Ton téléphone sonne. Compliqué de dormir en ce moment. Tu as cogité toute la nuit et ce n’est que très tard que tu as trouvé le sommeil. Tu regardes l’heure ; il est cinq heures passé, heure de fin du couvre-feu encore. Cette fois, tu laisses sonner et tu mets ton téléphone en silencieux pour ne pas être dérangé. Tu te demandes ce qu’on peut bien te vouloir. Te prévenir que ta boutique a été saccagée par des mangemorts ? Ah non, on t’avait fait le coup hier.

Tu ne retrouves pas le sommeil. Tu te lèves, et fermes les volets. Ça n’arrange pas les choses mais au moins le futur lever de soleil ne te rappelle pas que la nuit a été courte, bien trop courte. Mais tu ne trouves pas plus le sommeil. Tu remarques, à la lumière qui se reflète dans la pièce, qu’on continue d’essayer de te joindre sur ton téléphone. Tu hésites à le placer face contre table pour avoir la paix, mais tu sais que ta nuit de “sommeil” est terminée. Tu cèdes, et finis par prendre ton téléphone pour regarder l’heure, Sept heure, avant de, enfin, accepter de décrocher.

«Allo ? Oui… Oui. Euh… Oui, d’accord.»

De ton temps, la police attendait des heures décentes avant de harceler les gens. Il faut dire que, toujours de ton temps, la magie était encore inconnue des non-majs. Il n’y avait pas encore de lois rendant la magie illégale ; et les crimes magiques étaient plus subtils et souvent couverts par le gouvernement sorcier. Les temps changent. Les mangemorts sont au pouvoir, les tueurs de sorciers également

«Pour neuf heures, très bien…»

Tu dois donc rencontrer un expert du Blood Circle à ta boutique, à neuf heures. Tu ne sais pas à quel point ta présence est nécessaire. D’autant plus que tu n’étais pas là au moment des faits. Peut-être que tu es soupçonné. Peut-être que c’est juste pour l’assurance. En tout cas, ce dimanche ne sera pas de tout repos pour toi. Tu te prépares et, une fois encore, tu t’abstiens de prendre ta baguette. L’emmener alors que tu dois rencontrer un expert du Blood Circle relève du suicide.

Tu te rends à ta boutique. Tu es en avance. Tu as eu toute la journée d’hier et toute la nuit pour te préparer mentalement. Mais tout préparé que tu es, tout va dépendre de la clairvoyance et des compétences de la personne que tu auras en face de toi. Tu attends, adossé au mur de la devanture de ce qui reste de ta librairie. L’inscription “Sang-de-Bourbe” trône juste au dessus de toi. Tu es stressé, tu as un peu peur de ce qui va arriver dans l’heure qui suit. Tu ne sais pas à quel point le Blood Circle connaît le monde des sorciers. Tu ne sais pas à quel point le Blood Circle est avancé technologiquement et magiquement. Tu es presque sûr qu’ils n’ont pas de Veritaserum, mais dans le doute, tu vas t’appliquer pour ne rien boire de ce qu’on te propose. De toute façon, ça serait très étrange qu’on te propose à boire. Tu répètes mentalement “Je ne sais pas pourquoi on s’en est pris à moi, je ne sais pas ce que veut dire cette inscription” comme un mantra. Tu t’appliques à être Hunter Conley, ce non-maj venu du Michigan pour ouvrir sa boutique à Londres. Passeport, Visa, billet d’avion. Tout est en ordre de ce côté là. Tu es irréprochable… Sur le papier, en tout cas.

Tu profites de l’attente pour préparer au brouillon un message pour tes fournisseurs, pour annuler ta livraison de mardi. Inutile qu’ils viennent te livrer, puisque tu n’as plus de boutique. Tu entends des bruits de pas, et tu as le sentiment que c’est pour toi. Tu lèves donc les yeux de ton téléphone et constate qu’une femme se dirige vers toi. Tu ranges ton téléphone dans ta poche et attends qu’elle arrive à ta hauteur.

«Bonjour, vous cherchez Hunter Conley ?»

La femme confirme que c’est bien toi qu’elle cherchait. C’était donc elle l’experte envoyée par le Blood Circle. Elle contemple pensivement l’inscription et fait un bref commentaire sur le sujet. Elle tente ensuite de détendre l'atmosphère en plaisantant sur l’état de la boutique en te conseillant de changer de femme de ménage. Tu restes impassible. C’est tout de même tout ce que tu as construit en une année qui a été réduit en cendres en moins d’une nuit.

«À ce stade là, c’est carrément une entreprise de débarras d’encombrement dont j’aurais besoin. Mais je ne peux pas m’offrir ce luxe, donc on va devoir faire ça nous-même. J’ai déjà commencé hier, avant de faire ma déposition à Scotland Yard.»

L’experte propose d’entrer, tu lui fais signe de passer devant.

«C’est vous la pro, après vous.»

Elle en profite pour se présenter, Lucy Rosebury. Ce nom ne t’évoque rien du tout, mais le contraire aurait été étonnant. Elle ajoute qu’elle risque de devoir te poser des questions que la police t’a déjà posées mais comme il s’agit de crime magique, le Blood Circle doit enquêter de son côté.


«Hunter, Hunter Conley. Mais vous le saviez déjà. D’ailleurs, il vous faut peut-être une pièce d’identité ?»

Tu hausses les sourcil quand elle parle de retrouver les coupables.


«Vous avez un genre de banque de données de sorciers en liberté qui sont des suspects potentiels ? Je veux dire… D’après la police et les témoignages, l’origine du vandalisme est assez explicite. Vous pensez pouvoir retrouver précisément les coupables ? J’avoue que peu m’importent qu’ils soient jugés ou condamnés. Tant que je peux reconstruire ma boutique sans risquer d’être attaqué à nouveau. Et… Pour l’assurance aussi, si elle pouvait en couvrir une partie.»

Tu ne prends pas position. Tu mets en avant la crainte d’être à nouveau attaqué par des sorciers et les soucis financiers que cela provoque chez toi. En contrepartie, tu ne montres pas spécialement d’intérêt à la condamnation de ces criminels. Les non-maj de Londres ignorent comment sont traités les sorciers prisonniers du Blood Circle. Tu dois être comme ces gens, feindre l’ignorance avec une pointe de scepticisme.

L'enquêtrice te questionne sur les raisons pour lesquelles des sorciers pourraient s’en prendre à toi. Tu ne peux clairement pas parler des Mangemorts, de la prise de pouvoir de l’Augurey et du fait que tu n’approuvais pas le choix des agents de sécurité lors des élections sorcières. Non, tu es non-maj respectable qui cherche juste à survivre en vendant des bandes dessinées.

«Non, pas la moindre idée. J’en aurais déjà parlé à la police sinon. Je ne pense pas avoir d’ennemis, qu’ils soient humains ou sorciers. Comme je l’ai dit à la police, je n’ai reçu aucune lettre de menace, de demande de rançon, rien. Ça m’est tombé dessus comme ça, et c’est en recevant un appel très tôt de la police, hier matin ; pour m’annoncer que ma boutique avait été vandalisée magiquement, que j’ai appris qu’on en avait après moi.»

Tu hausses les épaules en regardant ce qui reste de ta boutique. Les mangemorts s’étaient arrangés pour seulement détruire l’intérieur, brûlant seulement les livres et les meubles, et empêchant les flammes de se propager sur les étages au-dessus ou à côté. En agissant ainsi, il est probable que des vies non-maj ont été épargnées, mais pour toi le message est clair : tu es spécifiquement ciblé.

«Peut-être qu’ils ont juste frappé au hasard, et qu’ils sont tombés sur moi. J’aime pas parler du hasard mais je ne vois pas qui pourrait m’en vouloir. Des jeunes sorciers torchés qui se sont dit qu’ils allaient cramé quelque chose. Ou alors, ils n’aiment pas les Bandes Dessinés de superhéros, ils auraient pu voir ça comme une insulte à leur magie. J’en sais rien du tout… Mais, j’espère que vous arriverez à y voir plus clair que moi.»

Tu es un peu nerveux. Tu parles beaucoup. Si elle te soupçonne de quoi que ce soit, elle va le remarquer. Tu ne dois pas oublier que tu es un non-maj des plus banals.

«À vrai dire, j’avais peur d’avoir des ennuis avec vous. Enfin, pas vous personnellement, mais avec le Blood Circle, à cause de mon activité. Je craignais que les bandes dessinées de superhéros ne soient soupçonnées de promouvoir un monde magique, ou un truc du genre. Je pensais risquer d’être contrôlé et qu’on me demande de fermer, ou un truc du genre. Je n’aurais pas imaginé que des sorciers puissent s’intéresser à moi.»

L’experte du Blood Circle semble être tout aussi à l’aise que toi pour ce rendez-vous. Elle doit avoir ton âge, peut-être même un peu plus jeune ; mais tu commences à arriver à un âge où le tien est de moins en moins fiable pour jauger les qualifications de tes interlocuteurs. En tout cas, elle n’a pas pensé à te demander si tu dois présenter une pièce d’identité mais elle ne la refuse pas lorsque tu le proposes. Tu t’empresses de sortir ta carte d’identité, ainsi que ton passeport à jour.

La femme parle de retrouver les coupables. Cela attise ta curiosité. L’origine magique du vandalisme n’est pas à prouver. C’est, sans nul doute, l'œuvre de sorciers. Là où le doute peut-être permis, c’est si ce sont vraiment des adeptes de l’Augurey, ou de simples idiots qui usurpent la signature des mangemorts. La deuxième option étant peu probable, peu de fous prendraient un risque pareil, tu es naturellement parvenu à la conclusion que des mangemorts n’ont pas trop apprécié ton intervention lors des élections. Le crime étant d’origine magique, tu t’interroges sur la réelle possibilité, pour le Blood Circle, de retrouver les coupables. Le Blood Circle, par définition, veut coller une balle dans la tête de tous les sorciers. Il est donc étonnant que des sorciers, connus par le Blood Circle, puissent être en liberté. Peut-être ont-ils une liste de personnes suspectes qu’ils surveillent régulièrement. Peut-être es-tu toi-même si cette liste. Tu joues la carte du type curieux, mais surtout inquiet. Tu n’as pas trop besoin de te forcer. Parce que inquiet, tu l’es beaucoup. Ils avaient donc bien une banque de données. Ou plutôt, ils avaient une liste de personnes qui s’étaient un jour révélées être des sorciers. Nouveau haussement de sourcil de ta part.

«Mais… Vous ne les aviez pas arrêtés ? On peut… Devenir sorcier ? Et ça peut se guérir ? »

Elle promet d’essayer de retrouver les coupables. Ils font de leur mieux pour assurer la sécurité des non-maj. Elle ajoute que la lutte contre les sorciers n’est pas quelque chose qui s’improvise et te propose d’installer une balise anti-sorcier dans le secteur.

«Oui… C’est normal, je comprends que c’est pas en un claquement de doigts que tout va être réglé.» Tu évites volontairement la question de la balise. La précédente balise installée à proximité t’avait totalement mis hors-service pendant des mois. Tu avais totalement perdu tes pouvoirs et tu t’étais retrouvé dans un état de fatigue qui t’avais très dangereusement rapproché de la mort. Mais tu ne peux pas éviter trop longtemps la question des balises, sinon ça risque de te rendre suspect. «Ces balises ? C’est vraiment sans danger pour les humains ? Je sais qu’on vit tous les jours à l’exposition d’ondes wifi, avec nos téléphones dans nos poches et qu’on s’en porte très bien. Mais… Ça risque pas de nous transformer en sorcier ou je ne sais quoi ?»

Peut-être que tu en fais un peu trop. Au pire, ça n’en fera qu’une de plus qui te prendra pour un abruti fini. Ça arrange tes affaires, personne ne se méfie des idiots ; tout le monde se pense plus malin qu’eux.

Lorsqu’elle te demande si tu as une idée de la raison pour laquelle on t’a pris pour cible, tu feins l’ignorance. Tu n’es qu’un simple non-maj après tout, comment pourrais-tu savoir pourquoi des sorciers t’ont pris pour cible. Tu ne peux que faire de simples suppositions. Tes hypothèses semblent convaincre moins que moyennement l’inspectrice Rosebury (Franchement, ça en jette). Elle rétorque que les vandales ne sont pas malins, que les bandes dessinées existent depuis longtemps et qu’ils avaient tout le temps du monde pour s’offusquer d’une pareille chose.

«Vous prêchez un convaincu… Je vous partage juste ce que j’ai cogité cette nuit. Parce que à part le fait qu’ils puissent se sentir insulté, je vois pas. »

Tu interromps les réflexions de Mrs Rosebury lorsque tu évoques les soucis que tu pourrais avoir avec le Blood Circle vis-à-vis de ton activité. Elle n’avait jamais vu les Bande Dessinées de super-héros comme étant une forme d’apologie de la magie. Tu n’es pas d’accord. D’accord, certains personnages sont de simples humains sans pouvoir autre que leur argent, leur facultés sensorielles plus développé que la normale et surtout leur incommensurable intelligence et faculté de déduction. Mais la plupart étaient dotés de pouvoirs surnaturels. Qu’ils soient des dieux, des extraterrestres ou des sujets d’expériences, pour certains, d’échecs d’expériences pour d’autres. La situation de tous ces personnages est très proche de la situation des sorciers. Bref… Tu n’es pas d’accord, mais tu ne comptes pas lancer un débat afin de donner le bâton pour te faire battre. Si ce que tu fais ne cause pas de problème d'Éthique aux yeux du Blood Circle, c’est pas toi qui va aller réclamer des embrouilles. Elle ne s'attarde pas sur le sujet, et c’est tant mieux. Du moins tu espères que c’est bon signe.

«Non, je n'ai jamais ressenti le besoin d’installer de caméras. Ce sont principalement des passionnés, et des habitués, qui viennent» C'est surtout que tu n’as pas d’argent à dépenser là-dedans. «La police m’a pas donné d’infos pour les caméras de la rue, et j’avoue que j’y ai pas pensé.»

Georges Orwell l’avait pourtant dit : “Big Brother is watching you !”
Tu demandes si c’est suspect de ne pas avoir pensé aux caméras de surveillance. Est-ce que n’importe quel non-maj aurait pensé à demander ? Non. Tu étais sous le choc, et il n’y avait pas de doute à avoir sur l’origine de ce crime. La police ne cherchait pas des petits délinquants de quartier, les vidéos ne leur vont pas leur apporter grand-chose. Et ta boutique a été incendiée. Entre les livres brûlés et ceux noyés, ton principal souci n’est pas de savoir comment retrouver les coupables ; ça c’est le problème de la police et du Blood Circle.  Ton souci devrait plutôt être : Ton activité vient de cramer, comment tu allais t’en sortir financièrement ?

Tu emboîtes le pas de l’agente du Blood Circle, en estimant que tu t’en sortais comme un chef. Le fait de ne pas avoir d’excuses pour tout devrait te rendre normal. Un pauvre non-maj sur qui la foudre des sorciers s’est abattue. Tu reprends confiance, te demandant pourquoi tu flippais autant. Il n’y a pas de raisons pour qu’on puisse te soupçonner d’être sorcier. Enfin… Ça, c’est ce que tu pensais jusqu’à ce que Mamzelle Lucy te rappelle l’existence de l’inscription sur la devanture. Tu ressens une violente décharge parcourir ta colonne vertébrale. L’inscription. C’était ta kryptonite. Ce fragment qui te relie aux tiens et qui a le pouvoir de causer ta perte. Tu hausses les épaules, relevant les bras, paumes vers le ciel en signe d’impuissance tout en faisant un bruit de bouche qui exprime ta totale ignorance.  

«J’ai jamais lu ça avant de la découvrir ici.»

À part lors de quelques lettres moqueuses que tu avais reçues par hibou, lorsque tu étais encore à Ilvermorny. Mais tu n’as pas trop souffert de ton ascendance là-bas. Les non-majs et les sorciers issues de lignées de non-majs sont bien plus tolérés qu’ici ; le fait que l’école magique  nord-américaine ait un non-maj parmi ses fondateurs doit probablement beaucoup y contribuer.

«J’ai pensé à un genre de formule ou d’incantation pour maudir l’endroit. Mais la police ne m’a pas empêché de rentrer donc j’en ai déduis que c’était sans trop de danger. Mais dans le doute j’ai préféré attendre pour essayer de l’effacer.»

Tu ignores si tu prends un bon chemin, pour te couvrir. Est-ce que ta réponse est cohérente pour un non-maj qui n’y connaît rien ? Est-ce que même un non-maj aurait compris que c’est une insulte ? Que sang-de-bourbe se réfère directement à l’impureté du sang de la personne ; que le sang des non-majs est comme une boue toxique aux yeux de certaines personnes.

Et la vraie question que tu te poses… C’est… Est-ce que cette Lucy Rosebury sait ce que signifie cette inscription ? Est-ce que tu vas sortir de cette rencontre menottés avec leurs bracelets anti-magie, une piqûre de sérum et une balise anti-magie profondément insérée dans ton rectum ?

L’experte du Blood Circle t’explique que ce n’est pas facile de mettre la main sur les sorciers pour les mettre hors d’état de nuire. Les identifier c’était une chose, les rechercher c’en était une autre et les attraper en était encore une toute autre.

«Pardon, j’avais mal compris. Je pensais que vous aviez une liste de personnes que vous surveillez à leur domicile, ou un truc dans ce style là, et que vous attendiez d’agir. D’où ma surprise. Mais oui, si vous n’avez qu’un visage ou un nom sans rien d’autre, c’est tout de suite plus compliqué. Surtout qu’on ne sait pas trop de quoi ils sont capables.»

Tu hoches la tête quand elle t’affirme qu’on naît sorcier et qu’on ne le devient pas. Bien entendu, tu savais déjà ça, mais tu te dois de jouer le rôle du non-maj idiot effrayé qui ne comprend pas ce qui se passe. Tu dois néanmoins t’assurer de ne pas trop en faire, sinon c’est suspect. Surtout de la part d’un gars qui vend des comics, où la magie est quelque peu abordée.

«Je vois. J’ai été beaucoup pris ces derniers temps. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller me procurer une dose de sérum, au cas où. »

Tu concèdes que la lutte contre les sorciers ne va se résoudre d’un simple claquement de doigts. Après avoir éludé le sujet des balises, tu te dis que tu ne peux pas t’en tirer sans les évoquer. Tu finis par demander si c’est vraiment sans danger. Tu gaffes légèrement en demandant si cela ne risque pas de transformer les gens normaux en sorciers, elle qu’elle vient tout juste de te dire qu’on ne devient pas sorcier. En tout cas, elle ne relève pas. Peut-être que tu es crédibles dans ton rôle de pauvre type perdu et effrayé. Elle explique que les balises ont été testées et sont absolument sans danger pour les non-maj. Si une autres de ces merdes est installées prêt de ta boutique, tu vas devoir en subir à nouveau les effets. Heureusement, ta boutique est à rénover et tu seras donc moins exposé que la dernière fois.

Lorsqu’elle te demande si tu as une idée de pourquoi des sorciers s’en prendraient à toi, tu réponds que tu ne sais pas. Tu n’as pas d’ennemi, tu n’as reçu aucune lettre. C’est l’appel de la police la veille qui t’a appris qu’on en avait après toi. Du moins, c’est ce que tu as répondu à Mrs Rosebury. Les véritables raisons, tu les connais, mais tu ne peux pas lui parler des élections, de la pureté de ton sang, ainsi que ton expulsion du bureau de vote par les mangemorts. Tu tente de parler de hasard, même si tu sais que la théorie n’est pas crédible, et donne un coup d’épée dans l’eau en évoquant tes Bande Dessinées qui pourraient avoir offensé des sorciers.

Cette nouvelle théorie ne la convainc pas plus que ça. Ou alors, c’est que les sorciers sont vraiment stupides, car les BD existent depuis bien longtemps et c’est seulement maintenant qu’ils se réveillent. Elle fait volte-face quand tu évoques ta peur du Blood Circle vis-à-vis de tes articles. Elle te rassure en disant que les comics ne sont pas du tout dans le viseur du Blood Circle, et tu te contentes de répondre que tu partageais juste le fruit de tes cogitations nocturnes. Au final, tu as plus de questions que de réponses à  apporter.

Elle te demande si tu as des caméras dans ta boutique, ou s’il y en avait dans la rue. Pour ta part, tu n’as pas d’argent à dépenser dans de la surveillance, et pour ce qui est de la rue, la police ne t’a rien dit à ce sujet là. L’experte du Blood Circle pense en avoir vu une au coin de la rue, mais elle doute fortement qu’elle puisse voir quelque chose puisque les sorciers ne se déplacent pas en voiture, et rarement à pied. Elle claqua des doigts en semblant chercher le mot pour qualifier un mode de déplacements instantané.

«Téléportent ?»

C’est bien le mot qu’elle cherchait. Tu vous félicites, à Balthazar et à toi, d’être venus à pied pour virer des trucs la veille, et d’être repartis avec des restes de BD calcinées pour tromper d'éventuels témoins. Elle finit par te demander ce que tu sais à propos de l’inscription. Tu ne peux décemment pas lui dire que tu sais parfaitement ce que cette insulte veut dire et les raisons pour lesquelles tu penses qu’elle a été écrite sur ta devanture. Autant mettre directement un pistolet sur ta tempe et tirer. Tu feins donc l’ignorance, au risque de provoquer l’agacement de la femme. Tu prétends avoir craint un genre de malédiction, ou autre truc mystérieux, mais comme la police ne t’a pas empêché d’entrer, tu en as conclu que c’était sans risque. Tu sens que tu passes pour le dernier des idiots lorsqu’elle ironise sur l’acharnement que ta boutique subissait s’il s’agissait vraiment d’une malédiction. Ton cœur manque un battement lorsqu’elle affirme que l’expression en question est en réalité une insulte. La surprise te terrasse une seconde ou deux pendant lesquelles tu regardes l’inscription en réfléchissant à la manière dont tu allais t’en sortir. Tu n’es pas braqué par une arme, ni menotté. S’il y a des soupçons sur toi, ils sont encore insuffisants pour qu’on puisse t’arrêter.

«Plutôt bizarre comme insulte. C’est plutôt soft par rapport à nos insultes à nous.»

Elle t’explique, en t’épargnant les détails génétiques, que les gens normaux peuvent mettre au monde un enfant sorcier. Ces enfants ne sont pas acceptés parmi les sorciers et sang de bourbe évoque l’impureté de ce sang. C’est une insulte pour signifier que ces individus viennent de la boue et ne sont pas des vrais sorciers.

«Ils sont racistes entre eux ? Vous me direz, ce n'est pas si différent de notre société.»

Tu comprends très bien où elle veut en venir lorsqu’elle feint de s’interroger à voix haute sur les raisons de cette insulte sur ta devanture. Elle n’avait pas besoin de te demander ton avis, tu comprends très bien le raisonnement le plus probable.

«J’imagine que l’hypothèse la plus probable soit…» Tu te montres compréhensif en essayant de garder ton calme, de ne pas trop paniquer. Une fois encore, tes meilleures chances c’est de passer pour un idiot qui n’y connait rien. Un pauvre innocent sur qui le sort s’abat et… Non, il ne faut pas que tu sois trop calme. Tu dois avoir peur. Ou être indigné d’être accusé de la sorte, toi le pauvre non-maj stupide, victime d’une injustice. «Attendez… Vous me suspectez ? Vous pensez… Vous pensez que je suis un sorcier ? Je le saurais si j’étais un sorcier !» Une idée te traverse l’esprit et tu la saisis aussitôt. «À moins que… À moins que… C’est possible que je le sois sans le savoir ? Je m’en serais rendu compte, non ?»

Elle te demande si tu as des employés. Tu pourrais te décharger sur Billie même si, concrètement, c’est seulement un stagiaire, pas un employé. Le Blood Circle te laisserait tranquille le temps de l'interroger. Le timing pourrait être suspect. Juste après qu’il commence son stage, ta boutique est dévastée. Le suspect idéal, et en tant que non-maj, le jeune homme ne risquerait rien. Mais après la fin de l’enquête, les soupçons se reposeraient de nouveau sur toi.

«Non, je travaille seul. Des clients m’aident de temps en temps, mais pas d’employés.»

Et s’il faut s’amuser à contrôler tous tes clients, ça risque d’être vite compliqué pour tout le monde.

«Après, peut-être qu’il y a des… Sang de bourbe ? Parmi eux. Mais ça, j'en ai aucune idée.»