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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
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Qu'est-ce que ça a dans sa poche ? [Sevastian] :: United Kingdom :: Angleterre :: Londres :: Regent's Park
Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Mon allégeance : Ordre du Phénix
Mar 6 Fév - 19:13

Devine !
Février 2022

Emballée dans mon manteau, la tête enfoncée dans mon bonnet, je regardais la cime des arbres qui s’agitait lentement au gré du vent. Il n’avait pas beaucoup neigé cette année à Londres et ce n’était pas pour me déplaire : je n’aimais ni la neige ni le froid. Ma fragile santé rendait ces basses températures et toutes les maladies qui circulaient plus facilement, bien plus pénibles à vivre pour moi. Surtout, dans l’état actuel dans lequel je me trouvais, je devais redoubler de prudence. Dire qu’en novembre dernier, je me négligeais encore.
Tout avait changé, pour quelque chose d’encore invisible, mais pourtant bien présent et qui prenait beaucoup de place. Toute la place, ou presque. Depuis le mois de décembre, je flottais sur un nuage, tantôt sereine, à m’enfoncer dans le confort de la situation, tantôt prise de vertige par la hauteur de tout ce qui nous attend, Harper et moi. En vérité, la peur me tordait les tripes et me nouait la gorge… mais ça ne parvenait pas totalement à me faire paniquer, et je ne me l’expliquais pas. Comme si quelque chose m’en empêchait, comme si une force supérieure et inexpliquée me permettait de rester sûre de moi, de mon choix, et confiante en l’avenir.

Je faisais plus attention à moi. À ma santé et à mon équilibre mental. Je l’avais promis à Harper, et je devais voir la vérité en face : j’en avais marre de souffrir. Mes nuits hantées par les fantômes du passé me réveillaient presque toutes les nuits et c’était un miracle qu’aucun cerne ne souligne mes yeux. Pourtant, avec mon double emploi, entre l’enseignement et la gestion du clan MacFusty, je commençais à oublier des choses. Je faisais de petites erreurs qui n’existaient pas avant. La grossesse n’y était pour rien, de cela j’étais certaine. Je devais retrouver un équilibre, et maintenant que nous étions mariées Harper et moi, je me devais d’agir. Ça n’avait pas d’importance avant, je vivais seule et je m’occupais de moi seule. Ce n’était plus le cas. D’abord avec Harper, puis Elida depuis quelques mois et maintenant Jack.
Mini Jack.

Un sourire étira doucement, tendrement mes lèvres. Pour autant, je gardais obstinément mes mains enfoncées dans mes poches, et pour m’éviter de prendre trop froid, je faisais les cent pas devant un bac placé entre deux énormes troncs d’arbres. Au plein cœur de Londres, non loin du quartier général de l’Ordre du Phénix, nous nous étions donné rendez-vous avec Sevastian pour passer du temps ensemble.
Voilà des années que nous nous connaissions, depuis qu’il avait intégré l’Ordre en fait. Les autres sorciers lui avaient mené la vie dure à cause de son lien de sang. Un comportement que je ne comprenais pas et qui avait attiré ma sympathie pour lui. On ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas ce pensent et décident de faire nos proches. De sang-mêlé, mon enfance tumultueuse subissait les moqueries et les rejets, alors, je comprenais ce que Sevastian avait vécu… et en agissant de la sorte, qui pouvait prétendre que notre cause était noble ? Si les Mangemorts rejetaient tous ceux qui ne possédaient pas le sang pur, pourquoi l’Ordre devait agir de même ?
C’était absurde, un non-sens même à la guerre que nous menions. D’ailleurs, cette guerre avait-elle seulement une raison d’être ? À mon avis, non. Aucun.

Un petit soupir traversa mes narines sans pour autant entamer ma bonne humeur. J’appréciais Sevastian, j’appréciais notre amitié, j’appréciais sa douceur et son empathie. Il était l’antithèse de l’image que nous pouvions nous faire d’un sang pur, et je l’appréciais d’autant plus pour cela. Sa gentillesse m’avait permis de rester debout, de rendre mon quotidien un peu moins sombre lorsque les absences d’Harper et de Kyle devenaient trop pesantes. Surtout, il savait.
Il connaissait mon dossier de santé, il connaissait ma rencontre avec le loup-garou. Si je n’entrais pas dans sa spécialité, mon cas assez rare suffisait à l’intriguer. Ça flattait un peu mon égo, même si je n’appréciais pas ce côté souris de laboratoire avec lequel les médicomages me scrutaient.
Même s’il savait tout, Sevastian ne savait pas ce dernier point. Ce point si important et qui prenait tant de place. Je n’avais pas encore pris le temps de le lui dire, et je m’amuserai de voir s’il le devinerait. Harper m’avait donné son accord. Après tout, il faisait partie du corps médical : il était en droit de savoir.
On lui faisait confiance.

Un frisson me parcourut l’échine et je remontais encore un peu mon écharpe au point qu’elle me recouvre les lèvres. Quelle idée d’arriver à ce point en avance aussi. Incorrigible petite Abigail.
En tournant en rond, je gardais les yeux levés aux cimes des arbres jusqu’à m’hypnotiser par leurs lentes danses au gré du vent. Puis, ma vision périphérique m’indiqua une présence, alors, je baissais le menton, et mon visage s’illumina. De ma démarche tranquille aux pas légers, je me rapprochais du sorcier.

— Salut, lançais-je une fois à sa hauteur. Comment tu vas ?

Je me frictionnais un peu.

— Il fait super froid aujourd’hui, purée, vivement que les températures remontent.

En sautillant d’un pied sur l’autre, je gardais tout de même ma bonne humeur, comme si rien ne pouvait l’entamer. Je reprenais.

— Merci d’avoir pris du temps pour moi malgré ton emploi du temps chargé. J’espère que ça ne te dérange pas trop ?

Si je me sentais globalement mieux, je ne changeais pas complètement. La peur de déranger, ma timidité presque maladive restait une pulsion sous-jacente qui ressortait de temps en temps.
 

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Sevastian Dimitrov
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Mon allégeance : à l'Ordre du Phoenix
Sam 10 Fév - 6:35
Qu'est-ce que ça a dans sa poche ?  ( Abigail )

Comme d'ordinaire, je passe mon temps à courir et parfois, j'ai l'impression que c'est en rond. Mouvement perpétuel semblable à l'image d'un phénakistiscope qui tourne. Mon métier est si prenant que des par moments, je n'ai franchement pas le temps de me prendre une pause devant la souffrance de mes patients. Je me sens souvent impuissant. Je savais lorsque j'ai choisi ma spécialisation que ce serait compliquée. Alors pourquoi ai-je pris cette voix ? Je me devais de le faire pour expier les crimes que la génération précédente de ma famille avait commis ici en Grande-Bretagne. Bien que russe, le degré de nuisance de celle-ci touche beaucoup trop de pays à travers le monde.

C'est comme ça chez les Dimitrov. L'influence de ce nom est partout en particulier dans le milieu du mensonge, de l'hypocrisie, des mauvais coups et de la magie noire. Certes les miens sont célèbres encore plus dans le cercle restreint des sang-purs. Si l'image de la perfection est ce que les sorciers retiennent, nous autres savons que c'est une illusion. Qu'est-ce que j'aurai donné pour naître peut-être pauvre ou orphelin, mais avec une conscience propre. Même si je n'ai pas ce genre de sang sur les mains.

Pour ça que j'ai tant admiré les exploits d'Harry Potter. Je ne parle pas de ceux durant ses études où il a battu Voldemort. Je parle de tout ce qu'il a fait ensuite pour le monde sorcier. Malgré le coût qu'il avait déjà subi, il est resté sur la même ligne. Certes, il n'était pas un sorcier parfait lui-même le disait. Toutefois, il a toujours tenté de faire tout son possible jusqu'à la fin. Beaucoup, on était choqué de l'état dans lequel il était quand nous avons récupéré son corps. La barbarie humaine a un talent particulier pour être inventif pour torturer. En cela, ils sont à égalité avec les mangemorts.

Comme toujours, je me suis perdu dans mes pensées et là, je percute brusquement que je vais être en retard. Chose qui m'agace par dessus tout, mais qu'on me pardonne facilement du fait de mon statut de médicomage. Ce qui pour moi n'est pas une excuse. Donc je me dépêche de me changer dans mon bureau. Je pose ma blouse sur le portemanteau. Je remets en ordre rapidement mon bureau et je jette un regard à l'horloge. J’accélère parce que je sais qu'elle va venir en avance comme elle le fait à chaque fois et vu le temps ce n'est pas une bonne chose. Néanmoins que voulez-vous, je ne changerai jamais Abigail. J'ai beau lui dire de faire attention, c'est comme si parfois, je parlais à un mur voir la tour de Londres. Généralement, elle n'est pas têtue exceptée sur ce point. Puis évidemment quand un souci arrive, elle regrette. Dans ces moments-là, je suis incapable de me mettre franche en colère. Heureusement qu'Harper est là.

Je suis enfin sorti de Sainte-Mangouste. Je voulais repasser par mon Loft me changer, mais le temps qui m'est imparti est trop court. Dehors, il fait froid. Rien de bien méchant en tout cas pour ma personne. Il faut noter que les hivers dans mon ancienne contrée sont beaucoup plus rudes et glacials. Mon corps est entraîné. De ce fait, je n'ai qu'un manteau long et un foulard autour du cou. Evidemment, je n'ai pas pu me débarrasser de mon costume. Tant pis, je ferai avec. Ma démarche est rapide comme si je me trouvais dans les couloirs de l'hôpital. Je tente de regagner quelques précieuses secondes. J'ai rendez-vous au Regent's Park. Je consulte une nouvelle fois ma montre. Je sais que ça va être juste.

Ca y est, je devine Abigail au loin. Elle vient à ma hauteur en même temps que je me rapproche. Visiblement, au vu de la couleur de son teint, ce que je redoutais se confirme. Elle a attendu dans le froid.

– Navré de t'avoir fait attendre. Mais on aurait dû se donner rendez-vous dans un lieu où tu aurais pu être au chaud. Parce qu'au vu de ta tête, tu es arrivé depuis un bon moment. Tu sais que ce n'est pas bon pour toi.

Je sais. Le médicomage a tendance à montrer le bout de son nez plus vite que l’ami. Néanmoins, lorsqu'on connaît son dossier comme moi, il m'est viscéralement impossible de ne pas souligner ce fait.

– Pardon. C'est plus fort que moi. Les habitudes ont la peau dure. Tout d'abord bonjour.

Même avec mes amis, j'ai du mal à utiliser un langage souple. Un restant de mon éducation que j'ai bien du mal à oublier. Donc ce qui est salut, coucou et compagnie est à mettre au placard encore dans mon vocabulaire. Le plus dur a été de me débarrasser du vouvoiement. Dans la demeure des Dimitrov même entre parents et enfants, cela n'est pas toléré. Mes frères, ma sœur et moi, nous l'utilisions quand les parents ne se trouvaient pas et encore, on avait peur qu'un des elfes de maison le rapporte. Car tout manquement à cette règle était irrémédiablement sanctionné.

– Et pour répondre à ta question, fatigué, mais bien. Et toi ?

Je sens qu'il fait plus froid en restant statique ici et je suis conscient que ce n'est pas du tout une bonne chose pour Abi. Donc, une fois, les politesses passaient, je comptais bien lu proposer d'aller au chaud prendre un chocolat. Genre de boisson à laquelle elle ne résisterait certainement pas.

– Oui et je n'ai pas ça pour toi. Et ne me dit pas que ce n'est rien. Le fait que tu sautes comme un cabri m'indique le contraire. Donc allons au Broad Walk Café. Tu te sentiras bien mieux avec de leur nectar au cacao.

Voyez, je ne le fais pas exprès ma nature de médicomage ressort encore plus lorsque je vois le comportement d'Abi. Bon d'accord,  celle-ci a tendance à reparaître tout le temps. Sauf que pour cette femme, c'est plus poussé. Elle est si fragile. Puis Harper n'aurait aucun scrupule à me transformer en borsh pour se venger de ne pas avoir fait attention à sa précieuse moitié. Il n'y a rien de plus dangereux qu'un homme amoureux.

Nous nous mettons en route alors que je lui réponds :

– Tu sais bien que pour toi, je trouverai toujours du temps.

Abi est quelqu'un de très précieux dans mon existence. Je vous arrête tout de suite. Oui, il y a de l'amour entre nous. Sauf que ce n'est pas romantique. C'est purement amical. Elle m'a aidé durant mon intégration à l'Ordre qui a été particulièrement dur. Chose que je peux comprendre au vu de ma famille. Puis quand Jack, qui était un de mes rares amis, a disparu, elle était là encore. Pour ce qui est de Harper, je l'apprécie bien que je le connaisse bien moins qu'elle.

– Si tu voulais me voir pour savoir mes avancées, je te le dis tout suite, je n'ai pas de nouvelles piste. Je suis navré de n'avoir rien à t'apporter.

Du coin de l’œil, je commence à apercevoir la vitrine extérieure de notre but. Visiblement, il n'y a pas trop de monde. Il faut dire qu'avec ce froid, la plupart des gens préfèrent rentrer vite chez eux et rester au chaud. Arrivé, j'ouvre la porte pour laisser passer Abigail...

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Abigail MacFusty
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Mon allégeance : Ordre du Phénix
Mar 20 Fév - 16:16

Devine !
Février 2022

Aux paroles de Sevastian, je levais les yeux au ciel non sans cacher mon amusement. Encore et toujours des sermons concernant ma santé. Le pire, c’était qu’il ne connaissait pas encore mon état du moment. Ce sera pire ! Olala je ne savais pas si je devais me réjouir ou non, toutefois, cette idée m’amusa plus que ce nécessaire. D’un geste de la main je lui signifiais que je ne lui tenais pas rancune de son discours un peu moralisateur. J’avais l’habitude depuis mon enfance qu’on me dicte ce que je devais faire. D’abord avec mes parents et les médicomages puis avec d’autres encore. Avec le temps, je préférais garder le secret et mettre dans la confidence qu’une poignée d’individus pour m’éviter ce genre de remarques, mais aussi pour éviter des inquiétudes exagérées et déplacées. Je n’étais pas non plus handicapée, et je refusais d’être traitée de la sorte. Sevastian le savait, mais que voulez-vous ? Fuyez, et les habitudes reviennent au galop.

— De même. Je pense d’ailleurs que ma tête, comme tu dis, viens plus de mes insomnies que du froid.

C’était à moitié vrai. Sensible au froid, je l’étais, pour sûr. Mais en ce moment, mes insomnies avaient redoublé, et ce n’était pas dû au fait des cauchemars. Pour une fois, ça ne l’était pas, ou en tout cas pas totalement. C’était surtout ces nausées qui ne me quittaient plus depuis deux mois. Aucune inquiétude à avoir, d’après le gynécologue. J’étais juste sensible.
Sans blague. Merci captain obvious.
Je ricanais à la nouvelle remarque de mon ami qui m’identifiait à un cabri alors que je sautais d’un pied à l’autre dans le vain espoir de me réchauffer sensiblement. Vivement le printemps, oui. Avec ses fleurs, son soleil et le réveil de la nature. Grand Merlin, ne pas me transformer sous ma forme animagus cette année me manquera. La truffe si développée du chien était merveilleuse quand tout fleurissait. Mes sens bien plus développés me permettaient une immersion pour ainsi dire parfaite dans cette nature que j’aimais tant. Ma condition humaine m’empêchait toutefois de pleinement savourer, et cette année… Bah, passons. C’était ainsi, pour le bien de Jack.

— Ou un bon thé tchaï !

Répliquai-je sans me démonter. J’évitais le chocolat chaud, à cause du lait. À présent, je devais me méfier de ce que j’avalais. C’était chiant, surtout avec l’épouse qui était la mienne, mais c’était ainsi. Pour la bonne cause. Sans que je ne sois alcoolique, je devais admettre qu’une goutte de vin ou de bière de temps en temps commençait déjà à me manquer. Ça avait été difficile durant les fêtes. Mais je ne pouvais me permettre aucun écart à cause de ma santé fragile. Je m’en voudrais trop s’il arrivait malheur à Jack par ma faute.
Je lui emboitais le pas alors que nous nous dirigions vers le café. À regret, je quittais du regard le parc, sa tranquillité et son silence. Il devait être bien plus animé les beaux jours. Aujourd’hui, il n’y avait que les habitués, les courageux ou ceux qui n’avaient pas le choix, car ils promenaient leurs chiens. Je souris en songeant au vent glacial qui frappait tous les jours Soay. Ici, la température, le climat étaient différents.

— Oh non, je ne voulais pas spécialement te voir pour ça, ne t’inquiète pas. Je haussais un peu les épaules pour étayer mes propos. Voilà des années que mon dossier médical ne m’intéressait plus vraiment, que ce soit pour ma santé, ou pour mon agression à la pleine lune de juin passé. Je voulais simplement passer un peu de temps avec un ami… et le faire sortir de son trou pour qu’il prenne un peu l’air.

Taquine, je le poussais doucement du coude. Sevastian et moi étions des acharnés du travail, sans craindre de faire de nombreuses heures supplémentaires. Pour autant, il était toujours bénéfique de sortir de temps en temps le nez des affaires professionnelles pour pouvoir s’y replonger avec l’esprit plus ouvert et moins fatigué. J’espérais pouvoir apporter au moins cela au sorcier alors que je pénétrais dans le café. Je savais qu’il ne lésinait pas sur ses heures et je ne voulais pas abuser de son temps, mais il y avait des choses dont je devais parler avec lui et, sincèrement, je voulais avoir de ses nouvelles.
Après tout, la cicatrice qui barrait l’une de mes joues me trahissait. Si la guérison se déroulait bien, je gardais des lésions avec des maux de tête terribles. Jack n’y pouvait rien.
Je prenais place à une table libre à côté de la grande fenêtre qui donnait sur la rue et le parc. Je retirais mon manteau, mais gardais ma vieille écharpe jaune et noir nouée autour de mon cou. Tranquillement, je retirais mes gants et frottais mes mains l’une contre l’autre en regardant Sevastian s’installer. En attendant la serveuse, je le questionnais.

— Alors ? Quoi de neuf depuis le temps ? Ça va à l’Ordre ? Tu as eu de nouveaux ennuis ?

Discuter de la guerre qui opposait les sorciers et les moldus me piquait le cœur comme un millier d’aiguilles. Surtout que je m’inquiétais à présent, peut-être plus que de raison, pour Jack. Dans quel monde allais-je le mettre au monde ? Cette question me terrifiait. La guerre, pour la première fois, me terrifiait. Pas pour ma sécurité. Pour celles que j’aimais, et ceux qui n’étaient pas encore forcément là.
De par son sang, je savais que Sevastian avait eu des problèmes au sein de l’Ordre. S’il n’était plus un membre nouveau, je savais qu’il pouvait y avoir encore quelques récalcitrants. Je voulais m’assurer que tout aille bien pour lui, c’était plus fort que moi. À présent accoudée, j’enfonçais mon menton dans la paume de ma main gauche, là où le tatouage magique en mouvement qui ornait mon bras et mes doigts s’immobilisait en lieu moldu.

— Du coup, si tu n’as pas de nouvelles pour mon dossier, tu t’en sors quand même dans tes autres projets ?

Non pas que je sois une experte en médicomagie, mais parfois, parler de solutions de guérison pouvait m’être utile pour ma propre profession en tant qu’enseignante de soins aux créatures magiques. Sans compter ma fonction de dragonologiste dans les Hébrides, évidemment.

 

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Sevastian Dimitrov
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Mon allégeance : à l'Ordre du Phoenix
Mar 27 Fév - 17:29
Qu'est-ce que ça a dans sa poche ?  ( Abigail )

Pourquoi Abi, faisait-elle des insomnies ? A l'entente de ce mot, mes yeux se font plus scrutateurs. Je tente de deviner ce qui pourrait en être la cause. En regardant rapidement, son visage, je vois des légères cernes. Mais rien d'alarmant. Le blanc de ses yeux ne présente aucune particularité à première vue. Pas de petits vaisseaux sanguins apparents. Aucun tâche non plus. Je tique en me rendant compte qu'elle semble plus fatiguée. Cependant, la cause est le manque de sommeil. Certes, son teint est pâle, ce qui pourrait être dû au froid. Avec ses couches de vêtements, je ne peux pas voir, si elle a maigri ou non. Son discours est clair et censé. Donc la privation n'est pas si importante ou n'a pas encore de réels effets. Oui, je sais le mode médicomage s'est rallumé de lui-même. Néanmoins, je n'y peux rien, je suis comme ça en permanence. C'est devenu une seconde peau. Une chose aussi naturelle que respirer. Cependant, je suis encore plus prudent avec ma meilleure amie à cause de l'attaque de Loup-garou qu'elle a subi. Cela pourrait être des effets à retardement. On en sait si peu sur les morsures sans transformation. Ou cela peut-être ses mauvais songes... Enfin, si je continue de la sorte sans parler, elle va m'étrangler même si elle est la patience incarnée avec ma personne.

– Oui, je sais. Je ne suis pas censé te dévisager de la sorte. Je n'ai pu faire qu'une observation rapide, voir si je détectais un signe.

Je ne peux m'empêcher de toujours m'inquiéter pour elle. Il faut dire qu'elle a été mon ancre dans l'ordre alors que la plupart mettaient en doute mes convictions. Que voulez-vous être un sang-pur est déjà difficile ? Toutefois, avec mon nom c'est encore plus inimaginable que je puisse prendre le parti des nés-moldus et des moldus. C'est pour cela que je veux être un soutien pour elle. Bien sûr, je ne veux pas prendre la place d'Harper. Ce n'est absolument pas de cette manière que je la vois. Mais presque comme une sœur. A ce moment, j'ai une pensée pour la mienne. Cependant, j'étais contraint d'être distant à l'époque. Car si je lui avais témoigné trop d'affection, notre père l'aurait encore plus maltraité pour me punir. Parfois, je regrette de ne pas avoir désobéi et gardé le contact avec ma fratrie. Néanmoins, c'est eux qui auraient subi les conséquences de ce choix. Je porte leur absence en moi. Souvent, je pense que si je n'ai pas pu construire quelque chose, ce n'est pas seulement à cause de mon travail. Mais bien à cause de ma peur de m'attacher et la culpabilité d'avoir abandonné les trois petits. Je secoue la tête et continue :

–  Tu es sûre que tu ne me caches rien. Tu me le dirais si tu sentais que ton corps a de mauvaises réactions. A moins que ce soient tes cauchemars qui sont de retour ? Est-ce que j'ai tort ?

Comme toujours, la phœnix noie le poisson pour pas que je m’inquiète. Mais je n'y peux rien. Il faut dire que mes relations sont très limitées. Je n'ai plus de contact avec ma famille depuis presque dix ans et en dehors de Harper et elle, je ne vois que des collègues ou des membres de l'ordre. Et pour ce qui est des femmes, disons que c'est le calme plat même si j'ai de temps en temps une aventure qui ne dure jamais longtemps du fait que je suis débordé. J'en ai pris mon parti pour le moment.

– Comme tu veux. Pour ma part, j'ai trop envie de sucré au vu de ma journée. Et je parie que je vais même rajouter certainement un truc à manger.

Nous nous rendons donc au Broad Walk Café. Elle avait juste envie de voir ce qui me fait plaisir. Puis c'est vrai que je n'ai pas fait beaucoup d'effort ces derniers temps. Mais avec le cas d'Augusta et la prochaine visite de quelqu'un du Magenmagot, je suis un peu sur les nerfs. Je roule des yeux en entendant la fin de sa phrase.

– Je sais bien que je me fais rare et qu'Harper et toi pensez que j'en fais trop. Néanmoins, j'ai un cas très délicat à gérer ces derniers temps. D'ailleurs, la pauvre femme va devoir subir un interrogatoire au sujet de son agression alors qu'elle vient juste de sortir du coma. C'est tellement dur de ne pas pouvoir la soigner complétement. Parfois, je me sens si impuissant.

Oui. Si j'ai choisi cette voie, c'était pour compenser le mal que ma famille avait commis envers tous ceux qui n'étaient pas comme eux. Souvent, je me dis d'ailleurs que ce n'est pas suffisant.

Nous arrivons enfin à notre destination.Abi rentre la première et je la suis sur ses talons. Elle choisit une table et je m'installe en face. Elle retire ses affaires tandis que machinalement, j'observe autour de nous. Je repaire la sortie de secours et les points d’accès. C'est un réflexe que j'ai acquis au fil des années en tant que membres de l'Ordre. Quand on arrive sur les lieux, toujours savoir par où s'échapper.

– La routine quotidienne. Je sais, tu vas me dire qu'il faut que j'aie une vie en dehors de Sainte-Mangouste. Mais honnêtement, je ne sais pas si j'en suis capable.

Ou plutôt si j'y ai droit étant donné le karma noir que je me traîne en étant un Dimitrov.

– Quand  à l'ordre, il y a quelques nouveaux. Certains sont sur leur garde à cause de mon patronyme. D'autres en font abstraction. Signe que les choses commencent à se normaliser et à changer. Les mangemorts bénéficient encore de ce qui s'est passé à Piccadilly et cela me rend fou que la population sorcière oublie si facilement les actions d'Harry contre eux. Je ne comprends pas pourquoi les gens retombent si aisément dans leurs travers. Et toi, as-tu des choses à me révéler ? Comment va Harper ?

La serveuse arrive enfin. Je meurs de faim. Je laisse Abigail commandée en premier puis vient mon tour.

– Je vais prendre un Tiki Joe's Burger avec frites ainsi qu'un chocolat chaud s'il vous plaît.

La jeune femme part après avoir tout noté.

– Ne me regarde pas comme ça. Je n'ai pas eu le temps d'avaler quelque chose aujourd'hui.

Je lui donne ma réponse ensuite.

– Mes autres projets sont pour le moment suspendus. Il me manque certains ingrédients pour poursuivre mes recherches et grâce aux mangemorts, certains financements ont été réorientés vers des potions peu recommandables à mon grand désespoir. Des fois, j'ai la sensation que le conflit ne finira jamais. J'espère que l'on pourra arrêter enfin cette boucherie inutile.

J'en profite pour retirer mon long manteau et le pose sur la chaise d'à côté...

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Sam 2 Mar - 17:28

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Février 2022

Me doutant que Sevastian me passait au crible fin parce que j’avais prononcé le mot « insomnie », j’attendais qu’il se réveille de son observation en me contentant de hausser un sourcil amusé et de sourire lorsqu’il revint à lui. Je ne pouvais m’empêcher de le trouver aussi attendrissant qu’agaçant. Même si je savais que ça ne partait pas d’une mauvaise intention de sa part, être sans cesse couvée m’épuisait, car je subissais ce genre de regard soucieux depuis mon enfance. À tel point que jusqu’à l’année passée, je n’avais cure de ma santé ou des dangers qui m’entouraient. Avec le retour d’Harper dans ma vie, et maintenant celle de Jack, tout changeait. Si je m’y faisais avec peine, ce n’était pas non plus une sensation désagréable. Trop amusée par sa réaction, je me pinçais la lèvre sans retenir un sourire avant que nous prenions le chemin du café.

— Hé bien, si tu veux jouer aux devinettes, vas-y. Je cache peut-être effectivement quelque chose, qui sait ? C’est toi le médicomage après tout. Mon corps va très bien, en dehors des rhumes et des grippes habituelles, que je soigne, comme d’habitude. Mes cauchemars sont de retour, mais comme tu le sais, j’ai un suivi psychomagique depuis la fin de l’année passée.

Je traversais la route, les mains dans les poches non sans rire intérieurement. J’aimais mener Sevastian par le bout du nez, surtout avec cette annonce que je voulais lui faire dont il serait le seul, en dehors de Harper, à être mis dans le secret. Parce qu’il était médicomage. Parce que, même s’il n’était pas spécialiste dans les cas comme le mien, je pouvais toujours compter sur lui en cas de besoin. Parce que j’avais davantage confiance en lui qu’en tous les médicomages de tout Sainte-Mangouste rassemblés.

— Entre le décès de mon frère que je travaille, le trauma de la pleine lune… j’imagine que mon cerveau a de quoi sortir les cauchemars maintenant que j’essaie d’affronter les problèmes en face. Je le regardais en biais. Qu’en dit le médicomage en toi ?

Oui, je m’adressais bien au médicomage et non pas à l’ami, puisqu’il voulait jouer avec ça, autant y aller à fond. Je gloussais en l’entendant souhaiter manger quelque chose. Ça ne m’étonnait pas. Depuis combien de temps n’avait-il rien avalé ? Est-ce que seulement il avait dormi cette nuit ? À voir son allure, il semblait aller bien, mais je savais ô combien les médicomages savaient cacher leurs jeux quand cela s’avérait nécessaire.

— Parle-moi de ce cas, si tu le peux, bien sûr. Court instant de silence avant de reprendre. On a tous eu un moment où on en faisait trop… sauf peut-être Harper, elle ne s’est jamais foutu la santé en l’air pour le travail. Je ricanais. Ce que je veux dire, c’est que je sais ce que tu veux dire et ce que tu traverses, et je ne cherche pas à te freiner. Je déposais une main sur son bras. Je t’encourage à prendre soin de toi.

Devant le café, je m’arrêtais devant la porte pour le regarder franchement dans les yeux, ce que je faisais rarement à cause de ma trop grande timidité.

— On me dit tout le temps que si je ne prends pas soin de moi, je ne peux pas prendre soin des autres. Songes-y toi aussi.

Après un petit clin d’œil amusé, je rentrais dans le café, non loin de la fenêtre, là où je pouvais à ma guise observer les gens dehors, mais aussi dans le café. Une position que j’adoptais maintenant sans m’en rendre compte, tout simplement parce que j’étais trop introvertie pour tourner le dos à la foule.
Loin de moi l’idée de critiquer la vie que menait Sevastian. Après tout, durant de longues années j’avais erré seule, en vivant recluse sur une île perdue en plein océan dans l’archipel des Hébrides Extérieurs. Si j’y vivais encore avec Harper les week-ends et durant les vacances, je n’étais plus seule à présent. Il serait mal venu de ma part de critiquer le train de vie de Sevastian et davantage sa solitude. Tout ce que j’avais dit précédemment était vrai : je voulais simplement qu’il prenne soin de lui.
Un soupir traversa mes lèvres alors que je baissais le visage sur mes posées sur la table.

— Moi aussi, cette situation me rend dingue… toute cette guerre me rend dingue… Je crois que… le propre de l’être humain s’est de toujours jugé sur les mauvais choix et non pas les bons. On a toujours tendance à oublier le positif, même dans les relations personnelles je veux dire… On doit être mal câblé quelque part, je ne sais pas… mais cette guerre me fait de plus en plus peur… dans quel monde ferons-nous naître nos enfants ? Est-ce qu’ils pourront vivre dans la paix ou dans les conflits ? Est-ce qu’ils devront se battre avant l’âge de raison ? Est-ce que leurs innocences seront-elles bafouées à cause des conflits ?

Je passais une main nerveuse sur mon visage pour chasser toutes ces questions et toutes ces pensées qui, apparemment, me hantaient bien plus que ce que je laissais croire. Et pour cause ! Quand la serveuse nous interrompit pour prendre nos commandes, je retrouvais mon air serein.

— Un thé tchaï avec du lait soja ou avoine s’il vous plaît, et une salade de fruits.

Je me méfiais de la composition de ce qui se trouvait dans les pains au chocolat et autres sucreries qui pourtant me donnaient envie. Jamais auparavant Sevastian m’avait entendue sélectionner le lait à ce point. Un nouvel indice pour lui ? Saura-t-il le déchiffrer ?
Je préférais les cuisiner moi-même pour le moment jusqu’à ce que le gynécologue me donne le feu vert. Avec ma santé déjà fragile de base, je ne voulais prendre aucun risque pour Jack.
Ensuite, je reportais mon attention sur Sevastian.

— Pas grand-chose à te révéler non, ou alors, encore une fois, devine. J’eus un sourire carnassier avant de reprendre. Harper va bien, elle est fidèle à elle-même, tu sais. Je crois savoir qu’elle a essayé de recontacter sa mère, en vain. Alors, elle se contente de son père sénile et un peu fou. Quant à sa sœur, pas de nouvelles depuis plusieurs mois aussi, mais au moins, elles ne sont plus fâchées, c’est déjà ça.

Je tapotais de l’index sur la table, le visage à moitié camouflé derrière mes cheveux.

— On va de l’avant, on s’apprivoise dans nos vies quotidiennes, on est heureuse… Je grimaçais. Il y a juste cette guerre de merde…

Marmonnais-je.

— Mais je suis contente qu’il y ait du nouveau pour toi dans l’Ordre… et je ne vais pas juger ce que tu vas manger, je me doute bien que tu dois avoir les crocs. Tu n’as pas mangé depuis quand ?

Je ne cachais pas mon sourire, même si l’idée d’avaler un burger avec du chocolat chaud à cette heure-ci me donnait la nausée. Décidément, je devenais vraiment sensible et c’était d’ailleurs un miracle que les odeurs ici ne m’agressent pas. Tout ne baignait pas dans l’huile, heureusement. Avec on ne peut plus de sérieux, j’écoutais attentivement ses confidences, les sourcils froncés par la concentration.

— De quels ingrédients as-tu besoin ? Je peux peut-être t’aider ?

Que ce soit des compositions des créatures magiques ou autre, j’avais des relations et mes propres expériences en botanique. Arondella était une fine lame en potion et j’avais d’autres contacts au besoin.
Quand la serveuse revint avec nos commandes, je la remerciais non sans loucher sur le burger de Sevastian. L’odeur, bien que normalement alléchante, me rebuta. Je fronçais le nez et détournais les yeux sur la fenêtre pour me concentrer au-dehors et tenter d’ignorer l’odeur des frites et de la viande cuite. Un frisson me parcourut l’échine et je me sentis blanchir.
Bordel je détestais cette sensation, et prendre une grande inspiration ne m’aidera clairement pas. Je fermais les paupières et me concentrais quelques secondes.
La nausée passée, je revenais sur mon ami, feignant mon malaise.

— Et sinon, en dehors du boulot… est-ce que tu as bien fêté les fêtes de fin d’année ?

Parler boulot ça allait cinq minutes, mais à un moment donné, il y avait d’autres sujets, n’est-ce pas ?

 

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Mer 27 Mar - 16:14
Qu'est-ce que ça a dans sa poche ?  ( Abigail )

Sa phrase m'interpelle. Que suis-je censé voir qu'Abi me cacherait ? Oui, j'ai remarqué la fatigue à cause de ses traits un peu plus tirés que d'habitude. Mais même si je suis médicomage, je ne suis pas un devin. Je repasse les images de mon observation précédente dans ma tête voir si je décèle quelque chose. Cependant, rien ne me fais tiquer en dehors de ce que j'ai dit tout à l'heure.

– Honnêtement, comme ça, je ne peux ni dire oui ou non à ta devinette. Mais peut-être faut-il que je mange un peu pour que mon cerveau percute la réponse à ce jeu.

Puis en attendant le retour de la serveuse, je rajoute :

– Et cela se passe toujours bien ton suivi.

Après l'énumération des choses auxquelles mon amie doit faire face, je trouve d'une certaine manière ma réponse.

– On va dire que ça a l'air. Mais bon te connaissant, je suis certain que tu prends encore beaucoup trop sur toi, au lieu de partager le fardeau comme tu devrais le faire. Toutefois, on ne change pas une tête de mule. N'est-ce pas ?

Je sais parfaitement que sa réaction ne tardera pas comme toujours. Cependant, j'éprouve un peu de plaisir à la taquiner de cette façon. Cela me rappelle ma complicité avec mes frères. Evidemment, pendant une seconde, une trace de tristesse a dû apparaître dans mes prunelles. Toutefois, je ne veux pas m'y attarder. J'ai fait des choix qui ont entraîné des conséquences. Néanmoins, si j'avais gardé le contact avec eux, mon géniteur se serait vengé sur notre petite sœur et cela aurait été également une torture pour Dim et Grigri. Puis si je m'étais engagé dans la voie que je suis aujourd'hui, père les aurait utilisés pour m'en empêcher et continuer à me contrôler à sa guise. A cet instant, une image de Dim me revient. Il était petit et j'espère que jamais il ne se souviendra de cette scène. J'avais commis la bêtise de me mettre à courir dans la maison. Sans le vouloir, j'avais glissé et percuté un vase qui valait une petite fortune. Je me souviens encore de la colère de Père et pour me punir, il avait frappé Dim à ma place. Il n'avait que deux ans. C'était soit disant pour m'apprendre le sens du mot responsabilité. Afin que je n'oublie jamais que les conséquences seraient payées par mes proches. Car il savait que c'était beaucoup plus douloureux que je les vois souffrir que de recevoir moi-même la sentence. Sympathique ?

Je réponds à Abi :

– En ce qui concerne cette femme, je ne peux pas te dire grand-chose, car l'enquête est en cours.

La sorcière recommence c'est recommandation sur ma capacité apprendre soin de moi.

– Je sais que tu as raison. Mas parfois, j'ai besoin de ça pour me sentir légitime dans le chemin que j'ai choisi de prendre. Tu sais combien ma famille a été néfaste au monde sorcier et pas seulement dans mon pays. C'est le moyen de rétablir un peu la balance même si elle ne sera jamais rééquilibrée.

Etrangement, Abi me parle de sa peur au sujet de l'avenir des enfants par rapport à ce monde que nous forgeons et qui est de plus en plus sombre. Ce n'est pas son genre de pensée de cette manière et cela me fait tiquer.

A cette seconde, je lui dis :

– C'est l'une des raisons qui me fait me dire que c'est mieux si je n'en ai pas dans l'avenir. Ca et la sinistre réputation de ma famille. Et j'aurai trop peur que mon père ou mon oncle tente d'avoir une influence sur ma progéniture. Ils sont tellement doués dans la manipulation. D'ailleurs, tant qu'ils seront en vie, ils seront une menace sur mon futur.

Souvent, j'ai fait des cauchemars où je rêvais que ses deux tortionnaires voulaient me supprimer afin de purifier la famille. Et malgré les années, je peux encore imaginer que c'est une chose possible et en ressentir l'angoisse qui me tenaillait les entrailles.

C'est à ce moment que la serveuse revient et dépose notre commande.

– Merci, cela sent divinement bon. Pour ta guise depuis six heures ce matin.

Oui, je suis lâche, car je tente d'esquiver ce que pense la jeune femme de ma réflexion. Et sans attendre, je mords dans mon burger. Espérant qu'elle passera au-dessus. Oui, je sais, c'est illusoire. Mais on dit bien que l'espoir fait vivre chez les moldus. Non ?

Elle me raconte alors son quotidien, sa vie de couple avec Harper. Les banalités de cette vie que je n'ai jamais connue. Parce que je me suis toujours débrouillé pour que mes histoires ne deviennent pas assez sérieuses pour envisager un début de cohabitation à deux. Elle me propose son aide pour ce qui me manque en produit pour mes recherches.

– C'est adorable de ta part. Mais avec le nouveau conseil d'administration, il n'est plus permis d'amener des produits de l'extérieur. Ils veulent tout contrôler pour être certain que rien de dangereux pourrait être introduit dans l'hôpital. Donc tu sais que je me fais déjà rappeler à l'ordre parce que j'ai tendance à suivre plus mon instinct que le protocole. Il est donc préférable que je n'attire pas plus l'attention en ne respectant pas cela.

Puis je remarque que plus je mange et plus Abi à l'air dégoûté ? Je me fais sûrement des idées. Toutefois, je vois bien son nez qui se retrousse comme si quelque chose l'a gêné. Mais je n'arrive pas à assembler les pièces du puzzle pour le moment. Pourquoi cela me titille ?

– Ma vie en dehors du bouleau ? Est-ce que je dois te dire la vérité ou bien mentir pour échapper à ton regard accusateur et à tes réflexions sur son absence ? Par contre pour les fêtes de fin d'année, je suis allé aider au service pédiatrique pour les enfants qui n'avaient pas de proche avec eux. En ce qui concerne le jour de l'an, j'ai participé à la soirée avec des collègues. D'ailleurs, la nouvelle a tenté de me draguer d'une façon si peu discrète que cela m'a rendu extrêmement froid avec elle. Je sais, tu vas me dire que j'aurai pu me laisser tenter. Mais tu sais bien que je préfère m'abstenir d'avoir des relations sur mon lieu de travail. Parce que c'est ingérable ensuite lorsqu'elles comprennent que ça n'ira pas plus loin qu'une relation sans engagement définitif.

En clair, pour moi, le mariage est absolument hors de propos comme je l'ai révélé plus tôt. Mais il faut me comprendre, je ne me sens pas le droit de lier ma vie à un autre être...

(c) Dey



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Devine !
Février 2022

Je ris avec une sincérité légère aux paroles de mon ami. Au moins, ça avait le mérite d’être franc, et Sevastien le savait bien : j’adorais la franchise, quitte à ce qu’elle me fasse du mal.

— Heureusement qu’on s’est arrêté ici, comme ça tu auras ton carburant. Et je te promets de te donner plusieurs indices.

Je lui fis un petit clin d’œil amusé. Sans perdre mon air goguenard, j’entremêlais mes doigts.

— Je prends sur moi ce que je dois prendre, je te promets. J’ai beaucoup de charges et j’ai beaucoup à faire, c’est ainsi, et surtout, j’aime ce que je fais. J’ai délégué au maximum, crois-moi ou non. Et bon, tu es mal placé pour me faire la morale.

Un large sourire fendit mon visage à mes dernières paroles. Nous avions tous les deux beaucoup de charges, nous avions tous les deux beaucoup à faire et nous avions tous les deux tendances à oublier notre vie privée. Pour autant, je disais la vérité : depuis que j’avais retrouvé Harper et depuis notre mariage, j’avais délégué beaucoup de mes tâches, et je m’apprêtais à en faire davantage. Pour Jack. Et mon petit doigt me soufflait que Sevastian était loin d’en faire autant. Mais je ne me permis aucune remarque. On ne change pas si facilement une tête de mule, n’est-ce pas ?
Respectueuse du secret auquel étaient liés Sevastian et sa patiente, je me contentais de hocher la tête à son silence. Inutile d’insister, de plus, ce n’était pas ma place, même si j’avais le profond désir de l’aider du mieux que je le pouvais.
Ainsi, un sourire plein d’empathie étira mes traits. Oh, je n’avais pas pitié de Sevastian et de sa situation familiale, la pitié n’avait pas sa place dans cette situation, mais il avait tout mon soutien et il le savait. De plus, je l’avais toujours trouvé courageux de s’être soulevé ainsi face à sa famille pour suivre son propre chemin. Cela lui avait apporté bien du tort, mais j’étais certaine qu’il avait tout à gagner en contrepartie.

— Je vois ce que tu veux dire, et tu as raison de te battre… mais encore une fois, à être trop crevé tu vas commettre des erreurs et ça va te desservir. Comprends-moi : je ne cherche pas à t’arrêter, au contraire. Rappelle-toi juste que le repos fait partie du travail.

Je n’insistais pas plus. À quoi bon ? Sevastian était qui il était, tout comme moi j’avais mon propre caractère. Encore une fois, nous étions carriéristes tous les deux, et nous trouvions bien des consolations de nos vies privées dans nos professions. C’était normal qu’il s’acharne de la sorte, d’autant plus que pour lui, il s’agissait de vies humaines. La charge devait être d’autant plus lourde que celles que j’avais, bien que je m’occupe aussi de plusieurs vies.
Ainsi, son discours quant à sa vie privée et le parallèle à la guerre faisait écho en moi. Pendant longtemps j’ai pensé la même chose, et je pensais toujours la même chose. J’avais peur. Vraiment très peur pour Jack. Mais devais-je attendre sur la fin éventuelle et hypothétique d’une guerre pour commencer à vivre mes rêves dans mon couple ? Ou alors, était-ce un raisonnement égoïste que de vouloir avoir un enfant à cette période ? Harper et moi étions pleines d’optimisme et nous voulions croire aux beaux jours. Il y en avait eu plein, il y en avait encore, alors, il y en aurait encore. Un voile assombrit mon visage. Mes épaules s’affaissèrent un peu et je poussais un soupir.

— Tu as raison, avec tes conditions familiales, ça ne doit vraiment pas être évident… mais ça ne doit pas non plus t’empêcher de vivre, tu ne crois pas ? je veux dire… si tu trouves la perle rare et que l’envie se fait, est-ce que tu vas vraiment t’empêcher vouloir un enfant parce que ta famille t’emmerdera par derrière ? Je soupirai encore. Enfin, tu me connais, je suis une grande rêveuse et utopiste… Je penchais un peu la tête sur le côté. Je suis heureuse d’avoir une famille aimante, qui protégera mon enfant s’il le faut.

Je me raidis. Je venais d’avouer, comme ça, l’air de rien, mon état. Mais Sevastian ne saisirait peut-être pas, pensant que je parlais d’un simple projet d’avenir. Je souris. La guerre et notre envie d’enfant avaient été à l’origine de longues discussions nocturnes entre Harper et moi.

— Avec Harper, on est arrivé à la conclusion qu’on ne veut pas s’arrêter de vivre pour des choses qu’on ne peut pas contrôler.

Un autre indice. Ma maladie, la guerre… à attendre un miracle, nous ne vivons pas. Alors, on a tenté l’expérience, on est allé de l’avant. Parce que j’avais la naïveté de croire qu’en avançant, on pouvait faire front à la situation.
La serveuse nous apporta nos commandes, et je salivais rien qu’à regarder ma salade de fruits. Le burger de Sevastian, en revanche, me tira une grimace. Eurk. Oui, OK, c’est bon à manger, mais pas là, maintenant, le matin. Un petit rire fit disparaître ma mimique.

— Bon appétit.

Je grignotais un fruit en écoutant la réponse de Sevastian quant au matériel que je pouvais lui fournir. Encore une fois, je me contentais de hocher la tête. Si le conseil d’administration avait restreint le truc, je ne pouvais pas m’y opposer, surtout que je mesurais sans mal les risques que pouvait prendre Sevastian pour cela. Hors de question pour moi de le mettre en difficulté. Au contraire, j’avais toujours tenu une situation de protectrice avec lui. Il n’était pas question de commencer à faire l’inverse.
Alors, je l’écoutais me parler de sa vie. Tantôt j’arquais un sourcil, tantôt je souriais. Enfin, je haussais les épaules.

— Je pense au contraire que tu as bien fait de ne pas lui sauter dessus. Ça prouve que tu as un certain code de l’honneur, et ça, ce n’est pas donné à tout le monde. Et tu as raison, avoir une aventure sur son lieu de travail c’est un enfer, crois-moi sur parole !

Je grimaçais en souvenir à ma dite expérience, puis mâchouillais ma cuillerée de fruits, songeuse, avant de reprendre.

— Je suis contente que tu n’aies pas été seul durant les fêtes. Je trouve toujours triste d’être seul à ce moment de l’année. Nous, on était en famille. On a bien profité, même si j’ai toujours envie d’étrangler Bonnie à la moindre occasion.

Bonnie, Bonnie, Bonnie… ma chère elfe de maison que j’aimais profondément. Une affection réciproque, et nous nous chamaillons toujours. Au point de vouloir nous tuer, ou presque.

 

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