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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Count my cards, watch them fall ft. Soledad :: United Kingdom :: Écosse :: Pré-Au-Lard :: Neverland
Aodhan O'Brian
Aodhan O'Brian
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Sam 21 Jan - 22:57




Count my cards, watch them fall
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☾☾ Août 2022 – Vendredi soir au Neverland


Derrière les lourdes tentures d’un rouge cramoisi bordées de dorures aux dessins étranges, Aodhan regardait la scène depuis les coulisses. Ses yeux étaient collés à ce spectacle incroyable. Les lumières, les mouvements des acrobates, leur maquillage sombre et étrange, leur façon de bouger tout bonnement surnaturelle ; Et la musique… saisissante et grandiose qui accompagnait leur mouvement avec la légèreté indéfinissable dont ils faisaient preuve sur ce fil, sur ces barres, à ces cordes… Aodhan avait les yeux grands ouverts sur cette scène qu’il découvrait encore, chaque soir où il venait voir sa très chère sœur jouer à son tour. Son interprétation d’un morceau du lac des Cygnes le laissait, comme les autres, à chaque fois sans voix et ému. Ce monde n’était pourtant pas le leur à l’origine. Du cirque, l’irlandais ne connaissait pas grand-chose à part ce qu’il avait pu déjà voir lorsque certains itinérants faisaient halte à Dublin ou ailleurs en Irlande. Il avait toujours adoré ça et nourrissait, quelque part en lui, ce rêve de faire partie de ce monde à part, fantasmagorique et plein de poésie et de mythes. Et puis ils se comportaient tous d’une façon si solidaire. Le chacun pour soi n’existait pas. Le cirque était une entité à lui seul et gérait toujours ses problèmes en interne, supportant plutôt mal l’ingérence. Ils faisaient corps et pouvaient compter les uns sur les autres. Bien sûr, ils ne restaient jamais fixes bien longtemps mais voyageaient à travers le pays ou davantage et Dhan trouvait ça fascinant.

Ce cirque, en particulier, le Neverland, était vraiment ce qu’il y avait de plus bizarre. En passant les portes de cet univers sombre, il s’était cru dans un des films de Tim Burton. Certains des circassiens avaient des difformités et des particularités magiques surprenantes qui en mettaient mal à l’aise plus d’un, même parmi les sorciers. Il s’était d’ailleurs fait un ou deux potes dans la troupe et aimait échanger avec eux sur leurs numéros. Il avait également rencontré un certain phénomène des pays de l’Est nommé Vladia ou Vlad, qui faisait mieux qu’une femme à barbe car il interchangeait de sexe plus ou moins à volonté. La première fois que Dhan avait rencontré Vlad/ia, c’était sous la forme d’une blonde absolument sublime, aux yeux d’un vert émeraude sans pareil, à la peau laiteuse sans le moindre défaut, aux formes divines et aux manières si délicates qu’elle semblait éthérée. Une beauté irréelle à laquelle il semblait possible de tout sacrifier sur son simple souhait. Touvant visiblement le jeune homme à son goût, elle ne manquait pas de lui tourner autour lorsqu’il était dans les parages. Si au début son égo s’en était trouvé flatté, le Gryffondor ressentit très vite des émotions étranges lorsqu’elle s’approchait de lui, un indéfinissable malaise.
La première fois qu’il avait assisté à sa transformation, Aodhan s’était trouvé con. Sa part masculine était un molosse baraqué pas franchement gracieux qui faisait facilement deux fois la taille de l’irlandais. Malgré son imposante stature, Vlad était d’une gentillesse et d’une naïveté touchante, mais également bourré d’humour. O’Brian avait déjà partagé une ou deux boissons avec lui et l’avait fait hurler de rire à de nombreuses reprises. Mais les transformations n’étaient pas toujours contrôlées et ces changements soudains amenaient parfois à des situations cocasses.

Adossé contre l’un des larges poteaux qui servait de pilier à la tente principale, il observait le spectacle en silence, les bras croisés sur son torse. Son visage était en partie illuminé par les lumières de la scène tandis que l’autre semblait engloutie par l’obscurité.
Ce soir, il avait fait un effort vestimentaire. Il portait un jean -lol-, des derbies noires, un t-shirt blanc classique sous une veste en cuir. Sha et lui allaient au restaurant. Ca lui arrivait relativement peu souvent pour être souligné alors il voulait lui faire bonne impression... mais ses notions en terme de mode étaient limitées et il avait tendance à s’en moquer. Andreas lui avait dit “Tu vas quand-même pas y aller en baskets ?” Il avait froncé ses sourcils avant de tordre sa mâchoire et de se gratter le front. Lui ne voyait pas le problème mais manifestement, il y en avait un.

Le tirant de ses contemplations, un étrange souffle effleura sa nuque, faisant dresser tous les poils de son corps en un seul instant. D’un mouvement vif, bras replié, prêt à frapper, il se retourna pour faire face à ce que son instinct ressentait comme une menace… mais s’abstint. S’extirpant de l’obscurité avec une grâce toute féline, Vladia ourla ses lèvres d’un sourire mutin.

_ Tu ne voudrais pas me faire de mal Aodhan…

L’étudiant s’efforça de répondre par un sourire poli mais il ressentait à nouveau cette étrange sensation.

La sublime créature, d’un pas seulement, se rapprocha puis enroula sa jambe autour de celle du Gryffondor, son corps vénusien se collant contre le sien, sa bouche déposant un baiser sur sa joue. Lascive, elle enfouit sa main dans ses cheveux et même s’il savait pour elle et son double, résister à son envoûtement était vraiment compliqué. Même son parfum semblait vouloir se saisir de ses sens et embuer son cerveau. Les battements de son coeur s'accélérèrent et sa pression sanguine suivit le mouvement.

_ Wow… Vladia s’il te plaît... Il tenta de l’éconduire, mais les mains qui étaient censés la repousser s’étaient juste logées sur ses hanches, sans volonté. Comment c’était possible ? Ses yeux balayèrent les alentours. Ils étaient complètement seuls dans ce recoin. Impossible pour lui de demander de l’aide… Demander de l’aide ? Putain c’est quoi cette blague ? De l’aide pour quoi faire ? Échapper à une… fille…? Il déglutit, saisit de se rendre compte qu’il en était incapable. J’ai pas envie de ça. Cette simple phrase semblait avoir mobilisé toute sa volonté.

Vladia fronça ses sourcils dorés et ses lèvres caressèrent à nouveau sa joue.

_ Oh… est-ce à cause de ta petite… potionniste aux grands yeux…? Dit-elle avec un brin de dédain et une moue enfantine, resserrant son étreinte sur lui et le frôlant d’une façon telle qu’il crut perdre totalement le contrôle. Mais quelque chose réveilla sa raison. La potionniste ? Oh bien sûr… elle partageait tout avec Vlad, même les conversations que le gaillard partageait autour d’une bière avec un pote… super l’intimité. Sa bouche se logea dans son cou et remonta jusqu’à son oreille qu’elle mordilla avec impatience avant de murmurer… Ce sera notre petit secret O’Brian. Hestia n’en saura rien. Les bouts de ses ongles se crispèrent sur sa nuque, le faisant frissonner de la tête aux pieds. Il se sentait basculer lorsque soudain ses pensées s’agitèrent. Hestia…? Elle a parlé d’Hestia…? Vladia était en train de prendre ses lèvres entre les siennes lorsqu’il ouvrit enfin les yeux. Il se souvenait de chaque conversation avec les membres de la troupe et même avec Vlad, jamais il n’avait prononcé son nom. Une décharge d’adrénaline sembla exploser dans son cerveau. Dans un mouvement vif, il attrapa Vladia à la gorge et serra fort… peut-être un peu trop. Une colère noire venait de prendre l’ascendant sur le charme et tandis que leurs visages se touchaient presque, il pouvait lire la surprise et la peur dans les yeux de la créature vénusienne qui ne s’attendait pas à ça. Dans les siens, elle ne lisait plus qu’une sourde fureur. Dégainant sa baguette, il en pointa l’embout contre la joue de Vladia, et la bouche tordue par l’ire, il murmura à son attention.

_ Tu viens de faire une grosse connerie.  

Elle tenta de se défaire de son étreinte, sans succès. Elle étouffait et il ne desserrait pas son emprise. Est-ce qu’il voulait la tuer ? L’irlandais n'en était pas sûr. Il savait que cette créature avait fait du mal, beaucoup, qu’elle était capable du pire et pourtant il était incapable de dire pourquoi. Quelque chose l’empêchait de relâcher sa main.

Soudain, le corps de Vladia changea, laissant la place à Vlad. La taille du cou changeant, son emprise n’eut plus du tout le même impact et pourtant il continuait à tenir en joue le molosse, la colère brûlant dans ses yeux. Vlad avait quant à lui cet air éberlué et triste et il déglutit.

_ Dhan, calme-toi s’il te plaît… si les autres te voient… ils vont croire que t'as un problème.

_ Un problème ? Ah ! C'est moi qui ai un problème ? Qu’ils approchent ! Rageusement, il repoussa Vlad et tourna sur lui-même comme un lion en cage. Oui, si les autres le voyaient, ils interviendraient et voudraient sans doute le passer à tabac mais en boufferait plusieurs avant de tomber. Mais là il était bien trop en colère pour écouter la voix de la raison. Elle connaît son nom… Putain mais c’est quoi son problème ? Pourquoi t’es pas au courant ? T’es pas censé savoir tout ce qu’elle fait toi aussi ?

Le doux géant eut un soupir triste et inquiet.

_ Et bien… parfois… je ne vois pas ce qu’elle fait… je sais pas comment elle s’y prend. Tu l’as repoussée et ça lui a pas plu… et quand elle nous a entendu parler ensemble, elle a décidé de fouiner.

Cette fille était un monstre. Pas parce qu’elle se transformait en mec, mais parce que c’était sa nature profonde. Gentiment, Vlad toucha l’épaule d’Aodhan qui le fusilla du regard… avant de se raviser. Ce mec n’y était pour rien. Il était innocent dans l’histoire et elle s’était même servie de lui pour protéger sa propre vie. Elle était intelligente et dans le contrôle de son pouvoir, contrairement à son double… Il inspira profondément avant de poser un regard plus mesuré sur le colosse à la mine touchante, comme s’il n’était qu’un enfant qu’on avait grondé.
Peut-être s’était-il emporté pour rien… Peut-être qu’il s’était trompé ? Fermant les yeux, il posa sa main à son front avant de ranger sa baguette magique.

_ Je vais y aller, j'ai bientôt une représentation mais… Le molosse allait s’en aller quand il arrêta son geste pour faire face à Dhan. Je suis désolé. Je te promets qu’elle est inoffensive et si c’était pas le cas, je te jure que je la laisserai jamais faire. Lui dit-il en souriant, se voulant rassurant. J’espère que tu continueras à venir me voir l’irlandais. Puis il disparut.

Le jeune homme le salua d’un mouvement de la tête mais il ne souriait pas. Inoffensive…? Je crois surtout qu’elle fait ce qu’elle veut et que tu vois rien pauvre idiot.

A nouveau seul, le Gryffondor inspira profondément et passa ses mains dans ses cheveux en soufflant bruyamment. Bon, on va s’calmer… Sha doit avoir terminé son show… Les paumes collées sur son front, il fit quelques pas à reculons avant de se retourner vivement et de percuter de plein fouet quelque chose… non, quelqu’un. Encore en proie à mille émotions d’une intensité spectaculaire, il n’avait pas entendu quelqu’un approcher. Aodhan avait pourtant de très bon réflexes et se laissait rarement surprendre. Il vit devant lui une jeune femme brune qui s’agenouilla pour ramasser des affaires, éparpillées à ses pieds. C’était Soledad, la cartomancienne. Il l’avait déjà croisée quelques fois sans jamais lui avoir réellement parlé. Putain mais bouge ! Tu vas la laisser ramasser ?! Secouant sa tête, le jeune homme s'accroupit face à elle, retroussa les manches de son perfecto et entreprit enfin de l’aider.

_ Excuse-moi. J’espère que j’t’ai pas fait mal…

Les sourcils froncés, l’esprit ailleurs, il ramassait les objets échappés du carton que Soledad portait. Son visage, légèrement rentré entre ses épaules, semblait perturbé et ses traits plus sombres qu’à leur habitude. De manière générale, le petit frère de Saoirse était de nature plutôt agréable.
Dhan n’avait pas envie d’être indiscret mais il ne put empêcher la curiosité de poindre dans son regard cérulé. Avec précaution, il se saisit d’une jolie petite théière -par la grâce de dieu intacte- qu’il replaça dans le carton. Un jeu de tarot s’était étalé et il se pencha pour récupérer l’une des cartes qui avait glissée à un mètre de là, derrière une planche de bois posée à la verticale. La carte attira son attention et il ne put s’empêcher de la regarder un instant avant de la lui rendre. La boule cristal sembla en revanche le dérider. La tenant sur le bout de ses doigts, il observa à l’intérieur, un œil fermé, comme pour tenter d’y distinguer quelque chose. A travers le cristal, son œil sembla disproportionné, tout comme il voyait le visage de Soledad déformé. Un sourire étira enfin ses lèvres.

_ J’adore ce truc. Est-ce que tu vas m’en vouloir si je te demande si ça marche vraiment ?

Abaissant sa main, il faisait face à la jeune hispanique, son œillade claire la scrutant avec attention avant de reposer la boule de cristal dans le carton.

_ Bon, je crois qu’on a tout. Dit-il en observant le sol avec soin, reposant ses mains sur ses cuisses. La cartomancienne entreprit de porter ses affaires lorsqu’il intervint en levant une main entre elle et le carton.

_ Woh nan nan c’est bon, je m’en occupe. Il attrape le carton avant de se relever. C’était de sa faute si ça s’était retrouvé par terre alors l’aider était la moindre des choses…

Il suivit la sorcière à travers le cirque et plus le temps passait, plus sa colère s’assoupissait. Cette soirée était censée se passer d’une toute autre façon. Il s’était sûrement planté. Mais cette fille… rien que de penser à elle, à son contact sur lui, sa bouche, ses doigts, son parfum, il en avait la nausée. Il s’arrêta soudain, se figeant sur son chemin, le carton dans les bras. Il venait de réaliser qu’elle lui inspirait de la peur… mais il n’avait pas peur pour lui. Reprenant enfin contact avec la réalité, il secoua sa tête et se remit en route. Vivement que Sha trouve un autre job… finalement le cirque était beaucoup moins magique d’un coup.
Une fois arrivé à destination, il leva les yeux sur le décor et attendit que Soledad lui montre l’endroit où elle voulait qu’il dépose son paquet.

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Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Lumos
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Lun 20 Fév - 22:27




Count my cards, watch them fall
Soledad ☽ ☾ Aodhan



A Neverland, les nuits filaient et ne se ressemblaient pas. On aurait pu croire le contraire. Après tout, un cirque était une entreprise comme une autre. Il y avait un horaire d’ouverture, une heure pour le début du grand spectacle, des numéros qui s’enchainaient et des artistes qui se produisaient sur la piste, toujours dans le même ordre. Le cirque était une grande machine parfaitement huilée, où l’on aurait pu croire que tout se déroulait toujours de la même façon. Mais pas à Neverland. Neverland était différent, même dans le monde sorcier. Les spectacles du cirque se suivaient mais ne se ressemblaient jamais. En même temps, comment cela aurait-il pu être le cas alors que chacun jouait avec la magie, le glauque et les frissons ? Quand les artistes parlaient aux morts, on ne pouvait toujours s’attendre aux mêmes réponses. C’était un peu ce qui faisait le charme du cirque, du moins si on pouvait parler de charme pour un endroit si sinistre, et Soledad y prenait part, elle aussi. Si elle passait la plupart des soirées où elle travaillait à Neverland entre les pans de sa tente, il lui arrivait d’en clore les tentures pour prendre part au spectacle principal. Dans le grand chapiteau, elle profitait de la présence d’un public différent de celui qui venait habituellement jusqu’à elle. Au hasard, elle choisissait des sorciers et sorcières dont elle lisait ensuite l’avenir dans ses différents artefacts. Elle ne savait jamais sur quoi elle allait tomber, ce qu’elle allait découvrir et c’était tout le but de son spectacle. Faire frissonner le public, d’anticipation et d’appréhension, le laisser se demander ce qu’elle allait bien pouvoir dévoiler, ce que le futur laisserait entrevoir. C’était chaque fois la même chose, c’était chaque fois différent. Et c’était ce qui faisait la particularité de Neverland.

Ce soir, comme chaque fois qu’elle se produisait sur la piste du chapiteau principal, Soledad salua la foule. Les applaudissements raisonnaient dans l’espace mais au milieu des visages ravis, elle voyait les traits bien plus perturbés de ceux dont elle avait lu l’avenir. C’était toute la particularité de son don, elle ne savait jamais sur quoi elle allait tomber. Si certaines prédictions étaient joyeuses, d’autres étaient bien plus sombres et c’était bien sur celles-ci que cherchait le Neverland. Dans un cirque de ténèbres, les futurs joyeux dénotaient un peu trop et Soledad le savait bien. Le public, quant à lui, n’en prenait la pleine conscience qu’une fois qu’il était trop tard, et cela se voyait maintenant dans certaines prunelles. Peut-être n’auraient-ils pas voulu entendre ce qu’elle avait eu à leur dire, sûrement qu’en temps normal la mexicaine se serait abstenue de leur dévoiler leur avenir, mais ce n’était pas pour se taire qu’elle travaillait au cirque. Au moins maintenant pouvaient-ils se préparer à ce qui allait arriver. Du moins une fois qu’ils l’auraient accepté. Elle essayait de se persuader que ce n’était plus son problème, que même de cette manière son don servait à les aider. Certains soirs, il lui était plus facile de s’en convaincre que d’autres. Elle n’avait pas le détachement, ni même le manque d’empathie, de certains autres artistes du cirque. Mais surtout, elle n’avait pas vraiment le choix. Chaque fois qu’elle se produisait devant un public, Soledad devait détourner le regard de ce qu’elle provoquait et ce soir ne faisait pas exception. Son petit tour terminé, elle quitta les lieux, non sans avoir d’abord ensorcelé tous les artefacts dont elle s’était servie. Tarot, théière, tasses et boule de cristal la suivirent alors qu’elle se glissait entre les lourds rideaux bordeaux qui séparaient la piste des coulisses.

Là, Soledad adressa un sourire aux artistes qui venaient prendre sa place. Un duo d’acrobates capables de faire des choses tout bonnement stupéfiantes avec leurs corps. Une fois à l’abris des rideaux, le bruit de la foule atténué, la mexicaine s’accorda quelques instants de répit. Chaque spectacle la laissait vidée, elle était habituée à utiliser son don, mais le faire autant en si peu de temps lui demandait pas mal d’énergie. D’un sortilège, elle rangea ses accessoires de divination dans un carton afin de pouvoir les ramener dans la tente où elle officiait habituellement. Elle attacha ses lourdes boucles brunes qui lui tenaient chaud à retomber sur ses épaules, pour son maquillage bien trop prononcé à son gout, elle allait devoir attendre d’être dans sa tente pour s’en occuper. De toute façon, ce n’était pas comme si elle était pressée, contrairement à quelques mois plus tôt, Soledad ne se dépêchait pas de quitter le cirque. Désormais, elle n’avait plus personne à rejoindre le soir, elle n’avait donc plus aucune raison de se presser. Son carton dans les bras, elle s’éloigna, bien peu motivée à rejoindre son appartement silencieux mais sans autre perspective. Elle s’arrêta cependant après quelques mètres seulement. Face à elle, une scène se jouait et elle ignorait si sa présence était la bienvenue. Un jeune sorcier, qu’elle reconnut comme étant Aodhan le petit frère de leur nouvelle danseuse Saoirse, se trouvait en compagnie de Vladia. Si au départ, ils semblaient occupés à une activité fort plaisante, le ton changea en un clin d’œil quand la main du sorcier vint se refermer sur le cou de la blonde. Sourcils froncés, Soledad hésita à intervenir, elle n’entendait pas ce qui se disait mais elle en voyait assez. Aodhan semblait hors de lui mais elle ne pouvait pas rester sans réagir. Cette poignée de seconde fut pile ce qu’il fallait pour que Vlad fasse son apparition, changeant totalement la donne. Si le risque de bagarre était toujours présent, elle doutait que ça aille bien loin avec Vlad qui était plus pacifique que son double féminin.

Restée dans l’ombre des rideaux, elle observa les deux sorciers se séparer et Vlad s’éloigner, un air triste peint sur les traits. Quand il la croisa il ne parut même pas surpris de la voir là. « Bonsoir Vlad. » Souffla-t-elle avec un léger sourire étirant ses lèvres. L’immense slave faisait plusieurs têtes de plus qu’elle, mais au fond il n’était pas si impressionnant que ça, en tout cas, il était bien loin de lui faire peur. « B’soir siñorita Catrina. » L’accent était à couper au couteau mais il arracha un sourire à Soledad. Cela détourna son attention, assez pour que, lorsqu’elle se détourna pour reprendre sa route, elle ne fasse pas attention à où elle allait, ou à ce qui se trouvait devant elle. La collision avec Aodhan, qui reculait à ce moment-là, fut inévitable et si elle ne fit pas chuter Soledad, il en alla autrement de son carton qui s’écrasa au sol. Son contenue se répandit un peu partout et la mexicaine ne put retenir une grimace en voyant ses cartes de tarot étalées par terre. Merci Merlin il ne s’agissait pas du jeu que son abuela lui avait légué, celui-là était bien trop personnel pour être utilisé à Neverland. « Excuse-moi. J’espère que j’t’ai pas fait mal… » Même si le jeune homme ne la regardait pas, Soledad secoua la tête. Bien sûr que non, il ne lui avait pas fait mal, il en fallait plus tout de même. « Oh non, ne t’en fais pas ! » S’empressa-t-elle de le rassurer. Elle n’était même pas tombée, contrairement à son carton. Mais heureusement, tous les objets qu’elle ramassait étaient en un seul morceau. Même les tasses en porcelaines dont elle se servait pour lire l’avenir dans les feuilles de thé ou le marc de café. Elle redressa le carton qu’elle commença à remplir de nouveau et remercia Aodhan lorsqu’il lui tendit une carte manquante à son tarot.

« J’adore ce truc. Est-ce que tu vas m’en vouloir si je te demande si ça marche vraiment ? » Soledad releva la tête pour découvrir qu’il la regardait à travers sa boule de cristal. Son regard disproportionné par l’artefact la fit sourire. Quant à sa question, eh bien elle était loin de l’offusquer. Au fil des ans, elle avait entendu tellement de choses sur son don qu’elle était habituée. Et pour une fois les mots du sorcier n’avaient au fond rien d’insultant. Il était juste curieux, et à la curiosité, Soledad ne voyait aucune raison de ne pas répondre. « Non je ne vais pas t’en vouloir, j’ai déjà entendu bien pire. » Commença-t-elle avec un sourire. Ah les insultes et moqueries sur le troisième œil, la mexicaine y était habituée. Ca la touchait toujours autant, mais elle avait appris à le cacher. « Si tu m’avais demandé si tu pouvais jouer au bowling avec, là il y aurait eu des chances que je t’en veuille. » Elle eut une expression amusée. Elle voulait bien faire des efforts et comprendre le scepticisme de certains, mais il ne fallait pas exagérer non plus. C’était comme vouloir jouer à la bataille avec ses cartes de tarot, ça elle ne voulait pas en entendre parler. « Et oui, ça marche vraiment. Même si j’admets que ce n’est pas l’artefact le plus simple à utiliser. » Du moins de son point de vue à elle. Soledad savait que chaque porteur du troisième œil avait tendance à nouer une affinité plus marquée avec un artefact en particulier, le sien était le tarot, plus particulièrement celui que lui avait laissé son abuela. Les boules de cristal, le pendule, les lignes de la main, le marc de café, tout ça elle maitrisait également et choisissait quoi utiliser en fonction des informations qu’elle attendait, mais elle ne voyait jamais aussi clair qu’avec son tarot. « Bon, je crois qu’on a tout. » D’un coup d’œil autour d’eux, Soledad constata qu’il avait raison et se releva.

Son carton dans les bras, la mexicaine n’eut pas le temps de souhaiter une bonne soirée au sorcier. « Woh nan nan c’est bon, je m’en occupe. » Une seconde, elle eut dans l’idée de protester, son carton, même plein, n’était pas particulièrement lourd et sa tente pas bien loin alors elle n’avait pas réellement besoin d’aide. Mais puisqu’Aodhan lui proposait, elle n’avait pas vraiment de raison de refuser. Elle lui céda son chargement avec un sourire reconnaissant. « Merci. Suis-moi, ma tente est de ce côté. » Lança-t-elle en indiquant une direction de la main. Sans la moindre hésitation, Soledad guida le jeune sorcier dans les allées du cirque. Depuis le temps qu’elle fréquentait cet endroit, elle en connaissait les moindres recoins par cœur. Elle se demandait si le jeune sorcier avait eu le temps de se faire à cet endroit lui aussi ou s’il s’y perdait encore. Cela ne faisait pas très longtemps que sa sœur aînée avait été embauchée comme danseuse alors il était fort probable que les allées de Neverland lui soient encore nébuleuses, surtout que ce n’était pas lui qui travaillait là. Toute à ses réflexions, Soledad mit une seconde à réaliser qu’Aodhan ne la suivait plus. Elle se retourna et le découvrit à quelques pas d’elle, l’air étrangement figé. « Tout va bien ? » Demanda-t-elle en fronçant les sourcils. Quand il secoua la tête son regard se fit plus clair, ce que Soledad trouva rassurant. Apparemment, elle n’était pas la seule à se perdre dans ses pensées, seulement elle savait que parfois ça n’avait rien de positif. Voyant que le brun était de nouveau prêt à la suivre, elle lui adressa un sourire et reprit son chemin.

Il ne leur fallut pas longtemps pour rejoindre la tente où Soledad officiait en tant que diseuse de bonne aventure sous le pseudonyme de la Catrina. D’un geste, elle écarta la lourde tenture pour inviter Aodhan à y entrer. Ce soir, elle n’officiait plus alors ils seraient tranquilles. Au milieu de la tente tronait une table ronde entourée de fauteuils confortables, dans un coin un coffre attendait et camouflé derrière un rideau se trouvait l’endroit où elle se changeait et se préparait à jouer son rôle. L’endroit n’était pas bien grand mais étant donné que Soledad ne vivait pas sur place, il lui suffisait amplement. D’un signe de la main, elle invita Aodhan à déposer le carton sur la table, non sans le remercier une fois de plus. En l’observant, la mexicaine ne put s’empêcher de se dire qu’il avait l’air un peu ailleurs, un peu troublé. Quelque chose lui disait que ça n’était pas étranger à la scène à laquelle elle avait assisté un peu plus tôt. « J’ai vu ce qu’il s’est passé avec Vladia… » Elle n’en dit pas plus. Dans sa voix, nulle trace de jugement, elle faisait un simple constat, l’informait de ce qu’elle avait vu, rien de plus. Soledad savait bien que ce n’était pas sa place de juger, d’autant plus qu’elle n’avait pas entendu leur conversation. Certes, le sorcier s’était montré prompt à utiliser la violence, chose qu’elle ne cautionnerait jamais, mais elle savait que Vladia n’était pas une pauvre chose innocente. La sorcière était tel un animal exotique, celui qui se parait des plus belles couleurs, qui attirait tous les regards, était le plus venimeux. Avec son visage de poupée et ses grands yeux bleus elle paraissait innocente, mais Soledad savait que ce n’était qu’une illusion. Si elle appréciait la compagnie de Vlad, ce n’était pas vraiment le cas de celle de Vladia dont elle avait appris à se méfier et qu’elle s’appliquait à éviter. « Je te dirais bien que c’est la seule dont tu doives te méfier dans le cirque, mais… » Mais ce n’était pas le cas. Inutile de terminer cette phrase, Aodhan devait bien avoir compris que Neverland ne comptait pas que des sorciers bien sous tous rapport. Que c’était même plutôt l’inverse. C’était un peu déstabilisant, voire inquiétant même, au premier abord, Soledad se souvenait parfaitement que ses premiers mois à Neverland avaient été une véritable source d’angoisse. Maintenant, elle s’y était faite. Mais elle comprenait que cela soit compliqué, elle était passé par là. Elle jeta un coup d’œil au carton dont ses artefacts dépassaient. « Si tu veux, je peux regarder si ma boule de cristal peut te rassurer un peu. » Proposa-t-elle en se souvenant qu’il s’était montré curieux à ce sujet. Si cela pouvait l’aider, Soledad était prête à mettre son don à sa disposition.

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☾☾ Août 2022 – Vendredi soir au Neverland

Sol a écrit:
« Non je ne vais pas t’en vouloir, j’ai déjà entendu bien pire. »

« Si tu m’avais demandé si tu pouvais jouer au bowling avec, là il y aurait eu des chances que je t’en veuille. »

« Et oui, ça marche vraiment. Même si j’admets que ce n’est pas l’artefact le plus simple à utiliser. »

Un léger sourire étira les lèvres de l’irlandais. Cette fille avait de l’humour. Cool. Ca lui faisait du bien et l’aida à se focaliser sur autre chose. Le monde de la divination était un univers franchement à part auquel il ne connaissait objectivement rien du tout et il ressentait pour cette discipline des sentiments diamétralement opposés allant de la fascination enfantine à une méfiance viscérale. Les cours de divination à Poudlard n’avaient pas franchement réussi à démêler ses sentiments à ce sujet sinon carrément l’inverse…

Il fallait bien l’avouer, il se sentait plutôt attiré par tous ces objets et le côté mystique bizarre de ceux qui pratiquait cet art occulte. Il avait aussi croisé de purs charlatans et cela l’avait également beaucoup diverti. Une fois il en avait croisé un qui lui avait annoncé qu’il deviendrait Ministre de la Magie. Ahahah… il avait regardé ce mec avec un rictus aux lèvres avant d’éclater littéralement de rire, tordu en deux sur sa chaise. Le faux oracle n’avait pas beaucoup aimé et l’avait attrapé par le col pour le foutre dehors. Ca n’avait pas calmé son hilarité cela dit.

Alors il ne savait jamais trop quoi penser de ces gens. Il ne savait pas quoi penser de Soledad… mais elle l’intriguait, c’était certain.

La Catrina” lit-il d’un coup d'œil sur l’écriteau avant de pénétrer sous la tente à la suite de la cartomancienne. L’endroit ne manquait pas de charme. La déco était plus épurée que ce à quoi il s’était attendu et ressenti finalement plus d'authenticité dans ce lieu que partout ailleurs dans le cirque. Il suivit les instructions et déposa le carton sur la table ronde avant que le bout de ses doigts n’en effleurent le bois d’un air absent.

Sol a écrit:
« J’ai vu ce qu’il s’est passé avec Vladia… »

A cette phrase,  Aodhan leva sur elle un regard bien différent. Le Gryffondor pouvait paraître très sympathique un instant et devenir franchement menaçant en une seconde. A ce moment précis, ses prunelles d’un bleu cristallin s’étaient posées sur la Catrina, et si elles n’étaient pas hostiles, elles n’en étaient pas moins acérées et défiantes. Sans un mot, il était en train d'évaluer le degré de la menace potentielle que cette situation impliquait. L’échange avec Vladia n’avait pas été cordial et s’était même terminé dans la violence alors oui il pouvait avoir des ennuis si elle venait à en parler aux autres mais ce qui l’inquiétait était que cela n’impacte sa sœur. Si elle venait à perdre son dernier job depuis sa sortie d’Azkaban à cause de lui, il s'en voudrait jusqu’à la fin de ses jours. Et que dire si les membres de cette étrange communauté venaient à s’en prendre à elle ? Pour sûr, O’Brian mettrait ce cirque à feu à sang sans l’ombre d’une quelconque hésitation et sans faire montre d’une once de pitié. En lui couvaient la rage et la violence nécessaire pour anéantir les entraves que représentait la moralité et le risque de mourir dans une telle initiative l'indifférait au plus haut point, tant qu’il était assuré que ses belligérants brûleraient eux aussi dans les flammes de l’enfer.

Mais le regard de la jeune femme n’était ni menaçant, ni moralisateur. Il avait beau la sonder, elle ne semblait pas vouloir le trahir ou le sermonner.

Sol a écrit:
« Je te dirais bien que c’est la seule dont tu doives te méfier dans le cirque, mais… »

Cette révélation pourtant inquiétante le détendit, étrangement. Soledad confirmait ce à quoi il pensait et il prit cela pour ce que c’était finalement : de la bienveillance. Dhan poussa un soupir. Reposant ses reins contre la table, il croisa sa jambe devant l’autre et ses bras sur son torse.

_ Ouais… je crois que j’ai un don pour me fourrer dans des situations pas possibles. Dit-il d’un ton presque las. Aodhan n’avait pas honte de ce qu’il était, mais parfois, il fallait l’avouer, il foutait la merde, c’était plus fort que lui.

Sol a écrit:
« Si tu veux, je peux regarder si ma boule de cristal peut te rassurer un peu. »

Aodhan leva un sourcil sur la Catrina et s'il garda le silence un instant qui sembla long, un sourire finit par farder son visage aux traits carrés.

_ T'es sérieuse ? Tu veux m'offrir une séance ? Il se tourna vers le carton et sembla en pleine réflexion. Il fit une moue, plissant son menton avant de hausser les épaules. Okay. Il se redressa et suivit l'invitation de Soledad. Le Gryffondor se défit de sa veste en cuir et la reposa sur le dossier de l'une des chaises qui bordait la table ronde, lissant son t-shirt blanc avant de s’installer. C’était inhabituel mais même si cette expérience lui apportait une forme d’excitation, une part de lui ne pouvait s’empêcher de ressentir une légère inquiétude.

Soldedad s’installa à son tour face à lui et prépara la table avec soin. Cette femme était vraiment étrange. Il l’observait, silencieusement, pendant que le bout de ses doigts se mit à tapoter la table nerveusement. Il jeta un œil sur sa montre. Aodhan devait retrouver Sha pour aller au resto quand elle aurait terminé sa prestation alors il ne devait pas traîner.
Les prunelles azurées ne quittait pas la jeune femme et ses mains. Il ne savait pas ce qu’il attendait mais sa curiosité s’était aiguisée. Le jeune homme porta discrètement le bout de ses doigts sur sa tempe droite où il sentit une légère pression. Il fronça ses sourcils tandis que son regard était brusquement attiré sur la gauche… persuadé d’avoir entendu quelque chose. Sous le regard interrogateur de Soledad, il préféra se justifier.

_ J'ai cru... laisse tomber, je crois que j'ai pas encore évacué ma dernière soirée... Vas y je t'en prie... Dis moi si je vais devenir Ministre de la Magie... Il plaisantait mais en réalité son sourire était bien fade en cet instant.



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Soledad Velasquez
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Mer 10 Mai - 21:50




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Soledad ☽ ☾ Aodhan



C’était en de tels instants que Soledad voyait à quel point elle avait évolué. Combien le cirque Neverland l’avait changé. Quelques années plus tôt, assister à une telle scène l’aurait horrifiée et certainement pétrifiée de panique. Elle n'aurait pas su quoi faire, n'aurait pas été en capacité d'intervenir. Neverland n'avait jamais été un lieu particulièrement sûr et pendant longtemps cette réalité l'avait heurté. Mais désormais les choses étaient différentes, elle s'était faite à l'ambiance étrange du cirque, y avait même trouvé sa place et tout ce qui pouvait la malmener dans le passé, maintenant elle savait l'affronter. Elle n'était peut-être pas intervenue cette fois, mais elle avait été prête à le faire, si Vlad n'était pas apparu pour calmer le jeu avant. Maintenant, de telles scènes ne la choquaient plus, ça ne voulait pas dire qu'elle les trouvait acceptables, mais elle avait appris à prendre du recul et à accepter que si tout cela la dépassait, elle devait apprendre à y faire face. Ca faisait partie intégrante de Neverland, l'aura de mystère et de menace du cirque n'étaient pas uniquement réservés au chapiteau où se déroulaient les représentations, elle était partout, dans chaque allée, chaque tente, chaque individu. Le cirque accueillait les sorciers de tous bords, qu'ils soient bons ou mauvais, qu'ils aient envie d'être là ou aient besoin de se cacher. Neverland ne faisait pas de différence et il était clair que tous les sorciers présents n'étaient pas des enfants de chœur, depuis le temps, Soledad s'y était fait. Evoluer dans le cirque venait avec son lot de risque mais elle avait appris à naviguer dans ses eaux sombres et à ne pas se laisser malmener par les vagues et les tempêtes qui pouvaient s'abattre sur les lieux. Ce n'était pas l'idéal, ce n'était pas ainsi qu'elle appréciait de vivre, mais à Neverland il en allait ainsi et elle savait que ce n'était pas elle qui allait changer le cirque. Ici ce n'était pas elle qui détenait le pouvoir, alors tout ce qu'elle pouvait faire c'était apprendre à faire face à tout ce qui se présentait.

Ce fut pour cette raison que voir le jeune frère de Saoirse s'en prendre à Vladia ne la choqua pas outre mesure. La mexicaine condamnait toujours la violence physique mais elle savait qu'ici elle était une des rares à penser ainsi. Tout comme elle savait que Vladia n'était pas la petite chose innocente qu'elle montrait au monde. Oh, elle ne disait pas que la sorcière avait mérité ce qui lui était arrivé, juste qu'elle ne pouvait juger d'une situation sans en avoir tous les tenants et les aboutissants. Alors quand Aodhan vint l'aider à ramasser ses affaires et lui proposa de porter son carton jusqu'à sa tente, elle accepta sans se méfier. Soledad n'avait aucune raison de se montrer méfiante envers le jeune homme, ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait dans les allées du cirque et jusqu'à aujourd'hui il n'avait jamais causé le moindre problème. Elle ne voyait pas pourquoi il s'en prendrait gratuitement à elle, surtout qu'il avait toujours été cordial en sa présence. C'était peut-être naïf de penser ainsi mais pour Soledad chacun avait le droit à sa chance. Et puis non seulement elle savait se défendre, mais l'attaquer c'était prendre le risque de déclencher des envies de vengeance chez les sorciers du cirque. C'était que tous s'étaient habitués à la présence de la voyante au sein de Neverland, qu'elle était l'une des leurs maintenant. S'en prendre à Soledad était une entreprise bien dangereuse dont Aodhan devait être conscient. Tout en le menant à la tente où elle officiait sous le nom de La Catrina, elle n'avait donc pas la moindre appréhension et en vint même à mentionner son altercation avec Vladia. Autant qu'il sache qu'elle avait assisté à la scène, et qu'elle ne l'avait pas jugé pour autant.

Aussitôt, quelque chose dans le regard d'Aodhan changea. Soledad ne loupa pas l'éclat de méfiance qui vint s'installer dans ses prunelles, mais elle ne flancha, ni ne recula, pour autant. Elle n'avait aucune intention de lui faire la leçon, vu ce qu'il pouvait se dérouler dans ce cirque, ça aurait été bien hypocrite, et puis ce n'était pas son rôle. Quant à se montrer menaçante, c'était tout le contraire de ce qu'elle voulait, alors si elle pouvait comprendre le changement d'attitude de l'étudiant, elle préféra l'ignorer pour continuer sur sa lancée. Vladia n'était pas la seule dont il devrait se méfier au sein du Neverland, elle espérait qu'il s'en rendait compte. Quelque part, elle espérait également que ça le pousserait à faire un peu plus attention à maîtriser ses nerfs quand il se trouvait dans les parages, mais elle préféra garder ces mots-là pour elle. Aodhan avait déjà une grande sœur capable de lui donner ce genre de conseils, ce n'était pas sa place de le faire. Le prévenir était bien assez, Soledad foulait les allées de Neverland depuis assez longtemps pour au moins pouvoir faire ça sans se montrer intrusive pour autant. « Ouais… je crois que j’ai un don pour me fourrer dans des situations pas possibles. » La mexicaine ne fut pas mécontente de voir le jeune homme se détendre sensiblement, elle n'était pas là pour tenter de lui faire peur, d'ailleurs elle en était bien incapable. Elle préférait qu'il ne se méprenne pas sur ses intentions. Avec un petit sourire, Soledad laissa filer un léger rire. Vu comme ça, il était clair que le chemin qu'Aodhan se frayerait à Neverland serait mouvementé. « Et Vladia a le don de les provoquer. » Compléta-t-elle tout de même avec une certaine philosophie. Aodhan attirait peut-être les problèmes Hestia est d'accord, mais certains se plaisaient à les faire naître.  

Tout naturellement, Soledad lui proposa de lire son avenir dans sa boule de cristal. Il avait été curieux à ce sujet et elle voyait bien que son rapport au cirque le travaillait. Elle laissa filer le silence qui avait accueilli sa proposition sans rien dire. Elle savait que si elle abordait sans problème le sujet de la divination, certains étaient plus frileux, voire réfractaire. Ce n’était pas parce qu’Aodhan s’était toujours demandé si les boules de cristal fonctionnaient qu’il avait forcément envie qu’on lui lise son avenir. « T'es sérieuse ? Tu veux m'offrir une séance ? » Sans avoir besoin de réfléchir, Sol opina du chef. Elle avait beau avoir terminé sa représentation et ne plus travailler pour ce soir, elle pouvait bien lui accorder quelques minutes pour déchiffrer ce que sa boule de cristal avait à lui dire. Si ça pouvait le tranquilliser, ce serait toujours ça de gagné. Et si le destin lui était moins favorable, au moins il serait prévenu. « Pourquoi pas ? » Répondit-elle avec un sourire. Elle avait déjà effectué ses heures au Neverland et maintenant que la dette de son père était épongée, elle pouvait bien accorder quelques séances sans rien demander en échange. D’un geste, elle invita le jeune sorcier à prendre place autour de la petite table ronde qui trônait au milieu des tentures. « Okay. » Tandis qu’il s’asseyait, elle récupéra le carton sur la table et alla le ranger avec le reste de ses affaires. Elle revint avec sa boule de cristal qu’elle posa précautionneusement sur son socle avant de prendre place face à lui. Mais avant qu’elle ait le temps de prendre place face à lui, Aodhan se tourna brusquement sur le côté pour fixer un point où Soledad savait qu’il n’y avait rien de spécial à voir. Elle fronça les sourcils, décontenancée, et un brin inquiète. « Ca va ? » Le jeune homme avait des réactions parfois étrange, elle se demandait bien ce qu’il lui arrivait. Elle tira finalement sa chaise à elle tandis qu’il s’expliquait. « J'ai cru... laisse tomber, je crois que j'ai pas encore évacué ma dernière soirée... Vas y je t'en prie... Dis moi si je vais devenir Ministre de la Magie... » Bon, Soledad trouvait son explication pas vraiment convaincante mais elle préféra ne pas insister. Elle ne connaissait pas le sorcier et elle ne se voyait pas continuer de l’interroger. Puisqu’il avait l’air d’avoir retrouvé ses moyens, elle lui adressa un petit sourire en coin. « Ca, j’ai pas besoin de ma boule de cristal pour te dire que ça m’étonnerait. » Lança-t-elle avec amusement. Tout le monde lui demandait ce genre de chose. S’ils allaient avoir une promotion, gagner au loto, régner sur le monde… Mais jamais elle n’avait lu de telles choses dans ses artefacts alors elle n’imaginait pas que cela change ce soir.
 
« Mais on peut voir si ma boule de cristal a d'autres choses intéressantes à me montrer. » Reprit-elle sans se départir de son sourire. Elle ne doutait pas que l’objet avait des choses intéressantes à lui dévoiler, c’était toujours le cas. Après Aodhan, en ferait ce qu’il voudrait mais jamais elle n’avait été déçue de ses excursions de l’autre côté du voile du futur. Avant de commencer, elle posa tout de même sur lui un regard plus sérieux. « N’oublie pas, on ne tire pas sur le messager. Je ne fais que transmettre ce que mon troisième œil voit. » Le prévint-elle du timbre de celle qui était habituée. Autrement dit elle n'était pas responsable de ce qu'elle pourrait voir et avoir à dire. Quand elle avait des choses joyeuses à annoncer, tout se passait bien, mais quand le futur se révélait plus funeste, nombreux étaient les sorciers à mal réagir et qui cherchaient à la blâmer. Autant qu’Aodhan soit prévenu tout de suite, ce qu’elle pourrait lui dire n’allait peut-être pas lui plaire, il devait être préparé à ça. « Prêt ? » Elle s’assura d’un regard que c’était bien le cas. Il pouvait prendre cette séance à la légère mais pour Soledad c’était du sérieux et elle voulait le lui faire comprendre. Une fois bien d’accord, elle prit une profonde inspiration et laissa le silence se faire autour d’eux pour se concentrer et garder en tête que c’était l’avenir d’Aodhan qu’elle souhaitait voir et non le sien. Ses prunelles plongées dans l’orbe de cristal, elle se laissa gagner par un état de concentration qui ressemblait presque à une transe. Elle resta ainsi de longues secondes, l’esprit focalisé sur Aodhan et son avenir, à l’affut de la moindre forme, du moindre détail que son don voulait bien lui laisser entrevoir. Finalement, elle se redressa lentement et cligna des paupières plusieurs fois pour se raccrocher à la réalité avant de poser ses prunelles sur l’étudiant. « Le cirque ne devrait pas te poser de problèmes. » Commença-t-elle. Du moins pas de problèmes s’il n’en cherchait pas. « En revanche, une épreuve t’attend dans un futur pas trop lointain, tu vas être blessé, pas mortellement mais… Assez pour te tenir sur tes gardes. » l’event tout ça :D Elle fit une pause un instant pour observer les réactions d’Aodhan et hésita quelques instants avant de reprendre. « J’ai vu autre chose aussi, quelque chose de plus important encore t’attend, mais… C’était flou. » C’était tout le problème avec la boule de cristal, ce n’était pas un artefact de précision.

Soledad prit le temps de la réflexion, elle pouvait toujours changer d’artefact, elle savait qu’elle obtenait des résultats plus ou moins différents, plus ou moins précis suivant ce qu’elle utilisait. D’autant plus que la boule de cristal n’était pas l’objet avec lequel elle avait le plus d’affinité, elle était bien plus à l’aise avec son tarot. Notamment celui que lui avait légué son abuela. Mais avant de faire quoi que ce soit, elle préférait demander à Aodhan s’il voulait qu’elle creuse la question. Inutile d’aller plus loin si tout ceci ne l’intéressait pas. Et puis elle se rappela un détail. « Tu as ramassé une carte tout à l’heure, non ? » Quand il avait fait tomber son carton, son tarot s’était étalé au sol et elle se rappelait l’avoir vu récupérer une carte plus loin. C’était la dernière qu’il lui avait donné avant qu’elle remette le tout dans le carton. Suivant son intuition, elle alla récupérer le jeu de tarot. « C’était celle-là ? » Demanda-t-elle en lui montrant la dernière carte du paquet, sûre que c’était celle qu’il avait touché. Elle ne savait pas à quoi s’attendre mais elle sentait que cette carte jouerait un rôle important dans cette séance. Elle la retourna pour découvrir le bateleur. Aussi appelé le magicien. Une légère moue s’imprima sur ses lèvres, voilà qui ne l’étonnait pas plus que ça. Elle posa la carte sur la table pour qu’Aodhan puisse la contempler. « Le Bateleur est la première carte du tarot. C'est la carte de ceux qui vont prendre un départ sans y être préparés. » Elle fit une pause pour faire le tri dans ce que la carte lui inspirait, il s'agissait de choisir les bons mots pour être sûr de transmettre le bon message. « C'est une carte qui souligne les talents uniques, ceux qui relient les mondes. » Les mondes tangibles et intangibles, visibles et invisibles. Ce n'étaient pas les seules significations de cette carte mais elle sentait qu'elle était sur la bonne piste. Soudainement, tout paraissait plus clair. « Il y a quelque chose en toi… Un potentiel inutilisé. Mais il est fragile, si tu ne le nourris pas, tu peux le perdre. En revanche... » Soledad releva les yeux vers Aodhan. « Si tu l'entretiens, je pense que tu aurais beaucoup à y gagner. » La mexicaine se recula contre le dossier de sa chaise et observa un instant le sorcier. Elle se demandait quel impact ce qu'elle venait de lui dire allait avoir. S'il allait tout balayer d'un geste ou si ça allait le toucher. « Ca te parle ? » Demanda-t-elle, curieuse. C'était elle qui voyait l'avenir, mais elle aimait aussi le comprendre.

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☾☾ Août 2021 – Vendredi soir au Neverland


Sol a écrit:
« Ca, j’ai pas besoin de ma boule de cristal pour te dire que ça m’étonnerait. »

Il ne pouvait décemment pas s’en offusquer. Un léger sourire étira ses lèvres, faisant écho à l’hilarité qu’il avait ressentie lorsque le charlatan lui avait annoncé cette nouvelle. Quel sale enfoiré de fumiste. Si le Gryffondor n’était pas crédule, il en était bien autrement de nombre de personnes pour qui les prédictions comptaient. Par chance pour lui, ce jour-là Aodhan l’avait pris à la rigolade et le voyant avait évité une correction pourtant méritée.

Sol a écrit:
« N’oublie pas, on ne tire pas sur le messager. Je ne fais que transmettre ce que mon troisième œil voit. »

_ Je sais faire la part des choses. Répondit-il sans que ses prunelles ne quittent la diseuse de bonne aventure de leur bleu perçant. Un infime sourire étirait le coin de ses lèvres tandis qu’il observa un instant la boule de cristal. Il se passa bien de balancer la moindre blague et lorsque la jeune femme lui demanda de confirmer s’il était bien prêt, il acquiesça simplement en baissant le menton.

Lorsqu’elle se plongea dans son état de transe, Aodhan ne la lâchait des yeux que pour jeter de temps à autre une œillade sur l’artefact magique. Il n’y voyait rien pour sa part, néanmoins, il devait admettre qu’une sensation étrange picotait le creux de son ventre, sans qu’il puisse trouver à cela une explication logique. Peut-être était-ce tout simplement de la magie… mais une magie différente. Celle qu’il pratiquait tous les jours ne lui faisait pas du tout le même effet.

Focalisé sur les paupières closes de la Catrina, il la détailla soigneusement tandis que son index tapotait inconsciemment le bois de la table ronde.

Sol a écrit:
« Le cirque ne devrait pas te poser de problèmes. »

Le verdict tomba enfin. C’était une bonne nouvelle, il l’admit d’une moue approbatrice, un sourcil levé, mais il avait beau n’en rien dire, il attendait de cette séance bien davantage.

Sol a écrit:
« En revanche, une épreuve t’attend dans un futur pas trop lointain, tu vas être blessé, pas mortellement mais… Assez pour te tenir sur tes gardes. »

Il fronça subrepticement son regard. Être blessé, ça lui arrivait très souvent, ne serait-ce qu’à travers le sport qu’il pratiquait de façon intensive ou les combats illégaux mais cela faisait longtemps qu’il n’avait pas écopé une blessure qui vaille la peine qu’on l’évoque. Ce qui l’interpela davantage, c’était le mot « épreuve ». Rien de ce qu’il pratiquait de façon régulière ne méritait d’être qualifié de la sorte à ses yeux. Il garda cette information dans un coin de son esprit et leva de nouveau les prunelles dans celles de la sorcière.

_ Ok. Il ne trouva rien de plus à dire. C’était le genre d’information qui ne lui parlerait très certainement que lorsqu’il y serait directement confronté. Tant qu’il survivait -manifestement c’était le cas s’il croyait Soledad-, c’était le plus important et il était inutile de se focaliser sur la blessure et comment l’éviter. Il avait vu beaucoup trop de films pour se faire avoir sur le sujet : c’est en voulant échapper au destin qu’on se faisait dévorer.

Sol a écrit:
« J’ai vu autre chose aussi, quelque chose de plus important encore t’attend, mais… C’était flou. »

Bon ! Et bien, le moins que l’on puisse dire, c’est que ça l’était pour lui également. Il reposa son dos contre le dossier de sa chaise, repliant sa jambe, sa cheville droite sur son genou gauche et enfila négligemment ses mains dans les poches de son jean sans la quitter des yeux tandis qu’elle se levait pour aller fouiller dans son carton.

Sol a écrit:
« Tu as ramassé une carte tout à l’heure, non ? »

« C’était celle-là ? »

Lorsque la jeune femme lui présenta la carte, une œillade sur l’illustration fut suffisante pour lui confirmer d’un mouvement de tête qu’elle avait raison. Son attitude nonchalante ne traduisait en rien du mépris, mais il s’était attendu à être un peu plus impressionné par ses dons d’oracle. En quoi la carte qu’il avait ramassée tout à l’heure pouvait-elle avoir un lien avec quoi que ce soit ? Comment pouvait-elle se révéler déterminante dans ses prédictions ? Il avait renversé ce carton par un pur hasard… non ? Tout cela le dépassait et de loin mais malgré son scepticisme, Soledad lui inspirait une confiance qu’il ne savait expliquer.

Sol a écrit:
« Le Bateleur est la première carte du tarot. C'est la carte de ceux qui vont prendre un départ sans y être préparés. »

Il resta silencieux, attendant la suite car il devait l’avouer, il ne faisait pas le lien avec son propre cas… même si, il devait bien l’admettre, il avait vécu pas mal de choses par le passé sans y être préparé.

Sol a écrit:
« C'est une carte qui souligne les talents uniques, ceux qui relient les mondes. »

_ Ceux qui relient les mondes … ? Qu’il répéta d’abord en souriant, un brin moqueur, avant que son regard se fronce ostensiblement pour se perdre sur le côté. Il avait eu envie de prendre ça à la légère, de sourire davantage, mais il n’en fit rien. Il scella ses lèvres avant que ses yeux ne s’ancrent dans ceux de la Mexicaine qui continua.

Sol a écrit:
« Il y a quelque chose en toi… Un potentiel inutilisé. Mais il est fragile, si tu ne le nourris pas, tu peux le perdre. En revanche... »

« Si tu l'entretiens, je pense que tu aurais beaucoup à y gagner. »

Son silence ne trahissait aucunement son secret et il était pourtant un aveu de culpabilité malgré tout. Dans son esprit il tentait de s'extirper du piège dans lequel il s'était fourré tout seul comme un grand. Il n'avait pas pensé une seule seconde que la Catrina aurait pu faire allusion à la chose qu'il détestait le plus en lui, qu'elle aurait pu le percevoir ainsi avec une telle facilité. Il lui avait fallu une carte pour dévoiler ce qu'il gardait secret depuis toujours. C’était très énervant.

Sol a écrit:
« Ca te parle ? »

Non. Cette fille, il ne la connaissait pas après tout et il n'avait pas envie de partager Ça avec elle. Serrant sa mâchoire, il allait se lever, mettre fin à la séance, prétexter être en retard… c’était une excuse bateau mais assez efficace. Et de toute façon, qu’elle le croit ou non n’avait pas d’importance. Personne n’avait ce pouvoir sur lui, celui de le contraindre à faire quoi que ce soit et cela comprenait le fait de rester à un endroit où il n’avait pas envie d’être.

Les battements de son cœur s’accélérèrent sans raison et une tension dans sa tête naquit pour se développer à une vitesse spectaculaire. Au coin de ses yeux, une ombre se profila mais sa rapidité fut telle qu’il n’eut pas même le temps de tourner la tête pour mieux la distinguer. De toute façon, c’était peine perdue car il avait l'insupportable sensation de ne plus pouvoir bouger. Ses yeux furent rapidement assaillis d’un voile blanc qui brouilla sa vue à l’instant même où il avait l’impression que le sol se dérobait sous ses pieds, le sol et tout ce qui était tangible d'ailleurs. Ses doigts ne parvenaient  plus à sentir la chaise sur laquelle il était assis alors même que ses ongles s’enfonçaient dans le bois jusqu’à entailler la peau de ses doigts, des sillons rouges se dessinant sous ses ongles.

Il nageait dès lors dans un océan de vide sans son ni lumière, comme détaché du monde et de son propre corps. S’il avait déjà eu de nombreuses crises dans sa vie, celle-ci fut de lui la plus violente, au point qu’il se sentait comme éjecté, en totale déconnexion de la réalité. Cela sembla durer une éternité lorsqu’une lumière perça enfin l’obscurité, un murmure l’accompagnant, celui d’une voix de femme qu’il ne connaissait pas.

_ Oui. Ces lèvres venaient de bouger, articulant un mot que la tête du jeune homme n'avait pas choisi. Ça lui parle mais il ne veut pas le faire. Ni avec toi… Ni avec personne. C’est une vraie tête de mule celui-là.

Le visage de l’irlandais avait changé du tout au tout. Exit les traits sombres et les regards froncés, à présent des yeux blancs fixaient la cartomancienne avec un sourire doux et les traits de son visage étaient détendus.. Un contraste saisissant avec le reste de son corps. Caler contre son fauteuil, tous ses muscles bandés et raides semblaient lutter contre une force intérieure avec une telle violence que des traces de sueur commençaient à auréoler son t-shirt blanc.

Mais la personnalité en place semblait indifférente à toute cette hargne et malgré l’acte purement profanateur qu’elle était en train de perpétrer, dans sa voix perçait une ineffable sagesse.

_ Je suis heureuse de te voir à nouveau ma chère. Tu as l’air d’avoir bien pris tes marques au Neverland. Ça me fait plaisir… car comme tu le sais, tout le monde n’y est pas toujours parvenu… Oh… Dit-elle en observant le chapiteau. Tu as hérité de ma tente ?! Eh bien je suis contente qu’elle te soit revenue à toi.

L’entité inclina la tête sans lâcher la jeune femme des yeux.

_ Je doute pouvoir tenir bien longtemps. Et sans ton intervention, je n’aurai pas pu émerger. Ce garçon lutte de toutes ses forces pour me faire partir. Si j’avais encore un corps, il m’aurait déjà jetée contre un mur… Il ne manque pas de caractère. Dit-elle sans retenir un léger rire.

_ Soledad, mon ange. Tu dois faire comprendre à ce garçon qu’il ne doit pas avoir peur et que c’est en acceptant son don qu’il pourra le contrôler… Tu vois de qu'elle don je veux parler n'est-ce pas ? Je suis sûre que tu l'as reconnu. Il a une telle chance ! Il va finir par tout gâcher…

A peine eut-elle terminé sa phrase que le visage du Gryffondor changea brusquement. Il se pencha en avant, ses mains se crispant davantage sur les accoudoirs avant que l’un d’eux ne cède sous la pression et se brise dans un grognement rageur.

_ Il s’inflige tant de mal… Dit la voix non sans une certaine tendresse sans que le corps arc-bouté et tendu ne se redresse.




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Sam 9 Sep - 10:03




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Soledad ☽ ☾ Aodhan



Comme à chaque fois qu’elle s’apprêtait à lire l’avenir à une nouvelle personne, Soledad se fendit de quelques avertissements qu’elle jugeait nécessaires. Quand elle se retrouvait face à de jeunes sorcières dont l’objectif était essentiellement de savoir si elles allaient rencontrer le prince charmant bientôt, elle ne s’embarrassait pas de tels discours, mais quand elle se trouvait face à des sorciers plus mâtures ou qu’elle sentait que les attentes étaient plus importantes, elle savait que c’était un passage obligé. Elle n’était que la messagère, elle n’était pas responsable de ce que lui montrait son don et elle n’avait pas à en subir les conséquences. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait cette discussion, en fait ça arrivait régulièrement, tellement qu’elle connaissait d’avance les réactions que la plupart des sorciers avaient. Tout comme Raphaël l’avait fait quelques mois plus tôt, Aodhan tenta de balayer ses avertissements. Il savait faire la part des choses. Bien sûr qu’il savait faire la part des choses, Soledad ne doutait pas qu’elle avait en face d’elle un jeune homme futé. Mais c’était ce que tout le monde affirmait, ce que tout le monde croyait, jusqu’à ce que la voyante se retrouve à devoir leur annoncer un futur qui ne leur plaisait pas. Soudainement, la part des choses n’était plus la même et les discours pouvaient changer du tout au tout. Elle ne remettait pas en cause sa parole, mais entre ce qu’il affirmait et ce qu’il allait ressentir une fois son avenir dévoilé, il pouvait y avoir tout un monde, il devait s’en rendre compte. Face à des réactions instinctives de protection, souvent la parole ne valait plus grand-chose. Soledad n’en voulait jamais aux sorciers qui finissaient par lui reprocher ce qu’elle voyait, elle savait que la plupart du temps c’était la peur qui parlait à leur place, du déni caché sous de la colère, mais elle préférait éviter d’être un dommage collatérale. Elle l’avait dit à Raphaël, jouer la Cassandre des temps modernes, très peu pour elle.

Cet avertissement formulé, qu’il soit suivi ou non serait une autre histoire, et Aodhan prêt, Soledad commença sa lecture. La boule de cristal n’était pas l’artefact le plus simple à utiliser, elle trouvait les visions qu’il offrait souvent trop floues -dans tous les sens du terme- et du coup peu précises, la plupart du temps elle préférait utiliser un tarot ou même des feuilles de thé, souvent le pendule trouvait également grâce à ses yeux. Le tarot de son abuela restait cependant son artefact divinatoire de prédilection. Mais puisque c’était cet objet qui avait intrigué le sorcier, ce fut celui qu’elle utilisa en premier. Elle en tira une information rassurante sur le cirque et un avertissement pour le jeune Gryffondor. Il serait victime d’une blessure dans le futur, mais comme souvent avec la boule de cristal, elle ne parvint pas à obtenir plus de précision, cela ne sembla pas forcément le déranger. Soledad ne chercha pas à creuser cette question, pas qu’elle ne l’inquiétait pas pour Aodhan, mais simplement parce qu’elle avait ressenti autre chose tandis que ses prunelles étaient plongées dans le globe en cristal. L’objet tentait de lui dévoiler autre chose, mais c’était flou et elle ne parvenait pas à y voir plus clair. Cependant, elle sentait que c’était important, elle avait cette sensation au creux de son ventre qui lui indiquait qu’elle ne devait surtout pas se détourner. Ignorant l’attitude détachée d’Aodhan, Soledad se souvint qu’il avait ramassé une carte de tarot, un peu plus tôt. Une carte qui s’était détachée du lot. Les coïncidences, la mexicaine n’y croyait pas, une seule carte avait sauté du paquet tandis que toutes les autres étaient restées regroupés en tombant, et c’était lui qui l’avait ramassé, ça ne pouvait être qu’un signe. Ca aussi elle y croyait dur comme fer, les signes.

En allant récupérer la fameuse carte, Soledad sut qu’elle avait eu raison de suivre son intuition. Celle-ci ne la trompait jamais. La carte d’Aodhan était celle du Bateleur. Elle ne savait pas encore quel message elle devait transmettre au jeune homme, mais elle sentait qu’elle était sur la bonne voie, alors elle reprit ses explications, plongée dans ce que ses tripes lui disaient. « Ceux qui relient les mondes … ? » Un peu distraitement, Soledad hocha la tête. Il y avait quelque chose en Aodhan, elle ignorait encore quoi, mais elle en était persuadée. Il pouvait lui opposer un sourire moqueur, elle savait, elle sentait, qu’elle ne se trompait pas. D’ailleurs, l’attitude changeante du sorcier ne fit que le lui confirmer. « Le monde que l’on voit, et celui que l’on ressent. » Précisa-t-elle avant de reprendre là où elle s’était arrêtée. Il y avait une force, une sorte de don, qui sommeillait au fond du Gryffondor, un potentiel inutilisé sur lequel il devait ouvrir les yeux. Plus Soledad regardait la carte du Bateleur, posée entre eux, plus elle sentait qu’elle visait juste. Ce n’était pas une supposition de sa part, c’était un véritable ressentit qui résonnait dans tout son être. Son don ne se trompait pas, mais encore fallait-il qu’Aodhan accepte de le comprendre. Depuis le début de la séance, il faisait preuve d’un détachement dont la mexicaine ne s’offusquait pas, mais qu’elle finissait par trouver peu naturel. Comme si toute son attitude était étudiée pour ne surtout pas montrer le moindre intérêt envers ce qu’elle lui disait. Elle n’en prenait pas ombrage, elle savait que de nombreux sorciers refusaient de croire en la divination et cachaient leur trouble par une attitude moqueuse. Dans le silence qui s’était installé entre eux, Soledad gardait ses prunelles ancrées dans celles du jeune homme, si elle tentait de comprendre, elle n’essaya pas pour autant de lui arracher une réponse, ce n’était pas sa place. Cependant elle voyait bien à son attitude que ses propos avaient remué quelque chose en lui.

La tension d’Aodhan était claire, la fermeté soudaine dans sa mâchoire parlait pour lui, mais Soledad ne bougea pas, il était évident qu’elle avait touché un point sensible en lui et elle devait le laisser gérer seul. Et puis soudainement tout bascula. Les prunelles assombries du lion roulèrent dans leurs orbites pour ne plus laisser voir que du blanc et tout son corps se raidit. Sur les accoudoirs de son fauteuil, les doigts du lion étaient crispés avec tant de force que la voyante en eut mal pour lui. Soledad se redressa aussitôt sur son siège avant de se figer face à ce phénomène qui ne lui semblait pas étranger. « Oui. » La brune se redressa davantage, prête à se lever. Cette voix féminine n’était clairement pas celle du Gryffondor. « Ça lui parle mais il ne veut pas le faire. Ni avec toi… Ni avec personne. C’est une vraie tête de mule celui-là. » Cette voix n’était pas celle d’Aodhan et pourtant elle s’exprimait avec facilité par sa bouche. Comme si elle était parfaitement à sa place. Même si tout le corps de l’irlandais était visiblement en train de lutter contre ce qu’il vivait. Le tout offrait un contraste saisissant avec l’expression parfaitement détendue de son visage, sans parler du sourire doux qui étirait ses lèvres. C’était son corps, mais ce n’était plus lui. Un instant, Soledad hésita à intervenir, il était clair qu’il luttait de toutes ses forces et elle aurait tout donné pour lui épargner ça. Mais elle se doutait de ce qu’il lui arrivait et elle savait parfaitement qu’il était inutile de combattre ce genre de manifestation, il n’était plus aux commandes et si elle intervenait, elle risquait d’empirer les choses. Tout en s’efforçant de conserver son calme, la mexicaine choisit de ne pas intervenir pour le moment, du moins tant qu’Aodhan -le vrai- ne montrait pas encore de signes inquiétants.

Car il était désormais clair aux yeux de Soledad que ce n’était plus Aodhan qu’elle avait en face d’elle. Ce genre de phénomène ne lui était pas nouveau, pas après avoir côtoyé sa cousine Toni pendant tant d’années et assisté à la même chose -avec bien moins de violence cependant- à de nombreuses reprises, mais elle préférait rester sur ses gardes tant qu’elle ignorait à qui elle avait à faire exactement. « Je suis heureuse de te voir à nouveau ma chère. Tu as l’air d’avoir bien pris tes marques au Neverland. Ça me fait plaisir… car comme tu le sais, tout le monde n’y est pas toujours parvenu… Oh… » La voyante tiqua. L’entité connaissait le Neverland, et surtout elle lui parlait comme à une vieille amie. Soledad fronça les sourcils. Machinalement, ses prunelles parcouraient le visage du Gryffondor, à la recherche d’indices, mais cela restait ses traits à lui alors ça ne lui était d’aucune aide. « Je te connais… » Souffla-t-elle en s’efforçant de faire fonctionner sa mémoire pour mettre un nom sur cette voix qui lui paraissait de plus en plus familière. « Tu as hérité de ma tente ?! Eh bien je suis contente qu’elle te soit revenue à toi. » Soudainement, cela lui revint. Il fallait dire que l’ancienne propriétaire de sa tente, Soledad l’avait bien connue. Elle ouvrit de grands yeux. « Gloria… » Murmura-t-elle, soufflée par cette révélation. Au sourire sur les lèvres du Gryffondor, elle sut qu’elle avait visé juste. Gloria avait été une des artistes du cirque pendant de nombreuses années, jusqu’à ce qu’un terrible accident de chapiteau n’écourte son existence. A moins que cela ait été un meurtre soigneusement camouflé, Soledad s’était toujours posé la question, mais s’était bien gardé d’émettre le moindre commentaire de crainte de s’attirer des ennuis. « Ca me fait plaisir de t’entendre querida. » Ne put-elle s’empêcher d’ajouter, sincèrement émue de parler de nouveau à la sorcière qui avait été si gentille avec elle lors de son arrivée mouvementée à Neverlance. Elle doutait que ce sentiment soit partagé par Aodhan.

« Je doute pouvoir tenir bien longtemps. Et sans ton intervention, je n’aurai pas pu émerger. Ce garçon lutte de toutes ses forces pour me faire partir. Si j’avais encore un corps, il m’aurait déjà jetée contre un mur… Il ne manque pas de caractère. » Soledad comprenait mieux le message de ses cartes maintenant. Le Bateleur qui reliait les mondes. Cette force inexploitée, ce don qu’il ignorait sciemment, elle en avait la preuve sous les yeux. Elle n’aurait jamais deviné ça juste en voyant Aodhan, mais ça avait aussi été le cas de Toni. Et également d’elle, personne ne pouvait deviner qu’elle portait le troisième œil juste en la regardant. La plupart des dons des sorciers étaient impossibles à discerner, certains les cachaient, voire les niaient comme Aodhan, d’autres non comme elle, mais personne ne les portait inscrit sur son front. « Soledad, mon ange. Tu dois faire comprendre à ce garçon qu’il ne doit pas avoir peur et que c’est en acceptant son don qu’il pourra le contrôler… Tu vois de qu'elle don je veux parler n'est-ce pas ? Je suis sûre que tu l'as reconnu. Il a une telle chance ! Il va finir par tout gâcher… » Une telle chance. Il était plutôt clair qu’Aodhan ne voyait pas les choses de la même façon vu la manière dont son corps luttait contre cette invasion. Néanmoins Soledad hocha la tête. Elle ignorait ce qu’il finirait par se passer si le Gryffondor continuait à renier son don de la sorte, mais certainement rien de bon. La mexicaine n’était pas étrangère à ce qu’il lui arrivait, s’il se fermait aux entités, elles ne cesseraient de forcer le passage pour délivrer leur message. Tout continuerait de se faire dans un affrontement douloureux. « Oui… Oui, je vois parfaitement de quoi tu veux parler. » La nécromancie, voilà ce dont elles parlaient depuis tout à l’heure, le spectacle qu’elle avait sous les yeux. Gloria avait pris place dans le corps d’Aodhan parce qu’elle voulait l’avertir au sujet de ce don étouffé depuis tant d’année. Soledad ne se demanda même pas si l’étudiant était conscient du potentiel qu’il recelait en lui, son attitude quelques minutes plus tôt éclairait tout d’un jour nouveau. « Je ferai de mon mieux pour l’aider, te lo prometo. » Du moins si le jeune sorcier acceptait de la laisser faire. Vu comment il luttait en cet instant, Soledad doutait que cela soit une tâche aisée. Cependant, elle comptait bien tenir sa promesse et au moins tenter le coup.

Un hoquet de stupeur s’échappa des lèvres de Soledad quand le corps du Gryffondor eut un violent soubresaut et que l’accoudoir de son fauteuil céda sous sa poigne. C’était un spectacle auquel elle détestait assister. « Il s’inflige tant de mal… » Les prunelles fixées sur l’étudiant, la voyante laissa échapper un faible soupire. Elle se sentait impuissante et c’était un sentiment particulièrement désagréable. « Je vois ça… » Souffla-t-elle doucement. Renier son don de la sorte pouvait avoir des conséquences, Soledad en avait l’exemple sous les yeux. L’espace d’un instant elle se demanda ce qu’il en aurait été pour elle si elle avait choisi de tourner le dos à son don de voyance. Elle ne le saurait jamais, mais peut-être pouvait-elle aider Aodhan à ne plus vivre ça. La nécromancie était un don effrayant, étouffant même parfois, mais il pouvait être vécu autrement que comme un fardeau. La brune prit une profonde inspiration. « Mais Gloria, toi aussi tu lui fais du mal là, tu le ressens n’est-ce pas ? C’est contre toi qu’il lutte. Faire du mal aux autres n’a jamais été ton genre, on le sait toutes les deux. » Avec d’autres entités, elle aurait peut-être parlé dans le vide, mais elle connaissait Gloria. Elles avaient passé beaucoup de temps ensemble, du vivant de la sorcière. Et si, comme tout le monde au Neverland, elle avait sa part d’ombre, elle n’avait jamais été une mauvaise personne. « Ce n’est pas en forçant ainsi la connexion qu’il acceptera son don et tu le sais. » Soledad quitta son siège pour venir se placer aux côtés de l’étudiant. Elle s’accroupit, prenant garde à conserver une certaine distance pour ne pas risquer d’être victime d’un geste malheureux -la part des chose, hein- et posa une main apaisante sur le poignet d’Aodhan. Quand elle rouvrit la bouche, ce fut pour s’adresser à Gloria. « Il est temps de le laisser reprendre le contrôle, tu ne crois pas ? » Aodhan et elle avaient des choses à se dire, du moins s’il parvenait à retrouver le contrôle, et son calme.

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Aodhan O'Brian
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Lun 5 Fév - 21:40







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☾☾ Août 2021 – Vendredi soir au Neverland

Aodhan avait été plongé dans un monde sans début ni fin. Sous ses pieds, pas de sol. Au-dessus de sa tête, pas de ciel. Il pouvait penser mais plus agir. Il pouvait ressentir sans plus rien sentir. Il voulut crier mais il n’avait plus de langue, pas plus qu’une bouche, ni plus de gorge ou de cordes vocales. Son premier réflexe fut de poser sa main sur son visage mais il semblait ne plus avoir l’un ou l’autre. Si la mort ne l’effrayait pas outre mesure, ce monde-là était un véritable cauchemar.

Cela sembla durer une éternité alors que ce n’était là que de brèves secondes. Lorsque la voix d’une vieille femme retentit, le tirant enfin du néant où il avait été plongé, il fut soulagé, terriblement, affreusement.  A cet instant, elle était sa lueur d’espoir pour échapper à cet enfer. Il s’accrocha à sa voix, à son aura qui semblait le guider et l’appeler jusqu’à elle, le plongeant dans un grand flot lumineux où des millions d’images s’imposèrent à lui avec tout autant de sons, des souvenirs et des pensées qui n’étaient pas les siens. La vitesse à laquelle tout défilait était démesurée. Il voyait tout et rien à la fois, incapable de se fixer sur une image avec précision. Il ignorait tout des lieux qu’il voyait, des visages qu’il entrapercevait, des voix qu’il devinait. Tout n’était qu’une cascade bruyante sous laquelle il avait l’impression d’être écrasé. L’irlandais avait l’impression que son esprit allait éclater ou que la folie allait le dévorer ici et maintenant. Dans un ultime élan de colère mêlé de désespoir, son être entier poussa un cri.

"STOP !!!!"

Avait-il grondé. S’il n’avait pas de corps, s’il n’avait pas de voix, il avait l’incroyable sensation de discerner un écho se répercuter dans l’abîme. C’était quoi ce monde de fou !

Le déluge cessa. Était-ce là un hasard ? Ou bien avait-il obéi ? Les images qui défilaient maintenant devant lui se déroulaient plus doucement, assez pour qu’il comprenne ce qu’il voyait. Ce lieu lui était étrangement familier. Des tentures lourdes et cinabres, des planches, des projecteurs, de hautes tentes… le Neverland. Devant lui une jeune femme aux yeux sombres dont les longs cheveux noirs étaient tressés. La Catrina. Était-il revenu ? Tout semblait différent, comme s’il vivait un souvenir mais dont il ne se souvenait pourtant pas. Tout cela n’avait aucun sens. Puisqu’il n’avait rien d’autre à faire et parce qu’il voulait comprendre, il regarda, il observa, il écouta. Il tenta même de parler à la Soledad face à lui mais rien ne vint. Il vit le minois de la jeune femme se parer d’émotion alors qu’il lui tendait quelque chose, un vieux jeu de cartes. Ce qui le perturba le plus, c‘était cette main ridée et manucurée qui semblait être la sienne. “C’est quoi ce putain d’délire…

Un battement de cils et il bascula dans un autre état. Il était à nouveau dans son corps et devant lui se tenait à nouveau Soledad, mais cette, elle était exactement dans l’état dans lequel il l’avait laissé alors qu’il s’était installé sur cette chaise. Mais le soulagement fut de courte durée car s’il était revenu dans ce monde qu’il connaissait -et qu’il adorait et ne voulait plus jamais quitter, clairement-, il n’en était pas maître, une vieille s’était immiscée en lui et faisait obéir son corps à sa place. Cette femme, il la connaissait, et même très très bien. Pourquoi ? C’était sa vie qui avait défilé dans son esprit quelques secondes plus tôt. Il savait qu’elle s’appelait Gloria, qu’elle était cartomancienne, qu’elle avait travaillé pour le Neverland à peu près toute sa vie depuis la Seconde Guerre Mondiale qui l’avait laissée orpheline et qu’elle adorait les choux de Bruxelle et les glaces Ben & Jerry’s au noix de macadamia. Il la connaissait maintenant si bien qu’il lui semblait l'avoir véritablement côtoyée toute sa vie durant, tout en sachant que ce n’était pas le cas… et ça… c’était vraiment vraiment flippant.

_Ça lui parle mais il ne veut pas le faire. Ni avec toi… Ni avec personne. C’est une vraie tête de mule celui-là.

Un peu hébété, il observait “Nom de dieu…”. Il ne lui fallut pas plus de temps de temps pour réagir. Il ne voulait qu’une seule chose : récupérer le contrôle sur son corps, et pour cela, il tenta de mobiliser toutes ses forces.

_ Je suis heureuse de te voir à nouveau ma chère. Tu as l’air d’avoir bien pris tes marques au Neverland. Ça me fait plaisir… car comme tu le sais, tout le monde n’y est pas toujours parvenu… Oh…
Tu as hérité de ma tente ?! Eh bien je suis contente qu’elle te soit revenue à toi.


T’es sérieuse là ? Tu lui tape la discut’ à travers mon putain d’corps ?! Fais pas comme si j’étais pas là !..”

“Je suis désolée, ce ne sera pas bien long, mais tu as besoin d’aide et Soledad peut te l’apporter.”

“ J’ai pas besoin d’aide! ” Qu’il cracha, furibond.

“Ne dis pas de sottise. Veux-tu bien cesser de t’agiter comme ça ? Lui parler me demande beaucoup de concentration. ”

”Alors vire ton cul frippé d’mon corps !”

Sol a écrit:
« Ca me fait plaisir de t’entendre querida. »

“Dégage-là d’ici bordel !”

_ Je doute pouvoir tenir bien longtemps. Et sans ton intervention, je n’aurai pas pu émerger. Ce garçon lutte de toutes ses forces pour me faire partir. Si j’avais encore un corps, il m’aurait déjà jetée contre un mur… Il ne manque pas de caractère.

“T’es encore très loin du compte…”

_ Soledad, mon ange. Tu dois faire comprendre à ce garçon qu’il ne doit pas avoir peur et que c’est en acceptant son don qu’il pourra le contrôler… Tu vois de qu'elle don je veux parler n'est-ce pas ? Je suis sûre que tu l'as reconnu. Il a une telle chance ! Il va finir par tout gâcher…

Forcé d’obéir, le Gryffondor laissa l’ire envahir chaque parcelle de son être. Face à lui, la puissante Gloria tenait fermement sa place, mais plus les secondes s’égrainaient, moins ce monde lui était étranger. Il parvenait peu à peu à déceler une sorte de cohérence, à percevoir la vieille femme dans ce néant qui finalement, n’était pas si vide que cela. Il poussa la concentration, força pour sentir son corps qu’il parvenait peu à peu à approcher. La sensation était indescriptible. A travers l’effroi, à travers la hargne, il y avait cette étrange sérénité qui le guettait et à laquelle il ferma la porte.

Il ne sentit pas ses mains se crisper sur les accoudoirs avant de briser l’un d’eux. Bien qu’il faisait tout pour, ses attaques contre Gloria étaient chaotiques et non contrôlées.

Sol a écrit:
« Oui… Oui, je vois parfaitement de quoi tu veux parler. »
« Je ferai de mon mieux pour l’aider, te lo prometo. »

Aodhan resta enfin silencieux, sans pour autant cesser de se battre contre la présence ectoplasmique et son regard resta braqué sur la Catrina.

_ Il s’inflige tant de mal…

Sol a écrit:
« Je vois ça… »
« Mais Gloria, toi aussi tu lui fais du mal là, tu le ressens n’est-ce pas ? C’est contre toi qu’il lutte. Faire du mal aux autres n’a jamais été ton genre, on le sait toutes les deux. »
« Ce n’est pas en forçant ainsi la connexion qu’il acceptera son don et tu le sais. »
« Il est temps de le laisser reprendre le contrôle, tu ne crois pas ? »

Le corps du Gryffondor se détendit enfin. Les yeux pâles et voilés s’adoucirent.

_ J’aurai aimé bavarder un peu plus avec toi… Mais tu as toujours été plus sage que moi… Plus sage que nous tous.

La main du jeune homme se tendit pour prendre celle de la Catrina entre ses doigts, la pressant tendrement.

_ A bientôt ma tendre amie…

Les paupières se fermèrent et son menton s’affaissa. La connexion se rompit enfin, aussi brutalement qu’elle était née. La main de l’irlandais devint moite et se tendit, resserrant ses doigts sur ceux de la cartomancienne. Elle pouvait maintenant entendre sa respiration, rapide et forte, comme s’il venait de courir un cent mètres. Sa tête baissée ne laissait guère entrevoir son visage mais elle pouvait distinguer la sueur qui perlait à son front. Lorsqu’il leva la tête, ses yeux bleus se posèrent sur elle, douloureusement froncé. Il avait l’air réellement éprouvé par ce qu’il venait de vivre, et pas seulement physiquement. Pendant un instant, O’Brian ressemblait à un enfant perdu.

Cela ne dura pas. Il reprenait ses esprits, rapidement, follement, comme s’il venait de s’éveiller d’un horrible cauchemar puis, l’éclat dans ses yeux changea, car il se souvenait, il réalisait ce qui venait de se passer. Le jeune homme se redressa d’un bond, lâchant subitement sa main comme si le simple contact avec elle le brûlait. Son mouvement fut si brusque et rapide qu’il bascula en arrière, la chaise se renversant -le second accoudoir ne résistant pas au choc. L’irlandais se releva d’un bond, son corps semblant se déplier avec difficulté, il titubait presque. Il n’avait encore pas repris le total contrôle de ses muscles qui le brûlaient tant ils étaient crispés. Il braqua ses yeux brillant de rage ça et là,  comme s’il tentait de voir l’object de son courroux avant de revenir sur la jeune femme.

_ C’était quoi, ça ?!!!! Qu’il cracha, l’aura nimbée de colère, son index se pointant rageusement dans le vide mais pointant clairement le souvenir de Gloria. Il sortait définitivement de son statisme, faisant les cent pas sous la tente de la Catrina comme un lion en cage. Les poings serrés, son regard acéré observait nerveusement autour de lui, car il savait que sa force physique ne lui était, dans ce cas, d’aucun secours. Est-ce qu’elle est partie ? La réponse le soulagea à peine. Les épaules nouées sous la tension, il posa ses paumes contre ses yeux sans cesser de marcher encore et encore. Putain d’merde… Qu’il soufflait, tentant vainement de reprendre son calme.



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Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Ven 29 Mar - 23:50




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Soledad ☽ ☾ Aodhan



Soledad le savait, ses séances de divination à Neverland pouvaient se passer de bien des façons. Ce qui était un peu ironique car en tant que diseuse de bonne aventure, elle devait admettre qu'elle n'avait jamais cherché à lire dans son tarot comment ses séances se déroulerait, mais là n'était pas la question. Depuis qu'elle officiait au sein du cirque, Soledad avait eu à faire à un peu tous les types de publics et de situations. Elle avait eu le droit au groupe de jeunes sorcières qui venaient pour découvrir quand elles allaient rencontrer leur prince charmant et qui interrompaient la séance toutes les deux minutes de leurs gloussement. Ou qui finissaient par la noyer de questions sans fin, prononcées à une vitesse tout bonnement impressionnante. Souvent les deux à la fois, en réalité, ce qui ne manquait pas de la faire sourire tant cette attitude pouvait lui rappeler celle qu’elle avait été bien des années auparavant. Elle avait aussi eu des sorciers sceptiques qui venaient mettre à l'épreuve ses capacités, espérant la plupart du temps prouver qu’elle mentait sur son don et qui souvent finissaient par revenir avec dans leurs prunelles un éclat à la fois impressionné et méfiant. Elle avait eu des sorciers qui venaient déjà habités d'une colère froide et la traitaient d'arnaqueuse avant même qu'elle ait pu ouvrir la bouche, ceux-là même qui repartaient passablement perturbés mais refusaient ardemment de revenir même si Soledad savait qu'elle avait touché quelque chose en eux. Sans oublier ceux qui prenaient peur dès la première carte de tarot retournée et qui s’enfuyaient sans demander leur reste. Heureusement, ces clients-là, la mexicaine les rencontraient rarement. La plupart du temps elle les voyait traîner devant sa tente, hésitant à rentrer pendant de longues minutes avant de faire demi-tour, l'air déjà effrayé alors que leurs regards ne s’étaient même pas croisés.

Il pouvait s’en passer des choses, dans la tente de la Catrina. Des séances qui finissaient en larmes ou dans les rires, des prévisions qui donnaient espoirs ou faisaient craindre le pire, des visiteurs désireux d’en savoir plus ou qui avaient peur de soulever le voile du futur. Il s’en passait des choses entre les tentures de la diseuse de bonne aventure, mais ce qui se déroulait devant ses yeux, c’était bien la première fois que Soledad y assistait. La séance avait pourtant commencé tout ce qu’il y avait de plus banalement. Elle avait plongé ses prunelles dans sa boule de cristal, puis s’était tourné vers son tarot, rien de très exceptionnel pour la mexicaine. En fait, c’était même plutôt soft par rapport à certaines séances, la boule de cristal était rarement impressionnante, et une seule carte de tarot consultée ce n’était pas vraiment du plus grand effet. Soledad n’utilisait aucun artifice pour donner l’impression que son don était important, pas de sortilège de fumée, pas de musique passée dans sa tente, aucun jeu de miroir pour créer des illusions, c’était juste elle et ses artefacts. Elle et son troisième œil. Et pourtant, cette fois, ce qu’elle avait eu à révéler au jeune sorcier qui lui faisait face avait provoqué une réaction à laquelle elle ne s’était pas attendu le moins du monde. Encore une fois, elle aurait sûrement pu le voir dans son avenir, mais elle n’y plongeait pas le nez tous les jours. Peut-être aurait-elle compris plus vite ce qu’il se passait sous ses yeux, pourquoi Aodhan se tendait et se tordait sur son siège, les yeux révulsés, à qui appartenait cette voix qui sortait de sa gorge mais n’était clairement pas la sienne, pourquoi elle se manifestait maintenant, et surtout, ce qu’elle désirait. Mais au final, qu’elle l’ait vu ou non, ça n’aurait rien changé. Cette réaction était le destin qui attendait Aodhan, et on ne changeait pas le destin.

Néanmoins, face à ce qui s’était emparé d’Aodhan, Soledad n’était pas totalement impuissante. Ou plutôt, face à celle qui s’était emparé du sorcier. Car la mexicaine ne mit pas bien longtemps à comprendre de qui il s’agissait exactement. Les références au cirque étaient trop précises pour qu’elle ne s’y trompe, celle qui avait occupé cette tente avant elle n’était autre qu’une artiste de Neverland, Gloria. Gloria qui était morte bien des années auparavant. A partir de là, relier les points ne fut pas bien compliqué pour la voyante. Gloria était décidée et elle s’exprimait à travers le corps du Gryffondor. Le potentiel inexploité qu’elle avait sentit en trouvant la carte du bateleur, ce lien avec le monde intangible, c’était de ça dont il s’agissait. Aodhan possédait le don de nécromancie, il avait ce lien avec les morts, avec les esprits, avec ceux qui n’étaient pas tout à fait partis. Mais vu les réactions de son corps, ce don il n’en voulait pas. Alors ce don s’imposait, l’écrasait, et il en souffrait, Soledad le voyait bien. Assister à une telle scène lui serrait le cœur, peut-être parce que justement elle avait toujours été parfaitement en phase avec son propre don, alors elle trouvait terrible l’idée de ne pas pouvoir être en accord avec tout son être. Elle ne comprenait pas, mais elle pouvait essayer, elle voulait essayer. Aodhan ne pouvait rester ainsi et elle était prête à tenter de l’aider de son mieux parce que vivre ainsi n’était pas possible, ce n’était pas sain et il viendrait un moment où tout ce qu’il retenait au fond de lui finirait par lui exploser à la figure. Un peu comme en cet instant présent. Il était plus que temps de mettre fin à cet échange avec Gloria, même si Soledad était touchée d’avoir pu communiquer de nouveau avec son amie, elle savait aussi qu’il n’était pas bon pour elle d’occuper ainsi le corps d’Aodhan. Encore moins alors qu’il semblait lutter de toutes ses forces contre sa présence. Il était temps qu’elle quitte ce corps qui n’était pas le sien. « A bientôt ma tendre amie… » A ces mots et à l’étreinte de ses doigts sur les siens, Soledad eut un sourire ému. C’était mieux ainsi, elle se devait d’être sage pour eux tous, mais cette entrevue lui avait rappelé combien la sorcière pouvait lui manquer.

Et ainsi, Gloria quitta le corps du jeune sorcier. Soledad n’aurait pu dire l’instant précis où cela se passa, il n’y eut ni éclair, ni bruit assourdissant. Gloria partie comme elle était venue et si Soledad compris ce fut essentiellement à la prise de la main du jeune homme qui changea. Les doigts du lion serrèrent les siens avec soudainement plus de force, mais elle ne broncha pas. Elle ne bougea pas, toujours accroupit à ses côtés, mais elle fut tout de suite davantage sur ses gardes. Elle était prête à réagir, et surtout elle n’oubliait pas que dans son désir d’échapper à l’emprise de l’esprit, il venait de briser un accoudoir. La colère du Gryffondor n’avait pu s’éteindre aussi rapidement, Soledad n’y croyait pas un seul instant, et elle n’avait pas l’intention d’en devenir la cible. L’espace d’une seconde, leurs regards se croisèrent et elle lut dans les prunelles du jeune homme toute la détresse du monde. Ca lui serra instantanément un peu plus le cœur. Juste une seconde avant que le moment ne passe. Quand Aodhan se releva brusquement, la mexicaine se redressa à son tour. Le fauteuil où il avait été assis tomba dans sa précipitation mais elle ne fit pas le moindre geste pour le retenir. Elle se contenta de reculer pour se mettre hors de portée d’un mouvement incontrôlé, opposant à la rage d’Aodhan un calme concentré. « C’était quoi, ça ?!!!! » Soledad l’observa avec attention, mais surtout aucune intention d’intervenir. Il avait le droit d’être en colère, d’être perdu et d’exiger des explications. D’ailleurs, elle comptait bien les lui donner, mais seulement quand il serait en capacité de les entendre. Pour le moment, à le voir gesticuler, rageur, de la sorte, il était clair que ça ne servirait à rien de tenter de parler. « Est-ce qu’elle est partie ? » La brune hocha lentement la tête, gardant toujours pour elle ses explications. Le moment allait venir, mais Aodhan avait juste besoin d’encore un peu de temps.

Tandis qu’il faisait les cent pas dans l’espace réduit de la tente, Soledad jaugea qu’il était plus prudent de le laisser tenter de retrouver son calme par lui-même. Il venait de vivre un moment éprouvant, elle n’avait pas envie de le brusquer. Tant qu’il était braqué, elle savait qu’il serait inutile de lui fournir la moindre explication. Il fallait qu’il soit prêt à écouter. Parce que cette fois il ne s’agissait pas juste d’un avertissement qu’elle avait lu dans ses cartes, mais bien de la réalité qui le rattrapait. Dans un premier temps, elle choisit donc de sortir sa baguette qu’elle pointa tranquillement sur le pauvre fauteuil malmené. Heureusement que la magie existait car elle lui permit de réparer le meuble en quelques instants et de lui redonner sa superbe. Quel gâchis cela aurait été sinon. Tandis qu’elle agitait sa baguette pour remettre à leur place les quelques objets qui avaient volés suite au sursaut d’Aodhan, elle lui jeta un coup d’œil. « Ca, c’était Gloria. » Commença-t-elle doucement, espérant que son ton calme aiderait le jeune homme à en faire de même. « Elle occupait cette tente avant moi. » Ses prunelles firent le tour de l’endroit, des tentures chamarrées aux coussins confortables. « C’était une artiste ici, une acrobate de talent, elle donnait l’impression de voler dans les airs. » Soledad eut un sourire ému à ces souvenirs. Gloria était terriblement douée, du moins jusqu’à l’accident. Elle fit une pause quelques instants avant de poser ses prunelles ambrées sur le jeune homme. « Elle est morte depuis plusieurs années. » Conclut-elle. L’avait-il compris ou l’apprenait-il avec ces mots ? Elle s’efforça de lire la réponse sur son visage.

Consciente de la bombe qu’elle venait de lâcher, Soledad décida de laisser quelques instants à Aodhan pour prendre la pleine mesure de ce qu’elle venait de lui dire. Ce n’était pas exactement tous les jours qu’on apprenait que les morts pouvaient prendre possession de notre corps. C’était déroutant, perturbant, même. Elle se détourna donc pour rejoindre un autre coin de sa tente, où sur une petite desserte théière, tasses et diverses herbes attendaient. Des objets non dédiés à la divination cette fois. Elle prit le temps de préparer une infusion avec quelques herbes connues pour aider à calmer les nerfs. Une fois le mélange prêt et chaud, elle servit deux tasses. Elle en garda une dans sa main libre et alla poser la seconde sur la table avant de faire signe à Aodhan qu’il pouvait la boire s’il le souhaitait. « Est-ce que tu comprends ce que ça veut dire ? » Reprit-elle lentement, parfaitement consciente qu’elle évoluait sur un terrain risqué. Malgré tout,  Soledad rangea sa baguette dans sa poche, absolument pas inquiète à l’idée qu’Aodhan puisse s’en prendre à elle. Il pouvait toujours lui crier dessus, ça ne changerait rien. Quant à s’en prendre à elle physiquement, elle ne croyait pas que cela puisse arriver. Pourquoi faire ? Elle n’y pouvait rien si son don s’était rappelé à lui de cette façon. En fait, elle avait même tenté de le mettre en garde. « Ce talent en toi… Ce potentiel inutilisé dont je te parlais, c’est de ça qu’il s’agit. » Reprit-elle lentement, en pesant chacun de ses mots. Elle savait bien que pour le moment son discours était un peu flou, mais elle se devait de faire les choses dans l’ordre. Aodhan devait comprendre et ce n’était pas le genre d’explication qui se précipitait. A chacun de ses mots, elle jaugeait de ses réactions, de sa capacité à encaisser ce qui l’attendait. Quand elle jugea le moment venu, elle reprit « Tu n’as peut-être pas envie de l’entendre, Aodhan, mais tu as un lien avec les morts. » Elle prit une inspiration avant de plonger ses prunelles dans les siennes et de conclure « On appelle ça la nécromancie. »

CODAGE PAR AMATIS




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