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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Les reines du monde vivent au sommet [Harail] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Harper MacFusty
Harper MacFusty
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Mer 7 Déc - 12:28


Les reines du monde vivent au sommet


1er juillet 2021

Deux mois pour oublier la routine, deux mois à graver dans leur mémoire. Malgré les aléas, le couple Macfusty s'était promis de profiter de leur voyage de noce comme il se doit. Au programme, ne rien faire, doigt de pied en éventail, à la condition que ce ne soit jamais au même endroit.
Le choix des destinations avaient été périlleux. Très vite, il s'avéra qu'il y avait trop d'endroits paradisiaques à visiter sur terre en comparaison au temps de vacances dont elles disposaient. Pour bien faire, elles s'étaient organisées pour choisir une destination l'une après l'autre, du moment qu'elles visitaient tout le globe. Étant donné les derniers événements, Harper proposa d'ouvrir le bal, et sa capacité à préparer tout au dernier moment, cumulé à sa tête de linotte ne rassurait guère Bonnie.
- Madame, vous êtes sûre d'avoir effectuer les réservations ? Lui demanda-t-elle, inquiète.
Il ne s'agira pas que sa maîtresse encore sous le choc de ses blessures dorment n'importe tout. Finissant de boire son café trop chaud, Harper grimaça en se brûlant la langue. Ou était-ce de l'agacement ?
- Je n'ai rien oublié, Bonnie ! Se défendit elle
En êtes vous sûre, madame chaussure ?
- Honey ! Appella-t-elle. Nous devons partir, nous allons être en retard.
Bonnie l'inspectait d'un regard suspicieux comme si cela relevait de l'étrange qu'elle presse tout le monde pour arriver à l'heure.
- Non, Muriel, tu ne viens pas avec nous.
La petite Niffleuse s'arrêta nette tandis qu'elle traversait le salon, une petite valise en main.
- Tous les animaux restent à la maison. Bonnie s'occupera bien de vous.
La pauvre Muriel se figea, la nouvelle manqua de lui décrocher le bec. En guise de protestation, la niffleuse élèva son poing bien haut.
- Non les hiboux ne vont pas s'inviter à la fête, répliqua sèchement Harper. Seulement pour nous faire parvenir un message.
Comme pour rapeller qu'elle existait, Elizabeth, perchée sur son perchoir, poussa des cris stridents. Harper grinca des dents, plissant le front et les yeux. Son hibou lui cassait les oreilles.
- Envoyez-nous Gérard, plutôt, dit Harper, de mauvaise humeur.
Devant la cheminée, Harper avait déposé son unique valise. Ne connaissant pas personnellement l'endroit où elles partaient, elles avaient opté pour le réseaux de cheminette. Pour le départ, Harper revêtait un ensemble vaporeux très coloré et noué en cache cœur autour de la taille. En attendant son épouse, elle s'installa dans le canapé pour soupirer un grand coup. Si leur mariage était heureux, les événements récents ne l'étaient pas tout à fait. D'abord Abigail s'était fait attaquer par un loup garou. Ensuite, Delphini avait été nommé à la tête du conseil. Cet apparté sous le soleil apparaissait comme un rêve doré au milieu du chaos. Pourtant, Harper savait que leur voyage leur apporterait tout le courage nécessaire pour surmonter tout ça. Comme l'avait si bien dit Abigail sur son lit d'hôpital, là bas, elles seront loin de tout et surtout, de tous leurs soucis.
- Quand tu es prête, nous y allons, annonça Harper à son épouse qui venait de faire son apparition. Première destination, l'Asie.
 

PRETTYGIRL
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Abigail MacFusty
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Lumos
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Lun 19 Déc - 22:30


Les reines du monde vivent au sommet


1er juillet 2021

Par la fenêtre de la chambre à l’étage, j’observais l’île voisine que l’on devinait au loin. Là-bas se trouvait la principale raison de mon emménagement dans cet endroit plutôt hostile pour l’Homme. C’était sans compter sa situation géographique très éloignée de tout. J’avais toujours été une solitaire, j’aimais ça. Mais j’aimais encore plus la vie que j’avais actuellement. Ivre d’amour, je filais la parfaite histoire avec la seule et unique personne que j’avais toujours aimée. Tout le monde dans ma famille se portait bien. Mes deux emplois cumulés me plaisaient. Bref, j’étais à un cheveu du bonheur. Il ne me manquait plus qu’un frère. Ce frère qui hantait mes nuits depuis de nombreux mois. À cela c’était rajouté la crainte de la prochaine nouvelle lune, m’affolant de ce qui pourrait m’arriver. La maladie n’avait pas été détectée à Sainte-Mangouste mais le doute demeurait, et il demeurera jusqu’à ce que la menteuse pâle soit à nouveau ronde et brillante comme le soleil. C’était sans compter les nombreuses blessures que dont j’avais écopé cette nuit. Si nombreuses que je ne parvenais pas à me faire à ce nouveau corps. En ce début de mois de juillet, je portais des vêtements longs pour me cacher. J’en étais même allée jusqu’à refuser tout instant intime avec Harper, parce que j’avais peur de découvrir le dégoût dans ses yeux. Il n’y avait que ma joue que je ne parvenais pas à dissimuler.

Je clignais des paupières en entendant la voix de mon épouse. Pas de dragon visible aujourd’hui sur l’île voisine. Mon regard cessa donc de la contempler, mais ce fut mon reflet dans la fenêtre que je vis alors. Une grimace étira mes traits en apercevant ma balafre, et je me détournais bien vite. D’un geste, je terminais de nouer ma chemise légère, prenant bien garde de fermer jusqu’au dernier bouton, avant de descendre les escaliers. Mon sac au sortilège d’extension dans les mains, j’entendais Harper parler à Bonnie, aux oiseaux et à Muriel. Sans surprise, cette dernière semblait vouloir nous suivre, et je fus soulagée que mon épouse la renvoie. Si j’appréciais tous les animaux de notre maison, et même les autres, cette petite niffleuse avait la fâcheuse tendance d’accaparer Harper pour elle. Si au début j’avais trouvé ça mignon, aujourd’hui, cela me dérangeait. Je n’avais rien dit à Harper cependant, ayant tout à fait conscience que la jalousie que je ressentais était tout à fait déplacée.

— Ou Grishkin.

Mes doigts effleurèrent le noble plumage du phénix qui me fixa noblement tandis que je complétais les instructions de mon épouse.

— Si tu as le moindre problème, va demander à mes parents ou à Aiko. Ils savent comment faire.
— Maîtresse va finir par m’offenser à me rappeler tout ça.

Un sourire attendri étira mes lèvres. Bonnie connaissait le processus, même si je n’étais jamais partie aussi longtemps, et avec autant d’animaux à la maison. Cela dit, je confiais les créatures de l’île de Soay les yeux fermés à la petite elfe de maison. Je savais d’ailleurs que Zeus répondait mieux à ses ordres qu’aux miens, s’en était vexant. Mais entre têtes de mules, ils devaient se comprendre tous les deux.

— Merci Bonnie.

L’étreignant un instant, je regardais ensuite Muriel qui était restée figée au milieu du salon. Fouillant dans ma poche, je lui confiais deux gallions en espérant arriver un jour dans les bonnes grâces de cette petite niffleuse.

— Prenez tous soin les uns les autres. Nous reviendrons vite.

Étais-je véritable rassurée de partir ? Est-ce que je n’essayais pas de me rassurer moi-même en disant tout cela ? Mes yeux croisèrent enfin ceux de Harper.

— Allons-y.

J’avais tout de même le regret de ne pas avoir pu chevaucher une dernière fois Sleipnir. La faute à ce maudit cristal qui nous avait fait voyager avant l’heure. Au moins, j’avais réussi à boucler ma valise, c’était déjà ça. Ma main dans la sienne, j’entraînais la sorcière dans la cheminée et y lança la poudre en prononçant le nom du premier hôtel que nous allions occuper.
Le salon écossais s’embourba dans un petit cyclone et laissa sa place à une vaste entrée aux couleurs me rappelant la tenue de Harper. Sa personne était alors davantage mise en valeur. Moi qui la trouvais déjà belle comme ça. Si le parquet était en marbre, il ne faisait pourtant pas froid, la chaleur extérieure suffisait à réchauffer l’ensemble du bâtiment magique. Des elfes de maison allaient et venaient pour servir les clients. L’un d’eux, aux airs bourrus, attrapa nos valises sans un mot, fit volte-face et transplana. En voyant cela, je confiais, amusée.

— Avec ce chapeau étrange sur la tête moi aussi je ferais cette tête.

Ma main glissa instinctivement dans celle de mon épouse. Nos deux bagues tintèrent l’une contre l’autre alors que nous nous approchions du comptoir pour nous signaler. Comme d’ordinaire, je laissais Harper gérer la discussion avec les inconnus, moi qui détestais faire ça. Je préférais me concentrer sur l’ambiance des lieux. Les cuisines dégageaient une forte et agréable odeur d’épices exotiques. Au-delà d’une imposante ouverture sans porte, j’apercevais la salle de soirée constituée d’un bar et de diverses distractions. Les sorciers présents étaient de tous les horizons et cela me déboussola. Si mon premier réflexe fut de lutter contre cet étourdissement, je me laissais finalement envahir pour le savourer.
Ce voyage de noces avait pour fonction de nous éloigner de tout, pour nous rapprocher nous et tisser davantage de liens entre nous, épouse et épouse. Alors qu’il y eut un petit instant de silence entre l’hôtelier et Harper, je lui glissais à l’oreille.

— J’aime déjà cet endroit.

 

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Mer 28 Déc - 7:05


Les reines du monde vivent au sommet


1er juillet 2021

Les épouses découvrirent une vaste salle où une multitude d'elfes de maison s'activaient pour servir les clients. Les tongs d'Harper claquèrent sur le sol tandis qu'elles se rapprochaient de l'accueil main dans la main. Comme à son habitude, elle ne contournait pas les gens, préférant foncer dans le tas. Après tout, ils n'avaient qu'à se pousser ! À quoi ça sert de rester planter dans un hall d'entrée quand un espace immense était dédié au service de boissons ?
— Mesdames Macfusty, annonça-t-elle.
— Bonjour mesdames, bienvenu ! Bienvenu au Wulingyan Palace !
L'hôte d'accueil souriait à pleine dent. Il parlait avec un fort accent chinois et remuait plus que nécessaire.
— Vous êtes les premières touristes ce matin à ne pas me parler en recopiant mon accent et en tirant sur vos yeux.
Je n'y avais pas pensé ! pesta intérieurement Harper.
— De la part des nés moldus j'ai aussi le droit à...
Il fait un geste brusque des mains pour terminer en position de ninja.
— Jackie Chan !
L'homme hausse les épaules en souriant inlassablement, puis, de l'index, il chercha leur nom dans son livre de registre.
— Mesdames Abigail et Harper, bienvenu, bienvenu ! Répéta-t-il. Comme convenu lors de votre réservation, nous vous avons attribué le pilier n°88 !
Il leva les bras en l'air comme s'il s'agissait d'un exploit.
— Merci de ne pas effrayer les Demiguises. Par ailleurs, les Zouwu sont en pleine période de reproduction, désolé d'avance pour le dérangement. Au petit matin, si vous avez de la chance, vous apercevrez une maman Boutefeu Chinois avec son petit. Elle rôde dans les parages depuis le terme de sa grossesse.
Harper adressa un clin d'oeil à son épouse. L'hôte d'accueil lui remet la clé de leur chambre, une reproduction minuscule d'un chapeau chinois entièrement doré.
— Préférez-vous profiter de votre cocktail de bienvenu au bar ou plutôt dans votre chambre ?
Harper haussa les épaules, signe qu'elle laissait son épouse choisir. L'endroit était absolument magnifique, mais elle remarqua qu'il n'y avait aucune fenêtre au mur. Elle tendit le coup en direction de la salle de bar pour constater de l'absence totale d'ouverture.
— Une Tyrolienne est accessible depuis votre chambre pour accéder aux salles de Hammam. J'en précise pour préciser que nous les sorciers, avons notre propre pont de verre.
Il bomba le torse.
— Celui-ci est totalement invisible pour les non magiques, évidemment. Quel dommage, car il est vraiment cent fois plus beau ! Sur ce, vos cocktails vont vous être servis, je suis à votre disposition pour de plus amples informations. Belles journées mesdames !

Et il recommença son numéro de bienvenu avec les clients suivants, sans omettre sa fameuse blague du "vous êtes les seuls depuis se matin à ne pas recopier mon accent...".
— Il n'y a pas de fenêtre, remarqua Harper, je suppose que c'est pour nous laisser découvrir le paysage depuis nos chambres.
Au fond de l'immense salle de bar où de nombreux salons accueillaient des clients décontractés, une porte indiquait : panorama. Une autre, sur la gauche, signaler "Muséum". N'ayant pas écouté le choix de son épouse, Harper lança :
— Bon, on se le boit ce cocktail ? Qu'on puisse visiter ? Mange un peu quelque chose parce qu'il y a une balade ce soir, une balade un peu particulière que je tenais absolument à faire nous attend !

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Abigail MacFusty
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Mer 28 Déc - 16:06


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1er juillet 2021

Circonspecte face à l’attitude de l’hôte d’accueil, je restais collée contre le bras d’Harper ne sachant pas trop si je devais sourire ou non à ses blagues qui ne me faisaient pas vraiment rire. Le pilier 88. Dommage, j’aurai préféré le 69 vu les circonstances de notre venue ici, mais qu’importe, je m’en contenterai, je n’allais pas faire la difficile maintenant. En revanche, les instructions concernant les créatures me firent sourire. Au moins pour ça, je n’allais pas être dépaysée. Après un regard entendu avec ma chère et tendre, je regardais l’hôte tandis que Harper me laissait le choix. Personnellement je préférerais m’enfuir et m’enfermer à double tour dans notre chambre pour notre première journée, mais je savais que les plans de Harper étaient différents. Tout le moins, je m’en doutais.

— Au bar s’il vous plaît.

Mettant de côté ma misanthropie, je faisais l’effort nécessaire pour que notre séjour en Chine se passe du mieux possible. C’était un pays très peuplé et je n’avais pas envie de me socialiser durant mon voyage de noces. Néanmoins, la destination choisie par mon épouse était parfaitement indiquée pour être au calme. J’avais décidé de lui faire confiance comme elle m’avait fait confiance pour les destinations que j’avais choisies de mon côté. Aux dernières instructions, je me contentais d’un simple hochement de tête avec un sourire poli. Si le pont en verre ne me posait pas le moindre problème, l’idée de me rendre dans un Hammam et d’exposer ma myriade de cicatrices ne m’enchantait pas. C’était quelque chose que je voulais surmonter durant ce voyage, après tout, nous célébrions notre mariage. Ce serait dommage de ne pas en profiter. Nous verrons le moment venu.
Emboitant le pas de Harper sans prêter davantage attention à l’hôte qui recommençait son cinéma, je souriais.

— C’est possible, et ce n’est pas une si mauvaise idée. Ça me rend curieuse de voir notre… pilier.

J’entraînais la jeune femme au bar et observais les quelques salons occupés avant d’en choisir un de libre. Je prenais place sur une banquette décorée de coussins rouges aux finitions dorées. Les piliers de l’endroit étaient mêlés de bois et de pierre, le tout sculpté en longues lianes dans lesquels se mêlaient diverses créatures fantastiques ou éléments typiquement asiatiques. La musique était elle aussi au diapason des lieux.

— Une balade ? Tu éveilles ma curiosité, c’est quoi ? Ou ?

Volontairement, je ne relevais pas sa remarque concernant mon appétit. Il était vrai que ça faisait des semaines que je me sustentais à peine. Si j’avais repris du poids à l’hôpital parce qu’on m’avait nourrie par sonde, ça ne m’avait pas pour autant donné envie de manger une fois sortie.
Rapidement, un elfe de maison vêtue de la même manière que celui qui avait emporté nos valises s’approcha. Son large chapeau chinois sur le sommet de son crâne ne semblait pas lui rendre la vie facile. Il devait faire preuve d’habilité pour ne pas se cogner contre les murs ou les visiteurs.
Il posa devant nous deux cocktails. Les liquides à l’intérieur des verres n’étaient pas mélangés, donnant ainsi un effet de palier aux couleurs arc-en-ciel. Du sucre avait été posé sur tout le pourtour du bord du verre, et la finition, avec un petit litchi, rendait le visuel pour le moins original.

— On dirait des yeux ces trucs.

Disais-je en désignant le petit fruit sucré. S’il n’était pas joli à regarder, il était au moins bon en bouche.
Entra dans la salle de bar, un couple qui semblait très guindé. Lui était tiré à quatre épingles et elle semblait tout droit sorti d’un conte de fée moldu avec ses longs cheveux blonds ondulés. Leurs vêtements étaient pour le moins voyants puisqu’ils portaient des couleurs très vives qui ne pouvaient qu’attirer le regard. Si je gardais mes commentaires pour moi, je n’en pensais pas moins, et je jetais un coup d’œil en direction de mon épouse afin de vérifier si elle songeait à la même chose que moi. L’air de rien, je questionnais Harper non sans lâcher le couple des yeux (c’était impossible avec ce jaune et ce rose fluo l’un à côté de l’autre).

— Par quoi tu veux commencer ? Le panorama ou le musée ? On peut tirer au sort aussi, genre on tire à la courte paille. Je désignais celle qui était plongée dans notre cocktail arc-en-ciel. Et ensuite on revient manger. Je levais les yeux au plafond. Je croyais avoir aperçu une masse de poils blancs, mais celle-ci disparut. Peut-être un Demiguise ? Je me demande à quoi ressemble notre chambre, et si un Demiguise s’y est faufilé.

La présence d’une créature n’était pas pour me déranger, mais je ne voulais pas être surprise en pleine nuit, ou pire, en plein ébat. Si ébat il allait y avoir. Houla, à quoi je pense moi ? Les semaines d’abstinence ne me réussissaient apparemment pas très bien. Je clignais des yeux et me mis à brasser mon cocktail pour me changer les idées. Les couleurs se mélangèrent le temps que le tourbillon passe… puis elles se séparèrent à nouveau pour s’empiler les unes aux autres.

— Arondella fait ce genre de chose aussi non ?


 

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Mar 3 Jan - 7:21


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1er juillet 2021

La salle de réception était tout à fait charmante. À vrai dire, le choix du Wylingyan Palace était tout à fait stratégique. Ici, tout était immense, du sol au plafond, à l'image du parc dans lequel l'hôtel se situait. Même si la clientèle affluait, la salle disposait d'assez d'espace pour leur permettre de ne pas se marcher sur les pieds. Aussi, Harper se languissait de dévoiler les chambres insolites dont le palace disposait. La cerise sur le gâteau. Elle sauta sur un fauteuil pour s'installer dans la grande salle, patientant qu'un elfe de maison vienne déposer deux grands verres de cocktails en guise de bienvenue. Machinalement, Harper touilla le fond de son verre avant d'en avaler une gorgée. Les doigts en pince, elle attrapa le letchi, quand un détail attira le regard d'Abigail. Sans gêne, Harper se retourna en mâchouillant son letchi pour voir de quoi il s'agit. Sa langue claqua contre son palais, attirant les regards du couple fluo. Ils parurent outrés d'être reluqués de la sorte, par une femme mâchant la bouche ouverte qui plus est. Harper haussa les épaules avant de s'adresser à son épouse, à voix haute :
— Si jamais les Boutefeu Chinois attaquent, ils feront diversion.
Elle ricana en se recouvrant la bouche de sa main pour ne pas postillonner sur la table. Ne daignant plus décocher un regard au couple fluorescent, Harper jaugea les propositions d'Abigail. Un musée ? Quelle idée !
— J'ai quelque chose de mieux que le panorama, confia-t-elle les yeux brillants, n'évoquant délibérément pas le sujet du musée . D'abord, nous allons rejoindre notre chambre d'une manière assez particulière. Ensuite, nous nous ferons servir le repas en chambre. Dans la salle de restauration, j'ai trop peur d'être éblouie par Ken et Raiponce. Je ne voudrais pas porter des lunettes à la rentrée. Ensuite, nous ferons ce que tu veux, mais, très honnêtement, le musée n'a pas l'air terrible. Quant à ce soir... j'ai une petite surprise. Nous ne dînerons pas au restaurant. Mais je n'en dis pas plus.
Elle but une longue gorgée de cocktail sans se départir de son regard malicieux. Harper farfouilla dans la paperasse que l'hôte d'accueil lui avait remise. Un petit papier plié en quatre renfermait le mot de passe pour accéder à leur chambre. Elle l'ouvrit, le lu, et le papier s'autodétruit immédiatement, d'abord déchiré par une paire de mains invisible puis calcinée.
— Zut, proféra Harper à voix basse. J'aurais dû l'ouvrir devant toi.

***    
Leurs cocktails de terminés, Harper attrappa la main de son épouse pour l'entraîner vers le hall d'entrée. L'accès aux chambres Est d'indiqué sur un panneau, elle poussa le battant de sa main libre.
— Tu vas comprendre pourquoi j'ai choisi l'aile Est, dit-elle sans en dévoiler plus.
La porte donnait sur un sas plongé dans le noir, éclairé uniquement par un nuage de luciole.
— Ils sont vraiment bizarres ces Chinois, décréta Harper sans comprendre l'utilité de ce sas ni saisir le rapport entre les lucioles et la Chine.
Une autre porte les conduisit à l'extérieur.
— C'est encore mieux que le panorama ! Déclara Harper dont les cheveux virevoltèrent au gré d'une bise légère.
Elles déboulèrent sur un promontoire, perché dans les airs, à l'instar du Wylingyan Palace. En effet, l'hôtel flottait comme sur un nuage invisible au milieu des piliers en grès. Comme l'indiquait la brochure, plus de trois milles de ces piliers offraient un panorama spectaculaire. Malgré la saison chaude, la végétation restait touffue et se propageait sur le sol, le préservant comme un secret bien gardé. L'aspect sauvage, additionné à la hauteur des lieux, donnait des frissons. On comprenait aisément pourquoi les Boutefeu choisissaient cet endroit comme territoire de prédilection.
— Notre chambre se situe sur le Pilier du Dragon Jaune, annonça Harper. C'est celui-là...
Elle pointa son doigt en direction d'un pilier de grès entouré de cinq autres piliers immensément hauts. Harper l'avait choisi pour sa position, car les cinq piliers qui l'encerclaient n'étaient pas disposés pour l'aménagement d'une chambre. Ainsi, leur intimité était garantie (sans compter la faune, bien entendu).
— Et maintenant, le clou du spectacle ! Déclara-t-elle, l'index pointé en l'air. Voilà pourquoi je ne voulais pas passer par le diaporama ni par l'ascenseur, comme Ken et Raiponce. Je suis sûre, d'ailleurs, qu'ils ont choisi la chambre du plus haut pilier histoire d'exhiber leurs vilaines têtes d'illuminés. Bref... suis-moi, honey !Suivre ? Suivre où ? Le promontoire, et l'hôtel étaient entourés du vide, rien que du vide. Sur la roche, une flèche indiquait la direction, du vide... Harper s'approcha du bord, leva le pied et bascula en avant. Au lieu de tomber pour s'écraser sur le sol, son pied frappa un pont invisible. Une lumière éclaira sa chaussure. Elle avança son autre pied, puis se tourna vers son épouse.
— Le pont invisible nous conduira directement à notre chambre ! Seuls les propriétaires de la chambre peuvent voir la flèche !
Elle frappa dans ses mains de contentement, ravie de l'inventivité du complexe hôtelier.
— Tu viens, Honey ? On va profiter du paysage ! Il doit y avoir des barrières de chaque côté du pont.
Harper tâta dans le vide pour trouver celle de droite.
 

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Mar 10 Jan - 15:02


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1er juillet 2021

Qu’à cela ne tienne, j’irai au musée toute seule. J’appréciais ce genre d’endroit pour le calme environnant, mais aussi pour la culture qu’on pouvait y trouver. De surcroît, j’avais envie de m’imprégner de chaque lieu que nous visiterions durant ces deux mois de batifolages. Si l’endroit restait ouvert durant la nuit, alors je profiterais de l’une de mes probables futures insomnies pour m’y rendre sans Harper. Ainsi, je ne l’ennuierais pas avec ça la journée et nous ne serons pas séparées durant notre séjour. Le but n’était pas que nous faisions des activités chacune de notre côté, mais bien ensemble. Parce que nous nous étions dit oui pour la vie, et pour être toujours ensemble. Les cocktails terminés et enfin éloignés des éclairages qu’étaient Ken et Barbie, je suivais Harper dans le sas obscur sans réellement comprendre le rapport entre les lucioles et la chine. Cela dit, pourquoi pas ? Même si l’insecte n’était pas emblématique du pays (je l’imaginais davantage au Japon), il devait bien y en avoir quelques-uns tout de même.
Une fois à l’extérieur, la bouffée d’air qui gonfla mes poumons me fit pousser des ailes. C’était une image bien sûr, mais l’ivresse de la hauteur d’où se situait le complexe hôtelier additionné à l’environnement sauvage me revigora. Si depuis le début de l’été mon teint avait été terne, comme si tout mon être était éteint, subitement, je reprenais vie. Un peu. La bise légère m’apporta les fragrances du shampooing qu’utilisait Harper ce qui accéléra les battements de mon cœur… mais ce n'était rien en comparaison au paysage qui s’étendait devant nous. J’en restais bouche-bée. Cet endroit était paradisiaque, et notre pilier, à première vue, semblait tout bonnement parfait. La végétation luxuriante permettait de nicher nombre d’oiseaux aux vives couleurs à faire pâlir de jalousie Ken et Barbie. Si nous étions en hauteur, les environs n’étaient pas pour autant silencieux. Grouillait une multitude de sons, allant du chant des oiseaux, au vent qui secouait les branches des arbres aux rugissements lointains d’un prédateur mystérieux.

Je ressemblais à un poisson hors de l’eau avec ma bouche grande ouverte. Tant époustouflée, je ne parvenais pas à articuler un seul mot, même lorsqu’Harper s’élança dans le vide pour atterrir… sur un pont invisible. Tiens ! Ce sortilège me rappelait un film moldu avec un homme au chapeau de cow-boy qui maniait un fouet. Indi Smith ? Inda James ? Mince, je ne me rappelais plus. Qu’importe.
Sans crainte, je suivais Harper en posant mes pieds dans le vide. Mieux, je trottinais, sans craindre de poser un pied hors du pont, puisque je ne doutais des mesures de sécurité mises en place. J’avais toujours eu l’esprit aventurier, j’avais toujours vécu avec des dragons. Ici, j’étais dans mon élément. Une flore et une faune nouvelle à découvrir, de l’aventure, de la magie, et l’amour de ma vie. Que demander de mieux ?
Sans la chercher, je posais mes mains sur la barrière de gauche en me penchant un peu en avant pour fixer le vide. Heureusement que je ne souffrais pas de vertige.

— Harper c’est… c’est incroyable !

Comme une puce, je lui sautais dans les bras pour venir l’embrasser avec passion. La bise légère qui s’engouffra dans nos cheveux pour les entremêler m’enivra. Je me noyais de ce bonheur qui affolait mes sens. Après avoir serré Harper contre moi, je sautillais à nouveau de part et d’autre du pont invisible. Je parlais frénétiquement ce qui rendait mes paroles complètement incompréhensibles, mais l’essentiel était là : j’étais complètement émerveillée. Si la plupart du temps j’étais une personne réservée et calme, une fois dans un espace qui me convenait, je devenais une tout autre personne. Présentement, face à Harper, juchée dans le vide sur un pont invisible, je montrais mon véritable visage, celui que je cachais si bien aux yeux du monde.
Ce fut d’autant plus vrai lorsqu’un puissant rugissement fit s’envoler une nuée d’oiseaux jusqu’alors nichés dans la végétation. Je savais quelle en était l’origine, et il ne m’en fallut pas plus pour m’approcher de mon épouse dans un nouveau bond. Je me serrais contre elle, lui barrant les bras. À première vue, on pourrait croire que je réagissais par la peur. La vérité était toute autre.

— Ne bouge plus.

Lui murmurais-je lorsque le Boutefeu fit son apparition de derrière un pilier, je glissais doucement une main dans la chevelure d’Harper pour la maintenir et l’empêcher de s’envoler sous la bise. Le vent faisait des tourbillons autour de nous et il était à présent agité à cause des puissants battements d’ailes. Sans doute que l’hôtel avait placé des sortilèges de sécurité en prévoyance de telles rencontres, mais mon instinct de protection pour mon épouse et mon professionnalisme avait pris le dessus. Ainsi placée contre Harper, je lui avais bloqué les bras et je la serrais contre moi pour l’empêcher de bouger. Sa chevelure maintenue dégagerait moins d’odeur. Inutile de nous abaisser, le dragon nous verrait quand même. Nous prenions moins de place dans son champ de vision serrée ainsi l’une contre l’autre que ramassée sur nous-mêmes sur un pont invisible. Inutile de courir à l’abri, nous étions au milieu du pont, nous ne ferions qu’attirer l’attention du seigneur des cieux.
Mon cœur battait la chamade à en sortir de ma poitrine. Le souvenir cauchemardesque encore vivace dans mon esprit, je faisais tout pour protéger Harper alors que nous avions été prise au dépourvu. Si je n'avais pas su agir avec Kyle, pour Harper au moins, j'essayais. Je la protégeais. Pour calmer les tremblements de mon traumatisme, je la serrais davantage contre moi au point de lui couper la respiration.
Lorsque la noble créature magique nous survola, je pris une profonde inspiration malgré la puissance de ses ailes qui nous secoua. Une fois qu’il fut assez loin, je rendais sa liberté à mon épouse. Cette fois-ci je n’étais plus simplement allumée. J’irradiais. J'étais en pleine extase.

— WAH TU AS VU ÇA ??

Hurlais-je. Comme si elle n’avait pas vu le Boutefeu chinois nous survoler, tiens.

— C’est génial ! Wah !! Je veux vivre ici toute ma vie ! Viens !

Je continuais de crier. Fort heureusement pour moi, l'accident survenu avec Kyle n'avait en rien entaché ma passion pour les dragons. Une fois Harper hors de danger, j'étais redevenue vive et solaire. J’attrapais vivement la main de mon épouse pour l’entraîner jusqu’à notre pilier-chambre. En pleine transe par tout ce que j’avais vu depuis notre arrivée, il me tardait maintenant de visiter notre nid.

— C’est trop génial, c’est trop génial !

Répétais-je inlassablement jusqu’à arriver contre le grès du pilier. Là, une statue d’un dragon chinois de couleur jaune aux yeux de jade semblait nous attendre. Il était la porte qui menait à notre chambre, et je poussais Harper vers lui pour la presser d’ouvrir.

— Vas-y ouvre ! ouvre !

Je n’avais ni la clé ni le mot de passe. Je trépignais d’impatience, et, incapable de me concentrer, je tournoyais en m’émerveillant du moindre détail qui me tombait devant les yeux comme une enfant surexcitée le jour de son anniversaire.
J’étais au paradis, avec la plus merveilleuse des épouses. Surtout, j’étais enfin moi-même. Un exploit, surtout en été.

 

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1er juillet 2021

Enlacées les pieds dans le vide, l'espace qui les entourait décupla la magie de ce baiser. Outre le sentiment de bien-être et d'osmose, Harper fut ravie que l'espace d'un instant - puisse-t-il ne pas être le dernier - l'allégresse que ressentait Abigail marquait comme une incartade dans sa lourde période de deuil. Un puissant rugissement les surpris, forca la tête d'Harper à rentrer entre ses épaules. L'envolée des oiseaux présageait l'arrivée d'un volatil bien plus gros. Immédiatement, sans avoir le temps de dire « Oh ! Regarde ! Des oiseaux chinois », ses bras furent plaquer le long de son flanc par l'étreinte calculée d'Abigail. Quand cette dernière lui recommanda de ne plus bouger, Harper failli demander si elle pouvait tout de même parler. Mais le Boutefeu Chinois montra le bout de son museau, les bourrasques d'air provoquées par ses battements d'aile leur fouettant le visage. Le dragon vola vers d'autres horizons laissant-là les deux épouses s'extasiaient sur le pont invisible.
— C'était incroyable ! Admit Harper. Je me demande s'il aurait pu nous faire passer par-dessus bord rien qu'avec la puissance de ses ailes.
Tandis qu'Abigail frétillait comme une puce, Harper se pencha au-dessus de la balustrade invisible pour observer le fond vertigineux.  Hein ? Quoi ? Toute la vie ici ? Non mais pas question ! Mais l'effervescence d'Abigail, pour une fois, ne lui permettait plus d'en placer une. Alors elle suivit la puce jusqu'à la porte de leur chambre sculptée en forme de dragon dans une matière difficilement reconnaissable. Y'a vraiment que les chinois pour faire un truc pareil ! Songea-t-elle.
— Poivre de Sichuan ! Annonça-t-elle.
La magie opéra. La gueule du dragon trésaillit pour entamer une descente jusqu'au sol. De fait, l'ouverture devint assez grande pour laisser passer une taille humaine. Harper proposa à Abigail de passer la première. L'endroit ne disposait pas de fenêtres. La pièce circulaire dans laquelle elles déboulèrent étaient sombre, pourvues de trois portes (WC, salle de bain, placard) et d'une échelle montante postée en plein centre. A l'image du restant de l'hotel, les décorations dorées et rouges éblouissaient les yeux.
— Lumière, prononça Harper.
Un fanion éclaira l'entrée (pour ne pas dire, « le trou ») d'une faible lueur jaune. Leurs bagages étaient entassées dans la pénombre. L'échelle perçait une trouée d'où s'échappait une lumière vive, semblable à celle du jour.
— Attend de voir le clou du spectacle ! Déclara Harper en s'accrochant aux barreaux de l'échelle pour grimper à l'étage.
Habituée à l'obscurité du hall, le jour leur agressa les pupilles. A l'instar du rez-de-chaussée, la pièce à couchée était circulaire. Un demi-cercle de tapisserie rouge et de dorure, un demi-cercle de baie vitrée ouvrant sur le spectacle grandiose des piliers de grès.
— Tadaaaaam ! Chantonna Harper en se jetant sur le lit. Les fenêtres sont invisibles depuis l'extérieur pour nous protéger contre les moldus et les curieux !
Le matelas, bien que moelleux, était posé à même le sol. Dans un coin, un petit bureau équipé de parchemin et de plume, ici un fauteuil moelleux et là-bas, une coin cuisine pour se ravitailler en snacks et en boissons.
— Tout est à disposition, j'ai pris l'option all inclusive. Je te propose de nous préparé un petit cocktail, ensuite nous ferons l'amour. Et, comme il sera tard...
Rappelons qu'il n'était même pas midi.
— Nous aurons une petite surprise avant de dîner aux chandelles. Ou plutôt, aux fanions.
Sur le pilier d'en face, la queue rouge d'un Zouwu dansait frénétiquement. Absorbée dans ses pensées, l'oeil d'Harper ne le distinguait pas.
— Nous avons rendez-vous à 17h en haut du pilier des amoureux, finit-elle par dire.
 

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1er juillet 2021

Harper avait mis les petits plats dans les grands. Notre petit logement de notre court séjour était tout bonnement incroyable. C’était même un miracle qu’il ait encore été disponible pour nous et non pas réservé depuis au moins cinq ans. Cet hôtel devait être extrêmement prisé. Malgré l’obscurité du premier étage, je fis un tour des pièces avec curiosité. Si le placard et les toilettes n’avaient rien d’extraordinaire, la salle de bain me fit sourire. Elle me rappela un bain thermal que dans lequel j’avais été une fois au Japon, sauf qu’ici, il était en taille réduite d’une pièce. Le bassin, encore vide, était toutefois accompagné de petits bocaux permettant des décorations aux grés des extravagances des occupants. Il me tardait de l’utiliser !
Sans plus attendre, je montais l’échelle à la suite de mon épouse et clignais des yeux face à la lumière du jour. Une fois habituée à la luminosité, je poussais une exclamation de surprise en voyant la pièce circulaire.

— Waaaaaah ! C’est trop beau !

Un lit, un bureau, un lieu cuisine. De l’utile et de l’agréable en somme, mais tout ça semblait bien fade comparé à la baie vitrée contre laquelle je me jetais. Mes mains plaquées contre le verre, je me défenestrais tout en écoutant le programme du reste de la journée. J’eus un petit ricanement en entendant Harper agender notre vie sexuelle comme un rendez-vous avec un parent d’élève. Comment devais-je le prendre ? Mal parce que notre vie intime était au point mort depuis la précédente pleine lune ? Ou bien parce qu’elle ressentait toujours du désir pour moi malgré mon état ? Un état que je m’efforçais de lui cacher sans cesse. Ce n’était d’ailleurs pas une mince affaire. Depuis des semaines, je refusais que nous prenions douches ou bains ensemble et bien que je l’aie satisfaite quelques rares fois en lui faisant l’amour, j’avais refusé qu’elle me touche en retour. Je savais qu’Harper ne se formalisait pour le moment pas, mais ce voyage de noces allait sans doute être décisif, et plus les heures s’écoulaient, plus j’étais dos au mur. J’ignorais quelle était la meilleure attitude à avoir. Je pouvais lui montrer l’ensemble de mes cicatrices, mais il y avait de fortes probabilités pour que le nouvel aspect de mon corps la dégoûte. Elle ne voudrait sans doute plus jamais me toucher, à défaut de me quitter. Ou alors, je pourrais continuer à lui cacher, mais alors notre voyage de noces perdrait de sa meilleure saveur.
Quoique je décide, il y aurait de toute façon quelque chose qui n’irait pas. Alors, pour le moment, je continuais à faire ce que je faisais depuis ma sortie de l’hôpital : je repoussais l’échéance. J’ignorais donc la remarque concernant notre activité conjugale et tournais la tête dans sa direction, quittant le Zouwu du regard, un grand sourire affiché sur les lèvres.  D’un geste nerveux, je tirais sur la manche longue de mon haut pour dissimuler mon poignet. Vêtue d’habits quelque peu inadaptés à la chaleur de la saison, je ne me plaignais pas de me dissimuler.

— Le pilier des amoureux ? C’est quoi ça ? Un lieu genre speed dating moldu ? Je me détachais de la fenêtre pour me diriger vers la petite cuisine et fouiller les placards. Tu crois qu’on y retrouvera nos amis fluo ?

Je ricanais à l’idée de les recroiser. J’avais même envie d’être exagérément mielleuse avec Harper à ce moment, juste pour les incommoder. Nous étions passées maitresses dans cet art que nous avions pratiqué des années auparavant, durant notre adolescence, juste pour faire un pied de nez aux élèves qui se moquaient de nous en prétendant que nous étions en couple, alors que pas encore. À cette époque, nous n’étions que des amies. Tout le moins, c’était ce que nous voulions croire alors que nous avions secrètement un désir réellement plus profond l’une envers l’autre.
Je tirais quelques bouteilles de leurs logements en lisant les étiquettes à voix haute.

— Jus de litchi. Alcool de riz arrangé à la citrouille. Je grimaçais en reposant la bouteille. Alcool de riz au litchi. Ils ne connaissent que ça les Chinois ? Alcool de rose et jasmin. Alcool de Pitaya, ah tiens, je goûte ça moi. Tu veux quoi toi ?

Je sortais deux verres à pied d’un placard non sans de légers pas de danse. Toujours transportée de bonheur, je me sentais flotter dans l’allégresse. Maintenant que nous vivions ensemble depuis plusieurs mois, Harper avait déjà pu me surprendre entrain de chantonner ou de danser alors que je me croyais seule. C’était toujours une expression de ma bonne humeur et de mon bonheur. C’était plus fort que moi, j’avais toujours vécu dans la musique, et lorsque mon cœur chantait, mon corps ne pouvait s’empêcher de se mouvoir. Ainsi, en de petits pas suspendus, je me rapprochais du lit en effectuant de légers déhanchés gracieux. Mes épaules suivaient élégamment alors que je me penchais pour donner son verre à ma Belle.

— Encore une surprise, décidément, rien ne t’arrête plus.

J’élargissais mon sourire avant de me pencher encore et venir déposer un baiser délicat sur ses lèvres avant de faire tinter nos verres l’un contre l’autre.

— Enfin, je dis ça, mais j’en ai aussi plein pour toi à notre prochaine destination.

Une lueur de joie scintilla dans mes prunelles tandis que je me redressais pour reprendre ma petite danse s’apparentant davantage à de vagues trémoussements. Je sentais l’épée de Damoclès se rapprocher du sommet de mon crâne. Il me fallait prendre une décision. Oh, que voyais-je ?

— Oh, c’est quoi ça ?

Je déposais mon verre par terre et me penchais une nouvelle fois sur le lit. Logé dans le mur se trouvait un petit bouton doré. Curieuse comme une enfant, j’appuyais dessus sans la moindre hésitation. Au-dessus de nous, le plafond s’étira lentement comme un épais brouillard se dissiperait. Il laissa bientôt sa place à un dôme nous offrant une vue imprenable sur le ciel, venant compléter la vue déjà merveilleuse de la baie vitrée. Je restais à ce point bouchée-bée que je m’effondrais sur le lit, les yeux rivés sur les nuages.

— D’accord. Alors là, c’est vraiment… parfait !

 

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Mer 1 Fév - 8:08


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1er juillet 2021

La vue splendide ravissait Abigail au point qu'elle en esquissa même quelques pas de danse. Intérieurement, Harper se félicita du choix du lieu. En plus d'être spectaculaire, il enchantait son épouse et au vu des épreuves difficiles qu'elle traversait, cela n'était pas peu dire. D'un côté, Harper refusait d'ignorer cette variable qui faisait tâche : la tristresse, le deuil, l'attaque, le trauma, les blessures... le temps, aussi terrible qu'il soit, fera son travail. D'un autre côté, leur voyage de noces se devait d'être inoubliable, coûte que coûte, quoiqu'il en fut, quoiqu'il se passe, et qu'importe la lourdeur des évènements passés. Jusqu'à preuve du contraire, rien n'était insurmontable.
Allongée négligement sur le lit, un sourire malicieux se dépeignait sur son visage :
— Un gilet jaune et un gilet rose pourrait effectivement nous être profitable, se moqua-t-elle en repensant aux tenues exagérément fluo du couple de client.
Fort heureusement, leur amour à elles ne baignait pas dans la débilité. Quelle idée de sortir assortie ! Cela relevait d'un manque de personnalité totale. Même s'il fallait de tout pour faire un monde et que le jugement, c'est mal, Harper fustigea intérieurement tous ces imbéciles qui s'aimaient n'importe comment.
Le tintement des bouteilles la ramena sur Terre.
— Pareil ! Choisit-elle en venant enfoncer son coude dans le matelas pour soutenir sa tête.
La joie apparente d'Abigail lui arracha un sourire.
— C'est notre voyage de noce, tout de même ! Je me devais de faire un effort, railla-t-elle, un sourcil insolent élevé au-dessus de son oeil brun en amande.
Et elle l'attira vers elle, manquant de renverser le contenu de leur verre. Quand un détail attira l'attention d'Abigail. Le toit se découvrit pour que le ciel, immense et superbe, les recouvre d'un bleu dépourvu de nuage. Abasourdie par sa beauté, les deux femmes se turent, admirant la perfection du moment, serrée l'une contre l'autre. Harper parvint à boire une gorgée d'alcool de Pitaya - qui, ma foi, s'avérait plutôt bon - sans en renverser une seule goutte. Les lèvres encore humectée du sucre de fruit, elle attira son épouse un peu plus proche de son visage pour venir l'embrasser. Le baiser, furieux d'amour, manqua de lui enflammer les lèvres (celles que vous voulez hein). Puis, saisissant son verre qui trônait alors tranquillement sur le sol, elle se placa sur le flanc pour faire face à son aimée. De sa main disponible, elle caressa le dessin de ses sourcils, son doigt retomba en cascade le long de son nez pour terminer sur la commissure de ses lèvres.
— Je me demandais... est-ce que, tu te souviens de notre premier baiser ?
Dans cet instant magique, sans baguette ni autre fioriture, un vent de nostalgie gonfla sa poitrine. A nouveau, elle humecta ses lèvres d'alcool délicieusement fruitée pour humidifier celle de son épouse, dans une attitude totale de provocation et d'amour. Bien des tâches ponctuait leur relation passée, mais les bons souvenirs n'en était plus que beaux. Harper se souvenait parfaitement de ce premier baiser. Il s'était gravé dans sa mémoire plus vite que le sortilège de dévérouillage qui lui avait octroyé un accès illimité à un certain nombre de d'endroits du château de Poudlard. Et dieu sait comme elle aimait fouiner.
 

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Jeu 2 Fév - 20:54


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1er juillet 2021

Mes pas martelaient les couloirs de Poudlard et mon cœur tambourinait dans ma poitrine.

— Reviens là, on veut juste te poser des questions !

Le sourire aux lèvres, je manquais d’éclater de rire. Mes idiotes de poursuivantes se pensaient intelligentes à se moquer d’Harper et moi… alors qu’en réalité, c’était nous qui nous moquions d’elles. À quatorze ans, nous étions tout le temps fourrées ensemble, à tel point qu’une rumeur avait commencé à circuler à l’école. Une rumeur qui disait qu’apparemment, nous étions en couple. Stupide n’est-ce pas ? Si ces bruits de couloir ne me dérangeaient pas, car j’avais réellement des sentiments pour Harper, j’étais un peu mal à l’aise pour elle, car j’ignorais ce qu’il en était de ses sentiments à elle. Alors, je me contentais de son amitié avec courage en réfrénant la caresse sur le dos de sa main ou le petit coup d’épaule discret dans la salle commune. Les petites bourges de sang-pur, et même les autres, adoraient venir autour de nous et se moquer ouvertement de nous. Pour y répondre, nous avions commencé à véritablement nous comporter comme un couple, sans en être un. On se donnait de petits surnoms ridicules que nous avions entendus directement des relations de nos ravisseurs, nous nous tenions la main en nous déhanchant exagérément pour imiter les démarches des sorcières idiotes et, bras dessus, bras dessous, nous exposions un bonheur mielleux et exagéré devant elles.
Ça faisait son petit effet, ils étaient tous vexés. Mais voilà, ils savaient que j’étais la plus timide et celle qui se défendait le moins, alors, bien souvent, je me faisais poursuivre ou attraper pour essuyer des moqueries. Des moments que je cachais à mon amie lionne. À quoi bon ?

—Viens, on veut juste savoir comment vous vous y prenez !

La question me fit pouffer. Déjà que les précédentes ne volaient pas haut…
Je glissais en prenant l’angle du couloir à vive allure et mon visage s’illumina en la voyant. Sans ralentir, je lui fonçais dessus, lui attrapa la main et la tira avec moi avant même qu’elle n’eût le temps de réaliser que j’étais là.

— Pardon Arondie !

Je l’arrachais à son amie de chambrée et entraînais Harper avec moi. Elle n’eut pas à se questionner trop longtemps sur les raisons de mon comportement une fois qu’elle eut aperçu mes poursuivantes.

— Revenez !

Combien de courses avions-nous faites dans les couloirs ? Je serrais ses doigts dans les miens en éclatant de rire. Sa chevelure qui dansait dans son dos fit danser mon cœur. Rapide malgré mes petites jambes, je l’entraînais dans un dédale de couloirs avant de m’arrêter derrière une statue. Le souffle chaud de Harper caressait mon visage alors que je la serrais contre moi pour m’assurer de bien nous camoufler. Les pas de nos poursuivantes se firent de plus en plus précis.

— Par-là !
— J’en ai marre de courir
— Ne t’arrête pas sinon tu vas cracher des limaces
— C’est elles qui doivent cracher des limaces
— Ou plutôt des chats, à force de se brouter le minou


Elles s’esclaffèrent en passant rapidement devant nous sans nous voir. J’étouffais un fou rire en posant mon front contre l’épaule de mon amie. Les battements de son cœur tambourinaient à mon oreille. Existait-il plus belle musique ?
Une fois assurée qu’elles étaient assez loin, je reculais le visage et laissais mon rire éclater comme un feu d’artifice.

— Excuse-moi, elles me poursuivent depuis la sortie de mon cours, articulais-je entre deux rires, c’est de plus en plus ridicule ! On les a bien eues là, t’as vu ça ? Il fallut plusieurs secondes pour que mon hilarité commence à passer. Je plongeais mon regard dans le sien. T’as vu ça ? Je récupérais mon souffle, mais restait en apnée. Mon cœur ne cessait de cogner fort dans ma poitrine. Elles ne disent vraiment que des bêtises. N’est-ce pas ?

Son parfum délicieux s’insinua dans mes narines et m’enivra. La courbure de ses hanches que je tenais toujours était parfaite. L’intensité de son regard m’engloba. Mes pupilles se dilatèrent. Je cessais de respirer.
Sans que je ne sache comment, mes lèvres rencontrèrent soudainement les siennes. Pulsion commune incontrôlable, nous nous étions avancées en même temps pour échanger un baiser passionné et sulfureux. Ses lèvres étaient si sucrées, si délicieuses, si douces. Je ne voulais plus jamais m’en passer. J’allais me confondre en excuse lorsque nos bouches de séparèrent. Je n’en eus pas le temps. Il y eut un deuxième baiser, puis un troisième, puis je perdis le compte.
Là, derrière le gardien de pierre, à l’abri de tous les regards indiscrets, nous échangions enfin des mois, voire des années d’un amour trop longtemps refoulé.

***

Un frisson agréable me parcourut l’échine alors que son toucher délicat parcourait mon visage. Je craignais qu’elle frôle ma balafre, mais elle n’en fit rien. Allongée sur le dos, le visage tourné dans sa direction, je savourais ses lèvres avec une délectation non feinte.

— Évidemment que je m’en souviens. C’était l’un des plus beaux jours de ma vie, j’attendais ça depuis si longtemps. Ça me consumait de l’intérieur.

Je ne cherchais pas à dissimuler l’amusement qu’engendra cette question. Harper ne manquait pas de se moquer de moi lorsque je lui posais ce genre de questions, pourtant, elle avait elle aussi ce côté féminin bien caractérisé. C’était charmant. J’aimais quand elle était comme ça, elle dégageait alors une candeur merveilleuse qu’elle dissimulait trop bien le reste du temps.
Mon index effleura délicatement son menton avant que je ne glisse ma main jusqu’à sa chevelure. Je la gratifiais de légères et tendres caresses en sentant mon souffle s’entrecouper. Elle me manquait. Son corps me manquait. Je me privais, ou plutôt, je nous privais à cause des mes craintes absurdes. Ses provocations assumées faisaient leurs petits effets. Je mourrais d’envie de m’offrir à elle, mais pourtant… il y avait ce nouveau corps, si immonde. En appuyant sur sa nuque, je la ramenais contre mes lèvres, car je ne parvenais pas à éteindre l’incendie qui me consumait les tripes. Mes doigts s’agrippèrent à ses vêtements que je ne pouvais m’empêcher de tirer légèrement. Lorsque sa main passa négligemment sur l’une de mes nombreuses cicatrices par-dessus le tissu de mon haut, ma poitrine se serra, comme prise dans un étau. Avec tendresse, je rompais notre baiser passionné et plongeais dans la beauté de ses yeux. Je murmurais.

— J’ai peur Harper. Mon corps. Il est si horrible maintenant. Je n’ose plus me regarder, alors comment toi tu le pourrais ? Mais je n’ai pas envie de gâcher notre voyage. Je… j’en meurs d’envie, tu me manques mon amour, ça me consume de l'intérieur, me répétais-je, mais… J’ai peur.

Je me mordais la lèvre inférieure, priant pour qu’elle ne le prenne pas mal. De crainte qu’elle ne s’éloigne, je raffermissais ma prise sur sa nuque et sur ses hanches afin de la garder contre moi.

 

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1er juillet 2021

Les mains jointes derrière la tête, Harper arpentait les couloirs en compagnie d'Arondella, son amie dont la chevelure sombre était presque plus longue que son petit corps. Côte à côte, leurs physionomies dépareillées attiraient les regards curieux. Deux Gryffondors, deux poids (c'est le cas de le dire), deux mesures. Une grande à la silhouette filiforme, portant une coupe courte de cheveux bruns, s'avançant d'un pas nonchalant, ignorante du monde extérieur, le nez pendu au plafond. A quoi pouvait-elle bien penser ? Et une petite, toutes en gracieuses rondeurs, le sourire suspendu aux lèvres pour saluer tous les visages connus qu'elle croisait. Dans le creux de sa main, un origami en forme de Koala s'activait à grimper le long de son majeur. Au détour d'un couloir, Abigail déboula en trombe. Absorbée dans des idées absurdes, Harper ne l'a vit pas venir. Arondie, quant à elle, se demanda d'abord s'il fallait s'inquiéter puis, voyant l'expression sans inquiétude de l'élève de Pouffsoufle, se contenta de déclarer :
—  Salut Abi.
Avant qu'elle n'eut le temps de dire ouf, le bras d'Harper, porté au-dessus de sa tête, se plia, entraîné par Abigail.
- Aurevoir Abi, salua Arondie, loin d'être vexée par ce détournement d'amie.
La petite fille aux yeux noirs, connaissant les poursuivantes, arrêta la dernière dans sa course, la plus lente et la plus bête.
— C'est pour toi, Enid, assura-t-elle en extirpant un flacon de sa robe de sorcière pour en verser le contenu de quelques gouttes sur le koala de papier. C'est un porte-bonheur.
Enid, la plus bête des serpentard, accepta le cadeau sans savoir que la gryffondor l'avait enduit d'une décoction urticante. Elle reprit sa course, attirée par le boucan de ses amies.
La statue d'Arkane la Rose, une activiste Gobelin qui lutta contre les siens autant que contre les sorciers pour obtenir l'égalité entre les races (bien que ses activités échouèrent), trônait au troisième étage, entre deux armures rouillées. Abigail entraîna Harper pour les mettre à l'abri de leurs poursuivantes. Décidément, ces imbéciles de serpentardes s'acharnaient dans leurs bêtises. Le poil a gratter dans leurs gants en peau de dragon habilement glissé dans les serres, ne leur avait pas suffi. Silencieusement, Harper écouta leur pas pressés s'éloigner. De toute sa hauteur, le parfum d'Abigail chatouillait insidieusement ses narines. Les deux filles pouffaient de rire, mélange de moqueries et de cette délicieuse proximité. Rapidement, Abigail lui dépeint la situation.
— ... Leur bêtise les perdra, assura Harper.
Alentour, le calme s'installa pleinement.
— ... J'ai vu, répondait Harper secoué de spasmes tant elle riait. J'ai vu, répéta-telle encore, incapable de prononcer un mot plus compliqué, tant elle peinait à contrôler son hilarité.
Elle se figea soudain, comme si les paroles lui manquaient pour répondre à cette dernière question. Nier serait mentir. Et avouer ? Les mains de son amie reposaient sur ses hanches. Les siennes reposaient sur ses flancs. Le souvenir d'une discussion avec Arondella lui revint en mémoire.
—  Tu es amoureuse !
— N'importe quoi, Arondella !
—  Ça se voit comme le nez au milieu de la figure !
—  C'est la tienne de figure que je vais casser si tu n'arrêtes pas tout de suite de dire des bêtises.
Que disait-on, déjà, à propos de la vérité ? Au milieu du calme et des senteurs qu'elle affectionnait, intérieurement, Harper ne se fâcha pas. Le temps semblait suspendu. Ses pieds ne touchaient plus terre.
Elles ne disent vraiment que des bêtises...
Leur visage se rapprocha lentement. Cet instant qui paraissait irréel lui coupait littéralement la respiration. Harper ferma les yeux, leurs lèvres se touchèrent pour former un baiser. Collé, son nez prit une puissante inspiration pour alimenter ses poumons, allumant une flamme qu'elle n'avait alors jamais connue jusqu'ici. Une flamme nommée désir. C'était aussi doux qu'une caresse alors son dos frissonna. Répondre à cette pulsion résonnait comme la tentation d'une envie inassouvie dans laquelle elle venait de plonger, la tête la première. Et de cette piscine de bien-être, Harper refusait de regagner la surface. Leur étreinte perdura, dans un moment qu'aucune baguette ne pourrait égaler en magie. Ses bras entouraient le cou d'Abigail, comme si elle, le phacochère sauvage, venait de s'accrocher tel un tendre koala.

***  

Harper souriait. Son index dansait amoureusement sur le visage d'Abigail. Bien que le feu de leur premier baiser était impossible à reproduire, malgré toutes les bonnes volontés, elles s'embrassèrent avec fougue, de toute la puissance de leur amour. Le souvenir. Le voyage de Noces. La présence de la femme qu'elle aimait allongée sur ce lit, à sa merci. L'alcool de pitaya. Le feu qu'avait éveillé en elle Abigail se réveilla pour rappeler sa présence. Les mains d'Harper ne s'aventurèrent pas. Elle se contentait de rendre plus ardent son baiser et de coller son corps échaudé par le désir, contre le sien. Quand le baiser se rompit, Harper écouta les murmures d'Abigail. Évidemment, elle le savait. Elle le comprenait, mais ne s'en était jamais inquiété, car les problèmes, ça ronge l'optimisme, et l'optimisme, ça conserve.
—  Je sais, susurra-t-elle en l'allongeant sur le dos. Mais peut-être, accepterais-tu que je m'en fasse ma propre idée, que je te livre mes propres impressions, pour confirmer ou infirmer, tes craintes ?
Harper porta ses mains sur les pans du haut d'Abigail, pour le soulever et l'inciter à le retirer.
— T'es craintes qui ne sont pas les miennes. J'ai épousé ton corps en sachant que son aspect n'est pas gravé dans le marbre. Le mien aussi, d'une façon ou d'une autre, finira par se métamorphoser. Ce ne sont que des cicatrices. Tu en avais déjà. Et en travaillant avec les dragons, je savais que tu en aurais d'autres.
Elle lui retire son haut pour venir caresser sa nuque meurtrie par le lycanthrope.
—  Ces cicatrices, la seule chose qu'elles m'inspirent, c'est la manière dont j'exploserais ce loup-garou si je venais à le rencontrer.
Elle sourit avant de venir l'embrasser dans le cou. Son visage entreprend un chemin assez suggestif avant d'atteindre sa poitrine et déclarer d'une manière qu'elle voulait détachée :
—  Mais si tu n'en as pas envie, je comprendrais.
 

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Abigail MacFusty
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Mar 14 Fév - 21:10

Les reines du monde vivent au sommet


1er juillet 2021

À la merci de la femme qui m’avait conquise, je restais pendue à ses lèvres. La boule qui s’était formée dans ma gorge rendait difficile ma déglutition. J’étais incapable de parler alors qu’intérieurement, je hurlais. Je voulais crier combien je l’aimais et combien ses paroles me faisaient du bien, mais je voulais aussi m’enfuir. Rapetisser (encore plus) et me cacher dans un trou tel un animal effrayé et blessé. Pourtant, sa présence, son odeur, tout en elle me paralysa à cet instant précis. Si je sentais jusque-là les battements frénétiques de mon cœur, ils furent gelés alors qu’elle se saisit des pans de mon haut pour me le soulever et me le retirer. C’était une douche froide alors que tout mon être était en ébullition pour cette femme. J’étais mon propre hammam. Est-ce que de la vapeur s’échappait de mes oreilles ?
Le souffle coupé, je parvins simplement à cacher ma poitrine scarifiée de mes bras dans un pareil état. Visage camouflé de mes mains, honteuse, je souhaitais disparaître ou plutôt, changer d’apparence, mais puisque tout en moi bouillonnait et gelait à la fois, je me contentais de rester bêtement figée.
Mais il y eut son souffle dans mon cou. La réaction de mon corps fut instantanée. Il me trahissait. Ma peau devint granuleuse tandis que tout mon être se hérissait de désir. Il y eut ses caresses sur ma nuque meurtrie, rendues rugueuses à cause des cicatrices. La foudre me frappa à cet instant précis en engendrant une terrible douleur qui passa presque instantanément. Depuis l’attaque, je souffrais de nombreux maux de tête et le simple fait qu’elle y touche les généra. Ou alors était-ce pas que j’étais noyée dans l’alcool de notre amour ?
Pour finir, ses baisers tombèrent, délicats et brûlants. Ils rompirent enfin la glace qui s’était forgée en moi. Je révélais à nouveau mon visage et passai timidement mes bras derrière sa nuque pour la serrer contre moi. Elle avait toujours été le feu et moi l’eau. Deux éléments complémentaires qui avaient du mal à survivre sans l’autre. Grand Merlin, comme Harper m’avait manqué. Chose ironique en sachant que nous vivions ensemble, toutefois, ce n’est pas comparable de vivre aux côtés de quelqu’un et de se discipliner à ne surtout pas le toucher malgré l’envie, et le faire en toute liberté. J’avais connu de nombreuses cages dans ma vie, et la plupart avaient été mentales. Récemment, je m’étais enfermée dans ma tristesse, ma peur et mon manque de confiance. J’avais juste oublié que j’avais confié les clés à Harper.

— Pas sans moi, parvenais-je enfin à articuler dans un souffle tandis que je relevais son visage d’une caresse pour l’inciter à me regarder. Ne l’explose pas sans moi. Je veux être là.

C’était mon droit. Je savais que je ne pourrais pas empêcher mes proches de partir à la recherche de celui qui nous avait attaqués, Rory et moi. J’étais d’ailleurs persuadée que ce dernier remuait ciel et terre, tout comme Maverick. J’imaginais le désir de vengeance de Harper, même si le terme n’était pas tout à fait exact. Quant à moi… et bien, moi, j’aimais les bêtes, envers et contre tout. L’une m’avait volé mon frère, l’autre m’avait abimé le corps. Il n’empêchait que je ne ressentais aucune animosité, aucune envie de les éradiquer. Rien. Au contraire, j’avais l’esprit assez ouvert (ou peut-être était-ce de la naïveté ?) pour comprendre. Comprendre que ce n’était pas entièrement de leurs fautes et que j’étais en partie responsable. Quoiqu’il en soit, je refusais que Harper et mes amis se mettent en danger pour moi, et surtout, qu’il fasse sentence sans mon propre jugement. Je ne voulais pas d’une chasse au loup.

Le fil de mes pensées fut interrompu lorsqu’Harper devint aventureuse. Inutile de lui répondre, l’exaltation qui s’échappa de mes lèvres parlait pour moi. Obstinée, je refusais de fermer les yeux et de m’enfermer dans ma honte. Je voulais savoir, je voulais voir les réactions qu’elle avait en parcourant tous les nouveaux sillons qui balafraient mon corps. On m’avait assuré qu’elles s’amenuiseraient avec le temps, la plupart pourraient même totalement disparaître avec les années et les soins appropriés. Tout espoir n’était donc pas perdu. Par ailleurs, si j’en avais honte, elle attestait d’une vérité dont peu de gens me croyaient capable : je défendais mes amis envers et contre tout. J’étais peut-être une petite sorcière menue, timide et réservée, mais il n’empêchait que j’étais un chien de garde farouche et violent. Si je pouvais me mettre dans cet état pour mon frère de cœur, alors qu’il ne faisait aucun doute que je pouvais donner ma vie sans la moindre hésitation pour mon épouse. Oui, je pouvais mourir pour elle.
Les vêtements tombèrent les uns après les autres, et je redécouvrais mon corps au même temps que les doigts tendres et explorateurs de ma Belle me parcouraient. L’amour dans lequel elle m’enveloppa fut si grand et intense qu’il y en eut assez pour deux. Ainsi, alors que je me soumettais au moindre de ses caprices, j’apprenais à aimer ma nouvelle apparence. Par le biais des lèvres de Harper, j’embrassais chacune de mes morsures et chacune de mes griffures, je les apprivoisais et les faisais miennes. Tout comme Harper me faisait sienne.
Sincèrement. Comment avais-je pu me passer d’une telle sensation durant tout ce temps ? Quelle idiote. Sous le voile de la chevelure sombre de mon épouse qui me surplombait, je me laissais aller aux merveilles de nos désirs. Je laissais exploser cette passion qu’elle avait engendrée au creux de mes entrailles et qui me consuma de la tête aux pieds. Les draps, jusqu’alors bien lisses, furent froissés.
Et comme elle l’avait prédit, il y eut d’autres moments intenses. De nombreux autres moments. J’avais perdu le compte. Tantôt elle devenait mon koala câlin, tantôt je devenais son phacochère sauvage et fonceur. Mes muscles me suppliaient de m’arrêter et pourtant je revenais à la charge, encore et encore, et lorsque je m’accordais enfin un peu de repos, c’était Harper qui me soumettait à ses assauts.
Certains prétendent qu’il n’est pas possible d’arrêter le temps. Ces gens sont des ignorants. Oh, Harper et moi n’utilisions pas nos baguettes pour ce faire. Nous nous contentions juste de nous aimer. La forme la plus pure de magie faisait des miracles, depuis le temps, nous le savions intimement, elle et moi. Nous profitions l’une de l’autre avec une délectation non feinte, et cela suffisait. L’amour pouvait arrêter le temps.

Lorsque le soleil déclinait par-delà les piliers de roche, sans trop que je ne sache comment, je me retrouvais collée dans son dos, un bras coincé sous elle. De l’autre, j’effectuais de petites pressions le long de sa colonne vertébrale en un massage distrait, mais empli de caresse. Le nez dans ses cheveux, les yeux mi-clos, je laissais mon corps trembler à cause de tous les efforts que je venais de lui demander. Pour autant, je ressentais une profonde félicité. Le matelas s’était transformé en nuage, l’air ambiant était au parfum d’Harper et plus rien d’autre n’avait d’importance qu’elle. Un petit sourire aux lèvres, de nombreux souvenirs de nos premières fois me revinrent en mémoire. Notre premier baiser, notre première fois, nos moments cachés, car nous n’osions pas le dire à certains de nos proches. Notamment moi et ma famille. Je me souvenais.

***

— Ne partez pas trop loin, on va bientôt manger.
— On est juste en haut, je veux montrer ma nouvelle figurine à Harper

Et j’entrainais l’adolescente dans les escaliers en bois sous l’œil amusé de ma mère qui, visiblement, était soulagée que sa fille si renfermée ait pu se faire une si bonne amie. Une amie qu’ils accueillaient volontiers le jour de Noël, comme ce soir.
Ce que Helora MacFusty ignorait, c’était qu’à présent, Harper était plus qu’une simple amie pour sa fille. La figurine n’avait été qu’un prétexte pour s’isoler dans ma chambre. La porte à peine close, je lui sautais au cou pour l’embrasser avec la passion malhabile de l’adolescence. Me retenir de la toucher alors qu’elle était si proche de moi était une véritable torture et je n’avais pas pu me retenir plus longtemps.

— Heureusement qu’on peut passer du temps ensemble durant ses vacances, le temps serait terriblement beaucoup trop long sinon. Tu restes dormir hein ?

Dormir, oui, on y croit. Cela ne faisait que quelques mois, et pourtant je ressentais déjà un attachement particulièrement profond pour la Auburn. Nous passions le reste de notre temps à nous bécoter, sourdes de ce qui se tramait en bas.
La porte de ma chambre s’ouvrit subitement.

— Abi, viens à table, ça fait vingt f… wwwooow !!

Kyle se cacha les yeux et repoussa la porte.

— Aaaaah bon sang Abi ! Il y a des hôtels pour ça !

Je bondis hors du lit en claquant la porte au nez de mon frère.

— On n’est même pas toutes nues ! Et tu n’as qu’à frapper, espèce de sale con !
— Venez manger ! Sinon je raconte tout aux parents.
— Raconter quoiiii ?
— Ce n’est pas de ton âge Adélaïde
— Hey ! Il se passe quoi ? Moi aussi je veux savoir.

Je sautais sur le verrou de la porte pour l’actionner et empêcher ma petite sœur d’entrer dans la pièce avant de me perdre dans un fou rire de concert avec Harper. Le court instant où la porte avait été ouverte avait permis aux effluves des cuisines de parvenir jusqu’à nous. Affamées, on se dépêchait de descendre, l’air aussi innocent que des adolescentes plein de secrets pouvaient en avoir l’être. Kyle ne trahit jamais notre secret.

***

De son dos, je remontais jusqu’à son épaule en frôlant sa peau encore bouillante. Je lui croquais sensuellement l’oreille.

— J’ai faim. Tu n’avais pas prévu un restaurant et une surprise ?

Péniblement, je m’asseyais.

— J’ai pris cinquante-deux ans en quelques heures.

J’avais bien dit qu’on avait arrêté le temps n’est-ce pas ? Quand Harper se releva, je l’attrapais vivement pour la ramener contre moi. Mes mains sur ses joues, je déposais un délicat baiser sur le bout de son nez.

— Je t’aime, Harper Auburn. Je t’aime et je donnerai ma vie pour toi. Merci d’être toi. Merci de m’aimer comme tu m’aimes. Je déposais un délicat baiser sur ses lèvres. Je… je n’ai pas pensé à Kyle durant ces dernières heures.

C’était assez exceptionnel pour être souligné. Dans une dernière étreinte, je lui rendais sa liberté. Présentement, un nouveau problème se dressa devant moi. Je me laissais retomber dans le lit en faisant l’étoile. Je perdais subitement soixante-neuf ans (au moins).

— Comment je m’habilllleuuuuuu ? J’ai souaaaaaf. J’ai faaaaaiiiimmm. J’ai mal partouuuuuut. Hhhhannnnnnwwww…. Au secouuuuuur…

 

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Never Ending Circles
ANAPHORE


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Harper MacFusty
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Mer 22 Fév - 19:24


Les reines du monde vivent au sommet


1er juillet 2021

L'envie se manifesta bien que le lâcher prise ne fut pas encore au rendez-vous. Les bras en croix, Abi masqua sa poitrine marquée de cicatrices. Harper ne réagi pas, se contentant de la laisser faire, concentrée sur les caresses et les baisers qu'elle déposait le long du restant de son corps que ses bras ne pouvaient cacher. Peu à peu, une lueur étincela, allumant une brindille de désir qui explosa en grand feu. Harper ne saurait exprimer si le manque de ces dernières semaines attisait les flammes. Par contre, lorsque les muscles de son épouse se détendirent, une vague de soulagement la traversa, accélérant les battements de son coeur et, dans la foulée, ses envies. Etreintes et caresses se transformèrent en ébats, les baisers devinrent plus mouillés. Les draps allaient se prendre une tannée. En réponse à la volonté d'Abigail d'être présente si le coupable était retrouvé, Harper sourit. En cet instant magique où il lui semblait que plus rien ne pouvait les atteindre, elle se persuada qu'il allait payer pour son crime. Son toucher s'intensifia, renforçant ses prises autour des membres de son épouse, et Harper se laisser aller dans la chaleur de leur amour.
***
 

Ce matin-là, Harper se réveilla trempée dans son lit à baldaquin du dortoir des Gryffondors. D'un revers de la main, elle essuya son front moite, dégagea le col inondé de sueur de son pyjama qui lui collait à la peau. Mollement, elle roula de côté, et ce simple mouvement déclencha un tiraillement, comme si son intérieur était électrifié jusque, jusque... elle ouvrit des yeux ronds. Jusque dans son entrejambes. Affolée, elle se plaqua sur le dos. Se pourrait-il que, dans une confusion de rêve et de réalité, ses compagnes de dortoirs l'ait entendu... gémir ? Non, non ! Tout mais pas ça ! Elle s'assit dans son lit pour enfouir son visage dans sa main. Tout mais pas ça ! D'un geste vif, elle dégageait les rideaux avec la ferme intention de passer à la douche.
— Bonjour ! Chantonna une voix.
Harper bondit sur son derrière. Allongée dans le lit d'à côté, Arondella l'a regardait avec des yeux ronds comme des billes.
— Quoi ? Quoi ? S'inquiétait Harper.
D'ailleurs, elle se s'inquiétait de plus en plus que ses suppositions s'avèrent juste. Mais non, non ! Elle devait très certainement se faire des idées. Arondella l'aurait déjà raillé. Elle ne l'observerait pas avec tête d'ahuris.
— Tu as de la fièvre ? Demanda son amie en sautant pied sur le sol.
La petite fille aux longs cheveux noirs vint déposer sa petite main sur le front d'Harper. Cette dernière rougit en songeant à ce contact après ce rêve fièvreux qui avait agité sa nuit. Honteuse, elle se rompit le contact.
— J'ai fais un cauchemar ! Mentit-elle.
Ce n'était pas forcément une bonne idée car Arondella, de plus en plus inquiète se positionna à ses côtés.
— Pauvre enfant ! Quel genre de cauchemar ?
Harper, qui s'emmêlait les pinceaux dans son mensonge et sa honte, trouva rapidement une excuse :
— J'ai rêvé que je retrouvais mon père et que ce n'était qu'un sale con.
— Ah ! Proféra tout haut Arondella, adoptant une voix nausillarde. Ce n'est que ça ? Rien d'étonnant. Il n'en fallait pas moins pour engendrer....
Son index tourbillonna autour d'Harper.
— Ca !
Et elle sauta à terre sur ses deux pieds pour trotinner rapidement jusqu'à la salle de bain. Harper essaya de l'empêcher de s'enfermer, mais la porte claqua juste sous son nez.
— Je m'étais réveillée la première ! Dit-elle, alors qu'elle n'en savait rien mais qu'elle avait l'envie furieuse de se débarasser de sa moiteur.
— Nia nia nia !
Plus tard, sur le chemin du cours de sortilège que les Gryffondors avaient en commun avec les Pouffsoufles, Harper marchait en cogitant. Décidement, il n'y avait qu'une seule chose à faire. Elle poussa un long soupire, vérifia que personne ne la regardait et se cacha dans un recoin sombre. Patiemment, elle attendit que les élèves rentrent en salle, surveillant l'arrivée d'Abigail. Quand celle-ci montra le bout de son petit nez :
— Psss ! Psss ! Hey ! Hey ! Pssss ! Chuchotait Harper.
Quand sa petite amie s'approcha prudemment, le bras d'Harper se dégagea du recoin sombre pour aggripper Abigail entre deux boutons de chemise. Elle tira de toutes ses forces et l'entraîna dans un passage secret qu'elles connaissaient bien. Avec les mêmes forces, elle plaqua son amoureuse contre le mur. Les feux, voyez-vous, il ne faut pas les laisser vous consummer. Elle embrassa fougeusement Abigail avant de déclarer à voix haute, essayant de se souvenir de son rêve de la nuit passée :
— Alors, où en étais-je ?
***


Harper ronronnait sous les caresses d'Abigail. Quelle heure était-il ? Dehors, le jour semblait décliner. L'heure du rendez-vous approchait. Harper sourit.
— Inutile de mourir, vivre avec moi me suffira.
Son immense bouche dessina un immense sourire amusé. Elle se laissa bercer par les mots d'Abigail. Lorsqu'elle évoqua son frère, Harper enfouit son visage dans ses mains, faisant mine d'en chasser l'oisiveté de la situation. Kyle. Au-delà du deuil que supportait la femme de sa vie et sa famille qui l'avait toujours si bien accueillie, Harper endurait lourdement cette triste vérité : il avait quitté ce monde persuadée qu'Harper Auburn n'était qu'une connasse ayant fait outrageusement souffir sa petite soeur adorée. Dans sa honte, Harper aurait tout donné pour lui délivrer ce message : j'ai fais une erreur, j'ai changé, je suis revenue. Mais ce qui est fait, est fait, n'est-ce pas ? La voix d'Abigail fit presque trembler le dôme de verre. Relâchant ses mains sur le lit, Harper souriait.
— Douchons-nous et sortons ! D'abord la surprise, après... on se met la mine au bar. Dîner au vin, tout ça, tout ça !
***
 

Vers 17h, les épouses Macfusty étaient au rendez-vous en haut du pilier des amoureux. Un employé de l'hôtel les attendait patiemment.
— Bonjour mesdames ! Dit-il dans une prononciation parfaite. Vos balais sont ici. Souvenez-vous : une fois le balai enfourché, un sortilège d'invisibilité s'activera. Vous n'êtes pas les seules à voler. La position des autres sorciers et sorcières profitant de la balade apparaîtront en nuage rouge.
Le jour commençait étrangement à décliner. Il était trop tôt pour que le soleil se couche mais, cachée derrière une montagne, sa lumière ne resplendissait plus autant.
— N'intéragissez pas avec les créatures. La vallée est une zone d'espèces protégées. Nous faisons le maximum pour qu'elles ignorent notre présence. Ce qui ne veut pas dire que nous ne pouvons pas en profiter.
Un large sourire se dessina sur ses lèvres. Il les salua chaleureusement avant de transplaner.
— Nous pouvons voler toute la nuit, si nous le désirons. Il faut rester dans le périmètre du parc, sinon une cloche retentira, expliquait Harper.
Surexcitée, elle commanda son balai qui vint se loger au creux de sa main. Elle l'enfourcha, attendant que son épouse lui donne le top départ.
— Prête à voir les ébats des Bouteufeux Chinois sans qu'ils nous voient ? S'amusa-t-elle.
 

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Ven 24 Fév - 16:53

Les reines du monde vivent au sommet


1er juillet 2021

Je suivais ma merveilleuse épouse jusqu’au sommet des piliers des amoureux. Là, mon cœur s’arrêta en voyant les balais. Fuck. Non pas que j’ai une peur bleue de voler, ce serait absurde puisque je chevauchais Sombral et autre hippogriffe de manière journalière. En revanche, et ce depuis gamine, je détestais les balais. Si j’étais mauvaise en arithmancie et en potion parce que la logique de ces matières m’échappait, le vol, je n’aimais tout simplement pas ça. Je n’avais jamais souhaité faire partie de l’équipe de Quidditch et j’évitais autant que possible de poser mes fesses sur un balai. Je préférais largement faire le ménage avec.
Toutefois, la perspective du début de soirée s’annonçait plus qu’agréable, alors je pris sur moi pour commander le balai qui vint se loger dans ma main. Non sans une légère hésitation, je l’enfourchais en regardant Harper. Son entrain habituel était contagieux. Il m’avait toujours contaminé et c’était peut-être ce qui m’avait séduit avant tout autre chose chez elle. J’aurai largement préféré me coller dans son dos sur le même balai plutôt que de prendre le mien. Passons.

Il me fallut quelques secondes pour retrouver mes réflexes de vol. Voilà des années que je n’avais plus touché un balai pour voler, et je me sentais obligée de tournoyer autour de Harper, monter et descendre afin de me familiariser avec ces lointaines sensations. Commun, le balai était énergique sans être nerveux. Il répondait rapidement sans être entravé par l’amplitude qu’imposaient les ailes de mes créatures fantastiques.
La maniabilité (et la confiance) retrouvée, je me glissais aux côtés de mon épouse et, taquine, la bouscula un peu avant de plonger. Je n’avais pas la prétention de voler aussi bien que Harper, après tout, elle avait fait beaucoup de Quidditch comparé à moi. Mais voilà, l’après-midi avait été si voluptueux que je retrouvais, un peu, de ma légèreté. Si, malgré nos ébats, je m’étais obstinée ce soir à me vêtir à nouveau d’habits longs pour camoufler mes cicatrices, je me sentais toutefois quelque peu libérée de leurs emprises sur mon mental. Un réflexe qui découlait de ma maladie, et maintenant que nous prenions de la vitesse, je me félicitais d’avoir enfilé ma veste en jean. Si les odeurs me parvenaient confuses et mélangées à cause de notre allure, le vent commençait à se rafraichir. Des scintillements étincelaient dans la chevelure lâchée d’Harper, reflets du soleil déclinant lentement derrière les piliers et qui donnaient au ciel des couleurs chaudes merveilleuses, allant de l’orange au rose.
Mon cœur se gonfla d’amour pour elle, mais aussi de fierté. Si beaucoup voyaient Harper comme une femme aux mille facéties, moi, je la voyais sous un autre angle. Une femme entière, courageuse et qui ferait toujours passer ses amis et sa famille avant tout le reste. Elle se considérait comme lâche. Je la jugeais simplement pleine d’erreurs.
Qui n’en faisait jamais ?
Moi la première, je m’étais fourvoyée sur bien des choses concernant notre relation.
Un sourire étira mes lèvres. Emportée par la volupté de l’instant, je me penchais en avant pour revenir à hauteur de Harper et lui faire signe de la main. Là-bas au loin, une envolée d’oiseaux aussi colorés que le ciel pouvait indiquer la présence d’une créature plus imposante. C’était sans compter mon instinct de dragonologiste qui s’était éveillé présentement et qui fonctionnait à vive allure.

Lorsque les grondements retentirent, mon cœur papillonna. Un immense sourire barra mon visage en apercevant les écailles lisses et écarlates d’un Boutefeu en contre-bas. Sans prendre garde au petit nuage rouge passant au loin en face de nous, je fis un nouveau signe à Harper. Habituée aux endroits escarpés de ce genre, j’entraînais ma femme jusqu’à une corniche couverte de verdure. Là, j’atterrissais non sans me pencher trop sur le côté et manquer de me ramasser sur le flanc. Je sautillais pour donner l’air que je contrôlais parfaitement la situation avant de me rapprocher du bord. Comme je l’avais prévu, d’ici, nous avions une vue imprenable sur le soleil couchant et sur la parade nuptiale des Boutefeux. Il nous suffisait de rester cachées pour ne pas les déranger. Sans craindre le vide, je m’asseyais au bord et observais les créatures fantastiques se donner des coups, écarter leurs ailes et remuer leurs museaux parsemés de pointes dorées.
Mon sourire ne quittait plus mon visage et si je les contemplais avec enchantement, je ne pouvais m’empêcher de travailler aussi. Je prenais mentalement des notes sur leurs manières de communiquer, sur leurs comportements. Tout était si différent des Noirs des Hébrides. Quelle chance nous avions de pouvoir observer deux spécimens sauvages de la sorte !
Détendue et aux anges, je venais me coller contre Harper, entremêlais mes doigts aux siens en posant ma tête sur son épaule.

— Le mâle semble être un gros lourd. Comme Luca, mais en plus gros.

Il poussait la femelle et roulait des coudes comme un jeune adolescent en rut. D’ailleurs, je soupçonnais que ce soit effectivement un jeune, contrairement à la femelle, plus grande, et aux écailles plus marquées par le temps. Bien que la femelle soit réticente, le mâle insistait. Il usa même de la science de son feu pour essayer de la séduire. Les flammes furent soufflées dans notre direction, et comme le voulaient les caractéristiques de la race, elles prirent la forme de champignons. Je plissais des paupières quand la chaleur nous parvint et serra plus étroitement mon épouse. Non pas que j’avais peur qu’ils nous voient, mais parce que les Boutefeu étaient l’une des races les plus agressives envers l’humain et que je protégerais Harper envers et contre tout.
Pour autant, les flammes ne nous étaient pas destinées et le mâle n’eut de cesse d’user de sa science pour séduire la demoiselle.

***

Assise nue au bord du lit, je regardais pensivement les étoiles par la fenêtre. Du haut de mes vingt ans, diplômée de l’école de Poudlard, je travaillais à l’étude des Noirs des Hébrides avec ma famille. L’université allait rouvrir ses portes et l’idée de l’intégrer pour parfaire mes connaissances me tournait de plus en plus dans la tête.
Une large main chaude et rugueuse vint me caresser le dos et m’extirpa de mes songes. Un frisson me parcourut. Il ne fut ni agréable ni rassurant.

— À quoi tu penses ?

Je jetais un œil par-dessus mon épaule en gardant obstinément mon regard sur le visage du garçon allongé nu lui aussi à côté de moi, exhibant ses parties sans la moindre retenue. S’il était gentil avec moi depuis notre rencontre et qu’il n’était pas désagréable à regarder, je gardais obstinément un goût amer à chaque fois que je l’embrassais. Les moments de délectations étaient inexistants avec lui après avoir fait l’amour. Si son toucher était chaud et ma fois rassurant, il ne m’électrisait pas.
Il n’était pas Harper.
Une Harper que je m’efforçais par tous les moyens d’oublier, soit en me perdant dans mon travail, soit en m’essayant à d’autres relations. J’avais abandonné toutes tentatives avec les femmes, ces dernières me faisant beaucoup trop penser à mon ex-petite amie.
J’avais posé mon dévolu sur ce sorcier de cinq ans plus âgé que moi, lui aussi dragonologiste en stage dans les Hébrides pour l’étude de la race que je protégeais avec ma famille. Je lui souris avec douceur malgré mon manque d’enthousiasme vis-à-vis de lui. Je voulais me persuader que tout allait bien.

— À rien.
— Je ne te crois pas.
Il empoigna sans réelle douceur mon petit bras dans sa grande main calleuse et m’attira contre son torse encore moite de nos récents ébats.
— Dis-moi.
— Oh c’est juste que… Je songe m’inscrire à l’université.
Il haussa les sourcils.
— Pourquoi faire ?
— Une formation en plus pourrait être bénéfique pour notre famille.
— Tu en sais déjà bien assez
— Je ne pense pas. Je pense que j’ai plein de lacunes.
Il m’empoigna avec force et me fit rouler sur le dos. Il me domina de toute sa hauteur et embrassa ma poitrine.
— Tu n’es pas obligée de t’embêter avec ça. On peut se marier. J’irais travailler avec les dragons et toi tu m’attendras à la maison avec nos enfants.
Je pouffais de rire, ce qui sembla le vexer. Il me fixa.
— Quoi ?
— Tu veux m’empêcher de travailler avec les dragons ? Tu veux qu’on se marie ? Tu veux qu’on ait des enfants ? Tu n’es pas sérieux.
— Et pourquoi pas ? Les dragons sont bien trop dangereux pour toi, et je saurais subvenir à tous tes besoins. Tu n’auras plus aucun souci à te faire.
La proposition n’avait rien d’alléchant et ses propos étaient blessants. Je remuais pour me dégager de son emprise et me remettre assise sur le bord du lit.
— Mais j’ai envie de travailler avec les dragons. Et j’ai envie de faire ses études… et je n’ai pas envie de songer au mariage maintenant.
Faux. Ça m’avait traversé l’esprit lors de ma septième année à Poudlard. L’odeur de Harper s’insinua dans mes narines. Je fronçais les sourcils.
— Si tu me refuses, alors ça ne sert à rien qu’on continue notre relation.
Je lui répondis que d’un haussement désinvolte des épaules. Vexé, il s’empara de ses vêtements, se rhabilla et sortit de ma chambre. Soulagée de ne plus avoir à supporter son odeur et son emprise, je m’effondrais dans mon lit en serrant mon coussin contre moi.
Le visage d’Harper s’imposa sous mes paupières closes ce qui m’arracha un cri de frustration que j’étouffais dans mon matelas.  
Le lendemain, je m’inscrivais à l’université.

***

Le mâle obtint enfin satisfaction. Pour les laisser à leur intimité, je tirais délicatement Harper en arrière jusqu’au centre de la corniche. Je jetais un œil à l’horizon. Les couleurs chaudes se changeaient lentement en un bleu marine qui ne faisait que s’assombrir. Il fut bientôt moucheté de taches blanches scintillantes. Une luciole verdâtre me passa sous le nez alors que je contemplais les formes du visage de mon épouse. Non sans trembler, le cœur au bord de la tachycardie, je lui attrapais les mains.

— Harper, je voulais te dire, j’ai beaucoup réfléchi et… Ma voix s’étrangla au fond de ma gorge nouée. J’allais vraiment le dire ? Je battais plusieurs fois des paupières dans l’espoir de rassembler mes esprits. Je… ne suis pas certaine des mots que je dois employer alors je vais y aller franco. Je… Nouvel étranglement. Par Merlin que s’était difficile ! Avais-je stressé à ce point lorsque je lui avais demandé sa main ? Je souris maladroitement. C’était maintenant ou jamais. Si j’attendais encore, je savais que j’allais perdre mon courage, et ce n’était pas quelque chose qui se disait dans un bar malgré qu’une bonne bouteille de vin aurait pu m’aider à m’insuffler l’aide dont j’avais besoin. Quand nous serons rentrées à la maison, que dirais-tu de… si nous… Les mots s’emmêlèrent dans ma tête. Je maugréais. Fais chier. Je me dis que ce serait bien si on commençait les démarches. Tu sais pour… dis le. Pour… dis le purée. Pour un bébé.

Mon cœur crut mourir alors que mes lèvres brulèrent en prononçant ce mot. Mais ça n’avait rien de douloureux. Pas cette fois. Ce n’était que la manifestation d’un bonheur profond. D’une décision qui allait changer nos vies, et d’une nouvelle étape dans notre vie de couple. Les doigts serrés dans les siens, je me mordis la lèvre en la regardant timidement.
Je l’avais dit. Et il n’y aurait plus aucun retour en arrière possible.
Après avoir juré durant des années que je n’aurais jamais d’enfants, aujourd’hui, à la lumière des lucioles de plus en plus nombreuses autour de nous, à la merci de l’amour dans lequel Harper m’avait enveloppé plus tôt, à l’autre bout du monde, si éloignées de notre foyer, de nos tracas et de notre quotidien, je me sentais enfin prête.
 

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Sam 4 Mar - 10:38


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1er juillet 2021

Voler sur un balai, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Focalisée sur la merveilleuse promenade aérienne qui les attendait, Harper enfourcha son balai sans réaliser que son épouse pouvait ressentir un quelconque malaise envers ce mode de transport. On ne faisait pas ça tous les jours : déambuler entre les piliers de granit, unique en leur genre dans le monde entier, dont le chapeau de verdure retombait dans le vide comme une ondoyante chevelure douce. Lorsqu'elle s'éleva, la pression plaqua ses cheveux sur son crâne. Le jour commençait à décliner au pays du soleil levant. Depuis combien de temps n'avait-elle pas volé ? Une éternité, lui semblait-il. Tandis que le vent fouettait son visage, elle retrouvait des sensations familières. Un pur bonheur. Les souvenirs défilaient dans son esprit par vague. La clameur de la foule dans les gradins. Les couleurs des deux maisons adversaires qui éclataient. Le talent évident des bons joueurs qui mettait votre courage en berne. L'envie irrépressible de cogner les mauvais perdants. Harper n'était pas une joueuse de Quidditch exceptionnelle. Sa propension à foncer dans le tas sans craindre les coups, les blessures et les chocs qui en découlent, en faisait une joueuse redoutable. C'était peut-être les seuls moments où elle s'appliquait : elle n'arrivait jamais en retard à un entrainement de quidditch, et elle se donnait du mal pour gagner en adresse face aux cognards. Pour autant, sa meilleure tactique était de foncer sur l'adversaire en laissant planer ce doute : irait-elle jusqu'au bout du choc ? Sa victoire personnelle, c'était que le doute appartenait toujours à celle ou celui d'en face. Son épouse vola à sa hauteur. Le moment était tellement magique qu'Harper était persuadée qu'Abigail vivait sa meilleure vie. Une nuée d'oiseaux démarra au quart de tour. Docilement, Harper atterrit sur la corniche végétale, son coeur manquant un battement lorsqu'Abigail manqua de s'étaler non loin du précipice. Son épouse sautillant pour reprendre de la contenance, Harper soupira de soulagement, déposant son balai à même le sol. Tout aussi docilement, elle prit place à ses côtés, ses longues jambes pendouillant dans le vide. Là-bas, les Boutefeux s'adonnaient à une danse nuptiale dans le genre bruyante. Un sourire resplendissant brillait sur le visage de son épouse. Appuyant son menton contre le crâne de son épouse, Harper sentit une bouffée de bien-être, fière de son idée, heureuse d'être l'auteure de ce moment. Décidément, elle ne montait pas que des plans foireux. Harper pouffa de rire. Son aversion pour Zabini s'amenuisait avec le temps, bien qu'elle était à des lustres de lui assurer une quelconque appréciation. Un champignon enflammé réchauffa l'atmosphère. La prise d'Abigail se resserra. Harper ne cilla pas, laissant faire, se laissant faire. Rien ne pourrait leur arriver. A cette journée irréprochable se succédait une soirée parfaite.

 
***

Assise nue au bord du lit, Harper se frottait ses yeux bouffis. Son haleine, lorsqu'elle bâilla, lui rappela l'étendue de l'alcool qu'elle avait ingurgitée la veille. Son corps moite d'on ne savait trop quoi, signifiait qu'elle n'avait pas pris la peine de prendre une douche après les ébats avec l'homme allongé de l'autre côté du lit. Il dormait profondément. La couette et les draps étaient restés parterre. Il devait mesurer environ un mètre quatre-vingt-dix et sa plastique, il fallait le dire, était absolument parfaite. Harper observait ébahie les petites fesses rondes et mattes sous ce buste sculpté. Les traits de son visage étaient fins, jeunes, et à la fois virils et assurés. Reconnaissant ses qualités de poltronnes, sa brusquerie, son langage vulgaire et son manque de tact certains, elle se demandait comment avait-elle réussi à choper un gars pareil. Son questionnement restait indéniablement sans réponse, si bien que son visage hébété s'exaspéra de gauche à droite. Marchant en silence jusqu'à la salle de bain, une douche bien chaude la revigora. Lorsqu'elle eut terminé, elle se rhabilla rapidement, lorgnant de temps en temps sur le garçon pour s'assurer qu'il dormait toujours. Au moment d'enfiler ses chaussures, elle s'installa près de lui, lassa ses lacets, puis lui décocha une petite tape sur les fesses qui ne le fit même pas frémir.
— Good job, murmura-t-elle avant de s'en aller en claquant la porte.

***
 

Bonne idée, les ébats de dragons, ce n'était franchement pas excitant. Harper se demandait sans cesse si la femelle prenait du plaisir où si elle se faisait tabasser sans relâche. La scène avait, à ses yeux inexpérimentés, un petit (grand) côté dérangeant. Abigail l'entraina loin du vide, au centre de la corniche. Une luciole virevolta, annonçant les prémices du crépuscule. Abigail saisit ses mains, et s'envoya dans un monologue hachuré. Et la sentence tomba comme un couperet d'amour. Le large sourire d'Harper manqua de découper son visage en deux.
— Tu sais qu'en m'annonçant ça, il n'y a plus de retour en arrière possible ? Déclara-t-elle, un brin malicieuse, un gros brin sérieuse.
Elle rapprocha son épouse pour l'embrasser tendrement, faisant passer tout l'amour qu'elle pouvait ressentir pour elle. Ensuite, elle l'enlaça, posant à nouveau son visage sur sa tête.
— Tu ne peux pas me faire plus beau cadeau de mariage. De quoi j'ai l'air, moi maintenant, avec mes piliers de cailloux là ?
 

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Dim 12 Mar - 15:26

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16 juillet 2021

Les bras écartés, je savourais l’air frais qui s’engouffrait dans ma chevelure tandis que je tournoyais sur moi-même. La gorge déployée par mes rires, j’échappais de petites notes de musique témoignant de mon bien-être. Le ciel étoilé était merveilleux ce soir.

— Tu fais vraiment n’importe quoi en ce moment Abi’

Je cessais de tournoyer non sans chanceler. Un hoquet entrecoupa ma réplique cinglante à l’adresse de mon frère qui me regardait avec dépit.

— Arrête de me regarder comme ça.
— Comment veux-tu que je te regarde ? Tu passes ton temps à sortir et boire depuis tes ASPIC.
— Je fête la fin de ma scolarité !

Le regard brun de Kyle coula sur moi sans conviction.

— Ce ne serait pas plutôt pour oublier quelqu’un ?

Subitement, les dalles de la rue me semblaient tout à fait intéressantes. Je bondissais sur certaines d’entre elles, non sans tanguer dangereusement.

— J’vois pas d’qui tu parles…
— Abigail…

Je me retournais en direction de mon aîné, les sourcils froncés. Il papillonna des paupières. Sans doute que l’air menaçant que je pensais avoir adopté était davantage ridicule que sérieux.

— T’as pas à me juger ! J’suis majeure, je fais c’que j’veux !
— Mais c’est pas la solution…
— T’en as d’autres, toi ? Des solutions ? Hein ? Monsieur le Serdaigle je sais tout fils parfait de papa et maman !
— Là, tu deviens méchante.

Les larmes me montèrent aux yeux. Il soupira et passa une main autour de mes épaules pour m’attirer contre lui. Le paysage cessa de m’étourdir alors que je me raccrochais à son manteau de sorcier. Un tintement strident m’empêcha de bien comprendre ce qu’il était en train de dire.

— Q… quoi ?

Je relevais la tête et poussai un cri d’horreur. Son visage, si doux, encadré de cette chevelure hirsute, était subitement devenu noir, carbonisé. Les deux orifices qui auraient dû accueillir ses yeux étaient vides, mais dirigés vers moi. De la sueur gelée glissa le long de mon dos.
Dans un réflexe, je repoussais le corps qui s’effrita alors en mille morceaux.

— Non, non !

Mes genoux se fracassèrent à terre tandis que j’essayais de rassembler les cendres qui s’éparpillaient au vent. Les pleurs, mêlées aux miens, qui s’élevèrent autour de moi me firent trembler. Je redressais la tête pour apercevoir au loin une silhouette que je ne connaissais que trop bien.

— Harper !

Je bondissais pour la rejoindre en courant… mais plus je courais, et plus elle s’éloignait. Les pleurs s’intensifiaient. Ce n’était pas non plus ceux d’Harper c’était… plus jeunes, plus petits, plus innocent.
Deux yeux jaunes apparurent dans le dos de mon épouse. Elle ne les remarqua pas. Lorsqu’elle serra le petit tas de couvertures contre elle, je compris la provenance des pleurs.
Une silhouette se détacha de l’obscurité derrière Harper. Monstrueuse, aux crocs acérés comme des lames de rasoir, le souffle bouillant, le grognement guttural.

— Harper !!

Le torrent de flamme enveloppa mon épouse et ce qu’elle tenait dans ses bras alors que je hurlais.

Ce fut un miracle que le saut ne me fit pas tomber du lit. Le souffle coupé, le cœur battant à tout rompre, je fixais droit devant moi avant de chercher Harper du regard, paniquée. Ma main rencontra son épaule et instantanément, une bouffée d’oxygène m’envahit. Ouf !
Ça n’était qu’un cauchemar. Encore un.
Toujours le même… mais pourtant à chaque fois différent. Et cette fois-ci, il y avait eu un détail en plus important.
Fébrile, je quittais les draps sans réelle douceur, la vue troublée par la sueur qui perlait de mon front et me tombait dans les yeux. Les mains guidées par les murs en bois, je marchais jusqu’à la salle de bain où je mis la tête sous le robinet. La fraîcheur de l’eau termina de me réveiller et de chasser les horribles images qui résidaient encore dans ma mémoire.

— Putain…

Lâchais-je dans un murmure avant de m’essuyer le visage dans une serviette. Je retournais dans la chambre où Harper dormait, miraculeusement, encore, et si l’idée de la rejoindre était séduisante, je ne voulais pas non plus la réveiller. Je préférais ouvrir en silence la porte-fenêtre et me faufilai dehors. La bouffée d’air que je reçus, bien que chaude et humide, me fit du bien. Éprouvée par mon cauchemar, je me laissais glisser contre le mur d’écorce en me concentrant sur les bruits environnants.
C’était une cacophonie à n’en plus finir, et la journée, c’était pire. Je ne parvenais pas à tout définir tant il y en avait. Un rugissement m’indiquait la présence d’un jaguar, le cri strident qui suivit devait être un singe. Les chants graves indiquaient la présence d’une multitude d’oiseaux de nuit exotique.
Ma respiration reprit un rythme normal après plusieurs minutes à écouter les bruits de la jungle et à admirer l’immensité des arbres qui nous entouraient.

Après la Chine, l’Amazonie. Cette fois, c’était moi qui avais organisé ce voyage. Je connaissais l’Amazonie pour y avoir passé beaucoup plusieurs semaines afin de préparer mon mémoire pour l’université. J’y avais étudié une espèce de dragon unique au monde qui ne vivait que dans cette région. En préparant notre voyage, je m’étais souvenue de cet hôtel et de sa particularité à faire résider ses clients à l’intérieur même des arbres géants sans pour autant en détériorer leurs vies. À l’intérieur, un escalier nous menait dans les branches, sinon, une baie vitrée permettait une observation de la vie au sol de la jungle.
Si j’avais emmené Harper ici, c’était pour une raison très précise, et la perceptive de la journée à venir me ragaillardit.
Devinant très bien que je ne retrouverais plus le sommeil malgré l’heure avancée de la nuit, je laissais mes pensées vagabonder. Des souvenirs, aussi joyeux qu’éprouvants se rappelèrent à moi. Nous serions bientôt le premier août. Cette date maudite. Mais je n’avais pas envie de me laisser aller en plein voyage de noces. Je l’avais promis à Harper !
Alors, je profitais de ce moment de solitude pour sourire aux souvenirs heureux, et pleurer aux souvenirs douloureux, le tout accompagné par la cacophonie de la jungle nocturne. Quand les premières lueurs du jour apparurent, je me décidais enfin à me lever et, après une dernière caresse sur l’écorce épaisse du tronc d’arbre, je retournais dans la chambre. Je me glissais à nouveau aux côtés de ma Belle endormie pour venir couvrir son épaule et son cou de baisers tendres, pour un réveil tout aussi tendre. Renouer avec son odeur et son corps termina de m’arracher parfaitement à mes vieux fantômes.
Un sourire étira mes lèvres lorsque je vis battre ses paupières.

— Bonjour…

Lui susurrais-je sans cesser de la couvrir de baisers, le haut de mon corps passant au-dessus du sien.

— Tu as bien dormi ? Ouh !

Non sans retenir un sursaut, j’attrapais l’imposante araignée qui s’était invitée dans la chambre pendant que je flânais dehors. Sans crainte de me faire mordre et sans dégoût de ses pattes velues (une Acromentule était bien pire), je soulevais l’arachnide avec douceur pour la remettre délicatement dehors. Les bêtes, aussi monstrueuses ou moches soient elles ne m’avaient jamais dérangée. Même lorsqu’elles me faisaient du mal. J’allais fermer la porte-fenêtre quand cette fois, un toucan entra dans la chambre, laissa tomber un parchemin et repartit.
Je bouclais notre chambre pour éviter toute nouvelle intrusion et revenait dans le lit pour ouvrir le pli.

— On coche la case et le petit-déjeuner arrive à l’heure souhaitée, je lâchais un grand bâillement avant de me laisser tomber dans les bras de mon épouse. On va manger pour neuf heures. Comme ça d’ici là tu as le temps de te réveiller, ou de moi te réveiller, j’eus un petit sourire malicieux avant de continuer, parce qu’on a rendez-vous à dix heures et demi.

Je remplissais donc le papier qui disparut alors, puis m’agitais.

— Iiih ! Je me réjouis que tu découvres ma surprise !

 

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1er juillet 2021

New York city by night. Dans l'immensité de la ville, un rayon de lumière fendait l'obscurité du ciel afin que tous les regards connaissent sa position : Le Angry Graphorn était la boîte de nuit par excellence pour la population sorcière. Célibataire (de toujours ou d'un soir) à gogo, alcool en veux-tu en voilà, musique sur le dancefloor H24, drogue douce ou dure dans les toilettes des filles. Comme à son habitude dans sa vie de stagiaire, Harper y passait les vendredi et samedi soir, pour terminer la journée du dimanche à pioncer et décuver. La jeune fille portait un tee-shirt à sequin qui reflétait le jeu de lumières et un pantalon taille haute, noir. Ses talons, réhaussant son mètre soixante dix, lui permettait de mieux respirer au-dessus des têtes déchaînées, loin de la sueur, des relents d'alcool et du mélange de parfums. Déambulant entre les danseurs, sa démarche tanguait, si bien qu'elle était obligée de se retenir aux épaules moites et parfois à... elle ne savait trop quoi. Arrivée au comptoir, il lui sembla jouer des coudes pour s'accouder, alors qu'elle venait de passer devant au moins une dizaine de clients qui attendaient impatiemment qu'on prenne leur commande.
— Une vodka tonic, s'il te plait.
Le serveur, un grand gars baraqué à la peau noire reluisante et aux paupières profusément maquillées de vert, lui décocha un clin d'oeil avant de faire voltiger verre et bouteilles. Harper régla sa consommation, et avant qu'elle ne s'éloigne du comptoir, le serveur la gratifie d'un baise main. Pour toute réponse, Harper leva le pouce et, maîtrisant les gargouillements dangereux de son estomac en cours de protestation, retournait se trémoussait sur la piste de dance bondée. Comme d'ordinaire, elle était venue accompagnée de copains et, au bout du dixième verres, se retrouvait seule. Seule perdue dans sa tête et dans l'alcool. Sans attache, sans obligation, elle faisait bien ce qu'elle voulait, allait où bon lui semblait. Affairée à siroter sa vodka tonic, seules ses hanches suivaient la musique. Sa tête tournait, son corps tournait, Harper était à la fois dans le bien et dans le mal, comme si son état général ne pouvait se situait qu'exactement entre ses deux états. Jamais vers le bien. Mais surtout pas vers le mal. Alors, tandis que tout son corps la suppliait d'arrêter de boire et de lutter contre la fatigue, la douleur au ventre et au front, seule sur cette piste de danse, elle se sentait particulièrement bien. Elle leva le menton vers le plafond, sans dicerner quoique ce soit, juste parce que cela lui paraissait bon. Lorsque ses yeux de chats retombèrent sur les danseurs, sa vision perçut une couleur rose pâle dissimulée quelque part par là entre les corps en furie. Harper s'immobilisa, et malgré l'alcool, son attention se focalisa. Les danseurs la chahutaient de droite à gauche, et perchée sur ses talons elle devait lutter pour rester en place. Appuyée contre un poteau pailleté, une jeune femme regardait dans sa direction. Et quelle femme ! La paire d'escarpins qu'elle portait la réhaussait d'au moins dix centimètres alors qu'à l'origine, elle devait bien mesurer une tête de plus qu'Harper. Elle était grande, une poitrine oppulente coincée dans la robe à bretelles dont le rose sciait à merveille avec sa peau couleur caramel. La longeur de ses jambes semblait infinie. Sa peau, à l'oeil nu, paraissait douce, sucrée. Harper en frissonna. Un charmant sourire se dessina sur le visage de la belle indienne. Harper sursauta de surprise. D'un mouvement vif, elle regarda derrière elle, n'en croyant pas ses yeux qu'une si belle femme s'intéressait à elle. Cette attitude déclencha un éclat de rire chez l'indienne, et Harper comprit aussitôt que c'était bien elle qu'elle regardait. Alors, l'indienne s'avança sur la piste de danse, commençant une danse endiablée sans lâcher Harper du regard. Son déhanchement, assez suggestif, attirait intensément les regards. Mais personne n'oserait intérompre cette belle femme entrain de seduire sa proie. Les yeux de l'indienne se firent de braise. Ses lèvres étaient peintes d'un rouge vif, brillant, mettant impeccablement ses lèvres charnues en valeur. L'indienne ne quittait plus Harper des yeux, quand un groupe de danseur passa devant elle, rompant le contacte. Quand les derniers malotrus (bourrrés) disparurent, les yeux de l'indienne s'ouvrirent grand de surprise : Harper avait disparut. Les bras lui en tombèrent.
Dans la rue du Angry Graphorn, Harper déboula, ses talons martelant le sol tandis qu'elle accélérait sa marche. Fébrilement, elle sortit son téléphone recupéré au vestiaire avant de fuire le club. Dans la liste des contacts, elle sélectionna un prénom. Abi. Peut-être était encore temps de s'excuser ? A ce moment-là, plus que tout, Harper souhaitait rentrer en Angleterre, trouver n'importe quelle travaille, et sombrer à tout jamais du côté du bien, sans jamais plus tendre vers le mal, sans jamais plus rester coincée au milieu. Dans l'angle d'une rue, quelqu'un la percuta, et son téléphone voltigea dans les airs, jusqu'à retomber dans une bouche d'égout. Résignée, Harper haussa les épaules, et s'avanca vers la route où pullulaient les taxis. Aucun d'eux semblait intéressé d'accepter une seule course.
— Hey ! S'écria une voix qu'elle reconnut aussitôt.
C'était Darius. Grand, bronzé, le regard vert et la chemise encore impeccablement repassée malgré qu'il est passé la nuit dehors.
— On partage un taxi ?
Soulagée, Harper se jeta sur le siège du taxi.
— On dérange ton coloc ou mon coloc ? Demandait Darius, amusé.
Harper soupira en déposant sa tête sur son épouse.
— Celui que tu veux !

***
 

Sous un ciel d'Amazonie, Harper se réveilla de bonne humeur. Abigail était déjà réveillée, comme à l 'ordinaire. Son épouse la couvrait de caresse et de baisers. Le souvenir qui avait torturé son esprit s'envola aussi sec. Harper sourit. Sa peau frissonnait au contact d'Abigail.
— Bonjour, murmurait-elle encore à moitié endormie.
Abigail se chargea de chasser une intruse, quand un toucan déposa un parchemin. Un petit-déjeuner ? Quelle grande idée ! Voir du pays lui ouvrait l'appétit, et la reprise de leurs ébats agrandissait sa faim féroce.
Le temps d'émerger et de se préparer, le petit-déjeuner frappa à leur porte. Elles s'installèrent sur une terrasse naturelle aménagée entre les branches. La cacophonie de la jungle mettait l'ambiance. Une famille de toucan les observait plus haut. Harper croqua dans son toast.
— Tu sais, j'ai connu un magizoologiste, autrefois, à New York. Il était originaire d'ici. Il a grandit en amazonie. Ses parents moldus travaillaient dans une réserve naturelle. Il était à New York pour étudier l'évolution et l'adaptation des créatures vouées à vivre dans les égouts. Il t'aurait beaucoup plu. Il me faisait penser à toi. En plus grand.
Elle éclata de rire. Elle avait eut besoin de raconter ça à Abigail. Malgré la penibilité du souvenir qu'elle avait eut, il y en avait qui faisait parti du bien, même si elle se doutait que ça ne plairait pas forcément à Abigail. Mais Harper était de ces gens-là qui savait que le passé appartenait au passé. Certaines personnes méritaient qu'on se souvienne d'elle. Harper soupira de bien être et bu une gorgée de son café froid, parce qu'il faisait vraiment trop chaud. Elle portait un pantalon à poche et un haut à manche longue pour se protéger d'éventuel moustique ou vilaine fourmis qui pouvaient se balader par ici.
— Comment est-ce qu'on doit s'habiller, pour ta surprise ?
 

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Mar 4 Avr - 18:53

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Amazonie


16 juillet 2021

Étrangement apaisée ce matin, je profitais de l’ambiance tropicale en plissant les yeux. Un soupir m’échappa tandis que je me délectais de mon jus de mangue quand Harper me confia un souvenir lointain. Si j’eus intérieurement un sursaut, je n’en montrais rien à l’extérieur, tâchant de définitivement me faire une raison. Harper m’avait avoué ses sentiments la première, elle m’avait dit deux fois oui, alors pourquoi ressentais-je toujours cette pointe de jalousie quand elle me parlait de ces anciennes conquêtes ? Je savais qu’il en allait de même pour elle et Luca, et fut même amusée de ce constat. Avec un sourire doux, je lui répondais avec tendresse.

— Ah oui ? Hé bien, si un jour tu reprends contact avec lui, invite-le à la maison.

Son regard perdu dans ses souvenirs me fit sourire. Je l’observais, amoureuse, quand elle revint à elle. Comme si je n’avais pas retenu sa tenue vestimentaire, je la lorgnais de haut en bas non sans cacher ma bonne humeur.

— Tu es très bien comme ça, penses juste à prendre ta baguette.

Je lui embrassais la joue, terminais d’engloutir mon petit-déjeuner fait de fruits exotiques, puis rejoignais ma chambre sans m’inquiéter de débarrasser. Le service de l’hôtel (et la magie) s’en chargerait. Non sans tirer quelques grimaces à cause des douleurs qui me pourfendaient la nuque, je terminais de me préparer avant d’ouvrir la porte de notre chambre-arbre. Prise d’un élan de folie, ignorant mes maux, j’attrapais une liane et me tournais vers Harper en bombant le torse.

— Moi, Tarzan. Toi, Jane !

Puis je m’élançais en poussant un petit cri, agrippée à la corde improvisée qui m’emmena quelques mètres plus loin. Avec davantage d’élégance que mes atterrissages en balai, je retrouvais la terre ferme non sans éclater de rire en me tournant vers mon épouse. La vie sauvage, lointaine, à deux, dans notre cocon, me réussissait définitivement bien.
Serait-ce raisonnable si nous restions cachées, loin de tout, de la guerre et de nos ennuis de la vie commune ? J’attendais qu’elle me rejoigne avant de lui prendre la main en l’emmenant avec moi à travers la végétation dense.

Une famille de singe nous passa bruyamment au-dessus alors que j’écartais une large feuille verte d’un buisson. Détendue et à l’aise dans la nature, même la plus sauvage, j’avançais comme si je connaissais les lieux comme ma poche. En vérité, je me contentais de suivre les quelques indications données par mon rendez-vous. L’hôtel où nous séjournions n’était pas si isolé qu’il n’y paraissait. Un petit village de sorciers amazoniens suivait le courant du fleuve qui grondait non loin. Ici, les eaux pouvaient être aussi salvatrices que mortelles soit à cause du courant capricieux, soit à cause de ce qui y vivait.
Après un petit temps de marche, nous nous retrouvions devant un baobab qui dégageait quelque chose de serein et de puissant. Il était si haut qu’il était impossible d’y voir l’ensemble des branches à son sommet et son tronc était aussi large que notre demeure à Soay, si ce n’était pas plus. Il était sans conteste le roi de la forêt amazonienne.
Tout sourire, je pressais le pas, enjambai de larges racines et écartai quelques branches qui tombaient jusque-là pour atteindre le tronc. Ici, un imposant boa tira sa langue dans notre direction et contracta ses immenses anneaux. Sans crainte, je lui présentais ma baguette et invitai Harper à en faire de même. Le reptile les fixa de ses yeux fendus avant de se détourner et de se faufiler dans un trou du tronc. Un cliquetis métallique se fit entendre puis une porte se dessina sur le bois de l’arbre majestueux. D’un geste de la main, j’invitais Harper à la pousser pour y entrer puis lui emboitait le pas.

L’intérieur était si immense qu’il était impossible de savoir si un sortilège d’extension avait été placé. Des oiseaux aux plumes vives et colorées nous volaient autour, accompagnés des feuilles de l’arbre. La particularité de l’endroit demeurait dans la structure du tronc qui ressemblait à un tourbillon infini et scintillant. La magie ici était très présente et très particulière. Les parois n’étaient pas décorées, cependant il y trônait ça et là quelques outils étrange et indescriptible. Des genres de tire-bouchons munis de loupe, des pelles à manivelle et autres bizarreries.

— Viens par-là.

Je contournais la structure centrale en spirale et présentait à mon épouse des branchages solides dont certaines extrémités semblaient manquantes, car de petits bourgeons étaient visibles. Non loin, et un indigène, de fines aiguilles plantées dans le visage et les joues dessinées de rouges était entourée d’une panoplie impressionnante de baguettes. Je me rapprochais de lui en sautillant comme une enfant qui retrouvait un parent. Il sourit.

— Nahele ! Comment vas-tu ? Ça fait tellement longtemps !
— Pitaya. Tu n’as pas changé, il leva le menton vers Harper, c’est elle ?
— Oui, je te présente Harper, mon amie d’enfance, et épouse.

L’indigène s’approcha d’elle puis lui tendre la main. Je m’expliquais alors.

— J’ai connu Nahele quand je suis venue ici pour étudier les Amphiptères dorés pour mon dossier universitaire. Comme tu peux le voir, c’est un fabricant de baguettes. On a travaillé ensemble en mettant en commun nos recherches, car il s’avère que les Amphiptères sont très liés à la magie arboricole. Il a des techniques très particulières, et tu as pu le sentir, l’endroit est baigné de magie.
— J’étais agréablement surpris que tu reprennes contact avec moi, surtout pour ton union.

J’élargissais mon sourire.

— Tu aimes baguettes. Tu peux confectionner ici la tienne, Nahele te présentera quelques-unes de ces techniques qui pourront peut-être t’être utiles, et je sais que tu aimes découvrir la magie dans ce domaine, ou de nouveaux sortilèges. Voilà ma surprise !
— J’ai songé, intervint prudemment Nahele, que vous pourriez peut-être même fabriquer votre baguette à deux. Ça se fait dans nos traditions. Normalement c’est quelque chose que nous réservons pour nos peuples, mais je te connais, Pitaya, tu voues ta vie à la vie sauvage sous toutes ses formes, alors je ferai exception pour vous.
J’ouvris de grands yeux.
— Q… tu es sûr ?
Il opina du chef. Je regardais Harper.
— Qu’en dis-tu ? C'est comme tu veux, c'est toi qui choisis, c'est ta surprise, c'est ton jour. Profite !
Je lui adressais un grand sourire en joignant mes mains devant moi.

 

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1er juillet 2021

Sur cette proposition d'invitation, Harper haussa les épaules. Les jeunes mariées terminèrent leur petit-déjeuner avant de retourner dans l'arbre qui leur servait de chambre. Là, Abigail suggéra un nouveau jeu, sous le regard d'abord ébahi d'Harper, puis l'appelle du jeu la submergea, et elle empoigna une liane à la suite de son épouse, sans la moindre once de délicatesse ni de grâce. Elle voulut atterrir plus loin en saisissant une nouvelle liane au vol, mais tandis qu'elle permettait de liane, l'élan n'était pas suffisant pour se mouvoir, aussi resta-t-elle pointée là en suspend dans les airs, bêtement. Ne restait plus qu'à se laisser glisser jusqu'en bas, malmenant la paume de ses mains qui rougirent sous le frottement de la liane.
— Dans les films, tout est vraiment surfait ! Pesta-t-elle en atterrissant sur le sol.
Aussitôt, elle trébucha sur la racine proéminente d'un arbre, et se contint de ne pas l'insulter. L'heure était à la sérénité et au bonheur, et donner un coup de pied à la racine d'un arbre ne faisait pas partie du tableau. Harper glissa sa main dans celle d'Abigail pour entamer la marche. Elle suivait docilement son épouse, son regard furetant dans tous les coins, ses doigts approchant une jolie fleur dont la beauté était évidemment un piège. Mais Harper était de celles qui ne pouvaient pas s'empêcher de toucher. D'un réflex plus qu'incertains, elle retira ses doigts justes à temps avant que des dents piquantes comme des aiguilles ne se referment dans le vide. La présence d'un boa nécessita qu'on lui présente respectueusement la baguette, bien qu'Harper aurait espéré lui lancer quelques petites étincelles pour avoir l'audace d'être si moche et écailleux et en plus exigeant ! Elle détestait les reptiles, et la vue du boa déclencha une salve de frissons, redressant ses cheveux sur sa nuque. N'a-t-on pas idée d'être si laid ! Quoiqu'il en soit, elle ne se doutait pas que le boa était en fait le videur de l'arbre majestueux devant lequel elles se trouvaient. Une porte se dessina comme par magie, et elles entrèrent dans l'arbre. Fascinant ! Ca méritait de montrer la patte au vilain serpent. Harper déboula la première dans ce qui ressemblait à un atelier. La cacophonie d'oiseaux colorés en guise d'accueil, Harper tourna sur elle-même pour inspecter cet intrigant endroit. Pour sûr, nombreux étaient les étalages et autres étagères dont le contenu réclamait d'être touché...
Une sensation de froid l'envahit. Quelqu'un avait-il eu l'audace d'installer la climatisation ? Harper frissonna, frottant ses bras pour se réchauffer avant de suivre Abigail qui lui désigna une cascade de branches en phase de fleurir. Le bois et tout l'intérieur de cet arbre magnifique respiraient la majesté. Harper tressailli à nouveau avant de découvrir l'amazonien derrière son comptoir. Elle fronça le nez en constatant les aiguilles plantées dans son visage (c'était de l'acuponcture permanente ou quoi ?) mais la panoplie de baguettes qui l'entourait détourna bien vite son attention. Sans réfléchir ni plus attendre et surtout, sans gêne, Harper se jeta sur l'étalage, empoignant les baguettes les unes après les autres. Certaines ne ressemblaient qu'à des bouts de bois, d'autres présentaient des effets d'orfèvreries incroyables. Pendant qu'Abigail et Nahele s'adonnaient à de franches retrouvailles, Harper triturait les baguettes comme un enfant dans un magasin de jouets ne sachant pas lequel choisir. Mais Nahele était poli, lui ! Et il s'approcha en lui tendant la main. Harper se résigna à être polie, elle aussi, pour saluer l'ami de son épouse. Elle ne dit rien, en espérant que lui et Abi continuent leur conversation pour poursuivre sa contemplation des baguettes. Évidemment, Harper adora la surprise et le manifesta en souriant à pleines dents. La chair de poule ne quittait plus ses bras, signe qu'Harper ressentait effectivement la puissance magique des lieux. De tels endroits étaient rares en Angleterre, et même en Europe, comme si la magie reculait sous l'accroissement de la population humaine. Ravie de s'adonner à la fabrication d'une baguette, Harper accepta avec grand plaisir l'idée que la production soit commune.
— Nous pourrions utiliser le bois de séquoia pour la tresser ? Si je ne m'abuse, il est assez souple pour être manipulé en ce sens, et j'aime l'idée qu'il résiste particulièrement bien au feu.
Nahele approuva.
— Il est léger et ses striures assez esthétiques. Et effectivement, il résiste aux flammes ainsi qu'au temps.
Ravie, Harper fouilla parmi des fagots de séquoia celle qui l'attirait le plus.
— Si vous le désirez, les colibris pourront tresser la baguette une fois que vous en aurez choisi le coeur, poursuivit Nahele.
Acquiesçant pour signifier qu'elle avait compris, Harper changea de direction pour trouver un coeur de baguette potentiel. Au passage, elle manqua de se faire agrippés par une plante urticante et collante déguisée en aloe vera, et le Ara Macao perché au-dessus de sa tête éclata d'un rire rauque et particulièrement moqueur.
— Saleté, proféra Harper tout bas. Qu'est-ce que tu dirais d'une plume et d'une écaille d'Amphiptère ? Une plume pour l'une, une écaille pour l'autre. Il y a des Amphiptère d'eau douce, si je ne me trompe pas ?
Nahele acquiesça.
— Provenant de femelles, continua Harper. Ce serait assez symbolique, suite à notre récente discussion, si tu vois ce que je veux dire ?
Elle se tourna vers son épouse, attendant sa réaction.
 

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16 juillet 2021

Ravie de voir mon épouse aller à droite et à gauche frénétiquement, admirative des lieux, j’eus un échange de regard avec Nahele, un sourire sur nos visages. Si la chair de poule manifestée sur les bras d’Harper échappa à mon ami de l’université, ce n’était pas mon cas. Je joignis tranquillement mes mains devant moi en la laissant vaquer à son admiration tandis que l’indigène ne parut pas indisposé de son comportement quelque peu intrusif. Après tout, j’avais eu l’intelligence de le prévenir du tempérament volcanique de Harper, et je me félicitais de l’avoir fait. Silencieuse, davantage admirative de cette femme qui se déployait devant moi comme une fleur que la beauté des lieux embelissait, je les laissais discuter entre eux. Nahele était un sorcier indigène ouvert d’esprit ce qui, en toute franchise, était plutôt rare puisque c’était un peuple très fermé. J’étais heureuse de le compter parmi mes connaissances et surtout, j’étais flattée d’avoir pu étudier à ses côtés à l’époque. Le fait que nous nous retrouvions pour notre voyage de noces, à Harper et moi, et pour en plus construire une baguette commune était véritablement un pur instant de bonheur.
Je battais des paupières quand Harper s’adressa à moi, tirée de ma contemplation. Un doux sourire aux lèvres, j’acquiesçais.

— C’est une excellente idée ! Je les regardais l’un après l’autre. Quelles sont les vertus du séquoia ?
— C’est un bois très attiré par les sorciers ou les sorcières qui possèdent la faculté de retomber sur leurs pieds et de tirer avantage d’une catastrophe.

Je coulais un regard en direction de Harper tandis que Nahele continuait ses explications.

— C’est aussi un bois attiré par ceux qui font de bons choix.

Un ricanement m’échappa alors.

—  Ce sera parfait !

En m’avançant vers les cœurs j’observais les nombreux poils, plumes et écailles avec légèreté jusqu’à ce que mon cœur fasse un bond. Un hoquet de surprise m’échappa alors que je tendais la main vers une plume d’un doré envoutant.

— C’est…
— Oui. C’est à Pertama.

L’émotion déborda dans mes yeux. Comme si je tenais un précieux trésor, je présentais la plume à Harper.

— Ça vient de l’Amphiptère que j’ai étudié durant tout mon séjour ici, de sa sortie de l’œuf jusqu’à mon départ.
— Elle a bien grandi, intervint Nahele, tu seras heureuse d’apprendre qu’elle a trouvé un partenaire de vie, comme toi.

Il sourit, ce qui fit remuer les aiguilles plantées dans son visage. Émue, je serrai la plume contre moi non sans essuyer une larme naissante aux coins de mes yeux.

— Je suis soulagée que ce soit toi qui veilles sur elle… et à voir la qualité de cette plume, elle doit être en pleine forme.

L’indigène acquiesça. Il ne parlait jamais pour répéter ce qu’il avait déjà dit. Je pris une profonde inspiration et observa les autres cœurs présentés. Si l’idée d’Harper avait été de choisir la base d’un Amphiptère de l’eau, la plume de Pertama résonnait présentement dans mon cœur et surtout, puisque c’était le sujet, dans mes tripes. Je m’expliquais pour qu’Harper puisse comprendre.

— J’avais découvert les œufs alors que j’étudiais l’état de santé alarmant de la mère qui, hélas, succomba d’un empoisonnement des braconniers. J’avais choyé les trois œufs et avais pu nouer des liens très forts avec les trois dragonnets, Pertama tout particulièrement, la première sortie de la couvée. Elle a été ma protégée plus que n’importe quel Noir des Hébrides ne l’a jamais été. J’étais un peu devenue sa mère de substitution.

Le cœur de la future baguette prit alors tout son sens. Ce fut cette plume dorée que je choisis.
Un petit pour un petit.
Je souris en relevant le menton en direction de Harper.

— Si je prends cette plume, est-ce que ça te convient ?

Tous les souvenirs me sautèrent au visage alors que je laissais mon épouse choisir son cœur, celui qui résonnera en elle comme pour moi. Je me souvenais de ma surprise en voyant cette fine petite tête sortir de la coquille et me fixer de ces petits yeux jaune intelligent et vifs. Quand je m’approchais d’elle pour la nourrir, elle s’élançait dans ma direction. Bien des fois, elle m’avait mordue et brûlée, heureusement sans graviter de par sa petite taille. La plume que je tenais contre moi attestait de la taille immense qu’elle avait aujourd’hui.
Sans perdre mon sourire, je confiais la plume à Nahele qui la déposa sur son atelier, à côté de l’écaille de mon épouse. Il l’invita alors à la rejoindre et à lui montrer le procédé de fusion.

La magie qui s’éleva à ce moment me fit lever le nez. Les oiseaux, principalement des colibris de multiples couleurs, se mirent en mouvement autour des deux individus. Les branches se rétractèrent sensiblement, comme si l’arbre venait de prendre une grande inspiration puis il y eut comme un léger courant d’air frais autour de nous.
Je fermais les yeux pour m’imprégner complètement de cet instant au-delà du temps et de toute imagination. L’atelier de Nahele était vivant. Il n’était pas uniquement un artisan qui travaillait les diverses matières des baguettes, il travaillait en accord avec ces matières. Tout autour de lui était en symbiose pour créer cette baguette, et il en partageait les rudiments à mon épouse. C’était un équilibre fragile et qui me rappelait pourquoi je me battais pour l’Ordre. Pourquoi je souhaitais la paix pour tout le monde, et pourquoi je refusais de me laisser emporter par la haine et la colère. Les branches de l’arbre remuaient au rythme de la confection de Nahele, comme s’ils étaient reliés par un fil invisible. Il n’utilisait pas seulement la magie qu’il pouvait maitriser en tant que sorcier, il faisait appel à l’arbre comme s’il était une entité vivante. Ainsi, les deux branches de séquoia furent tissées dans une ronde merveilleuse à l’aide des colibris, de l’arbre, de Nahele et de Harper qui travaillaient tous ensemble pour sa confection parfaite. Quand l’indigène me fit signe, je vins prendre la main de mon épouse pour apporter de ma propre source magique. Ainsi, la baguette était véritablement forgée par nous deux, et son résultat était d’une beauté qui me bouleversa.
Posée sur l’atelier de mon ami, il me semblait qu’elle respirait tant nous y avions mis de nous deux. Cette fois, je ne pus m’empêcher de pleurer d’émotion en me lovant contre mon épouse.

— Elle est trop belle ! Elle représente tant.

Un futur proche, que nous avions décidé récemment, parce que nous en avions envie toutes les deux et parce que nous nous aimions, de la manière la plus pure qui soit. L’indigène la prit précautionneusement entre ses doigts épais et vérifia l’ouvrage alors que j’essuyais mes larmes. Être émotif ce n’était pas toujours facile à vivre. Je souris en chuchotant à Harper.

— Pardon, puis je changeais de ton, il faudra lui trouver une place digne de ce nom à la maison. Où est-ce que ce serait le mieux à ton avis ?
— Elle a un léger déséquilibre, comme toutes les baguettes d’union. Il symbolise les aléas de la vie à deux, mais les deux cœurs ont parfaitement fusionné. C’est une réussite, pour deux étrangères.

Je souris fièrement à la petite remarque de Nahele qui avait une lueur taquine dans le regard. Il tendit la baguette à Harper avant de s’adresser spécifiquement à elle.

— Voudriez-vous visiter le reste de l’atelier ?
 

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1er juillet 2021

Le choix. Il y a seize ans, Harper fit un choix douloureux. Celui de partir en sacrifiant sa relation avec Abigail. Son départ jeta le doute et l’inquiétude sur les siens, conscient qu’elle faisait très certainement une grosse erreur. Elle avait également ruiné son amitié avec Rory, en quittant le pays sans prévenir, accablée par la honte et certainement, un remord quasi immédiat qu’elle s’était forcée d’ignorer. Mais, au diable le passé, le présent c’était maintenant. Maintenant, Abigail était son épouse car Harper, indéniablement, était retombée sur ses pieds. Et, honnêtement, Harper serait-elle devenue la femme qu’elle était à présent, si elle n’avait pas commis ce choix méprisable ?
Elle n’aurait, par exemple, jamais travaillé dans cette ferme à bois irlandaise où elle avait tant appris. Une expérience de cinq années où elle avait trainé sa déception de n’être pas à la hauteur des attentes du ministère, mais où elle avait appris bien plus que durant ses années d’études à Poudlard auprès de ses professeurs. Peut-être, un jour, devrait-elle rendre visite aux couples de fermiers qui l’avaient tant aidé et aimé, il fallait l’avouer.
En attendant, Harper reluquait les écailles d’Amphiptère aquatique, éparpillées en patchwork sur un étalage. La forme et l’état des écailles révélaient que les indigènes ramassaient ce qu’ils trouvaient, ne se permettant pas de se servir directement sur les créatures. La couleur prédominante était le bleu et, bien qu’il s’agît de sa couleur préférée (héhé), Harper n’était pas convaincu. Dans un coin, trônait une grosse écaille couleur charbon, et Harper songea que son propriétaire devait avoir une gueule bien sombre. Mais, en changeant d’angle, un reflet la surprit, la forçant d’admirer l’écaille noire de plus près, en lui tournant autour. L’écaille perdue, légèrement incurvée, possédait de jolis reflets violets, d’une clarté et d’une brillance qui dénotaient totalement de sa première impression où elle n’y avait vu que du noir. Cela ne faisait aucun doute : il fallait choisir celle-ci et aucune autre.
Harper déposa l’écaille noire aux reflets violets près de la plume de Pertama. Abigail lui raconta son lien étroit avec la créature, non sans cacher ses émotions. Ensuite, Nehele l’invita à prendre place pour la fusion. Voilà longtemps qu’elle n’avait pas assisté ni procédé à la création de baguette. C’est que dorénavant, elle était plus habituée à les détraquer qu’autre chose. Un bon retour aux sources lui fera le plus grand bien. Elle indiqua à Nehele qu’elle n’avait plus fait ça depuis longtemps, mais que le sortilège de fusion, un sortilège informulé, était le seul et unique qu’elle sache faire.
L’autochtone et Harper joignirent leur magie. D’abord, celle d’Harper fut bancale en comparaison de la puissance du sortilège de Nehele. Mais rapidement, sa magie retrouva ses marques. Dans la ferme irlandaise, on fournissait surtout le bois, tous les cœurs étaient importés. Harper avait surtout appris le travail du bois, endossant toutes les responsabilités d’un menuisier et d’un charpentier. Ici, les choses étaient bien différentes, car l’arbre amplifiait leur magie. Les branches se contorsionnèrent, les colibris façonnèrent la baguette, jusqu’à la fusion parfaite du bois et des cœurs. Abigail déversa ce qu’il le manquait comme magie, et le tour était joué. Une baguette aussi parfaite qu’imparfaite. Comme elles.
Entre ses longues mains, Harper fit tourner la baguette avec admiration. Abigail en pleura de joie, se lovant contre elle. L’objet semblait si parfait pour elles deux qu’Harper n’en revenait pas.
- Je n’ai jamais rien façonné de tel, admit-elle. Les arbres amazoniens ont une souplesse remarquable. Bien que chez nous il fasse très humide, cela n’est rien comparé au climat tropical.
Abigail la questionna sur l’emplacement idéal qui conviendrait à la baguette. Regardant le bout de bois, Harper songea avant tout qu’au vu de son allure, elle ne risquait pas d’être dérobée par les niffleurs.
- Loin de la cheminée, commença-t-elle par dire. Peut-être devrions-nous transformer le passage du hall vers le séjour en alcôve, la baguette suspendue au plafond y trouverait sa place. Loin de la cheminée, près de la porte d’entrée.
Harper se demanda alors comme le bois équatorien allait réagir au climat anglais quand Nehele lui proposa de visiter l’atelier.
- Avec plaisir ! Se réjouit Harper.
Et l’autochtone leur fit une visite guidée du grand arbre qui abritait son atelier. Harper s’émerveilla mille fois, emboitant le pas de Nehele, main dans la main avec Abigail. Quand vint le moment de se quitter, Harper remercia mille fois Nehele, et laissa les deux vieux amis faire leurs adieux.
Les deux épouses rentrèrent à pied jusqu’à l’hôtel. Harper rangea dans leurs bagages l’écrin dans lequel reposait leur baguette. Puis, elle se tourna vers son épouse pour déclarer :
- Un si beau cadeau mérite bien une punition.
De ses deux mains, elle poussa sur le lit, bien décidée à la faire mourir de plaisir pour s’être donnée tant de mal à organiser cette fabuleuse surprise. Une fois leurs ébats de terminé, toutes ses émotions manquèrent de l’endormir, mais il était un état des faits qu’il ne fallait pas oublier :
- J’ai faim !
 

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Lun 24 Avr - 21:01

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mood


Août 2021

Je me réveillais en sursaut et en nage à cause de ce énième cauchemar. Toujours le même, mais à chaque fois une version différente. Cyclique, il revenait tous les étés, à partir du mois d’avril jusqu’à la fin août. Je n’avais aucun répit, aucune possibilité de me reposer convenablement en dehors de prendre des potions qui assommeraient un dragon. Depuis maintenant trois ans, j’avais pris l’habitude de vivre seule et recluse durant cette période, oubliant jusqu’à prendre soin de moi de diverses manières. J’oubliais de manger, je refusais de dormir puisque mon sommeil était agité, je ne prenais plus garde lorsque je me blessais, car la douleur physique que je ressentais faisait écho à celle qui me mutilait silencieusement l’âme.
Mais pour la première fois, cette année était différente. Très différente.
En me redressant pour m’asseoir, je ressentais enfin sa présence bouillante à mes côtés, son bras protecteur barrant mon ventre.
Cette année, pour la première fois, j’étais accompagnée. Impossible de me cacher ou de me négliger (quand bien même je ne faisais pas exprès de le faire, la dépression s’en chargeait), elle était là pour veiller sur moi, pour me soutenir dans cette épreuve et pour m’accompagner du mieux qu’elle le pouvait.
Elle était là. Harper. Nom de jeune fille, Auburn, aujourd’hui répondant au nom de MacFusty. Mon épouse.
Mon regard corbeau se tourna dans la direction de son magnifique visage endormi et détendu. Mon esprit préféra alors se concentrer sur sa respiration profonde et calme plutôt que sur l’horrible souvenir du corps calciné de mon frère.
Au loin, les vagues de l’océan s’écrasaient doucement et à rythmes réguliers sur la plage de sable blanc. Cette régularité permit aux battements de mon cœur de se détendre. Je fis lentement glisser ma main dans celle de ma compagne et lui serrais doucement les doigts tout en reprenant son souffle.
Je me souvenais.

***
Les étés s'embrouillent, oh, oh
Souvenirs, pellicule
Dans ma mémoire je fouille, oh, oh
Le temps qui recule

***

Je hurlais ma douleur à m’en détruire les cordes vocales, tenant contre moi son corps brûlé et sans vie. La vue troublée par les larmes et la douleur.
**
Je pleurais ma rupture, et il était là, assis sur mon lit, à me caresser les cheveux et à essayer de me consoler.
**
Le visage de Kyle, souriant, me fixait avec bienveillance alors qu’il me tendait la main. Nous étions des enfants, et j’avais peur. De quoi, il m’était impossible de le préciser. Je tendais mes doigts pour lui attraper le bras. Il me tint fermement et me hissa auprès de lui de ses bras forts et protecteurs. Il disait qu’il serait toujours à mes côtés. Je l’enlaçais, buvant ses paroles. Je nous croyais intouchables. Je croyais que rien ni personne ne nous séparerait jamais.
***

Les jambes croisées, le haut du corps relevé par mes coudes sur mon linge à la proue du bateau, j’observais sans gêne, derrière mes lunettes de soleil, la jeune femme non loin qui s’agitait dans tous les sens, à s’émerveiller de tout ce qui nous entourait. Mon corps frêle et couvert de cicatrices était révélé par mon costume de bain noir deux pièces aux coutures rouges. Mon ventre tressautant et mes lèvres étirées trahissaient les rires que je contenais. Je me laissais bercer par le clapotis des vagues sur la coque et les longs discours de ma bien-aimée que j’entendais, mais que je n’écoutais pas toujours, trop absorbée par sa beauté.

***
Le soleil brille et le scooter file
Et sur le cap c'est la plus jolie des filles
Nao s'enivre, oh, oh
Elle danse sur le bateau
Son nombril de sel, oh, oh
La mer qui claque sur le capot

***

Je ressortais la tête de l’eau. Plonger me faisait du bien. Le silence qui régnait sous l’eau me permettait de calmer mes pensées désordonnées et hurlantes. Passant ma main dans mes cheveux, je me frottais les yeux pour me réadapter à la lumière forte et puissante du soleil au-dessus de nos têtes. Non loin, Harper déambulait, les pieds dans l’écume des vagues, son corps aspergé de l’eau salée. Tranquillement, je me rapprochais d’elle et, une fois à sa hauteur, je suivais distraitement l’eau qui glissait sur son corps.

***
Le soleil brille sur ton corps plein d'eau
Mon amour file comme des gouttes sur ta peau

***

Mes doigts glissaient dans sa chevelure avec une tendresse infinie en y déposant de petits grains de sable. Assise à califourchon sur ses jambes, entre la plage et l’océan, là où les vagues s'amusaient à nous chahuter, je trouvais refuge dans les iris pétillants de joie de mon épouse et jubilais de bonheur contre ses lèvres. Mon humeur était changeante, passant du rire aux larmes, submergée tantôt par une tristesse abyssale, puis par un bonheur idyllique. Ces vacances, ce voyage dans ses bras, me faisaient le plus grand des biens. Je me sentais en sécurité. Loin de nos ennuis, loin de nos responsabilités, loin de mon deuil. Au loin, quelques bateaux passaient, laissant apercevoir sur leurs ponts les voyageurs ou les marins qui y travaillaient.

***
Le sable s'égraine, oh oh
Entre mes doigts et tes mots
La houle nous entraîne, oh, oh
Le va-et-vient des matelots

***

Sur le navire, j’avais quitté mon linge pour la rejoindre sous son insistance. Nos mains jointes, je me trémoussais avec elle, suivant la mélodie qui raisonnait non loin grâce à un appareil moldu. L’instant fut figé dans le temps, coloré par nos éclats de rire, notre complicité et notre amour qui ne cessait de grandir, si tenté que c’était encore possible. Avec tendresse, je constatais les rougeurs sur son visage, ce qui n’enlevait rien à son immense sourire.
Au-dessus de nous, le vent se leva et donna un nouvel entrain au bateau sur lequel nous nous trouvions.

***
Le soleil brille et rougit tes joues
Mon amour file comme le vent sur la proue

***

Je la laissais me recouvrir de son corps et de son amour tandis qu’elle me couvrait de baisers brûlants et langoureux. Chacun d’eux m’arrachait un soupir de bien-être tandis que je gratifiais sa peau de mille caresses tendres et désireuses. Les yeux mi-clos, je savourais cet instant charnel entre nous, à l’abri des regards, laissant notre amour nous envahir pour nous consumer. Dans ces intenses moments, j’oubliais.
J’oubliais jusqu’à son hurlement alors que les flammes le submergeaient.
Je préférais concentrer mon attention sur la douceur de la bouche de mon épouse sur ma peau fine et déchiquetée.

***
Et l'azure est blanche, oh, oh
Tes lèvres sucrées dans mon cou
On glisse sur la planche, oh, oh
Plus rien de sacré entre nous

***

Dans son dos, allongée sur la plage, je laissais mon index parcourir son corps de long en large, courant après le sable que je retirais d’un geste délicat. Je dessinais de petits cercles tendres entre ses omoplates avant de descendre sur ses côtes et passer sur son ventre, venant taquiner son nombril. Le soleil était chaud, mais ce n’était rien face à l’amour que je portais à Harper. Je glissais ma main sur ses hanches tout en me collant contre elle, venant embrasser son épaule et sa nuque avec délicatesse.

***
Le soleil brille, éclate tes hanches
Mon amour file comme un train sous la Manche

***

Les cheveux en bataille du jeune homme me permettaient de le reconnaître entre mille, surtout au milieu de cette foule. En vitesse, je le rejoignais pour lui attraper le bras. Il me sourit en sentant ma présence tandis que les joueurs, chevauchant leurs balais, nous passaient devant à une vitesse vertigineuse.
**
Assis par terre, dans sa chambre, la couverture qui recouvrait nos têtes nous donnait l'illusion d’être dans la meilleure des cachettes. Rien ni personne ne pouvait nous entendre ou nous atteindre. Nous étions hors du temps, hors de portée de tout ce qui était mauvais en ce monde. Il n’y avait que nous, et nous seuls.
Il me racontait une histoire.
Je ne parvenais pas à comprendre ses phrases.
Le souvenir s’amenuisait avec les années.
Il devenait un écho.

***
Ta mémoire s'enfuit, oh, oh
Entre les vagues des échos
Une dernière envie oh oh
Ton cœur vacille dans le rétro

***

Je me laissais surplomber par celle que j’aimais, je lui souriais et venais chercher ses lèvres, mes caresses se faisant plus étroites. Les rayons du soleil déclinant à l’horizon faisaient scintiller l’eau de l’océan. Les reflets se répercutaient sur le corps merveilleux de Harper, faisant briller de temps à autre les alliances qui entouraient nos doigts entremêlés.
Bientôt, le voile de la nuit allait accompagner un nouveau moment plein de tendresse, réchauffant mon âme meurtrie.

***
Le soleil brille, cavale sur ton dos
Ton sourire scintille, tu chevauches ma peau
La plus belle des filles dans son dernier halo
La plus belle des filles dans son dernier halo

***

Le courage retrouvé pour m’allonger à nouveau, je me laissais retomber dans les draps, tenant toujours la main de l’élue de mon cœur. Les éclats pâles de la lune me permettaient d’observer le visage endormi de Harper qui poussa un léger gémissement dans son sommeil et raffermit sa prise autour de moi. Ses lèvres frôlèrent ma joue, ayant pour effet de me faire sourire.
Sans elle, je serai totalement perdue.
Sans elle, je ne serai plus rien.
Présentement, il n’y avait que mon amour pour elle qui me maintenait à flot. Il n’y avait que ses paroles et son sourire qui me permettaient de ne pas sombrer.
Elle était devenue mon tout, et je m’accrochais à elle sans honte alors que j’étais mortifiée par ces pesants souvenirs qui malmenaient mon esprit. Avec les projets que nous avions, ne serait-il pas temps d'oublier ?
Rassemblant les dernières bribes de ma volonté, je refermais les yeux pour essayer de me rendormir en m’agrippant au bras de ma bien-aimée, ce qui m’encrait à la réalité. Ce qui m’empêchait de me perdre durant mon sommeil.
Ce fut un repos léger, agité et sans rêve. Mais un repos quand même, miraculeusement exempt de mauvais souvenirs.

Le petit-déjeuner servi sur la terrasse sous les palmiers, je contemplais l’océan tandis qu’Harper engloutissait son café. Pour la première fois depuis longtemps, j’avais dormi le matin, et je m’étais même autorisée à flâner un peu au lit. Je me sentais reposée, et ce fut peut-être cela qui me donna la force dont j’avais besoin.
Résolue, je déposais ma tasse de thé sur la table et plantai mon regard dans celui de Harper.

— J’ai beaucoup réfléchi cette nuit.

J’attendais d’avoir toute son attention avant de continuer.

— Avec notre envie d’agrandir notre famille, j’ai pris ma décision. Je veux faire mon deuil. Ça me travaille depuis la commémoration de l’autre jour. Je me dis que… je cherchais mes mots en roulant des yeux. Je ne veux pas qu’un enfant vienne au monde si je suis toujours à ce point déprimée durant de nombreux mois. Ce ne sera pas juste pour lui et… et ça risque de compliquer la grossesse si c’est durant cette période. Je me mordais la lèvre inférieure. Faire mon deuil avait toujours été synonyme pour moi d’oublier Kyle. J’avais peur et ma gorge était nouée. Mais je voulais avancer. Pour Harper, et pour notre avenir. Pour chercher du réconfort, je la regardais encore une fois, la voix chevrotante. Qu’est-ce que tu en dis ?

 

PRETTYGIRL


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Harper MacFusty
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Les reines du monde vivent au sommet


1er juillet 2021

Tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Harper se mordillait la lèvre inférieure tandis qu'elle tentait de mettre de l'ordre dans la succession de mots plus ou moins appropriés qui lui venaient à l'esprit. Faire son deuil. Qu'est-ce qu'elle en pensait ? Elle manqua de lui répondre « il était temps », mais préféra se mordre la lèvre encore plus fort. Que pouvait-elle penser de plus ? D'un geste mécanique, elle tartina abondamment une tranche de pain avec de la pâte à tartiner.
— J'en dis que c'est une bonne chose, déclara-t-elle enfin, les yeux rivés sur la tartine. Mais si tu le fais, par pitié, fais-le pour toi, et pour personne d'autre.
Une discussion mentale opérait dans sa tête, lui faisant presque oublier la présence de son épouse. Son menton bougeait de droite à gauche, comme si les voix dans son esprit vivaient une conversation animée.

***

— Tu as reçu un hibou de la part de ton grand père.
Nonchalamment, Harper déroula le parchemin, baillant à s'en décrocher la mâchoire. Qu'est-ce qu'il lui voulait ? Sa lecture de terminée, le parchemin se froissa entre ses deux mains.
— Qu'est-ce que t'as ? Lui demanda sa colocataire avec son horrible accent américain.
— Je sors, annonça-t-elle en enfilant une paire de chaussure.
— Je croyais que tu voulais te reposer pour tes examens blancs. C’est demain !
— J'ai mentit, asséna-t-elle avant de claquer la porte.

***  

— Je ne sais pas si je peux t'être d'une quelconque utilité, reprit-elle après un instant de silence où elle réfléchissait. Si jamais, tu sais que je suis là pour te soutenir.
Le bol de café masqua l'entièreté de son visage tandis qu'elle buvait bruyamment. Etrangement, ces bruits dérangeants la rassuraient. Le glouglou sonore dans sa gorge donnait un rythme, celui du désordre, le seul ordre capable de l'apaiser dans ce déchaînement mental.

***  

Accroupit sur un caniveau, Harper vomissait tout ce qu'elle avait bu et tout ce qu'elle n'avait pas mangé. Les doigts sur les tempes, elle hoqueta, retombant lourdement sur les fesses, obligée de se pencher rapidement en avant en écartant les jambes pour éviter un nouveau jet.
J'ai choisi, se martelait-elle en tête. Elle n'arrivait pas à croire qu'Abigail venait de perdre son frère de la plus atroce des façons. A quoi bon se lamenter ? De toute façon, j’ai choisi. Elle rota, cracha, tapota son estomac comme pour le féliciter de cette avancée. Je ne peux pas revenir en arrière. Ce qui est fait est fait. A quoi bon se tourmenter ? Ça ne fera pas changer les choses.

***  

Le skipper les attendait au port. Les deux épouses sautèrent à bord, saluant au passage la capitaine. L'embarcation les conduisit au large, loin du tumulte de la plage, là où le soleil semblait taper encore plus fort. Le remous incessant des vagues rythmait leur dérive. Lunette de soleil, bikini vert pomme, Harper savourait un cocktail, soft, pour bien démarrer la journée.
— On devrait vivre pour toujours ici. On amènera le gamin le premier septembre à Poudlard, et on viendra le récupérer le premier juillet.


***  

Attablée avec les Macfusty, Harper dévorait une gaufre copieusement sucrée lorsque Kyle fit son apparition dans la cuisine. D'un coin de l'œil, elle lorgnait Abigail rire et s'amuser, toute pleine de complicité avec son aîné. Le nez dans sa gaufre, Harper se retint de lever les yeux au ciel. C'était écœurant de mièvrerie. Leur coller Jin dans les pâtes ralentirait tout leur élan d'amour, là. Elle noya l’amertume de sa jalousie dans une seconde gaufre encore plus sucrée.

***  

La blancheur du skipper réfléchissait les rayons du soleil, prête à vous faire fondre les yeux. Un haut-le-corps les surprit tandis qu'ils amorcèrent une vague plus grosse que les autres,  poussés par le vent. Qu'est-ce que t'en pense ? Pourquoi diable y pensait-elle encore ? Puisqu'elle en pensait bien et qu'en vérité, tout se passerait bien.

***

Avant l'heure de la rentrée, Harper passa quelques jours chez ses grands-parents. Jin arborait une mine boudeuse, comme la belle petite emmerdeuse qu'elle était. Poussée par on ne sait quel instinct idiot, Harper lui tendit un paquet emballé dans du papier kraft.
— Qu'est-ce que c'est ? Un sac de charbon ?
Harper manqua de l'assommer avec.
— T'es pas obligé d'accepter.
Jin lui arracha le paquet des mains.
— Qu'est-ce qu'il te prend à me faire des cadeaux ?
A force d'assister aux démonstrations de la fratrie Macfusty, Harper s’amadouait de mièvreries grotesques.
— C'est tout ce que tu as trouvé ? Pouffa Jin.
Une boule de cristal présentant la carte du ciel du jour. Vexée, Harper détourna les talons, tandis que Jin faisait mine de jouer au Quidditch avec le cadeau fragile. Dans un coin de la cuisine, Grand-Père Vicky se frotta les yeux d'exaspération.
De toute façon, songea Harper, les mièvreries, c'est pas pour moi.

***  

Abi allait entamer son deuil, le temps fera son effet, et tout se passera bien. Tout allait se dérouler comme sur des roulettes. Après tout, elles vivaient dans le meilleur des mondes, ensemble, main dans la main, bague au doigt, mangemort au pouvoir. Rien ne pouvait les arrêter. Une vague l'éclaboussa de sa puissance. Retirant ses lunettes de soleil pour les nettoyer, elle affichait un sourire tendre tandis que son regard croisait celui de son épouse.
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, c'était certain.

FIN DE RP

 

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