Si seulement j’avais du temps à chaque fois pour des tirs aussi précis, le monde ne s’en porterait que mieux ! Non pas que j’étais une mauvaise tireuse d’ordinaire, mais c’était quand même agréable d’exécuter un travail bien fait ! Cela dit, je craignais que sans défi, je termine par m’ennuyer. L’action était dans mon sang, elle le faisait bouillir, et être trop confortable me rendait, paradoxalement, inconfortable. Kevin tombé, Rasak se rua sur lui et s’en suivit alors un combat pour le moins inattendu. Je sautais en direction de mon coéquipier, mais en voyant qu’il était en train de prendre le dessus, et parce que je me doutais qu’intervenir serait une faute grave pour son égo, je préférais surveiller les alentours. Si les chiens de Kevin le protégeaient, alors nous devions nous tenir prêts ! Il était coriace en plus, le Kevin, preuve que c’était une personne entraînée, ou tout le moins, que les sorciers étaient tous dangereux !
La seringue enfin plantée dans le cou, il sombra et je jetais un œil à Rasak pour m’assurer qu’il ne soit pas trop gravement blessé. En le voyant se relever, je fixais à nouveau l’horizon et je lui laissais la besogne de soulever notre colis. Il était galant avec ça, quel homme.

— Let’s go.

Me contentais-je de répondre en réarmant mon fusil sur mon épaule.

Dédé:

On évoluait bien, en silence, ou autant que possible. Bien que je disciplinais ma respiration, les lieux étaient à nouveau trop calmes. Je n’aimais pas ça. L’expérience de l’endroit m’avait prouvé que lorsqu’il y avait une atmosphère si tranquille, c’était que la tempête arrivait. Mais où ?
J’eus à peine le temps de voir une ombre sur ma gauche qu’on me percuta avec une violence inouïe. Mon bras percuta le sol dans un angle peu recommandable, le tout écrasé par le poids de la bestiole. La douleur qui me vrilla le cerveau m’arracha un cri. Putain ! Sans parvenir à le lever pour me défendre, je tenais tant bien que mal tête à l’immonde toutou de Kevin qui me prenait pour un apericube. À tâtons, je réussissais à attraper mon couteau et à le planter avec rage dans le cou de la créature. Cette dernière se redressa en jappant de douleur. Une seconde qui me permit de dégainer mon 9mm et de lui tirer une balle entre les deux yeux. La bête s’effondra à côté de moi. Sur mon bras. Un nouveau cri de douleur m’échappa avant que je ne me morde la lèvre pour m’obliger à me taire.

Aïe.
Ouille.
Je suis matinale, mais j’ai mal.
Bobo.
Cassé.
Faut couper.

Avec courage, je dégageais mon bras qui pendait alors le long de mon corps, puis me relevais. En regardant Rasak, les yeux brillants de douleur et de colère, je m’éclairais la voix.

— Faut vraiment qu’on sorte d’ici… va savoir combien vont nous tomber dessus pour récupérer Kevin…

Se débarrasser de Kevin fut une tâche plus coriace que Sofiane l’aurait imaginé. Lui qui pourtant ne faisait qu’une bouchée de ses adversaires grâce à des heures et des heures d’entraînement et une expertise militaire certaine. Toutefois, Sofiane ne pouvait reprocher au sorcier de vouloir se défendre et de s’accrocher à la vie : l’envie de survivre avait probablement décuplé ses forces. Ne s’avouant pas vaincu pour autant, Sofiane finit par prendre le dessus avant de balancer l’homme au-dessus de son épaule. Ce n’était pas Sody avec ses petits muscles qui allait pouvoir le porter sur toute la durée du chemin qui menait à la voiture. Pas grave, elle jouera le rôle du protecteur et son arme chargée était prête à tirer sur la moindre bête qui les attaquerait. Il ne fallait pas croire qu’ils pourraient s’en tirer comme ça, cette décharge regorgeait de nombreux secrets et il fallait être fou pour ne pas rester sur ses gardes.

Évoluant en silence entre les amas de détritus, les premières minutes s’écoulèrent sans heurs et Sofiane, comme Lyllyah, n’aimaient pas beaucoup ça. Ils préféraient quand c’était un peu trop plus moins calme. Le calme avant la tempête. Alors qu’ils continuaient d’avancer, un loup déboula de nul part et attaqua Sody sans qu’ils n’eurent le temps de réagir. Tout se passa très vite. Le hurlement qui émana de sa bouche de la jeune femme était assez parlant. Elle avait gagné le combat mais son bras n’avait pas résisté. « Putain… » Sofiane acquiesça rapidement. « Ouais, cassons-nous.  » Après tout, ils avaient déjà plus de preuves qu’ils n’étaient venus en chercher.

Citation :

0-1 : Alors qu’ils arrivent à la grille, deux loups rappliquent, ils veulent Kevin. Sofiane s’en débarrasse difficilement. Il est blessé lui aussi à la jambe, mordu par l'un des clébards
UTILISATION D'UN PALLIER 2-3 : Alors qu’ils arrivent à la grille, un loup rapplique, l’âme en peine, il veut sauver son maître. S’en débarrasser ne sera pas trop compliqué, Sofiane écope d'une vilaine égratignure
4-5 : La voie est libre jusqu’à la voiture, c'est easy

Sody n’allait pas pouvoir tenir bien longtemps, alors il valait mieux ne pas traîner. Sofiane n’avait aucune envie de mourir là. Portant toujours le sorcier sur les épaules, Sofiane accéléra le pas afin de sortir le plus rapidement possible. Alors qu’ils atteignaient la grille, un énième hurlement lupin les força à s’arrêter. L’instinct du syrien prit le dessus. Sody était mal en point alors il devait sauver sa peau et ne compter que sur lui-même. Il lâcha Kevin qui s’effondra au sol comme une vulgaire poupée de chiffon. Le loup hurlait à la mort, tentant probablement de rameuter ses compagnons et se jeta sur Sofiane qui esquiva le loup avec une certaine facilité. Dégainant son pistolet, Sofiane tira mais le loup bougea rapidement. Montrant les crocs, le loup tenta une nouvelle approche, forçant Sofiane à reculer, trébuchant dans les détritus. Un bout de verre s’enfonça dans son avant-bras mais il n’eut pas le temps de s’en préoccuper, la bête arrivait. Plantant une balle dans sa chair, le loup couina avant de s’affaler sur le sol, sans vie. Sofiane se releva avant d’observer la plaie qu’il venait d’écoper. Une blessure e plus. Sans broncher, il se pencha pour replacer Kevin sur son dos. « Perdons pas de temps. » Ils sortirent de la décharge, la voiture n’était plus très loin.

Bien que mon bras pendait inutilement le long de mon corps, le reste de mes membres était tout à fait opérationnel. C’était bien mal me connaître que de croire qu’un bras cassé allait m’empêcher de mener à bien ma mission et de sortir nos culs vivants d’ici. Les grimaces qui tiraillaient mes traits étaient la preuve de ma douleur, mais aussi de mon envie de ramener Kevin pour lui faire la fête. En plus, avec un plâtre, la torture n’en serait que plus amusante. Je pourrais enfin tester si je pouvais assommer quelqu’un avec un plâtre ! Grande question de mon existence. Je tirai sur la grille pour ouvrir à Rasak et son poids mort quand un nouveau hurlement se fit entendre. Putain, mais ils ne peuvent pas nous lâcher un peu la grappe ? Sofiane se débarrassa de Kevin qui s’écroula dans un bruit sourd et, alors que je visais la bestiole, il l’abattit aussitôt. Je vis sa blessure lorsqu’il se releva, mais ne me permit aucun commentaire. Il ne fallait pas briser la fierté de monsieur Rasak. C’était quelque chose que j’avais appris. Je tirai notre prisonnier alors qu’il me rejoignait et l’aidait à le traîner jusqu’à la voiture que je m’empressais d’ouvrir pour ligoter Kevin et surtout lui enfourner un chiffon dans la bouche pour lui éviter toute incantation cheloue le temps de le ramener au quartier général.
On n’était jamais trop prudent.
Mon 9mm toujours à la main, je refermais la portière sur Kevin, non sans lui coincer un ou deux cheveux, et en faisant le tour pour monter à l’arrière, une ombre me percuta et me plaqua contre la voiture.

Dédé a écrit:

0-1 : Il y a une dernière attaque avant qu'ils partent.
2-3 : Un loup saute sur la voiture et brise les vitres en coupant Lylly. Faudra appeler l'ambulance et Carglass.
4-5 : Ils partent à l'aise blaise.

Le souffle coupé par le choc et la douleur qui m’électrisa l’ensemble de la colonne vertébrale, je hurlais de douleur et de rage. La vitre derrière ma tête ne tint pas longtemps et je passais au travers, sentant des bris de verre s’enfoncer dans mon dos.

— Bordel !

La main toujours fermement agrippée à mon arme, je vidais le chargeur dans le ventre et le torse de la bête jusqu’à ce qu’elle s’effondre à mes pieds. Non sans geindre de douleur, je me redressais en retirant les plus petits bouts de verre de mon dos. Par chance, le gilet pare-balle en avait épongé une grande partie.
Le souffle coupé, le sang battant bruyamment dans mes tempes et le cœur tambourinant à tout rompre, je jetais un regard à Sofiane pour m’assurer qu’il aille bien. J’ouvrais la portière pour m’écrouler à l’arrière à côté de Kevin tandis que de nouveaux hurlements s’élevèrent derrière nous.

— Démarre cette chiotte avant qu’on finisse en tartare, tu veux ?

La vue mouchetée de points noirs, je chargeais mon arme avec des gestes machinaux, non sans difficulté. Avec le coude, je repoussais les derniers morceaux de verres et scrutai derrière nous qu’aucun loup ne saute sur notre carrosse.

A fond, à fond !
Vroum, vroum !
Comme une formule 1 !
ça pique dans le dos quand même un peu non ?
Roulez jeunesse !

Cette histoire tournait au cauchemar. Si Sofiane et Lyllyah étaient parvenus à débusquer des preuves que des sorciers se dissimulaient ici (même qu’une de ses preuves étaient sur l’épaule du syrien), il allait encore falloir rentrer sain et sauf jusqu’au quartier général afin de pouvoir faire profiter l’organisation des découvertes qu’ils avaient faites. Bien que les deux comparses soient des plus expérimentés, ils étaient blessés, assez légèrement pour Sofiane, un peu davantage pour Lyllyah ; il fallait donc faire au plus vite pour se sortir de cette situation ubuesque. Et pour s’en sortir en vie, c’était surtout ça qui prévalait. Avec l’aide de la rouquine, Sofiane hissa l’abomination jusqu’à la voiture, que Lyllyah prit la peine de bâillonner et de ligoter (bon réflexe étant donné que ces monstres étaient capables de lancer des sortilèges sans qu’on ne comprenne bien comment…). Rejoignant la voiture, Sofiane s’installa côté conducteur, comme à l’aller. Puis de toute manière, Sody risquerait de les envoyer au fossé avec son bras cassé et Sofiane ne voulait pas risquer de mourir pour elle, encore moins maintenant, cela serait vraiment trop bête.

Alors qu’il s’apprêtait à boucler sa ceinture, attendant que Sody s’installe à ses côtés, un bruit sourd le fit sursauter et il s’empressa de sortir à nouveau du véhicule, arme à la main. Le temps qu’il fasse le tour de la voiture, la vitre sur laquelle Sody avait été propulsée avait cédé et malgré la blessure, elle avait réussi à vider son chargeur sur un énième loup. Son dos saignait mais le gilet pare-balle semblait l’avoir protégée, peut-être même que cela l’avait sauvé. Soudainement en alerte, Sofiane leva sa mitraillette, à l’affût du moindre bruit, du moindre loup qui s’élancerait encore vers eux. Son souffle était court, les battements de son cœur erratiques et l’adrénaline parcourait la moindre parcelle de son corps. Sody se hissa péniblement à l’arrière tandis que de nouveaux hurlements se faisaient entendre. « Putain. » Il prit une décision rapide, se casser. Sody semblait d’accord avec cette idée et il se précipita à l’avant du véhicule.

Démarrant en trombe, Sofiane ne fit pas de zèle et mit rapidement de la distance entre la décharge et la voiture. Les cahots causés par la route ne l’empêchèrent pas d’aller à toute vitesse, il n’avait aucune envie d’être rattrapé. Lorsqu’il estima qu’il ne courrait plus aucun danger, il regarda Sody dans le rétroviseur. Elle était mal en point mais cela n’avait aucune importance aux yeux de Sofiane. Ce qui l’était, c’était l’homme qu’ils venaient de capturer et dont les informations pourraient être vitales dans le grand dessein du Blood Circle. « Bien joué. » se contenta-t-il de dire. Un compliment de la part de Sofiane, c’était un jour à marquer dans les annales.