Tu es si fort et si fragile viens dans mes bras je te ferai une île

tu es si fort et si fragile, viens dans mes bras je te ferai une île

Shelby & Ethan - 04 novembre 2018

D'un pas dansant, elle rejoignait l'artère commerçante de Pré-Au-Lard, regardant tout autour d'elle comme si elle découvrait ce monde pour la première fois. Comme toujours, ses yeux pétillaient d’émerveillement en voyant les vitrines remplies de bouquins, de robes de sorciers, ou d'autres choses qui rappelaient que cet endroit n'était pas ordinaire. A tel point qu'elle se sentait un peu comme une gamine devant les étalages colorés de chez Zonko, ou les objets toujours plus étonnants de chez Derviche et Bang. Après quelques instants, elle arrivait à l'angle où se dressait la jolie façade rose bonbon du salon de Thé de Madame Pieddodo, qu'elle connaissait plutôt bien pour y avoir passé presque tout ces moments de quartier libre quand elle était élève, ou du moins, pour n’avoir jamais manqué une seule occasion d’y faire un petit passage. Elle esquissait un sourire en regardant la vitrine, où trouvaient leur juste place des tours composées de tasses et soucoupes, d’où la magie les aidaient probablement à ne pas s’écrouler, et dont la porcelaine faisaient frémir de jalousie la rouquine. Ou encore, des présentoirs recouverts de patisseries toutes plus alléchantes les unes que les autres, ce genre de gâteaux qu’elle préparait elle-même lorsqu’elle rendait visite à sa chère voisine Myrna, ou simplement pour ses enfants, et son mari, plus gourmand qu’eux. Mais ce dernier point ne l’empêchait pas de saliver à la vue de ceux de Madame Pieddodu, et probablement qu’elle ne pourrait se retenir d’accompagner son thé de l’un d’eux durant son rendez-vous.

Quelques jours plus tôt, elle avait envoyé une lettre à son fils aîné, son gros bébé, afin de l’inviter à la rejoindre ici aujourd’hui. Au-delà du fait qu’il lui manquait déjà énormément, et que le voir quelques heures lui procurerait une grande satisfaction, elle avait aussi, et surtout, des choses à lui dire. Des choses importantes, qui justifiaient qu’elle ne lui avait pas demandé de venir avec sa petite soeur, bien que l’envie avait été grande. Tant pis, elle trouvera bien un prétexte pour revenir voir sa fille, cette fois, ou peut-être pas forcément d’ailleurs. Fallait-il une autre bonne raison que l’envie de voir ses enfants pour le faire ? Pour Shelby Prewett, absolument pas. Profitant de son reflet dans la vitre, elle jetait un rapide coup d’œil à son apparence, vérifiant que le serre-tête qui retenait sa longue crinière rousse était toujours bien en place et que sa jolie robe ne s'était pas froissée sous son manteaux pendant le voyage. Après quelques ajustements, et parce qu’il faisait déjà un froid de canard en ce début du mois de novembre, elle poussa enfin la porte du salon, faisant retentir dans toute la pièce la clochette qui lui rappelait son adolescence. Après tout, elle avait un bon quart d’heure d’avance, comme toujours, et puis elle ne doutait pas qu’Ethan n’aura qu’à jeter un oeil à leur table habituelle pour apercevoir la chevelure de feu de sa maman.

Être une habituée des lieux avaient certains privilèges, comme se faire accueillir par la propriétaire en personne d’une série de bises, mais aussi d’avoir une table presque attitrée dans un des coins les plus tranquilles de l’établissement. Et si ce n’était que ça, elle n’eut pas besoin de commander l’une des patisseries de la vitrine pour se la voir offerte avec son thé au caramel. « Je vais en prendre deux s’il te plaît » Annonça t-elle, d’une voix chantante, alors qu’elle s’installait dans l’un des fauteuils de part et d’autres de la table basse, pendant qu’on lui préparait sa commande, qu’au passage, elle n’eut même pas besoin de passer non plus. Il ne se passa pas longtemps avant que la clochette de la porte retentit à nouveau sur celui qu’elle attendait, ce qui suffit à lui étirer un sourire jusqu’aux oreilles en posant les yeux sur son grand garçon. Alors qu’il s’approchait déjà en la saluant, la jeune femme posa sa tasse sur la table ronde. Déjà, il l’embrassa tendrement, mais pensez bien que Shelby, elle, n’allait pas en rester là. S’il pensait qu’il s’en tirerait d’une simple bise … « Mon gros bébé ! » S’exclama t-elle en se levant, avant d’attirer son fils tout contre elle. Autant dire que la vision était très drôle, la rouquine toute frêle et fragile qui serrait dans ses bras un grand gaillard comme Ethan, qui n’aurait pas besoin de beaucoup d’effort pour se dégager de là. « Thé au caramel, comme tu l’aimes mon chéri, et muffin aux pépites de chocolats ! Dit-elle, avant de froncer les sourcils en examinant le garçon. Tu en as besoin d’ailleurs, moi ça va, mais toi, je te trouve un peu pâlot … Et tu n’aurais pas perdu un peu de poids par hasard ? Mais ça, elle n’avait presque aucun doute sur la raison … Enfin … installes toi va, et raconte moi un peu comment ce début d’année s’est passé ! »
   

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Shelby & Ethan - 04 novembre 2018

Cela faisait plus de deux mois qu’elle n’avait pas vu son grand garçon, et c’était déjà beaucoup trop pour la maman poule qu’elle était. Si autrefois, elle passait au moins une fois par mois rendre visite à ses enfants malgré les moqueries que cela pouvaient leur causer, elle trouvait beaucoup moins le temps pour cela depuis qu’elle avait changé de carrière. Tenir la chronique des faits divers de la Gazette du Sorcier demandait beaucoup de travail et d’implication, mais aussi énormément d’énergie qui faisait que lorsque la jeune femme avait une journée de repos, elle n’avait pas envie de courire partout. Bon, bien sûr, cela arrivait bien plus souvent qu’elle ne le voudrait, puisque les courses ne se faisaient pas toutes seules, et le ménage de la maison non plus. Comprenez bien qu’il serait intolérable pour une famille comme les Prewett d’employer des elfes de maison, même rémunérés. Alors dans tout ça, le temps pour voir ses enfants se présentaient beaucoup moins, mais elle faisait des efforts car il était impensable pour Shelby Prewett de ne pas les voir entre chaques vacances. Et d’ailleurs, les deux jeunes gens savaient très bien qu’il n’avait pas intérêt d’annoncer qu’ils ne rentreraient exceptionnellement pas pour les vacances de Noël, sous peine de se prendre une beuglante salée tous les jours jusqu’à ce qu’ils renoncent. Non mais et puis quoi encore ? Ca grandit tellement vite ces choses là qu’il y en aurait assez pour qu’elle ne les reconnaisse plus une fois de retour à la maison.

Alors bien évidemment, au delà de la raison particulière pour laquelle elle avait demandé à son fils de la rejoindre ici, elle rayonnait rien qu’à le voir arriver dans le salon de thé, et ne manquait pas l’occasion de lui prouver toute son affection, comme à son habitude. Bien sûr, le garçon marmonna entre ses dents d’arrêter de l’appeler mon gros bébé, mais ça, la jolie rousse fit évidemment, comme toujours, comme si elle n’avait rien entendu. Ce qu’elle ne manqua pas de faire remarquer, en revanche, c’était l’impression qu’il lui donnait d’avoir perdu un peu de poids et d’être beaucoup plus pâle que d’habitude. Non pas qu’elle le jugerait de malade, mais quand même. « Il y a des choses qui ne passent pas inaperçues aux yeux d’un maman, commença t-elle en réponse à la question du garçon, et cela en fait parti mon chéri ! » Bien sûr, elle avait toutes les raisons de croire que ce petit changement physiques chez son fils avait quelque chose à voir avec la lettre qu’elle avait reçu quelques temps plus tôt de la jeune MacLean qu’il mentionnait. En réalité, elle en était même certaine, et c’était d’ailleurs pour cela qu’elle avait demandé à le voir, aujourd’hui.

Comme elle venait d’inviter son garçon à le faire, elle s’installa à nouveau sur le fauteuil qu’elle avait quitté quelques instants plus tôt. Croisant ses longues jambes recouvertes d’un collant chaud, elle laissa la parole à son fils qui lui raconta les quelques soucis d’adaptation qu’il avait pu rencontrer en ce début d’année. Il était vrai que le jeune homme avait fait sa première rentrée à l’université, et si cela ne cessait de rappeler à la jeune femme que le temps filait à une vitesse phénoménale, il suffisait également à la rendre fière, bien que le dernier mot de son garçon lui fit légèrement grincer des dents. « En théorie ? J’espère bien que tu vas mettre cette théorie en pratique, jeune homme … Commença t-elle sur un ton sévère comme toujours quand cela concernait les études, avant de reprendre une tonalité plus douce. Enfin, je suis contente alors si tout va bien … J’ai reçu un hiboux de ta soeur, tout va pour le mieux pour elle aussi, d’après ce qu’elle dit ! » Finit-elle en tendant sa tasse à son fils qui lui proposa du thé, puis qui reprit aussitôt la parole. La jeune femme en profita pour boire une gorgée, avant de lui répondre. « Ton père n’est pas encore rentré. Je ne sais pas exactement sur quoi il travaille en ce moment, mais il est toujours bloqué à l’étranger. A la Gazette aussi nous avons beaucoup de travail. Quelques … événements … tenta t-elle de ne pas trop en dire, sur lesquels je suis envoyée … Mais je ne suis pas venue ici pour t’ennuyer avec le travail mon chéri … » Son sourire s'effaça progressivement, puis elle baissa les yeux sur sa tasse qu’elle posa sur la table basse. « En fait je … commença t-elle, hésitante, avant de reprendre d’une voix plus grave. J’ai reçu une lettre de ton amie Ailsa il y a quelques jours … » Finit-elle alors que sa voix sembla se briser sous des larmes menaçantes.

   

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Shelby & Ethan - 04 novembre 2018

Non, ce n’était certainement pas pour parler du travail que Shelby Prewett était venue jusqu’à Pré-Au-Lard pour voir son fils. Oh, bien sûr que cela pouvait arriver. Il fallait bien avouer que son travail, et celui d’Henry avaient tout les deux quelque chose de passionnant, et cela faisait d’ailleurs énormément plaisir à la mère de famille de voir que son fils pouvait s’en intéresser. Le métier de journaliste, s’il n’était certe jamais de tout repos, avait aussi ce grand avantage d’être totalement imprévisible. Aucune journée ne se ressemblait, et en les quelques années qu’elle avait commencé à pratiquer, l’ennui n’avait pas encore eu l’occasion de s’installer. Bien sûr, certains sujets étaient moins passionnants que d’autres. Il fallait bien avouer qu’elle en mettait moins d'entrain à aller interviewer la nouvelle propriétaire de la boutique de prêt-à-porter de Pré-Au-Lard. Et que d’intervenir sur une catastrophe qui ferait le buzz à coup sûr l’excitait beaucoup plus malgré le danger que cela pouvait représenter. Mais tout était si bien dosé qu’elle n’avait pas le temps de trouver cela lassant, du moins, pour le moment. Peut-être qu’après quelques années supplémentaires d'exercice la jolie rousse ne tiendra plus le même discours, mais ça, seul le temps pouvait le dire, et elle, elle préférait se contenter de prendre les choses comme elles venaient.

Pourtant, il y avait certaines choses qu’elle se serait bien gardée de prendre, justement. Et la principale était ce dont elle était venue parler à son fils aujourd’hui, et qui n’avait rien à voir avec le travail. De toute façon, même si elle avait voulu, elle n’était pas certaine de pouvoir apprendre à son fils ce sur quoi elle travaillait en ce moment. Ces événements inexpliqués et qui donnaient tout l’air qu’une menace planait sur eux. Oui, cela l’inquiétait. Mais il y avait autre chose qui l’inquiétait aussi, quelques chose de bien plus personnel, à tel point que le ton rassurant de son grand garçon ne put effacer cette mine sombre qu’elle prit avant  d’évoquer la lettre d’Ailsa MacLean, la petite amie de ce dernier. Instanténement, derrière la brume qui remplissait ses yeux, elle voyait l’expression de son fils changer, accompagnée d’une exclamation de surprise.

Mais quand celui-ci s'étouffa dans son thé, le regard sombre de la jeune femme se transforma en panique, tandis qu’elle se redressait déjà dans son fauteuil, prête à lui tapoter le dos. « Ethan tu vas bien ?! » Sa voix trahissait probablement la terreur exagérée dont elle fit preuve bien trop rapidement puisque le garçon reprit très vite ses esprits sous l’oeil rassuré de sa mère. Mais pouvait-on en vouloir à une mère de s’inquiéter aussi vite pour son enfant ? « Bon ça va alors … » Répondit-elle alors, en s’enfonçant à nouveau dans son fauteuil. Quoique au vu de ce qu’elle avait à annoncer, les choses n’allait pas aller si bien que ça très longtemps … D’ailleurs, le sujet revint rapidement sur le tapis alors que le garçon la questionna à propos de la fameuse lettre. Une mine déçue apparut alors presque immédiatement sur le visage de la rouquine qui laissa échapper un long soupir. Oui, en cet instant, elle était déçue que son propre fils ne profite pas de la situation pour lui parler lui-même de ce dont elle savait déjà. En fait, elle était déçue qu’il ne lui ait simplement jamais rien dit sur cette histoire avec la MacLean. Ne faisait-il pas assez confiance à sa mère pour avouer une chose aussi importante ? Elle s’éclaircit la gorge, tandis que son regard chercha celui du garçon. « S’il te plait Ethan … ne fait pas comme si tu ne savais pas de quoi je voulais te parler … Commenças t-elle alors. C’est déjà … bien assez difficile … Sa voix devint tremblante. Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Pourquoi il a fallu que je l’apprenne par ton amie ? » Une pointe de colère s’y glissa, alors qu’une larme roula sur sa joue.

   

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