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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Sorcières et brigands dansent la même danse, puisqu’ils sont tous des gibiers de potence ♦ Jonas Tallec  :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Raphaël Millet
Raphaël Millet
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Mer 6 Déc - 18:41
Sorcières et brigands dansent la même danse, puisqu’ils sont tous des gibiers de potence
«Mi-Décembre 2021»


Raphaël avait connu bien mieux comme mois de décembre. Faut dire, qu’il n’avait pas souvenir d’avoir vécu pire que de se retrouver par terre, inconscient, à baigner dans son propre sang. En décembre dernier, Potter avait pris du plomb dans la tête et y était resté. Cette année, c’était le français qui n’était pas passé loin de passer l’arme à gauche.

Heureusement pour lui, on ne l’avait pas laissé pour mort sur la place. Il ne savait pas trop, précisément, ce qu’il s'était passé pendant qu’il était inconscient ; et pour cause, il était inconscient. Et même les évènements d’avant étaient un peu flou dans son esprit. Tout s’était passé vite, trop vite et c’était confus, très confus.

Les événements de Piccadilly Place allaient en marquer plus d’un. Ce qui étaient censés être de simples événements pacifiques, se sont finalement conclus en bains de sang. Le Blood Circle voulait vanter la vertu de leurs actions, tandis qu’une manifestation pacifique pro-sorcière réclamait l’arrêt des suppressions des libertés dans le pays.

Raph avait participé à cette manifestation, du côté pro-sorcier, bien entendu. Il n’avait pas trop compris ce qu’il s’était passé pendant cette journée. Après un moment, c’était la folie dans les rangs. Des gens s’étaient mis à se battre, sans raison. Raph, lui-même, avait été sous l’influence de quelque chose et s’était mis à tabasser une sorcière sans même s’en rendre compte. Impérium ? Sortilège de confusion ? Ou nouvelle arme du Blood Circle ? En premier lieu, il avait soupçonné les mangemorts. Les effets lui rappelaient grandement les effets de l’Impérium, de ses entraînements avec Toni et Soledad pour y résister. Mais cela n’avait aucun sens… Car après cela, les mangemorts eux-mêmes étaient intervenus pour calmer la situation et sauver les manifestants pro-sorcier, moldus comme non-moldus.

Coups de feu, sortilèges de tout côté, cris, pleurs. Du sang… Du sang… Du sang… Et la mort… Sans l’intervention d’un mangemort masqué, Raph aurait été étranglé jusqu’à la mort. Il était un moldu, et le mangemort qui l’avait sauvé le savait pertinemment. L’hypothèse d’avoir été soumis à l’Impérium par des mangemorts était moins que probable. Ces derniers le mettaient sous influence, le forcaient à taper une sorcière, pour ensuite le sauver d’un Blood Circle, derrière ? Grotesque.

Le plus probable était que le Blood Circle était parvenu à créer un genre de gaz qui copiait les effets d’un sortilège de confusion, ou de manipulation. Raph ignorait tout de l'étendue de leurs recherches et de leur capacité à neutraliser, ou copier, les sortilèges. Tout ce qu’il savait, c’était que le sorcier qui l’avait sauvé s’était pris une balle en pleine tête, probablement tirée d’un fusil de précision. Pulvérisant le masque qu’il portait, ainsi que ce qui se cachait derrière. La scène était choquante. Raph en avait hurlé à plein poumons. Ça avait probablement énervé un taré psychopathe qui n’était pas loin, puisque quelques secondes après, il s’était retrouvé à recevoir un coup de couteau dans le dos. Un ? Ou plusieurs ? Le nombre importait peu puisque, heureusement, aucun organe vital n’avait été endommagé. Il s’était juste vidé de son sang jusqu’à en perdre connaissance en promettant de faire graver le visage de ses sauveurs dans sa chair, s’il s’en sortait.

Le français avait repris connaissance dans une chambre d’hôpital moldue. Ses jours n’étaient plus en danger. L'hémorragie avait été stoppée, le manque de sang avait été comblé grâce à des perfusions. Bénis soient les donneurs, avait dit la mère du jeune homme pendant qu’il était encore inconscient. En tant que contacts d’urgence, les parents du jeune homme avaient rapidement été informés de son état. Et en tant que parents un peu protecteurs, ils ont tout lâché pour prendre le premier avion pour Londres. Raph craignaient qu’ils ne l’imposent de quitter l’Angleterre et de retourner en France mais, bien que soucieux, ils respectaient les engagements, et les décisions du jeune homme.

Outre la visite de sa famille un peu protectrice, il avait eu la visite de ses amis. Eirian, et ses colocataires s’en étaient tirés sans trop de dégâts. Rien que la magie ne pouvait régler dans leur cas. Seul Raph, qui avait été pris en charge par des urgentistes, allait devoir garder des séquelles physiques de cette expérience. La magie pouvait l’aider, mais cela paraîtrait suspect aux yeux des chirurgiens et autres médecins qui le suivaient. Raph s’en tirait finalement avec plusieurs semaines d’arrêt de travail, et beaucoup de repos et une belle cicatrice qu’il allait devoir masquer par un autre tatouage. Tous allaient peut-être devoir avoir quelques séances chez un psy et étaient désormais assurés de pouvoir voir une espèce magique de chevaux ailés dont Raphaël avait oublié le nom. Privilège dont il se serait bien passé.

Le jour de sa sortie était enfin arrivé. Il continuerait à avoir des rendez-vous avec du personnel infirmier, pour changer ses pansements, mais il n’était plus tenu d’être suivi à l’hôpital. Jonas était venu le récupérer à l’hôpital pour le raccompagner jusque chez eux. Raph n’avait pas encore eu l’occasion de présenter ses amis à ses parents, et inversement. Il préférait que ce soit Jonas qui le ramène, histoire de retarder ce moment.

«Ça va toi ? En tout cas, merci d’être venu. Et d’être à l’heure.» C’était assez rare pour que cela mérite d’être relevé. «Je suis désolé de vous causer des soucis, à tous… Mais faut voir le bon côté des choses, je vais avoir un nouveau tatouage !»

Raph se doutait que son ami était plus qu’inquiet pour lui. Le fait qu’il soit venu le voir aussi souvent à l’hôpital et qu’il soit à l’heure qu’ils avaient convenus était une preuve plus que marquante. Jonas enchaînait des périodes plutôt sombres depuis les événements qui se sont produits chez sa cousine, il y a maintenant plus d’un an. Sa rupture avec Thalia - et tout le mystère qu’il y avait autour - , cet été, n'avait probablement pas arrangé la situation. Les événements à Londres étaient déjà assez anxiogènes, même pour les simples moldus n’ayant rien à voir avec la magie, sans qu’on ait besoin d’ajouter des soucis supplémentaires.

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Jonas Tallec
Jonas Tallec
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Sam 9 Déc - 21:39

Raphaël II
Royal London Hospital, décembre 2021
Nous sommes de la même race
La race des gens qui passent
Vous ne trouverez chez nous ni religion ni nation
Ni religion ni nation
« Mais avance espèce de connard !» hurlai-je après un automobiliste qui semblait avoir oublié d’appuyer sur la pédale d’embrayage alors que le feu était au vert depuis déjà bien trois secondes. Oui, j’étais ce genre de conducteur qui pouvait beugler après les autres pour leur conduite détestable. Pour ma part, je me considérais comme étant un bon pilote, ayant appris la conduite avec ma mère et pour le moment personne ne s’en était jamais plaint. Mais ces derniers temps, au-delà de cette conduite admirable, j’étais d’humeur plutôt exécrable. Les événements passés au Piccadily Circus m’avaient retourné. Un an auparavant, la mort d’Harry Potter avait anéanti l’Ordre du Phénix et avait affaibli l’organisation. Un an plus tard, les Mangemorts étaient dépeints comme les sauveurs de cette manifestation anti-Kane. C’était à ni plus rien comprendre. Lorsque Leah et Raphaël m’avaient proposé de les accompagner à cette marche pacifique en faveur du peuple magique, j’avais évidemment accepté. C’était mon combat, notre combat. Pour ma part, j’avais quelques peu oublié celui-ci à cause de ma rupture avec Thalia. Tout cela m’avait éloigné de l’Ordre du Phénix et j’avais eu besoin de temps pour me remettre. La peine que je ressentais encore s’était tout de même amenuisée et en dehors du fait que je savais que je ne tomberais plus jamais amoureux de ma vie, je pouvais le dire sans honte, j’allais mieux. Pour autant, j’avais l’impression qu’à chaque fois que je sortais la tête de l’eau, un autre évènement venait m’appuyer fortement sur le sommet de mon crâne, me maintenant sous l’eau, priant pour que je me noie. Dans notre malheur, je n’avais aucune blessure. Seulement quelques égratignures dues aux mouvements de foule trop bien d’être PNJ. Leah aussi s’en était bien sortie. Ce n’était pas le cas de Raphaël. Ses blessures avaient été suffisamment grave pour nécessiter une hospitalisation, entraînant une certaine angoisse chez moi-même. Raphaël avait pris une place prépondérante dans ma vie depuis ces derniers mois (années?), surtout depuis que nous vivions ensemble et notre amitié comptait énormément pour moi. Le voir dans ce lit d’hôpital était insupportable à mes yeux ; je ne voulais perdre personne d’autres. C’était exclu. Cela serait trop douloureux. Un coup de couteau dans le dos… Il aurait pu y passer. Clairement. Heureusement, sa bonne étoile était encore au-dessus de lui car aucun organe vital n’avait été touché. Leah et moi nous étions contentés de hurler à la mort jusqu’à ce que les secours prennent en charge Raphaël. Fort heureusement, ils étaient arrivés très vite.

Pour ma part, voir Raphaël agonisant dans son propre sang avait fait remonter en moi de vieux souvenirs liés à l’attaque chez Ludivine et mes cauchemars avaient recommencé. Pendant plusieurs nuits, j’avais dormi avec Leah pour que sa présence rassurante m’apaise et m’évite de sombrer dans le chaos. Je venais à peine d’en sortir et tout recommençait à nouveau. C’était injuste. Il ne méritait pas ça. Mais il était en vie et bientôt il pourrait à nouveau geeker et perdre au Trivial Pursuit comme avant. Cette pensée m’était réconfortante. Et aujourd’hui, c’était enfin le jour de sa sortie de l’hôpital. J’avais accepté la demande de Raphaël de venir le chercher même si je n’avais pas véritablement compris pourquoi il me demandait ça à moi. Après tout, ses parents étaient arrivés de France quelques heures seulement après l’attaque et cela aurait été plus logique que ceux soient eux qui viennent le récupérer mais je n’avais pas discuté les choix de Raphaël. Il voulait que ce soit moi, je m’exécutais. Probablement que ses parents n’étaient pas à l’aise avec la conduite à gauche et qu’il craignait qu’il meure dans un accident de voiture. Après ce qu’il avait vécu, ça serait quand même un comble.

Une fois garé, je sortis de ma voiture et entrai dans le hall d’accueil. Sans prendre le temps de demander mon chemin, je traversai les longs couloirs de l’hôpital que j’avais fini par connaître par cœur à force de rendre visite au français et je frappai délicatement à sa porte avant d’entrer. Raphaël était fin prêt, ses affaires étaient bouclées et il patientait tranquillement. « Tout va bien. » répondis-je à la question de Raphaël. C’était étrange qu’il me demande ça. De nous trois, c’était moi qui avais le moins morflé. « Je deviens prévisible, c’est mauvais. » dis-je lorsqu’il me remercia d’être à l’heure. C’était inhabituel auparavant. Thalia m’avait appris à être de plus en plus ponctuel et je n’avais pas perdu cette habitude. Peut-être devrais-je. Je ne voulais plus penser à Thalia. « J’aurais du te faire poireauter en vrai. » Je souriais néanmoins. Ce n’était pas trop mon genre, surtout dans de pareilles circonstances. Être en retard pour aller boire un verre d’accord, être en retard pour récupérer son meilleur pote estropié à l’hôpital non, j’avais quand même un peu de respect. « C’est vraiment la première chose qui te vient à l’esprit ? Que tu vas avoir un nouveau tatouage ?» Je secouai la tête, décontenancé mais à la fois amusé. J’haussai les épaules et lui dis : « J’en connais un qui est particulièrement excellent. » J’étais, comme dirait l’autre, un expert en la matière étant donné qu’au moins la moitié de mon épiderme était marqué par l’encre noire. J’attrapai la valise de Raphaël pour la porter moi-même et je fis signe à Raphaël que ce n’était pas négociable. Manquerait plus que ses points de suture pètent parce que je lui faisais porter sa valise. « T’es prêt ? Je me suis garé le plus près possible. Tu n’aurais pas trop à marcher. » Sortant de la pièce avec lui, je demandai : « T’as besoin de passer aux bureaux des sorties ou je ne sais pas quoi ou bien c’est bon ? » Je regardai ma montre. « Si on se dépêche, on sera à l’heure pour manger le plat cramé de Leah. » dis-je en plaisantant. En plus, Leah était plutôt bonne cuisinière. Merci Myrna et ses enseignements légendaires. En vérité, j’essayais juste que Raphaël soit à l’aise.

 
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Raphaël Millet
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Ven 15 Déc - 14:12
Sorciers et brigands dansent la même danse, puisqu’ils sont tous des gibiers de potence
«Mi-Décembre 2021»


Tout allait bien ; physiquement alors, et simplement en apparence. Raph se doutait que si son ami allait bien physiquement, ce n’était pas la même mentalement. Personne n’était sorti indemne de Piccadilly Circus. Certains avaient juste eu la malchance de se faire poignarder, tirer dessus… ou tuer.

Raph remercia son ami d’être venu le chercher et, surtout, d’être à l’heure. Il n’était pas dans les habitudes de Jonas de ne pas être en retard. Tout comme il n’était pas dans les habitudes de Raphaël de ne pas être en avance. Les deux faisaient une sacrée paire. Jonas justifia sa ponctualité par un refus d’être prévisible.

«Ouais, faut savoir surprendre l’autre» L’américain rétorqua qu’il aurait dû faire poireauter Raphaël. «Ça, ça aurait été prévisible.» Il s’écarta doucement de son ami, faisant mine d’esquiver un éventuel coup amical qui aurait pu venir. «Attention, me touche pas, j’suis blessé !»

Raph causait du souci à tout le monde. Même si ce n’était pas de sa faute, qu’il n’avait ni demandé, ni cherché à se faire poignarder, il avait conscience d’infliger une énorme charge mentale à ses proches. Raph temporisa en affirmant fièrement que cette expérience allait lui valoir un nouveau tatouage ; il se doutait que son pote tatoué allait plus qu’approuver ce choix. Jonas lui demanda si l’acquisition d’un nouveau tatouage était vraiment la première chose qui venait à l’esprit de Raphaël.

«Nan. La première chose qui me vient à l’esprit c’est que si le couteau de ce cinglé avait été enfoncé jusqu’à la garde, ou si elle était quelques centimètres plus à gauche, à droite, en haut, ou en bas. On serait pas en train de discuter. J’me dis que ma mère a peut-être raison, Dieu existe, et il veille sur moi. J’me dis que je vais arrêter la boxe, parce que j’ai pas envie de tabasser à nouveau une femme qui a rien demandé. J’me dis que des donneurs de sang m’ont sauvé la vie, et que quand j’irais mieux, faudrait que je donne mon sang, moi aussi. Je connais même pas mon groupe sanguin, la honte. Mais… J’ai pas envie de parler de tout ça.» La voix de Raph, d’abord amusé par la réplique qu’il comptait rétorquer à son ami, se brisa petit à petit à mesure que l’émotion le prenait à la gorge. Mais il se reprit rapidement. «Pas maintenant. J’ai envie d’être dans le déni, et d’imaginer un beau tatouage dans mon dos. Tu comptes le copier aussi celui-là ?» Il savait que c’était comme ça qu’on voulait le voir. Déconneur, insouciant. En tout cas, c’était comme ça qu’il avait envie de se voir pour l’heure. Le monde était déjà assez sombre comme ça. Pas besoin de l’obscurcir davantage avec des pensées négatives. «Du coup, t’as un bon tatoueur en tête ?»

Jonas haussa les épaules en lâchant qu’il en connaissait un particulièrement excellent. Raph avait un poil cassé l’ambiance. Mais il n’avait fait qu’évoquer tout haut, ce que tous deux pensaient tout bas. En lâchant ça, il voulait prouver à son ami que, oui, il avait conscience de ce qui lui était arrivé, de ce qu’il se passait. Il n’était pas devenu fou, il avait peur, il était terrifié. Et il avait mal. Se complaire dans le déni n’allait pas arranger la situation… Mais les lamentations non plus. Quitte à choisir, Raph préférait essayer de rire, que de passer son temps à pleurer. Parce que chialer, ils n'avaient pas fini de le faire.

Jonas prit les affaires du français. Ce dernier fit un mouvement pour l’en empêcher, mais d’un geste explicite, son ami fit comprendre qu’aucune négociation n’était envisageable. Raph détestait ça ; qu’on soit à son service. Il était capable de porter une petite valide quand même il n’était pas… Il n’était pas quoi ? Handicapé ? Infirme ? Diminué ? Blessé ? Il était en convalescence, et il comprenait qu’on essaie de prendre soin de lui. Il serra les dents, mais il n’insista pas. Si les rôles étaient inversées, il aurait fait exactement la même chose que Jonas.

«Scout toujours prêt !» Il examina rapidement la chambre. «Mais je suis pas scout, je check vite fait que j’ai rien oublié. Allez go ! Je te suis. »

Il emboîta le pas de Joans qui lui demanda s’il y avait quelque chose à signer, passer au bureau des sorties, ou autre. Il regarda sa montre en déclarant qu’ils devaient se magner pour être à l’heure pour manger la tambouille de Leah.

«Putain, depuis quand t’es obsédé par ta ponctualité ? Je comptais aller au Mcdo, moi, en me plaignant que tu avais eu tellement de retard qu'on n'avait pas eu le choix ! Tu gâches tout… »

Raph chercha du regard un membre du personnel hospitalier pour se renseigner sur la démarche à suivre pour partir.

«Sinon… J’sais pas si j’ai le droit de partir comme ça. Barrons nous. Au pire ils ont mes coordonnées et celles de mes parents. Ils sauront me joindre pour me dire de régler ça. J’suis français, je sais pas comment ça marche les hôpitaux après une opération ici.» À vrai dire, il n’avait jamais été opéré, ni en Angleterre, ni en France. Il ignorait tout de la démarche à suivre. «AH ! J’sais pas si je t’ai dit.» Pas qu’il avait des soucis de mémoire, mais il avait été tellement drogué à coup d’antidouleurs qu’il avait passé pas mal de temps à dormir, complètement stone quand on venait lui rendre visite. «Mes parents sont à Londres en ce moment. J’ai pas trop compris pourquoi. Des problèmes dans la famille. je crois qu’ils ont leur fils à l’hosto ou un truc du genre. Tu crois que ça pose problème s’il passe à la colloc’ de temps en temps pour me voir ? Ce sera l’occasion pour que je vous les présente !»

Raph connaissait un peu les familles de ses colocataires mais, n’ayant pas de famille en Angleterre, et encore moins à Londres, il n’avait jamais pu leur rendre la pareille. Jusqu’à maintenant.

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Jonas Tallec
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Sam 16 Déc - 22:33

Raphaël II
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Aller chercher Raphaël à l’hôpital. Telle était la mission qu’il m’avait confié. Ignorant pourquoi il m’avait choisi moi au lieu de demander à ses parents, j’avais respecté son choix et m’étais pointé à l’heure indiquée. Évidemment, il aurait été beaucoup plus normal de venir en retard, cela aurait fait honneur à mon incapacité légendaire à être à l’heure, mais cette fois, j’avais décidé de faire exception. Il fallait bien l’avouer, j’étais bien éprouvé depuis des mois. Et si j’avais enfin fait le deuil de ma relation avec Thalia, j’étais toutefois encore totalement chamboulé par les évènements passés à Piccadilly Circus. Pour être tout à fait honnête, je me demandais même combien de temps nous allions pouvoir continuer à encaisser de la sorte ; j’avais l’impression que nos vies ne nous appartenaient plus vraiment, engluées dans un rouleau compresseur qui nous massacraient dès qu’il le souhaitait. En réalité, j’avais enfin pris conscience d’une chose ; nous étions en guerre. Une guerre froide et cruelle ; et les récentes batailles montraient bien qu’aucun des deux camps ne souhaitaient flancher. En réalité, je ne voyais pas d’issue favorable à court terme. Même à moyen terme. J’avais cette désagréable sensation que nous allions être en guerre encore pendant des décennies et cela me faisait froid dans le dos.

Par ailleurs, je remerciai le ciel d’être aussi indulgent envers Raphaël. Il était en vie, celui que je considérais désormais comme un de mes meilleurs amis s’en était sorti malgré la blessure qu’il avait subie. Je savais qu’il aurait pu y passer et cette perspective était totalement irréelle. Leah et moi avions passé beaucoup de temps collés l’un à l’autre à l’appartement, nécessitant la présence rassurante de l’autre pour ne pas sombrer dans le chaos et pour éviter de penser que Raphaël aurait pu mourir ; cette idée nous était insoutenable. En tout cas, il semblait presque frais comme un gardon, à faire des blagues sur mon avance et sur le fait qu’il était en convalescence, ce qui devait m’empêcher de lui coller une ou deux droites. « T’inquiète, quand tu seras guéri, je te louperai pas. » Évidemment, je ne ferais probablement rien de tout cela mais bon, j’avais une réputation à tenir. Raphaël évoqua son nouveau tatouage et je levai les yeux au ciel. C’était incroyable qu’il pense à cela alors même qu’il venait de frôler la mort. Son sens des priorités était des plus étonnant. Mais ce que rétorqua mon ami me fit prendre conscience que la réalité était tout autre. Il était pleinement lucide. Son laïus me fit taire, chose qui était particulièrement rare pour qu’on le souligne ; il allait bientôt neiger en temps de pluie. Lorsqu’il termina en disant qu’un beau tatouage sera sa belle récompense, je me contentais de lui recommander un tatoueur. « T’as vu mon corps ou pas ? Est-ce qu’un seul de mes tatouages est laid ? Franchement, non. Je t’emmènerai chez le gars qui me fait ça. Et non, nulle envie de te copier cette fois. » Je me contentai de garder le silence encore un peu, attrapant la valise du français pour quitter ce lieu sordide. J’avais toujours haï les hôpitaux. « Ouais mec, Dieu existe, il est devant toi. » dis-je au bout d’un moment, bien après que Raphaël ait fini de parler, espérant le faire sourire. « J’vais au don du sang régulièrement, t’auras qu’à venir avec moi la prochaine fois. » dis-je pour conclure. « Une BA, c’est important. »

Nous sortîmes de la chambre et je parlai à Raphaël du plat que Leah était probablement en train de cuisiner pour son retour. «OH ouais MCDO putain, j’en crève d’envie. Tant pis pour le plat de Leah, on le mangera ce soir. Ou direction le congélo, direct. J’suis sûr qu’elle a mis les petits plats dans les grands. Imagine le délire, huîtres, escargots dégueux comme vous aimez les français, cuisses de grenouille, foie gras et bûche de Noël. Rien n’est trop démesuré pour ton retour. Mais bon, McDo, c’est plus réconfortant. On dira que c’est le personnel médical qui t’a conseillé de manger immédiatement, c’était pas possible d’attendre, voilà tout. » C’était le plan, un plan bien pourri, mais rien à foutre. D’ailleurs, fallait-il qu’il signe quelque chose ? Une décharge ou que sais-je ?  « Ahahaha, tu coûtes cher à l’état, mon vieux ! J’espère que tu vas payer tes impôts pour compenser. » En vérité, je n’avais moi non plus aucune idée de comment fonctionnait les soins pour les étrangers. Moi j’étais devenu anglais au moment où les Tallec m’avaient adopté, donc j’en avais rien à foutre du reste.

Alors que nous traversions les couloirs, un sourire s’installa sur mes lèvres en voyant des gamins du service de pédiatrie se battre pour placer quelques boules dans le sapin de Noël du hall tandis qu’un autre gosse faisait tintinnabuler une des clochettes avec grande vigueur. Je fronçai soudainement les sourcils, putain ce que c’était relou un môme. « Doit pas être bien malade celui-là. » confiais-je à Raphaël. Secouant la tête, on passa notre chemin. « Non tu m’as pas dit. » dis-je pour l’emmerder. Lorsqu’il parla de ses parents, un pli soucieux se forma sur mon front. Il était sérieux ? Je le regardai, curieux, tandis que nous franchissions la porte de sortie. «Mais Raph ?  Tu déconnes, n’est-ce pas ? » Il n’était pas au courant ? Personne n’avait prit le temps de le lui dire ? Bah purée. « Bah écoute, ils sont déjà venus trois fois, j’pense pas qu’une quatrième posera soucis, ni à Leah, ni à moi. » J’haussai les épaules. « On a attendu ensemble dans la salle d’attente quand on a cru que t’allais clamser. » Les mots étaient crus, rudes. Peut-être nécessaires pour que je puisse rendre compte qu’on avait failli échapper au pire. « Et on leur a payé le café. Tu crois faut qu'on leur fasse une facture ? »

 
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En apparence, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Jonas et Raphaël se cherchaient amicalement. Ils déconnaient, riaient.

«Même pas peur ! T’auras oublié d’ici là.»

Le français évoqua le futur tatouage qu’il allait devoir se faire faire un nouveau tatouage. Son ami releva qu’il avait un sens des priorités des plus déplorables. En apparence… Tout allait bien dans le meilleur des mondes… Il déconnait… Il riait…

Mais dans l’esprit de Raphaël, c’était le Chaos. Il avait failli y passer. Ça s'était joué à quelques centimètres, voire millimètres. Que ça soit en profondeur ou en largeur. Ça relevait du miracle qu’il soit en vie. Parce que même si aucun organe vital n’avait été touché, il avait souffert d’une belle hémorragie, et c’était grâce à des dons de sang qu’il était toujours vivant. Retourner à la boxe le terrifiait. Il avait été sous influence et s’était pris pour un grand boxeur. Mais aucun grand boxeur ne se serait rabaissé à cogner une pauvre femme sans défense, dans la rue. Il revoyait ses poings, encore et encore, cogner la pauvre sorcière. Quand il fermait les yeux, il revivait chaque seconde de cette scène. Il se sentait d’une stupidité sans bornes. Il se sentait stupide, et honteux.

Son attitude, ses paroles et ses expressions ne devaient pas forcément refléter le mal-être de ses pensées. Il ne voulait pas se complaire dans un mal-être malsain. Il avait besoin de choses positives autour de lui. Manquer de clamser en se vidant de son sang sur le bitume ? Pas positif. Avoir perdu le contrôle et démolir la gueule d’une sorcière innocente contre sa volonté ? Pas positif. Avoir un nouveau tatouage badass dans le dos ? Positif.

Jonas sembla comprendre son ami, puisqu’il ne le contredit pas. Il accepta de parler tatouage, lorsque Raph relança le sujet.

«Question de point de vue. J’imagine que s’ils sont moches, ça doit plus venir du choix du dessin que du dessinateur.»

Cela dit, de tête Raph n’avait pas eu le sentiment d’en avoir trouvé un particulièrement moche. Il ne s’était pas non plus amusé à décortiquer les gravures sur tout le corps de son ami.

«Mais merci.  Je prends quand même l’adresse avec grand plaisir.»

Après un long silence, Jonas tenta de briser la glace en se prenant pour Dieu. Raph sourit en levant les yeux au ciel.

«Ben voyons… Ça faisait longtemps !»

Son colocataire aborda ensuite le don du sang. Le français comprit qu’il encaissait enfin ce qu’il lui avait balancé dans la gueule quelques minutes avant.

«Tu fais ça juste pour ta BA hebdo ? Triste. En tout cas… Si ça se trouve… C’est peut-être toi qui m’a sauvé les miches, avec ton sang, va savoir.»

Mais ça, on ne le saura jamais. Les dons devaient probablement être anonymes. Ce serait trop compliqué de suivre la traçabilité de chaque poche de sang. Ou alors, au contraire il y avait un suivi rigoureux, en cas d’effets néfastes. Raph n’en avait absolument aucune idée.

En sortant de la chambre d’hôpital, Jonas évoqua la cuisine que Leah avait préparé pour le retour de leur ami à la maison. Raph prit une mine déçue, déclarant qu’il comptait manger Mcdo mais que tout tombait à l’eau du coup. Jonas retourna aussitôt sa veste, adoptant immédiatement la malbouffe de fast food, devant un Raphaël, hilare, qui s’attendait à se faire réprimander d’avoir si peu d’estime pour les efforts culinaires de leur amie. Jonas énuméra ce qu’il y avait probablement à manger à la colloque.

«Pour le moment, tu m’évoques pas énormément d’efforts de préparation. Vous avez juste fait des courses en fait ? Bon, j’admet que les huîtres, faut bien les ouvrir. Mais quand même…»

En tout cas, Jonas faisait vraiment mine d’être méchamment motivé pour aller à Mcdo. Il était même prêt à mettre sur le dos du personnel médical l’urgence le fait qu’ils aient été obligés de s’arrêter de manger en chemin parce qu’il était important que Raphaël s’alimente rapidement. Impossible d’attendre.

«T’es con putain.»

À propos du personnel médical, Jonas s’interrogea sur la marche à suivre. S’il fallait signer des papiers,des autorisations de sorties. Et ce n’était pas le français qui allait pouvoir le renseigner. Il n’en savait pas plus que lui. Il suggéra que dans le doute, ils allaient filer à l’anglaise puisque, de toute façon, ils avaient les moyens de le contacter si quelque chose n’allait pas. Jonas plaisanta sur le fait que Raph représentait des dépenses supplémentaires pour l’état et qu’il allait bien payer ses impôts pour compenser.

«On parle bien du même état qui nous impose un couvre-feu idiot, qui dilapide son pognon dans la recherche anti-magie au lieu de s’occuper de problème plus importants et sans qui je n’aurais pas eu besoin d’être hospitalisé ? Zéro remords.»

Après tout, l’argent que le gouvernement dépensait dans l’éducation, les infrastructures, et la santé… C’était du budget qui n’était pas alloué à la guerre et la lutte anti-sorciers. Raph n’irait pas jusqu’à dire qu’il ferait exprès de se foutre en l’air rien que pour dilapider l’argent du contribuable dans autre chose que la guerre, mais ça pourrait presque être une stratégie viable.

Alors qu’ils avançaient dans les couloirs, Raph surprit un sourire sur les lèvres de Jonas. Il suivit son regard et vit des enfants se chamailler pour installer des décorations dans un sapin. Cela lui rappela Samuel et lui, bien des années en arrière. Jonas fit un commentaire sur l’un des gosses.

«Va savoir. À ces âges-là on est tellement insouciants qu’on pourrait nous croire invincibles. Ou peut-être qu’ils sont là pour un frère, une sœur ou de la famille moins proche.»

Il se garda de tout commentaire supplémentaire. Toutes les maladies, tous les handicaps n’étaient pas forcément visibles. Peut-être que certains de ces gosses passaient leur dernier Noël. Mais, après tout, toutes les consultations n’étaient pas forcément pour des choses graves.

Finalement, le français s'apprêta à aborder le sujet de sa famille présente à Londres. Il n’avait pas souvenir en avoir parlé à Jonas ou Leah. Lorsqu’il amorça donc la discussion, en demandant s’il avait déjà dit quelque chose à ce propos, son ami le coupa, lui disant qu’il ne lui avait rien dit. Raph joua le jeu.

«Ah bah attends ! J’vais te raconter.»

Il expliqua donc que ses parents étaient en ville en ce moment, feignant de pas trop comprendre pourquoi, qu’il avait vaguement entendu une histoire de fils hospitalisé. Et que, vu qu’ils étaient en ville, y’avait moyen qu’ils passent le voir à la colloc’ une fois ou deux. Jonas demanda, le plus sérieusement du monde, si Raphaël déconnait.

«Euh… Bah ça dépend… Si tu me demandes pour l’histoire de fils hospitalisé, ouais, je déconne. Mais si c’est pour le fait qu’ils risquent de passer me voir, non, j’étais plutôt sérieux.»

Raphaël n’imaginait pas que cela aurait pu poser le moindre problème. Il dévisagea son ami, qui finit par s’expliquer. Les français étaient déjà passés plusieurs fois à la maison et que ça ne devrait poser de problème à personne qu’ils viennent une fois de plus. Ils avaient attendu tous ensemble en salle d’attente quand Raph était encore entre la vie et la mort.

«Ah… Ouais… Désolé… Putain… Grosse ambiance… Je suis… Je sais pas… »

Il n’avait pas les mots. C’était pas tout à fait comme ça qu’il voulait que sa famille et ses amis se rencontrent. Il pensait inviter Leah et Jonas une semaine ou deux en France, pour leur présenter ses parents, et quelques connaissances avec qui il lui arrivait rarement de traîner.

«Non, non. Pas besoin de facture. Merci. Je… Je savais pas. Merci.»

Au moins, il avait la confirmation que ça ne posait pas de problème qu’ils passent.

«Je sais pas combien de temps ils vont rester. À la base, avant ces conneries, il était prévu que je rentre en France pour Noël, comme chaque année. Je sais pas comment ça va se passer du coup. Si je rentre avec eux, s’ils rentrent sans moi, s’ils restent plus longtemps.» Raph haussa les épaules. «C’était pas trop chiant pour parler ? Je sais qu’ils ne parlent pas trop trop anglais. C’était pas chelou ?»

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Sam 23 Déc - 10:39

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Ni religion ni nation
Feindre que tout allait bien était facile. Il suffisait qu’on ricane un peu, qu’on fasse quelques blagues niaiseuses et le tour était joué. Mais en réalité, au fond de nous-même, je savais qu’il n’en était rien. La mort nous frôlait de trop près depuis des mois et je savais que c’était en partie à cause de nos convictions. Qu’il était difficile d’être moldu et pro-sorciers… Probablement que les autres moldus, ceux qui ne s’impliquaient pas pour ou contre la cause sorcière d’ailleurs, étaient moins affectés que nous. Ils se contentaient de vivre leurs vies au gré des différentes attaques mais n’y prenaient pas forcément part. Nous, kamikazes que nous étions, on se mêlait de tout et on se jetait sans difficulté dans la gueule du loup. Et cette fois, c’était Raphaël qui avait bien failli y passer. Pourtant, il continuait de me chercher, de m’emmerder, la forme lui revenait ! « Et oh, j’suis dépressif, pas amnésique. » dis-je en plaisantant. Surtout que depuis quelques temps, j’allais quand même vraiment mieux. J’avais même diminué mes cachets. Bon, j’avais eu un petit passage à vide lorsqu’on avait craint pour la vie du gars qui était devant moi, mais depuis, j’étais en forme. La vie devait continuer. Malgré tout. Et même si nous prenions des risques inconsidérés à cause de la guerre, de mon côté, j’avais même envie d’en prendre davantage. Tout était risqué. À chaque fois, chaque jour. Et pourtant, je ne voulais plus me cacher, je ne voulais plus être englué dans cette guerre. Je rêvais de changement, de paix, d’harmonie. Quelle belle utopie.

Au contraire, quand je voyais Raphaël, tout ce que je sentais, c’était le désastre. Je me revoyais un an en arrière, après le drame chez Ludivine et les meurtres auxquels j’avais assisté. Je me revoyais craindre pour ma vie, pour celle de ma cousine. Ce qu’il ressentait, je le comprenais. Peut-être mieux que quiconque. La vie ne tenait qu’à un fil, j’en étais conscient. Et cette vérité venait probablement d’éclater à la gueule de mon ami ; il avait bien failli passer l’arme à gauche après tout… Et tout ce qui lui importait, c’était un tatouage. Je n’eus pas besoin de creuser bien loin pour comprendre qu’il ne s’agissait que d’un prétexte pour ne pas avoir besoin d’affronter la réalité. Et pourtant… Raphaël semblait bel et bien conscient de tout ce que cela impliquait. « Aucun de mes tatouages n’est moche voyons. » Sauf peut-être les initiales J+J, mon premier tatouage, réalisé avec Jordan dans une fête par un mec où l’hygiène des aiguilles était douteuse. On avait eu la chance de pas chopper de cochonneries.  «Et t’as jamais regardé Tatoo cover toi ? Je peux t’assurer que parfois, ce n’est pas uniquement la faute du dessin. » dis-je en ricanant faiblement. Certains tatoueurs feraient mieux de s’abstenir parfois… Enfin bon. « Je t’y emmènerai si tu veux, tu pourras lui parler de tes envies. Il est cool. » Et doué. Cela allait sans dire.

La conversation filant, nous évoquâmes Dieu (aka moi-même) et comme Dieu était tout puissant, il sauvait des vies. Évidemment. Donner mon sang était un acte facile, anodin. Je le faisais régulièrement. Après chaque dépistage MST en réalité. Juste pour être sûr que tout était ok. Depuis Thalia, j’étais retombé dans mes anciens travers et les filles défilaient régulièrement. Mais bon, je me disais qu’au moins, en faisant quelques bonnes actions, cela rééquilibrait mes chakras. « Nan, parfois, j’aide aussi les mamies à traverser et je porte leurs sacs de course avec mes gros muscles. » Je pouvais pas m’empêcher de faire le pitre, qu’est-ce que c’était énervant. « Et ouais mec, si ça se trouve, tu me dois la vie. Alors incline-toi devant ma royale personne. Que dis-je, ma divine personne. » Faire preuve d’humilité n’avait jamais vraiment été mon fort. Je souriais bêtement en sortant de la chambre d’hôpital, nous dirigeant vers la sortie. Parlant nourriture, se moquant de Leah, qui pourtant était une cuisinière formidable, nous en arrivâmes à la conclusion qu’un Mcdo serait le bienvenue. Parfait. Mon corps ne disait jamais non à la malbouffe. « C’est Leah qui les a faites. Moi j’ai juste rangé les sacs, j’avoue. » dis-je en riant. Ce n’était pas la peine de crier au machisme, à la colloc, les tâches étaient vraiment partagées et Leah nous avait mis au pas concernant le ménage. « On pourrait demander à quelqu’un de le faire pour nous. » dis-je d’un air mystérieux lorsqu’il parla que les huîtres, c’était galère à ouvrir. Pour ma part, pour ce genre de truc, j’hésitais pas un seul instant à appeler ma cousine pour qu’elle transplane chez nous, qu’elle fasse un sort et deux secondes après, c’était fait. Fallait bien que ça serve à quelque chose d’avoir des proches sorciers. Non mais oh. Raphaël me traita de con et ça m’arracha un autre sourire. Parfait. Si je l’amusais, ma mission était réussie.

Il fallait bien l’avouer, il avait pas vraiment dû se marrer à l’hôpital donc autant tenter de lui changer les idées. Et maintenant, il s’en allait. Probablement qu’il devait signer des trucs. J’en savais rien. « Ouais, t’as raison. Aucun remords. La prochaine fois, arrange-toi pour avoir une blessure plus grave pour que ça coûte encore plus cher. » Ouais ouais, j’allais toujours plus loin dans la connerie. Mais Raphaël savait bien tout ce qui se cachait derrière mon humour noir ; derrière tout cela, il y avait une inquiétude bien réelle. Poursuivant notre chemin, on passa devant le service de pédiatrie où les enfants s’amusaient à coller des stickers de bonhomme de neige sur les portes de toutes les chambres, d’autres décoraient le sapin avec une certaine délicatesse. Et un qui faisait un bruit monstre, digne des jacassements d’un lutin de Cornouailles. Ce qui me fit ronchonner. Raphaël m’intima d’être indulgent, peut-être qu’ils venaient rendre visite à quelqu’un de malade. Peut-être. Effectivement.

M’apprêtant à demandant à Raphaël s’il voulait vraiment un Mcdo, je me tus lorsqu’il évoqua sa famille. Fronçant les sourcils, me demandant s’il était véritablement sérieux. Pensait-il sincèrement que Leah et moi étions capable de les ignorer alors qu’ils étaient dans la même ville que nous ? On ne les connaissait pas mais ils étaient les parents de notre colloc, de notre super pote. Nous étions un trio indissociable maintenant, quels amis aurions-nous été si nous les avions laissé seuls dans Londres ? De bien piètres amis, je ne le craignais. « Raph, sois pas désolé. » dis-je alors que je me rendais compte que mes mots avaient peut-être été un peu trop violents. Depuis le début, nous prenions tout à la dérision, peut-être à tort ? « Tu croyais vraiment qu’on allait faire banc à part, chacun pour soi, personne ne parle et on attend ? » En plus, fallait bien le dire, Raphaël ressemblait à ses parents, Leah et moi n’avions pas mis de temps à les reconnaître. Eux non plus d’ailleurs. Apparemment, Raphaël leur avait parlé de son pote métis hyper canon et de sa colloc blondinette trop chouquette. Ça aidait. Avec de telles descriptions, ils ne pouvaient vraiment pas nous manquer. « Je me doute que c’était pas la rencontre idéale, mais t’inquiète, tout s’est très bien passé. » Continuant de traverser les couloirs, nous arrivâmes à la sortie et passâmes la porte. Le vent frais nous accueillit avec gentillesse enfoiré et je fis signe à Raphaël de se diriger vers le parking tandis qu’il se demandait combien de temps ils allaient rester. « Je sais pas trop, ils ont pas pris leurs billets de retour. Ils attendaient de savoir quand tu allais sortir etc. T’auras qu’à leur demander. Puis on leur a proposé de venir à la colloc vu qu’on a une chambre dispo mais ils ont préféré aller à l’hôtel. Mais s’ils restent plus longtemps, faut leur dire de dormir à la maison, ça coûtera moins cher et ça sera plus sympa pour toi. » De ce que je comprenais, je savais de qui Raphaël tenait son truc de ah non mais moi je veux pas dépendre financièrement des autres. Famille Millet = relou. Voilà ce que j’en concluais. Quand Raphaël demanda comment ils s’en étaient sortis pour parler, je ricanai, me remémorant les vaines tentatives de Leah de parler français ( « Oh non les cours de français du lycée, c’est trop loin ! Je sais plus rien dire ! ») et les piètres essais des parents de Raph de parler anglais. « Ah bah je dois t’avouer, heureusement que j’étais là pour faire le traducteur ahaha. Entre Leah et ces Booooonjouuu, tes parents et leurs Gooo afteernou, on était pas sorti de l’auberge. » Je riais de bon cœur avant de dire : « En tout cas, le fait que je sois bilingue a bien aidé. J’étais un peu rouillé, mes parents ont tendance à parler anglais la plupart du temps. Puis tes parents ont un accent du Sud, purée c’était bizarre. Et ils causent vite. Mais bon, ça allait quand ils ralentissaient le débit. Puis y avait google traduction quand il fallait. » Notre ami à tous.

Arrivant devant ma voiture, je fis une courbette disgracieuse à mon ami et je lui dis : « Très cher ami, voici votre carrosse. Enfin plutôt votre traîneau vu la saison. J'espère que le service vous satisfaira et que le trajet ne sera pas trop long. » Je plaçai la valise dans le coffre puis je m’installai derrière le volant. «Allez, go. » Je démarrai le contact et pris la route vers la colloc. On avait quoi, quinze minutes de route à tout casser ? Enfin… Peut-être un petit peu plus… On roula pendant trois kilomètres et alors qu’il aurait fallu continuer tout droit pour aller chez nous, je pris soudainement à droite, un sourire carnassier aux lèvres, tandis que l’enseigne au grand M se profilait au loin. « Bon du coup, Menu Maxi Best of ou Menu Golden ? On en prend un pour Leah ou on la laissera saliver devant notre nourriture ? » Raphaël avait encore le temps de me raisonner pour que je fasse demi-tour. Mais le fera-t-il ? « Faut bien te nourrir pour quand tu reprendras la boxe. » Non, cette partie de la phrase dans son speech ne m'avait pas échappé. J'étais attaché à nos entraînements ensemble. Et si je comprenais pourquoi Raphaël voulait arrêter, je n'avais pas vraiment envie d'y renoncer.
 
 
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Le regard plein d’étoiles, quand la lune se voile, restons fidèles à nous-mêmes ; Quand la neige de l’hiver s’évanouit, les fleurs à leur tour s’éveillent et les larmes d’espoir de la pluie annoncent de nouvelles merveilles...

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Sorciers et brigands dansent la même danse, puisqu’ils sont tous des gibiers de potence
«Mi-Décembre 2021»


Jonas menaça le jeune homme de ne pas le louper quand ce dernier sera rétabli. Raph rétorqua que Jonas aura oublié d’ici là, mais son ami répondit, du tac au tac, qu’il était dépressif, pas amnésique.

«Amnésique, amnésique, tout de suite. »

Le français se retint de lui rétorquer que, dans ce cas, il serait mort d’ici là. Les deux garçons se cherchaient beaucoup. Ils pouvaient avoir l’air un peu rude l’un envers l’autre, de l’extérieur, mais ce n’était jamais méchant. Les vacheries qu’ils pouvaient s’envoyer au visage n’avaient que très rarement une arrière pensée. Mais, même pour plaisanter, certaines phrases pouvaient faire mal. C’était une limite difficile à discerner. Raphaël ignorait si une telle pique pourrait affecter son ami. Probablement pas, se connaissant l’un l’autre, mais… Le fait de ne pas en être certain était un argument suffisant pour fermer sa gueule et refuser toute surenchère.

En dehors de cela, il savait que les tendances dépressives de Jonas n’étaient pas une invention. Entre les évènements choquants chez sa cousine et le fait d’assister en direct à l’explosion du crâne de Potter. Premier rang, carré VIP. Jonas s’en serait bien passé. Le fait que Raph ait failli passer l’arme à gauche avait probablement dû impacter l’américain…

Mais pas autant que ça n’avait impacté le français. Il avait bien failli caner, et rien que le fait d’être en vie, de plaisanter, ça le lui rappelait. Raphaël choisit volontairement de parler avec légèreté, de rester positif, de rire, de s’amuser. Parce que la putain de vie était trop courte, trop fragile, trop incertaine pour se laisser sombrer dans le pessimisme. Il ne pouvait pas empêcher les idées noires d’être présentes… Mais il pouvait choisir de l’impact qu’elles ont sur lui, et sur son entourage.

C’était pour cette raison qu’il évoquait le tatouage qu’il s’était promis, s’il survivait à tout ça. Quand il s’était effondré, à Piccadilly Circus, il n’en menait vraiment pas large. Ses souvenirs étaient flous… Un peu comme s’il venait de vivre quelque chose de choquant, de traumatisant… Comme s’il avait mal à en devenir fou, comme s’il s'était vidé de son sang au point que le cerveau risque de ne plus être assez irrigué. En tout cas, ils ne pouvaient pas parler de tatoueur sans évoquer les nombreux tatouages de Jonas. S’il y en avait qui étaient d’un goût un peu douteux, Raph n’avait jamais trouvé “moche” les dessins sur le corps de son ami.

«Euh… J’ai dû tomber dessus, ou des extraits de vidéos. Mais non, j’ai jamais vraiment regardé. Je sais bien que y’a des tatoueurs foireux, mais je disais que dans ton cas, si y’en a que je ne devais pas aimer, ça aurait été à cause du choix du dessin, pas du tatoueur.»

Ouais, des images de tatouage raté, tout le monde était déjà tombé dessus sur internet. Il existait de nombreux best-of des pires tatouages, avec le modèle à côté. Certains étaient dignes des pires monstres de film d’horreur alors qu’ils étaient censés représenter un animal mignon ou l’être aimé. Sans compter les fautes d’orthographes qui, une fois marquées dans la chair, étaient gravées à jamais.

«Ouais, on fera ça. Mais on a le temps, je vais pas me faire tatouer demain, et j’ai des trucs à faire avant.»

Comme avoir des photos de ses sauveteurs, ou alors un moyen de les représenter. Il ne savait pas quel ambulancier l’avait récupéré, ni quel urgentiste l’avait pris en charge et quel chirurgien l’avait opéré. Ni quel donneur lui avait donné son sang. Peut-être que le logo de l’hôpital de Londres était assez explicite ? De même pour le service de don du sang ? Quant au mangemort qui était mort sous ses yeux… Ce n’était pas le moment de penser à tout cela. Il sortait tout juste de l’hôpital, il avait le temps de s’organiser d’ici qu’il aille se faire tatouer.

Raphaël comptait donner son sang, quand tout serait rentré dans l’ordre pour lui. Une des nombreuses résolutions qu’il avait prises afin de montrer sa reconnaissance d’être en vie. Le don du sang lui avait sauvé les miches, peut-être que son propre sang lui permettrait de sauver quelqu’un, un jour. À la surprise du jeune homme, qui l’ignorait totalement, son pote donnait régulièrement son sang. C’était l’une des nombreuses Bonne Actions, BA comme il disait, qu’il faisait.

«Et ben, je te savais pas si prévenant envers ton prochain.»

Peut-être même que c’était le sang de Jonas qui avait sauvé Raphaël. D’après son ami, Raph devait s’incliner devant sa divine personne pour lui avoir sauvé le cul.

«Ma reconnaissance a ses limites. Rêve pas trop, gros.»

Leah attendait Raph avec un énorme festin, et ce dernier suggéra d’aller manger Mcdo avec son pote pour échapper à cela. Jonas jouait le jeu et se disait même prêt à partir à l’assaut du fast food, et tant pis pour les joyeuseries festives que Leah avait “préparées”. “Préparées” entre guillemets, puisque Raph, en tant que non expert culinaire, estima que ce n’était pas beaucoup de préparation dans tout ce que son ami avait énuméré. Les huîtres, à la limite, puisqu’il fallait les ouvrir, mais le reste ? Et encore, d’après Jonas, il suffisait de demander à quelqu’un de le faire pour eux.

«C’est donc ça les limites du Dieu-Roi Jonas ? Les coquilles d’huîtres ? »

Raph n’en avait rien à cirer de coûter au contribuable. Il n’était pas si genre à profiter du système, mais si l’argent du système servait à financer cette maudite guerre et à blesser, enfermer, voire tuer, ses amis… Il n’avait aucun remord.

«J’y songeais justement. Mais bon, c’est vraiment pas passé loin cette fois. Plus, ça serait compliqué. Puis c’est un coup à ce qu’on nous retire ce genre d’aide. Quoi que, ça pourrait faire bouger plus de gens contre ce gouvernement pérave, va savoir. »

Lorsque Raph évoqua ses parents et la possibilité qu’ils passent à la colloque, l’ambiance changea légèrement. Après qu’il se soit assuré que ce n’était pas une blague, Jonas expliqua que Leah et lui avaient déjà eu l’occasion de croiser la famille du français, alors que son sort était encore incertain. Raphaël avait causé beaucoup de soucis à tout le monde. Il pensait présenter ses amis à sa famille, et réciproquement, mais il pensait que ça se ferait dans d’autres circonstances. Il se confondait en excuses maladroites, bien qu’il ne soit pas réellement responsable de ce qu’il lui était arrivé.

«Ouais. J’sais que c’est pas ma faute. C’est la faute à pas de chance. Mais ça me gêne quand même.» Jonas avait raison, c’était débile d’attendre chacun dans leur coin alors qu’ils étaient là pour les mêmes raisons. «Non, non. Vous avez bien fait.»

Tout s’était bien passé. En même temps, il y avait peu de raisons qu’il y ait des soucis. Jonas et Leah étaient des personnes réglo et les parents du jeune homme avaient enfin trouvé l’occasion de rencontrer les amis et colocataires de leur fils.

Personne ne savait quand les français allaient repartir, pas même eux. Pour le moment, ils avaient refusé la proposition de Leah et Jonas de rester à la colloque et avaient préféré rester à l’hôtel.

«Je leur en toucherai un mot. Mais ils sont grands, ils peuvent se débrouiller.» Raph rit. «Puis je suis pas sûr d’avoir envie de les avoir derrière mon dos pendant ma convalescence. Ils sont capables de m’escorter aux chiottes pour pouvoir me torcher le cul sans que ça ne me fasse mal. L’enfer.»

En  tout cas, la communication entre les deux camps avait pu bien se passer. Il fallait dire que Jonas était aussi bilingue que Raph, bien que le soi-disant accent du sud des parents de Raph avait légèrement perturbé Jonas.

«Accent du Sud ? On a pas du tout le même accent que les sudistes !»

Raph était bien prêt à concéder qu’il avait un accent, comme tout le monde quelque part, mais de là à le comparer avec l’accent du Sud, fallait pas déconner non plus. Peut-être quelques expressions locales qui ne devaient pas passer à la traduction, mais rien de réellement gênant. Jonas devait le faire marcher.

Ils arrivèrent à la voiture du jeune homme. Il n’avait pas menti, il était garé au plus proche possible.

«Oh pitié…»

Jonas roula tranquillement en direction de la maison. Enfin, c’était ce que Raph pensait  jusqu’à ce que son ami prenne à droite.

«Hey, tu fais quoi ? C’était tout droit.»

Ce con était réellement parti pour aller à Mcdo. Il demandait ce que Raph voulait prendre.

«Mais t’es un grand malade ! Je déconnais.» Après un instant de réflexion. «Mais bon… Puisqu’on y est, j’imagine que ça ne coûte rien de se prendre un McFlurry. »

Jonas argumenta qu’il fallait que Raph reprenne des forces pour quand il reprendrait la boxe.

«Il n’y aura plus de boxe pour moi. Ni boxe, ni karaté. Ni autre sport de combat. Je veux pas arrêter le sport, mais je veux pas… Je veux plus de truc en rapport avec le combat. J’ai pas encore trop réfléchi à ce que je vais faire après.»

Pas de sport de combat. Probablement pas de sport collectif, car cela ne l'emballait pas. Peut-être du running, ou du cyclisme. Ou autre chose.

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Dim 14 Jan - 11:06

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Ni religion ni nation


Avec Raphaël, c’était toujours le jeu du chat et du chien ; ça l’avait toujours été, dès le début de notre amitié. C’était peut-être un jeu, peut-être qu’il y avait une part de vérité dans tout cela : nous avions tant de chose en commun, tant de personnes qui nous étaient chères, comme Leah… Même Thalia. Quand j’avais appris que nous avions aimé la même fille, ma première réaction avait été de rejeter le français. Trop difficile à encaisser, cela avait été tout aussi compliqué de faire comme si. J’avais préféré faire l’autruche, tentant de rester naturel et au bout d’un moment, j’avais accepté. Au fond, peut-être que Raphaël et moi nous nous comprenions mieux que quiconque. Mais ce n’était pas toujours évident d’être proche de quelqu’un alors peut-être que ces chamailleries n’étaient qu’un prétexte pour essayer de rester à distance. Mais tout cela était vain. Mon amitié pour Raphaël dépassait de loin les anciennes inimités ; la perspective de sa mort avait rebattu les cartes et avait fait un tri dans mes priorités. Peu importait Thalia, elle m’avait quitté, elle était loin de nos vies désormais. Raphaël était là, lui, et il ne m’avait jamais laissé tomber. À mon tour de lui rendre la pareille.

Venir le chercher à l’hôpital était une tâche facile et simple. Je me demandais encore pourquoi il avait tenu à ce que ce soit moi, mais comme je ne voulais pas contrarier un convalescent, j’exécutai sa volonté. J’étais là à l’heure pour aller chercher mon ami et nous conversions tranquillement, prenant des nouvelles. Raphaël espérait avoir un nouveau tatouage pour camoufler sa nouvelle cicatrice ; si je trouvais l’idée excellente (après tout, j’étais moi-même sacrément tatoué), je me demandais pourquoi il était si enthousiaste. Probablement sa manière à lui de dédramatiser la situation. En tout cas, moi, ce que je pouvais faire pour lui, c’était lui donner le nom du gars qui m’avait fait la plupart de mes tatouages. Un bon tatoueur n’était pas si facile que ça à trouver, et on pouvait rapidement tomber sur de vrais guignols. Je ne souhaitais pas à Raph d’être le prochain à passer dans Tattoo Cover. « Oui, tu as le temps. Je t’y amènerai quand tu iras mieux, tu te feras ton opinion. Et si ça te plaît pas, tu pourras toujours retourner voir le gars qui t’a fait le phenix, sur le Chemin. » dis-je en abaissant ma voix et en ne terminant pas totalement ma phrase. C’était inutile, Raphaël savait très bien de quoi je parlais. Je devais l’admettre, ce tatouage là était différent des miens, il était sublime. Il avait quelque chose en plus, si je voulais faire un jeu de mot pourri, je dirais quelque chose de magique. Après tout, c’était un sorcier qui l’avait fait, peut-être que leurs techniques étaient différentes, j’en savais rien.

En tout cas, après avoir évoqué le sujet du tatouage, Raphaël expliqua qu’il souhaitait faire davantage don de soi comme en donnant son sang ou en faisant d’autres bonnes actions. Pour ma part, c’était un acte que je faisais déjà régulièrement donc je lui expliquai que je serai ravi de l’accompagner la prochaine fois. « Que veux-tu, c’est dans ma nature d’être altruiste. » Il avait beau dire qu’il ignorait que j’étais si prévenant, je me demandais si c’était ce qu’il pensait réellement ou s’il faisait genre. J’étais plutôt une bonne âme, voire même un peu trop. Des fois, j’étais vraiment trop candide ; je voyais le bien un peu partout, ce n’était pas forcément une bonne chose, surtout en ce moment. Une autre des mes qualités ? Faire le pitre. Suggérant à mon ami que j’avais peut-être sauvé ses miches en allant donner mon sang, je suggérai une courbette comme remerciement et il refusa. « Je laisse couler parce que t’as failli passer l’arme à gauche, sinon je t’aurai forcé à me baiser les pieds, gros. » Non mais.

La discussion dériva sur Leah et sur les petits plats qu’elle avait sûrement préparé pour le retour de Raphaël. J’espérais même qu’elle ait eu le temps d’accrocher une super banderole BON RETOUR RAPHOUPHOU. « Ah tu sais à quel point mes petites mains sont fragiles. » dis-je, ironique, lorsqu’il évoquait les coquilles d’huîtres. Mais bon, ce n’était pas le plus important. Je me contentai d’acquiescer à la suite de ses propos. Les soins qu’il venait d’avoir coûtaient chers, heureusement pour lui, il n’avait pas besoin de mettre la main au porte-monnaie. Si cela avait été le cas, j’imaginais que ses parents auraient pu l’aider… Les soins médicaux, c’est une vraie plaie. Vraiment hors de prix… Et en parlant des français, Raphaël demanda si cela me dérangeait que ses parents viennent passer quelques heures à la colloc et je lui révélai que nous nous étions déjà rencontrés dans la salle d’attente. Il fallait l’avouer, les circonstances n’étaient pas au beau fixe lors de cette rencontre mais la vie était ainsi faite et personnellement, je ne regrettais rien. Nous avions pu être ensemble et nous soutenir dans cette épreuve et finalement, Raphaël s’en était sorti, c’était bien le principal. «T’as aucune raison d’être gêné. » tranchai-je. Pourquoi le serait-il ? Franchement. Après tout, Raphaël avait déjà rencontré les O’Malley mais aussi les Tallec. Tout s’était très bien passé. Les Millet n’étaient pas bien différents de nos parents, à vrai dire. Ils aimaient leur fils, plus que tout. Et ils donneraient tout pour qu’il s’en sorte sans séquelles. Voilà ce que j’avais retenu de nos échanges. Et ils étaient têtus. Ils avaient après tout refusé de dormir à la colloc alors qu’on avait une chambre d’amis. J’ignorais si c’était pour ne pas déranger ou pour au contraire pouvoir être seuls sans autre personne autour. « C’est toi qui vois vieux. » dis-je en souriant lorsque Raphaël expliqua qu’il n’avait pas trop envie qu’ils soient derrière son dos durant la durée de sa convalescence. C’était son choix. Personnellement, dans le cas inverse, si c’était moi qui avais été blessé, j’aurais voulu que mes parents soient auprès de moi, mais Raphaël n’était pas moi. « Ah bah vous avez un accent quand même ! » dis-je amusé. Même si celui de Raphaël semblait s’être atténué depuis qu’il vivait en Angleterre. « T’inquiète, j’ai bien l’accent américain, moi. » Il était vraiment léger, très subtil maintenant mais il était tout de même en toile de fond.

Sortant de l’hôpital, arrivant à la voiture, on s’installa avant de démarrer. Le chemin, je le connaissais par cœur. Pour autant, Raphaël me demanda ce que je faisais lorsque je pris la sortie. « Ah bon ? C’est pas par là ? » Je riais à gorge déployée tandis que la voiture s’engouffrait dans la file du drive. Vu l’heure, il n’y avait pas grand monde. « Moi malade ? J’exauce tes souhaits ! Je dirai plutôt que j’suis un putain de bon pote ! » Cela suffit à décider Raphaël de prendre un petit quelque chose à manger. « C’est tout ?  » dis-je, déçu. « Ok, à tes ordres capitaine. » Même une petite glace lui donnerait des forces à son corps. J’avais bien noté sa petite phrase tout à l’heure sur la boxe mais je n’avais pas su réagir. Alors qu’on attendait derrière l’unique voiture du drive, je me tournai vers lui lorsqu’il m’expliqua qu’il ne voulait plus faire quoi que ce soit en rapport avec le combat. « Tu sais mec… » commençai-je. « Bonjour, bienvenue chez McDonalds, qu’est-ce que je vous sers ? » Je laissai Raphaël passer sa commande et pris la suite en prenant mon dessert mais aussi trois autres McFlury. De tous les goûts avec tous les nappages. « Pour tes parents et Leah. » dis-je en répondant à la question implicite de mon ami. Je payai et attendis qu’il nous les prépare. Dans l’attente, je repris ma phrase : « Tu sais, j’ai parlé avec Ludivine. Elle pense, et pas uniquement elle, le bruit commence à courir qu’il y a eu utilisation de l’Imperium sur certains moldus. Je sais que tu t’es entraîné à le combattre, mais peut-être que ce sorcier était trop fort… Ou que pris dans le combat, ton esprit était ailleurs... » Je chuchotai, comme s’il y avait quelqu’un d’autres dans la voiture. « En tout cas, que tu sois doué en boxe ou non, le sortilège... » dis-je en abaissant ma voix. « te force à exécuter l’ordre. Elle m’a dit que si on t’ordonnait de faire des pirouettes gymnastiques, tu le ferais, même si à l’origine, tu n’as aucune compétence pour ça. C’est… C’est pas ta faute. Je te le redis, mais tu n’y es pour rien. C’était pas toi. » Alors que j’allais continuer, la dame du drive nous donna notre commande et je redémarrai la voiture. « Arrêter la boxe n’y changera rien… » J’étais un peu égoïste pour le coup. J’avais pas trop envie de perdre mon camarade.  
 
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Sorcières et brigands dansent la même danse, puisqu’ils sont tous des gibiers de potence ♦ Jonas Tallec  PsLPpoxn_o


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Ven 19 Jan - 15:02
Sorciers et brigands dansent la même danse, puisqu’ils sont tous des gibiers de potence
«Mi-Décembre 2021»


Effectivement, Raph pouvait toujours voir Luca, le pote de Jaeden. Même si Luca et Raphaël se croisaient aux ambassadeurs, et qu’ils avaient des amis communs, ils n’étaient pas ce qu’il pourrait qualifier comme étant proches, mais demander à Luca de lui faire faire ce nouveau tatouage n’était pas un véritable souci. Le souci, c’était le “Chemin” de traverse.

«Ouais, c’est pas exclu que je fasse de nouveau appel à lui. Mais je préfère éviter ce quartier pour le moment. »

Les détraqueurs qui “protègent” la rue marchande faisaient extrêmement bien leur travail. Raph n’avait absolument pas envie d’y mettre les pieds. Et le moldu était prêt à parier qu’il n'était pas le seul dans cette situation.

«Après, mon projet tatoo est un peu spécial. Peut-être qu’il vaut mieux que je le fasse avec quelqu’un que je connais déjà. »

J’aimerais bien pouvoir dire que Luca était un incapable, que ses créations sont des pires échecs et que ce type est des plus antipathique. Juste pour faire chier la joueuse du personnage. Mais la vérité, c’était que Raph n’avait vraiment aucune raison de se plaindre du Zabini. Peut-être l’aspect un peu antipathique, quand on évoquait le Conseil Sorcier. En tout cas, Luca l’avait bien encouragé dans ses projets et avait laissé, pour mon plus grand déplaisir, une bonne impression auprès du français.

Raphaël devait sa survie grâce à de nombreux facteurs. Enfin, pas seulement des facteurs, parce que n’importe qui, ou presque, de n’importe quel corps de métier pouvait donner son sang. Il y avait, avant toute chose, les urgentistes qui l’avaient transporté, le personnel médical qui avait procédé à l’opération ainsi qu’au suivi post opératoire. Le don du sang était un geste que n’importe qui pouvait faire, et c’était quelque chose qui sauvait des vies, tous les jours. Raph était reconnaissant, et il promit de donner, à son tour, pour rendre la pareille à d'illustres inconnus. Jonas fit son numéro du plus grand bon Samaritain du monde. Du don du sang au traversage de mamie, il ne perdait pas une occasion de faire sa Bonne Action. Raph refusa tout de même de s’incliner devant tant de grandeur.

D’après les dires de son ami, leur troisième colocataire, Leah, les attendait probablement avec un repas de bienvenue. Jonas énuméra ce à quoi Raph devait s’attendre et ce dernier releva qu’il n’y avait pas beaucoup de préparation à faire, si ce n’était l’ouverture des huîtres. Chose que Jonas faisait absolument faire faire à quelqu’un d’autre, pour préserver ses petites mains délicates et fragiles.

«Seulement tes petites mains ?»

La seule bonne chose dans son hospitalisation, c’était qu'elle permettait de légèrement dilapider l’argent public pour pas qu’il ne soit dépensé dans la lutte anti sorcier. Très maigre consolation pour avoir manqué de crever. Et même si les deux garçons n’hésitaient pas à en plaisanter, Raph ne retenterait pas la même expérience, même pour faire raquer le Blood Circle.

Raph apprit que ses amis avaient eu l’occasion de rencontrer ses parents pendant que lui roupillait tranquillement. Bien que ça ne devrait pas, l’information le surprit et, surtout, il se sentait très mal à l’aise d’avoir inquiété tout ce beau monde. Il savait que ce n’était pas de sa faute s’il avait été blessé, que c’était la faute à pas de chance, et qu’il n’avait pas à se sentir coupable. D’autant plus qu’il s’en tirait bien.

Jonas insistait pour que les parents du français restent un peu à la coloc, pour ne pas avoir à payer un hôtel ou autre hébergement à la nuit. Ils avaient une chambre d’amis, ce n’était pas pour rien. Raph promit de transmettre la proposition, mais rien ne garantissait qu’ils acceptent. Il ajouta qu'il n'était pas certain d’être prêt mentalerment à les avoir sur le dos pendant sa convalescence.

Les échanges entre parents et colocs avaient été moins difficiles que Raph l’aurait cru. Ses parents avaient quelques bases bancales en anglais. Samuel était parfaitement bilingue, donc ils n’avaient jamais eu besoin de parler anglais quand il venait en France. Quant à Leah, son français n’était pas le plus poussé non plus. Jonas avait donc eu, pour son plus grand plaisir, l'occasion de se faire mousser en jonglant entre l’anglais et le français afin que tout le monde se comprenne.

«Non mais, j’ai un accent quand je parle anglais. Je veux bien te croire. Mais quand je parle français, quand même… Abuse pas.» Par contre, il devait avouer qu’il ne faisait pas beaucoup de différence entre les différents accents anglais.

Une fois en voiture, Jonas changea de direction pour aller au Mcdonald's et s'engouffrer dans la file du Drive.

«Tu préfères pas qu’on se pose à l’intérieur ?» De toute façon, il était trop tard.«Ouais, t’façon faut de la glace pour se rétablir, non ?» Raph se contenta donc d’un McFlurry «J’ai pas méga envie d’avoir une Leah en colère sur le derrière. T’as déjà dit que la bouffe de Myrna était “bof”, même juste pour plaisanter ? Si on veut se débarrasser du Blood Circle, il suffit de dire que Kane aime pas la bouffe de Myrna et on est tous sauvés.»

Raph expliqua, plus clairement, qu’il allait vraiment arrêter la boxe. Il ne savait pas encore vers quoi se tourner. Pas un sport de combat, mais autre chose. Jonas allait lui répondre, mais c’était à leur tour de commander. Raph prit une McFlurry Kit Kat avec nappage chocolat. Tandis que Jonas en prit trois de plus que prévu. Devant le haussement de sourcil de Raphaël, Jonas répondit que c’était pour Leah et les parents français.

«Ils sont à la maison ? Prends-en un aux M&M’s et coulis caramel. Ma mère n’aime que ça.»

En attendant la commande, Jonas reprit le sujet du sport. Il expliqua qu’il y avait une théorie à propos de l’utilisation de l’Imperium sur des moldus. Que ce que Raphaël avait fait à la sorcière, ce n’était pas sa faute. Il avait été contraint d’obéir et d'exécuter l’ordre. Qu'être compétent ou non ne changeait rien.

«Je sais. JE SAIS.» Il avait élevé un peu trop la voix. «Pardon. Je veux pas te crier dessus. Je sais que je ne me contrôlais pas. J’y étais. J’étais là. Respecte-moi quand même. Évidemment que j’ai conscience que j’ai jamais voulu faire ça.» Raph se pinça les lèvres. Est-ce que Jonas allait vouloir l’écouter, ou était-il trop têtu pour ça ? Il prit une immense inspiration. «Je crois que c’est le Blood Circle… Je veux dire… Les mangemorts ils lancent des sorts au pif pour demander à buter des gens au pif dans la foule des pro-sorciers. Et après ils meurent pour les défendre. Pour NOUS défendre ? je veux dire, qu’ils protègent des sorciers je veux bien le croire. Mais un putain de Mangemort s’est pris une balle pour moi. Il m’a sauvé et la minute d’après il s’est pris un tir de sniper en pleine tête. Devant moi. Et il n’a pas tué mon agresseur. Il vivait encore.» La voix de Raph tremblait. Il avait dit ça sans bégayer. Il s’impressionait presque. «C’est dingue ce que je vais te dire… Je suis d’accord pour la manipulation. Mais… Je crois que c’est pas des sorciers. Je crois que c’est le Blood Circle. Ils ont réussi à créer une sorte de poison. Sous forme de gaz ou d’injection, ou je sais pas comment. J’pense que… Même si faut avoir l’Augurey à l'œil, cette fois les mangemorts n’y sont pour rien.»

Il poussa un immense soupir.

«Arrêter la boxe n’y changera rien. Ça ne réparera pas ce que j’ai fait, et ça ne m'empêchera pas de recommencer si on m’y oblige. Mais chaque fois que je vais m’entraîner, ça va m’y faire penser. Et je suis pas porté sur le masochisme. J’ai pas envie de me torturer avec ça chaque fois que je prendrais des gants.»

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Dim 28 Jan - 23:01

MILLEC II
Royal London Hospital, décembre 2021
Nous sommes de la même race
La race des gens qui passent
Vous ne trouverez chez nous ni religion ni nation
Ni religion ni nation

Je me souvenais très bien de ce gars que Jaeden noaaaaan avait conseillé à Raphaël de voir pour son tatouage. D’une certaine manière, j’enviais cette chance qu’il avait eu d’obtenir un tatouage aussi magnifique je lance des fleurs à Lulu qu’artistique. Lorsque je le regardais, j’avais toujours l’impression qu’il allait s’animer sous mes yeux. Pour autant, je comprenais aisément pourquoi Raphaël préférait éviter le Chemin de Traverse. Depuis quelques temps, les détraqueurs arpentaient la ruelle et je devais bien l’avouer, je n’y mettais plus les pieds depuis. Ou seulement accompagné de Ludivine mais on transplanait directement dans sa clinique afin de les éviter. C’était plus simple ainsi. « C’est sûr que ça serait plus simple avec quelqu’un qui te connaît. » dis-je, étant d’accord avec lui. « Mais dans tous les cas, tu as largement le temps d’y repenser. Il faut d’abord que ça cicatrise, que tu fasses ton projet etc. » Tout cela n’allait pas se faire en un jour et vu l’intensité de la blessure de Raphaël, je ne voulais pas jouer les trouble-faits mais il en avait pour au moins six mois. Je m’abstins de donner cette information à mon ami, n’ayant guère envie de le déprimer. Il sortait de l’hôpital aujourd’hui, c’était déjà une grande avancée en soi et je n’avais pas envie d’être celui qui lui expliquerait que sa convalescence sera longue. Je me doutais qu’il devait le savoir mais ce n’était pas vraiment le moment de remuer le couteau dans la plaie.

Je préférai, et de loin, m’exprimer sur ma personnalité altruiste. J’étais plutôt quelqu’un de généreux et je ne m’en cachais pas vraiment d’ailleurs est-ce que Jonas paye toujours une partie du loyer de Raph le pauvret ? mdrrr Mais concernant la cuisine, je n’étais pas vraiment la personne la plus douée du monde, même si j’avais fait des progrès indéniables ces derniers mois grâce à l’influence corruptrice de Leah et de son tiroir à épices. C’était ce genre de moment que j’appréciais à la collocation, cette impression constante d’apprendre, de se nourrir de l’autre. Mais aussi, d’avoir quelqu’un sur qui compter, en toutes circonstances. Le lien qui nous unissait désormais était indéfectible et j’aimais penser que nous n’avions désormais quasiment aucun secret les uns pour les autres. Je me sentais bien auprès de la famille de Leah que je côtoyais depuis des années déjà, Raphaël comme Leah étaient également bien reçus chez mes parents qui s’évertuaient à organiser à chaque fois des repas des plus disproportionnés. Quant aux Millet, leur vie en France ne nous avait pas permis de les rencontrer. Jusqu’à maintenant. C’était étrange de se dire que nous nous étions reconnus immédiatement dans les couloirs de l’hôpital. Sans un mot, il n’avait suffit que d’un seul regard. Lorsque Raphaël avait été tiré d’affaire, nous avions commencé à échanger réellement. Bien davantage que de demander « il y a des nouvelles ? » ou encore « le docteur est passé? ». Les voir évoluer au sein de la maison dans laquelle nous habitions m’avait à vrai dire semblé plutôt naturel. Nos parents étaient toujours les bienvenue. Évidemment, j’avais du jouer les traducteurs. Leah avait de nombreuses qualités mais parler français, c’était vraiment pas sa tasse de thé. Heureusement que j’étais là. Je charriai Raphaël et son accent du sud, ce qui le fit s’insurger. Cela suffit à me faire rire. C’était si facile de l’emmerder. Pour ma part, je trouvais qu’avoir un accent faisait partie du charme des gens. Je parlais toujours avec l’accent américain, même si celui-ci avait tendance à s’atténuer au fil des années. Mais on effaçait pas dix années de vie étasusiennes.

Nous prîmes la route et au lieu de me diriger vers la collocation, je pris la sortie qui menait tout droit à l’un des McDonald’s de la ville. Je balayai d’un revers de main la proposition de Raphaël de se poser à l’intérieur. « Ménage tes petites jambes. » Puis il faisait froid dehors. Autant rester au chaud. C’était d’ailleurs totalement con de prendre des glaces en plein hiver mais je ne reculai devant rien. Raphaël expliqua qu’il en avait besoin pour se rétablir, donc on y allait en avant Guingamp. Je commandai des glaces pour tout le monde. « Ils ont dit à Leah qu’ils passeraient te voir quand je t’aurais ramené, donc je pense que oui. » Et nous allions arriver avec de bonnes glaces. Miam. Toutefois, Raphaël n’avait pas envie d’offenser Leah, ni Myrna. Apparemment critiquer la bouffe des O’Malley risquait de déclencher la troisième guerre mondiale. « Ah bah s’il faut que ça pour sauver le monde… Je veux bien me dévouer. » dis-je, mi-figue mi-raisin. Si seulement cela était aussi facile… Un sourire désabusé s’installa furtivement sur mes lèvres tandis que je pensais à la manière dont nous vivions, entourés par les attaques, les morts, la guerre. Si seulement je pouvais être plus utile à la cause…

La dame nous donna notre commande et je redémarrai la voiture. Alors que je réfléchissais à comment je pourrais m’impliquer davantage, ce fut le moment où Raphaël m’expliqua qu’il préférait quant à lui se retirer, arrêter la boxe. Pour moi, c’était stupide. D’accord, je pouvais comprendre qu’il se soit senti manipulé. Qui ne le serait pas ? « Cries si ça te fait du bien. Je peux tout endurer. » dis-je, extrêmement sérieux. Je trouvais que Raphaël prenait tout cela bien trop à la légère pour que cela soit vrai. Sans doute essayait-il de se protéger. Cela me rassurait de voir qu’il laissait ses émotions s’exprimer. Il évoqua alors sa théorie : selon lui, il y avait bel et bien eu de la manipulation mais peut-être qu’elle ne venait pas des Mangemorts, mais du Blood Circle. « Je n’avais pas pensé à ça... » dis-je, réfléchissant. « C’est vrai. Le comportement des Mangemorts était totalement… en inadéquation avec leurs idéaux de merde. » Après tout, on parlait de sorciers qui détestaient les moldus et qui détestaient même la plupart des sorciers puisqu’ils étaient assez peu à avoir le Sang-Pur dans cette communauté. « Je t’avoue que les deux cas m’apparaissent possibles. Le Blood Circle a pu orchestré cette machinerie, ils sont assez fous et ont assez de moyens pour trouver les financements qui permettront de créer ce genre de gaz, cela va sans dire. » Mais quelque chose me chiffonnait et j’avais besoin de le dire à Raphaël. « Néanmoins, on sait aussi que les Mangemorts peuvent mettre en place des plans machiavéliques pour tromper leur monde. Regarde ce qu’ils ont fait avec Tinkson. Qui sait ce qui a bien pu leur passer par la tête ? Des fois je me dis, c’était peut-être une manœuvre pour redorer leur blason. Pour dire, regardez, on est des gentils en fait, on aide même les pauvres petits moldus.  » Je soupirai fortement. « Mais est-ce qu’on saura la vérité un jour ? Il y a tellement de chose qui se jouent et nous, nous sommes que de vulgaires pions dans leur jeu stupide. »

La voiture s’engagea vers la sortie qui menait à notre maison tandis que j’essayais comme je pouvais de comprendre mon ami. Il avait peur, peur que ses souvenirs remontent à la surface quand il remettrait des gants. « Mec, je comprends. » N’étais-je pas celui qui revivait ses souvenirs en boucle dans ses cauchemars ? Après l’attaque chez Ludivine, combien de fois avais-je hurlé dans la nuit ? Combien de fois je m’étais réveillé en sueur, le cœur battant, revoyant cette folle assassiner de sang froid nos assaillants ? Cela me hantait toujours. C’était il y a un an, mais c’était toujours autant à vif. « Tu sais… » Comment dire ça ? J’avais toujours été le plus fragile de nous deux sur le plan psychologique, ce n’était pas vraiment un secret. Raphaël savait que je voyais un psychomage qui travaillait pour l’Ordre afin de m’aider à traverser la tempête émotionnelle de ma vie. « Je peux te conseiller des gens. Pour t’aider. » J’avalai ma salive et débitai très rapidement : « Y a le psy que je vois. Ou le groupe de parole. » Celui dans lequel j’avais rencontré Charly… J’y allais encore de temps à autres. « Peut-être que cela pourrait t’aider. Et si tu veux faire autre chose comme sport en attendant, tu peux venir à la salle avec moi. » Se maintenir en forme, c’était important. Je me garai devant la maison et attendis un peu le temps que nous terminions la conversation. « Prêt à affronter tes parents ? »
 
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«Mi-Décembre 2021»


Raphaël avait tout le temps d’y penser. Peut-être que d’ici là, il n’y aura plus de soucis de détraqueurs sur le Chemin de Traverse. Peut-être que d’ici là, les choses seront rentrées dans l’ordre. Peut-être que d’ici là, le Père Noël existera réellement… En tout cas, ça laissait largement assez de temps au français pour s’organiser. Surtout que pour cette cicatrice-là, il ne pouvait pas avoir de grosse aide magique pour accélérer la cicatrisation. Des moldus s’étaient occupés de lui et ça serait plus que suspect si la cicatrisation se faisait plus rapidement que la normale… Raph partageait ses états d’âme et son ami en profitait pour le charrier un peu, en toute modestie, et Raph le lui rendait bien. Du Jonas tout craché. Il était tout de même rassurant de constater que, malgré le fait que Raphaël ait manqué de peu de passer l’arme à gauche, ils restaient eux-mêmes, à quelques propos gênants près.

Jonas avait pris au premier degré la proposition du français de manger au Mcdo avant de rentrer. Tellement premier degré qu’il obliqua en direction du fast food, au lieu d’aller directement à la coloc’. Raph voulait se poser à l’intérieur pour manger leurs glaces mais Jonas balaya l’option d’un geste de la main. Il fallait ménager les jambes de Raphaël pour qu’il se rétablisse.

«J’pense qu’elles ont été bien ménagées ces derniers temps !»

Il était étonné que Jonas commande d’autres glaces, et ce dernier expliqua que les parents de Raph avaient prévenu qu’ils passeraient quand Raph serait rentré.

«Oh les relous… Ils vont pas nous lâcher.»

En attendant la commande, Jonas réagit sur l’arrêt de la boxe de Raphaël. Il lui expliqua une théorie comme quoi des mangemorts auraient soumis des gens à l’Imperium pendant la manifestation. Boxe ou pas boxe, le maléfice aurait permis au jeune homme de tabasser n’importe qui, même s’il n’était pas compétent pour le faire. Raph explosa une seconde. Il savait tout ça. Il y était. Il savait ce qu’était l’Imperium. Il connaissait très bien les effets de ce sortilège pour s’être entraîné à y résister, ou du moins essayer d’en limiter les effets. Il savait très bien que ce sortilège permettait à un incapable d’être capable, pour venir à bien de sa mission. Il se souvenait très clairement avoir songé à une utilisation positive de ce sortilège, quelque chose de consenti pour permettre de faire des choses qu’on ne pourrait pas faire, en temps normal. Il s’excusa aussitôt d’avoir haussé la voix. Loin de lui l’idée de se disputer avec Jonas. Il avait conscience que son ami était simplement inquiet.

L’arrivée de leur commande stoppa temporairement leur conversation. Ils repartirent, pour de bon, en direction de la maison.

À peine la vitre fermée, Raphaël enchaîna en exposant sa théorie. Pour lui, aussi étrange que ça pouvait paraître, les mangemorts étaient innocents. Pour cette situation seulement en tout cas. Il n’oubliait pas qui étaient les mangemorts, de quoi ils étaient capables. Il savait que ce n’était pas des anges non plus, l’Évangile ils l’avaient pas lu. Mais pour lui c’était aberrant que les mangemorts sèment la pagaille et qu’ils se sacrifient ainsi pour sauver les mêmes personnes qu’ils ont ensorcelés. De prime abord, Jonas semblait convaincu par la théorie de Raph. Ou en tout cas, il ne la trouvait pas ridicule. Mais l’épisode Tinkson était encore trop proche dans les esprits et ça avait bien prouvé que les mangemorts étaient prêts à tout pour arriver à leur fin. La manipulation était leur principale arme. Raphaël resta silencieux pendant presque une minute entière, à réfléchir. Avant d’éclater de rire

«Mec… Tu viens vraiment de me lâcher un “Néanmoins” en full premier degré ? Comme dans un exposé de langue, au lycée ? » Il souffla pour stopper son fou rire. «Mais oui. Je suis d’accord. Les mangemorts sont capables de ça. Mais y’a ce truc en moi qui me pousse à leur faire confiance sur ce coup là. Sans ce type je serais mort Jonas. Je sais pas comment c’était de votre côté quand on s’est perdus de vue, mais avant de me faire poignarder, y’a un malade qui a tenté de m’étrangler. Il y arrivait d’ailleurs plutôt bien avant qu’un mangemort ne l’étourdisse. Qu’il ne l’étourdisse Jonas. Il était étourdi. Pas mort. Étourdi, endormi. Il aurait pu le buter, mais il ne l’a pas fait. Il aurait pu attendre une minute de plus pour que je sois mort, mais il ne l’a pas fait. C’était un cas de force majeure, ça aurait été légitime qu’il tue. Il aurait pu faire comme s’il n’avait pas pu agir à temps et me laisser pour mort. Mais il m’a sauvé. Et la minute d’après, il s’est pris un tir de sniper en pleine tête, devant moi. » Raph secoua la tête. «Mais tu as raison… Pour le moment, on n’en sait rien. Peut-être qu'ils sont tellements fanatiques qu'ils sont prêts à crever pour nous manipuler. On peut rien prouver, et il est probable qu'on saura jamais la vérité. »

Pour ce qui était de la boxe. Le français voulait arrêter, et il ne comptait pas changer d’avis. C’était déjà quelque chose qu’il avait envisagé bien avant les évènements récents, sans vraiment passer le cap. Mais ce qu’il s’était passé à Piccadilly Circus avait définitivement confirmé qu’il devait prendre cette décision. Il n’arrêtait pas de repenser à ce qu’il avait fait à cette sorcière. Il n’était pas réellement maître de ses gestes, mais il avait été spectateur de ses propres actions, de ses propres sensations. De cette frustration qu’il avait ressenti quand il avait décidé de stopper. Chaque fois qu’il reprendrait des gants de boxe, il ressentirait à nouveau tout ça. Le plaisir de cogner un innocent, la frustration de décider d'arrêter.

Jonas était bien placé pour le comprendre. Pendant qu’il était trop occupé à se torturer sur son passé, son présent et son avenir, Raphaël en avait oublié que son ami avait, lui aussi, vécu des souvenirs qu’il préférerait oublier à jamais. Jonas pouvait lui conseiller des gens pour l’aider.

«Mhmhm…» Il voyait un psy, il était dans un groupe de parole. Pour ce qui était de la boxe, il pouvait toujours venir à la salle avec lui. «Chais pas… Je… Je suis pas vraiment super à l’aise à l’idée de me faire disséquer l'esprit par un inconnu.» C’était une façon de parler. Il savait que les Psy n’étaient pas des tortionnaires de l’esprit. Du moins, pas tous. «Je vais commencer par voir ce que le temps fait. Que ça soit pour le corps, ou l’esprit, faut attendre que ça cicatrise.»

Jonas se gara devant la maison. Boxe ou pas boxe, il lui faudra attendre des semaines, voire des mois avant de pouvoir pratiquer le moindre sport. Il soupira longuement avant de commencer à sortir de la voiture.

«Hey ?» Il se tourna vers Jonas. «Merci… Pour... Peu importe, merci Jo'» Ce dernier lui demanda s’il était prêt à affronter ses parents. «Pas vraiment… Mais s’ils commencent à parler de me ramener en France, je compte sur vous pour me garder ici. Même si l’un de nous manque régulièrement de clamser, j’ai l’impression de donner un sens à ma vie, d’être utile…»


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Mer 21 Fév - 21:22

Raphaël II
Royal London Hospital, décembre 2021
Nous sommes de la même race
La race des gens qui passent
Vous ne trouverez chez nous ni religion ni nation
Ni religion ni nation

« Estime-toi heureux que je ne t’ai pas porté sur mon dos. » petit escargot, porte sur son dos, son p’tit potoooooo ok je sors déclarai-je lorsque Raphaël expliqua que ses jambes s’étaient suffisamment reposées durant tout son séjour. Personnellement, à mes yeux, il devait encore prendre le temps, y aller tranquille. Je n’avais aucune envie que ses points de suture ne pètent. Ça serait quand même sacrément couillon. Puis personnellement, j’avais la flemme d’entrer à l’intérieur. En plus, vu l’heure, il n’allait y avoir personne au drive et cela nous permettrait d’être au chaud sans attendre trop longtemps. « Franchement, ça t’étonne vraiment ? » demandai-je à mon ami quand il traita ses parents de relous. « Je peux te dire que si mon fils avait failli clamser, je me serai enchaîné à son lit d’hôpital. Estime-toi heureux qu’ils n’aient seulement pensé à te rendre quelques visites. » Après tout, il était leur unique enfant et je pouvais aisément deviner par quelles émotions ils étaient passés. Leah et moi avions été là à leurs côtés tout du long et je savais fort bien à quel point ils avaient craint de perdre Raphaël. Cette inquiétude, nous l’avions partagé. Tous ensemble.

Alors que nous attendions dans la file d’attente, je ne pus m’empêcher de revenir sur les propos du français. L’arrêt de la boxe… Le besoin d’être davantage en contrôle… Les actes insensés des Mangemorts… Il y avait anguille sous roche. Si personnellement je penchais pour des Imperiums balancés dans la foule, Raphaël avait une toute autre théorie que la mienne. Il pensait davantage à une sorte de gaz, un truc hallucinogène. « Et encore, j’ai pas utilisé nonobstant. » dis-je pour tenter de stopper le fou rire de mon meilleur pote. J’écoutais ensuite Raphaël m’expliquer son propre point de vue, donner d’autres arguments. Ce que j’entendais des propos de Raphaël, c’était la culpabilité. Celle du survivant. Ce sentiment m’était clairement familier car je le connaissais fort bien moi aussi. Il ne comprenait pas pourquoi il était en vie alors que celui qui l’avait sauvé, un Mangemort, était mort. « C’est vrai que c’est pas logique. Ça devrait pas être comme ça. » Pourtant, j’avais encore quelque chose à ajouter… Quelque chose qui me trottait dans la tête… « Si c’était un coup de Kane et du Blood Circle, comment ils auraient fait pour cibler les gens ? Que certains deviennent cinglés et d’autres non ? Est-ce que c’est une question de résistance ? De sensibilité ? » Je me tus soudainement, n’ayant pas envie que Raphaël se sente mal. « Je te rejoins, la vérité, je pense qu’on ne la saura jamais. » Nous étions en guerre et dans une guerre, il y avait des tenants et des aboutissants, des choses qu’on ne pouvait pas maîtriser, qu’on ne comprendrait jamais. Ceux qui tiraient les ficelles de tout ce jeu de marionnette agissaient bien au-delà de notre champ d’action.

En tout cas, j’étais embêté que Raphaël souhaite arrêter la boxe à cause de cette histoire. Pour moi, ce n’était pas la solution et j’avais plutôt l’impression qu’il cherchait à fuir les problèmes. Comme si stopper ce sport pouvait avoir un impact sur tout le reste… Je pouvais comprendre qu’il se soit senti démuni mais il avait été sous l’emprise d’un sort, d’un gaz, ou de quelque chose d’autres. Quelque chose qui nous dépassait tout deux, qu’on ne pouvait pas comprendre, ni maîtriser. Ce n’était pas d’arrêter le sport qui allait y changer quoi que ce soit. Mais peut-être que Raphaël avait besoin de s’éloigner un peu du ring pour ne pas que cela fasse remonter de mauvais souvenirs ? Si à chaque fois qu’il cognait le mec en face il se revoyait sur Piccadilly Circus… On avait assez d’un mec avec un syndrome de stress post-traumatique à la colloc, pas besoin d’en avoir un deuxième. Quoi que… C’était bien probable qu’on en est tous un petit coup maintenant. Voilà pourquoi je proposai à Raphaël de consulter quelqu’un. Je pensais être la personne la plus à même de lui faire ce conseil, étant moi-même concerné par la question, et ce, depuis ma tendre enfance. C’était un sujet avec lequel j’étais assez à l’aise, surtout avec mes amis proches. « Et ça va, c’est pas une lobotomie non plus! » dis-je en levant les yeux au ciel. C'était marrant comment les gens avec une image bien pourrie de la psychothérapie ; ils avaient toujours l’impression que seuls les fous voyaient des psys et que le psy allait fouiller dans les tréfonds de leur âme. Comme si cela était possible... Enfin du moins... pas pour les moldus. « T’as justement tout le temps d’y penser et c’est là qu’on se met à ressasser. » J’en savais bien quelque chose... « Quand ton corps ira mieux, peut-être que tu pourras te concentrer sur le reste. » Certaines personnes s’imaginaient souvent qu’une fois le corps guérit, l’esprit suivait. Mais c’était une bêtise de penser cela, bien au contraire. Mais ce n’était pas à moi de dire cela à mon ami, pas à moi de lui forcer la main sur quoi que ce soit. Je lui proposais. C'était tout. Je lui expliquais que cela pouvait aider, il en faisait ce qu’il voulait.

Je me garai devant la maison en demandant à Raphaël s’il était prêt à se faire cueillir par ses parents qui étaient probablement déjà à l’intérieur de la colloc. Alors que nous sortions de la voiture, il m’arrêta et me remercia. « De rien, j’avais rien de mieux à foutre en plus. » dis-je, toujours dans l’autodérision. « On est là pour toi, mec. » ajoutai-je, plus sérieux. En tout cas, ce que je percevais, c’est qu’il n’était absolument pas prêt à voir ses parents. La preuve, il restait planté là comme un con. « Nan mais ils rêvent. Jamais de la vie tu pars d’ici. » Je le regardai ensuite, un léger sourire sur mes lèvres. Je ne savais pas si Raphaël était utile ici. J’avais tendance à dire que les gouttes d’eau formaient des rivières et qu’il fallait bien de petites actions pour que cela change. Pour autant, il y avait bien d’autres personnes à qui la présence de Raphaël était indispensable. « T’es utile dans notre vie, à Leah et moi. » Je poussai Raphaël dans le dos pour le forcer à se diriger vers la porte de la maison. « Notre combat est important. » C’était tout ce que je voulais dire à ce sujet. Il le savait de toute manière, ce n’était pas la peine de polémiquer. J'avais déjà failli mourir deux fois à cause de la guerre entre moldus et sorciers donc je savais très bien ce qu’il pouvait nous en coûter. Mais on se battait pour une meilleure vie, une existence plus paisible. Pour nous mais pour aussi les prochaines générations.

Arrivés devant la porte, je levai à nouveau les yeux au ciel face à Raphaël qui restait devant l’embrasure de celle-ci sans oser y entrer. Alors que j’allais frapper, les jappements de Gaïa derrière la porte firent office de sonnette. « Tu vois, même Gaïa t’aime. » J’ouvris la porte et je dus faire face à Leah la furie qui se dirigeait vers nous avec précipitation. Faisant rempart avec mon corps, je l’empêchai de passer. « Oh oh ! On se calme O’Malley. Il est en convalescence. » dis-je, amusé, tandis qu’elle tentait de passer outre mes propos pour enlacer Raphaël. Je l’embrassai sur la joue avant de la laisser dire bonjour au français. La colloc était enfin réunie. Passant l’entrée, je tombais sur les parents de Raphaël qui s’étaient levés du canapé. « Je suis content de vous revoir. » dis-je aux Millet en serrant la main de son père et en embrassant sa mère. Je me retournai ensuite vers Leah et lui montrant le sac que j’avais à la main : « Leah, comme tu cuisines HYPER mal, on a pris des desserts ! » Ceci expliquait peut-être pourquoi nous avions été si longs à rentrer. Probablement qu’ils s’étaient rongés les sangs en nous attendant. Les protestations de Leah me firent rire et elle ne put s’empêcher de venir m’enguirlander, ce qui laissa la famille Millet à leurs retrouvailles. Leah comme moi n’avions pas envie de paraître de trop alors je prétextai avoir besoin de vérifier la cuisson du repas tandis que Leah me suivait, comprenant aisément pourquoi je faisais cela.

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Le regard plein d’étoiles, quand la lune se voile, restons fidèles à nous-mêmes ; Quand la neige de l’hiver s’évanouit, les fleurs à leur tour s’éveillent et les larmes d’espoir de la pluie annoncent de nouvelles merveilles...

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Lumos
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Jeu 22 Fév - 14:49
Sorciers et brigands dansent la même danse, puisqu’ils sont tous des gibiers de potence
«Mi-Décembre 2021»


En attendant les glaces, les deux garçons continuaient de discuter dans la voiture. Apparemment, les parents de Raph étaient à la coloc aujourd’hui, ou en tout cas ils allaient passer. Ils étaient pas prêts de lâcher le français et ses amis.

«Non, bien sûr que non ça ne m’étonne pas tant que ça. Mais laisse moi me plaindre un peu. Rabat-joie.»

Ce que ses parents avaient fait ; ce que ses amis avaient fait pendant sa convalescence ; il l'aurait fait aussi. Il aurait agi pareil. C’était normal de s’inquiéter lorsqu’un proche était dans un sale état.

Jonas tenta tant bien que mal de convaincre Raphaël de ne pas arrêter la boxe. Il utilisa même l’expression “Néanmoins", causant l’euphorie de Raph. L’Imperium vint sur le tapis, et le français put, à son tour, exposer sa théorie comme quoi, cette fois en tout cas, les mangemorts n’y étaient pour rien. Un mangemort l’avait sauvé, pour se faire descendre juste derrière. Il aurait été grotesque qu’ils ensorcellent des gens, pour les sauver juste derrière. Ça pouvait être de la manipulation, comme ils en étaient capable, mais Raph était prêt à croire en leur bonne foi.

Jonas posa les bonnes questions. Si Kane et sa clique étaient dans le coup. Pourquoi seulement quelques personnes avaient été ciblées ? Et non pas toutes ? Il y aurait dû y avoir une sorte de mêlée générale dans ce cas, non ?

«Peut-être pas un gaz, mais des piqûres ? Peut-être des mini-moustiques robotisés qui injectent quelque chose dans la nuque, ou je ne sais quoi. Peut-être qu’il était une question de résistance. Leah et moi étions à côté, et je crois qu’elle a débloqué elle aussi. Je sais pas pour Eirian. Et toi, peut-être que t’étais un peu plus loin de l’épicentre, ou plus résistant ou… Je sais pas. Peut-être que c'est les mangemorts. Ou le Blood Circle. Ou des abrutis qui voulaient foutre la merde gratos. J'en sais rien.»

Ils ne savaient pas ce que c’était, et peut-être qu’ils ne le sauront jamais.

Le fait que Raph arrête la boxe contrariait beaucoup Jonas. Sur le coup, le français ne comprenait pas pourquoi son ami s’entêtait autant. Après tout, c’était juste un sport comme un autre. Mais le jeune homme avait oublié que c’était comme ça qu’ils étaient devenus amis. Ils n’étaient pas juste, l’un et l’autre, l’ami de leur meilleure amie. Ils avaient tissé leur amitié en s'entraînant ensemble. Se tapant dessus l’un l’autre à coup de poings gantés. Parant, encaissant, esquivant les coups de l’autre. Se conseillant l’un l’autre sur les postures, le placement des jambes. Se moquant sournoisement des petits nouveaux qui arrivaient bien après eux qui avaient un niveau déplorable, et pourtant Ô combien supérieur à leur propre niveau quand ils avaient mis les pieds la première fois dans le club.

Mais pour Raphaël, la boxe et les sports de combat en général, c’était fini. Peut-être qu'il reprendrait bien plus tard. Quelques mois, le temps de se rétablir physiquement. Quelques années… Ou Jamais. Cela faisait déjà quelque temps qu’il estimait qu’il avait peu d’intérêt à continuer de s’entraîner. Ne visant pas la compétition, il n’avait que peu d’intérêt à continuer.

Raph pourrait consulter un psy. Ça pourrait l’aider. Le jeune homme répliqua, pour plaisanter, qu’il n’était pas très chaud à l’idée qu’un inconnu lui dissèque l’esprit. Jonas sembla le prendre au premier degré. Raph continua sur sa lancée.

«T’as pas vu assez de films toi. On sait jamais où ça va nous mener. La science-fiction, c’est de la prévention !»

Raph haussa les épaules.

«Ça va le faire… Mais je rejette pas la proposition. On verra en temps et en heure.»

Les traumatismes de Raph le poussaient à ne pas vouloir se faire taper sur la gueule à la boxe (Merci Piccadilly) et éviter de se prendre une cuite (Merci William) , et à n’avoir des crushs que sur des filles dont le prénom était issu de la mythologie (Merci Thalia). Que des choses saines pour lui au final.

Ils arrivèrent finalement à la maison. Raph n’était pas super motivé. Il n’aimait pas être au centre de l’attention, même si son petit côté bouffon et déconneur faisait que c’était souvent le cas. Jonas s’inquiétait pour lui, il était prévenant. Mais il restait Jonas, et leurs échanges étaient presque habituels. Mais…  Une fois qu’il aurait passé cette porte, ça allait être différent. Il allait se retrouver avec un papa et une maman morts d’inquiétude, bien que soulagés. Une Leah aux petits soins pour lui. Pendant quelques instants, Raphaël tomba le masque, et remercia son ami le plus sincèrement possible. Il avait conscience de l’inquiétude qu’il avait causé à ses proches. Il était reconnaissant de tout ce qu’ils ont sacrifié pour s’occuper de lui, même s’il n’aimait pas qu’on s’occupe de lui. Il n’était pas ingrat, ou en tout cas, il ne cherchait pas à l’être. La réponse de Jonas le fit sourire.

«Ah ! C’est pour ça que t’étais à l’heure en fait.» Tout le monde était là pour lui. Et c’était ça qui le terrifiait. «Je sais.»

Il n’était pas prêt à voir sa famille. Il les aimait, là n’était pas la question, mais il savait qu’ils risquaient de remettre sur le tapis que ça serait mieux qu’il retourne en France. Mais Jonas était catégorique. Jamais lui ou Leah n’allaient le laisser repartir en France. Le français était indispensable dans la vie de ses amis et leur combat était important.

«Ouais…  Bon. Ça devient trop sérieux tout ça.»

Il se laissa guider par Jonas jusqu’à l’entrée. Gaïa couinait derrière, prête à leur sauter dessus.

«Tu parles, elle va vite déchanter quand elle va voir qu’on a rien à bouffer pour elle.»

À peine la porte ouverte que la petite chienne se jetta dans leur pattes, comme si elle cherchait à les faire tomber dans l’espoir de récupérer quelque chose au passage. C’était peut-être ça, sa véritable stratégie à chaque fois. Leah se précipita vers eux et Jonas s'empressa de faire rempart, les bras écartés pour l’empêcher de passer. Convalescence, défense de passer !

«Pour toutes réclamations, adressez vous à mon secrétaire et garde du corps Sir Tallec, ici prés… Hey tu fais quoi, pourquoi tu la laisses passer ?! Mutin ! Traître ! Ah. Coucou Leah, ça roule ?»

Il avait survécu à l’attentat de la chienne euphorique et de la colocataire folle. Il s’avança un peu plus dans le terrible donjon qu'était la colloc pour découvrir un Jonas qui faisait de la lèche auprès de ses parents. Raph fit un petit coucou timide de la main, tandis que Jonas expliqua à Leah qu’ils avaient pris des glaces parce qu’elle ne savait pas cuisiner. Raph déglutit. Il avait oublié cette histoire de glace.

Sentant le regard inquisiteur de Leah sur lui lorsqu’elle demandait, en connaissant très bien la réponse, de qui venait l’idée de prendre des glaces, Raph se décida enfin à aller vers ses parents pour les embrasser. Derrière, il entendait Leah disputer Jonas à propos des glaces. Si l'idée venait de Raphaël, c'était lui qui avait le volant. Raph entendit très vaguement Jonas prétexter de surveiller le repas pour qu'ils s'éclipsent tous les deux.

«Salut Papa. Coucou Maman. Ça farte ? »

Dans la cuisine, on pouvait très nettement entendre Leah râler que Jonas était en train se taper son McFlurry avant le repas.

«Du coup... Vous avez fait connaissance avec Leah et Jonas. J'aurais préféré que ça se passe autrement.»

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