C’est fou ce que les enfants peuvent être ingrats. Ils oublient bien vite cet âge où ils ne voyaient le monde qu’à travers les yeux de leurs parents, cherchant le réconfort dans la présence d’une figure parentale et un matin, ils se réveillaient prétextant qu’ils étaient assez grands pour ne plus avoir besoin de personnes. Et bien pour les parents c’est pas si évident, enfin pour Myrna en tout cas, mais quand elle voyait la voisine, elle se disait que ça allait être exactement la même chose quand ses deux loulous quitteraient le navire pour s’installer.
Ils étaient marrants tous autant qu’ils étaient à vouloir se détacher, ayant quelque part sûrement honte de leurs parents mais la roue tournait un jour ou l’autre et quand ils auraient leur marmaille, parce qu’ils avaient quand même intérêt à avoir des enfants, ils feraient comme tous les parents avant eux, ils se plaindraient à leurs propres parents que franchement leurs enfants faisaient pas d’efforts. Myrna avait fait le coup aux siens quand Thomas était parti de la maison. Plainte qui avait fait sourire sa mère trop peu compréhensive pour le coup qui avait eu le toupet de lui dire qu’elle passait qu’une fois par semaine à l’âge de Thomas. Non mais voilà, le premier petit enfant, il fallait rien dire dessus.
Il n’empêche que sur le deuxième enfant de la petite fratrie O’Malley, Sean avait été beaucoup mieux géré puisqu’il avait fait le combo de s’installer pas très loin de la demeure familiale et qu’en plus il bossait au même endroit que sa mère. Franchement si ça c’était pas le pied, qui ne serait pas ravi ? Et bien à part Sean ? Sûrement personne, c’est fou quand même, qu’il trouve le moyen de se plaindre du fait que sa mère soit fière de lui, il aurait préféré l’inverse ? C’est vrai que ça devrait être tellement mieux d’avoir d’être un enfant qui ne trouve jamais grâce aux yeux de ses parents. Et puis oui elle s’inquiétait, n’était ce pas là le rôle des parents que de trembler chaque fois que son enfant se met en danger ? Autant lorsqu’il s’agissait d’elle, elle n’avait jamais trouvé le métier d’Auror spécialement dangereux, autant lorsqu’il s’agissait de son fiston, ah là c’était une tout autre histoire et il y avait toujours eu cette fierté – complètement déplacée – que son enfant suive la même voix, mêlée à la peur qu’il lui arrive un truc.

Alors il fallait bien vérifier que son grand bébé allait bien et pour cela et bien oui elle venait le voir sur son lieu de travail. Et puis, oui elle avait bien annoncé à tout le monde que c’était son fiston, malgré la logique du nom de famille, mais c’était pour une bonne raison. C’était afin d’éviter qu’un imbécile décide de faire de son bébé d’amour son souffre-douleur, là au moins c’était clair, maman défendrait sa progéniture.
Et cette histoire de marche alors ? Est-ce qu’il fallait vraiment enquiquiner Sean ? En même temps, s’il n’avait pas l’intention de s’en occuper, il fallait être clair dès le début. Est-ce qu’il s’était senti obligé ? Probablement mais ça ne changeait pas le fait que Myrna était plus que satisfaite du fait qu’il vienne à la maison. C’était même presque la bonne excuse cette marche, comme ça elle était sûre de le voir une fois dans la semaine en dehors du lieu de travail. Parce que soyons franc cinq petites secondes, cette marche elle aurait pu demander à Henry de passer y jeter un coup d’œil ou encore s’y coller elle-même. Il suffisait de demander à Leah de montrer les vidéos youtube afin de voir comment les gens faisaient, même s’ils allaient beaucoup trop vite à expliquer pour Myrna qui avait pour ainsi dire quelques lacunes en bricolage et elle ne pouvait même pas accuser Colin de ne pas lui avoir appris, il aurait été plus que ravi de lui apprendre ce genre de choses. Sauf qu’elle s’était déchargée, partage des tâches la base dans un couple et maintenant il fallait bien trouver quelqu’un pour faire les réparations et qui de mieux que Sean pour ça ? Bon c’est surtout parce que Thomas avait pas l’air chaud du tout et qu’il avait prétexté que son travail lui prenait beaucoup de temps… c’est vrai qu’Auror on glande toute la journée, merci Thomas.

Puisque Sean avait promis qu’il passerait aujourd’hui, elle avait quand même fait des efforts – même si est ce que c’est vraiment un effort, pas sûr – et avait préparé un plat qu’il aimait bien et qu’il pourrait ramener chez lui. Au moins avec ça, elle était sûre qu’il ne se laisserait pas mourir de faim le pauvre garçon. Et pourtant, lorsqu’il arriva, elle n’était pas dans la cuisine ou même dans l’entrée. Afin de gagner du temps et que Sean ne râle pas pendant trois heures, déjà qu’il venait, elle était allée chercher les outils de Colin dans le garage.  En portant la caisse à outil jusqu’en haut des marches, elle se demanda vraiment l’intérêt d’en avoir autant, c’était quoi son délire à Colin ? A quoi ça sert d’avoir 10 tournevis cruciforme ? Faudrait qu’on lui explique à Myrna parce qu’à part peser lourd dans la caisse, elle n’en voyait pas l’utilité.

Un sourire illumina son visage en constatant que son grand bébé était déjà arrivé et lâcha – déposa serait plus le mot adéquat – la caisse à outil pour le rejoindre et lui faire un bisou.
« Tu arrives tôt, je viens de monter la caisse d'outils. Tu veux un café ? Du jus de pomme ? Il y a du gâteau aussi si tu as faim. Tu vas bien ? Tu manges avec nous ce soir bien sûr ? »

Grand bruit, grand bruit, tout de suite, ce n’était pas de la faute de Myrna si ça résonnait lorsqu’elle posait des trucs, ou encore que la caisse à outil soit plus lourde que prévue. Et aussitôt Sean s’inquiétait, à croire que sa mère était du genre à lâcher les choses qu’elle tenait dans ses mains, est ce que ça voulait pas dire qu’il la prenait pour une vieille ça ? Il flippait vraiment pour pas grand-chose, comme un papa poule, comme quoi il ferait un bon papa, il serait peut-être temps de se mettre en quête d’une future madame O’Malley. Non, elle ne lui dirait pas, elle se contenterait de le penser très fort et de prier pour que ça arrive vite, même si quelque part ça voulait peut être dire qu’elle le verrait moins souvent à la maison, ce qui était un point très négatif ça par contre.

En attendant, elle pouvait toujours essayer de le nourrir un peu, non parce qu’elle était certaine que Sean était du genre à sauter les repas et ça c’est vraiment pas une bonne chose. Elle lui lança un regard inquiet. Comment ça il ne voulait rien manger ? Il était malade ? ça allait pas du tout ça, il faut se nourrir un peu. Il était peut-être déprimé ? Pourtant il n’avait pas l’air plus fatigué que les autres fois d’après sa mère qui le regardait attentivement. Comme quoi, c’était une très bonne idée qu’il mange à la maison ce soir. Avec un peu de chance, la présence de sa sœur lui remontrait le moral. Parce que oui, Sean était totalement dans le vrai sur ce coup-là, lorsqu’il y avait le bien sûr à la fin des phrases de Myrna, c’était plus pour la forme qu’autre chose, ce n’était point une question mais une affirmation mais les quatre loulous avaient l’habitude du fonctionnement et puis Sean devait aussi un peu se douter en mettant les pieds dans la maison qu’il serait invité à manger. Ce n’était qu’un juste retour des choses vu la difficulté de ce qu’elle lui demandait. Ah non parce que changer une dalle ça avait l’air d’être l’enfer pour Thomas et Sean, vu le temps qu’ils avaient mis avant que l’un des deux, Sean, prenne son courage à demain et vienne.

Par contre, voilà qu’elle se faisait gronder par son fils sous prétexte qu’elle ne l’avait pas attendu pour sortir la caisse d’outil. Non mais alors là, elle était encore capable de déplacer des choses dans sa propre maison. Elle esquissa un sourire moqueur à l’égard de son fiston protecteur avant de le charrier gentiment. « Sean, est ce que tu serais pas en train de sous-entendre  que je suis vieille et incapable de porter la moindre charge ? Non parce que tu es au courant tout de même que les courses c’est moi qui les porte jusqu’à la cuisine avant que Leah ne vienne me filer un coup de mains pour les ranger. Et si j’avais trouvé la caisse trop lourde je sais encore me servir de la magie tu sais ? » Mais en même temps, il était réellement mignon à s’insurger pour des broutilles. Surtout que ça tomba à l’eau au moment où il sembla découvrir dans l’air une odeur qui lui plaisait. Son ventre eut raison de ce petit côté protecteur puisqu’il s’arrêta pour parler pâtisserie et son odorat était bon puisqu’il tombait dans le mille. Myrna eut à peine le temps de confirmer la question, qui n’en était pas une non plus, d’un hochement de tête qu’elle devait suivre son fils qui partait en direction de la cuisine, ce qui était très rassurant, c’est bon son fiston n’était pas en dépression, il voulait bien manger, fiou. Et si en premier lieu, il avait refusé le jus de pomme  - ce qui était presque un crime de lèse-majesté – finalement après s’être coupé un bon morceau de gâteau, il se versa un verre, yes un gosse bien élevé qui ne boit pas au goulot de la bouteille – au moins lorsque Myrna était dans les parages - .

La mère de famille balaie l’argument sur le poids de son fils d’un geste de la main avant de le reprendre gentiment « Au moins, je serais sûre que tu ne sauteras pas un ou deux repas parce que tu n’as pas le temps de te faire manger. Tu sais dans ces cas là, si tu as pas envie ou pas le temps de faire à manger, tu envoies un texto à ta sœur et je dis bien à ta sœur parce que si tu m’envoies à moi, ça sert à rien, pour prévenir que tu passes et on te garde une part. Comme ça je suis sûre que tu manges à ta faim et que tu ne perds pas de poids. »

Immobile dans la cuisine, elle le regarde son fiston qui semble prendre plaisir aux choses les plus élémentaires de la vie, avant que quelque chose le rattrape et que cette étincelle d’innocence pure et de bien être ne s’éteigne de son regard pour laisser place au Sean qu’ils ont l’habitude de côtoyer ses dernières années, comme s’il se refusait d’être heureux et innocent, revenant au sujet initial de sa visite la marche. Alors là, il lui posait une colle, le seul point sur lequel elle pouvait répondre c’était le fait qu’il n’est pas retrouvé les mêmes carreaux de plâtre lorsqu’il avait fait les courses, logique, c’était il y avait plus de vingt ans. Par contre savoir si Colin avait gardé le surplus c’était autre chose. Elle attendit que son fils finisse sa part de gâteau avant de lui dire « Et bien, je pense que si les carreaux ont été gardé ils doivent être dans la cave. » Elle fila vers la cave aussitôt sans vraiment attendre Sean, surtout qu’il allait sûrement dire qu’il pouvait se débrouiller tout seul. Elle alluma la lumière avant de descendre les marches d’escaliers et de commencer à fouiller tout en haussant un peu la voix pour que Sean entende bien vu le bruit qu’elle faisait en poussant un peu tout « Tu sais comment ton père rangeait son bazar ou c’est un mystère  pour toi aussi ? »

Non, Myrna ne serait sûrement jamais ce genre de personne à se reposer sur les autres, enfin tout dépendait de l’autre en question, mais dans sa conception des choses c’était à elle de protéger ses enfants plutôt qu’à eux de la materner. Ils feraient ça quand elle serait vieille, d’ici là, elle gérait tout très bien, enfin tout, elle avait un bon coup de main de Leah puisqu’elle vivait ici, de son petit dernier lorsqu’il était en vacances et des deux autres quand il passait une après-midi ou une journée ici, ce qui arrivait relativement souvent -heureusement pour la mère de famille qui vivait extrêmement mal leur absence ou le fait qu’ils veuillent tout simplement voler de leurs propres ailes-. Mais de là leur laisser tout faire en s’installant dans le canapé, non impossible et puis une caisse à outil ce n’était pas si lourd.
C’était un peu spécial aujourd’hui d’ailleurs, habituellement, il était rare qu’elle passe du temps avec l’un de ses enfants à la cave. Disons que ce n’est pas le meilleur endroit de la maison, en plus elle n’exagérait pas lorsqu’elle disait que c’était le bazar, oh nul doute que Colin avait une façon de ranger mais ce n’était pas la même façon que Myrna et pour le coup sa façon de faire la dépassait totalement. Il était policier pourtant, c’était trop dur de ranger comme dans les archives dans des cartons avec écrit dessus au marqueur ce que c’était. Bon il est vrai que pour des carreaux de plâtre mettre un carton avec écrit carreau de plâtre, personne n’en voyait vraiment l’utilité mais ça aurait évité aux deux O’Malley de passer du temps dans la cave de la maison familiale. Devant l’optimisme débordant de Sean, Myrna ne put que hocher la tête, bien sûr qu’ils allaient trouver pour peu que ça existe, c’était juste le temps que ça allait mettre qui était une inconnue.

Elle tourna la tête vers son garçon lorsqu’il sort d’une étagère un album, son cœur se serra aussitôt en songeant à tous les souvenirs que ces photos contenaient. Sean en avait même abandonné les recherches, s’asseyant sur le sol pour se remémorer son passé. Après quelques secondes d’hésitation à regarder les différentes étagères pour continuer, Myrna finit par rejoindre son fiston et regarder d’au-dessus les photographies de sa famille. Ça doit d’ailleurs être le seul appareil moldu qu’elle maîtrise à la perfection que l’appareil photo, parce qu’il a bien fallu apprendre pour qu’il y ait des photos de Colin et heureusement parce qu’au final c’est tout ce qu’il reste, des photos, des souvenirs et des enfants, ainsi que cette sensation d’inachevé couplée à celle d’avoir perdu celui qui donnait tout son sens au mot Amour. Et pourtant, les photos sont belles à regarder, font remonter des tonnes de souvenirs et c’est les yeux brillants d’un amour inconditionnel pour cette famille qui est la sienne que Myrna regardait les photos au fur et à mesure que Sean tournait les pages, s’attardant sur chacun des membres de sa fratrie, geste démontrant à la perfection l’amour, qui le liait à ses frères et sœur. Il y avait d’ailleurs pas mal de clichés datant de l’époque où ils vivaient tous en Irlande puisqu’il n’y a finalement que Jimmy qui ne doit pas beaucoup s’en souvenir, les autres y ont passés beaucoup de temps.

Pourtant, ce ne fut pas sur une photo de la fratrie que Sean s’arrêta, mais bien sur une photo de ses parents, qui pour le coup fit sourire Myrna parce que déjà ça prouvait que l’amour était toujours là, même à quelques jours de la mort de son époux, mais aussi que les enfants avaient pris exemple sur les parents et qu’ils prenaient les photos de temps en temps. Et puis, cette photo, elle l’aimait beaucoup parce qu’elle rappelait à quel point ils avaient été heureux et combien elle avait eu de la chance de croiser un jour la route de Colin. Certains cherchaient l’amour pendant des décennies sans jamais le trouver, elle avait trouvé son âme sœur du premier coup et n’échangerait cette vie contre aucune autre, oui ça c’était arrêté pour Colin et certainement que dans un même temps ça avait brisé quelque chose en Myrna mais le résultat de leur amour elle le voyait tous les jours en la personne de Leah, puis des autres lorsqu’ils passaient à la maison. C’était là tout ce qui importait, ils étaient là eux quatre et ils étaient certainement les plus belles choses que deux personnes qui s’aiment puisse espérer avoir.
Le temps semblait alors s’être arrêté devant ce flot de souvenir et sans même avoir besoin de voir le regard de son enfant, Myrna arrivait à savoir qu’une vive émotion transperçait Sean de part en part. Elle déposa donc sa main sur l’épaule de son enfant avant de lui murmurer « Il vit à travers chacun de vous, que ce soit par des mimiques, des traits physiques ou des façons que vous avez de parler, ou même par ton humour quelques fois douteux. » Elle esquissa un sourire avant de relâcher son épaule pour se placer face à lui et de reconnaître sans la moindre hésitation « C’est grâce à vous quatre que tout a été beaucoup plus facile à vivre pour moi et crois moi sur parole, il serait fier de la personne que tu es devenu Sean. Je pense que ton choix de carrière lui aurait beaucoup plu. » Elle hésita quelques secondes avant de lui demander « On devrait peut être monter l'album photo dans le salon tu penses que tes frères et soeur voudraient le regarder aussi ? »

Ils avaient dû grandir trop vite, tous autant qu’ils étaient, l’insouciance de la jeunesse avait été utopique pour chacun d’entre eux. Oui c’était le cycle de la vie naturelle que les enfants enterrent leurs parents, ça c’est indéniable mais pas si tôt, pas lorsqu’ils avaient encore besoin de leurs parents pour se construire. Elle était très mal placée pour faire des leçons de vies à Sean, ses deux parents à elle était encore en vie, cette douleur qu’il avait pu ressentir, elle ne pouvait que l’imaginer, jamais ce ne serait pareil. Ses enfants avaient sûrement perdu bien plus qu’elle dans cette histoire et il était difficile de savoir comment agir. Faire remonter des souvenirs à la surface était ce une bonne ou une mauvaise chose ? Difficile à dire, Sean restait silencieux, dans ses yeux brillant une vive émotion. Il semblait ailleurs tout en étant réellement présent puisqu’il se releva tout en étant incroyablement serviable puisqu’il tendit sa main à sa mère, qui n’en avait absolument pas besoin rappelons le, mais qui fit l’immense effort d’accepter cette main tendue, pour faire plaisir à son bout de chou qui avait décidé qu’aujourd’hui elle était vieille. Elle n’allait pas le frustrer, s’il était serviable c’était bien après tout, ses parents l’avaient élevé ainsi, elle pouvait se satisfaire du fait qu’il faisait attention aux autres.
Myrna tourna la tête pour observer ce qui avait fait briller d’une lueur différente le regard de son fiston. Elle s’attendait à voir un autre album, parce qu’il devait y en avoir un paquet par ici. A la place de cela, Sean donna la réponse de ce qui le faisait réagir ainsi, ce pour quoi ils étaient venus à la base. Si elle avait su que quelques carreaux de ciments plairaient autant à Sean, nul doute qu’elle lui en aurait acheté pour son noël. Alors qu’elle s’apprêtait à lui filer un coup de main pour remonter tout ça, Sean la prit de cours en transportant tout, tout seul. Est-ce qu’elle devait le mettre en garde et lui dire de faire attention à son dos ou juste suivre parce qu’il était dans la force de l’âge ? Elle opta pour la seconde solution, parce que sûrement que sinon il aurait trouvé un truc à redire comme quoi il était assez fort. Oui c’était le cas, il était assez fort, sa mère n’en doutait pas une seconde mais le partage des tâches, c’était aussi porter à deux, il aurait pu au moins lui donner l’album photo, mais non, monsieur voulait tout faire. Tien don… ce serait pas le fils à Colin par hasard celui-là ? Non parce que ça rappelait à Myrna quelques épisodes grossesses où elle avait trouvé ça extrêmement chiant de ne pouvoir rien faire… Là, peut être devrait elle expliquer à son fils qu’elle n’était pas enceinte et qu’il y avait nul besoin de la couver.

Une fois dans la cuisine, son regard oscillait entre Sean et l’album en photo tandis qu’elle répondait après une légère hésitation. « Pourquoi il ne fonctionnerait plus ? » Ah, elle devait bien reconnaître que niveau appareil moldu, ce n’était pas l’experte du siècle, elle ne voyait pas du tout pourquoi l’appareil photo de Colin ne marchait plus, c’est quoi ces objets qui tout d’un coup décident de ne plus marcher, c’est le comble ça… Elle savait que pour les portables c’était le cas mais quand même pour les appareils photos, c’est plus gros c’était incassable non ? Ou alors, Sean pensait que l’appareil photo avait fait quelques chutes depuis que Colin ne l’avait plus utilisé, ce qui est un peu vrai, il est fort probable que Myrna l’ait fait tomber une fois ou deux en faisant le ménage avant de le ranger dans un placard pour qu’il soit à l’abri – et surtout parce que sur une étagère, d’après Myrna ça n’était pas sa place, sûrement pour ça qu’elle l’avait fait tomber -.
L’idée de son fils était bonne, de ses enfants, elle n’aurait jamais songé que ce serait lui qui voudrait refaire des photos. Elle avait surtout eu l’impression qu’il avait besoin de s’éloigner un peu des autres membres pour se reconstruire. Chacun réagi différemment lors de la perte d’un être cher mais s’il voulait prendre des photos, c’était bien la preuve que Sean était tout aussi famille que ses frères et sa sœur. C’est donc ravi qu’elle lui offrît un sourire avant de lui répondre.
« Je te le sortirais pour la prochaine fois, tu me diras s’il fonctionne toujours. Sinon on pourra le faire réparer, tu crois ? »

Là, c’était uniquement sentimental, cet appareil ou un autre ça devait être la même chose et pourtant, c’est lui qu’elle voulait pour immortaliser certains instants parce qu’elle se souvenait avoir passé des heures – en tout cas elle l’avait vécu ainsi – avec Colin dans un magasin pendant qu’il choisissait l’appareil photo parfait. Il avait quand même réussi l’exploit de mettre plus de temps à choisir son appareil photo que sa femme lorsqu’il avait fallu trouver la baguette qui lui convenait, c’est grave quand même.

Elle laissa Sean tranquille durant tout le temps où il fit les réparations sur la marche, parce que c’était quelque chose de déjà contraignant que de réparer quelque chose quand on a l’habitude de faire des travaux, sauf que là il s’agissait d’un sorcier devant faire une tache sans devoir utiliser la moindre magie, il devait donc se concentrer et il valait mieux qu’il soit en paix puisqu’il débutait dans cette discipline, parce que ce n’était pas comme si elle faisait souvent faire les réparations de la maison à ses garçons.
Lorsqu’il revint pour ramener les outils à la cave, elle fait la remarque, même si c’est totalement inutile et qu’elle le sait très bien vu la tête de mule qu’est Sean « Tu sais, je suis encore capable de descendre quinze marches en portant quelque chose, tu pouvais la laisser en haut. »

C’est avec tendresse qu’elle observa son garçon pendant qu’il lui expliquait la marche à suivre maintenant qu’il avait effectué sa besogne. Bien sûr qu’elle ne marcherait pas dessus et qu’elle préviendrait Leah, quand même, ce n’était pas une mère indigne, elle y tenait à sa fille et prenait soin d’elle. « Tu veux que je lui envoie un sms pour la prévenir ? » Alors oui, si elle faisait ça, sa fille aurait l’impression de devoir déchiffrer un code secret vu les sms de folie de Myrna mais Leah avait l’habitude de cela et c’était pour la bonne cause n’est ce pas ? Sean s’inquiétait, elle ne voulait pas qu’il reste à la porte toute la journée pour guetter le moment où sa sœur rentrerait du travail et pouvoir la prévenir de faire attention au ciment frais.

Sean n’était pas du tout dupe quand au fait que Myrna ne puisse comprendre pourquoi l’appareil ne fonctionnait pas. Preuve en est son regard qui tout d’un coup se leva vers le ciel tandis que les épaules de sa mère s’affaissèrent, avant ça marchait quand elle faisait l’innocente… C’est énervant ces enfants qui grandissent et qui ne sont plus dupes.
Par contre, une chose est sûre, même si Sean lui avait dit que non l’appareil n’était pas réparable, elle l’aurait gardé. Après tous les moldus faisaient souvent ça, garder des objets inutiles et dire peut-être qu’un jour cela servira. La finalité était un peu différente puisqu’elle savait que ça ne serait jamais utilisable mais sentimentale à l’oreille ça sonne presque pareil.

Lorsque Sean remonta, après la petite réflexion de Myrna qui avait tout à fait lieu d’être, il sortit l’excuse du siècle. Oui exactement le même genre d’excuse que les enfants sortent lorsqu’ils ont cassé un truc, par exemple une tasse à Myrna, exemple prit tout à fait au hasard, bien entendu, et qu’ils sortent que non ce n’est pas eux. Ah mais c’est que le vent en Irlande ce n’est pas le même, il est capable d’ouvrir un placard, faire voler la tasse jusqu’à la pièce d’à côté et boum plus de tasses… est ce que vraiment un seul enfant au monde quand il dit que ce n’est pas lui le croit réellement plus de deux secondes ou même lui sait que c’est faux.
Pour en revenir à l’excuse de Sean, la meilleure du siècle, Sean qui rangeait pour ne pas que ça traîne, on parle du même Sean qui laissait traîner ses jouets partout étant petit et là il allait faire croire à sa mère que c’était pour que personne ne se prenne les pieds dedans. Elle secoua la tête d’un air désabusé avant de rétorquer amusée plus qu’autre chose par sa sollicitude envers elle -même si ça la vieillissait un peu –

« Tu savais que quand tu passes à la maison je n’ai pas vraiment de raisons de sortir de la cuisine ou du salon à toute vitesse, que ta sœur ne fonce pas dans sa chambre dès qu’elle rentre ? Personne n’aurait pu se prendre les pieds dans les caisses. Mais, je dois reconnaître que tu es adorable et prévenant mon chéri. »»

En parlant de sœur, la proposition de Myrna pour le sms fut accueillie avec un peu de moquerie de la part de Sean. Bon, il semblerait que ce soit de notoriété publique que Myrna n’écrive pas vraiment les messages les plus clairs au monde quand elle écrivait. Il se permis même de la charrier tandis qu’elle levait les yeux au ciel, sachant très bien que ce n’était pas méchant et qu’elle était vraiment une catastrophe. La proposition de son fiston fut accueillie par la sorcière avec un immense sourire qui voulut tout dire, c’était une délivrance, si c’est lui qui s’en charge mais c’est encore mieux et puis pour sûr que Leah trouvera ça beaucoup moins agressif. La débutante en technologie s’empressa donc d’aller chercher son portable qui est toujours chargé, parce que oui, elle a beau être une quiche, l’éducation par Colin a parfaitement fonctionné, elle sait qu’il vaut mieux le laisser charger au cas où… bon au cas où quoi personne ne le sait. Myrna regarda avec admiration son fiston écrire le texto à toute vitesse, ses doigts bougeant à toute vitesses sur des touches visibles… vraiment il valait mieux que ce soit lui tape, ça prenait trois fois moins de temps.

Une fois cette besogne qui a l’air sacrément moins épuisante pour Sean que l’était la marche à réparer, effectué. Sean s’installa sur la table de la cuisine pour parler de son père, ce qui fit sourire Myrna. Oui, il est vrai que le père de famille était un as du bricolage et que ça avait toujours été pratique pour les O’Malley, quand ce n’était pas du bricolage, il se débrouillait avec la plomberie, mais bon c’était un peu crade lorsqu’il finissait, à moins que son but soit toujours de faire une immense pataugeoire de la cuisine. Ah c’était une bonne idée mais dans ces cas là Myrna avait toujours tout gâché puisqu’elle repassait derrière en râlant qu’il ne rangeait rien, chose peut être un chouya erroné, Myrna était un petit maniaque sur les bords, il est vrai, ce qui ne l’empêchait absolument pas de laisser Colin faire tout ce qu’il voulait et ne repassant pas derrière lui lorsqu’il « rangeait ».

« Je crois qu’il aimait ça. Enfin pas quand je l’ai connu, il s’est entraîné lorsqu’on a eu la maison parce qu’il n’avait pas du tout envie de dépenser notre argent pour appeler des gens spécialisés. Je dois reconnaître que c’était super utile et oui la magie n’est pas utile dans tous les domaines. Elle aide beaucoup mais il y a certaines choses qui sont mieux faites par nos dix doigts et heureusement sinon ça ferait de nous des assistés. »

La question suivante de Sean perturba un peu plus Myrna, qu’il veuille une photo de l’album, elle pouvait le comprendre sans problème. La photo choisie en revanche était un peu plus intrigante, ce n’était pas un cliché de lui mais uniquement de ses parents. Néanmoins si la requête était surprenante. La mère de famille hocha la tête sans aucun problème, si cette photo Sean l’aimait, alors il avait le droit de la ramener chez lui et elle ne la lui réclamerait pas, si c’était important pour lui, ça faisait plaisir à Myrna qu’il veuille mettre des clichés de ses parents chez lui. ça avait toujours manqué de photos chez Sean, oui c’était pour protéger sa famille, elle le savait très bien mais bon Myrna avait une famille elle aussi et ça ne l’avait jamais empêché d’avoir des photos un peu partout et pourtant elle faisait le même métier que lui. De la même façon, Colin avait aussi un métier à risque et il n’avait jamais refusé de prendre des photos de la famille, preuve en est l’appareil photo.

«Tu peux l'embarquer sans problème Sean»