui s’impose, Doryan se laissa tomber sur le canapé comme un pachyderme, observa tout autour de lui, technique ancestrale pour vérifier que tout allait bien chez les gens. « C’est un peu le bazar ça c'est Ade qui dit ça de ma chambrechez toi non ? » Oui non mais c’était pas forcément une mauvaise chose mais tout n’était pas rangé à sa place, ça plus le fait que son frère avait visiblement un lien de parenté avec le panda, c’était quand même un peu spécial. Pour ce qui était du lien de parenté avec le panda, Doryan avait bien conscience qu’il ne pouvait pas la ramener trop, son affiliation avec cet ursidé était avéré depuis longtemps, autant parce que faire des fêtes jusqu’à point d’heures et se lever aux aurores ça aide pas à ne pas être cerné, que parce que les gardes et les astreintes ça n’a jamais aidé personne à se reposer… Oui et il est possible qu’il y ait un petit peu de stress à l’idée d’une attaque sorcière sur sa demeure… ça couplé au fait que la personne qui attaque soit Soledad, ça n’aidait pas à super bien dormir la nuit mais c’est un léger petit détail, on évoque jamais les détails.

Que la maison ne soit pas parfaitement bien rangée, ça n'était pas la chose la plus importante au monde, avec des enfants de surcroît, difficile de vivre dans un musée, Doryan avait assez souvent Alice à la maison pour savoir cela et alors le combo Alice, Belle quelle horreur. C'était à se demander si le but ça n'était pas de mettre le plus de bazar possible. Mais ça c'était souvent chez Doryan qu'on voyait qu'il y avait de la vie, Lyam se battait en règle générale contre la terre entière pour que ça soit impeccable chez lui... une bagarre vaine d'après Doryan et assez prise de tête mais chacun son délire. Il le regarda suspicieux en entendant l'excuse de Lyam... autant quand lui sortait ce genre de mytho, ça passait parce qu'il fallait toujours prendre avec un peu de recul les propos de Doryan, là où Lyam était bien premier degré. Il avait pas le temps, non mais la blague, le gars il avait réussi à tenir sa maison aussi présentable qu'une maison témoin lorsque sa fille ne faisait pas ses nuits et qu'il était seul à gérer et là, il n'avait pas le temps, ça va c'était pas trop dur de prendre les gens pour des cons ? « Tu m'en diras tant. » Autant ne même pas faire genre qu'il le croyait, ça n'était pas du tout le cas.  Il attrapa le verre qui lui était tendu pour en boire une gorgée tandis que Lyam appelait sa fille pour l'envoyer jouer dans sa chambre. Clairement Alice n'était pas chaude, ça se voyait dans son attitude, il ne pouvait que comprendre, relou d'être envoyé dans sa chambre mais il semblerait que certaines discussions nécessitent son absence. « Entraine toi aux jeux de sociétés, je vais t'exploser. » Le défi fit briller les yeux de la blondinette, ah ce regard là, il le connaissait et il était sûr d'avoir le même quand il y avait un défi à remporter.

Rien ne l'avait préparé à la phrase qui suivit, il regardait Alice qui avait serré le poing retourner dans sa chambre, tournait à peine la tête vers Lyam que l'autre balançait la phrase la plus stressante au monde. Attendez, attendez stop, pause, Kayla était quoi ?! Non mais voilà aussi Lyam il ne laissait pas le temps d'avaler la première information qu'il en balançait une seconde tout aussi craignos, comment ça il l'avait aidé à sortir du QG ? Et alors le pire... Le gars voulait qu'elle soit morte mais il l'aidait à vivre, le plan de merde par excellence. Sans oublier la violence de la phrase, qu'elle soit une sorcière et que ce soit la merde ça Doryan le concevait mais enfin ça restait une fille qu'il avait fréquenté pendant des mois, vouloir la voir morte, effrayant aussi. Comment on pouvait vouloir la vie de quelqu'un qu'on a apprécié sincèrement. Il ne comprenait pas forcément, il pouvait aisément comparer la situation de Lyam avec la sienne, se demandant même si la similarité de leurs histoires, le fait que ça ait explosé en même temps ça n'était pas suspect. Les probabilités que les deux se trouvent une copine, sorcière qui plus est, en même temps, que les deux décident de ne rien dire et que ça vole en éclat... Le hasard faisait trop bien les choses pour qu'il ne se pose pas la question sur le fait que ça ne soit pas un piège qui s'était refermé sur eux. Surtout qu'il savait que Soledad et Kayla se connaissaient, se pourrait-il qu'il y ait des opérations de ce genre chez les sorciers ? Comment étaient choisi les victimes ? Il avait tellement de questions et la seule personne qui pouvait les lui apporter, il voulait qu'elle se tienne le plus loin de lui possible. Ce n'était pas le sujet, il ne menait pas une enquête, il devait se sortir Soledad de la tête, songer uniquement à Kayla et aux actions stupides de Lyam «  Non mais t'as craqué? »  Il prit une profonde inspiration, passa une main dans ses cheveux, essayant de récapituler « Tu es en train de me dire que tu t'es rendu compte que Kayla était une sorcière en tombant dessus au QG ? »  Non mais c'était une constance chez les sorcières de sortir avec un mec et de pas se dire mais le mieux ce serait quand même de l'informer... quelle belle bande d'escrocs. Étant donné qu'il n'y avait pas eu d'attaques pour ce qu'il savait. « Tu as libéré une prisonnière ? »  Bien sûr que c'était ça, bordel mais quel inconscient. « Tu as libéré une fille qui a vécu des traumatismes. »  inutile de faire croire qu'elle était juste enfermée, ils avaient forcément étudié des choses sur elle, même si Doryan se demandait parfois si les pseudo scientifiques cherchaient des choses ou étaient des sadiques, oui oui la question se posait « Elle doit être énervé de ouf, déjà de s'être fait coincée, de pas avoir pas pu se débrouiller, de devoir son salut à un mordu et toi tu t'es vraiment dit mais je vais la libérer ?! Rassure-moi, tu as vérifié que déjà elle n’avait pas une espèce de puce ? »  Bah bien sur que non pourquoi vérifier? Si elle avait un traceur ou quoi que ce soit d'autres elle devenait une cible vivante, ils allaient la traquer et la buter, la libération ne servait à rien si ce n'est lui donner un peu d'espoir. « Tu l'as ramené ici ? »  Pourvu que non, si c'était le cas, Lyam allait passer pour un traitre, ce qu'il était soit dit en passant mais bon ça pour Doryan c'était un tout petit léger détail, il faisait exactement la même chose et ne culpabilisait même pas pour le coup. Il les emmerdait tous, ça n'était pas eux qui vivaient dans des souvenirs, ça n'était pas eux qui avaient la boule au ventre en songeant qu'ils avaient été dupés, donc il gérait à sa façon – très mal – et si les gens n'étaient pas content, ça n'était pas grave, lui non plus ne l'était pas. Mince, il divaguait encore, rester concentré sur Kayla et mettre les pieds dans le plat. « Et tu as prévu quoi si elle a décidé de te faire sauter la cervelle? Elle sait où tu habites non? » Ah pour s'être torturé l'esprit avec ça pendant des jours et des jours, forcément il posait la question. Non là franchement, Lyam déconnait, il faisait sortir une fille enfermée, pour peu que ça se sache ça le mettait dans une sacrée mouise.

Pensif, Doryan buvait lentement son verre, incapable d'aider Lyam, ne pouvant qu'être témoin privilégié de sa douleur. Il n'arrivait pas à penser à autre chose, ah bah bienvenue dans la famille, Doryan passait son temps à prévoir des plans et à chercher comment protéger les autres. Il fronça néanmoins les sourcils en entendant Lyam être à peine conscient de ce qui l'entourait, il n'arrivait pas à reprendre pied. « Tu penses qu'elle t'a fait prendre une potion qui te rendrait un peu déboussolé ? » Quelque chose qui l'aspirait ? Ah oui, là Doryan ne voyait pas tellement ce que ça voulait dire, il ne s'y connaissait pas assez en sorcellerie pour pouvoir dire ce qu'avait Lyam. Il retint un rire nerveux en entendant Lyam se refaire les soirées pour essayer de voir où lui avait merdé ? « Et si ça n'était tout simplement pas toi ? »  Il fit une pause le temps de mettre de l'ordre dans ses idées et s'exprima un peu plus clairement « Elle savait très bien que tu étais un type sans magie, on sait très bien que les sorciers ne peuvent pas supporter qu'on veuille être leurs égaux, qu'on soit au courant que la magie existe et ont un besoin de supériorité plutôt que de vouloir vivre en paix. Certainement qu'elle avait découvert que tu étais du Blood Circle. »  Il fit une légère pause avant de hausser les épaules « Ou que tu étais un jouet amusant. A partir de là, non tu ne peux pas te rendre compte parce qu'elle sait très bien ce qu'elle fait. »  C'était désolant, ce n'était pas très juste non plus mais c'était comme ça, les sorciers pouvaient passer inaperçu dans un monde sans magie et ils ne se gênaient pas pour le faire, prenant un malin plaisir à duper tout le monde et à mettre les gens dans la mouise, parce que oui, sortir une sorcière de sa cage, c'était se mettre en danger. Tiens en parlant de ça, un brin terre à terre, Doryan ajouta à la fin de la phrase de Lyam « ça mon coco, il fallait y réfléchir avant de libérer sans contrepartie ta petite sorcière. » Non mais il fallait le dire, agir comme l'avait fait Lyam ça mettait justement en danger Alice.   La solution choisie par Lyam était flippante à souhait, il lui demandait de s'occuper de sa fille ? Le problème, ça n'était pas vraiment le fait de garder Alice, il le faisait assez régulièrement, il avait l'habitude, la petite aussi, non vraiment Alice n'était pas un problème... Le léger petit problème c'était plutôt l'appartement de Doryan. Certes, il était rangé, bon il y avait bien deux ou trois affaires qui trainaient mais ça c'est normal, il n'empêche que c'était pas forcément l'endroit le plus sécurisé du monde. Vu comment ça s'était terminé avec Soledad, il ne donnait pas cher de sa peau et s'il avait mis Belle chez ses parents pour lui éviter de se prendre un sortilège perdu... ou pas perdu d'ailleurs, Doryan n'oubliait pas qu'il avait accidentellement manqué de tuer l'oiseau de Soledad, elle pouvait à tout moment vouloir se venger sur la chienne et vu comme Belle était affectueuse, surtout qu'elle connaissait très bien Soledad, ça serait un carnage. Bref s'il devait supporter de vivre sans sa chienne pour la sécurité de cette dernière, ça n'était certainement pas pour mettre Alice en danger. « Alors, je n'ai aucun problème pour m'occuper d'Alice mais je crois que j'ai des sorciers aux fesses actuellement, j'ai pas été prudent donc il vaut mieux éviter de ramener Alice chez moi pour le moment. »  Il regarda l'appartement de Lyam en faisant la moue « Je ne suis pas sûr que cet endroit soit plus sécurisé tu me diras. Tu connais un endroit safe sur Londres ? »  Il avait peut être des planques avec son métier, ce serait pratique... L'autre solution c'était squatter chez Charly et lui siffler toutes ses bouteilles d'alcool mais elle n'allait pas aimer la petite dame... pas prêteuse.

Cette conversation, Doryan aurait préféré ne jamais l'avoir. Il aurait préféré venir ici uniquement pour passer du temps avec Alice. Jouer à la dînette c'était carrément plus intéressant que de parler de sorcellerie. Il avait beau savoir que faire l'autruche n'était jamais une solution, il était en deuil de sa relation. Entendre Lyam parler de Kayla ne faisait que rappeler à Doryan une vérité qu'il aurait voulu étouffer, Soledad n'était pas celle qu'il croyait. L'avantage, c'est qu'il n'avait pas à faire trop d'effort pour se mettre à la place de Lyam. Il ne se faisait pas d'illusions, s'il avait trouvé Soledad dans les locaux du Blood Circle, il l'aurait libéré aussi. Ça n'était pas cette partie de l'histoire qu'il ne comprenait pas. La voir sur un écran vidéo, s'imaginer toutes les violences qu'elle pouvait subir entre les mains des scientifiques, ça donnait envie de la sauver. Si Doryan était tout à fait honnête avec lui-même, il aurait tous voulu les sortir de cet enfer. Que le Blood Circle étudie les sorciers pour leur retirer leur magie, il concevait cela. Personne ne les obligeait à le faire dans la violence. Sauf que cette vision du monde, c'était uniquement la sienne, Lyam était bien plus terre à terre, il tuait tous les jours. Là, où Doryan se battait contre la montre en permanence pour sauver des vies. Ça n'aurait pas dû être une surprise que Lyam veuille la mort de son ex petite-amie et pourtant, ça l'était. Il ne comprenait pas la logique de son frère « Si tu la veux morte, soit tu la laissais, soit tu la tuais toi. La laisser s'échapper sans garantie ça te condamne. » C'était un fait, une inquiétude avec laquelle il devrait vivre. Sauf qu'il ne pouvait pas se permettre d'éloigner Alice à deux mois de la fin de l'école comme Doryan l'avait fait avec sa chienne. Autant cet été, oui, il pouvait l'envoyer chez leurs parents mais en attendant ça faisait deux mois où elle était en danger.

Elle n'était pas là-bas depuis assez longtemps ? Doryan haussa un sourcil surprit, il avait tapé la discute avec elle pour affirmer ce genre de chose ? Il se rassurait comme il pouvait ? Pire encore, avait-il regardé son dossier et laissé des traces de son passage ? Est ce qu'il devait poser des questions, essayer de comprendre ou mieux valait-il ne rien savoir ? Doryan hésitait un peu, est ce qu'il n'avait pas assez de galère dans sa vie pour aller s'occuper de celle des autres ? « Comment tu le sais ? Même moi, je suis capable de poser un implant en moins de quinze minutes et je ne suis pas médecin. » non, il n'en était visiblement pas capable. Non seulement il n'était pas médecin mais surtout, s'il avait à implanter ou à piquer les sorciers, il le ferait sans chercher à les faire souffrir, là où il doutait clairement que ça soit le cas des autres. Il serait donc bien plus long qu'eux. Décidément, Doryan était on ne peut plus inquiet des choix de Lyam. Il eut un petit rire en entendant les pseudos menaces de Lyam sur le fait qu'il savait où la famille de Kayla habitait « Oh je t'en prie Lyam, tu es pas crédible. On ne parle pas du fait que tu te sois rendu compte qu'elle était une sorcière alors qu'elle était libre et en pleine faculté de ses moyens. On parle du fait que tu aies pris des risques pour la faire sortir. » Non mais à un moment donné, il valait mieux ne pas se mentir à soi-même. « Je dirais même que c'est un désavantage. Elle va vouloir protéger sa famille. » Elle était quand même bien confiante en sa victoire Kayla pour présenter ses parents à un mordu. « Elle sait quel métier tu fais? » Si oui, il était en grand danger et c'était même un exploit qu'il soit encore en vie. Doryan n'était pas convaincu que ce soit génial d'être ici tout d’un coup. Pourquoi Lyam l'avait fait venir ? Il aurait été plus sécurisant de ne pas se retrouver dans un endroit où l'entrée était la seule sortie. Il prit une inspiration, essayant de relativiser, mieux valait-il perdre la vie face à Kayla que face à Soledad. Il voulait protéger Alice, drôle de façon de faire. Doryan avait plutôt l'impression qu'il venait de mettre une jolie cible sur la tête de son enfant.

Le fait que Lyam se dise être à peine conscient de ce qui l'entourait poussa Doryan à lui demander s'il n'aurait pas ingéré une potion. Une question qui lui fut retourné. « Je sais pas si tu t'en étais rendu compte mais je ne suis pas un sorcier. C'est gentil de croire à mon potentiel mais tous mes tours étaient des tours de passe-passe. Je n'en ai pas la moindre idée. » Il n'était pas un expert des potions, ni même des sorciers d'ailleurs, sinon il aurait vu qu'il était sous potion lui-même. Elle était sous le choc ? Doryan sentit une émotion vive le traverser en se souvenant du regard de Soledad quand elle avait compris qu'il était du Blood Circle, cette peur qu'il n'avait pas compris sur le moment et qui l'avait blessé. Il s'efforça de ne pas y penser, de se concentrer sur l'instant présent. « Je ne la connais pas, je ne peux pas répondre. » Il ne connaissait déjà pas sa copine alors celle des autres. Par contre, le fait qu'il ait mis Alice en danger dépassait totalement Doryan. Peu importe ce que Lyam éprouvait pour Kayla, en face c'était sa fille. Quelle histoire de cul est plus importante qu’Alice ? Même Doryan qui n'était pourtant pas le père savait que pour protéger la petite blonde, il aurait été capable de sacrifier pas mal de monde - Oui Sol y compris - et pour cause, ça faisait plus de sept ans qu'il connaissait Alice, forcément qu'elle était plus importante qu'une pseudo relation amoureuse avec une fille qui s'était payé sa tête durant des mois. Comment lui qui n'était pas le père pouvait être plus protecteur envers Alice que son propre père ? Il ne pouvait pas le rassurer, pas lui dire qu'il comprenait son choix parce que ça n'était pas le cas. « Sauf que ton rôle c'est de protéger ta fille. C'est elle la priorité. » En revanche à sa question sur la potion c'était facile de répondre. « Est-ce que si elle venait maintenant, qu'elle me lançait un sortilège qui me tue sur le coup et qu'elle s'avançait vers la chambre d'Alice, tu la laisserais tuer ta fille ou tu prendrais ton arme pour protéger ta fille? Si la réponse à cette question est je prendrais mon arme, la réponse à ta question est tu as sauvé Kayla de ton plein gré. »

Il y avait un point à ne pas négliger. Si Doryan voulait bien garder Alice. Il ne pouvait pas le faire chez lui. Trop peur que Soledad vienne, non pas qu'il ne ferait pas tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la blondinette, le mieux c'était de trouver un lieu sécurisé. S'il se contenta d'évoquer le fait qu'il était dans les radars d'au moins un sorcier. Il se retint d'avoir un petit rire plein de nervosité en entendant Lyam lui faire remarquer qu'il aurait dû lui dire. C'est dingue mais imaginer Soledad morte tuée de la main de Lyam était une image assez traumatisante. Il espérait que sa mort suffirait à Soledad, qu'elle ne s'en prendrait pas aux autres membres de sa famille, qu'elle ne se prendrait pas la tête à chercher les autres. Il y avait plein de mordus sur Londres après tout.  
Il cessa de réfléchir à cela en entendant Lyam parler au téléphone. Il se leva pour aller voir Alice en attendant, flemme d'écouter les conversations. Il entra dans la chambre, posa le regard sur les coussins au sol, un coussin pour son éléphant en peluche, un pour son ours, un où elle était assise et un vide. « On joue au papa et à la maman? » Doryan jeta un rapide coup d'œil vers le salon « Juste le temps du dessert alors. » Alice hocha la tête « Tu fais la maman ! » Doryan la regarda bizarrement « Pourquoi ce serait toi qui ferais le papa ? « Comme ça je peux prendre la grosse voix. » C'était un argument de fou ça « J'ai pas de robe, ça marchera jamais. » Elle venait de lever les yeux au ciel ? Genre son argument était nul ? Un brin vexant cette petite, elle avait vu le sien pour jouer le garçon ? Elle s'était relevée pour attraper le plaid sur son lit « Une jupe ça te va? » Il attrapa sa jupe de qualité supérieure et essaya tant bien que mal de la mettre autour de sa taille. Ce qu'il fallait pas faire quand même « Je suis comment ? » Alice fit mine de réfléchir un peu avant de dire d'une voix grave « Canon ! » Terme qui fit que Doryan la fixa étonné « Tu dis ça à tata Sol tout le temps. » Non mais l'abus « Genre je dis ça. » Elle hocha la tête « Sers moi un verre plutôt que de dire des bêtises. »  « T'as oublié le mot magique. »  « S'il te plaît. »  « Mais non tonton joue bien ! C'est mon amour derrière ! » Levant les yeux au ciel, Doryan joua le jeu prit sa voix la plus fluette possible pour dire mon amour faisant trépigner Alice. Chacun avec un verre, ils trinquèrent « Maintenant, il faut que tu arrives à me le piquer. » Le regard de Doryan s'éclaira d’amusement « Tu es sûr qu’on joue au papa et à la maman là ? » Alice vira le coussin et les deux peluches, le tout atterrissant plus ou moins sur le lit « T’as raison, on va dire qu’on est en soirée. » Elle leva son verre vide de toute substance vers son oncle. « Tu vas me faire avoir des problèmes, toi. » Alice fit quelques sauts de moutons jusqu’à la porte de la chambre, observa le salon avant de dire « Il est toujours au téléphone. » Elle revint à sa place, initiale, le verre toujours pointé vers son oncle « Tu relèves le défi ? » Attendez, est ce qu’elle n’avait pas exactement la même bouille que lui quand il disait ça ? Il pencha la tête deux secondes, analysant la scène, il était dans une robe, elle jouait le papa, il avait dû dire mon amour quand il avait récupéré un verre, elle le défiait de lui piquer son verre ? Ca lui semblait quand même vachement familier tout ça. Il lui tendit la main « Viens danser Rosebury. » Pas sûr que le glapissement qu’elle poussa fasse vraiment masculin. Il n’empêche qu’il obtint sa main, le talent, le talent. Ce fut certainement la danse la plus chaotique de l’univers, elle lui marchait sur les pieds sans arrêt. Mais ça n’était pas la chose qui intéressait, non lui ce qu’il voulait et ce qu’il réussit à obtenir, c’était chopper le verre que sa nièce tenait dans ses mains. Une fois que ça fut fait, parfaitement dans son rôle, de sa petite voix fluette et avec un accent toujours aussi merdique il fit mine de boire la boisson ainsi récupérée « gracias pour la boisson mi amor » Plutôt que d’être impressionnée par son niveau d’espagnol pourtant formidable, Alice eut un petit rire « C’est mieux quand c’est tata Sol qui le dit. » Non mais ça va le jugement ? L’espagnol c’était sa langue maternelle, forcément qu’elle était meilleure. « La prochaine fois que je la verrais, je lui dirais que tu parles moins bien qu’elle. » Passée la seconde où la réalité s’imposa à lui, elle ne la reverrait pas, où certainement son regard se voila en songeant que même lui ne pourrait jamais lui raconter qu’il avait joué à la perfection son rôle, Doryan reprit consistance « Je nierais avoir parlé espagnol avec toi, Soledad me croira » Il se fit couper sans être allé au bout de sa phrase « Soledad ? » Doryan haussa les épaules l’air de dire c’est son prénom, Alice le regarda intriguée. Il était temps qu’il s’échappe. En plus, Lyam devait avoir fini de passer ses coups de fils. D’une démarche parfaitement assurée, évitant sciemment ce sujet, il quitta la pièce, balançant sa jupe sur le sol de la chambre sous le rire d’Alice.

Une fois dans le salon, effectivement Lyam finissait ou avait fini depuis quelques secondes, minutes, sa conversation. Il cligna des yeux face à sa proposition, c’était un cadeau vachement empoisonné. « OUI ! Il préfère dormir ici. » Mais quelle sale gosse « ALICE TU ECOUTES AUX PORTES ! » « Même pas vrai je suis au milieu de la chambre. » Cette fille avait réponse à tout c’est dingue. Baissant d’un ton, il marmonna à son frère « Je n’ai pas l’intention de déménager. Je m’explique, je n’ai aucune garanti que le sorcier ne serait pas prêt à me pourchasser dans Londres. Je préfère encore être chez moi. »  Et puis, il n’était pas lâche enfin, s’il devait affronter son destin, il le faisait. « Tu comptes lui dire quoi à Alice ? » Déjà qu’elle semblait se poser des questions sur Soledad alors qu’il avait juste dit UN mot de travers, le fait qu’elle ne voit plus Kayla, qui devait passer ici régulièrement allait forcément la faire se questionner. Autant se mettre d’accord sur la version tout de suite.

Ah, se retrouver impossible de faire du mal à quelqu’un, ça disait étrangement quelque chose à Doryan. Par contre, si lui, n’était clairement pas un tueur et qu’il se démenait pour sauver des vies à longueur de journées, pour Lyam ça n’était pas supposé être la même chose. Son métier c’était de donner la mort, sans se poser de questions, jamais, avoir une cible, viser, tirer. Certes dit comme ça, ça pouvait faire un peu froid dans le dos mais c’était ainsi qu’était les choses. Ils avaient pas des formations pour être capable d’éliminer tout sentiment, toute question et juste agir ? Un peu comme Doryan avait appris à ne pas se laisser submerger par la peur lorsqu’il était entouré par les flammes. Il regarda Lyam avec des grands yeux, ayant presque des palpitations en l’entendant dire qu’il l’aimait « Voilà, tu vois c’est pour ça qu’être amoureux c’est nul à chier, je te l’ai toujours dit, on ne tombe pas amoureux ! Non faut vraiment que tu fasses quelque chose pour ça parce que ça te fout dans la merde. » Oui c’était important de le rappeler, sinon pour ce qui était du reste, c’est pas Doryan qui allait proposer de buter Kayla, ça, certainement pas. « Je doute qu’elle ait vraiment besoin d’être protégé, elle a une baguette, avec sa baguette elle peut faire higitus figitus  zomba kazom et ta tête peut faire boum. A mon avis de vous deux, c’est plus toi qui devrais être protégé. » Ouai, Doryan adorait citer du merlin l’enchanteur, pas sûr que les sorciers disent vraiment ça lorsqu’il lançait des sorts et il n’avait pas spécialement envie de se retrouver face à un sorcier pour poser la question.

S’inquiétant du manque de prudence de monsieur Rosebury, en plus de son côté beaucoup trop sentimental, Doryan ronchonna et eut le droit à une sacré réponse. Des protocoles à respecter ? Oui alors, vu les cinglés qui se baladaient au Blood Circle pour sûr qu’il avait une dizaine de noms qui lui venaient en tête et qui ne respectaient pas vraiment le protocole. « Tu sais quoi, je suis sûr qu’il y en a ce sont des maboules et ça les dérangerait pas de pucer la même personne pour la satisfaction de faire du mal à un sorcier. » Oui, il y avait pas mal de jugement dans sa voix à cette idée qu’il trouvait complètement déranger. Bon au moins, même si l’amour rendait stupide, il avait réussi à effacer toutes les traces non seulement d’elle, mais surtout de son implication à lui. C’était le principal, si Lyam était convaincu, Doryan ne pouvait que le croire et espérer que tout se passerait bien pour son frère.

Par contre, pour ce qui était des merveilleuses menaces de mister Lyam, il était tout sauf convaincant, le gars, il était amoureux, le pire mot de l’univers, le pire sentiment de l’univers même, il croyait vraiment que Doryan allait gober la pseudo menace sur la famille, mais jamais de la vie il touchait à un cheveu de la famille de Kayla. Pour ne rien arranger, voilà qu’il avait dit à Kayla le métier qu’il faisait. Bah oui, excepté Soledad PERSONNE ne mentait sur son métier ! Doryan fit une tête de six pieds de longs « Oh, merde. » Oui pour le moment c’était la seule chose qui lui venait à l’esprit. Elle était au courant, ah c’était la chiotte ça « Lyam, je crois que si j’étais un sorcier, que j’avais été torturé par des gens sans magie et que je savais que mon ex était un tueur, genre que son métier c’était de tuer des gens, j’essaierai de l’éliminer avant qu’il ne m’élimine. » Il voulait savoir si Lyam était en capacité de se défendre, de défendre sa fille et on ne peut pas dire qu’il soit des plus rassurants, se pensant moins rapide qu’une sorcière « Non mais t’es forcément plus rapide. » Ils avaient beau avoir de supers pouvoirs, ils n’étaient pas plus rapide que la musique. Lorsqu’il avait réagi instinctivement dans la boutique de Soledad, elle avait été bien moins rapide que lui, ce qui avait certainement sauvé la vie de Doryan. Il y avait donc de fortes chances que Lyam soit plus rapide que Kayla en réalité, il l’espérait tout du moins.

Pendant que Lyam s’occupait de trouver un endroit sécurisé afin de protéger sa fille, Doryan s’occupa de la demoiselle, à moins que ça soit elle qui s’occupe de lui. Dans tous les cas, Alice était on ne peut plus doué pour permettre aux gens de se changer les idées. Même une fois qu’il était de nouveau avec son frère, elle écoutait aux portes, non mais cette impolitesse, c’était pas possible et en plus, c’est elle qui prenait la décision pour lui ? Non mais ce qu’il ne fallait pas entendre. Il préférait être chez lui le reste du temps. Garder Alice en dehors de chez lui et de chez Lyam, c’était la meilleure solution, il ne voulait pas qu’Alice se retrouve face à Soledad, il savait que pour les sorciers que ça soit une enfant ne changeait strictement rien et il préférait carrément qu’il n’arrive rien à la demoiselle à cause de lui. Alice semblant un peu trop perspicace, Doryan voulait savoir ce que son frère allait dire à sa fille au sujet de Kayla, de ce qu’il se passait dans la vie de son père mais aussi la sienne par ricochet. « Je n’en sais trop rien. » ça n’était simple pour personne et si les secrets ça n’avait rien de bon, faire de la peine à Alice en lui disant la vérité ça n’était pas mieux. Est-ce qu’elle était trop jeune par contre, Doryan n’en était pas si sûr, les enfants comprenaient bien des choses si on prenait le temps de leur expliquer avec leurs mots. « Justement, j’aimerai savoir quelle version tu lui racontes histoire que je ne fasse pas de gaffes. En revanche, je pense que tu devrais faire attention Lyam, si Kayla a l’intention de te faire du mal et étant donné que c’est une sorcière, il y a de fortes chances que ça soit le cas, Alice serait la cible par excellence, quoi de mieux pour briser quelqu’un que de lui enlever ce qu’il a de plus cher. » Sans oublier qu’il y aurait la culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur et la déchirure d’avoir vu quelqu’un auquel il tenait, forcément puisqu’il était amoureux, attaquer sa fille. Cette crainte, Doryan avait eu la même pour Belle, il pouvait donc que comprendre et compatir au problème de son frère sans savoir forcément ce qui était le mieux. « Si tu as besoin de rencontrer d’autres filles  pour te changer les idées, je peux te proposer des soirées. » Si avec ça il n’était pas le frère de la décennie, il ne voyait pas ce qu’il pourrait faire de plus.