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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Pyjamas, licorne et paillettes ✧ Lyllyah :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Lucy Rosebury
Lucy Rosebury
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Mar 29 Nov - 22:39

 

Pyjamas, licorne et paillettes

— Lyllyah & Lucy

Tout ce projet de virée avait commencé de la manière la plus banale qui soit. J’avais croisé Lyllyah un jour dans un couloir du quartier général et elle m’avait demandé comment se rendre à une adresse où elle devait aller. Bon moi, rendre service aucun problème. J’avais expliqué le trajet, griffonné un petit dessin sur son post-it et voilà. C’est là qu’elle m’avait avoué qu’elle se perdait encore régulièrement dans Londres. C’est vrai qu’elle n’était pas là depuis bien longtemps, alors je lui avais proposé de lui faire une petite visite guidée quand elle le voudrait, si elle le souhaitait bien sûr. Comme c’était les congés d’été, j’avais plus de temps libre devant moi. J’étais à jour de mes corrections parce que je détestais ça et que j’avais vite expédié l’affaire. Donc côté boulot, j’étais tranquille jusqu’à la rentrée, ou presque. Côté recherches, ça suivait son cours et je n’étais pas spécialement prise par le temps. Bref, je n’étais sans doute pas le meilleur GPS de la terre, non carrément pas même, mais Londres je connaissais très bien. Finalement, l’idée lui avait plu et on avait convenu d’une date. J’avais préparé un petit circuit sympa des endroits à connaître absolument et je lui avais même proposé de passer chez moi juste après, boire un verre et regarder un film ou une série. Avec moi, c’était facile de sympathiser. J’étais toujours partante pour passer un bon moment entre potes et même si Lyllyah je ne la connaissais pas plus que ça, bah moi me faire de nouvelles potes c’était toujours une bonne idée. La soirée film s’était finalement transformée en soirée pyjama lorsque j’avais tilté que passées les 23h, elle serait coincée. Sachant que moi pour respecter un timing, c’était foutu d’avance et que je n’avais franchement pas envie de stresser à vérifier l’heure tous les quarts d’heure, je lui avais proposé de ne pas se casser la tête et de rester dormir chez moi. Comme ça, pas de pression.

Ce matin-là, j’étais au labo et j’observais une réaction au microscope lorsque mon téléphone portable bipa. Je reçus un regard noir de Machin cousin au quinzième degré de Terry. Je passais mon téléphone en discret lorsque je découvris le message de mon invitée. J’eus un sourire amusé en découvrant ses questions. Je me devais de la rassurer et surtout l’empêcher de déménager sa collection de DVD. Quant à la possession d’oreillers, eh bah je n’en étais pas à ma première soirée pyjama et j’avais déjà hébergé de nombreuses personnes après des soirées bien arrosées. Moi mes potes ne franchissaient pas le seuil de mon appartement pour rentrer chez eux s’ils marchaient avec autant de grâce que des pingouins et s’ils n’étaient plus capables de me réciter l’alphabet à l’envers. Très souvent je n’étais pas forcément en état de vérifier alors dans le doute, c’était le canapé ou la chambre d’amis direct. Je replongeai sur mon microscope après avoir envoyé ma réponse et constatai déçue que ce que je cherchais ne se trouvait pas sur la lamelle. Je la nettoyai et en reposai une autre avec un nouveau test avant de tout abandonner pour m’extasier devant la photo du compagnon à quatre pattes de Lyllyah. Sans discrétion aucune, ce qui me valut un raclement de gorge de mécontentement de l’autre chèvre. Rabat-joie. Je répondis rapidement au message et me souvins que j’étais censée bosser un peu. Purée ce n’était pas sérieux de se laisser déconcentrer de la sorte. Un œil contre l’oculaire de mon matériel et je pris des notes, satisfaite de ce résultat. Du coin de l’oeil, je vis mon téléphone s’allumer de nouveau et je me plaquai la main sur la bouche pour empêcher un rire de retentir dans tout le laboratoire. J’allais me faire descendre par Grincheux. Je quittai mon poste de travail pour me faufiler jusqu’aux toilettes et répondre tranquillement en me marrant toute seule. Purée, je n’avais même pas fait gaffe en entrant si la cabine à côté était occupée… J’allais passer pour une folle, quoique… C’était peut-être déjà le cas en fait… Du coup foutu pour foutu… Ha ça s’annonçait bien la suite de la journée…

Je lui avais donné rendez-vous en plein centre ville, au pied de Big Ben. Franchement, elle ne pouvait pas se planter pour s’y rendre ou alors elle n’était vraiment pas douée. La grande tour avait beau être en travaux depuis ce qui me semblait une éternité, on ne pouvait pas la louper. Quant à moi, je passais difficilement inaperçue. Je portais un short rouge vif assorti à ma paire de tennis et j’avais enfilé un tee-shirt à rayures colorées. Forcément comme elle venait avec son chien, je la repérai très vite et m’évertuai à lui faire de grands signes. Non mais juste au cas où… Peut-être avec les lunettes de soleil, elle ne me reconnaîtrait pas quoi. Discrétion ? Ha non pardon ce n’était pas mon deuxième prénom. Le fail de mes parents sinon…

MAY
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Lyllyah Sody
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Ven 2 Déc - 15:08

Juillet 2021

Les cheveux détrempés par la douche que je venais de prendre, je rassemblais mes affaires dans mon sac de sport. La matinée avait été éreintante et les exercices difficiles à exécuter. Je me demandais si notre supérieur n’avait pas reçu des ordres spéciaux en rapport à la réunion du Blood Circle d’il y a quelque jour. Le couvre-feu et la distribution sauvage de seringue en avaient contrarié plus d’un, dont moi, et j’avais allégrement passé mes nerfs sur les sauts à effectuer ce matin. Une fois certaine que je n'avais rien oublié, je rallumais mon téléphone et y trouvais les réponses aux questions envoyées ce matin à Lucy. Avec le sourire je lui répondis rapidement avant de lacer mes chaussures militaires. J’avais connu la jeune femme complètement par hasard au détour d’un couloir. Comme d’habitude, j’avais besoin d’un guide dans Londres, car j’étais perdue et elle m’avait gentiment dépanné. La chose qui m’avait le plus surpris, c’était qu’elle semblait aussi solaire que moi. Fait rare pour le signaler. Le courant est passé, et de fil en aiguille elle m’a proposé une visite guidée puis une soirée pyjama à cause de ce couvre-feu débile. Si j’avais été tentée de refuser d’abord, quelque chose m’avait poussé à dire oui. Ma jovialité peut-être, ou simplement le fait que ça me changerait les idées. Avec Lucy au moins je savais que j’allais pouvoir parler de tous ces sujets fâcheux sans détour. Elle était aussi du Blood Circle, nous n’aurions donc pas de secrets, ou pas de ce genre en tout cas. Enfin, me rapprocher de quelqu’un d’ici me plaisait, car voilà depuis mon arrivée en janvier que j’étais globalement seule. Si cela ne me dérangeait pas au quotidien, je n’étais pas non plus contre le fait d’être accompagnée de temps en temps.
Tandis que je terminais de lacer mes chaussures, je vis déjà la réponse.

Ça sonne.
Message, message.
Souvenirs, souvenirs.
Encore, encore.
Toujours plus ?


Je plissais les yeux en sentant mes acouphènes se réveiller et me vriller la tête. Le souvenir encore frais de ma dernière relation en tête, j’attrapais mon téléphone, non sans sourire en lisant le texte. J’y répondais sur le ton de la plaisanterie avant de fourrer l’appareil dans ma poche, d’empoigner mon sac et de sortir du vestiaire des femmes. Pour cette demi-journée et nuit, j’avais demandé congé. J’avais déjà accumulé beaucoup d’heures supplémentaires et mes supérieurs me devaient bien ça. C’était l’avantage d’être irréprochable. Au détour d’un couloir, un collègue m’interpella.

— Sody !
— Smith, qu’est-ce qu’il y a ?
— Tu sors ?
— Je ne reviens que demain oui. Pourquoi ?
— Ah, il y en a qui ont de la chance.

Il me fixa avec des yeux remplis d’envie que je n’appréciais guère. De marbre, je fixais sa tignasse noiraude.

— J’ai bossé pour ça Smith. Quand tu rentrais moi j'étais encore là tous les autres jours.
— Ouais, mais moi j’ai une femme et des gosses à nourrir.

J’écartais les bras, un large sourire fendait mon visage.

— J’ai fait le choix de la liberté ! Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même ! Bonne journée.

Je le dépassais sans me soucier de sa réplique. Une fois dans la cour, je prenais la direction des boxes pour les chiens, sorti Radar et l’emmena avec moi jusqu’à l’arrêt de bus. Une fois assise, le Border Collie brun et blanc entre mes jambes, je vérifiais une dernière fois mon téléphone pour prendre bonne note du lieu de rendez-vous. Ça va, ce n’était pas trop compliqué à trouver, tout le moins j’avais la prétention de le croire. J’étais passée devant Big Ben plusieurs fois depuis mon arrivée, sans prendre le temps de visiter vraiment les lieux pour autant. En plus s’était fermé donc bon. Penchée en avant sur mon siège, je vérifiais le trajet du bus au-dessus des portes. Évidemment, s’aurait été trop simple que le bus m’emmène directement à Westminster. J’avais une correspondance à prendre, et c’était là que les choses allaient se compliquer. Sans perdre de temps, je cherchais comment me rendre devant Big Ben au plus simple, et une fois mon trajet donné par mon téléphone, je le gardais bien en main, le GPS activé. Je suivais donc les instructions de mon téléphone, Radar me suivant tranquillement. La laisse était enroulée autour de mon poignet, mais elle était complètement molle, l’animal comprenant apparemment bien qu’aujourd’hui, on n’irait pas courir ou faire des folies au parc. La promenade serait bien différente que d’habitude. C’était sans compter que, même si je n’utilisais pas Radar pour l’armée, je lui avais donné une éducation stricte afin de pouvoir l’emmener partout avec moi. Le chien ne bougeait donc pas aussi bien dans les différents bus que je prenais, que dans les rues bondées de Londres.

Une fois enfin non loin de l’immense horloge, je cherchais mon rendez-vous des yeux, et ce fut de grands gestes qui attirèrent mon attention. Tout sourire, je m’arrêtais et commençais à faire les mêmes gestes immenses que Lucy. Nous étions donc à quelques mètres l’une de l’autre à nous gesticuler comme des pantins enragés. Ce fut dans un éclat de rire que je la rejoignais.

— Hey, comment tu vas ? J’espère que je ne suis pas trop en retard désolée, je termine mon service à l’instant. Je la regardais de bas en haut avant de m’exclamer en référence à ses vêtements. Wah, alors toi on te voit dans le noir ! ça te va bien. C’est super, je ne te perdrais pas dans la foule comme ça.

Je ne la critiquais pas, au contraire. J’admirais les gens qui pouvaient porter ce genre de tenue, moi qui étais toujours accoutrée des mêmes vêtements. C’était d’ailleurs le cas présentement. J’étais vêtue d’un t-shirt noir délavé à l’effigie d’un groupe de rock des années 80 et d’un jeans qui avait apparemment tellement souffert du temps qu’il a fini par être découpé pour terminer en short troué et aux coutures usées. Mon collier de billes argentées, ornement typique des soldats, ornait mon cou et allait se perdre sous mon haut. Mes cheveux étaient toujours mouillés par ma douche récente.
Curieux, Radar ne se fit pas prier pour approcher sa truffe de la main de Lucy pour commencer à la renifler. Je glissais mon sac militaire sur mes épaules et observais mon guide du jour.

— Alors, par où va-t-on miss Rosebury ?



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Lucy Rosebury
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Dim 8 Jan - 13:42

 

Pyjamas, licorne et paillettes

— Lyllyah & Lucy

Un rire s’échappa de mes lèvres. Des gens nous observèrent quelques secondes cherchant du regard si une quelconque personnalité de la famille royale ou une star passait par là et en comprenant qu’il ne s’agissait là que de deux filles exubérantes, ils poursuivirent leurs routes. Lyllyah arriva à mes côtés et un grand sourire illumina mon visage.

- Je vais très bien merci ! C’est l’été, il fait beau, et j’ai un super programme pour le reste de la journée ! Répondis-je enjouée. Ne t’en fais pas, tu n’es pas du tout en retard ! Et toi ça va ?

Ha c’était une certitude. Je n’étais pas la personne la plus patiente du monde alors si j’avais poireauté longtemps, je m’en serais aperçue très vite. Et puis même si ça avait été le cas, je ne lui aurais pas fait remarquer. Ce n’est pas que j’étais trop polie pour le faire, c’est juste que comme je n’étais pas forcément la personne la plus ponctuelle de la terre, j’évitais de pointer ce défaut chez les autres. Je ris de nouveau lorsqu’elle me fit remarquer que mes vêtements n’étaient pas fait pour passer inaperçus, loin de là.

- Ha et encore ! Tu n’as pas vu mon pyjama !

Ce n’est pas que je cherchais forcément à attirer l’oeil, c’est juste que j’aimais bien la couleur. Je réservais le sobre pour les missions du Blood Circle ou les événements qui le nécessitaient. Autrement ça ne me dérangeait pas de porter du fuchsia ou un tee-shirt à formes géométriques bicolores sous ma blouse ou à l’université.

- Si tu veux, je connais une super boutique éthique à Notting Hill, il y en a vraiment pour tous les goûts.

Le chien de Lyllyah vint me flairer et je me penchai vers lui attendant qu’il ait fini son inspection pour le caresser à mon tour.

- Il est vraiment trop beau, dis-je avec une moue de gaga.

J’aimais les bêtes sans avoir vraiment franchi le pas de prendre un compagnon. Je ne savais pas trop ce qui me retenait de franchir le seuil d’un refuge et d’adopter un petit poilu, peut-être la crainte de vouloir tous les adopter, raisonnable n’étant pas un trait de caractère que l’on pouvait m’attribuer.

- Alors ! Tout dépend de ce que tu veux faire ! Par là, il y a la fameuse grande roue, le London eye. Un peu plus bas, tu as le musée du Tate Britain, si tu es branchée art. Je l’ai visité ado et je n’ai retenu qu’un truc. Il y a une espèce de sculpture avec des tranches de pain de mie, c’est vraiment trop trop bizarre, dis-je en riant.

Je n’étais pas trop art, peu importe l’époque. Peut-être que Lyllyah c’était son truc et dans ce cas ça ne me dérangerait pas de lui présenter les musées de la ville. Ce n’était pas ce qui manquait ! Je pensais au musée de cire également, mais il y aurait peut-être du monde.

- Oh mais je suis bête, on ne pourra pas cacher Radar dans un sac à main pour les musées ! Repris-je en riant. Bon si tu es branchée famille royale, on est juste à côté de Buckingham et pas loin un autre palais royal Kensington. Il y a Hyde Park entre les deux, c’est dog friendly et c’est super sympa. Il y a même des écureuils trop choupis. Radar n’est pas trop chasseur ?

Faudrait pas que la balade sympa se termine en carnage, non plus.

- Il faudra qu’on s’arrête à une poissonnerie aussi, j’ai prévu des lasagnes au saumon ce soir, ça te va ? Tu me dis sinon, j’ai pas encore acheté. Je ne t’ai même pas demandé si tu avais des allergies au fait ?

Je n’avais pas non plus envie de finir la soirée aux urgences, il valait mieux se renseigner. Je n’étais pas une grande cordon bleue, mais j’avais des bases, ma mère s’en était assurée. Ha bah la honte pour elle, grande chef pâtissière, si on apprenait que j’avais intoxiqué quelqu’un avec ma cuisine.

- Pour la visite, est-ce qu’il y a des choses sans doute moins touristiques, des adresses que tu veux que je t’indique ?

J’avais forcément relevé tout ce qui était très connu, mais il y avait sans doute des lieux dont elle avait besoin. Des trucs administratifs ou des bonnes adresses en boutique, comme pour le magasin animalier.

MAY
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Lyllyah Sody
Lyllyah Sody
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Mar 10 Jan - 16:13

Juillet 2021



Un immense sourire pourfendit mon visage en entendant Lucy prédire que le reste de sa journée allait être super. J’étais flattée, il fallait bien l’admettre, d’autant plus que nous ne nous connaissions ni d’Ève ni d’Adam. Toutefois, au quartier général du Blood Circle, le courant était rapidement passé entre nous. Quoi de plus normal pour les deux piles électriques que nous étions ?

— Je vais super bien ! Même si j’adore mon boulot, j’avoue qu’avoir congé de temps en temps ça fait du bien à l’âme ! Surtout en ces temps de merde qu’on vit.

Je remuais un peu les épaules en évoquant lesdits événements. Si les passants autour de nous pouvaient penser aux événements qui concernaient la famille royale, les maladies qui touchaient toute la population ou d’autres choses, je savais que Lucy avait compris de quoi je voulais parler. Les sorciers nous pourrissaient la vie, mais pas que. Les nouvelles directives imposées par le Blood Circle n’avaient pas plu à tout le monde, nous les premières. Voilà pourquoi nous avions décidé de cette journée et de cette soirée pyjama. Parce qu’il n’y avait que ça de vrai pour obéir au couvre-feu tout en s’amusant. Savoir joindre l’utile à l’agréable c’était tout un art. Art que Lucy maitrisait à la perfection, surtout quand ça concernant ses vêtements. J’éclatais de rire à sa remarque.

— Oh bordel alors je me réjouis de le voir ce pyjama ! Je te préviens, le mien sera sans doute médiocre à côté. Mais ! L’avantage c’est qu’en étant habillée comme ça, je ne risque pas de te perdre dans la foule.

Goguenarde, je lui adressais un clin d’œil. Car oui, Lyllyah Sody était du genre à se perdre en Angleterre alors qu’en Suisse je savais toujours retrouver mon chemin. Un mystère britannique que je ne m’expliquais toujours pas. Cependant, je comprenais bien que l’intention de la jeune femme n’était pas d’attirer l’attention, mais bien d’être elle-même, tout simplement. Tout comme je l’étais moi, habillée de mes guenilles. En baissant le menton, j’écartais les bras pour répondre à la jeune femme.

— Franchement tu m’as vue ? Tu crois vraiment que je suis du genre à faire le lèche-vitrine pour des vêtements ? Mais pourquoi pas quand je n’aurai plus de T-shirt ou de pantalons valables.

Ce qui, franchement, était déjà le cas. Tous mes vêtements dataient de Mathusalem au moins et si je ne portais pas mes vêtements militaires, c’était pour porter des habits usés jusqu’au dernier fil. Au moins, je prouvais que je n’étais pas du genre à exploiter le monde impitoyable de la mode.
Radar remua la queue lorsqu’il reçut l’attention de Lucy. Elle était adoptée. Parfait. Je faisais toujours confiance à mon chien pour juger les gens. Bien sûr, mes sens étaient parfaitement entraînés pour reconnaître les cons des autres, mais deux avis valent toujours mieux qu’un.

— Et il est attachant, tu verras. Par contre, je te préviens, il risque de te réveiller à coup de langue sur le visage demain matin.

Sauf si elle allait avoir la présence d’esprit de fermer la porte de sa chambre. Dans ce cas, ce serait moi qui allais subir les assauts de mon chien. Cela dit, j’y étais habituée, et même si c’était peu hygiénique, je m’étais attachée à ses manifestations de tendresse de la part de mon fidèle compagnon. À défaut d’en avoir des autres humains, j’en avais des bestioles. C’était mieux que rien ! Gardant la laisse en main, bien que lâche, j’écoutais Lucy me faire le tour des visites à faire pour la journée. Je ricanais lorsqu’elle me parlait d’une sculpture formée de tranches de pain de mie.

— Ce serait vraiment le seul intérêt du musée. Je ne suis pas très musée je t’avoue, et voir ce truc va me donner super faim.

Lyllyah Sody, ogre sur patte à ses heures perdues. Il fallait dire que je faisais tellement de sport qu’il fallait bien que je compense mon déficit calorique. Je mangeais toujours équilibré cela dit ! D’ailleurs en parlant de nourriture.

— Oh, super, des lasagnes ! Tu cuisines ? C’est trop cool ! Je suis incapable de faire cuire des pâtes. Je commande toujours à l’emporter, tu verrais chez moi, ma cuisine est immaculée parce que je ne la touche jamais. Je pouffais de rire avant de continuer. Je n’ai aucune allergie sauf celle de ne pas manger. Non plus sincèrement je mange de tout, en revanche, je ne bois pas une seule goutte d’alcool. Désolée, si tu voulais te la mettre à l’envers ce soir, ce sera sans moi du coup. Mais je te tiendrais les cheveux quand tu vomiras, promis.

Professionnelle un jour, professionnelle toujours. L’armée ou le Blood Circle pouvaient m’appeler de jour comme de nuit, je me devais d’être opérationnelle, même durant mes jours de repos. C’était ma règle.
Je me décalais un peu pour laisser un groupe de touriste passer puis réfléchis aux nombreuses propositions de la jeune femme.

— Je connais déjà Hyde Park, je m’y rends souvent pour faire du Parkour et pour laisser courir Radar. On n’aura pas trop besoin de le défouler, la journée en ville lui suffira. Mmmh, pas le musée c’est pas mon truc. Le palais royal ça fait un peu cliché non ?

Je grimaçais, peu sûr de moi bien que la curiosité me titillait. Les Anglais étaient très attachés à cette famille, ce qui n’existait absolument pas dans ma culture helvétique.

— Mais pourquoi pas après tout ! Je ne sais pas ce que c’est d’avoir un monarque. Tu es anglaise toi ? demandais-je l’air de rien. Sinon, je veux bien que tu me montres l’animalerie dont tu m’as parlé dans les messages, histoire que je prenne ce qu’il faut pour Radar pour ce soir. Et sinon juste déambuler moi ça me va, histoire que je me fasse ma petite cartographie de la ville. Si une idée te vient en tête, je te suis. Je ne suis pas difficile, je sais que la journée sera bonne quoiqu’on fasse.

Sans me dépêtrer de mon immense sourire, je remuais les épaules pour replacer mon sac tout en secouant ma chevelure de feu encore humide. Ça me donnait un peu l’air d’un feu follet errant et sauvage, mais malgré tout sympathique.




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Sam 21 Jan - 20:39

 

Pyjamas, licorne et paillettes

— Lyllyah & Lucy

A l’évocation des temps de merde, je me doutais bien qu’elle ne parlait pas de la météo. Ok c’était la Grande-Bretagne, mais l’été, on n’avait pas trop à se plaindre du temps. Non, je savais bien qu’elle évoquait la guerre avec les sorciers et les décisions qui en découlaient. Le couvre-feu m’avait plombée. Égoïstement, je l’avais bien plus pris comme une restriction de mes libertés que pour un moyen de lutte contre nos ennemis et un moyen de nous protéger. La distribution des seringues, alors là je préférais ne même pas donner mon avis. Les dérives mon dieu, je ne préférais même pas y penser. J’avais même peur qu’il y ait plus d’abus et de coût pour le contribuable que d’avantages. Peut-être que je me trompais, et seul le temps nous le dirait, alors pour le moment je ne disais rien tant qu’on ne m’en parlait pas. Et puis, j’avais le coup pour trouver et créer du positif sur les pires situations. Mes vêtements étaient venus au coeur de la conversation et j’avais plaisanté sur mon fameux pyjama. Autant qu’elle s’y fasse, si elle venait chez moi. C’est sûr qu’il ne fallait pas être allergique à la couleur.

- Médiocre ? Tsss n’importe quoi ! Et parfait, c’est le but, j’ai pas ma guirlande clignotante, mais bon c’était pas noël, les décos sont rangées, plaisantai-je.

A sa remarque, je la regardai de la tête aux pieds et fronçai les sourcils. C’était quoi ces excuses à deux pennys ?

- Alors d’abord, le lèche-vitrine c’est pas terrible. La plupart du temps, tu passes devant des tas de boutiques et tu perds un temps fou à trouver un truc sympa à ta taille. Moi je te propose d’aller voir Diana. Elle est cool, elle te saute pas dessus à ton arrivée en te demandant si t’as besoin d’aide, tu lui dis que tu viens pour un pantalon, elle te trouve un pantalon et pas la chemise, la ceinture, la veste et j’en passe dont t’as pas besoin. Elle ne te dit pas que t’es trop grosse ou trop maigre. Elle cerne direct tes envies et si tu lui dis que t’aimes pas, elle n’insiste pas et elle cherche autre chose. Une perle, cette fille, mais elle était déjà casée… Bref côté prix, tu t’y retrouves parce que c’est du durable. Je te propose du shopping responsable et cool, si si ça existe. Bon pas obligatoirement aujourd’hui, ça me laissera le temps de te convaincre que se fringuer n’est pas une corvée.

Ça faisait un petit moment que je cherchais à changer mes habitudes de consommation, depuis que j’avais pris conscience que le monde courrait à sa perte si on continuait à vivre comme on le faisait. Pour moi les petits gestes comptaient, même si j’étais loin d’être un exemple à suivre. Tandis que je m’extasiais sur le compagnon à quatre pattes de Lyllyah, elle m’avertit du potentiel réveil qui m’attendait demain matin.

- Je crois que j’ai eu des réveils plus désagréables que ça, répondis-je amusée, mais c’est bien de me prévenir, ajoutai-je avec reconnaissance.

N’ayant aucune idée des intérêts et préférences de Lyllyah, j’énumérai des lieux parmi les plus populaires de la capitale.

- Oh la, je ne suis pas sûre, à l’époque le truc moisissait déjà, je me demande si ça existe encore d’ailleurs… Enfin tout ça pour dire que si ce truc te donne faim, je me poserais des questions sur tes préférences culinaires.

En fait, je me les posais déjà. Est-ce que ce que j’avais prévu était à son goût ? Je ne me mettais pas spécialement la pression, mais tant qu’à faire autant que ça plaise. Elle me rassura cependant tout de suite. Parfait, pas besoin de se casser la tête à trouver un plan de secours.

- Oh oui, des trucs basiques, ne me demande pas un bœuf bourguignon par exemple, je ne sais pas faire. Attends, comment tu fais pour rater des pâtes ? Tu sais quoi, je te montrerais tout à l’heure pour les lasagnes, tu verras c’est pas compliqué, enfin peut-être avec de l’entraînement du coup.

A vrai dire, elle n’aurait pas trop le choix que d’assister à ma préparation, puisque sans magie, le repas n’allait pas se préparer tout seul. Après je n’étais effectivement pas obligée de la saouler avec des consignes si vraiment elle ne le souhaitait pas. Par contre, je la fixai incrédule en l’entendant m’affirmer qu’elle ne buvait jamais d’alcool.

- Vraiment ? Jamais ? Même pas un peu de vin ? De la bière?

Respect, parce que c’était rare les gens qui ne se laissaient pas tenter par un petit verre en société. Par contre, euh… Est-ce que par hasard ma réputation de bonne vivante m’avait suivie jusqu’au Blood Circle ? Ha pas impossible ça…

- Alors par contre, je t’arrête tout de suite, je n’avais pas spécialement prévu de vider les bouteilles ce soir. Si tu ne bois pas, je ne bois pas. Boire seule n’est pas vraiment drôle. Et sache que je tiens très très bien l’alcool, et qu’en général je sais à quel moment m’arrêter pour éviter de finir ma soirée sur le bord de la cuvette. Ce soir ou un autre soir, me tenir les cheveux pendant que je vomis n’arrivera jamais.

Ou alors c’est que j’aurais choppé la gastro, une intoxication alimentaire ou un truc du genre, mais l’alcool impossible, mes derniers vomitos dataient et pourtant les cuites ça me connaissait. Lyllyah commença à réfléchir à mes propositions. Elle connaissait Hyde Park, le musée ouf, elle n’était pas emballée, Buckingham cliché ?

- Pardon ?! C’est pas cliché, c’est passionnant ! Ne me dis pas que tu ne rêves pas de posséder un superbe service à thé à l’effigie de la reine ? Demandai-je en gardant l’air le plus sérieux du monde, avant d’éclater de rire très rapidement. Je plaisante, enfin je trouve quand même l’histoire de la famille royale passionnante.

J’étais sans doute un peu fan de la reine d’Angleterre et de sa vie incroyable, bon peut-être pas au point de collectionner des mugs à son effigie…

- Oui, oui totalement anglaise ! Et d’accord pour l’animalerie, c’est par ici, dis-je en la guidant à travers les différentes rues.

Tout en marchant, je lui montrais mes repères pour circuler dans Londres. Elle ne mémoriserait peut-être pas tout du premier coup, mais j’essayais de mettre un peu d’humour dans mes anecdotes. Peut-être qu’elle penserait à mes bêtises la prochaine fois qu’elle s’orienterait dans Londres.

- Et voilà,
fis-je en entrant dans le magasin théâtralement, et les croquettes c’est par là, enfin sauf si tu veux déguiser Radar en princesse, alors là tu vas dans ce rayon, fis-je en rigolant.

Mais à mon avis Radar n’allait pas trop kiffer l’idée de s’habiller en Raiponce. Ha la la, les inventions stupides qu’on ne trouvait pas parfois. Un peu plus loin, j’observai les friandises et demandai à l’animal ce qu’il préférait. Genre oui, évidemment qu’il va me répondre. Un sachet de lamelles de viandes séchées dans une main et un autre de friandises estampillées bio dans l’autre main, j’eus soudain une idée. Oui ça pouvait me venir comme ça au milieu d’un rayon de croquettes...

- Tu sais quoi, je viens d’avoir une super idée pour notre prochaine destination, ton estomac et toi ne pourraient être que partants !

Qu’elle se rassure néanmoins, il n’était absolument pas question de consommation de croquettes, ha non vraiment aucun rapport !

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Lun 23 Jan - 20:45

Juillet 2021

Je pouffais de rire aux dires de la jeune femme. L’image absurde de la voir se promener en ville avec une guirlande clignotante autour d’elle me faisait franchement rire. C’était un défi à lui proposer, j’étais à peu près certaine qu’elle le relèverait en plus ! Tout le moins, c’était ainsi que je l’imaginais puisqu’elle était explosive et aussi impétueuse que moi. Alors que nous nous mettions tranquillement en route, je l’écoutais me vanter les mérites de faire du lèche-vitrine et des boutiques. Au centre de ses explications, la remarque concernant ladite Diana me fit hausser un sourcil et m’arracha un petit sourire en coin. Si Lucy y allait de ce petit commentaire, alors ça devait être que cette Diana devait vraiment être très jolie. Pour le coup, j’étais curieuse. Je fronçais gravement les sourcils, théâtralement, avant de lui répondre.

— C’est que tu m’aurais déjà presque convaincue, surtout avec ta Diana là. Elle est si jolie que ça ? Comment ça je ne m’intéressais absolument pas aux vêtements ? En fait je n’ai jamais trop aimé faire les boutiques et je me dis que tant que mon vêtement me tient sur les épaules, je n’ai pas besoin de nouveaux. Je n’aime pas la surconsommation.

Sauf qu’il y avait une limite entre surconsommer et se vêtir d’habits tout effilochés et délavés à cause du temps. Ça, je ne le remarquais pas ou tout le moins, je ne voulais pas le remarquer. Je me permettais même un commentaire, peut-être celui de trop. Je tirais mon vieux t-shirt.

— Genre celui-là tu vois je le porte depuis que j’ai au moins dix-huit ans, si ce n’est pas avant ! Il est en bon état non ?

On y voyait presque plus l’inscription à l’effigie du groupe de rock, les manches n’étaient plus cousues et laissaient voir quelques fils, et à la couture du bas, il commençait à y avoir quelques trous. De même, le col était usé et se cassait par-ci, par-là.
J’eus un sourire amical lorsqu’elle me parla de Radar et de ses léchouilles matinales.

— Ça peut surprendre de se faire réveiller en se faisant lécher le visage par le chien. Promis, moi j’éviterai de te lécher le visage demain matin.

J’éclatais de rire à ma plaisanterie qui fut captée par un passant, car ce dernier me fixa avec de grands yeux ronds. Il s’éloigna rapidement de nous sous mon œillade amusée.

— Ah oui, alors si ça commençait à moisir en effet ça va moins me donner faim. Et promis, ce soir je suivrais tes instructions du mieux que je peux, mais tu verras, quand j’approche d’une cuisine il y a un procédé étrange qui fait que tout ce que j’entreprends de faire se met à cramer ou n’est pas bon. J’espère que je ne vais pas gâcher les lasagnes du coup olala. Tu ne m’en voudras pas j’espère. Au pire, je payerais la livraison qui remplacera les lasagnes.

Je me mordais la lèvre inférieure en faisant mine d’être un peu angoissée à l’idée de rater un plat. J’adorais les lasagnes et je m’en voudrais sincèrement de faire rater un plat à quelqu’un qui avait la gentillesse de me préparer à manger et de m’accueillir sous son toit pour une nuit. Soudain, je me rappelais quelque chose et posa ma main sur l’épaule de Lucy.

— Oh ! J’y pense ! Alors en fait, si, il y a un truc que je n’aime pas ! C’est l’odeur du bacon, des champignons, des œufs et des pommes de terre dès le matin. Je tirais la langue dans une grimace qui déformait mes traits. Ça, je suis désolée, ce n’est pas une coutume anglaise à laquelle je peux m’habituer, j’ai essayé pourtant ! Mais non c’est… erk, non, mon corps fait un rejet. Pourtant, j’aime tous ces plats hein ! Mais pas le matin à six heures et demie, bark ! Je suis restée à mon petit-déjeuner classique pain, beurre et confiture. Des fois je mange des céréales.

Au moins, je l’avais dit sans détour et avec franchise. Je n’étais pas de ce pays et cette habitude ne me revenait vraiment pas. Mais voilà, je n’étais en Angleterre que depuis quelques mois seulement, peut-être que l’habitude viendrait plus tard ? Comme dit, c’était peut-être qu’une question d’habitude, comme l’alcool. J’accordais un grand sourire à la jeune femme.

— Vin et bière c’est très rare. En fait tu vois, puisque je suis militaire et que je n’ai aucune vie de famille, je suis le profil idéal pour être appelé à toute heure du jour et de la nuit, même quand je suis en repos. Il peut y avoir une attaque à tout moment tu vois, donc je me dois de me tenir prête à agir à tout moment. Si mes sens sont alternés par l’alcool ce serait pas professionnel, tu vois ?

On pouvait me reprocher beaucoup de choses, mais pas d’être quelqu’un de pas sérieux. J’étais professionnelle, j’aimais mon travail et surtout, lorsque j’étais engagée, je l’étais jusqu’au bout des ongles. C’était un comportement qui, pour moi, était normal, mais qui ne semblait pas naturel chez tout le monde, et encore moins au Blood Circle, là où il fallait de la discipline. Encore une fois, je me retenais de donner mon avis sur ce point à la jeune femme. Pas en pleine ville. D’ailleurs, tout en observant les fenêtres d’un building imposant devant lequel nous étions en train de passer, j’écoutais Lucy me parler de sa relation avec l’alcool.

— Je t’avoue que je ne sais même pas si je tiens l’alcool ou non. Puisque je bois très peu je dirais que non, genre mon foie il n’est pas habitué tu vois. Mais bon, si tu as envie de ton petit ballon de rouge ou de ta bière ce soir, tu prendras hein ! je ne vais pas t’empêcher de boire si tu en as envie. En revanche, j’aime bien jouer au Uno.

J’avais des lacunes sociales, en revanche, il m’arrivait régulièrement de jouer aux cartes avec mon unité militaire lors de nos temps de repos, que ce soit à la caserne ou sur le terrain. Il y avait les autres jeux de cartes comme le tarot par exemple, mais ceux-là je les maitrisais moins bien.

— D’ailleurs, en dehors de manger et d’être en pyjama, tu as prévu quoi pour ce soir ? Je n’ai jamais fait de soirée pyjama de ma vie.

Il était rare que je sois invitée quelque part à cause de mon comportement qui ne convenait pas à tout le monde. Voilà pourquoi j’avais tant apprécié que Lucy m’invite, c’était si rare ! J’aurai été idiote de décliner.

— Oh pardon ! disais-je confuse en parlant de la famille royale. Encore une fois, ça fait partie des coutumes anglaises que je ne connais pas bien. Je ne connais pas bien l’histoire de la famille, tu me la raconteras ?

Malgré ma maladresse et mon détachement apparent, j’essayais tout de même de faire des efforts. Je voulais m’intéresser aux choses pour comprendre les gens de ce pays. J’avais déjà eu du mal en Suisse, alors en Angleterre c’était véritablement difficile pour moi.
En arrivant devant l’animalerie, je retenais l’enseigne et son logo, à défaut de retenir son adresse. Au moins avec le nom, on saurait me guider ou moi je saurai retrouver avec un gps. Après avoir fait un tour d’horizon dans un petit sourire en imaginant mon Radar déguisé, je me dirigeais vers le rayon de croquettes pour chien tout en cherchant la marque qu’il mangeait. Il y en avait plein, c’était affolant.

— Quel business

Murmurais-je alors que je regardais Lucy présenter à Radar deux paquets de récompenses à croquer. L’animal prit le temps de bien les renifler avant d’insister sur celui de gauche au point de vouloir le manger immédiatement. J’attrapais enfin un sac de cinq kilos avant de me tourner vers Lucy.

— Oh vraiment ? Trop cool ! C’est quoi ? Tu me dis déjà où c’est une surprise et je dois attendre jusqu’à ce qu’on y soit ? Est-ce que je peux essayer de deviner ? Chic ! Est-ce que c’est bon ? Si ça se mange, ça doit forcément être bon !

Ah, quand on me parlait de nourriture ça marchait toujours. Je me dirigeais donc rapidement vers la caisse pour payer le sac de croquettes et le paquet de récompenses que j’enfournais ensuite dans mon sac. Soulevant ce dernier sans la moindre difficulté, je le posais sur mes épaules avant de retourner dans la rue.

— Alors ? c’est où ? C’est quoi ? C’est loin d’ici ?




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Ven 24 Fév - 17:52

 

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— Lyllyah & Lucy

Quand j’étais convaincue qu’un truc était bien, je pouvais monter tout un argumentaire pour convaincre mon entourage. Bon ça avait plus ou moins de succès. Faire les boutiques ? Nan nan nan, faire the boutique ! Est-ce que la vendeuse était jolie ? Oh oui quand même…

- Oh, elle dégage quelque chose c’est certain ! Répondis-je avec amusement.

Mais je ne m’amusais en général pas à draguer et flirter avec les personnes mariées, ou même en couple. Briseuse de relations ? Ha ça non, pas volontairement en tout cas. Je la regardai me montrer son tee-shirt et fis clairement tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de trouver quoi lui répondre. Bah il n’était pas question de la vexer, c’était un style aussi hein, mais « bon état » chez moi, c’était pas vraiment pareil que chez elle.

- Euh… Oui enfin… du coup je me demande, tu changes quand ça craque et que tu te retrouves à poil dans la rue ?

J’avais un sourire en coin tout en espérant qu’elle n’était pas du genre à se vexer parce que sinon ça voulait dire que sept fois c’était pas assez. Cela dit me connaissant, j’aurais jamais réussi à faire mieux. Soit j’étais franche, soit je mentais comme un arracheur de dents. En général, on s’en accommodait ou alors on ne me demandait plus jamais mon avis. Le chien s’invita dans la conversation et je rassurai mon invitée sur le genre de réveil qu’il pouvait me réserver.

- Ha bah j’espère, rigolai-je.

Ce serait un peu étrange quand même. J’avais eu des sacrés réveils, mais je ne cherchais pas spécialement à allonger la liste de ces réveils particuliers. Ceci dit avant d’arriver au matin, il fallait prévoir la soirée et surtout le repas. Quelque chose de pas trop compliqué, mais qui devait plaire quand même. Je regardai Lyllyah avec amusement lorsqu’elle me parla de ses talents culinaires.

- Je ne vois pas comment ce serait possible que tu me fasses rater un plat, dis-je en secouant la tête, ou alors… Tu es victime d’une malédiction sorcière, déclarai-je théâtralement.

Non mais franchement avec les sorciers, ce qu’on balançait avant sur le ton de la plaisanterie, prenait un autre sens maintenant. Cela dit maudire quelqu’un de rater tout en cuisine, c’était un peu pourri. Ou alors une technique de sorcier pour qu’elle s’empoisonne ? Y’avait plus rapide quand même.

- En tout cas, je suis confiante pour ce soir, si ça arrive, c’est que tu m’auras sacrément distraite.

Ha bah je voyais que ça comme raison, que j’ai eu l’esprit détourné et que du coup j’en oublie la préparation sur le feu. Ça c’était possible. Lyllyah se souvint ne pas apprécier quelque chose et je ris en entendant ses déclarations sur le petit-déjeuner.

- Oh ne t’en fais pas, le matin par contre je n’aime pas perdre du temps en cuisine, je ne fais rien de tout ça. Jus d’orange et tartines ou biscuits me font l’affaire. J’ai du café si tu bois ça, je n’en bois que très rarement, mais j’en ai toujours pour les invités. Ou chocolat chaud aussi.

Le café était l’excitant dont je n’avais clairement pas besoin en tant qu’hyperactive. Pour certains, ça les calmait, moi pas de bol, ça majorait et ne me faisait franchement pas du bien.

- Tu viens d’où déjà ? Je ne sais plus si tu me l’as déjà dit ?

Je n’étais pas du tout calée en accent étranger et même si j’avais bien compris qu’elle n’était pas anglaise, je ne savais pas du tout de où elle était originaire. Je l’écoutai m’expliquer pourquoi elle n’était pas particulièrement adepte de boissons alcoolisées et je compris très vite où elle voulait en venir.

- Pas très pro, vrai, mais surtout question de survie. Les effets de l’alcool je les connais bien, je crois qu’on devient une cible de choix.

Les sens altérés c’était juste partir sur le champ de bataille déguisé en lapin rose à mon avis. Je n’avais plus qu’à espérer ne pas devoir réagir à une attaque pendant ou après une soirée bien arrosée, parce que je n’étais pas prête à renoncer à faire la fête définitivement.

- Ha ha ! Ça je peux te répondre, c’est mon domaine. La façon dont notre corps gère l’alcool est en partie génétique. Le métabolisme, la dépendance tout ça, tu peux déjà trouver des réponses dans ton arbre généalogique. Suffit donc de regarder déjà comment tes parents le tolèrent. Bon c’est sûr que si t’as pas l’habitude, ça va être difficile de tenir.

Oh bah pour sûr que ça voulait dire que dans la famille on avait une bonne génétique pour les effets de l’alcool. Désolée, mais tenir l’alcool c’était pas un truc qu’on pouvait entraîner au fil des jours. Bah non, sinon t’étais juste alcoolique.

- Ne t’en fais pas pour moi, va. Quoi ?! Han c’est vrai ? Tu aimes les jeux de société ? J’ai une armoire pleeeeeine de jeux de société !

Ha bah si elle aimait le Uno, moi je pouvais l’initier à plein de trucs, j’avais largement de quoi faire.

- Oh vraiment ? Eh bah en général ça dépend des invités, je fais pas mal de soirées jeux de société et répétitions de théâtre, sinon séries/films ou papotages avec un fond musical, c’est pas prise de tête et je t’épargnerais l’atelier pâtisserie, ajoutai-je en riant, en vrai j’en fais pas, mais quand j’étais plus petite, ma mère organisait ça.

J’avais des potes qui faisaient des karaokés, des tests à la con de magazines, y’avait pas vraiment de règles sinon de passer un bon moment en pyjama bien sûr.

- C’est rien, fis-je en riant lorsqu’elle s’excusa pour la famille royale. En fait, on va dire que la famille royale c’est un peu le soap opera des anglais. Il se passe toujours un truc et je pense que les gens aiment bien savoir comment vivent ces gens-là. Je peux te raconter, mais c’est pas mal long…

C’est qu’elle avait pas mal de saisons du soap opera à rattraper.
C’est à l’animalerie que me vient une idée pour occuper une partie de l’après-midi. Un endroit à connaître à coup sûr et qui plairait, c’était obligé.

- Oh tu peux essayer de deviner, mais fais vite c’est pas si loin que ça, répondis-je un air malicieux sur le visage, oui c’est bon, très bon même ! Indice c’est parfait pour la saison !

Lyllyah régla ses achats et je l’entraînai dans la rue, salivant d’avance à l’idée du quatre heures qui nous attendait. Nous y fûmes en même pas cinq minutes et je lui montrai l’enseigne avec un grand sourire :

- Tadaaaam ! Oh c’est notre jour de chance, il y a une table libre en terrasse ! Viens on va s’installer !

Il y avait la queue au comptoir pour les ventes à emporter. Avec un soleil pareil, ce n’était pas étonnant. Évidemment que les glaciers faisaient leur beurre en ce moment.

- Tu es plutôt sorbet ? Glace ? Demandai-je en me penchant sur une carte, il y a tellement de choix ici ! Je vais me laisse tenter par un truc mangue passion, oh ils ont de la cerise, aaaah écoute bon courage, ne me demande pas d’aide pour faire ton choix, dis-je en riant.


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Dim 26 Fév - 11:24

Le ciel est bleu, le temps est bon
Juillet 2021

J’écartais les bras pour regarder mon T-shirt sous les paroles de Lucy. Quand est-ce que je changeais de vêtements au fond ? Elle n’était pas si loin de la vérité en fait. Sans honte, j’admettais, avec un large sourire aux lèvres, lui démontrant que je n’étais absolument pas blessée par ses propos.

— Mmmh, ouais c’est un peu ça. En fait, je n’aime tellement pas faire les magasins et je n’ai tellement pas de temps parce que je bosse beaucoup que du coup… je n’en change pas souvent.
Puis je la poussais gentiment du coude.
— Mais maintenant qu’on se connait, tu m’emmèneras faire les boutiques une fois. Ce sera l’occasion de se revoir.

Pour autant qu’elle ait envie de me revoir. Après tout, je n’étais pas une personne très facile à vivre puisque je n’avais pas les codes sociaux usuels. Nous verrons bien après notre soirée ce qu’elle pensera de moi et de mes maladresses.
Tout en allant à l’animalerie, je riais à propos du potentiel plat raté. Je lui jetais un regard plein de sous-entendus concernant une potentielle malédiction sorcière. Après tout, pourquoi pas, avec les temps que nous vivions ! Mais ce serait vraiment une malédiction nulle. Pour autant, je préférais ne rien répondre et garder ce sujet pour plus tard lorsque nous serons enfermées chez elle sans les oreilles indiscrètes autour. Du coup, je préférais réfléchir au pour et au contre de la situation. Le pour, c’était que j’adorais les défis et il y aurait moyen de rire un bon coup J’aimais être challengée et là, Lucy me tendait clairement une perche. Pour autant, je ne la connaissais pas assez pour savoir ce qui pourrait la distraire au point d’oublier un plat sur le feu. Ce serait à moi de ruser et de trouver son point faible.
Le contre, c’était que si le plat était raté, et bien, il serait raté ! Alors, nous pourrions commander pour manger, mais je m’en voudrais de faire rater sa lasagne à Lucy, elle qui m’accueillait avec tant de gentillesse. La nourriture s’était sacré !
À réfléchir donc…
Une fois sortie de l’animalerie, je sautais dans tous les sens en essayant de deviner ce que Lucy me réservait comme surprise. Devant le glacier, je m’extasiais devant tous les parfums.

— Waaaaaaaaaaaaaah c’est le paradis ici ! Des glaces ! Trop bien !
Je lui lançais un coup d’œil goguenard.
— Tu sais comment me parler toi.
La laissant prendre place à une table, je me penchais au-dessus de son épaule pour regarder la carte avec elle sans me dépêtrer de mon sourire. Son parfum me parvint alors et ma fois, il n'était pas désagréable.  
— Glace, sorbet… j’aime tout ! Mmh, alors, chocolat c’est obligatoire et mmmh, fraise, aller !
Je pointais du doigt l’image de la glace mangue passion et cerise.
— Prends les deux si elles te font envie les deux non ?

Lyllyah Sody, toujours pragmatique en allant au plus simple. Je donnais la laisse de Radar à Lucy.

— Reste la pour garder la place, je vais faire la queue, c’est moi qui offre puisque tu fais à manger ce soir.

Avant qu’elle ne puisse répondre, je fis demi-tour et sautillai jusqu’à la fin de la queue. Là, je pris mon mal en patience jusqu’à ce que ce soit mon tour.
Tout sourire, je donnais sa commande à Lucy et m’asseyais en face d’elle.

— C’est un super joli coin, merci pour la découverte !

Je me saisissais de la petite cuillère de mes doigts aux phalanges tatouées de divers symboles. D’un geste nonchalant, je secouais ma chevelure de feu qui scintilla sous les rayons chauds du soleil avant de regarder Lucy de mes yeux gris devenus verts sous la forte luminosité.

— Pour répondre à tes questions ! Je suis Suisse. Je suis arrivée seulement en janvier à Londres. J’ai demandé à être mutée ici après une mission militaire. J’ai trouvé que la situation était importante ici alors j’ai voulu offrir mon aide. Du coup, je continue mon service militaire à la caserne non loin de Londres.
Pour étayer mes propos, je décollais de sous mon T-shirt le collier de perles argenté qui ornait mon cou. Je présentais les deux plaquettes à Lucy. L’officielle Anglaise, et la seconde, l’officielle Suisse que j’avais gardée en souvenirs.
— C’est pour ça que je ne suis pas habituée aux petits-déjeuners anglais et que je reste avec mes tartines et mes céréales… et que je ne connais pas bien le soap-opéra de la famille royale. Tu me raconteras à l’occasion, quand on aura le temps. Enfin, si tu en as envie.

Une expression de délice m’échappa quand le chocolat fondit dans ma bouche.

— Ah, mon Dieu, c’est trop trop bon !
Je tendais le cou vers Lucy.
— Et la tienne ? elle est bonne ?

Distraite, j’observais deux jeunes avec leurs bières.

— Je repense à ce que tu as dit tout à l’heure à propos de l’alcool. C’est super intéressant ! Malheureusement, je ne peux pas trop dire concernant ma généalogie. Je n’ai jamais connu mes parents et je n’ai aucune famille connue du coup… c’est compliqué !
Je lui fis un grand sourire en levant ma cuillère en direction du ciel
— Cela dit ! ça ne me donne pas envie de tester mes limites sur l’alcool pour faire des expériences scientifiques. D’ailleurs, en parlant de scientifique, si je comprends bien, tu en es une ?

Manger ces glaces sur cette terrasse était tout à fait approprié pour commencer à faire plus amples connaissances.

— J’adore les jeux de société, pour le peu que j’en ai fait ! En fait j’ai peu d’amis du coup j’ai très peu joué. J’ai fait de temps en temps le Uno en mission pour passer le temps avec les collègues, mais c’est tout. Pareil pour les jeux vidéo, j’aime bien ça, mais je ne joue pas beaucoup, je n’ai pas trop le temps. En fait, ce que je préfère ce sont les films ou les séries, et surtout si ce sont des dessins animés ! J’adore ça !

De mon enfance solitaire et difficile, j’étais devenue une adulte enfant qui adorait s’émerveiller de tout et de rien. Je prenais une cuillérée de fraise avant de m’accouder pour fixer Lucy dans les yeux.

— Je me réjouis de cette première soirée pyjama avec toi en tout cas ! Faudra pas hésiter à me dire si je peux t’aider pour quelque chose, il n’y a pas de raison que je me tourne les pouces alors que tu es au four et au moulin.
Puis, une étincelle de malice traversa mon regard. J’eus un sourire malicieux en me penchant en avant.
— D’ailleurs, je me demande bien ce qui pourrait te distraire au point d’oublier la cuisson des lasagnes. Ça m’intrigue tellement que je suis partagée entre l’envie de le découvrir ou ne pas gâcher la nourriture. Mmmh… Si je fais danser Radar ça suffira ? Ou alors que je me mette à danser le tango ! ou que je me mette à chanter, je te préviens, je chante super faux.
Je restais silencieuse pour réfléchir encore avant d’ajouter, l’air de rien.
— Ou alors je me fout à poil. Ça ne fera pas une grande différence avec maintenant vu l’état de mes habits, non ?

J’eus un grand sourire triomphal avant de me pencher. De mon sac, je retirais une gamelle pliable et une bouteille d’eau. J’en déversais le contenu dans la gamelle pour donner à boire à Radar qui s’était couché à nos pieds sous la table.
 

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— Lyllyah & Lucy

Banco ! Le glacier c’était carrément la bonne idée du jour ! Et j’étais plutôt d’accord avec sa conception du paradis. Cependant la torture existait quand même dans ce paradis. Celle de faire un choix parmi tous les parfums proposés. Prendre les deux ?

- Hum vendu ! Il faut savoir se faire plaisir, lançai-je comme justification, et… Oh, ben merci, c’est gentil !

J’attrapai la laisse tendue et attendis le retour de la jeune femme avec nos supers goûters glacés. Je ne me fis pas prier pour attaquer la coupe lorsque Lyllyah fut revenue. Cette boutique était vraiment une tuerie. J’écoutai sagement ses explications. C’est drôle, aussi indépendante que je pouvais me revendiquer, j’étais bien trop attachée à ma patrie, ou plutôt à ma famille pour m’expatrier. J’avais refusé de suivre une relation aux Etats-Unis qui était partie tenter sa chance avec la NBA. J’avais réalisé quelques séminaires à l’étranger, mais n’avais jamais envisagé une seule seconde de bouger de Londres.

- Tu es courageuse quand même, j’aurais dû mal à partir vivre toute seule à l’étranger. Oh et pas de soucis, je te raconterai. D’ailleurs, un conseil que je tiens de mon papa – il est prof d’histoire – ne crois pas tout ce que les tabloïds écrivent. C’est fou ce qu’on peut se laisser berner par des titres accrocheurs. Hum, peut-être que mon père a des ouvrages que je pourrais te passer si tu es lecture, ou même des documentaires…

Un petit rire amusé m’échappa lorsque Lyllyah fondit d’amour devant sa glace. Je ne sais pas si c’était le meilleur glacier de Londres, mais c’était en tout cas mon préféré et je crois bien que Lyllyah allait prochainement devenir une fidèle cliente.

- C’est parfait, comme d’habitude ! Oh vas-y goûte si tu veux, proposai-je en poussant vers elle mes glaces.

Je l’écoutai me parler de sa famille ou plutôt de sa non-famille. Je trouvais ça triste. Elle ne le paraissait pas, mais moi qui était très famille, qui ne manquait jamais une occasion de retrouver mes parents ou même mes cousins et leurs parents, ça me mettait le cafard cette idée d’être seule. Et même si, j’étais vraiment nulle pour garder mes relations, je rêvais à mon tour de fonder une famille à l’avenir.

- Wah, je ne sais pas comment tu le vis, mais je pourrais pas imaginer un monde sans ma famille. Tu n’as jamais cherché à savoir d’où tu venais ? Enfin c’est peut-être un peu personnel comme question, t’es pas obligée de répondre. J’ai parlé trop vite encore !

Je ne voulais pas non plus remuer des trucs qui pouvaient être douloureux, traumatisants ou que sais-je. Il fallait parfois laisser le passé où il était.

- Ha ha, c’est le genre d’expérience que je faisais y’a dix ans, j’avoue c’est pas foufou comme études ! Conclus-je en riant, oh et oui, je suis chercheuse en biologie génétique ! Je crois que depuis gosse, je savais déjà que je voulais faire ça ! Et je dirais que y’a pas grand monde qui pariait sur cet avenir là pour moi.

Ma mère pensait souvent que je tracerais ma voix dans un de mes hobbies. Mes enseignants me trouvaient trop indisciplinée pour les grandes études et ils n’avaient pas tort. J’avais pris sur moi pour réussir à obtenir mon diplôme.

- Et toi tu t’es retrouvée comment dans l’armée ?

Un événement de vie, une route toute tracée en reprenant la suite d’un parent, les histoires des gens sur leur vocation étaient de mon point de vue toujours intéressantes.

- Oh, bah écoute je te ferais découvrir des jeux alors, tu me diras ce qui te tente ou alors je te montrerais mes préférés ! Et puis si tu veux, un de ces quatre je t’invite à une de mes soirées jeux de société ! Les jeux vidéos, je fais moins. Ça me réussit pas, à cause de mon hyperactivité. Mais j’ai déjà fait des salles d’arcades et ça je trouve que c’est cool.

Je pris une cuillère de glace que je laissai fondre sur ma langue avant de la relancer.

- Ha ha côté dessin-animé, sortie de Disney et son pote Pixar, je ne suis pas très calée. J’ai essayé les japonais, mais j’ai pas accroché. Je suis plutôt bonne comédie, policier, thriller, ha et science fiction bien sûr, ajoutai-je en m’esclaffant.

Han ça va, c’était pas du tout cliché !

- Bah t’en fais pas, j’ai pas prévu de refaire la peinture ou de récurer du sol au plafond, dis-je en riant, à part le repas, y’aura pas grand-chose à faire !

Bon si la vaisselle, mais j’avais toujours pris le réflexe de la faire directement après le repas, c’était pas une assiette en plus qui allait changer ma vie. Je la fixai les yeux écarquillés lorsqu’elle se demanda ce qui pourrait me distraire, avant d’exploser de rire.

- Si on commence un karaoké, la vieille du troisième va débarquer avec ses bigoudis pour râler. Et j’avoue que si tu te fous à poil, je risque de buguer, enfin moins maintenant, puisque tu m’as prévenue.

Non parce que sinon, sur le coup je me serais demandais ce qu’il lui prenait. Je voulais bien qu’on soit pas spécialement pudique, mais bon comme ça d’un coup sans prévenir, c’était chelou, non ?

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Jeu 1 Juin - 21:07

Le ciel est bleu, le temps est bon
Juillet 2021

Je goutais avec plaisir aux parfums de glace de Lucy et lui tendit mon pot afin qu’elle puisse se servir aussi. L’après-midi était pour le moins agréable et échanger avec la jeune femme me faisait vraiment plaisir. À dire vrai, je n’avais ni famille ni ami, ou alors je ne m’en rendais pas compte. Du coup, j’étais toujours contente lorsque je passais du temps avec quelqu’un qui ne semblait pas s’offusquer de ma nature sans filtre, davantage lorsque c’était une personne avec qui je partageais autant de points communs. Je me contentais d’hocher la tête lorsqu’elle me parlait de son père et de quelques ouvrages. Après tout pourquoi pas ? il m’arrivait de lire un peu à temps perdu. En parlant de famille, j’haussais les épaules, un peu indifférente, en plantant ma cuillère dans ma glace avant de lui répondre, les yeux baissés sur la boule chocolat qui fondait lentement.

— Oh non, t’inquiètes pas, ça ne me dérange pas comme sujet ! Bah, en fait, je le vis bien parce que je n’ai connu que ça. C’est l’armée qui m’a retrouvé, bébé, suite à une intervention. J’ai directement fini à l’orphelinat militaire et voilà. On ne m’a trouvé aucune famille, le personnel de l’orphelinat a essayé de trouver, en vain. J’ai essayé de mon côté et ça n’a rien donné donc bon… je haussais une nouvelle fois les épaules puis eu un grand sourire éclatant. Je suis le dernier spécimen vivant de mon espèce ! tu as en face de toi une pièce unique et rare, profites-en !

Je roulais des mécaniques pour tirer l’humour à l’extrême, et aussi pour démontrer que je ne souffrais pas de ce passé qui était le mien. J’enfournais la cuillère pleine de chocolat dans ma bouche puis repris.

— Du coup, j’ignore ce que c’est que d’avoir une famille et des amis. À l’orphelinat c’était un peu la jungle du coup j’ai appris à me défendre quand j’étais gamine. Il faudra peut-être que tu me fasses un cours accéléré ce soir quand on sera chez toi.

Un ricanement traversa mes lèvres. Je disais ça sur le ton de la plaisanterie, mais la demande était vraie. Je n’avais pas les codes sociaux élémentaires, et j’ignorais où se trouvait la limite amicale et amoureuse. J’ignorais même si j’avais déjà été amoureuse une fois dans ma vie. Coude sur la table, menton dans la paume et cuillère dans la bouche, je l’écoutais me parler d’elle, de ses études, de ses expériences, de son travail puis de ses préférences en matière de jeux, de séries et de films. Je ne pouvais m’empêcher d’élargir mon sourire à chaque nouvel élément. Nous nous ressemblions vraiment sur beaucoup de points, c’était la première fois que je rencontrais quelqu’un comme ça. Je ne saurai décrire ce que je ressentais exactement, mais ça me faisait très plaisir ! La curiosité poussée à son maximum, je ne me gênais pas pour l’assommer de questions.

— Du coup, qu’est-ce qui t’a toujours attiré dans la biologie génétique ? Ça consiste en quoi au juste ? C’était comment à l’université ? Et comment tu deal tout ça avec ton hyperactivité ? Parce que j’imagine que ça te demande une mega concentration non ?

Je me redressais sur ma chaise en reprenant une cuillerée de ma glace, constatant avec tristesse que j’étais déjà au fond du pot.

— Je veux bien que tu me montres tes jeux ouais ! J’aime bien les jeux vidéo, mais qu’en groupe, ou alors il y a des jeux qui détendent, genre ceux sous l’eau où tu dois juste nager… j’en ai même trouvé un une fois où tu es juste des pétales de fleurs qui volent au vent… voilà. J’avais bien aimé la musique, c’était calme.

Je riais au souvenir de ce jeu. Résumé ainsi il paraissait absurde, pour autant, il était visuellement très beau (du peu de connaissances que j’avais du monde du jeu vidéo), et il m’avait détendu.

— On pourrait se faire des soirées TV de temps en temps aussi, qu’est-ce que tu en dis ? Je te ferai ta culture du dessin animé et toi, la mienne pour le reste !

La perspective de la revoir me mettait tellement en joie que je me mis à remuer d’impatience sur ma chaise. Il y avait quelque chose que je ne m’expliquai pas, mais que j’appréciais vraiment en Lucy. Peut-être cette proximité de caractère. C’était difficile à définir pour moi, mais pour autant, je me réjouissais de la suite de la soirée. J’éclatais de rire quand elle me confiait ne pas avoir prévu de refaire la peinture ni récurer du sol au plafond.

— Ah, bon, tant mieux ! Mais je ferai au moins la vaisselle ! ça, je sais faire.

Puis, je m’emportais un peu dans mes provocations, la curiosité toujours poussée d’un cran. Si je pouvais la distraire à ce point, évidemment, j’avais envie de découvrir comment maintenant ! Je riais de concert avec elle, surtout en m’imaginant sa voisine pleine de bigoudis venir nous engueuler comme si nous étions deux enfants turbulentes (mais n’était-ce pas ce que nous étions vraiment ?).

— Merde, j’ai pété mon effet de surprise. Tant pis, je trouverai autre chose !

Ou pas ? Boarf, je n’étais pas du genre à faire des plans sur la comète, je verrai bien ce que l’inspiration me soufflera à ce moment. Je terminais ma glace goulument puis pris un peu d’eau dans ma gourde rangée au fond de mon sac.

— Tu en veux un peu ?

Lui proposais-je avant de ranger la gourde. Toutes ces conversations et cette envie de toujours plus la connaître réveillèrent mon impatience. Ma jambe droite se mit à tressauter. Je fis mine de m’étirer pour cacher mon impatience en la laissant terminer sa glace puis j’ajoutais, l’air de rien.

— Bon, du coup, on va chez toi faire cette lasagne ? ça m'a donné faim là !.

Lyllyah Sody a toujours faim. Information de base. Règle numéro un.

 

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Lun 11 Sep - 22:29

 

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— Lyllyah & Lucy

Les origines des gens m’avaient toujours intéressée. Il faut dire que mon travail me conduisait souvent à chercher les origines des gens. Dans leurs gènes bien plus que dans un arbre généalogique, mais les histoires me passionnaient. Bien sûr je trouvais ça fascinant de décoder les gènes pour comprendre ce que des parents avaient pu léguer à leur descendance, mais c’était encore plus intéressant de regrouper avec les informations que les personnes apportaient. Peut-être que c’était quelque chose que j’avais hérité de mon père en quelques sortes. J’écoutai donc Lyllyah m’expliquer que ses origines à elle étaient assez floues.

- Ou alors imagine un jour, au cours d’analyses génétiques, tu tombes sur un frère perdu, oh non non, mieux ! Tu tombes sur une jumelle au cours d’une mission, une fille qui te ressemble comme deux gouttes d’eau ! Ha ha je crois que je regarde trop de séries, je vais t’inventer des scénarios de fous !

Bon et puis pourquoi pas ? Peut-être qu’elle avait encore de la famille quelque part. On n’avait retrouvé personne ça ne voulait pas forcément dire qu’ils étaient tous morts. Peut-être que la vérité n’était pas aussi édulcorée que mes scenarios par contre. En tout cas, ça ne lui manquait pas.

- Je ne saurais pas vivre sans ma famille, mais j’imagine qu’on ressent moins le manque quand on n’en a jamais eue. Et tu veux un cours de quoi au juste ? Pour se faire des amis ? Si c’est ça, t’inquiète t’es en bonne voie !


Ha bah, elle était sympathique, aimaient les bonnes choses, les animaux… Côté loisirs, elle gagnait des points aussi. Elle ne me paraissait pas difficile ou compliquée. Non, non, pas de problème. Oui bon après, moi je sympathisais facilement avec tout le monde, ça aidait peut-être.

- Hum bonne question, j’ai eu mon premier microscope quand j’étais gamine, et ça a tout de suite était une passion d’observer tout ce qui m’entourait. Et après je me suis tournée vers la génétique parce que je m’intéressais au domaine de la santé. Enfin tout ce qui tourne autour des maladies génétiques quoi. Avant le Blood Circle, j’étudiais les maladies rares et notamment la thérapie génique. C’est quand on essaie de soigner une maladie en introduisant des gènes dans des cellules d’une personne. Maintenant forcément, mes recherches ont plus un rapport avec la magie.

Développer des sérums, des armes en étudiant le matériel génétique des sorciers, mon travail prenait tout son sens au sein du Blood Circle. Bien sûr, les recherches sur les maladies avaient été importantes pour moi, mais comme on m’avait poussée vers la porte, c’était vers un autre sujet tout à fait passionnant que je m’étais tournée.

- L’université, c’était… long ! Je ne voudrais y retourner pour rien au monde, enfin en tant qu’élève parce que du coup j’y suis prof pour payer le loyer, repris-je en riant.

Enfin en vrai, j’aurais préféré ne plus y mettre les pieds du tout mais les sous ne poussaient pas sur les arbres. Dommage, je ne me débrouillais pas si mal pour faire tenir mes plantes vertes.

- Oui, beaucoup de concentration, mais je suis passionnée et en fait hum je ne sais pas comment expliquer, mais quand je travaille, je suis canalisée. Bon sauf que quand j’ai fini de bosser, après j’ai besoin d’aller évacuer. Je fais du théâtre, du basket à côté et je profite de la vie.

En vérité, c’était surtout quand je m’ennuyais que je devenais invivable. C’est ça. L’inactivité, l’attente, ça, ça me rendait dingue. Je l’écoutai me parler de jeux vidéos. Des jeux qui détendaient ? J’avais du mal à croire que ça fonctionnait. Je ris avec elle de son drôle de jeu.

- Ha ben si tu veux, je vais investir dans une machine à pop corn alors !

J’étais toujours partante pour passer des bons moments et puis Lyllyah était attachante. Elle me fit rire en parlant de mettre la main à la pâte et je plaisantai, amusée. A vrai dire il n’y aurait pas grand-chose à faire et je ne comptais d’ailleurs pas passer la soirée dans les corvées. Elle me proposa de l’eau et j’acceptai avant qu’on finisse par prendre la direction de mon chez moi.

- Eh beh ! J’ai intérêt à prévoir pour un régiment ! Plaisantai-je lorsqu’elle me dit que tout ça l’avait mise en appétit.

Je l’entraînai alors dans les rues et nous prîmes un bus qui menait à mon quartier. Quelques mètres supplémentaires et nous franchîmes la grande porte vitrée de mon immeuble. Je relevai le courrier et nous prîmes l’ascenseur.

- Et voilà mon palais, fis-je en ouvrant la porte sur mon appartement.

Mon chez-moi était un endroit simple mais cosy. Il était naturellement chaleureux grâce à sa super exposition. Passées la porte, nous nous trouvions directement dans le salon.

- Vas-y mets toi à l’aise, n’hésite pas à te déchausser, fis-je en me débarrassant moi-même vite de mes tennis. Allez je te fais la visite guidée. Ici, le meilleur canapé du monde, par ici la salle de bain, oh et les toilettes c’est la petite porte à côté, toujours utile à savoir ça. Par ici, c’est ma chambre et ici la chambre d’amis. Bon j’ai toujours des trucs de labo qui traînent sur ce bureau, mais promis rien de toxique, de chelou, ou de glauque. Et ici ton endroit préféré, la cuisine ! Terminai-je en riant.

J’appuyai sur le bouton d’un lecteur et une musique de fond démarra, diffusant des vieux titres pop rock des années 80.

- Bon et bien au boulot !

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Jeu 14 Sep - 14:37

Le ciel est bleu, le temps est bon
Juillet 2021

Si je riais au scénario que m’offrait Lucy concernant ma famille, je grimaçais aussi. Toute ma vie je n’avais connu que la solitude et la dureté des règles sociétales. Puisque je ne m’y pliais jamais, j’avais été rejetée pour mise à l’écart. Alors, j’avais frappé, pleuré et crié pour qu’on me remarque. Puisque ça ne marchait pas, j’ai décidé de me venger. Me venger de tous. De mes parents qui n’avaient pas su se protéger pour me faire grandir à leurs côtés. Me venger des enfants qui me jugeaient incapable et me venger des adultes qui me pensaient inadaptée. Je m’étais vengée en leur prouvant le contraire. La discipline, je l’avais trouvée en côtoyant les animaux, d’abord à l’école de police puis dans l’armée. Le sport et la discipline avaient canalisé toute cette énergie explosive, et je l’utilisais aujourd’hui au meilleur escient à savoir protéger ceux qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes. Comme mes parents. La boucle était bouclée.
Y ajouter un membre de ma famille caché ferait s’écrouler ce magnifique château de cartes que j’avais mis des années à construire. Hors de question ! Alors, un peu pincée, je souris maladroitement à Lucy comme toute réponse, sans pour autant lui tenir égard de l’impact de ses mots. Moi aussi je mettais souvent le pied dans le plat. Que je lui en veuille reviendrait à se foutre de la gueule du monde. Au contraire, je la trouvais d’autant plus intéressante, car voilà un nouveau point commun entre nous. Un à ajouter à une liste déjà considérable. Lucy ne m’intéressait que d’autant plus. Alors, je l’écoutais me parler de sa propre famille. Je l’imaginais en train d’épuiser Lyam et me sourire se radoucit.

— Parfait alors ! merci ! Je t’aime beaucoup aussi, tu sais.

Pied dans le plat que je vous dire ! Pourtant, la vérité était ainsi : nue et simple. J’appréciais Lucy pour ses grands yeux brillants à l’excès tant elle débordait d’énergie, la même que la mienne. Je m’amusais à contempler ses cheveux se balancer dans tous les sens alors qu’elle parlait et je m’essayais à suivre le mouvement incessant de ses mains, ce qui n’était pas une mince affaire. Si en Lilibeth je voyais de la candeur et une certaine forme de sagesse ingénue, chez Lucy, je voyais le feu qui nous animait. Voilà enfin une personne qui pouvait me comprendre. Qui plus est, elle était du Blood Circle. Peu de chance alors que je sois tombée sur l’hurluberlue sorcière qui voulait me la jouer à l’envers.
Alors qu’elle me parlait de son métier, de sa passion, je sentis grandir dans mes entrailles la confiance que je voulais accorder à Lucy.

— Je crois que je comprends dans les grandes lignes oui. C’est impressionnant tout ça. Enfin, je trouve impressionnant tout ce que tu es capable de faire. Wah, c’est beaucoup trop technique pour moi, je préfère monter et démonter une arme les yeux bandés. Je ricanais. Et tu arrives à des résultats probants dans tes recherches à la cause ?

Je ne nommais ni les sorciers ni le Blood Circle par habitude du secret professionnel. Nous n’étions pas dans un lieu adéquat pour de telles confidences. Ses galères à l’université m’évoquèrent les miennes, voilà pourquoi je gloussais avant d’acquiescer à sa manière de se concentrer. Je me redressais en bombant un peu le torse.

— Je comprends, c’est comme moi ! Je suis super canalisée quand je bosse, je peux rester immobile des heures durant en planque si besoin. Tu ne m’imagines pas hein ? Pourtant je te jure que c’est vrai ! Mais comme toi, une fois que je suis en permission, pouf ! Tout explose et je me mets à courir partout pour évacuer la discipline et la patience du boulot. Heureusement, on se dépense physiquement beaucoup durant les entraînements et les missions, mais ce n’est pas la même chose. Quand je fais du Parkour, je vais où je veux et quand je veux, sans aucune limite tu vois ? Des limites que j’ai quand je bosse, justement. Je penchais la tête en secouant ma crinière flamboyante. Du théâtre ? J’adorerai te voir ! Je sais jouer un rôle uniquement quand je suis en filature, et je n’ai jamais touché à un ballon de basket de ma vie. En revanche, je fais de l’équitation et de l’escalade. J’imagine que c’est aussi lié à une certaine forme de liberté.

L’escalade était la représentation parfaite de l’avancée, pas à pas, dans la vie. Gravir des sommets pour atteindre son propre Everest. Tenir ses promesses, s’accorder des pauses, glisser parfois (souvent) mais se raccrocher et continuer par un autre chemin. Quant à l’équitation, c’était le premier binôme de ma vie. Si je n’avais pas su me faire d’amis durant mon enfance ni pendant l’école de police, j’avais travaillé avec les chevaux dans les forêts suisses. Là-bas, j’avais appris à travailler en équipe avec un cheval, et ça avait changé ma vie à jamais. Il y eut ensuite l’unité canine, et là, je savais ce pour quoi j’étais faite. Ça m’était apparu comme une évidence tombée du ciel.

— Chiche !

Lui répondis-je comme un accord passé entre nous en discutant de jeux vidéo et de télévision. D’autres rencontres à venir et de l’amusement en perspective. Je me réjouissais déjà !
Docile, je la suivais dans un dédale de rues et de bus jusqu’à chez elle non sans continuer à faire connaissance avec elle et à parler de la pluie et du beau temps. Une fois arrivée à bon port, je détachais Radar qui ne se fit pas prier pour entrer et renifler le moindre recoin de l’appartement. Quant à moi, je me déchaussais et laissais mon sac posé dans l’entrée tout en admirant l’appartement. C’était plutôt cosy, et vachement mieux rangée que chez moi !

— C’est super bien ici ! Tu es plus douée en déco que moi.

Commentai-je en regardant ledit bureau jonché de matériel de laboratoire. Moi aussi je ramenais du boulot à la maison, même si ça se résumait souvent à une arme à feu à nettoyer et à faire du sport, tout simplement. Je ris à sa plaisanterie en regardant sa cuisine et la laissais allumer la radio. Avec la tête qui oscillait un peu en rythme avec la musique, je la laissais sortir tous les ingrédients nécessaires à notre future lasagne de la mort qui tue.
Attentive, je me nettoyais les mains avant de suivre à la lettre ses instructions, quitte à les exécuter comme une enfant de quatre ans qui s’applique un peu trop. J’effectuais les couches avec une lenteur minutée en donnant l’impression que le plat allait m’exploser dans les mains à tout moment. Une idée qui apparemment, avait tout son sens à mes yeux.

— T’es sûre que c’est bon comme ça ?

Demandais-je au moins cinq fois à la minute. Heureusement, Lucy ne semblait pas se lasser de mon comportement puéril. À l’évidence, ce que j’avais confié plus tôt n’avait rien d’exagéré : je n’y connaissais rien en cuisine. Heureusement, le plat fut monté sans explosion et ce fut avec un soulagement à peine exagéré que j’observais la jeune femme l’enfourner. Je me penchais sur le comptoir en affaissant mes épaules.

— Ça m’a vidée autant que douze kilomètres à faire en deux heures avec quarante kilos sur le dos.

Exercice que j’effectuais régulièrement dans mon unité et qui servait à la sélection des jeunes recrues. Dans l’intention de faire la vaisselle, je regardais mes mains sales avant de m’essayer à un geste de danse sur le morceau qui passait présentement. Hélas, je dansais aussi bien qu’un pingouin en plein désert et ma main atterrir en plein sur la joue de Lucy, la tartinant au passage de mélange de sauce tomate et d’autres ingrédients mis dans les lasagnes. Et quoi ? Au lieu de m’excuser, j’éclatais de rire.

— Tu verrais ta tête ! T’en as même dans les cheveux !

Je riais aux larmes.

— On dirait une diablesse d’Halloween avec une main ensanglantée sur la tronche pour faire peur aux enfants en leur demandant des bonbons.

J’attrapais un essuie-tout pour le lui donner non sans arrêter de rire.

— Tiens.

 

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Dim 28 Jan - 18:26

 

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— Lyllyah & Lucy

Impressionnant, je ne savais pas, mais passionnant c’était certain. Je ne me lassais pas de mes recherches, parce qu’il y avait toujours quelque chose à découvrir.

- Euh, eh bien c’est long. La recherche c’est long. Disons que très souvent nos découvertes sont des grains de sable. Toute seul, ça fait pas grand-chose, mais réunis ça fait… une belle plage, enfin du coup dans notre cas un sérum, une arme etc etc.

Dernièrement je cherchais à créer un sérum paralysant ne pouvant s’activer qu’en présence de cellules magiques, mais ça ne donnait rien pour l’instant. Je n’obtenais que des grains de sable par ci par là. Ce qui n’était déjà pas si mal.

- Oh ! On fonctionne pareil alors ! Il y a des gens qui ne comprennent pas ! Ils me sortent que si je peux être attentive en recherche alors je peux l’être pour tout. Autant te dire que c’est pas des gens que je garde dans mon répertoire, pouffai-je.

Je souris, ravie de trouver quelqu’un qui avait le même style de fonctionnement que moi. Certains comprenaient ou en tout cas acceptaient ce que j’étais, mais quand quelqu’un le vivait lui-même, c’était encore plus simple.

- Oh mais ce n’est pas un souci ! On joue assez régulièrement, enfin là c’est les vacances, il faudra attendre la reprise à la rentrée !

Ça ne m’empêchait pas de retrouver les amis de la troupe qui restaient dans la capitale pendant l’été, pour faire des réunions impro ou jeux de société, mais les représentations étaient en suspens.

- Ha j’adore les animaux, mais je ne suis jamais montée à cheval. Et, je crois que je vais ajouter l’escalade à ma bucket list ! Ce doit être trop cool comme expérience !

Enfin, il fut décidé de prévoir d’autres soirées télé, ce qui nous réjouit l’une comme l’autre, puis nous rejoignîmes mon appartement.

- Ha alors, je n’ai aucun mérite ! Je squatte Pinterest et je pique les idées des gens !

Je savais ce que j’aimais, mais c’était bien trop le bazar dans mon cerveau pour organiser un truc cohérent et harmonieux. J’évitai d’expliquer qu’à une époque sombre, mon lieu de vie n’était pas aussi cosy et rangé qu’il l’était maintenant. Je n’étais pas prête à me confier sur ma descente aux enfers, pas alors que je la connaissais à peine.
Nous entamâmes les festivités. En vrai, la réalisation de lasagnes pouvait paraître effrayante comme ça, mais c’était en fait très simple.

- Mais oui ! Et puis si t’étales pas parfaitement, on s’en fiche en vrai, ça se voit pas à la fin !

Et puis, nous ne cuisinions pas pour un grand restau, alors pas de pression. Le plat alla au four et je réglai le minuteur. Étape à ne pas négliger pour ne pas oublier de sortir le repas et éviter de le laisser brûler.

- Ha ha, je n’avais jamais vu la cuisine comme un sport !

J’étais en train de ranger et trier les pots et divers ingrédients quand je reçus une tarte de sauce lasagne imprévue. Je sursautai surprise, avant de regarder Lyllyah pliée en deux. J’avais raté un truc ou quoi ? Ha bah apparemment, elle s’était essayée au body painting, en me transformant en perso de film d’horreur.

- Ha, mais tu as oublié l’autre côté, répliquai-je malicieuse avant de rire avec elle.

Je tentai de retirer les traces du crime, puis je sortis une boîte de jeu pour lui expliquer les règles. Le repas ne tarda pas et nous papotâmes de tout et de rien. Nous fîmes une petite partie avant de nous coller devant une comédie culte dans le canapé, un paquet de cookies sur la table basse. N’était-ce pas là les clés d’une soirée réussie ?

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