Si pour certains le terme de vacances rimait avec farniente, voyage ou loisirs, ce n'était pas le cas de Hestia. Les vacances telles que la plupart des jeunes sorciers les voyaient, elle y avait renoncé depuis un moment. En fait, si elle y pensait, ça remontait même à avant qu'elle ne tourne le dos à sa famille. Il fallait dire que les voyages en famille, ce n'était pas vraiment le truc des Carrow, jouer les familles tout court non plus d'ailleurs mais ça c'était une problématique différente. Chez les Carrow, l'été se composait plutôt de sorties sociales et d'organisation de garden parties ennuyeuses, des moments que Hestia avait été bien loin d'apprécier, contrairement à sa mère qui ne jurait que par ça pour faire briller leur nom. Toutes les occasions étaient bonnes et puisque l'été offrait plus d'heures pour s'atteler à cette tâche Athena Carrow ne s'en était jamais privé. Au fond, la conception qu'avait la verte des vacances n'avait pas beaucoup changé entre ce temps-là et aujourd'hui. A l'époque elle passait déjà la plupart de ses journées penchée sur son chaudron, aujourd'hui la seule différence c'était qu'elle était payée pour le faire. Et que c'était une nécessité si Hestia voulait pouvoir payer son loyer et de quoi se nourrir. L'important, c'était que ça ne la dérangeait pas plus que ça. Si c'était là le prix à payer pour conserver sa liberté, alors Hestia le payait sans sourciller. Et puis elle n'avait pas vraiment de quoi se plaindre, certes elle se serait bien passée de devoir traiter avec des clients, souvent complètement à côté de la plaque, mais à côté de ça elle pouvait passer l'essentiel de ses journées à préparer des potions et à réfléchir à des mélanges, ce qui pour le coup la passionnait sans mal. Vraiment, la Serpentarde n'avait pas de réelle raison de se plaindre. Même si elle l'avouait aussi, comme elle en plaisantait régulièrement avec Adèle, elle n'aurait pas dit non à un petit voyage à Bali pour profiter des plages paradisiaques et se reposer un peu.

Cependant, Hestia n'était pas du genre à se plaindre. Sa situation actuelle, lui convenait parfaitement. Elle s’était libérée des chaînes de sa famille, ses études se passaient bien et elle travaillait dans le domaine qui la passionnait. Certes, elle ne roulait pas sur l’or et savait que son futur n’était pas aussi assuré que lorsque son nom de famille voulait encore dire quelque chose, mais tout cela ne pesait pas assez dans la balance pour lui faire regretter ses choix. Elle vivait enfin comme elle l’entendait et ça valait bien quelques sacrifices. Dont la notion de vacances. De toute façon, Hestia préférait amplement passer son temps à travailler sur ses potions, et puis ce n’était pas comme si elle ne profitait pas non plus de son temps en dehors de Poudlard. Depuis la fin de l’année scolaire, elle passait ses soirées avec Adèle, signe que leur colocation estivale se passait aussi bien que l’année passée, ou avec Thalia dont elle ne ratait aucune occasion de la voir et avait même passé un peu de temps avec Kayla, preuve que les relations entre les cousines s’amélioraient grandement. Mais cette fois-ci, ce n’était pas une de ces jeunes sorcières que Hestia s'apprêtait à rejoindre, c’était Aodhan. Elle aurait pu lui proposer de se rejoindre devant l’un de leurs lieux de travail respectif, puisqu’elle savait qu’il travaillait dans la boutique d’Alcyone, mais elle avait préféré écarter cette idée. La Serpentarde était consciente que depuis la dernière nuit à Poudlard, ils se fréquentaient et si Aodhan ne semblait avoir aucun souci à les considérer ensemble, elle n’était pas aussi à l’aise que lui. Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas être avec le Gryffondor, pas du tout, mais mettre des mots sur ses relations n’avait jamais été son fort. Qu’il vienne la chercher devant le Purple Vial à la fin de sa journée de travail lui avait donc paru un peu trop officiel à son goût.

A la place, Hestia avait proposé à Aodhan qu’ils se retrouvent dans l’artère principale du Chemin de Traverse, devant la boutique dédiée au Quidditch. Une boutique dans laquelle elle évitait désormais de rentrer puisqu’elle ne pouvait plus se permettre d’y dépenser de l’argent sans compter. Lorsqu’elle arriva sur place, la Serpentarde s'aperçut que si Aodhan était déjà là, il était également en plein accrochage avec un sorcier qui semblait clairement vivre dans la rue. Elle avait dit quoi déjà sur les ennuis ? Apparemment, elle n’était pas la seule qu’ils suivaient. Elle observa la scène de loin, les sourcils froncés en entendant l’inconnu mentionner les mangemorts mais sans réelle intention d’intervenir. Hestia doutait que le Gryffondor ait besoin de son aide et de fait, l’autre sorcier prit la fuite quand la baguette du rouge fut sortie. Tant mieux, elle n’avait aucune envie de gérer une bagarre en pleine rue, avec les tensions actuelles c’était le meilleur moyen de voir la police magique rappliquer et Hestia n’avait pas envie de faire face à ce type d’ennuis. Une fois le calme retrouvé, elle s’approcha d’Aodhan et n’opposa aucune résistance quand il l’attira à lui pour l’embrasser. Ses lèvres contre les siennes, elle répondit à son baiser, plaçant une main sur la joue du Gryffondor. Hestia avait bien dû admettre qu’il était clair désormais que l’amortentia n’avait plus rien à voir avec tout ça, et encore moins la manière dont Aodhan la regardait. Une idée qui n’était pas vraiment pour lui déplaire mais à laquelle elle s’efforçait tout de même de ne pas trop penser. « Salut. » La Serpentarde soutint son regard, maudissant les lunettes de soleil qu’il portait de rendre tout ça inégal. « Bonjour. » Un sourire vint étirer ses lèvres sans qu’elle ne puisse s’en empêcher.

Sa main dans celle du Gryffondor, Hestia se laissa entraîner dans les ruelles du Chemin de Traverse. Quand ils avaient convenu de se retrouver, ils n’avaient pas pris la peine de faire des plans mais il était clair qu’Aodhan savait où il se dirigeait. Pour une fois, Hestia choisit de ne pas l’interroger et de se laisser porter. « Alors, comment se passent tes vacances ? » La verte eut une brève expression amusée. Sa conception des vacances n’avait jamais vraiment ressembler à celle de ses camarades. Pas de temps en famille, dédié aux retrouvailles après des mois de séparation, pas de voyages, de visites ou quoi que ce soit de ressemblant. Seuls ses camarades de sang-pur pouvaient comprendre, et encore, toutes les familles n’étaient pas comme les Carrow. Maintenant, c’était encore différent, mais ça ne ressemblait toujours pas à l’idée classique que la plupart des gens avaient des vacances. « Les vacances ? Je ne suis pas sûre de savoir ce que c'est. » Répondit-elle avec un sourire en coin. Ce qui était loin de la déranger, qu’il ne se méprenne pas. Hestia aimait son travail et si elle n’y avait pas consacré ses journées, elle aurait tout de même passé des heures penchée sur son chaudron alors au fond ça ne changeait pas grand chose. « Je n'ai étranglé aucun client en une semaine, on peut donc dire que tout se passe au mieux. » Et vu comment certains pouvaient être casse-pieds, ça pouvait presque être considéré comme un miracle. Elle comprenait parfaitement pourquoi Giulia la chargeait de la gestion des clients à la boutique, à sa place, Hestia aussi se serait débarrassée de cette tâche au plus vite. Elle jeta un coup d'œil au Gryffondor. « Et pour toi ? » De ce qu’elle savait il avait un autre emploi en plus de l’Atelier des Pléiades, ce qui voulait dire qu’il avait encore moins de temps à sa disposition qu’elle. Et pourtant il en avait trouvé pour la rejoindre aujourd’hui.

Hestia ne fut pas particulièrement tranquille lorsqu’il la fit traverser le mur qui les séparait du monde moldu. Contrairement à tout ce que ses parents avaient tenté de lui inculquer, elle n’avait jamais développé de haine ou de dégoût pour les moldus, elle n’avait jamais souhaité leur destruction ou voir les sorciers prendre le pouvoir sur eux. En fait, elle n’avait tout simplement jamais vraiment eu d’intérêt pour cette partie de la population. Tant que chacun vivait dans son monde, ça lui avait convenu à la perfection. Mais maintenant que le secret sorcier n’était plus et que la guerre avait été déclarée, c’était différent. Même si Elise lui avait montré que tous les moldus n’étaient pas des monstres dignes du Blood Circle, elle les considérait tout de même avec une certaine méfiance. Elle était particulièrement bien placée pour savoir quels messages de haine pouvaient leur être inculqués. Elle avait grandi ainsi, et elle savait que parfois ces graines finissaient par germer. Ils en eurent l’exemple parfait lorsqu’ils entendirent de jeunes enfants chanter une comptine glaçante. Elle se tendit instinctivement et échangea un regard avec Aodhan. « Charmant. » Commenta-t-elle dans un soupir. La nouvelle génération de moldus serait donc pleine de haine pour les sorciers, super, c’était exactement ce dont ils avaient besoin. Une raison de plus pour que Hestia ne fréquente pas le monde moldu, non seulement elle n’en voyait toujours pas l’intérêt, mais en plus ils voudraient sa mort. Heureusement, les moldus n’avaient aucun moyen de deviner qu’ils étaient sorciers, tant qu’elle faisait attention à ce qu’elle disait, Hestia songeait qu’elle serait à peu près tranquille.

Du moins, jusqu’à ce que leurs pas les mènent sur une place où se tenait une fête foraine. Si elle se laissa entraîner par Aodhan, Hestia fut tout de suite envahie par un profond sentiment de malaise. Les lumières, les musiques, les odeurs, les attractions, elle connaissait bien tout ça. Pour y avoir vécu un des pires moments de son existence. Ce qui n’avait sûrement pas été le cas du Gryffondor puisqu’il s’y dirigea d’un bon pas, un air ravi sur le visage. Hestia, au contraire, était figée et devait lutter pour ne pas se laisser submerger par les souvenirs de ce jour-là. Elle revoyait avec précision tout ce qu’il s’était passé ce jour-là, entendait de nouveau les cris, pouvait presque sentir de nouveau la douleur et la terreur. Ce n’était que des souvenirs, mais Hestia devait serrer les dents pour ne pas qu’ils prennent le dessus. Elle ne comprenait pas comment les fêtes foraines pouvaient encore exister après ce qu’il s’était passé deux ans plus tôt. Soit les moldus avaient vraiment la mémoire courte, soit aucun de ceux présents aujourd’hui ne l’avait été à l’époque. Elle espérait que c’était la deuxième option, parce qu’au fond, elle ne souhaitait ça à personne. Comble du mauvais goût, un moldu déguisé en clown jouait les videurs et s’amusait à courses les gens pour les inciter à entrer pour avoir testé irl c’est le max de l’angoisse ce truc mdr. Quand il vint dans leur direction, Hestia lui adressa un regard noir. « Ne me touche pas. » Prévint-elle d’un ton sec qui découragea le clown de s’approcher davantage. Il eut presque l’air blessé de sa réaction mais c’était bien la dernière des préoccupations de la Serpentarde. Elle tourna la tête vers Aodhan en sentant sa main se poser sur sa taille. « Les fêtes foraines c’est très surfait. » Elle afficha une moue pas convaincue. Il ne le pensait pas un seul instant ce qu’il disait, mais Hestia se garda bien de le contredire, elle ne se sentait pas du tout de mettre un pied dans cet endroit.

Au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient, la Serpentarde s’efforça de se détendre. Si Hestia pensait avoir laissé tout ça derrière elle mais force était de constater qu’elle avait tort. « Tu y étais en 2019 quand ils ont attaqué… ? » Machinalement, Hestia serra la main d’Aodhan un peu plus fort dans la sienne. Elle n’avait pas repensé à l’attaque depuis des mois, des années et elle n’aimait pas se rendre compte que le traumatisme était tapi là au fond d’elle. Et qu’il était si simple de le faire ressortir. Elle qui avait vécu bien d’autres choses depuis, en portrait des blessures cachées. Elle se voulait intouchable, c’était raté. Mais si habituellement elle camouflait tout ça sous un masque d’arrogance et faisait comme si de rien n’était, cette fois elle savait que c’était peine perdue. Aodhan avait vu sa réaction et elle si elle n’avait pas envie d’étaler tous ses états d’âme, elle n’avait pas non plus envie de lui mentir. Ses mensonges -ou plutôt ses silences- lui avaient déjà bien assez couté comme ça. « Oui. » Elle prit une profonde inspiration, ses prunelles braquées sur la rue. « Je m'en suis bien sortie, comparé à certains. » Ce qui était à la fois vrai et complètement faux. Elle s’en était sortie avec une lame plantée juste sous son épaule, des contusions et pas mal de sang perdu, mais quand elle repensait aux brûlures subies par sa sœur et Elise, elle considérait qu’elle avait eu de la chance. Si tant est qu’on puisse parler de chance dans un tel contexte. « Mais c'était... Marquant. » Le terme précis aurait certainement été traumatisant mais Hestia n’était douée ni avec les mots, ni avec ses émotions. Et encore moins avec le fait de dévoiler des faiblesses. Elle devait déjà fournir un effort pour ne pas tout simplement se renfermer sur elle-même et garder le silence. Il ne fallait pas non plus trop lui en demander.

Quand Aodhan tira sur sa main, Hestia consentit à s’arrêter. « Je suis désolé. Parfois… j’agis sans réfléchir et je fais des conneries. » La Serpentarde leva les yeux pour le contempler un instant en silence. Parfois, oui bien sûr. Ce n’était peut-être pas ce terme que Hestia aurait choisi. Mais elle préféra ne pas s’attarder sur ce point, ils savaient tous deux ce qu’il en était. « Ne t’excuse pas. » Il ne pouvait pas savoir. Il n’avait pas été présent ce jour-là, il n’avait pas à vivre avec ces souvenirs. Il ne savait pas ce que c’était. Et c’était tant mieux pour lui. « Dis-moi que t’as pas eu de problème avec les zoos sinon je suis vraiment dans la merde. » En jetant un coup d’œil autour d’elle, Hestia s’aperçut qu’ils ne s’étaient pas arrêtés n’importe où mais devant l’entrée du zoo de Londres. Elle eut un sourire en songeant qu’elle avait fichu en l’air les plans d’Aodhan mais qu’il avait tout de même trouvé le moyen d’avoir un plan B. « Je n'ai pas eu de problèmes avec les zoos. » Confirma-t-elle en posant ses prunelles sur le Gryffondor. Pour la simple et bonne raison qu’elle n’y avait jamais mis les pieds auparavant. Elise l’avait emmené dans une sorte de zoo d’automates mais c’était tout. Il y avait bien des choses que la Serpentarde n’avait jamais fait, surtout quand ça touchait au monde moldu. « Jusqu'à maintenant. » Ajouta-t-elle en haussant un sourcil en direction de l’irlandais. Elle savait bien qu’avec lui les problèmes n’étaient jamais bien loin. Mais elle le fréquentait quand même, ce qui aurait certainement dû lui poser question.

Quelques minutes plus tard, ils se trouvaient dans les allées du zoo que je connais par cœur depuis mon rp avec Doryan mdr, un paquet de popcorns dans les mains de Hestia. La verte n’avait jamais songé que nourrir des animaux de maïs soufflé puisse se transformer en loisir, mais elle n’était pas non plus du genre à côtoyer des animaux au quotidien. Les bestioles, elle les laissait volontiers aux autres. « Comment est-ce qu’on peut avoir des problèmes avec les zoos d’ailleurs ? » Demanda-t-elle à Aodhan tout en contournant tout un groupe de petits jeunes qui piaillaient en remuant dans tous les sens. En ouvrant la cage aux lémuriens ? En rendant visite aux tigres ? Ce n’était sûrement pas les options qui manquaient. Surtout pour un Gryffondor qui aimait un peu trop le danger. Pourtant le risque paraissait un peu déplacé ici, de ce que Hestia voyait, le lieu était surtout occupé par des familles. « Ca a l’air d’être la sortie familiale, non ? » Enfin, avec le peu d’expérience en la matière, elle ne pouvait que faire des suppositions.

A la remarque d'Aodhan, Hestia n'avait pu retenir un léger rire ironique. Lui, plus pacifique qu'elle ? Mais bien sûr. C'était quand même la blague de l'année. Si c'était le cas, alors le monde devait avoir commencé à tourner à l'envers. Rien que le fait qu'il doive préciser qu'il n'avait également frappé aucun client de la boutique où il travaillait en était la preuve. N'était-ce pas lui qui avait à moitié détruit toute une salle des cachots pas plus tard qu'une semaine auparavant ? Ce n'était pas vraiment le meilleur des exemples pour montrer combien il était pacifiste. Certes, Hestia avait ensuite cassé le nez de son pote Jared, mais il l'avait insulté -ou l'aurait fait si elle lui en avait laissé l'occasion- alors à ses yeux son geste avait été totalement justifié. Et si Hestia n'hésitait pas à frapper lorsque cela était nécessaire, ce n'était pas non plus dans ses habitudes. Elle se fichait bien trop des autres pour réagir à la moindre irritation et n'avait de toute façon ni les moyens, ni l'énergie de s'embourber dans les ennuis. Dans tous les cas, le Gryffondor n'allait certainement pas l'avoir ainsi, Hestia avait bien compris combien son caractère était enflammé et ses réactions vives. Même si, elle l'admettait, sa réaction face au clown n'était pas pour prouver son argument. Pour sa défense, il ne s'agissait pas seulement d'être pacifique ou pas, le problème était bien plus profond et sa réaction plus instinctive. En même temps, sauter sur les gens comme ça pour les pousser à entrer dans une fête foraine était à peu près la pire idée du monde. A qui ça plaisait ce genre de chose, exactement ? Les gens n'avaient donc aucune mémoire ? Hestia ne comprenait pas. Voilà une raison de plus pour laquelle la Serpentarde n'avait aucune envie de remettre les pieds dans un tel endroit. Même si elle devait bien admettre que le réel problème ne venait pas du clown.

Si Hestia ne s'excuserait pas de ne pas souhaiter se rendre dans une fête foraine après tout ce qu'il s'était passé avec le Blood Circle, ce n'était pas pour autant qu'elle appréciait de savoir qu'elle gâchait les plans d'Aodhan. C'était ainsi et elle savait que cela ne changerait pas, mais réaliser qu'elle était toujours marquée par ces évènements restait un échec à ses yeux. Le genre de chose qu'elle n'était pas habituée à partager. Heureusement, Hestia n'avait aucune difficulté avec les zoos, d'ailleurs elle se demandait comment c'était possible d'avoir des problèmes dans ce genre d'endroit. A moins de réellement les chercher, ça lui semblait plutôt être l'endroit idéal pour une sortie en famille. Du moins de ce qu'elle en voyait car ce n'était pas vraiment le genre d'endroit dans lesquels elle avait pu se rendre avec sa propre famille. Il fallait dire que les Carrow avaient une définition de la famille somme toute assez relative. Clairement, ils ne ressemblaient en rien à tous ces petits groupes joyeux qu'Aodhan et Hestia pouvaient croiser. « Hey, sois pas si négative. Ca dépend avec qui tu es. » La Serpentarde eut une expression amusée. Elle n'était pas sûre qu'Aodhan ait réellement compris le sens de ses paroles. Mais ce n'était pas comme si elle s'en étonnait, ils n'avaient pas vraiment les mêmes réactions face aux ennuis, ça avait rapidement été évident. Là où le rouge s'en amusait, Hestia s'en passerait bien. « Je suis pas sûre de trouver ça très rassurant. »Glissa-t-elle avec un sourire en coin. Cet endroit lui paraissait soudainement bien trop propice à s'attirer des problèmes. Un domaine dans lequel Aodhan devait exceller, Hestia n'en doutait pas. Devant l'entrée du zoo, une blonde coiffée d'un chapeau leur tendit un plan des lieux, l'air tellement enthousiaste qu'on aurait pu croire qu'elle leur donnait une carte au trésor. Peu habituée à ce genre d'endroit et surtout à la manière d'être des moldus, Hestia choisit de laisser Aodhan gérer, se contentant d'adresser un sourire de politesse à la jeune femme lorsque celle-ci afficha un air décontenancé en récupérant son plan.

« On est à Ikea ou quoi… Aisling siad. » Hestia fronça légèrement les sourcils. Pas parce qu'elle ignorait ce que voulaient dire les derniers mots prononcés par le Gryffondor, ce qui était pourtant le cas, mais parce qu'il venait de déposer un baiser sur son front, un geste auquel elle n'était absolument pas habituée. Les marques d'affection semblaient venir naturellement pour Aodhan et elle se rendait bien compte que l'inverse n'était pas vrai. Chaque fois, ça la laissait troublée et elle ne savait pas comment elle devait réagir. Alors cette fois encore, au lieu de s'interroger, elle préféra se concentrer sur autre chose. La seconde chose qui l'avait fait tiquer. « Où ça ? » Demanda-t-elle discrètement, une fois qu'elle fut sûre que personne ne les entendrait. Même si elle avait déjà passé une journée avec Elise dans un centre commercial moldu, Hestia savait que ses lacunes sur le monde moldu étaient encore énormes. Si elle ne cherchait pas spécialement à les combler, elle savait qu'elle devait se montrer prudente et camoufler l'étendue de son ignorance car alors sa nature de sorcière serait facile à deviner. Elle n'avait pas envie d'avoir encore des ennuis avec les moldus profite ça va pas durer mdr. Hestia se laissa entrainer dans les allées du zoo, suivant Aodhan jusque dans un espace aux allures de jungle. Là, la végétation était dense et les enclos étaient occupés par des singes de diverses variétés. Au bout de quelques détours, ils se retrouvèrent devant un petit singe à la fourrure doré. Un léger sourire aux lèvres, elle observa le petit animal réclamer à manger à Aodhan qui lui donna du popcorn sans rechigner. Lorsque la bestiole se tourna vers elle, Hestia haussa les sourcils. « T’as tout compris mon p’tit pote. C'est elle qu'il faut soudoyer. » Ah, donc c’était à elle de nourrir le petit singe. Elle n’était pas exactement la plus grande fan des animaux, mais elle pouvait bien faire ce petit effort, surtout que le singe n’avait pas l’air bien farouche.

Enfin ça c’était si Aodhan cessait de la déconcentrer. Ce qui était très mal partie vu qu’il vint se placer derrière elle pour l’embrasser dans le cou. « Je crois que tu as quelque chose qui l’intéresse. » Hestia ne put retenir un sourire à ces paroles. Etrangement, elle avait l’impression que le petit singe n’était pas exactement ce qui occupait toutes les pensées du Gryffondor en cet instant. « Je crois que c'est pas le seul intéressé. » Souffla-t-elle en sentant une des mains de l’irlandais se faufiler sous son t-shirt pour se poser sur son ventre, lui arrachant un frisson. Aussitôt l’atmosphère du moment changea. Hestia ne chercha pas à se dérober à ce contact et elle n’en eut de toute manière pas l’occasion car il venait de la pousser à tourner son visage vers lui pour l’embrasser. Le cœur de la Serpentarde s’emballa dans sa poitrine au contact des lèvres d’Aodhan, et un peu plus encore lorsqu’elle sentit qu’il l’attirait contre lui. S’il lâcha son menton, elle fut loin de rompre leur baiser qui gagna un peu plus en intensité. Doucement, les doigts de la Serpentarde vinrent effleurer la mâchoire d’Aodhan. Ce n’était pas sage de se laisser aller ainsi mais parfois ça avait du bon d’être déraisonnable. Ils étaient seuls et en cet instant c’était tout ce qui comptait. Jusqu’à ce qu’une porte grince non loin d’eux, ramenant brutalement Hestia à la réalité. Le souffle court, la Carrow se détacha d’Aodhan, à son clin d’œil elle opposa de grands yeux avant de détourner le regard pour reposer ses prunelles sur le singe. Bien sûr que lui ça l’amusait. La Serpentarde s’efforçait d’afficher un visage serein mais c’était une expression que son souffle trop erratique et ses joues rouges trahissaient aisément. Quand l’employé du zoo passa derrière eux, elle ne chercha pas à le regarder, trop gênée à l’idée qu’il aurait pu les surprendre. A la place, sans vraiment faire attention à ce qu’elle faisait, elle tendit un popcorn au singe qui s’en empara sans attendre.

« Pop-corn nature… c’est pas si mal… » La Serpentarde leva les yeux au plafond. Oui, qu’il fasse mine de rien, qu’il l’entraine ailleurs, c’était sûrement mieux ainsi. Ils abandonnèrent là le petit singe qui accompagna leur sortie d’un cri déçu, pour changer d’espace. Le lieu suivant était une serre tropicale ou plusieurs animaux aquatiques vivaient avec des oiseaux en libertés. Là, différents cris d’oiseaux occupaient l’espace et l’humidité était au maximum. C’était comme si une chape de plomb venait de se poser sur leurs épaules tant la température était élevée, même plus élevée que celle pourtant estivale de l’extérieur. « Wow… j’annonce, si on reste là trop longtemps je vais crever. » Hestia porta un regard un brin moqueur à Aodhan. Elle devait avouer qu’il avait un peu raison, l’atmosphère n’était pas des plus agréables à supporter et elle était d’accord pour ne pas s’attarder des heures. Mais puisqu’il lui tendait la perche, elle n’allait pas laisser passer cette occasion. « Le grand Aodhan O'Brian achevé par un peu d'humidité, c'est pas mal en épitaphe. » Souligna-t-elle amusée avant de lever le nez pour observer la végétation alentours. Elle repéra un toucan qui semblait l’observer, ainsi que plusieurs oiseaux aux plumages colorés. N’ayant pas très envie de se faire attaquer par les oiseaux pour du popcorn, Hestia se détacha d’Aodhan et alla déposer une partie de son butin dans une coupelle réservée à cet effet. Le toucan ne perdit pas un instant et alla se servir en battant furieusement des ailes. Comme quoi elle avait bien fait de ne pas attendre. Avec les hiboux, la verte était habituée aux oiseaux, mais ce n’était pas pour autant qu’elle avait envie qu’une bestiole au bec immense vienne se poser sur son bras. Elle avait bien assez à faire avec le sien, même si techniquement ce n’était pas le sien.

Lorsqu’elle revint vers Aodhan, celui-ci était accroupit devant un bassin et observait une immense bête grise que Hestia voyait pour la première fois. Ca ressemblait à un phoque, mais en plus gros encore. « Est-ce que ça mange du pop-corn… » En se tournant vers l’écriteau installé là, la Serpentarde appris qu’il s’agissait d’un lamentin. Elle parcourut rapidement les informations inscrites pour en apprendre un peu plus. Le tout sous le regard presque paresseux de l’animal qui se laissait flotter dans son bassin. « Ca mange... Des plantes. » Pour l'exotisme on repassera. Hestia fit la moue. « Mince, c'est décevant. » En même temps, malgré leur taille, ces bestioles avaient l'air plutôt tranquilles. Comme quoi, il ne fallait vraiment pas se fier aux apparences. Les crocodiles qui se prélassaient dans le bassin d’à côté avaient l’air bien plus dangereux, malgré leur air endormis. Hestia savait que leur immobilité n’était qu’une illusion. Au détour d’un bassin, une nouvelle employée coiffée d’un chapeau à larges bords qui donnait envie à Hestia de remercier Giulia de ne pas lui imposer d’uniforme, s’adressa à eux. « Si vous voulez voir nos locataires les plus dangereux, c’est dans l’espace suivant. » Apparemment, elle avait entendu les paroles de Hestia. Face à l’air perplexe de la Serpentarde, elle leur adressa un grand sourire, à croire que c’était la marque de fabrique des employés de ce zoo. D’un geste, elle désigna les boites qu’elle tenait dans ses bras. « Suivez-moi, c’est l’heure de nourrir certains d’entre eux. » Hestia échangea un regard avec Aodhan. Ils étaient là pour visiter après tout alors pourquoi pas.

Ils suivirent la jeune femme dans les allées du parc, sortant de l’espace tropical pour entrer dans un nouveau bâtiment où la température était presque fraiche. Même si elle n’avait pas eu le temps de voir le nom donné à cet espace, il ne fallut pas longtemps à Hestia pour comprendre où ils se trouvaient. Les couloirs étaient bordés de cages en verre, chacune contenant un reptile différent. Serpents, lézards minuscules, iguanes immenses, il y en avait pour tous les goûts. Pour le coup, Hestia n’avait aucun mal à croire que certains de ces spécimens étaient parmi les plus dangereux du parc. Ils s’arrêtèrent finalement devant un locataire un peu différent des autres. Un peu plus petits, mais avec trop de poils et de pattes au goût de Hestia. Une tarentule. Peut-être pas si grande que ça, mais déjà trop aux yeux de la Carrow. « Vous voulez la tenir ? » Hestia regarda la jeune femme avec de grands yeux. Ah, mais c’était qu’elle prenait la bestiole dans ses mains. La Serpentarde réprima une moue de dégoût. Décidemment, les araignées ce n’était pas son truc. Mortes en tant qu’ingrédient de ses potions ça ne lui posait pas de problème, mais vivantes comme ça, non. « Hum, non merci ça ira, je toucherai pas à ça. » Répondit-elle en secouant la tête. Elle arracha ses prunelles de la vision de l’araignée que la moldue faisait passer d’une main à l’autre pour se tourner vers Aodhan. « Tu veux jouer les aventuriers ? » Elle fit une pause et lui adressa un regard d’avertissement. « Tu fais ce que tu veux mais tu m’approches pas avec ça. » Autant être claire tout de suite, Aodhan s’amusait de bien trop de choses pour qu’elle lui laisse cette chance.

« Un magasin d’ameublement suédois où tu dois suivre des flèches pour te déplacer à l’intérieur. » Oh. Hestia ne trouva rien à ajouter à cette réponse. Déjà que le monde moldu ne l’intéressait pas vraiment, alors leurs magasins d’ameublement, c’était bien la dernière de ses préoccupations. Ils avaient des magasins si grands que des plans étaient nécessaires, d’accord, elle n’était pas sûre que cette information lui serait utile un jour mais au moins elle ne se sentirait plus paumée face au nom de cet endroit. Même si elle devait bien reconnaitre que c’était loin, très loin de combler toutes les lacunes qu’elle avait sur le monde moldu. Il fallait dire qu’elles étaient nombreuses et qu’elle n’avait jamais réellement cherché à en apprendre davantage, se laissant guider par Elise et maintenant par Aodhan. Enfin, dans un zoo elle doutait de parvenir à une meilleure compréhension du monde moldu, mais ce n’était pas non plus la raison de leur venue ici. Se moquer de la réaction d’Aodhan à l’atmosphère en était tout de suite une bien meilleure. A son regard, Hestia opposa un sourire en coin. « Il y a d’autres façons de crier ton admiration pour moi tu sais. » La verte étouffa une expression amusée. Crier son admiration, oui bien sûr. Ce n’était pas exactement ce qu’elle venait de faire, mais si ça lui faisait plaisir de le croire… Tandis qu’ils avançaient dans les allées de ce nouvel espace lui adressa un sourire impertinent. « Et pourtant j’ai choisi celle-là, quel dommage pour toi. » Elle haussa les épaules, mine de rien et fit un tour du côté des oiseaux, jugeant qu’il était plus sage de leur partager son paquet de popcorns avant qu’ils ne décident de venir se servir eux-mêmes.

Ceci fait, Hestia alla rejoindre Aodhan devant un immense bassin où flottait une bestiole encore plus immense. Vu comme ça il aurait été facile de s’imaginer que c’était une bête dangereuse, mais le panneau explicatif lui appris que ce n’était absolument pas le cas. Les lamentins mangeaient essentiellement des plantes, ce qui lui fit irrémédiablement perdre quelques points d’intérêts aux yeux de la Serpentarde. « T’es déçue ? Tu attends quoi de cette pauvre vache sous-marine... Tu veux la voir de plus près ? » En voyant le sourire qui étirait les lèvres du Gryffondor, Hestia commença immédiatement à secouer la tête. Elle commençait à connaitre l’expression qui s’installait sur son visage, c’était celle qui précédait les ennuis. Plus précisément, les ennuis qu’il lui apportait volontairement en la cherchant. « Aodhan... » Hestia lui lança un regard d’avertissement. Il n’était pas difficile de deviner qu’il allait faire une bêtise et qu’elle allait -encore- lui râler dessus. Quand il l’attrapa, elle eut un mouvement de recul mais il était trop tard et elle sentit ses pieds quitter le sol. Pas de beaucoup, juste assez pour la faire réagir aussitôt. « Non, non, non, lâche-moi ! » Siffla-t-elle entre ses dents, à mi-voix pour ne pas attirer l’attention sur eux. L’arrivée d’une moldue eut au moins pour effet de faire lâcher prise à Aodhan. Comment ça, elle avait eu chaud ? Hestia lui adressa un regard menaçant Comme si ce n’était que partie remise, mais bien sûr. Il s’amusait bien trop à ses dépens et la verte ne cessait de trouver ça perturbant. L’intervention de l’employée du zoo détourna leur attention, elle avait dû entendre la remarque de la verte et leur proposait de la suivre jusqu’à des animaux plus dangereux qu’elle devait nourrir. « Et si on la balançait dans la flotte avec les crocos ? » A ce murmure, Hestia réprima un léger rire. Elle imagina la scène et sourit pour de bon à la pensée de la jeune femme se débattant dans l’eau verte. « Ca, ça ne serait pas décevant. » Répondit-elle sur le même ton. Oh, elle ne le ferait jamais, déjà parce qu’elle ne voulait pas de problèmes avec les moldus. Aussi parce qu’elle ne souhaitait la mort de personne. Mais surtout elle n’avait vraiment pas assez d’intérêt pour les autres pour s’embarrasser à faire ce genre de chose.

Au final, suivre l’employée était plus simple et puis si ça pouvait leur montrer quelque chose de différent pourquoi pas. Hestia déchanta rapidement lorsqu’ils se retrouvèrent devant un vivarium où vivait une immense tarentule. Toute faite d’indifférence qu’elle était, la Serpentarde devait avouer qu’elle n’aimait pas les araignées. Ces bestioles là, ça allait dans ses potions ou mélanges, mais pas vivantes et prêtes à lui grimper dessus. Ah et maintenant la moldue leur proposait de la tenir. Alors merci, non merci, Hestia passait son tour, si Aodhan avait envie de se la jouer aventurier, grand bien lui fasse. Tant qu’il ne cherchait pas à l’approcher avec la tarentule, il pouvait bien faire ce qu’il voulait. « Rún… Si tu es calme, elle a aucune raison de te mordre… » Hestia fit la moue. Elle n’avait pas songé à la possibilité de se faire mordre, juste que ces bestioles étaient vraiment repoussantes, maintenant elle avait encore moins envie de les approcher. Aodhan avait peut-être raison, mais sa théorie elle n’avait quand même pas envie de la mettre à l’épreuve. « C’est franchement pas un argument valable. » Grommela-t-elle tout en observant à distance l’araignée parcourir le bras du Gryffondor. Non, vraiment, ce n’était pas pour elle tout ça. Il avait l’air parfaitement à l’aise tandis qu’elle s’appliquait à rester à quelques pas, un air vaguement écœuré sur les traits. « Vous avez raison ! Mais ne vous inquiétez pas, la morsure de cette tarentule est désagréable mais elle n’est pas dangereuse. Elle peut juste provoquer une grande excitation nerveuse. » Hestia coula un regard atterré vers la moldue qui venait de leur sortir ça dans le plus grand des calmes. Non, mais ça non plus ce n’était toujours pas un argument. Ils avaient quoi dans ce zoo ? « Ok… j’ai vraiment pas besoin de ça. » la verte eut un bref rictus. Aodhan disait vrai et elle n'osait imaginer ce que ça serait s'il était encore plus sûr les nerfs que d'habitude. L'expression de la Serpentarde se fit plus hésitante face à l'air entendu de la moldue. « Je sais… » Hestia l'observa, sourcils froncés. Comment ça, elle savait ? « Il y a des caméras dans l’enclos des singes… » A ces mots Hestia se figea aussitôt. Le clin d'œil que l'employée leur adressa la fit hésiter entre l'envie de s'enfuir de là et celle de mourir de gêne sur place. Ou de la frapper pour lui faire ravaler son petit air mi-complice, mi-suffisant. Hestia n’était pas bien sûre de ce qu'était une caméra, mais elle comprenait qu’elle les avait vu s'embrasser et c'était déjà bien trop à son gout. Par Merlin, il ne manquait plus que ça.

Aux grands yeux qu'ouvrit la jeune femme, Hestia craignit une nouvelle remarque encore plus déplacée mais celle-ci se lança dans un discours passionné sur une espèce de serpent. Elle parlait tant et tant que bientôt la verte allait se demander si c'était réellement préférable. Alors que la moldue se dirigeait vers un autre vivarium, Hestia sentit Aodhan attraper sa main. Elle lui jeta un coup d'œil alors qu'il la tirait à suite mais ne résista pas et le suivit de bonne grâce. Tant pis pour la moldue qui continuait de papoter toute seule, elle n'allait certainement pas se rendre compte de leur départ tout de suite. « C’était pas une bonne idée de venir ici. » La verte fronça les sourcils, peu sûre de comprendre pourquoi il disait ça. D'accord, la fête foraine avait été un sacré échec mais Aodhan n'avait eu aucun moyen de deviner qu’elle réagirait ainsi. Il ne pouvait pas se le reprocher. Et là, la moldue avait été un peu trop indiscrète, mais si Hestia s’en serait bien passée, elle avait connu pire. Passait-il réellement un si mauvais moment que ça ? Elle n'avait pas vu les choses ainsi jusqu’à présent, mais là elle se posait la question. « On va boire un verre ? » Tout en accélérant pour se mettre à son niveau, Hestia opina du chef pour accepter sa proposition. Si cette idée emballait plus le Gryffondor que tout le reste, alors elle le suivait de bonne volonté. Puisqu’elle ignorait tout du Londres moldu, Hestia se laissa guider à l’extérieur du zoo jusqu’à la terrasse d’un bar. Elle s’installa sur la chaise qu’Aodhan tira pour elle, et le remercia alors qu’il prenait place à ses côtés. Devant eux, un parc s’étendait et un groupe de musique se préparait à jouer. C’était presque étrange de voir comme la vie continuait, comme les festivités estivales poursuivaient leur chemin alors que les journaux étaient remplis de la guerre entre les sorciers et les moldus. C’était si normal que s’en était presque étrange.

Une fois assise, Hestia se saisit de la carte qui trainait sur la table et la parcourut rapidement du regard. Sans surprise, il y avait là essentiellement des noms de boissons qu’elle ne connaissait pas alors elle s’appliqua à chercher celles dont Elise lui avait déjà parlé. Ce n’était pas le moment d’étaler à un serveur son manque de culture sur le monde moldu. Ca aurait été une manière bien stupide de dévoiler sa nature de sorcière. « Est-ce que ça va ? » La Serpentarde leva les yeux de sa lecture pour poser un regard interrogateur sur Aodhan. Pourquoi est-ce qu’elle n’irait pas bien ? Cette visite au zoo c’était tout de même relativement bien passée de son point de vue, mais clairement le rouge n’avait pas l’air de le partager. « Tu as le droit de dire que ce premier rendez-vous est une vraie catastrophe, j’pourrai pas t’en vouloir. » Hestia fronça les sourcils. C’était la deuxième fois qu’Aodhan disait quelque chose dans le genre et elle ne comprenait toujours pas. Les choses se passaient-elles si mal que ça ? Hestia n’avait pas eu cette impression mais peut-être avait-elle loupé quelque chose. Elle qui était si peu douée pour les relations humaines, ça ne l’aurait même pas étonnée. « Pourquoi je dirai ça ? » Demanda-t-elle en reposant lentement la carte sur la table pour l’observer. Avait-elle manqué quelque chose ? Cette idée aurait dû la laisser indifférente, mais là, ça la préoccupait. « Ca te parait vraiment si terrible que ça ? » Elle s’efforça de se repasser les moments qu’ils venaient de passer ensemble, sans parvenir à mettre le doigt sur ce qui n’allait pas. Peut-être que finalement c’était juste elle, qui n’allait pas dans toute cette équation. Ca ne l’aurait franchement pas étonnée. Si être en sa compagnie ne correspondait pas aux attentes d’Aodhan, autant qu’il le réalise maintenant. Et qu’il le lui dise sans tarder.

« Bonsoir. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? » L’arrivée du serveur coupa Hestia dans ses réflexions. A l’invitation d’Aodhan, elle demanda un soda classique dont elle avait repéré le nom sur la carte, remerciant intérieurement Elise de l’avoir forcé à la suivre parmi les moldus dans le passé. Elle aurait eu l’air maline sinon. « Je vais prendre une Guinness. » Hestia se demanda brièvement pourquoi un sourire était apparu sur les lèvres du serveur mais la réponse ne tarda pas. « Alors j’ai plus de Guinness. On a eu un souci avec le fournisseur. Mais j’ai de la vraie bière par contre. » Si Hestia ne comprit pas réellement ce qui faisait dire ça au serveur, elle vit immédiatement l’expression d’Aodhan changer. « Qu’est-ce que tu viens de dire ? » Il fallut une seconde à la Serpentarde pour reconnaitre le calme avant la tempête. Le Gryffondor n’avait pas besoin d’élever la voix pour montrer que les prochaines secondes seraient déterminantes. Instinctivement, Hestia se redressa sur son siège et posa ses prunelles sur le moldu pour jauger de sa réaction. Avait-il compris qu’il marchait sur un fil ? Vu son air, il était fort probable que non. « Je dis que si vous voulez boire de la vraie bière, c’est pas sur les irlandais qu’il faut compter. » Ah, non, il n’avait rien compris du tout. La Serpentarde avait beau ne pas comprendre grand-chose à l’échange qui se déroulait devant elle, elle savait reconnaitre une provocation quand elle en voyait une. Et ce serveur, sous couvert d’humour, était en plein dedans. Il ne s’en cachait même pas. « Il ne me semble pas qu’on vous ait demandé votre avis. » Intervint-elle d’une voix glaciale avant qu’Aodhan n’ait pu rétorquer. Le blond se tourna vers elle pour rencontrer son regard froid et inflexible. « Vous avez qu’à amener la bière qui s’en rapproche le plus. En nous épargnant vos commentaires. » Sérieusement, chez les moldus aussi les serveurs comptaient sur les pourboires, non ? Celui-ci semblait s’en foutre royalement.

Le serveur eut au moins la bonne idée de ne pas rétorquer et de tourner les talons. Hestia tourna un regard interrogateur vers Aodhan. Elle n’était pas franchement sûre d’avoir pris la meilleure des décisions mais sur le coup, ça lui avait semblé être la meilleure chose à faire. Au pire, si le Gryffondor n’était pas d’accord il pourrait toujours modifier sa commande. Ou le lui reprocher, elle n’était plus à ça près. « C’était quoi, ça ? » Demanda-t-elle au rouge. Ces provocations, cette remarque sur les irlandais… Aux yeux de Hestia ça n’avait pas beaucoup de sens, mais elle ne doutait pas qu’il en allait différemment pour Aodhan. Ses prunelles parcoururent rapidement les quelques tables occupées à leurs côtés avant de revenir se poser sur le sorcier. « Tu veux qu’on aille ailleurs ? » Proposa-t-elle, faute de mieux. Hestia n’avait beau ne pas connaitre grand-chose du monde moldu, elle ne doutait pas que celui-ci -tout comme son équivalent sorcier- était remplis de bars et divers endroits où boire un verre.

Cette sortie ne convenait pas à Aodhan, et si Hestia s’en rendait bien compte, elle n’en comprenait pas bien les raisons. Mais elle ne pouvait faire comme si de rien n’était, il fallait dire qu’il avait déjà mentionné ce fait deux fois en moins de quinze minutes, ce qui prouvait bien que le lion ne passait pas un si bon moment que ça en sa compagnie. Pourtant Hestia n’avait pas le sentiment que leur sortie était un échec si retentissant, même si ça avait bien été le cas de la tentative d’Aodhan de les amener dans une fête foraine moldue. Il était cependant clair que le Gryffondor ne partageait pas son point de vue alors elle ne pouvait s’empêcher de s’interroger. Ils étaient certes très différents l’un de l’autre, mais voir les choses de manière si opposées lui posait question. D’accord, ils n’avaient pas crapahuté jusque dans une grotte mystérieuse, ou couru pour échapper à un géant, ou même volé tout en haut d’un arbre au beau milieu d’un orage -Hestia ne parvenait toujours pas à croire qu’elle l’avait laissé l’entrainer dans toutes ces folies- mais elle n'avait pas eu l'impression qu'ils passaient un si mauvais moment pour autant. Apparemment, elle avait eu tort. Quand il vint chercher sa main, Hestia la lui offrit sans rechigner, il était bien plus prompt qu'elle à avoir ce genre de geste affectueux et si elle s'efforçait de s'y habituer, elle avait encore un long chemin à faire. « Non. Je voulais que cette sortie soit parfaite pour toi mais à l'évidence, je n'suis pas doué pour ce genre de chose. » La Serpentarde s'arracha à la contemplation de leurs mains jointes pour relever ses prunelles sur lui. Il voulait que ça soit parfait pour elle ? C'était la première fois qu'on lui disait ce genre de chose et l'espace d'une seconde ça la déstabilisa. Elle ne comprenait pas. Hestia était bien loin d'être parfaite alors elle ne méritait pas tant d'efforts. « T’as pas besoin de faire ça. » Lui assura-t-elle à mi-voix, toujours un peu troublée par cet élan qu'il avait eu envers elle. Même si elle lui râlait souvent dessus dès qu'il se mettait en tête de risquer leurs vies, elle préférait qu'Aodhan reste lui-même. C'était son invitation à lui qu'elle avait accepté, pas celle d'une copie destinée à lui plaire.  
 
Si cette sortie restait tout de même plus calme que la plupart des autres moments qu'ils avaient pu passer ensemble, Hestia sentit l'ambiance changer sensiblement lorsque leur serveur au bar fit une remarque sur la bière irlandaise. En toute honnêteté, la verte n'y connaissait rien sur ce sujet, que ce soit la bière ou l'Irlande d'ailleurs, et ce n'était pas vraiment ce qui l'intéressait. Mais elle n'était pas aveugle et il ne lui fallait pas toutes les connaissances du monde pour comprendre qu'Aodhan était contrarié. Clairement les remarques du moldu le touchaient bien plus qu'elle n'aurait pu le deviner. Alors pour éviter que le mécontentement du lion ne se change en colère, elle intervint et rappela au serveur qu'ils n'avaient pas demandé ses commentaires passif-agressifs. Puisqu'il y avait clairement quelque chose qu'elle ne comprenait pas, Hestia interrogea Aodhan à ce sujet. « Je suis pas sûr… » Lorsque leurs regards se croisèrent, elle haussa un sourcil, pas vraiment convaincue par sa réponse. Elle avait plutôt l'impression qu'il avait déjà cerné le problème mais elle choisit de garder le silence, la suite des évènements rendrait certainement tout plus clair. « Je crois que tu lui as fait peur. S’il savait à quel point tu es douée pour la chirurgie des cloisons nasales, il abandonnerait certainement l’idée de nous servir. » Un rire un peu ironique s'échappa des lèvres de la Serpentarde. Pour n'importe qui d'autre, ça n'aurait certainement pas été une remarque très agréable à entendre, mais pas pour Hestia. Elle se voulait forte et indépendante, se savoir en capacité de se défendre, et de casser des nez juste avec ses poings en l'occurrence, y contribuait. Elle n'avait pas la moindre trace de regret quant à ce qu'elle avait fait subir à l'ami d'Aodhan, il l'avait cherché, ça n'avait été que justice. « Je prends ça pour un compliment. » Glissa-t-elle au Gryffondor en lui adressant un sourire en coin. Elle en était même un peu fière et ça lui allait très bien comme ça.

Il n'empêche qu'elle avait un peu l'impression que cette sortie pouvait basculer d'un instant à l'autre. L'attitude du serveur n'était pas vraiment engageante et elle sentait bien que le calme d'Aodhan ne tiendrait pas bien longtemps face à ses provocations. Peut-être valait-il mieux changer d'endroit, ce n'était pas les bars qui manquaient, même en ne connaissant rien du monde moldu, Hestia savait ça. « Je règle un dernier détail. » La verte se contenta d'hausser les épaules. D'accord. C'était clairement Aodhan qui était visé, alors c'était comme il le sentait. Le serveur revint peu après avec le soda qu'elle avait demandé et une bière. Si Hestia n'était pas une experte dans ce domaine, ayant essentiellement bu de la bièraubeurre sorcière, elle comprit vite que le choix du moldu n'était pas le bon. Le Gryffondor avait beau sourire, elle connaissait ces sourires-là, ceux qui annonçaient l'arrivée des problèmes. Et ça ne manqua pas. Mit face à son mensonge, le serveur perdit de sa superbe. Cette fois, Hestia s'abstint d'intervenir, même quand Aodhan se leva, et quand le moldu le traita de voleur, elle se contenta de soupirer. Elle avait bien envie de lui dire de ne pas jouer avec le feu mais puisque c'était lui qui avait commencé tout ça, autant qu'il prenne ses responsabilités. Il allait s'en mordre les doigts, mais tant pis, qu'il apprenne sa leçon. Quand Aodhan se saisit de sa bière, Hestia comprit qu'il n'y avait plus de demi-tour possible, mais elle ne bougea pas pour autant. Si le Gryffondor estimait qu'il méritait réparation, ce n'était pas à elle de l'en empêcher. Ce qui ne l'empêcha pas d'ouvrir de grands yeux quand il renversa son verre sur la tête du pauvre serveur tétanisé. Ah, il avait voulu jouer mais il avait perdu, il aurait dû s'y attendre à celle-là. La verte se leva sans attendre lorsqu'Aodhan lui tendit la main, à son clin d'œil, elle réprima un sourire en coin. Le moldu avait le souffle coupé pour l'instant, mais ce ne serait peut-être pas le cas de ses collègues, autant ne pas rester là. Ce n'était pas parce que Hestia venait de dire que tout n'avait pas besoin d'être parfait qu'elle avait envie d'avoir à faire à la police moldue. Et puis, ils étaient un peu trop la cible des regards des autres personnes attablées, il était temps de filer.
 
Tandis que le moldu se faisait engueuler par un collègue, ah le Karma avait du bon parfois, les deux étudiants s'éloignaient tranquillement. Les rues se vidaient petit à petit mais le soleil était loin de se coucher, le couvre-feu imposé chez les moldus se faisait sentir, Hestia se serait bien demandé s'il était véritablement utile, surtout que les sorciers avaient eu accès à l'information aussi, mais elle ne se sentait pas assez concernée pour ça. « Bon… il me reste encore du temps avant mon service au Midnight. » Oui, et ils venaient d'épuiser leur troisième endroit en moins de deux heures, la Serpentarde allait finir par se dire que ce rendez-vous n'était vraiment pas placé sous les bonnes étoiles. Pourtant boire un verre lui avait semblé plutôt sans risque, mais non il avait fallu qu'ils tombent sur le pire des serveurs. Peut-être que le Karma n'était pas vraiment de leur côté finalement, c'était bien le moment. Au moins Aodhan ne paraissait plus autant se prendre la tête avec ça. Quand il s'arrêta, Hestia fut bien forcée d'en faire de même et un instant plus tard elle se retrouvait attirée contre lui, ses lèvres sur les siennes. Une étreinte dont elle fut loin de se plaindre et à laquelle elle répondit sans même avoir à y réfléchir. Ce qui était certainement mieux ainsi. Lorsqu’Aodhan rompit leur baiser elle n’aurait pas été contre combler la maigre distance qui les séparait encore mais il se redressa. « Y a un truc qui m’étonne. T’es pas obligée de répondre si t’en n’as pas envie. Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’une fille comme toi soit célibataire ? J’ai une imagination plutôt pas mauvaise, j’arrive pas à comprendre. Ton dernier mec, c’était qui et pourquoi t’es plus avec ? » Hestia recula le visage pour l'observer, sourcils froncés. Ce changement de sujet, elle ne s'y était pas attendu. Encore moins alors qu'à peine une seconde plus tôt, il était en train de l'embrasser. Pour le coup, il la prenait totalement au dépourvue. Alors comme toujours, elle commença par botter en touche. « Une fille comme moi ? Ca veut dire quoi ça ? » Demanda-t-elle avec un sourire en coin, bien plus ironique que piquée au vif. Elle se doutait que le Gryffondor n’avait pas de critique en tête en disant ça, mais ce n’était pas pour autant qu’elle ne devait pas le piquer un peu. Surtout que Hestia était particulièrement réaliste sur ce point, elle était bien loin d’être la sorcière parfaite. « Au cas où tu l’aurais pas remarqué, j’ai pas exactement le meilleur des caractères. » Souligna-t-elle en penchant la tête sur le côté. Elle était froide et distante, arrogante parfois jusqu’au mépris, en un mot : caractérielle. Et elle ne faisait rien pour s’améliorer alors clairement elle n’avait aucune chance au concours de la sorcière idéale. Du coup, elle ne trouvait pas ça si étonnant. « Ou des réputations. » Elle haussa les épaules. Porter le nom de Carrow n’avait jamais eu que des avantages, bien au contraire. Entre ça et les bruits de couloirs qui courraient sur elle, elle avait de quoi faire. Et puis elle n’aimait pas vraiment les gens, et ils le lui rendaient bien, ce qui avait son importance.  

Quant au sujet principal, il la fit soupirer « Tu veux vraiment qu’on parle de mon ex, là, maintenant ? » Son timing était vraiment étrange. Depuis quand ça se faisait d’interroger quelqu’un sur ses ex juste après l’avoir embrassé. Hestia ne voyait pas à quoi ça lui servirait de savoir ça. Elle-même n’avait aucune envie de savoir quoi que ce soit à propos des filles qu’il avait pu fréquenter avant elle. Ce genre de curiosité n’était jamais bonne. Mais puisque c’était son silence qui avait causé sa rupture avec Orion, elle était décidée à ne pas commettre de nouveau la même erreur et à faire des efforts. Enfin dans une certaine mesure. « C’est lui qui a rompu, mais c’était de ma faute. » Commença-t-elle puisqu’Aodhan n’avait pas l’air de changer d’avis. Non, elle ne lui donnerait pas son nom, tout comme elle ne préciserait pas qu’il s’agissait d’un Gryffondor qu’il devait certainement connaitre, il ne fallait pas en demander tant à la Serpentarde. Elle n’était pas prête à lui raconter l’histoire qui l’avait lié au Campbell, ça n’avait de toute façon que peu d’intérêt. Ca avait été bien, le temps que ça avait duré, jusqu’à ce que, comme toujours, elle finisse par tout gâcher. « Il ne savait pas que j’avais tourné le dos à ma famille, il l’a appris par quelqu’un d’autre. » Par sa fiancée qui avait prise Hestia en grippe, vraiment la combinaison parfaite pour mettre le feu aux poudres. « Il en a conclu que je ne lui faisais pas confiance alors il a préféré rompre. » Ou plutôt, elle l’avait fait pour lui, mais inutile d’aller jusque-là. Hestia ne blâmait pas Orion. Elle ne lui en voulait pas de sa décision. Elle en était toujours amère, bien sûr, mais elle n’était pas en colère. En réalité, ça n’avait pas été une question de confiance, mais de ses capacités à elle. Hestia n’avait pas réussi à se confier à lui, à s’ouvrir, ça avait été elle le problème, pas lui, pas eux. Mais Orion ne l’avait pas vu ainsi. La Serpentarde haussa finalement les épaules d’un air détaché, c’était de l’histoire ancienne, et si les mots qu’Orion lui avait assénés étaient toujours inscrits au fer rouge dans son esprit, elle n’en dirait rien.

Elle suivit du regard la ruelle qu'Aodhan lui montrait. A partir de là, ils seraient revenus dans le côté sorcier de Londres et Hestia n'en était pas mécontente, même si tout s'était -relativement- bien passé à ce niveau-là, elle serait tout de même plus à l'aise. « Mon appart est pas loin, est-ce que je peux te payer autre chose qu’un soda moldu ? » Si Hestia lui adressa un sourire, elle n'eut pas le temps de lui répondre que déjà il se penchait à son oreille. « Sauf si l'idée de venir chez moi t'effraie. » Le sourire de la verte se fit un brin plus moqueur et si elle recula se fut pour le contempler avec un éclat particulier dans le regard. Il la cherchait de nouveau, la provoquait et s'amusait de la situation mais la verte commençait à s'y habituer. Ce qui ne voulait pas dire pour autant qu'elle allait le laisser faire sans rétorquer. « J’ai pas de raison d’être effrayée. » Elle s'interrompit pour lever le visage vers le Gryffondor et déposer ses lèvres sur les siennes. Un baiser doux et léger, qu'elle ne laissa pas déraper en se reculant presque aussitôt pour adresser un sourire un peu plus grand à Aodhan. « Souviens-toi, je suis douée pour la chirurgie des cloisons nasales. » Ajouta-t-elle en reprenant volontairement les mots qu'il avait eu un peu plus tôt. D'accord, elle aussi elle se moquait un peu. Mais juste un peu, et ce n'était que justice. Aodhan passait son temps à se jouer d'elle, elle avait bien le droit de répondre. Et puis, ce n'était pas comme si le laisser s'imaginer qu'elle s'effrayait si facilement ou qu'elle était incapable de se défendre était une option. Ceci étant clair, ils s'engagèrent dans la ruelle désignée un peu plus tôt par le Gryffondor. « A moins que tu aies dans l’idée de m’enfermer chez toi pour demander une rançon à ma famille ? » Elle fit mine de réfléchir avant d'afficher une moue peu convaincue « Mais là, autant te dire que tu vas être déçu, mes parents ne bougeront pas le petit doigt. » En fait ça les ferait sûrement bien rire de la savoir en difficulté, sans plus aucune famille pour venir l'aider. Son oncle représentait une bien plus grande menace que ses géniteurs, enfin peut-être, Hestia avait toujours du mal à déterminer où Euron et elle en étaient. Mais là n'était pas la question. Quand Aodhan les arrêta devant la porte en bois d'un immeuble, leurs regards se croisèrent. « Je vais courir ce risque. » Hestia eut une expression amusée, de toute façon elle avait bien compris que c'était un peu ça de fréquenter Aodhan.

De tous les sujets qu'ils auraient pu aborder, Aodhan avait choisi de l'interroger sur son ex. Hestia n'en revenait pas. Ce n'était pourtant pas les possibilités de discussion qui manquaient, mais il avait fallu qu'il choisisse ce sujet-là. Les raisons échappaient totalement à la Serpentarde, elle pouvait comprendre la curiosité, même si c'était un concept qui ne la concernait pas souvent, mais là elle ne voyait pas ce qu'elle pouvait lui apporter. Ce que le Gryffondor espérait apprendre de tout ça. Du point de vue de la Carrow il ne pourrait en tirer que du négatif la concernant et ce n'était pas exactement l'idéal étant donné qu'ils se fréquentaient depuis peu. Même elle se rendait compte qu'il y avait meilleure manière de débuter. Il y avait des sujets dont il valait mieux ne rien savoir et elle considérait que celui-là en faisait partie. L'inverse était d'ailleurs également vrai, elle n'avait aucune intention d'interroger Aodhan sur les filles qu'il avait fréquentées, ça ne la regardait pas et franchement elle ne voyait pas ce qu'elle avait à gagner à fouiner dans le passé comme ça. Elle préférait ne rien savoir, mais apparemment elle était la seule à avoir cette vision des choses. C'était bien dommage, elle se serait volontiers passée de parler d'Orion et de leur rupture. Enfin, Hestia se passerait bien de parler de nombreux sujets et ce n'était pas pour autant qu'elle obtenait ce qu'elle voulait. Puisqu'Aodhan resta inflexible, elle se résigna à lui parler de sa dernière relation, ou plutôt de la fin de celle-ci. De manière succincte et sans mentionner le nom d'Orion, elle se contenta d'esquisser le portrait de ce qu'il s'était passé, le Gryffondor avait beau être curieux, Hestia n'avait aucune envie d'entrer dans les détails, s'arrêter à quelques mots était bien assez. Il pouvait la regarder comme il le faisait en cet instant, venir glisser ses doigts sur sa joue, elle savait déjà que si Aodhan avait plus de questions, elle n'y répondrait pas.

Heureusement, il changea de sujet, lui proposant de se rendre chez lui, glissant une petite provocation au passage. Un terrain sur lequel Hestia s'aventura aussitôt, le préférant largement à celui de sa dernière relation. Ce qui n'était pas bien difficile, il y avait plein de sujets qu'elle préférait à celui-là. Répondre aux provocations du lion en faisait partie. Si lors de leur première rencontre il l'avait braquée de par presque toutes ses paroles, désormais il se montrait moins effronté et Hestia faisait l'effort de ne pas se sentir attaquée à chaque pique. Ainsi lorsqu'il avança qu'elle avait peut-être peur de le suivre jusqu'à chez lui, elle rétorqua sans hésiter et le prévint que tenter de l'enfermer chez lui était franchement une mauvaise idée. Avec des parents tels que les siens, et une situation de rupture familiale quasi-complète, il n'aurait absolument rien à y gagner. « Qui te dit que je demanderais de l’argent ? Je voudrais peut-être juste te garder près de moi. » Hestia cligna des yeux, décidément Aodhan était bien trop doué pour la déstabiliser et elle se laissait avoir un peu trop facilement. Il avait cette sorte de facilité à sortir des mots auxquels elle ne s'attendait pas, il allait falloir qu'elle se montre un peu plus sur ses gardes. Il lui fallut quelques instants, mais elle parvint à afficher une moue peu convaincue sur ses traits. « Tu ne serais pas très malin de pas leur demander d’argent, ils en ont beaucoup trop. » Tellement qu'ils ne savaient pas quoi en faire, que s'en était indécent. Peut-être ne réalisait-il pas à quel point la famille de la Serpentarde était riche. Clairement, Aodhan avait tout intérêt à s'intéresser davantage à la fortune des Carrow qu'à elle. Même si maintenant elle était persuadée que jamais ses parents ne dépenseraient la moindre noise pour elle. En fait, ils ne s'en préoccuperaient même pas. « Arrête. J’suis sûr qu’ils enverraient au moins quelqu’un, juste pour s’assurer qu’on meurt tous les deux. Un léger rire s'échappa des lèvres de la verte. Pas vraiment un rire de joie, plus un rire résigné, le rire de celle qui ne se faisait plus d'illusions. Voilà qui ressemblait déjà plus à ses parents. Elle était devenue une gêne pour eux, le fait qu'elle vive librement libérée de leur emprise était une provocation à leurs yeux alors l'idée de l'éliminer pouvait facilement les séduire. Et en même temps... « Même ça leur demanderait trop d'effort. » Lâcha-t-elle avec un haussement d'épaules. S'ils avaient voulu s'assurer qu'elle meurt, ça aurait été fait depuis longtemps.
 
« J'aime ton côté aventurière. » Hestia eut un sourire en coin, accepter d'aller chez Aodhan, quelle aventure. Quoi que, avec lui tout était possible. Mais elle ne recula pas, elle avait envie de le suivre. Même si la porte qu'il poussa grinça si fort qu'elle dû se retenir de ne pas grimacer. D'accord, ce n'était pas exactement l'entrée en matière idéale, mais c'était loin de la gêner. « Je te préviens c’est certainement pas le bâtiment le plus chic dans lequel tu auras mis les pieds. »  Pas le bâtiment le plus chic, ça c'était une évidence, mais il fallait dire que de ce côté-là, le point de vue de Hestia était biaisé. Elle avait grandi au milieu de sang-purs fortunés, elle avait toujours évolué parmi des sorciers pour qui étaler leurs richesses voulait dire qu'ils avaient réussis, où être plus riche que son voisin était le plus important. Hestia savait bien qu'elle avait été habituée à ce qu'il y avait de plus beau, de plus cher, de plus luxueux. Et que tout ça n'était en rien révélateur de la vraie vie. Elle ne s'attendait pas à côtoyer ce genre d'espace, encore moins maintenant qu'elle avait été reniée. Alors même si effectivement, ce bâtiment n'était pas le plus chic qu'elle avait vu, c'était très loin de la déranger. « A moins que tu ne comptes m'emmener dans une cave sombre, c'est la dernière de mes préoccupations. » Assura-t-elle à Aodhan en le suivant dans cet espace fait de bêton et de métal. Ils montèrent plusieurs étages et quand Aodhan lui tint la porte de son appartement, elle le remercia d'un sourire avant d'y entrer. « Bienvenue dans mon humble demeure ! » Elle fit quelques pas dans l’entrée et déposa son sac par terre dans un coin. « Fais comme chez toi. » La main qu’Aodhan posa brièvement dans son dos la poussa à s’avancer un peu plus pour découvrir l’endroit où il habitait quand ce n’était pas Poudlard qui l’accueillait.

Tandis que le lion prenait la direction de sa cuisine, Hestia s’avança davantage dans l’appartement, posant un regard curieux autour d’elle. Humble demeure, elle trouvait que l’expression était un peu raccourcie, l’appartement d’Aodhan était plutôt grand et lumineux. Rien à voir avec certains endroits franchement craignos qu’elle avait pu visiter avec Adèle. Il n’y avait pas beaucoup de meubles, en revanche un sac de frappe était accroché en plein milieu de l’espace, ce qui ne l’étonna qu’une demi-seconde. Il s’agissait de l’appartement d’Aodhan, y trouver ce genre de chose n’était pas étonnant au fond. Les affiches aux murs attirèrent son attention, elle ignorait ce qu’elles représentaient, les personnages ne lui disant rien elle en conclut que cela provenait de la culture moldue. Hestia s’arracha à sa contemplation lorsqu’il l’invita à se servir à boire. Elle revint vers le Gryffondor et se saisit de la bouteille d’hydromel aux épices pour en boire une gorgée. Ce serait même mieux que le soda moldu. « Alors… qu’est-ce que t’en penses ? Ça paie pas de mine mais… Cet ancien local d’une entreprise a ses avantages. C’est un coin moldu mais le proprio est un sorcier. C’est tranquille et très bien isolé, je peux mettre la musique à fond, faire de la corde à sauter et de la boxe sans qu’une petite vieille vienne sonner à ma porte pour me dire que je fais trop de bruit… Et puis la vue est quand-même très sympa. » Les prunelles de la Serpentardes refirent rapidement le tour des lieux. Elle reconnaissait sans mal que les avantages soulignés par Aodhan étaient vraiment intéressants. Elle n’avait pas encore eu à faire à ses voisins de paliers, et n’avait pas vraiment envie que ça arrive, mais elle comprenait cette envie de tranquillité, et surtout de pouvoir vivre comme on l’entendait. « Ca paie pas de mine ? Tu aurais dû voir les appartements qu’on a visités avec ma coloc. » Elle eut un sourire en coin, entre l’appartement couvert de rose avec une pièce entièrement envahie par des poupées en porcelaine et toutes les autres horreurs que l’agent immobilier leur avait fait visiter, elle avait de quoi nourrir ses cauchemars. Pendant un temps elle avait même craint qu’Adèle et elle ne parviennent pas à trouver ce qu’elles cherchaient, alors cet appartement, même s’il ne respirait pas le grand luxe, elle le trouvait vraiment bien. « Tu dois être bien ici. Tu vis là toute l’année ? » Au final, Aodhan et elle ne se connaissaient pas tant que ça, alors elle ne pouvait s’empêcher de s’interroger. De son côté, elle ne pouvait pas se permettre de payer un loyer à l’année alors rejoindrait de nouveau Poudlard dès la rentrée, mais elle n’oubliait pas que l’irlandais avait plusieurs emplois, sûrement s’en sortait-il mieux qu’elle.

« Je suis désolé d’avoir fait remonter ces souvenirs tout à l’heure. Même si je ne suis pas désolé de la finalité de cette histoire. » Hestia se tourna lentement vers lui, son sourire se figeant sur ses lèvres. Elle ne put retenir un léger froncement de sourcils tant elle était peu sûre de ce dont il s’excusait exactement. Un instant, elle hésita à répondre mais décida finalement de hausser les épaules pour montrer qu’elle ne lui en tenait pas rigueur. Oh, elle se serait bien passée de devoir parler d’Orion, mais elle ne lui en voulait pas pour autant. « Tu me demandais tout à l'heure ce que je voulais dire par "une fille comme toi". C'est pas la première fois que je t'entends me dire que t'as pas un caractère facile et que c'est normal qu'on te blâme toi. Qu'est ce qui te fait croire que c'est toi qui tourne pas rond ? Qu'est-ce qui t'empêche de te dire que t'étais juste entourée de connards qui ne supportent simplement pas que tu assumes de ne pas entrer dans les moules où on les a tous poussés à entrer ? » La verte cilla. Décidemment, il avait le chic pour aborder des sujets sensibles et la prendre au dépourvu au passage. Il interrogeait ce qui était ancré en elle depuis toujours et de ces questions, Hestia ne savait pas quoi faire. Tout en elle lui criait que c’était elle qui ne tournait pas rond, des idées de sa famille auxquelles elle n’avait jamais adhéré, à son éducation qu’elle avait toujours rejetée, jusqu’à son caractère qu’elle savait franchement peu agréable sans jamais chercher à faire un effort pour améliorer les choses. Tout ça, ça venait d’elle. Alors bien sûr que c’était toujours elle qu’on pointait du doigt, elle qu’on blâmait, elle qu’on punissait. C’était ainsi et c’était tellement plus facile de simplement l’accepter que de tout le temps chercher à se battre. Hestia s’était déjà battue et elle s’était retrouvée à se faire torturer sur le sol de son lieu de travail. C’était une leçon qui avait été gravée dans sa chaire. Mais il y avait un point sur lequel Aodhan avait tort. « Je n’ai pas dit que c’était normal. » Argua-t-elle. Ca non ce n’était pas normal. Mais il en avait toujours été ainsi et Hestia se rendait bien compte que ce n’était pas près de changer. Même si elle en avait marre d’être toujours la méchante de l’histoire, c’était une boucle sans fin. « Je suis juste réaliste. » Elle voyait peut-être un peu tout en noir, mais au moins elle ne se voilait pas la face. Hestia n’était pas du genre à se bercer d’illusions, chaque fois qu’elle avait eu des attentes, qu’elle avait cru être sur le bon chemin, elle avait été déçue. Voir le monde tel qu’il était, permettait au moins de ne pas finir par s’en mordre les doigts. « T'as juste eu le courage de prendre la liberté qu'ils n'auront jamais. Et je pense que ça… ca les rend dingue. » Hestia fronça les sourcils. Que disait-il au juste ? Que les autres étaient jaloux, c’était ça ? Elle avait du mal à voir les choses ainsi. Elle avait pris sa liberté, mais à quel prix. Elle n’avait plus rien, plus de toit sur la tête, plus de compte en banque rempli, presque plus de famille… Il y avait quand même mieux à jalouser. « Crois-moi, ça n’avait rien à voir avec du courage. » Aodhan ignorait tout des différents évènements qui avaient menés à ce jour où elle avait tourné le dos à sa famille. Clairement, le courage n’avait jamais eu sa place là-dedans.

Hestia plongea ses yeux dans ceux du Gryffondor lorsqu’il s’approcha. Il ne cessait de la déstabiliser, que ce soit par ses provocations ou des réflexions comme celles-ci. Avec Aodhan, elle ne savait jamais vraiment ce qui l’attendait, ni comment elle devait y réagir. Elle avait parfois le sentiment qu’il portait un regard presque clairvoyant sur elle et c’était loin de la mettre à l’aise. En règle générale, ceux qui la voyaient telle qu’elle était restaient rarement à ses côtés, Hestia pouvait compter ces personnes sur les doigts d’une main. Sûrement était-ce pour ça qu’elle était tant habituée à se cacher derrière une armure. Quand les doigts du Gryffondor vinrent effleurer son visage avant de se poser sur son menton, elle ne se déroba pas. « Il n’y a rien… pas le moindre détail, pas le moindre défaut que je voudrais changer en toi. Ils te rendent absolument… unique… et parfaite. » Face à ces mots, Hestia retint un mouvement de recul. Son souffle se bloqua dans sa gorge. C’était… Terriblement agréable à entendre et à la fois complètement en décalage. Tellement qu’elle ne savait quoi en penser. Son regard fouilla celui d’Aodhan, il ne pouvait tout de même pas être sérieux, pas en disant ça. Pas quand ça la concernait elle. Hestia Carrow, parfaite ? Mais bien sûr. Unique, pourquoi pas, mais parfaite ce n’était clairement pas un terme qui pouvait lui être accolé et elle ne comprenait pas comment il pouvait penser cela. Un peu maladroitement, elle se laissa attirer plus près de lui pour qu’il pose ses lèvres sur son front. « Parfaite ? » Répéta-t-elle avec un léger rire incrédule. Non, vraiment, elle ne s’y faisait pas. Ces mots la mettaient mal à l’aise, ce n’était pas ce qu’elle était. Même pas ce qu’elle aspirait à être et elle ne comprenait pas ce qui poussait Aodhan à penser cela. « Arrête de dire n’importe quoi. » Souffla-t-elle, avec un éclat ironique dans la voix. Elle préféra se détourner avant de commencer à se demander pendant combien de temps il penserait encore ainsi. Combien de temps avant qu’il ne se rende compte de son erreur.

Hestia se recula doucement. Comme toujours, elle ne savait comment réagir face aux émotions des autres, ou à des compliments qu’elle ne méritait pas. Encore plus face à l’affection claire qu’Aodhan lui portait. Tout ça la laissait embarrassée et gênée. Alors comme toujours, elle préférait choisir la fuite. Tout en s’efforçant de remettre de l’ordre dans ses pensées, elle alla tapoter du bout des doigts le sac de frappe qui trônait dans l’appartement. « Donc tu fais du Quidditch, de la boxe, de la danse, de la corde à sauter… » Enuméra-t-elle en se rappelant ses différentes conversations avec Aodhan. Elle ne précisa pas danse classique, mais elle n’avait pas oublié leur discussion à ce sujet. Elle pencha la tête, regardant le Gryffondor avec un sourire aux lèvres, bien utile pour camoufler son trouble. « Il y a des choses que tu ne fais pas, ou la liste continue sans fin ? » En toute honnêteté, s’il lui répondait oui, elle ne serait même pas surprise.

Avoir un appartement pour y passer seulement ses week end et vivre le reste de la semaine à Poudlard, pour un peu Hestia aurait trouvé que ça relevait du luxe. Et vu le train de vie que menait sa famille et qu'elle avait connu pendant des années avant d'être reniée, ça montrait bien la déchéance qui avait été la sienne. Désormais, ses critères n'étaient plus les mêmes, et elle n'avait d'ailleurs jamais véritablement intériorisé la richesse de sa famille. Elle avait toujours su que le contenu de son compte en banque n'était pas vraiment le sien, qu'il n'était là que grâce à son nom de famille et certainement à tous les choix douteux et actions néfastes qu'ils pouvaient faire. Après tout ce que les Carrow lui avaient fait subir, qu'elle parte avec et en profite éhontément pour se construire une vie meilleure, et surtout loin d'eux, n'était qu'un juste retour des choses, mais le débat n'était pas là. Cette fois, elle se gardait bien de juger les choix d'Aodhan parce qu'elle savait que ceux-ci n'avaient rien à voir avec un quelconque luxe, que tout ceci, il le méritait et qu'il pouvait bien en faire ce qu'il voulait. Elle savait qu'il avait deux emplois, que cela devait représenter une charge de travail conséquente, et rien que pour ça, il pouvait bien se payer un appartement où il ne vivait pas. Et puis au fond la Serpentarde ne pouvait que le comprendre, elle aussi si elle le pouvait elle fuirait le château, sa foule et son bruit aussi souvent que possible. Après des années et des années à Poudlard, elle avait souvent des envies de tranquillité, mais clairement pas assez d'argent à sa disposition pour y remédier. Aodhan avait bien plus de chance qu'elle de ce côté-là, il faisait ce qu'il fallait pour, alors elle se garderait bien d'émettre le moindre jugement.  

En revanche, elle n'était pas décidée à le laisser en faire de même sur elle, même si les jugements du Gryffondor étaient bien loin d'être négatifs. Hestia n'était toutefois pas d'accord avec lui, ce qu'il s'était passé chez ses parents n'avait rien à voir avec du courage, loin de là. Elle s'était retrouvée face au mur, obligée de réagir parce qu'elle n'avait pas eu d'autre choix. La bravoure n'avait pas sa place dans tout ça, bien au contraire. Si ça avait été le cas, elle se serait dressée contre sa famille depuis bien longtemps au lieu d'attendre sans réagir que les évènements ne la rattrapent. Clairement, les Gryffondors ne voudraient jamais d'elle dans leur maison. Et elle n'avait absolument aucune envie de les rejoindre, mais là n'était pas la question. « Si tu le dis. » Pour toute réponse, Hestia lui offrit un regard obstiné. Oui, elle le disait, elle l'affirmait même. Car c'était elle qui avait été présente ce jour-là, et qui vivait depuis, alors elle était la mieux placée pour en parler. Par ses mots, elle ne cherchait ni la contradiction, ni les compliments, elle ne faisait que lui présenter les choses de son point de vue. « Si ça peut te rassurer, ce qui est parfait à mes yeux est très certainement farci de défauts aux yeux de la majorité des gens. Alors c'est peut-être pas tant un compliment. » La verte n'était pas sûre que ça soit particulièrement rassurant, mais elle appréciait l'effort. En fait, elle préférait ça, elle était bien loin de la perfection et ça lui convenait très bien ainsi. Savoir qu'Aodhan la considérait comme parfaite la mettait franchement mal à l'aise, ce n'était pas qui elle était et cela voulait dire qu'il finirait par s'en rendre compte, comme tous les autres avant lui. « Et je ne vais pas non plus arrêter de te dire ce que je pense parce que ça te met mal à l'aise. » Croisant son regard, Hestia se retint de rouler des yeux. Il n'avait pas besoin de préciser qu'il la mettait souvent mal à l'aise, il semblait y prendre un peu trop plaisir et même si elle le savait elle ne parvenait pas à ne pas réagir. « Ca j'avais remarqué. » Souffla-t-elle en se détournant pour rejoindre le milieu de la pièce où trônait le sac de boxe.

Il était bien plus aisé de changer de sujet alors c'est ce qu'elle fit. Elle était consciente que c'était une manière comme une autre de fuir, mais elle s'en fichait bien. Il y avait bien des choses que Hestia préférait fuir et les mots d'Aodhan en faisaient partie. Puisqu'il l'avait interrogé sur elle, avec le sujet peu recommandable de son ex, mais tout de même, elle choisit d'en faire de même mais en choisissant un sujet bien moins désagréable. Elle avait envie d'apprendre à mieux le connaitre mais préférait éviter certains sujets qui ne reviendraient qu'à remuer de la boue. Parler des sports qu'il pratiquait, ou plutôt de l'absence de ceux qu'il ne pratiquait pas, était plus facile. Et bien plus recommandé pour un rendez-vous. « En même temps, t'as cité que quatre choses…. Heureusement qu'elle continue. » La brune leva les yeux au plafond. Oui, bon, ce n'était pas la peine de souligner cette évidence. « Et je ne pratique pas vraiment la danse. Je sais danser c'est tout. Je suis sûr que tu danses beaucoup mieux que moi, je n’ai jamais pris de cours pour ça. » Ah non, il n'allait pas recommencer avec la danse. Hestia l'avait prévenu, il n'aurait pas de démonstration, elle préférait laisser tout ça derrière elle. Et puis, il lui avait un peu dit l'inverse, à peine une semaine auparavant, que sa sœur était danseuse et qu'il s'y connaissait. La Serpentarde maintenait donc ses propos. « Tu sais faire plus de quatre choses non ? Des potions, du jardinage, du quidditch, de la danse de salon, de la boxe. » Hestia secoua la tête, il trichait là. De base, elle voulait parler des sports uniquement, mais là il mélangeait tout pour servir son propos. Et aussi certainement la contredire et la faire réagir. Ce qui marcha à la perfection.« Je ne fais pas de danse. » Argua-t-elle sans pouvoir s'en empêcher. On l'avait forcé à apprendre à danser et à pratiquer, ce n'était pas du tout pareil. Si elle avait eu son mot à dire, jamais la valse n'aurait eu la moindre place dans sa vie. « Ni de boxe. » Elle était capable de frapper, elle n'hésitait pas à jouer des poings si nécessaire, mais c'était bien loin de la pratique de la boxe. « … J’en ai déjà cinq… » Hestia secoua encore la tête, elle n'acceptait pas ce décompte.

« Mais ça n’a rien d’exceptionnel. J’aime juste découvrir de nouvelles choses, de nouvelles activités, de nouvelles façons de risquer bêtement ma vie… » A ses propos, Hestia lui adressa un long regard blasé. « T’engouffre pas c’était une blague. » Une remarque qui ne fit que renforcer l'expression de la Serpentarde. Il réussissait à l'avoir bien trop facilement, chaque fois qu'elle se disait qu'elle devait se montrer plus mesurée, elle échouait face à ses provocations. Elle s'appliqua de son mieux à ne pas réagir plus, elle savait qu'il n'attendait que ça. « Et il y a plein de choses que je ne sais pas faire. Si tu veux tout savoir, je suis nul en potions. Donne-moi des ingrédients, un chaudron et j'en ferai le strict opposé de ce qu'il est censé en sortir. Ou alors je ferai certainement exploser la pièce... si j’ai de la chance. » A l'expression qui se peignit sur les traits du lion, Hestia n'eut pas de mal à deviner que cette perspective le motivait bien plus que celle d'obtenir une potion parfaitement réussie. Une manière de voir les choses qu'elle était loin de partager, et encore plus de comprendre. Sa passion pour les potions était trop forte pour qu'elle envisage la possibilité de rater une potion sans s'en sentir mortifiée. Ce n'était tout simplement pas imaginable à ses yeux. Une chose qu'Aodhan et elle n'avaient donc absolument pas en commun. « Je crois que je n’ai pas la patience nécessaire à ce genre d’activité. Je dirais même que je serai un danger pour les autres alors autant éviter. » Ca par contre, elle pouvait le comprendre. Les potions étaient un art exigeant, elle savait que ce n'était pas fait pour tout le monde. D'ailleurs, ça lui convenait très bien ainsi, ça lui faisait moins de concurrence pour se faire un nom dans ce domaine. Et puis, elle savait bien que tout le monde ne pouvait pas partager sa passion, tout comme elle ne partageait pas du tout le goût d'Aodhan pour les prises de risques stupides. « Jamais je ne te laisserai approcher d’un chaudron, j’espère que tu t’en rends compte. » Elle haussa les sourcils dans sa direction. Ou alors il aurait pour consigne de ne surtout toucher à rien, et de ne pas bouger. Une consigne qu'il n'écouterait certainement jamais d'ailleurs.

Il vint la rejoindre « Qu’est-ce que tu fais pour te vider la tête ? » Alors là, la réponse était facile, elle n'avait même pas besoin d'y réfléchir un seul instant. D'ailleurs, les mots franchirent aussitôt ses lèvres, sans même qu'elle ait besoin d'y penser. A ce stade, c'était une évidence. « Des potions. » Il y avait bien le Quidditch, notamment son poste de batteuse qui était parfait pour se défouler, mais ce n'était pas vraiment ce qui lui venait en tête en premier lieu. Quand elle était en colère, son premier réflexe n'était pas de la laisser sortir, mais de la canaliser, et pour ça les potions étaient parfaites. « C’est plutôt apaisant… » ça demandait de la concentration, de la patience et de la minutie, tout sauf se laisser consommer par la colère ou les émotions. Selon Hestia il n'y avait rien de mieux pour se vider la tête. Quand elle préparait ses potions, elle avait besoin de toute sa concentration, de ne penser à rien d'autre, elle entrait dans un état de calme bien particulier. D'autant plus qu'elle était particulièrement exigeante avec elle-même et qu'elle refusait de rater le moindre mélange à cause une erreur d'inattention. « Quand on ne fait pas tout exploser. » précisa-t-elle avec un sourire en coin. Cela ne lui arrivait bien sûr jamais. Enfin, pas depuis des années. Tout comme elle l'avait fait quelques minutes auparavant, Aodhan tapa doucement sur le sac de frappe, attirant l'attention de la verte. « Rien au monde peut mieux me vider la tête et me défouler que ça... Enfin, presque rien. » Hestia ignora sciemment son regard. Oh l'allusion était claire, elle n'était pas dupe, ni naïve, mais cette fois elle ne lui ferait pas le plaisir de réagir. « Tu veux essayer ? Ce sera un jeu d’enfant pour toi. » Cette fois ce fut lui qui ne lui laissa pas le temps de réagir. Elle avait à peine commencé à envisager de lui dire oui -après tout pourquoi pas ?- qu'il s'éloignait déjà pour se diriger vers un coffre contre le mur. « Tu veux m'apprendre à casser le nez de tes potes avec encore plus d'efficacité ? » Lança-t-elle, un brin moqueuse, tandis qu’il fouillait dans ses affaires. Elle lui avait déjà prouvé qu’elle n’avait pas besoin de ça. Hestia n’avait certes pas la technique, mais elle avait la fougue et l’audace qui compensaient, Aodhan en avait été témoin. Elle profita qu’il ait le dos tourné pour aller poser sa bouteille d’hydromel.

Quand il revint avec d’épais gants noirs, elle haussa un sourcil, elle n’avait jamais porté ce genre de chose. « Je suis sûr que tu es une terrible adversaire. » Ah ça, elle n’allait pas le contredire. Hestia n’était certainement pas la meilleure, ni la plus expérimenté puisqu’elle préférait l’ignorance plutôt que la violence, mais elle avait de quoi compenser. Ceux qui l’avaient sous-estimé s’en étaient mordus les doigts, et même quand c’était elle qui avait fini à l’infirmerie, ça n’avait pas été sans se battre. « Jared serait d’accord. » Elle répondit au sourire d’Aodhan par une moue. « Jared n’a eu que ce qu’il méritait. » marmonna-t-elle en retour. S’il n’avait pas cherché à l’insulter, son nez n’aurait pas changé de place, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. A la demande du Gryffondor, elle lui tendit sa main, l’observant disparaitre dans le gant qui faisait plus du double de sa taille. L’accessoire était plus lourd que ce qu’elle avait imaginé, ce qui la laissa perplexe. « Tu t’es souvent battue ? » S’arrachant à la contemplation du gant, Hestia releva ses prunelles vers Aodhan pour l’observer. S’était-elle tant battue que ça ? Sûrement bien trop au goût de ses parents et des autres puristes. Mais, elle n’en avait pas l’impression, tout comme elle savait que l’irlandais la prenait sûrement pour une sorte de sauvage vu comment elle s’était jetée sur son pote. Elle finit par hausser les épaules « A chaque fois que c’était nécessaire. » déclara-t-elle. Elle ne passait pas son temps à se battre, elle ne portait pas assez attention aux autres pour ça. Même en septembre dernier, quand son statut d’héritière reniée avait été révélée, elle n’avait pas eu à user des poings. Il n’en avait pas toujours été ainsi, elle devait tout de même l’avouer. « Pendant un moment, certains se sont imaginés que je devais rester à ma place, que ça soit à Poudlard ou en dehors. Même au sein de l’équipe des Serpentards. Crois-moi, ils n’ont pas cru ça longtemps, je m’en suis personnellement chargée. » Au final, elle se battait pour se défendre, ou pour défendre Thalia. Et puisque maintenant, tout le monde semblait s’accorder à ne plus tenter de lui marcher sur les pieds, ou à faire l’erreur de menacer sa sœur, elle était bien plus tranquille. La leçon avait été apprise par ses camarades -du moins jusqu’à Jared- et c’était mieux ainsi.

« Fais pas cette tête, je trouve que ça te va bien. » Hestia baissa une moue perplexe sur ses mains gantées. Non, franchement, elle n’était pas convaincue. Elle écouta néanmoins les instructions d’Aodhan, acceptant une nouvelle fois la proximité de leurs corps sans broncher. Elle suivit ses conseils et prit place comme il le lui indiqua, une jambe en arrière, coudes levés, mains au niveau du visage. « T’as le droit de respirer. Détends-toi. » La verte pinça les lèvres, se retenant de lui mettre un coup de coude dans les côtes. Elle laissa néanmoins filer une expiration tandis qu’il allait se placer derrière le sac. « Vas-y hésite pas. Tu peux imaginer que c’est un mec que t’aime pas si t’as envie. Tu peux imaginer tout ce que tu veux, tant que c’est pas moi. » Hestia ne put retenir un sourire en croisant ses prunelles. « La liste des gens que je peux imaginer à cette place est longue. » Oh, ça ce n’était pas le choix qui lui manquait. Hestia n’était vraiment pas la plus douée pour apprécier les gens alors elle avait de quoi faire. Quant à Aodhan, il n’avait pas de souci à se faire alors elle précisa « Et tu n’es pas dedans. » Même s’il aimait la provoquer et la mettre mal à l’aise. Gardant en tête les conseils donnés, la Serpentarde releva les poings au niveau qu'il lui avait indiqué et commença à frapper le sac. D'abord avec un peu de prudence, pour en tester la résistance et s'habituer au poids des gants, puis un peu plus fort, histoire de pouvoir comprendre ce qu'Aodhan lui disait. Entre chaque mouvement, elle relevait le regard pour interroger le lion et s'assurer qu'elle faisait ça bien. Bon, il n'avait pas tort, ça défoulait et aidait à vider la tête, mais ce n'était pas comme si Hestia en avait réellement douté. C'était juste qu'ils ne se tournaient pas vers les mêmes méthodes.

Au bout de quelques minutes, elle ralentit progressivement le rythme. « Tu imagines qui, toi ? » Hestia ne doutait pas que la liste devait être longue pour lui aussi. Même si en réalité elle ignorait tout de qui pouvait la composer. Elle ignorait encore beaucoup de choses de lui et c'était peut-être l'occasion de combler quelques-unes de ces lacunes. « Non attends, laisse-moi deviner. » Intervint-elle avant qu'il ne puisse répondre. Elle lui adressa un sourire, tentant d'imagine qui pouvait composer la liste du lion. « Le concierge ? Les clients de la boutique d’Alcyone ? » Elle haussa les sourcils. Les clients chiants elle connaissait bien et elle imaginait sans mal que dans une boutique de bijoux, ils atteignaient encore un autre niveau. L'envie de les frapper, elle la ressentait souvent, mais puisqu'elle tenait à son job, elle ne pouvait rien en faire. Frapper ce sac était une bonne alternative. « L’intégralité de l’équipe des Serpentards à chaque fois qu’on vous bat ? » Son sourire se fit un peu plus provoquant. Aodhan avait un esprit de compétition acéré, elle l'avait bien vu à chaque fois que leurs équipes s'étaient affrontées. Malgré les années, la compétition entre les Serpentards et les Gryffondors faisait toujours rage, et si Hestia n'y prêtait aucune attention, ça ne l'empêchait pas de s'en amuser. Et, pour une fois, d'embêter un peu l'irlandais. Maladroitement, elle tenta de repousser ses cheveux, mais avec les gants c'était une entreprise impossible. Décidant qu'elle avait assez frappé le sac, elle se recula et tendit ses mains à Aodhan. « Tu m’aides ? » Elle n’était pas habituée à porter des gants comme ça et ne voyait pas comment les ôter sans se ridiculiser au passage. Pour une fois, demander un peu d’aide ne lui sembla pas insurmontable. Alors qu’il défaisait les gants, Hestia laissa son regard trainer de nouveau dans l’appartement et ses prunelles accrochèrent un cadre photo qu’elle avait remarquée un peu plus tôt. Elle hésita mais fini par le montrer d’un geste « C'est ta famille ? » De ce sujet aussi, elle ne savait que des brides et ne pouvait s’empêcher de se demander de quoi était composée l’existence d’Aodhan.

Leurs différences ne cessaient de se révéler nombreuses, mais Hestia n’en faisait aucun cas. Si elle avait voulu fréquenter quelqu’un qui lui ressemblait, jamais elle n’aurait laissé Aodhan approcher. Ca aurait d’ailleurs été sûrement la pire des idées possibles, côtoyer quelqu’un comme elle ça n’avait certainement rien de simple. Mais là n’était pas la question, c’était avec le Gryffondor qu’elle se trouvait et si elle voyait bien qu’ils s’opposaient sur de nombreux points, ce n’était pas ça qui le ferait reculer. Peut-être lui râler dessus et rechigner, ça elle ne pouvait rien promettre, mais certainement pas reculer. Rien que leurs manières de se défouler ne pouvaient pas être plus opposées, lui dans la violence libératrice, elle dans la patience qui canalisait tout. Il était plus que clair pour Hestia que jamais elle ne laisserait le lion s’approcher d’un chaudron, elle avait trop de respect pour son art pour laisser Aodhan tout faire exploser sur son passage. « Quand j’ai besoin de me défouler, c’est comme si quelque chose devait sortir de mon corps. Plus c’est dur, plus c’est violent, mieux ça marche. Alors je cours sur des kilomètres ou je frappe dans un sac. » La Serpentarde hocha lentement la tête. Même s’ils ne partageaient pas ces points en commun, elle était curieuse d’en apprendre plus sur l’irlandais. Tout le monde ne pouvait pas fonctionner comme elle -merci Merlin- et il en était l’exemple criant. Quand elle choisissait de calmer sa colère, lui préférait la laisser sortir. C’était une manière comme une autre d’arriver au même résultat, elle ne pouvait que respecter cela. Alors quand Aodhan lui proposa de tester sa méthode en tapant dans son sac de frappe, elle n’eut rien contre. En fait, ça la fit même sourire d’imaginer qu’ainsi il lui facilitait la tâche le jour où elle voudrait casser le nez d’autres de ses potes.  

« Mes potes te ficheront la paix. Ils n’ont rien contre toi. Même si Serpentard est l’ennemi historique des Gryffondors. Ma sœur est une Serpentard et c’est la personne pour qui j’ai le plus de respect sur cette Terre alors… je peux pas cracher sur cette Maison juste parce que c’est comme ça que ça se passe depuis des générations. » Hestia détacha ses prunelles des gants qu’il était en train de lui mettre pour l’observer. Quand elle avait mentionné ses amis, elle n’avait pas vraiment songé qu’ils puissent émettre un avis négatif quant à leur relation, et encore moins venir la chercher pour cette raison. Et puis, même si c’était le cas, elle avait tendance à penser que ça serait davantage en lien avec son nom de famille ou sa réputation, qu’à sa maison et à la compétition qui existait depuis toujours entre les Gryffondors et les Serpentards. Même si au fond le mélange des deux était sûrement mal vue de bien des personnes à Poudlard. Les Carrow avaient commis bien trop d’atrocités dans le passé pour que leur nom soit bien vu par les sorciers qui ne possédaient pas le sang-pur. « Finalement cette rivalité ridicule est plutôt… distrayante… et efficace quand on doit vous démolir. Ca motive les troupes. Mais pour moi, c’est du pareil au même. L’objectif c’est de gagner. Qu’importe la couleur de la cape de l’adversaire. » Pour le coup, elle partageait son avis. La rivalité qui faisait rage entre leurs maisons importait peu à Hestia, elle n’avait pas d’énergie à perdre là-dedans, même si elle admettait que ça pouvait se révéler motivant lorsque c’était nécessaire. « Pour en revenir à mes potes, ils sont surtout surpris que je sorte avec quelqu’un. Je ne suis pas un habitué. » La verte haussa un sourcil, un brin surprise de cette révélation. Pas exactement de ce qu’Aodhan lui disait, mais plutôt qu’il choisisse de lui dire. Elle ignorait tout des relations qu’il avait pu avoir avant elle, de si elles avaient duré, de si elles avaient compté, ou pas. Ca ne la regardait pas et pour être tout à fait honnête, elle préférait ne pas savoir. « Est ce que ça te dérange ? » Hestia l’observa un instant en silence. De son point de vue, elle n’avait rien à dire. Qu’il ait choisi de ne pas se poser dans une relation dans le passé ne devrait pas avoir le moindre impact sur ce qui les liait actuellement. Elle finit par hausser les épaules. « Pas du tout. Ce que tu as fait avant, ce que tu feras après, ça ne regarde que toi. » Déclara-t-elle simplement. Il avait certainement eu ses raisons de ne pas s’engager, ce n’était pas à elle de les juger. Il avait décidé qu’il en irait autrement avec elle, au fond c’était tout ce qui importait.

Une fois parée des gants de boxe, Hestia expliqua à Aodhan que si elle s’était déjà battue par le passé -et qu’elle n’hésiterait pas à recommencer dans le futur- c’était que ça avait été nécessaire. En tant qu’héritière de sang-pur, elle avait toujours eu affaire à la misogynie des siens, mais une fois à Poudlard ça avait pris une dimension différente encore. Elle qui avait toujours vu en Poudlard une échappatoire, elle s’était vite rendu compte que certains avaient en tête de la lui refuser. Si elle s’était battue, ça avait été essentiellement pour ne pas se retrouvée cloitrée dans un rôle qu’elle ne voulait pas, pas alors qu’elle vivait déjà bien assez cela avec ses parents. « Pourquoi t'as fait ça ? » La Serpentarde fronça les sourcils, peu sure de comprendre où il voulait en venir. « Est ce que tu l'as fait parce que ça t'avait touché ou parce que tu devais le faire ? » Elle le regarda, désarçonnée par sa question. Est-ce que ça l’avait touché ? Quand ses camarades avaient voulu la réduire à un rôle d’héritière silencieuse, quand ses coéquipiers de Quidditch avaient décrété qu’elle ne ferait jamais l’affaire en tant que batteuse juste parce qu’elle était une fille… Elle avait toujours refusé d’y songer ainsi. Quand Hestia se battait, c’était que c’était nécessaire. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser l’opinion des autres la toucher, ce qu’ils pensaient d’elle ne pouvait pas l’atteindre. Elle ne pouvait pas se permettre d’avoir ce genre de faille. « Je l’ai fait parce que laisser faire, ça voulait dire les laisser me marcher sur les pieds. » Répondit-elle avec lenteur, mais aussi de l’aplomb. « Et ce n’était pas une option. » Et ça ne le serait jamais. Elle était sur la défensive, elle le savait bien, mais son caractère tempétueux lui avait valu tellement d’ennuis auprès de sa famille qu’elle ne pouvait s’en empêcher. A force de vivre ainsi, l’habitude s’installait. « J’ai connu ça... J’ai dû faire ma place partout où je suis passé, aussi loin que j’me souvienne. J’ai toujours dû me battre. » Aux mots d’Aodhan, Hestia se radoucit. Elle hocha la tête, signe qu’elle comprenait. « Il n’y a pas d'autres méthodes. » Elle aurait pu dire que c’était dommage, que c’était épuisant de devoir se battre pour simplement avoir le droit d’exister, mais elle n’avait connu que ça. Se taire ou se battre. Elle n'avait jamais vraiment eu le sentiment qu'il y avait d'autres options.

Ses gants en place, Aodhan lui conseilla d'imaginer quelqu'un à la place du sac de frappe. Qu'il ne s'en fasse pas, elle possédait une liste de visages à imaginer particulièrement longue, et bien sûr le sien n'était pas dedans. « Et je m’en félicite. Tu serais pas là si ça avait été le cas. Ou alors c’est que t’es une fille sacrément tordue. » Le sourire moqueur du Gryffondor fit naître la même expression chez elle. Oh non, il était clair qu'elle n'aurait pas choisi de le suivre jusque chez lui si elle avait envie de lui taper dessus, Hestia n'était pas du genre à se forcer à faire quoi que ce soit contre sa volonté, bien au contraire. Lorsque l'on tentait de la faire aller à l'encontre de sa volonté, ça avait pour résultat direct de la faire se braquer encore plus. « Je ne suis pas aussi tordue. » Glissa-t-elle à Aodhan avec un sourire en coin. Parce que bon, il la faisait quand même assez régulièrement râler, mais malgré tout elle trouvait le moyen d'apprécier sa compagnie. Retrouvant son sérieux, Hestia commença à frapper sur le sac, gagnant en assurance au fur et à mesure qu'elle se faisait à l'exercice. Ce n'était pas parce qu'elle n'avait pas peur de se battre et qu'elle était capable de mettre des coups de poings qu'elle maitrisait parfaitement ce qu'elle faisait alors elle écouta chaque conseil d'Aodhan et s'efforça de les appliquer au mieux. D'eux deux c'était lui qui savait de quoi il parlait et ça elle était capable de le reconnaitre. La Serpentarde revit sa position à chaque fois qu'il le lui conseilla, leva ses poings plus haut, bougea comme il le lui montra. Il avait raison, c'était un exercice libérateur, encore plus en sachant que cette fois elle ne risquait ni représailles, ni heure de retenue. Au bout de quelques minutes, elle ralentit la cadence pour pouvoir interroger le lion. Qui imaginait-il, lui ? Le concierge ? Apparemment non, même s'il admettait avoir tout de même envie de le bousculer, ce qui pouvait parfaitement se comprendre. Hestia songea alors aux clients chiants de la boutique d'Alcyone, pour travailler elle-même dans une boutique, elle savait que conserver son calme pouvait être une vraie épreuve. Cette supposition-là lui valut un regard différent. « Tu la connais bien Alcyone ? » Les prunelles de la verte se déportèrent du sac pour se poser sur Aodhan. Elle ne voyait pas trop pourquoi il lui demandait cela, ce n'était pas comme si elle fréquentait régulièrement les Pléiades -elle n'en n'avait pas les moyens- mais au moins ce n'était pas une réponse bien difficile à lui fournir. « Assez oui. Nos familles se côtoient depuis toujours, on s’entend plutôt bien même si on a moins l'occasion de se voir. » Il fallait dire qu'Alcyone non plus ne ressemblait pas exactement à l'héritière parfaite que ses parents auraient voulu avoir. Elle n'était pas comme toutes ces sorcières que Hestia méprisait, en fait, elles se ressemblaient un peu alors il leur avait été aisé de se lier. Dire qu’elles avaient même été fêter les fiançailles de la Greengrass ensemble.

Hestia ne doutait pas que lorsqu'il s'agissait de son travail à l'atelier des Pléiades, ce n'était pas de sa patronne qu'Aodhan devait vouloir se plaindre. Les deux Serpentardes n'avaient jamais eu l'occasion de travailler ensemble, mais la Carrow avait plutôt une bonne idée de la manière d'être d'Alcyone. « C'est vrai que ses clients sont un peu casse-couilles. J'ai souvent affaire à des bourges qui ne savent pas ce qu'ils veulent ou qui me regardent de haut. » Voilà, c'était les clients les plus chiants dans une boutique. Ca, Hestia le croyait sans problème pour le vivre également de son côté, même si elle savait bien que les comportements qu'Aodhan et elle devaient affronter étaient différents. Elle eut un sourire en coin en l'entendant dire que lors de son premier jour aux Pléiades, il avait eu envie de frapper un Malefoy. Ca ne l'étonnait pas que le lion trouve vers exercice peu évident et ça devait être encore pire dans le cabaret où il travaillait. Le Midnight Sky était un lieu bien connu des sorciers de sang-pur, même si Hestia n'y avait jamais mis les pieds, elle pouvait imaginer sans trop de mal à quels types de sorciers Aodhan devait avoir à faire. Niveau exercice de canalisation, il n'y avait certainement pas mieux. Du coup, peut-être que ce n'était pas les clients qu'il imaginait à la place de son punchingball, ça pouvait très bien être l'équipe de Quidditch des Serpentard. A l'expression qui s'afficha sur les traits du lion, Hestia vit qu'elle avait fait mouche. « Ne dis pas ça comme si c’était une habitude… mais c’est de bonne guerre. » Le sourire de la verte s'agrandit un peu plus, elle savait qu'il était compétitif et qu'un rien suffirait. Elle aussi, elle pouvait le provoquer un peu, elle pouvait le faire réagir. Ce qui ne manqua pas de l'amuser. « J’ai pourtant l’impression que c’est une habitude. » Souffla-t-elle en haussant les épaule, mine de rien.

« J’imagine personne. Si je veux cogner quelqu'un je l'fais. » Hestia pencha la tête sur le côté. Ca ressemblait bien à Aodhan d'agir ainsi, elle ne pouvait certainement pas dire le contraire, ni dire qu'elle ne le comprenait pas étant donné qu'elle même avait plutôt tendance à céder à ses impulsions. Pour le moment, taper sur ce sac lui suffisait et au bout de quelques instants, elle finit par se reculer, jugeant que cette petite séance improvisée avait été suffisante. Puisqu'elle ne voyait pas trop comment elle pourrait s'en sortir seule sans se ridiculiser, Hestia tendit ses mains gantées à Aodhan pour qu'il l'aide. Mais lorsqu'il s'approcha, ce fut sur ses hanches qu'il choisit de poser ses mains pour l'attirer à lui. « Ton capitaine s'en souvient certainement. » En temps normal, Hestia aurait été bien plus prompt à réagir, mais soudainement elle trouvait cela bien compliqué de réfléchir. Il fallait dire que les lèvres d’Aodhan venant se poser dans son cou n’étaient pas pour l’aider. Elle frissonna à ce contact dont elle n’avait aucune envie de se défaire. « Il ne va pas apprécier quand il saura que tu passes du temps avec moi. » Plongeant ses prunelles dans celles du Gryffondor, Hestia ne chercha pas à camoufler le sourire en coin que ses paroles faisaient naitre. Oh non ça c’était sûr, le capitaine des verts n’allait pas aimer cette nouvelle proximité, elle l’entendait déjà râler. Parler de fraterniser avec l’ennemi, de manière de déstabiliser les Serpentards, de distraire Hestia de son rôle. Elle eut une expression amusée à ces pensées. « Je me fous complètement de ce qu’il apprécie ou n’apprécie pas. » Souffla-t-elle sans se départir de son sourire. Encore moins quand ça la concernait elle. Tant qu’elle était présente aux entrainements, concentrée pendant les matchs et qu’elle faisait de bons résultats, le reste ne le regardait pas. L’espace d’une seconde, elle se demanda ce que ça allait bien pouvoir donner, eux deux en plein match, mais elle décida qu’elle verrait ça en temps et en heure. Pour le moment elle avait une certitude « Pourquoi je sens que tu vas le rendre dingue avec ça ? » Si elle n’était pas provocatrice, elle savait qu’il en allait autrement avec l’irlandais. Et vu l’animosité qu’il existait entre lui et le capitaine des Serpentards, elle doutait qu’il passe à côté de la moindre occasion de lui taper sur les nerfs.

Enfin débarrassée des gants lourds et peu pratiques, Hestia fit jouer ses doigts. « Est-ce que ça t’a plu ? T’es plutôt bonne élève. Si ça t’intéresse je peux avoir des gants à ta taille… et on peut remettre ça. » Le regard de la verte passa des gants à Aodhan. Elle avait bien aimé l’expérience, même si ça n’avait été qu’un avant-goût. Tout comme le Quidditch, ça avait un effet libérateur de frapper sur un sac. Et elle devait l’avouer, l’idée de passer un peu plus de temps avec le Gryffondor était loin de lui déplaire. « D’accord, ça me dit bien. » Elle eut un sourire alors qu’il s’éloignait. Ce n’était pas vraiment conventionnel comme activité à faire ensemble, mais c’était vraiment loin de déranger Hestia, sa vie n’avait été que trop dictée par les conventions. Il était grand temps de changer les choses. « Je vais donner des cours à une fille le mois prochain. Moi qui suis pas fan des prof, je vais en devenir un. Si c’est pas ironique… » La verte ne put s’empêcher de poser un regard étonné sur le Gryffondor. Elle saisissait parfaitement l’ironie de la situation. Il lui aurait parlé d’un simple avant-goût, ou d’une démonstration comme ils venaient de le faire, ça aurait été différent mais là il parlait bien de véritables cours. « Des cours ? » Elle était surprise, même si le fait qu'il s'agisse de cours de boxe l'étonnait tout de suite moins. « J’espère que tu seras devenu un diplomate accompli d’ici là, sinon je la plains. » Ou alors elle espérait que cette sorcière avait assez de caractère pour affronter celui d'Aodhan sinon elle allait se faire manger tout cru. Si elle savait mdr

Lorsqu’elle l’interrogea sur les personnes représentées sur la photo encadrée qui trônait là, Hestia vit l’hésitation saisir le lion. Elle n’ajouta rien, ne l’encouragea pas à lui parler, c’était à lui d’en avoir envie. Ce n’était pas parce qu’elle posait une question, qu’une réponse était obligatoire. Finalement, il se saisit de la photo et elle prit ça pour un bon signe. « Tu ne pouvais pas choisir un meilleur mot. Ouais, c'est ma famille. Cette photo a été prise en Irlande, mon pays. » Elle se saisit du cadre qu’Aodhan lui tendit mais n’y posa pas immédiatement les prunelles, préférant plutôt tenter de lire son expression. « Je n’y suis jamais allée. » Déclara-t-elle simplement. C’était un peu ironique ça aussi, alors que sa famille avait plus d’argent que quiconque et que son père travaillait pour les relations internationales au Ministère, elle-même n’avait pas tant voyagé que ça. « La blonde c’est ma grande sœur, Saoirse. Quand notre mère est morte, c’est Ciaran qui nous a élevé. C'est le gars avec les tatouages. C’est avec lui que j’ai rencontré le centaure dans la grotte… entre autres choses. Derrière c’est mes cousins et mes amis d’enfance. » Tandis qu’il parlait, Hestia baissa les yeux sur la photo pour contempler avec attention les visages qui s’y trouvait. Elle s’appliqua à associer les visages avec les informations que lui donnait le lion, à chercher des ressemblances, des traits communs. Elle nota intérieurement toutes les informations qu’il lui donna, ainsi que celles qu’il omit. Il ne parla pas de son père, ne mentionna pas de décès comme pour sa mère, ce qui pouvait dire bien des choses, mais elle choisit de ne pas l’interroger à ce propos, chaque chose en son temps. « Vous semblez… » Elle chercha ses mots. Heureux, unis ? Au fond, elle savait que les photos pouvaient être juste une illusion, la preuve avec le portrait de famille qui trônait au-dessus de la cheminée des Carrow -et qui en avait sûrement été ôté. Mais là, il y avait quelque chose de différent qui s'en dégageait. « Proches. » Conclut-elle en relevant ses prunelles vers lui. C’était une famille un peu différente qu’il avait là, mais certainement bien meilleure que celle qu’elle avait connu.

L’instant fut brisé par une brève sonnerie. Hestia n’eut pas de mal à reconnaitre là le son d’un objet moldu particulièrement répandu -merci les cours d’Elise- mais elle fut tout de même surprise de voir Aodhan tirer un téléphone de sa poche. « Ils ont besoin de moi plus tôt que prévu au Midnight. Faut que j’me prépare. » Elle cilla, elle n’aurait pas cru que le propriétaire d’un cabaret sorcier dont la plupart des clients étaient des sang-pur puissants communiquait par téléphone moldu. Sûrement était-ce plus rapide que les hiboux et moins salissant. Hestia eut à peine le temps de hocher la tête qu’Aodhan l’attirait à lui pour sceller leurs lèvres. « Fais comme chez toi, j’en ai pas pour longtemps. » Elle le laissa partir et quelques instants plus tard, le bruit de l’eau qui tombait se fit entendre. Hestia ne resta pas seule bien longtemps dans l’appartement d’Aodhan. Quand il vint la rejoindre, elle avait récupéré sa bouteille d’hydromel et la sirotait tout en observant les affiches accrochées aux murs. Elle devait admettre qu’elle n’avait aucune idée de ce que cela pouvait représenter, certainement des références moldus puisque de cet univers elle ignorait encore énormément de chose. En voyant le Gryffondor approcher, elle haussa un sourcil, il était habillé de manière bien plus élégante qu’elle n’en avait l’habitude, il fallait dire que le Midnight Sky demandait un certain standing. « Quelle élégance. » Lui souffla-t-elle dans un sourire. Ca avait valu le coup de rester, juste pour le voir ainsi. Sans le lâcher des yeux, Hestia s’approcha et posa ses bras sur les épaules d’Aodhan. « Vas jouer les diplomates. » Comblant la distance qui existait encore entre eux, elle vint l’embrasser. Il lui fallut un peu plus de volonté que prévu pour se reculer. « Ce n’est que partie remise. » Elle eut un sourire. Peu importe combien ce rendez-vous avait été semé d’embûches et d’imprévus, elle comptait bien à ce que ça ne reste pas le seul, et pour une fois, elle avait bien l’impression que ce sentiment était partagé.