Brother let me be your shelter ~ Siry II

Date d'inscription : 01/02/2022

Brother let me be your shelter

feat Rory Barjow 
Juillet 2021 | Soirée | Penthouse de Rory

Silas,
Rory est vivant, mais je ne sais pas où il est.
Il a quitté l'hopital Sainte Mangouste, je n'ai pas pu le voir.
Tous les deux sont sains et saufs.
Cho,
Harper M-A.
Un mois. Un mois entier s’était écoulé depuis que Silas avait reçu ce message d’Harper, la femme d’Abigaïl. Cette dernière était très proche de Rory et avait disparu en même temps que lui. Silas travaillait tranquillement à la boutique quand une chouette était venue toquer à son carreau, porteuse de ce message. Rory est vivant. Il respira un instant et relu plusieurs fois le contenu pour être sûr de ne rien rater. Je ne sais pas où il est. Le poing de Silas s’abattit sur le bois foncé du comptoir et fit trembler les quelques objets qu’il supportait. Harper était venu le voir quelques jours plus tôt, inquiète de ne pas voir rentrer sa compagne. Mais il n’avait pas pu lui indiquer où celle-ci était et encore moins où Rory était passé. Ne pas avoir de nouvelles de Rory pendant quelques jours, cela n’avait rien d’alarmant. Mais l’inquiétude que Silas avait lu sur les traits d’Harper avait ébranlé ses convictions. Il était passé à l’appartement de son partenaire, au Ministère et à tous les endroits auquel il avait pu penser. Mais rien. Pas de Rory. Pas d’Abigail. Rien. Alors ce message, ce fut le seul indice qu’il eut sur Barjow. Et quel idiot ! Que faisait-il à Sainte-Mangouste ?! Cela voulait bien dire que quelque chose s’était passé ?! Mais quoi ?

Ces questions avaient hanté Silas pendant les longues semaines suivantes. A l’arrivée de Snoopy envoyée par Harper, il s’est empressé d’envoyer un message à Rory pour savoir où il était et comment il allait. A son plus grand soulagement, Snoopy était revenue mais le message ne le convainquit guère. Quelques mots rapides jetés sur un parchemin avec comme message principal le fait de « ne pas s’inquiéter ». Silas s’était évidemment inquiété. Qui ne l’aurait pas fait ? Rory était un idiot, surtout lorsque cela touchait à sa propre survie. Mais le Beurk avait continué de se persuader que tout irait pour le mieux, que Rory eut besoin de temps pour se remettre d’il ne savait quoi avant de revenir pour s’expliquer. Et cela dura un mois. Interminable. N’y tenant plus, Silas envoya avec Snoopy une beuglante qui retranscrivait ses pensées à l’instant présent. Les beuglantes étaient particulièrement pratiques car Silas n’hurlait lui-même jamais. Cela lui permettait de le faire par papier interposé.
« Rory Calixte Barjow ! J’espère que tu as une bonne raison pour ne donner aucun signe de vie autre qu’un simple parchemin tellement court qu’on aurait pu croire que c’était l’œuvre de ton elfe de maison ! Sans nouvelles pendant un mois ! Un mois ! Suis-je censé enlever ton nom de la devanture de la boutique tant le Barjow a disparu du Barjow & Beurk ?! J’espère que les raisons de cette disparition sont particulièrement convaincantes car je ne me contenterais pas d’une quelconque peine de cœur pour expliquer cette désertion ! Abigail va bien au cas où tu aurais envie de savoir ! Dis- moi où tu es immédiatement que je vienne te chercher ! Tu as eu suffisamment le temps de faire l’occamy dans ta théière. Repond moi immédiatement ! Cordialement, Silas Beurk. »

Si Silas avait su, il aurait envoyé la beuglante plus tôt, tant les informations qui lui parvinrent en retour furent celles qu’il espérait connaître depuis des semaines. Rory était de retour à Londres. Tout en lisant le reste du message, Silas avait attrapé sa veste et s’était empressé de transplaner devant l’immeuble de son camarade. Dans l’ascenseur, Silas fixa son reflet. Qu’allait-il bien pouvoir dire à son ami d’enfance devant l’attitude inacceptable qu’il avait eu ? Silas était furieux. Comme il l’avait rarement été. Comment Rory avait-il pu lui faire cela ?! La colère sourde qui l’animait vrillait ses entrailles et lui faisait serrer ses poings si forts que leurs jointures en étaient blanches. Les portes de l’ascenseur libérèrent le fauve et Silas se retrouva devant la porte. Il sonna avec agacement plusieurs fois avant que la porte ne s’ouvre. Il n’attendit pas de voir la silhouette que la porte laissa apparaître qu’il commença son laïus savamment travaillé par des jours d’inquiétude. « Ne pas donner de nouvelles peut être acceptable chez les Barjow pour une raison qui m’échappe tout à fait en cet instant mais en tant que partenaire dans une entreprise fleurissante, il me paraissait normal de se tenir au courant des activités de chacun. Comment suis-je censé organiser les rotations, les arrivées ou les commandes lorsque mon partenaire et l’inventeur du duo est au abonné absent, disparu, torturé, mort ou que sais-je dans un lieu inconnu !? Cela fut particulièrement puéril de ta part Rory. Particulière puéril. » Le ton était tranchant, incisif mais aucun mot plus haut que l’autre n’aurait pu trahir les sentiments contraires qui animaient Silas. Même si pour ceux qui le connaissaient bien, l’inquiétude se trahissaient dans chacune des paroles que venait de prononcer un Silas soudain si las.

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Brother let me be your shelter Début juillet 2021 - @Silas M. Beurk

Fuir et se cacher pour ne pas assumer les conséquences de ses actes. Comportement enfantin, peu constructif et clairement inadapté quand il s’agit d’une blessure aussi grave que celle héritée par Rory. Voilà comment la plupart des gens pouvaient voir les choses. Rory Barjow ? Bien évidemment qu’il n’était absolument pas de cet avis ! Selon lui, quitter l’hôpital de Sainte Mangouste dans la précipitation après s’être réveillé d’un coma de quelques jours, les muscles de la jambe gauche à peine magiquement soudés ensemble alors qu’un loup-garou avait tenté d’en faire son quatre heure, s’isolant dans la campagne anglaise avec un stock très maigre de potions et onguents semblait être un plan viable. Rappelons que tout cela était fait dans le seul et unique but d’éviter qu’une enquête soit menée sur la véritable raison de leur présence en Irlande par une nuit de pleine lune à tout juste quelques kilomètres d’un cambriolage… Voilà ce qu’il craignait. Impossible de faire remonter les investigations jusqu’au carnet de formules magiques subtilisé dans le cabanon d’un vieux botaniste à la retraite en compagnie d’Abigail. Rory mettait toujours un point d’honneur à ne pas se faire prendre. Ça signifiait parfois y laisser quelques touffes de poils, un peu d’hémoglobine et un meurtre ou deux derrière lui mais se faire prendre semblait inconcevable. Plutôt crever. Il avait une image à maintenir, un business à faire tourner. Impossible d’accabler Silas des répercussions de ses larcins. S’il décidait d’user de moyens peu légaux pour se procurer certaines plantes, potions et artefacts, c’était son problème. Du moment que ça ne nuisait pas aux affaires…

La beuglante reçue de la part de son acolyte de toujours n’avait rien de bien surprenant. Il faut dire que c’était une première. Jamais encore Rory n’avait disparu aussi longtemps et de façon si dramatique. Avoir été attaqué en compagnie d’Abigail signifiait inévitablement qu’Harper s’inquièterait de ne pas voir rentrer sa femme et donc alerterait les autorités. Si elle avait eu un brin de jugeote, elle n’aurait pas mentionné sa présence mais ça, l’héritier des Barjow en doutait. Il y avait donc fort à parier pour que tout le monde magique anglophone soit au courant de la disparition d’Abigail ainsi que la sienne. Raison pour laquelle Snoopy parvint à le retrouver avec une beuglante venant de Beurk. Bon, vu le ton de la missive, aucune information sur son état ni même la nature de leur mésaventure ne semblait avoir fuité. C’était déjà un bon début. Moins pour la suite mais ça, c’était une autre préoccupation avec laquelle il ne souhaitait pas s’accabler pour l’instant. Sans particulièrement prendre en compte le contenu du message envoyé par Silas, Rory fit durer son ermitage aussi longtemps que possible. Il ne daigna retourner une missive à l’héritier Beurk qu’une fois rentré sur Londres après une bonne nuit de sommeil et quelques potions anti-crampes avalées.

Au son retentissant longuement dans son appartement, Rory comprit immédiatement de qui il pouvait s’agir. Lilibeth était partie depuis longtemps prendre son service chez Jack la Ripaille et seul Silas était au courant de son retour en ville. Armé de sa canne, le sorcier s’extirpa non sans difficultés du canapé pour aller ouvrir à son ami. Un flot continu de reproches commença alors à s’échapper des lèvres de Silas, amplifiant la lassitude clairement visible sur la carcasse de Rory. Décidément, ils s’étaient donnés le mot pour lui faire payer son absence… D’abord Lilibeth, maintenant Silas, qui serait le prochain sur la liste ? Doté d’une patience résultant probablement des quantités astronomiques d’alcool et de potions anti-douleurs qu’il avait avalé depuis son réveil, Rory attendit sagement que son ami finisse sa longue tirade interminable pour enfin prendre la parole. « Navré pour le dérangement. La prochainement fois que je déciderai de me faire surprendre en pleine nature par un loup-garou et manquer d’avoir la jambe arrachée, je ne manquerai pas de t’en informer par courrier recommandé. » Sarcasme impossible à réfréner tant le décalage entre les préoccupations de Silas et son état physique lamentable contrastaient. Rory ferma la porte dans un geste une fois son ami entré et regagna en boitant le salon pour s’asseoir sur le canapé. En un coup de baguette il se servit un nouveau verre de whisky relativement généreux et se tourna vers le fils Beurk pour connaître son choix de boisson. « Reste pas planté là et dis-moi ce que j’ai loupé histoire que je sois pas paumé demain en revenant à la boutique. » Lâcha-t-il non sans une pointe d’agacement dans le ton tranchant de sa voix. Certains auraient pu faire l’erreur de croire Rory vexé que son ami ne s’inquiète pas pour sa santé. Il n’en était rien. D’ailleurs, s’il y avait bien une chose qui lui hérissait les poils c’était qu’on se préoccupe de son état. Non, l’éreintement de l’héritier Barjow concernait plus les griefs de son acolyte. Certes il avait été absent de la boutique pendant un long mois mais Silas connaissait Rory comme personne. Il savait qu’à peine aurait-il remis les pieds dans son laboratoire, avec une jambe en moins ou assaillit par les affres de la douleur, le potionniste travaillerait d’arrache pied pour rattraper son retard en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Hippogriffe.

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A la seconde où la porte s'ouvrit et que Silas eut finit son laïus accusateur, il prit toute la mesure de l'état lamentable dans lequel se trouvait Rory. Il semblait être passé sous un magicobus. Un simple levé de sourcil trahit l'horreur de cette découverte. Silas ne savait pas exactement ce que Rory était aller faire mais d'une, il allait s'assurer de le savoir avant de repartir de cet appartement, et de deux, il allait s'assurer que cela ne se reproduise plus. Il ne pouvait pas se permettre d'ainsi perdre son meilleur ami dans des circonstances étranges. Il en était hors de question. Les relents de l'appartement qui n'avait pas dû être beaucoup aéré ainsi qu'un soupçon d'alcool rance issu de Rory lui-même donna une première idée au Mangemort de ce qui avait bien pu se tramer depuis plusieurs jours. La réponse pleine de sarcasme de Rory fit lever les yeux au ciel à un Silas passablement peu étonné que son partenaire se soit retrouvé dans une situation semblable. « Et puis-je savoir en quel honneur tu te baladais en pleine nature sur le terrain de chasse d'un loup-garou sans un minimum de matériel prévu ? » Il secoua la tête. « Tu es... Dans un état peu reluisant. »[/b][/color] Se contenta-t-il d'ajouter factuellement devant l'image que lui renvoyait Rory. Il était bien au delà dans sa colère et son inquiétude pour prendre les pincettes auxquelles il s'obligeait toujours.

Il entra et son ami ferma la porte derrière lui. Il entra à la suite de Rory Ils devaient être beaux tous les deux à boiter comme deux petits vieux prêts pour l'hospice... Stoïque, posé sur ses appuis, Silas regarda avec désapprobation le verre plus que rempli que Rory se servit. Il se garda de tout commentaire mais n'en pensa pas moins. Alors que Rory sembla attendre qu'il indique son choix de boisson, Silas se contenta de quelque chose de bien moins fort. « Un verre d'hydromel aux épices si tu as fera l'affaire merci. » A l'invitation assez directe de Rory, Silas enleva sa veste légère et la posa parfaitement pliée sur un dossier de chaise. « Tu as disparu un mois, cela peut attendre cinq minutes Rory. » Répondit calmement le Beurk. Il resta au bar le temps de pouvoir récupérer son verre pour éviter à un Rory diminué de devoir lui apporter. Son verre en main, il alla s'installer dans un des fauteuils.

« Il a eut des retards sur les livraisons de bézoards mais après plusieurs semaines, ils sont enfin arrivés. Ils sont prêts pour les potions. » Silas avait âprement négocié pour ces livraisons, ces ingrédients se faisant rares en cette saison. « Sinon, les vendeurs en bas de la rue ont eu une baisse drastique de clients après que le public ait su que l'un des vendeurs était un né-moldu. » Après les élections, un voile étrange s'était posé sur Londres et la méfiance était de mise. « L'élection de l'Augurey a d'ailleurs eu du bon. Tout le monde se rue sur les artefacts de protections... Et une bonne partie des Mangemorts ré-assument enfin de venir acheter nos objets les plus... Spécifiques. » La liste était longue sur ce qui s'était passé depuis la disparition de Rory et Silas pourrait probablement lui en faire une liste plus détaillée avec les notes et les livres de comptes à la boutique. Il s'arrêta un instant et but une gorgée de son verre. Il fixa Rory en silence puis se décida à continuer. « Connor est toujours aussi ridicule dans son métier et Thalia aide de plus en plus. Elle est quasiment indépendante maintenant ce qui est plutôt... Rafraîchissant comparé à Connor. Avec un de moins dans la boutique pendant cette période, cela s'est ressenti... » Il soupira un instant. « Je sais que tu n'aimes pas ça Rory, mais par pitié, les prochaines fois, préviens-moi. Je me fiche que tu me donnes le lieu exact, rien qu'un pays me suffit. Mais ce sera plus simple que de devoir rester dans le flou sans autre information que des bribes que voudra bien me donner la femme de ta compagnonne de galère. »

Pour l'oeil extérieur, Rory et Silas aurait pu être un couple marié tant ils s'agaçaient mutuellement et tant ils faisaient une bonne équipe. Toute leur relation reposait sur une notion de confiance aveugle. Ils avaient très tôt dans leur partenariat accepté que l'un et l'autre n'avaient pas les mêmes atouts. Ainsi, chacun s'épanouissait dans ce qu'il savait faire en sachant que l'autre gérerait. Au delà de ce partenariat économique, il y avait cette notion de toujours pouvoir compter l'un sur l'autre. Silas ne demandait pas un rapport régulier sur les allées et venues de Rory, il voulait simplement pouvoir avoir un œil sur le chien fou qu'était son ami pour pouvoir le sortir du pétrin dans lequel il se retrouvait inexorablement. Que Rory le veuille parfois ou non, Silas veillait sur lui avec la hargne d'une maman poule pour ses poussins. Il y avait très peu de gens qui avaient cet honneur d'être ainsi surveillé et au mieux de ses capacités protégés par Silas. En voyant le Rory blessé et affaibli qu'il avait en face de lui, Silas se dit qu'il avait pour une fois échoué dans sa tâche.

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De façon générale Rory avait peu de visite chez lui. En effet, connaître son adresse personnelle relevait d’un exploit témoignant de la grande confiance qu’il pouvait vous accorder. A moins que vous soyez une demoiselle aux courbes alléchantes… Là c’était déjà une autre histoire. D’autre part, quand bien même l’héritier Barjow s’était senti suffisamment généreux pour vous dévoiler cette information jalousement gardée, du moins jusqu’à ce que Lilibeth n’emménage avec lui, le sorcier passait peu de temps dans son penthouse de luxe. Affairé ici et là, ses allers et venues pouvaient se compter sur les doigts d’une main dans le mois. Trop occupé avec la boutique, les affaires, les soirées de débauches en tout genre ou de larcins sous le couvert nocturne, Rory n’y mettait que rarement les pieds. Toutefois, depuis son retour d’héritage forcé, sa présence s’était drastiquement accrue, créant des tensions avec sa jeune soeur qui ne digérait toujours pas les secrets gardés par son aîné. A en juger par les remontrances émanant de Silas à peine la porte ouverte, lui non plus n’était pas ravi de son appétence pour une certaine forme de discrétion… Par chance pour son acolyte de toujours, Rory faisait exceptionnellement preuve de patience ces derniers temps. Non pas car il était d’accord avec les reproches formulés mais plus par simple fatigue tant physique qu’émotionnelle.

Le sarcasme semblait donc être sa seule arme dans pareille situation, pouvant toujours compter sur la qualité de sa verve à défaut d’avoir recours à l’agression frontale. Chose qui, dans tous les cas et notamment face à Silas, n’arrivait qu’à de très rares occasions tant le potionniste estimait son meilleur ami. Volontairement, Rory préféra laisser sa question en suspens. Le récit du pourquoi du comment viendrait en temps voulu. Il n’allait clairement pas se lancer là dedans alors qu’il avait besoin d’un verre pour affronter la présence d’une autre âme qui vive. Dans d’autres circonstances l’héritier Barjow se serait permis un trait d’humour à la remarque lancée par son ami. Dans d’autres circonstances mais surtout si cela avait été énoncé par quelqu’un d’autre que Silas. Venant de sa part cela témoignait parfaitement de l’état dans lequel son silence avait dû le plonger. Une constatation bien significative pour qu’il souhaite s’y attarder, la pudeur régnant en maîtresse incontestée sur leur amitié. Bien plus préoccupé à l’idée de boire pour faire passer tout ça, Rory l’invita à le rejoindre dans le salon et se servit un verre en attendant de savoir ce que Silas prendrait comme poison. A sa demande, il agita sa baguette pour servir son comparse et le laissa récupérer sa commande.

Sans un mot il l’écouta commencer à dresser l’état des lieux de ce qu’il avait manqué, ses lippes plongeant avec une certaine appétence dans le liquide ambré aux vapeurs réconfortantes. Un mois avait beau s’être écoulé avec les traumas qu’il contenait, Rory n’en avait pas moins gardé en tête ce sur quoi il travaillait avant l’attaque. Certes il avait manqué une élection mais les affaires politiques l’intéressaient peu. Tout ce qui comptait pour le sang-pur c’était l’état de son business. « Tant mieux. » Se contenta-t-il simplement de commenter à l’évocation du nouveau trafic de clients provenant de leurs anciens concurrents. Triste pour ce né-moldu mais les affaires sont les affaires… Surtout dans l’Allée des Embrumes ! Si jusque là Rory s’était montré relativement paisible en dépit des spasmes parcourant de temps en temps les muscles meurtris de sa jambe, l’évocation du nom de Connor suffit à l’agiter, un profond soupir d’exaspération lui échappant. Il l’avait oublié celui-là… En revanche, savoir que Thalia brillait par son travail acharné avait de quoi le ravir. « Avec un peu de chances on va enfin pouvoir trouver un remplacement à Connor, maintenant que l’Augurey s’est faite élire et que les gens sont moins frileux à s’aventurer dans notre rue. » Rory aurait même préféré pouvoir débaucher l’autre soeur Carrow de chez cette Abbot qu’il ne supportait pas. Hestia au moins aurait été à même de le seconder dans la confection de certaines potions quand Connor faisait office de désastre ambulant. Même du lait de dragon sur le feu était plus simple à surveiller comparé au jeune homme.

Encore plongé dans ses propres réflexions, les mots qui suivirent réussirent l’exploit de lui faire détourner son regard sombre vers Silas. C’était pas possible. Il devait avoir mal compris. « Auburn est passée à la boutique ?! » Je vais la tuer, putain… Oui, c’était bien là tout ce qu’il retenait sur le coup des inquiétudes de son meilleur ami. Déjà las à l’idée d’avoir à remonter les bretelles à l’ancienne lionne une fois celle-ci rentrée de sa lune de miel, Rory bascula la tête en arrière dans un grognement sonore distinctif. « La prochaine fois je ferai un hibou à tout le monde avec le détail de mon itinéraire, le numéro de ma puce GPS moldue pour me traquer et une copie de mon testament au cas où. » Humour noir de très mauvais goût qui ne risquait pas de passer. Autant tourner ça au ridicule plutôt que de se lamenter sur ce qui était déjà fait. Certes l’attaque avait été d’une violence extrême, les laissant tous deux entre la vie et la mort mais ils s’en étaient sortis. Pourquoi continuer de se focaliser sur tout le reste ? Bien conscient que Silas n’allait tout de même pas le lâcher, il revint capter ses prunelles azurées. « Plus sérieusement, la prochaine fois je te donnerai plus d’infos. » Le sérieux de son ton ne laissait pas de place au doute quand à sa sincérité. « J’avais pas jugé ça nécessaire cette fois-ci car c’était une escapade de rien du tout avec Abigail. On devait voler le carnets d’inventions botaniques d’Henry O’Donnoghu et repartir. » Rory savait qu’il n’aurait pas besoin de lui préciser qui était le fameux Henry O’Donnoghu. Après tout, dans leur métier ils devaient se tenir informés de toutes les inventions, avancées magiques et découvertes. Le vieux botaniste à la retraite ayant travaillé entre autre pour le Ministère de la Magie faisait figure de légende vivante. Récupérer son carnet d’expérimentations et de formules négligemment gardé dans son abri de jardin allait lui permettre de gagner un temps considérable. Sans mentionner toutes les expériences à mener. « Tu penses bien que je n’aurais pas mis Abigail délibérément en danger… Surtout pour avoir Auburn sur le dos après. » Marmonna-t-il avant d’ingurgiter le restant de son verre d’une traite. La voilà la prochaine sur sa liste à lui remonter les bretelles : Harper ! Perspective réjouissante.

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