1er août 2021 | Midnight Sky | Fin d'après-midi

Théodora avait cru lui arracher la tête : un gars l'avait abordé à quelques rues à peine du Thestral Motors pour lui demander une page de comptes spécifiques des Zabinis. L'envoyé des Giacometti était imposant mais la comptable avait bien plus peur des Zabinis. La panique lui avait donné l'énergie nécessaire pour pousser sans ménagement le gaillard contre un mur. Non mais il était malade de l'aborder ainsi ?! Et si quelqu'un la voyait ?! Certes, tous les gars d'Ezio n'étaient pas connus mais une bonne partie n'en restait pas moins parfaitement identifiable avec comme instruction de la Cosa Nostra, de tirer à vue si croisés ! Dora avait rendu de nombreux services aux Giacometti par le passé mais cela en restait là : au passé !

Théodora reconnaissait elle-même -chose rare- qu'elle avait suffisamment jouée l'équilibriste. Surtout lorsqu'elle était déjà passée à deux doigts de la chute fatale pour son procès. Non mais elles étaient connes aussi leurs traditions à la Cosa Nostra... Bref, tout cela pour dire qu'elle voulait aujourd'hui se montrer irréprochable. Elle aimait beaucoup Ezio mais elle n'allait pas mettre sa tête sous la guillotine pour son joli sourire. Ils s'étaient mutuellement aidés pendant de nombreuses années, mais toutes les bonnes choses avaient une fin, surtout lorsque cette fin permettait à Dora de ne pas se retrouver encore sous le feu des sorts de la Cosa Nostra. Même avec l'affection de Luca de son côté, si ses agissements venaient à être connus, elle était sûre d'y passer. Mais qu'avait-elle bien pu penser à l'époque pour voir cela comme une bonne idée ?! Peut-être avait-ce été le fait qu'elle avait mis trop de temps à se sentir tout à fait légitime et intégrée à la Cosa Nostra ? En même temps elle n'y avait pas mis beaucoup du sien... Sinon peut-être avait-ce été son amitié avec Ezio qui avait obscurcit les lignes ? Quoiqu'il en soit, elle en avait terminé de toutes ces histoires. Et ce n'était pas ce blondinet envoyé par un patron curieux qui allait changer quoique ce soit. Après lui avoir fait la morale, elle l'avait renvoyé fissa dans les jupes dudit patron en priant pour ne plus jamais avoir rien à faire avec lui.

Peut-être était-ce de la conscience professionnelle ? De l'envie du travail bien fait ? Le pourquoi importait peu à la sorcière, le résultat était là : le blondinet du matin patientait tranquillement devant son appartement lorsqu'elle revint du travail. Non mais il était sérieux cet abruti ?! Ne lui avait-elle pas suffisamment expliqué la situation ? Déjà que les abords du garage comme lieu de rencontre, c'était vraiment une idée nulle, encore Dora aurait-elle pu argumenter si elle avait été découverte qu'elle avait vu fureter la concurrence et s'en sortir sans trop de mal. Mais alors devant son propre appartement ?! Elle allait devoir en tenter des pirouettes pour justifier ça. Elle le tira sans ménagement à l'intérieur de l'immeuble pour éviter de se retrouver à la vue de tous. « Non mais t'es bouché ou quoi ? Qu'est-ce que t'as pas compris dans « dégage » ?! C'est pas dégage d'un point A un point B pour qu'on r'discute ! C'est dégage tout court et je ne veux plus revoir ta face sur mon chemin ! C'est suffisamment clair comme ça ?! » Le blondinet sembla tenter de garder un minimum d'aplomb mais Dora en avait maté des bien pires. « Monsieur Giacometti veut des réponses et j'ai bien l'intention de les lui ramener. Alors on peut jouer sur la partie amicale ou je peux me montrer beaucoup moins sympathique. » Théodora le regarda interloquée quelques secondes. Ezio aurait donné le feu vert à ses sbires pour lui soutirer des informations ?! Elle allait rappeler sa chouette qui avait livré ce matin la superbe chemise de créateur qu'elle avait prévu pour son anniversaire à l'autre Italien. « Ah oui ?! AH OUI ?! Me soutirer des informations ?! A moi ?! Non mais t'as cru que j'étais ta grand-mère ?! Et sur ordre d'Ezio EN PLUS hein ?! » Même si elle doutait de cette information, si cela s'avérait vrai, alors elle était véritablement blessée de cette évolution dans leurs rapports. « Bah tu sais quoi, ça tombe bien, c'est l'anniversaire de ton patron aujourd'hui ! Pourquoi on irait pas le voir tous les deux, historie de faire la lumière sur tout ça ? » La tête mi-surprise mi-horrifiée du blondinet la conforta dans l'idée qu'il n'avait absolument pas prévu cette proposition. Bien fait tiens ! Elle lui intima de rester là, fila chez elle et en revint avec un foulard et des lunettes de soleil. Une fois son camouflage en place, elle lui attrapa le bras et transplana.

Le Midnight Sky leur faisait face et Théodora ne resta pas longtemps dehors. Même avec son foulard sur la tête et ses lunettes de soleil sur le nez, elle pouvait être reconnue et avoir de gros problèmes. Un des gros bras qui faisaient le piquet à l'entrée lui fit signe de s'arrêter. Bon... Son pas convaincant n'aura pas été suffisant. « Désolée c'est fermé aux clients à cette heure. » Elle lui jeta un regard noir derrière ses lunettes mais ne se laissa pas démonter. Elle était suffisamment remonté pour prendre en combat singulier et un par un chacun des lourdauds qui bossaient pour les Giacometti. Ils s'étaient tous ligués pour lui faire vivre une journée de merde. « Bon, j'ai pas quatre heures. Tu vas indiquer à ton patron qu'on désire urgemment le voir. » Elle montra du doigt le blondinet dépassé par les événements. « Y a Jojo l'asticot qui a pas bien compris les consignes et je viens m'assurer qu'on est sur la même longueur d'onde. » Elle fit un bruit agacée. « Dis-lui que Jill veut le voir. » Voilà, obligée d'utiliser son nom de code ridicule en plus. Elle ne savait même plus d'où cela était venu. D'un film italien moldu qu'elle avait dû voir avec son père. C'était quand même plus pratique les pseudos que juste donner son joli petit nom bien emballé prêt à être servis aux Zabinis sur un plateau d'argent. Un des gars partit dans l'ombre du cabaret et après un temps qui parut interminable à Dora, revint pour indiquer que c'était bon et où trouver le patron. Théodora avança d'un pas décida sans lâcher le bras du blondinet qu'elle tira bien contre son grès.

Ses yeux mirent quelques instants à s'habituer à la douce obscurité. Elle aperçut enfin un visage qu'elle connaissait bien et lança son laïus, amplifié par son agacement. « Alors comme ça j'étais pas suffisamment claire la dernière fois ?! Je ne te donnerai plus rien Ezio. T'es bien mignon avec tes demandes mais notre amitié n'est pas au niveau de me faire risquer ma vie pour tes conneries. » Elle lança devant le blond qui l'avait suivit toute la journée. « Gère tes molosses ou je te jure que le prochain qui vient je le pique. Compris ? » Se rendant très vite compte qu'elle avait un peu pris la confiance de parler ainsi à Ezio dans son cabaret et devant ses hommes, elle montra très vite quelques petits signes de nervosité. « Et bonjour. C'est toujours un plaisir de te voir. J'espère que Sienna va bien. Tu... » Elle se racla la gorge. « Joyeux Anniversaire ! » Une hésitation. « Tu as reçu mon cadeau ? » Et bah elle était pas sortie de l'auberge...

1er août 2021 | Midnight Sky | Fin d'après-midi

Théodora avait beaucoup de qualités. Elle était pétillante, charmeuse et combative. Ses choix de vie n’en faisaient pas partie. Elle arrivait toujours, avec une régularité rare, frôlant presque la perfection, à choisir les mauvaises propositions. Toujours. Aussi précisément qu’une montre suisse. A ce stade, c’était presque du talent. Elle était un peu tempétueuse comme fille et entrer en furie chez un chef de mafia pour l’engueuler devant ses hommes –même si elle avait de très bonnes raisons de le faire soit dit en passant- n’aurait pas été dans son top trois de ses meilleures idées. Non, c’était même très, très bas dans le tableau. Bon… Comme elle disait à chaque fois, ce qui était fait était fait. Il fallait l’accepter et continuer pas vrai ?

La sorcière garda une certaine contenance lorsque le ton froid d’Ezio lui répondit que le plaisir fut loin d’être partagé. Bon, et bien au moins c’était clair. Elle avait réussi à le mettre en rogne. En même temps il n’avait qu’à mieux gérer ses clébards s’il ne voulait pas avoir d’ennui. Oui voilà c’était aussi de sa faute à lui, il fallait savoir partager les tords de temps en temps…. Ezio n’était pas très doué à ce petit jeu. La jeune femme prit une grande inspiration et attendit la suite. Elle se doutait que l’Enfer allait se déverser sur elle mais elle était dans son bon droit de se plaindre. Et peut-être qu’avec ça Ezio éviterait de la recontacter à l’avenir. Pour un café pourquoi pas mais surement pas pour des comptes des Zabinis. Elle avait déjà trahis les Zabinis une fois et s’en était sortie avec des cicatrices. Ce petit jeu auquel elle jouait était stupide et dangereux. Et elle ne referait pas deux fois la même erreur. Elle ne reperdrait pas encore une fois Luca.

« Assieds toi Théodora. » Théodora eut l’intelligence de se taire et d’obtempérer. Ce n’était pas le premier boss qu’elle côtoyait et ce ne serait probablement pas le dernier avec ses fréquentations. Mais elle avait enfreint la règle la plus élémentaire de ce business : défier l’autorité d’un roi devant ses sujets. Elle savait qu’elle allait en payer le prix… Mais qu’est-ce que cela lui avait fait du bien de voir la tête du sous-fifre alors qu’elle engueulait Ezio. Il ne l’oublierait pas de si tôt ça c’était sûr. Elle entendit la porte claquer et su maintenant qu’elle était prise au piège. Enfin, l’ancienne Dora se serait dit ça. Elle aurait tremblé, baissé les yeux et imploré le pardon d’Ezio. Seulement voilà. Depuis ces dernières années, elle avait changé. Elle s’était reconstruite sur les ruines de ce qu’elle avait été et lorsque quelqu’un dépassait les limites, elle le remettait à sa place. Ezio avait ses gars et sa vie à gérer. Dora avait la sienne.

La comptable soutint les questions et les menaces à peine voilées d’Ezio. Elle se savait sur un fil balayé par les vents. « Ezio… » Son ton était bien plus calme qu’à son arrivée. Elle faisait l’effort de ne pas crier afin de ne pas donner de grain à moudre aux autres sous-fifres restés derrière la porte. « Ce… N’était pas très malin d’arriver ainsi en fanfare, je le reconnais. » Elle prit une grande inspiration. « Je te prie de m’excuser Ezio. Cela ne se reproduira plus. » Elle releva ses yeux bleus vers Ezio. Son cœur battait fort sous l’adrénaline de risquer un peu sa vie mais n’était-ce pas son lot quotidien en ce moment ? Quand à sa question sur le pourquoi la laisser en vie… « Si tu continues d’envoyer tes hommes me voir, c’est bien que j’ai encore une utilité à tes yeux, surtout si tu estimes que notre amitié n’est pas au niveau non ? » Là, elle bluffait totalement. Mais elle n’avait pas vraiment le choix. « Mes valeurs sont les mêmes qu’au début de notre collaboration il y a quelque temps maintenant. J’ai fait beaucoup de chose pour toi Ezio, tu le sais mieux que tu ne veux t’en souvenir. » Elle se remercia silencieusement d’avoir été alpagué en sortant du boulot, au moins était-elle un peu imposante dans son tailleur gris parfaitement coupé. « Nous avions un accord. Cet accord n’a pas été respecté. Je suis là pour savoir pourquoi. Je refuse de risquer ma vie pour quelqu’un qui ne semble pas y accorder une quelconque importance. » Théodora fixa Ezio. Tout était dans le paraitre parce qu’intérieurement, elle suait à grosses gouttes. Ezio était un prédateur, il sentait la peur. Il était hors de question qu’elle lui donne cette satisfaction. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas utilisé son don. Peut-être pourrait-elle l’influencer pour qu’il se calme et éviter de l’incendier sur place ? Elle était un peu rouillée, pas sûre que cela fonctionnerait. « C’était une chemise Armani au fait. » Elle montra le paquet qu’elle avait envoyé. « Un classique indémodable, j’espère qu’il t’a plu. » Croisant ses jambes, elle fixa le verre d’Ezio. « Vas-tu m’en proposer un ou faut-il que j’te supplie ? » Un petit sourire taquin vint parer ses lèvres. Ah oui, elle n’avait pas encore joué sur ce tableau. Elle usait vraiment de toutes ses armes actuellement… Et elle avait sorti la séduction en dernier, cela en était presque impressionnant tant elle y avait eu recourt par le passé. Non elle n’avait pas prévu de s’envoyer Ezio sur le bureau, cela était plutôt un moyen comme un autre de radoucir l’homme qui fulminait froidement face à elle. Il n’y avait pas mille solutions, soit Ezio se calmait et ils réussissaient à avoir une conversation entre adultes responsables ou cela se terminerait en bain de sang. Les capacités de duel de Dora étant plus que limités, elle savait qu’elle ne pourrait pas blesser Ezio dans son antre et franchement elle n’en avait pas envie. Un instant l’idée de faire disparaitre le blondinet qui l’avait mené dans cette galère lui effleura l’esprit mais il n’était qu’un pion sur le grand échiquier des bas-fonds de Londres, comme elle l’était encore. Elle n’était pas encore la Reine mais au moins n’était-elle plus un pion…

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1er août 2021 | Midnight Sky | Fin d'après-midi

Ils l’agaçaient sans cesse mais Théodora avait le chic pour s’entourer de garçons avec de sérieux problèmes d’égo, de colère et de contrôle. Non, mais il n’y avait qu’à voir depuis son adolescence. Tous ses petits copains cochaient au moins deux voir trois de ces cases. Et alors depuis qu’elle s’était amourachée de Luca, ce n’était même plus la peine d’essayer de faire rentrer l’Italien dans les dites cases, c’était un moule à sa mesure… Non vraiment, c’était embêtant comme trait car juste derrière, il s’agissait très souvent de gars qui pouvaient se débarrasser d’elle en un instant. Alors qu’elle était tellement du genre à aimer être tranquille sans trop de problème (lol). Pourquoi ne s’était-elle pas lancée dans un métier bien moins à risque, comme bibliothécaire ? C’était bien ça bibliothécaire. Et puis elle avait eu moins de tentations de bad boys sous les yeux en étant bibliothécaires. Ça pouvait aussi faire moins d’erreurs bibliothécaire. Que le livre de Georgette Tartenflan soit dans le mauvais rayon, bon, à part Bernadette qui cherchait à l’emprunter, il n’y aurait pas eu de grands dégâts. Un peu plus avec les livres magiques peut-être. Non mais Théodora se serait cantonnée aux livres moldus. C’était bien les livres moldus. Pas de surprises, pas de sorts, pas de trucs qui volent ou explosent. Elle aurait été bien plus tranquille en tant que bibliothécaire… Oui, elle n’aurait pas été dans la gueule du loup comme ça sans prévenir personne… Mais quelle quiche elle était des fois.

Ezio était un « ami », comme on peut avoir des amis dans l’univers mafieux. Il s’agissait avant tout de parole sacrée et de confiance à moitié donnée. Il fallait être outré si trahi mais en s’attendant toujours à l’être, trahi, pour éviter d’être évincé. Alors bon, il était mignon le petit Giacometti à monter sur ses grands Sombrals… Mais il était loin d’être meilleur qu’elle…. Bon elle l’avait un peu agressé chez lui mais elle avait eu une mauvaise journée ok ? « C’est sûr que les morts ont rarement l’occasion de reproduire des choses. » Elle se mordit l’intérieur des joues afin de ne pas faire fuser une réponse particulièrement sarcastique qui lui aurait valu de perdre sa tête. Elle se contenta d’une réponse mesurée (pour elle) même si elle ne tiendrait pas longtemps si Ezio continuait sur cette voie. « Même si certains morts tenaces aiment particulièrement venir hanter les vivants. Imagine avoir mon fantôme ici jusqu’à la fin des temps, pas forcément un futur radieux ni pour toi ni pour moi. » Fit-elle remarquer, à juste titre. Un petit sourire innocent et ses grands yeux bleus qui fixaient Ezio dans l’espoir de faire passer sa fureur comme un petit Chat Potté. Alors qu’Ezio continuait, elle dut lui donner raison. Elle garda donc sa bouche fermée mais elle ne baissa pas la tête. Elle lui octroyait ce point mais pas la guerre. « Je n’ai rien oublié Théodora et le principe d’une collaboration c’est que tu y trouvais aussi ton compte. » Elle ouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose, mais telle une carpe sortie des eaux, elle la referma aussi sec. C’était avant d’en avoir quelque chose à foutre de la Cosa Nostra pas vrai Dora ? Sa mâchoire se contracta à cette pensée. Oui, c’était avant. Elle avait commis une erreur en informant Ezio. Elle aurait dû se mêler de ses affaires. Mais à l’époque, alors que Luca la détestait comme une bonne partie des membres de la mafia Zabini, elle avait bien dû assurer ses arrières d’une manière ou d’une autre.

« ET TA CONNERIE ?! » Théodora sursauta alors qu’Ezio abattait son point sur la table. La jeune femme ne souriait plus du tout et fixait Ezio, quelque peu cramponnée à sa chaise. Elle n’arrivait pas à juger si c’était une gentille chose qui lui balançait à la figure ou des menaces. Avait-elle l’habitude avec Ezio ? Oui un peu. « Et si tu arrêtais de me prendre pour un con ?! » Sentant bien que cette question était rhétorique, elle se contenta de garder une certaine contenance. « Jamais je m’le permettrais Ezio, tu le sais bien… » Et maintenant l’objectif était simple. Calmer l’énergumène avant qu’il ne lui pète entre les doigts et revenir plus tard sur le sujet qui la contrariait. Il était chiant Ezio pour cela. C’était probablement comme ça qu’il s’évitait pas mal de problématique : en gueulant suffisamment sur des gens pour qu’ils aient peur de continuer la conversation.

« Merci je suppose. » La tête d’Ezio était inestimable. Theodora aurait voulu pouvoir le photographier et l’encadrer. « Je t’en prie, c’était un plaisir. » En faisait-elle trop ? Oui elle en faisait trop, mais l’instant était trop beau pour ne pas en profiter juste quelques secondes. Qu’Ezio la ré-engueule plus tard, elle le re-calmerait à nouveau… Peut-être… Elle resta à nouveau silencieuse alors qu’il lui servait le verre demandé. Elle n’osa presque pas respirer pendant ces quelques secondes. Elle souleva son verre pour trinquer de loin à sa santé. Finalement Ezio reprit la parole. La sorcière l’écouta en buvant une gorgée. Elle allait avoir besoin de cela. Elle laissa quelques secondes s’écouler avant de répondre. Les quelques secondes qu’il lui fallut pour boire et reposer lentement le verre. Elle croisa les jambes et enfin sentit qu’il y avait une brèche permettant une discussion. Elle n’allait pas laisser passer l’opportunité. « Je n’ai pas à proprement parler des ennuis… » La sorcière faisait attention à chaque mot qu’elle employait. « Mais je pourrais en avoir si cela continue. » Par cela. Qu’entendait-elle par cela ? Leurs affaires passées ? Leur amitié ? Des gars louches qui trainaient devant son lieu de travail ? Elle se rapprocha du bureau. « Je sais que tu meurs d’envie de faire le ménage chez les Zabinis mais actuellement ce n’est pas du tout dans mon intérêt. » Elle n’ajouta pas ajouté qu’il avait déjà essayé plusieurs années auparavant et qu’il avait été banni de la Cosa Nostra pour ces raisons… Alors oui, parlons-en de cet intérêt qu’elle avait, elle, dans la Cosa Nostra. Est-ce qu’Ezio était au courant des merveilleux rapprochements horizontaux qu’elle avait pu avoir avec Luca ? Elle n’allait surement pas lui donner cette information. Mais vu comment elle ne se cachait pas, il y avait de grandes chances pour qu’il le soit… Super nouvelle. « Et ne me fais pas l’affront de penser que je ne sais pas régler mes problèmes toute seule. » Non. Elle n’y arrivait pas. Aucune chance. Mais il fallait paraitre sûre d’elle. Alors elle continua. « J’aimerais juste garder ma tête sur mes épaules et ne pas me faire exécuter parce qu’un de tes gorilles a voulu mon autographe en sortant du boulot une fois de trop… C’est juste que… » Elle se tut, ayant peur d’en dire trop. Ezio était au courant du procès par lequel elle était passée. Elle le lui avait raconté. En passant les détails sur le fait qu’elle avait dû tuer un de ses hommes. Enfin, non elle l’avait plutôt tourné comme le fait qu’elle n’avait pas vraiment eu le choix et que ça avait été lui ou elle. Et de toute façon il était déjà mort avant même d’entrer dans cette arène non ? « Je ne suis plus autant sur des charbons ardents que j’ai pu l’être par le passé Ezio. Mais je n’ai actuellement vraiment pas besoin d’un autre raz-de-marée dans mon existence. » Pas quand tout allait enfin mieux avec Luca. Pas quand il l’avait enfin pardonné. Elle se tut et fixa silencieusement Ezio attendant une réaction. Elle reprit une gorgée de sa boisson comme pour se donner du courage. « Y aurait-il un autre moyen pour que nous restions en bon termes ? » Lui obtenir des contrats juteux en usant de sa persuasion de vélane pour orienter des choix d’investisseurs ? Lui faire quelques travaux de comptabilité au black ? Quelque chose qui serait moins une trahison que de livrer directement des informations. Chose pour laquelle elle risquait sa tête… L’avait-elle déjà mentionné ?! « En échange bien sûr de possibles services dans le futur. N’est-ce pas comme cela que nous fonctionnons Ezio ? »

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1er août 2021 | Midnight Sky | Fin d'après-midi

L’implication de Jaeden dans la conversation crispa immédiatement Théodora. Elle répondit du tac au tac, un peu trop froidement à son goût: « Ne mêle pas Jaeden à ça. C’est entre toi et moi. » Protectrice avec son frère de cœur ? C’était peu dire. Ils ne se parlaient plus tant que ça ces temps-ci mais l’aurait-il appelé ce soir, qu’elle aurait tout lâché pour le rejoindre. Voir Ezio le mentionner ne la rassurait pas  et il était nécessaire de mettre des limites au Giacometti. Elle avait eu la bienséance de ne pas mentionner Sienna, qu’Ezio en fasse de même. Il y avait un minimum de courtoisie à avoir, même dans les menaces ou les moqueries à peine voilées.

Le sujet du cadeau d’anniversaire réussit à faire dévier quelque peu la conversation. Tout comme le verre de whisky. Elle n’était pas passée loin de perdre sa tête… Encore une fois. Il sembla se calmer mais ce ne fut que pour mieux lui asséner des paroles tranchantes. Elle maintint le cap difficilement. Et voilà qu’il remettait sur le tapis son passé de prostituée. Cela le faisait jubiler ? « Tout le monde naît pas avec un bon petit capital familial pour tout remettre en jeu à la moindre occasion et y perdre des plumes. » Elle aurait pu continuer à appuyer là où ça faisait mal mais le Giacometti mentionna Luca. Elle se figea et ses iris bleutés s’accrochèrent à celles du mafieux. Elle tenta de garder une certaine contenance même si elle se sentait un peu défaillir. « Qui je me tape ne regarde que moi. Un des avantages de ne plus être une prostituée Ezio. » Est-ce que cette envie de vomir était déjà présente avant qu’elle n’arrive ou cela venait de tout le stress et le dégoût de soi qu’elle était en train de ressentir ?

Théodora le détailla de haut en bas. « Ton aide ? Elle n’est jamais gratuite ton aide. Je pense qu’on est déjà suffisamment impliqué dans nos affaires respectives pour allonger la liste » Rien dans ce monde n’était gratuit. Theodora le savait mieux que quiconque. Cette dame lui proposant un lit pour la nuit ne lui avait pas précisé que ce lit aurait quelqu’un de particulièrement enclin à l’enlacer pour ne citer qu’un exemple. Ezio n’était pas un mauvais bougre, au moins savait-elle à quoi s’attendre avec lui. Mais elle avait suffisamment joué et perdue pour ne se tourner vers cet ange providentiel qu’en cas de vie ou de mort. Alors qu’il mentionnait ses gars, elle laissa échapper un petit rire moqueur. « Si un de tes gars se fait chopper, je ne ferai rien pour le sauver. Soyons clair sur ce point. » Il manquerait plus qu’elle se grille son existence entière pour un second couteau de bas étage.

La jeune fille reprit une gorgée de son courage liquide, ce whisky qui lui permettait de prendre une ou deux respirations… Elle était bonne pour une semaine de spa pour se remettre de cette entrevue. « Tu sais que ton passé te condamne quoi qu'il arrive? Et que peu importe que tu aies arrêté, s'ils l'apprennent, le seul rempart pour empêcher ta tête de tomber ce sera moi. » Son sourire disparut de son visage. Sa mâchoire se contracta et si elle n’avait pas eu un fil d’instinct de survie, elle lui aurait mit une claque. Du genre bien sonore, et qui laisse une belle marque rouge. Pourquoi tant de violence contenue ? Probablement parce qu’Ezio venait de viser particulièrement juste. Parce qu’il était la raison et la solution à ses problèmes. Elle pouvait couper les ponts mais si ce qu’elle avait fait venait à se savoir, elle était cuite. Garder le contact lui donnait une chance de s’en sortir mais augmentait la probabilité de se faire prendre. C’était un coup de poker. Elle pouvait gagner comme chuter dans tous les cas de figure. Saloperies de décisions de merde. « Et t’es ravi de me voir comme ça dans la merde Ezio, j’ai compris. » Tenter de modifier l’aide qu’elle apportait aux Giacometti afin de diminuer la croix qu’elle portait. C’était une première étape. Et la seule viable dans l’instant. Le futur lui donnerait probablement tort mais bon… Elle n’était plus à ça près.

La demande d’Ezio était relativement simple. Il suffisait d’aller au casino, discuter un peu avec les clients et le personnel masculins. Ce genre de gars ferait tout pour se mettre en avant. Y compris lui raconter s’il y avait d‘éventuels truands dans le lot.  Elle finit cul-sec son verre et le reposa délicatement sur le bureau. Elle joua un instant avec pour se remettre de ses émotions avant de répondre. « Celui de l’autre côté de la ville ? » Elle s’était renseignée sur le sujet. Ce n’était pas le cœur de métier des Zabinis mais s’intéresser au cours des choses, aux achats et ventes de Londres faisaient un peu partie de son boulot. Les revirements de situations pouvaient impacter les dépenses. Et puis sur le sujet des casinos et autres cabarets, elle savait qu’Ezio y veillait au grain… Alors elle glanait des informations ça et là afin de ne pas être dans le flou le concernant… On ne sait jamais, pas vrai Dora ? Elle se répugnait. « Fils héritier d’un grand de la finance. Projet un peu bancal mais il aurait possiblement moyen d’y avoir une part en y amenant les compétences… Mais bien sûr que je peux me renseigner Ezio. » Elle ne souriait plus. Sa voix mielleuse était à la limite du sarcasme. Elle avait un peu envie de se jeter d’une fenêtre. Au moins n’aurait-elle plus de problématiques… « Et je viendrai comme une grande t’apporter les informations ou te les faire passer… Pas besoin de m’envoyer un de tes caniches… » Elle jeta un regard circulaire dans le bureau. « D’autres nouvelles sinon ? Je voudrais pas pousser si tu as d’autres choses passionnantes à faire…. » Dire qu’elle avait envie de fuir maintenant après avoir gueulé et s’être ramassé une belle pelleté en retour ? A peine…

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