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Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi || Soly IX :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Sofiane Rasak
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Sam 22 Oct - 21:16

Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi
Soly IX || Mi-avril 2021, Bar londonien

Sous la chaleur printanière de Damas, les semaines avaient passé sans que Sofiane ne s’en rende vraiment compte. Après la mort d’Ambrose, enfermé dans une spirale dont il n’arrivait pas à se défaire, le Syrien avait comme ressenti le besoin de rentrer au pays, de tourner la page sur sa vie anglaise et peut-être, reprendre son existence où il l’avait laissé dans sa région natale. Après tout, il possédait toujours les contacts et les vieilles habitudes avaient la peau dure. Après les appels de sa sœur Sélim, Sofiane avait fini par décrocher, en partie pour qu’elle le laisse tranquille, il fallait bien l’avouer. Surprise qu’il soit sorti de prison (sa phrase exacte avait été « T’es plus en taule ? » pour être honnête), elle l’avait informé de la naissance d’un vulgaire neveu dont il n’avait que faire et l’avait sommé de venir voir leurs parents. Refusant sans grande difficulté, une fois l’appel terminé, Sofiane s’était défoulé sur le stand de tir, visant la tête d’une cible invisible, cherchant à éliminer la rancœur et toute la souffrance qui alimentaient toutes ses actions depuis qu’il avait trouvé le corps d’Ambrose dans cette forêt. La frustration évanouie, il se demanda ce qui le retenait ici en vérité. Son meilleur ami venait de mourir sauvagement assassiné et sa relation tumultueuse avec Charly ne menait à rien ; non pas que Sofiane fasse vraiment des efforts pour que cela devienne une relation stable et équilibrée, ce n’était pas vraiment son fort. S’envolant quelques heures plus tard dans le premier vol pour la Syrie, Sofiane avait mis de côté ses états d’âme et avait rejoint le berceau qui l’avait vu naître. Ses parents étaient ravis de le revoir, quant à lui, il s’en fichait bien, n’ayant plus vraiment de liens avec eux. Il fut accueilli à bras ouverts comme si ses actes passés n’avaient jamais existé et étrangement, Sofiane se sentit maître de son destin. Il n’avait jamais été famille, ne considérant pas que les liens du sang soient les plus importants et il n’avait jamais cherché à les revoir auparavant. Mais la mort d’Ambrose venait de rebattre les cartes et Sofiane ne savait plus vraiment où était sa place. Sélim, sa jeune sœur, avec qui il avait toujours noué un lien particulier -la seule qui réussissait tant bien que mal à obtenir quelques nouvelles de lui-, lui intima que sa place était ici. Et pendant plus d’un mois, cela le fut. Retombant aisément dans ses anciens travers, trafiquant à nouveau avec les gangs du coin, il retrouva une place aisément auprès de ses vieux amis. Et pourtant, quelque chose était différent. La grisaille londonienne n’avait rien pour lui manquer et encore moins l’ambiance tumultueuse d’une grande ville.

À Damas, le jour de la fête nationale syrienne, commémorant l’évacuation des dernières troupes françaises et l’indépendance de la Syrie vis-à-vis de la France, Sélim réussit à traîner son frère dans l’un des bars les plus mortellement ennuyeux de la ville où il fit la rencontre de plusieurs jeunes femmes aussi insipides qu’inintéressantes. Réussissant sans mal à culbuter l’une des serveuses dans la réserve du dit-bar lorsqu'il le désira, Sofiane s’ennuyait tellement qu’il zonait sur les réseaux sociaux, cherchant une quelconque distraction qui lui procurerait un peu plus de plaisir. Ouvrant Instagram, faisant défiler les photos sans vraiment les regarder, ce fut la story de Charly qui éveilla son intérêt. Étrangement, il n’avait pas pensé à elle depuis plusieurs jours, se coupant de tout ce qui avait été sa vie avant son retour sur sa terre natale. Il n’avait pas daigné répondre à ses précédents messages, laissant un simple vu sur l’application de messagerie sans pouvoir véritablement expliquer son choix. La rupture se voulait nette et précise en réalité, afin de pouvoir passer à autre chose, tout en imaginant aussi tordu qu’il était qu’elle pleurait son départ et se languissait de lui. Il aurait aimé qu’elle le supplie de revenir, en réalité. Qu’il puisse asseoir à nouveau une pleine emprise sur elle mais cela ne fut pas le cas. Par ailleurs, Charly semblait bien s’amuser sans lui s’il en croyait les photos qu’elle publiait sur son feed personnel. S’il avait été sur place, un tel affront ne serait pas resté impuni. Mais il était à des milliers de kilomètres d’elle et il décida d’ignorer une fois de plus la jeune femme. La vie reprenait son cours, un cours presque normal entre les déjeuners dominicaux où Sofiane faisait acte de présence pour que ses parents lui fournissent l’argent qu’il nécessitait pour reprendre ses traffics dans les tréfonds de Damas et entre les visites de Sélim qui se faisaient de plus en plus insistantes pour qu’il lui raconte la vie à l’anglaise. Rien de tout cela n’intéressait vraiment le jeune homme. Mais ces quelques semaines semblaient lui avoir presque fait oublier qu’il avait un jour vécu au Royaume-Uni. Jusqu’à ce fameux coup de fil à une heure tardive de la nuit. L’appel fut bref mais suffisamment informatif pour piquer la curiosité de Sofiane : Il y avait une piste concernant les assassins d’Ambrose. Après sa mort et jusqu’aux funérailles quelques semaines plus tard, Sofiane avait épuisé toutes les options qu’il avait eues. Il avait épuisé tous les recours. La piste avait refroidi comme on le disait dans le jargon. C’était aussi ce qui avait motivé son départ. Et soudainement, une lueur d’espoir et les vaines tentatives de Sofiane pour se tenir à distance de cette profonde culpabilité qui le rongeait venaient de voler en éclat. 48 heures plus tard, il était de retour sur le sol londonien, épluchant les indices avec certains membres du Blood Circle triés sur le volet. Ce fut lors de la mission à Azkaban qu’il la revit ; dissimulé derrière elle dans l’avion, il n’avait au départ fait que l’apercevoir mais la chevelure blonde de Charly était reconnaissable entre mille. Dans le feu de l’action, ils avaient œuvré ensemble afin de réussir la mission sans pour autant dire évoquer sa longue absence.

Depuis, elle le hantait de nouveau maintenant qu’il était ici et Sofiane reprit rapidement ses viles habitudes en épiant ses moindres faits et gestes grâce aux réseaux sociaux et aux faux comptes qu’il s’était crées pour la surveiller. Une semaine après son retour et quelques jours seulement après Azkaban, il suffit d’une photo associée à la localisation pour qu’il daigne aller lui montrer qu’elle ne pourrait pas se débarrasser de lui aussi rapidement. Enfilant une chemise et un jean sombre, se rendant aussi rapidement que possible dans le bar dansant où elle avait établi domicile, en pénétrant dans l’endroit, un curieux air de déjà-vu s’installa en lui. C’était la seconde fois qu’il se déplaçait pour elle dans un lieu de débauche afin de venir lui remettre les idées en place. Mais il le savait, Charly ne serait pas aussi facile à manipuler ; elle n’était pas de celles qui lui tombaient dans les bras sans combattre et c’était peut-être pour cela qu’elle apparaissait comme un défi qu’il mourrait d’envie de relever. Charly était incontrôlable tout comme lui et il le savait, ces retrouvailles-çi seront épiques, désarçonnantes et violentes. Il la repéra rapidement -il faut dire qu’elle attirait tous les regards et que chaque homme rêvait probablement de la glisser dans ses draps- mais elle était à lui et la voir sourire et rire avec d’autres fit vriller Sofiane qui s’avança jusqu’à la piste sans s’arrêter.  « Ça va, je te dérange pas trop ? » demanda-t-il sèchement au mec avec qui elle dansait. Son regard sombre se planta dans les yeux du pauvre malheureux qui bredouilla quelques mots que Sofiane ne comprit pas à cause de la musique.  « Qu’est-ce que tu fous ? » dit-il, cette fois à l’intention de Charly. Le stéréotype parfait du garçon jaloux.
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Mer 26 Oct - 2:36



Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi
Sofiane & Charly


Un mois qu’Ambrose était parti. Un mois sans que je ne pense à lui chaque jour. A son absence irréversible. Il me manque. Mon premier souvenir. Mon Ange. Mon faux jumeau. Depuis, c’était le bordel dans mon esprit. Je ne savais plus comment avancer dans ce monde qui devenait totalement fou. Heureusement, Olivia et Doryan étaient toujours présents quand j’avais besoin de parler ou de sortir. Je m’étais disputée avec Jonas… et je pense que notre amitié en a pris un sacré coup. Un mois s’est pourtant écoulé. La peine est présente. Elle ravive les souvenirs. Fais ressurgir ces moments que je préférais étouffer dans un coin de mon crâne. Puis il y avait Sofiane.  Quel enfoiré ! Dire qu’une nouvelle fois j’ai pensé qu’il y avait peut-être quelque chose qui créait en nous. Un soutien. Un duo. Un contact. Une petite lumière au milieu de ce chemin sombre. A l’enterrement d’Ambrose, il avait été là. Nous nous étions retrouvés avec nos peines en un énième rapprochement au point que je l’avais même laissé monter chez moi. Et puis il avait tout simplement disparu. Pas un mot. Pas un SMS. Je lui avais écrit. Tenté quelques appels. Comme une idiote je m’étais inquiétée de son silence si soudain. Puis j’avais appris au détour d’un couloir qu’il était retourné pour un certain temps en Syrie. Je l’avais injurié de tous les noms. De là où il était, ses oreilles avaient dû siffler et j’espérais que cela lui avait fait mal. Car j’avais déversé ma colère sur Oli et Doryan, les noyant sous une diatribe acérée et bien remontée. Le pire, c’est que j’avais du assurer cette mission avec lui notamment dans cette maudite prison sorcière.

Un mois. J’avais à présent commencé les démarches pour repartir sur le terrain. J’en avais envie. Je ressentais le besoin de m’éloigner et de retrouver mon statut de reporter de guerre. Il y avait des choses à montrer au monde qui étaient encore bien trop cachées. D’ailleurs ce matin, une des rares fois où j’étais installée à mon bureau, mon responsable déposa une grosse enveloppe. Cartes de presses, attestations, passeports… Une sourire ravi étira mes lèvres. C’était reparti. J’attrapais mon téléphone et sur mon Instagram personnel, pas celui de Mademoiselle C, je postais un selfie avec le badge en main. Je laissais un petit commentaire comme quoi j’allais fêter ça. Et ça cela était certain. S’il y avait une chose que je savais faire pour ne pas passer et me divertir, c’était bien de sortir en boite, boire et me trouver un mec de passage. C’était l’idéal. Cette petite tradition, je l’avais repris depuis la semaine dernière. Doryan m’avait un peu chauffée à me dire que je me laissais aller et comme j’accepte toujours les défis de mon frère, je m’étais relancée sur le terrain. A Dieu Sofiane et tes plans tordus. Moi je continuerai à m’amuser comme j’avais toujours prévenu de le faire depuis la mort de mon fiancé. Personne n’était digne de prendre sa place dans mon coeur.

Je rentrais chez moi et passant par la douche, j’optais pour une robe noire moulante au décolleté charmeur. En montrer juste assez pour donner l’envie d’en voir plus. Je me fardais les yeux, un peu de rouge sur mes lippes. J’attrapais mon sac à main et sortais retrouver quelques membres de freerun déjà sur place. Installés dans un coin, on buvait plusieurs verres d’alcool assez forts. La tête commençait doucement à me tourner. Douce euphorie qui m’enlaçait, agrippant Adam pour qu’il vienne danser avec moi. Treize années quand on se connaissait. J’avais seize ans quand il est venu me recruter alors qu’il en avait quatre de plus que moi. Le reste du groupe nous rejoins, on riant, on danser. Cela faisait tellement de bien de se changer les idées. J’allais au bar me chercher une boisson et j’allais m’installer pour souffler un peu. Je prenais quelques gorgées fraîches et surtout alcoolisées. Je regardais les photos et décidais d’en mettre plusieurs sur mon Instagram personnel et sur mon autre compte où je restais anonyme. J’ajoutais une photo de moi en train de siroter à la paille mon cocktail. Alors que du haut de mes talons, je retrouvais mon petit groupe avec qui les rires fusèrent rapidement, un jeune homme m’attira vers lui pour danser, je l’observais d’un regard appréciateur avant de glisser mes bras à son cou tandis que ses mains se poser sur mes hanches. Ma théorie ? Un bon danseur est forcément bon au lit. Et celui-ci se débrouillait pas mal du tout. Nos corps se rapprochaient à mesure de la danse, lentement, sensuellement. Il me fit pivoter pour coller mon dos à son torse. J’eus un hoquet de surprise lorsque mes prunelles claires tombèrent sur Sofiane. Mon partenaire de danse me relâchait soudainement et je rejetais mon visage en arrière. C’était une mauvaise blague. Dites-moi que cela en était une. Mais non, ma proie du soir était à deux doigts de se carapater. Quand le Syrien s’adressa à moi, je ne sais si ce sont les nerfs ou l’alcool qui me fit réagir ainsi, mais j’éclatais de rire. « Si tu déranges. » haussais-je la voix pour couvrir la musique. Je me tournais vers mon inconnu et décrétais en regardant Sofiane droit dans les yeux. « Ce que je fous ? Je suis en recherche de mon prochain coup pour ce soir, et il me semble être un bon candidat. » La colère courrait dans mes veines de façon insidieuse. J’attrapais le mec en question, posais mes lèvres sur les siennes, ma langue le titillant pour qu’ils offrent un baiser d’exception aux yeux de Sofiane. Non, mais sérieusement. Il avait du culot… Je me tournais ensuite vers l’ancien soldat, un sourire arrogant aux lippes. « Je confirme, ça sera lui… Bordel, il s’est tiré ! » découvrais-je soudainement. Il fallait avouer que confronter Sofiane… « Qu’est-ce que tu me veux Rasak ? C’était quoi ce numéro d’homme des cavernes ? Tu as vraiment cru que j’allais t’attendre sagement alors que tu es parti comme un enfoiré du jour au lendemain et que tu as jamais répondu à mes appels et SMS ? » Mes yeux le torpillaient sur place. Je n’en revenais pas de son culot. Je criais au-dessus du son pour qu’il m’entende, mais aussi pour vider le sac de nerfs qu’il venait d’éveiller. « Va te faire foutre Rasak ! Je te le redis : je suis libre de faire ce que je veux. Et tu ne passeras pas ta vie à fuir les mecs que je compte baiser ! »


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Sam 29 Oct - 12:31

Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi
Soly IX || Mi-avril 2021, Bar londonien

Il y avait bien des choses qui agaçaient Sofiane et l’attitude de Charly en faisait clairement partie. C’était étrange comme cette relation atypique qu’ils avaient noué l’un envers l’autre les ramenait toujours vers la colère, l’agacement, l’incompréhension, le sexe, la violence. Ils étaient imprévisibles, leurs réactions demeuraient celles de deux âmes perdues et esseulées qui s’attiraient tels des aimants alors qu’en définitive, ils seraient probablement mieux loin de l’autre. Surtout Charly en réalité. Sofiane savait qu’il n’était pas le genre d’homme qu’il lui fallait, Sofiane n’était le genre de personne en vérité. Et pourtant, la manière dont il empêchait Charly de s’éloigner de lui était sa façon à lui de lui montrer qu’elle avait de l’importance, même si l’attachement qu’il avait pour elle n’était que le fruit de son esprit torturé, bien loin des sentiments à l’eau-de-rose que dépeignaient les romances. Sofiane n’avait jamais su comment tisser un lien plus profond que celui du rôle dominant-dominé avec une femme et Charly détestait avoir le rôle de celui qui se soumet. Au départ, cela n’avait été qu’un challenge de plus, un moyen de savoir s’il pouvait également s’attaquer à des proies plus difficiles ; au final, Sofiane s’était pris à son propre jeu, développant une certaine dépendance à l’égard de la jeune femme, une dépendance malsaine. Ce n’était pas la première fois qu’il agissait de manière absolument démesurée à cause d’elle et si Sofiane estimait qu’il était de son devoir de la protéger, de la suivre, de la traquer, de tabasser les hommes qu’elle fréquentait, c’était bel et bien parce qu’il ne pouvait supporter qu’elle ne soit pas à lui toute entière. Qu’elle lui résiste était insupportable et qu’elle daigne se montrer dans cette tenue l’était encore davantage. Elle se pavanait dans l’espoir d’attirer les regards et cela fonctionnait évidemment. Aucun homme sensé ne pouvait nier le fait que Charly était probablement l’une des plus belles femmes du bar si ce n’est de la planète mais chut Soso serait encore plus fou, elle savait mettre ses atouts en valeur et chacun d’entre eux étaient moulés dans cette robe noire que Sofiane rêvait soudainement de lui arracher. Mais il y avait pire ; il y avait cet homme à ses côtés et les envies assassines de Sofiane ressurgirent en une fraction de seconde et il se demanda brusquement si c’était lui qu’il désirait voir mort ou elle. La confusion était suffisamment conséquente pour que le trentenaire en soit troublé. Pour autant, il n’y avait rien de mieux à faire en cet instant que de séparer l’objet de ses convoitises et l’homme qui se frottait outrageusement à elle.

L’air dur et intransigeant de Sofiane suffit pour que l’homme lâche Charly mais il demeurait à ses côtés, comme si Charly allait le choisir lui plutôt que Sofiane. Quel idiot. Et pourtant…  « Ce n’était pas à toi que je m’adressais. » répondit-il sèchement alors qu’elle lui criait qu’il dérangeait et qu’elle avait trouvé le parfait candidat avec qui passer la nuit.  « Lui ? AHAHAH. » s’esclaffa-t-il tandis que Charly le provoquait en embrassant l’homme avec délectation, seulement pour prouver qu’elle pouvait. C’était de la provocation pure et simple, Sofiane le savait. Blessée ? Sans doute qu’elle l’était par son silence et Sofiane venait d’avoir la preuve vivante qu’elle n’était pas restée totalement insensible à son absence. La faille était là.  « Alors ? C’était bon ? » demanda-t-il, un sourire aux lèvres. Ce ne serait probablement pas la réaction qu’elle attendait de lui tandis qu’un sourire carnassier s’installait sur son visage. Son regard se tourna vers le malheureux et celui-ci recula d’un pas marmonnant que leurs histoires de couple ne le concernaient pas et il se retira sans demander son reste. Sofiane n’avait même pas eu besoin de faire le moindre effort. Était-il déjà au courant que le caractère de Sofiane était impitoyable ou bien avait-il flairé que l’histoire sentait le roussi ? Peu importait, il était parti.  « Y a pas de réseau en Syrie. » répondit-il, effrontément. Qu’est-ce qu’elle l’agaçait.  «Roh, fais pas ton numéro de jeune femme délaissée, j’ai pas vraiment eu l’impression que tu te languissais de moi durant mon absence. » Ses publications sur les réseaux sociaux l’en attestaient.  « Et, regarde, y a plein d’autres mecs qui sont prêts à faire la queue pour avoir une danse avec toi. » dit-il en montrant la piste des doigts. Mais il occupait le passage, il occupait l’espace et tant qu’il serait auprès d’elle, elle ne risquait pas d’en approcher un autre. Cette certitude était ancrée dans son être. « T’es libre de faire ce que tu veux. Et moi aussi. » Alors si ça le chantait de faire fuir ses partenaires, il le fera. Sans hésiter. Parce qu’il le devait. Parce qu’il ne voulait qu’il n’y ait que lui, qu’elle s’accroche à lui, qu’elle ne veuille que lui. C’était son désir le plus profond.  « Pourquoi t’emmerder avec eux hein ? Tu te feras chier Charly. Ils sont insignifiants. Ils ne te comprennent pas. Ne me fais pas ton numéro, pas à moi s’il te plaît. C’est pas ça que tu veux. » Il la connaissait bien, il la connaissait trop. Ils avaient traversé trop d’épreuves tous les deux, des épreuves que la plupart de ces hommes ne pouvaient même pas imaginer. Ils étaient seuls contre tous. Et l’air effarouché de Charly rendait le défi que plus intéressant. Il attrapa ses poignets qu’il tira vers lui et elle se retrouva contre lui sans difficulté.  « Avoue-le.  » lui murmura-t-il à l’oreille.  « Personne ne t’excite comme je le fais. » tandis que ses doigts se glissaient lentement sur sa cuisse.  « J’suis là maintenant. » Et demain il pouvait être reparti. Mais il était ainsi. Il se fichait royalement des conséquences.
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Mar 22 Nov - 3:09



Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi
Sofiane & Charly


Sofiane était parti du jour au lendemain. Sans même donner un signe de vie. Il n’avait pas pris la peine de m’avertir de cet échappé soudain. J’aurais pu le comprendre. J’avais moi-même besoin de m’éloigner de tout ça. Mais il m’avait ignoré. Mes messages étaient restés sans réponse plusieurs semaines avant que je ne décide qu’il ne valait rien. Que ce rapprochement après le décès d’Ambrose n'avait été qu’une illusion. Une nouvelle erreur à ajouter à notre compteur. Je ne savais plus clairement ce que je ressentais pour cet homme. Il semblait n’y avoir rien de bon entre nous. Pourtant à la moindre occasion… j’étais irrémédiablement attirée par lui. Cette espèce de relation entre nous, si elle pouvait porter ce nom, était malsaine. Toxique. Sofiane cherchait à m’avoir pour lui seul, d’une façon presque obsessionnelle. Les photos que j’avais découvertes chez lui en étaient la preuve. Je devais passer à autre chose. Ne pas attendre de réponse de sa part. Je n’étais qu’un objet à ses yeux. Un objet qu’il pensait manipuler entre ses doigts pernicieux. Un objet dont il voulait disposer à sa guise. Et cela… Ce n’était pas quelque chose que j’étais prête à lui donner. Il oubliait que j’étais une femme forte et libre, qui n’attendait pas après lui pour avancer et vivre. Aurait-il souhaité que je reste sagement chez moi malgré son manque de respect vis-à-vis de moi ? C’était presque certain. Ces pensées m’avaient mise en colère. Alors je l’avais provoqué via Instagram. Que cela soit mon personnel ou celui de Mademoiselle C. Je lui montrais que j’avançais sans lui. Que je ne l’attendrais pas. Que je n’étais pas sa potiche.

Mais le découvrir ici. Se ramener jusqu’à la piste de danse où je me trouvais en compagnie d’un autre qu’il venait de menacer à mi-mot. Cela n’avait pas de sens. Cela confirmait pour mes doutes sur ce qu’il s’imaginait de moi. « Et moi je m’adresse à toi ! » Je lui parlais fermement, faisant presque une barrière avec celui qui se trouvait à mes côtés. Il allait se demander ce qu’il se passait. Pour le provoquer un peu plus, sûrement peu a même de mon jugement avec l’alcool qui traversait mes veines, j’embrassais celui avec qui je dansais quelques minutes. « Très. Ma culotte devient humide pour lui. » susurrais-je alors que c’était totalement faux. J’étais bien trop en colère pour ressentir une pointe d’excitation. Surtout que le type en question venait de prendre la fuite. Je soufflais plus qu’agacée par cette situation. « Et tu avais plus de batteries avant de partir ? » Mon ton était mordant. Il se fichait de moi. Comme s’il n’avait pas pu me répondre depuis la Syrie. Il avait oublié que j’avais été reporter là-bas ? Que nous pouvions toujours nous débrouiller. Si on le voulait réellement… Ses paroles me blessèrent profondément. Il s’était totalement fichu de moi. « Je n’avais aucune nouvelle de toi ! J’ai appris par un membre du BC ton départ putain ! » Il ne réalisait pas que je m’étais inquiétée de son silence après tout ce que nous avions traversé ensemble ? Que j’avais, ne serait-ce que pu, m’attacher à lui, car en ces périodes si sombres, il avait été le seul à me comprendre ? Je regardais autour de moi comme il lui indiquait. Je secouais la tête, totalement dépitée par son attitude. J’avais vraiment été aveugle. Pourquoi avais-je cru qu’il pouvait peut-être se passer quelque chose d’un peu plus profond entre nous ? « Fiche-moi la paix ! » s’énerva-t-elle par-dessus la musique des lieux. Libre de quoi dans le fond ?

Aux paroles que Sofiane prononça ensuite, Charly eut l’impression de perdre la tête. Ses mains tombèrent le long de ses hanches alors qu’elle le fixait totalement estomaquée par ce qu’il osait lui dire. Elle n’eut pas vraiment le temps de répondre, entre sa surprise et le fait que le Syrien lui attrapait les poignets afin de l’attirer à lui, elle avait totalement perdu ses repères. Elle frissonna à ses paroles presque obscènes. A ses mains qui venaient filer sur ses cuisses dénudées. Mon corps réagissait bien trop facile au sien. C’était quelque chose que je ne pouvais renier et cela me rendait presque malade. Je ne voulais pas être son objet. Son jouet. Sa marionnette. Je n’étais pas de celles avec qui on s’amusait pour la jeter un jour et la récupérer le lendemain. Je faisais cela avec les hommes. Je réagissais après quelques secondes sûrement trop longues, trahissant mon désir pour l’ancien soldat. La rancœur et la colère firent finalement surface. Je le repoussais brutalement, plongeant un regard outré dans le sien et ma main vola pour claquer la joue de Sofiane. Ma respiration était totalement erratique. Mon palpitant était sur le point d’imploser contre mes cotes. Il se répercutait dans chaque parcelle de mon corps. Mes prunelles bleutées étaient furieuses. « Tu me prends pour qui Sofiane ? Une idiote sans cervelle qui attendrait gentiment que tu reviennes pour écarter les cuisses ? » Je tirais machinalement sur ma robe qu’il avait remontée avec ses mains. Je ressentais encore leur chaleur sur sa chair. Le rouge teintait mes joues. « T’es vraiment trop con ! J’ai cru que j’allais enfin pouvoir te faire confiance ! Putain après tout ce qui s’était passé ! Mais tu t’es juste tiré comme un lâche ! » J’hurlais presque de rage et de désespoir. Mes mains vinrent le percuter au torse. Je voulais évacuer cette colère sur lui. Je savais que plus je parlais, plus il risquait de monter en pression. Mais j’en étais à un stade où je m’en fichais royalement. « Tu sais quoi ? C’est moi qui vais quitter le pays cette fois. Je retourne faire des reportages de guerre. Note que j’ai la décence de te prévenir au moins. » Oui, je le mordais, je le provoquais, je le piquais. Mais tous mes ressentiments jaillissaient à son encontre. Parce que ma putain de carcasse et mon cœur avaient réagi à sa proximité, à son odeur si entêtante. Mais ma raison, elle, elle était furieuse.


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Sam 26 Nov - 19:33

Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi
Soly IX || Mi-avril 2021, Bar londonien

Toute sa vie, Sofiane s’était heurté à l’instabilité qu’il générait autour de lui, au manque d’équilibre dans ses relations familiales, sociales et amicales. À partir du moment où il avait été en mesure d’effectuer ses propres choix, il s’était tourné vers le chaos, la discorde, les errements et avait rejoué sans discontinuer la même boucle de vie ; il ne parvenait pas à briser la roue. Le voulait-il seulement ? Évidemment que non. C’était sa manière d’être et certains s’en accommodaient bien alors pourquoi les autres ne le pouvaient-ils pas ? Certes, tout cela ne se faisait pas sans aucun heurt mais Sofiane était ainsi ; il avait toujours vogué où bon lui semblait, fait ce qu’il désirait, s’enfonçant dans les ténèbres un peu plus à chaque fois. Certains moments de sa vie lui avaient permis de retrouver une certaine forme de stabilité : son entrée dans l’armée où le cadre, la discipline et la rigueur imposée avait réussi à maintenir en cage ses bas-instincts, enfermés dans son enveloppe charnelle, sommeillant tranquillement dans l’attente de la prochaine explosion. Il avait ensuite pris plaisir à la désobéissance, pris plaisir à l’insubordination en demandant toujours plus de liberté et en ayant de moins en moins de discipline. Dans un sens, avec Charly, il se passait la même chose. À son arrivée au Blood Circle, Sofiane avait retrouvé une certaine forme de stabilité et d’équilibre auprès d’Ambrose et d’autres membres de l’organisation. Il avait rencontré Charly et le début de leur relation était bonne enfant. Jusqu’à ce qu’il révèle qui il était réellement, dévoilant sa personnalité latente, prête à se laisser déborder à la moindre occasion. Le lien qui les unissait était particulier, beaucoup le qualifierait de malsain, mais pour Sofiane c’était le seul type de relation acceptable, le seul type de relation à laquelle il pouvait prétendre et dans laquelle il pouvait s’investir. Évidemment, rien de tout cela n’était simple, même pour lui ; mais cette manière d’agir était ancrée en lui et il ne pouvait pas vraiment se comporter autrement. Pour lui, tout lui était dû et il ne supportait pas qu’on remette en cause ses décisions, ses envies, ses besoins. Mais Charly faisait l’exact opposé de cela. Elle le provoquait encore et toujours ; et lorsqu’il pensait avoir une certaine main mise sur elle, elle lui prouvait que rien n’était encore acquis même si Sofiane savait -sentait- au plus profond de lui-même que leur relation était indéfinissable, incomparable, instable incroyable et tout plein d’autres mots en -able. Elle était à lui depuis déjà des mois et Charly revenait vers sa personne à chaque fois qu’il le lui demandait. Pourquoi cette fois là serait différente ?

Lorsqu’il pénétra dans le bar, ses yeux balayèrent avec rapidité le comptoir où il l’imaginait s’être accoudée en train de se faire draguer par un homme qui ne serait de toute manière pas à la hauteur. Ne la voyant pas, il attaqua rapidement la piste de danse. Il la repéra facilement, elle rayonnait dans cette robe moulante et l’homme avec lequel elle dansait semblait se délecter d’avoir réussi à obtenir une femme telle que elle dans ses filets. Mais Sofiane savait qu’il n’était qu’un simulacre, qu’une manière pour elle d’oublier à quel point le syrien lui manquait oui il doute de rien mdr et à quel point il l’obsédait. Il allait devoir remettre les pendules à l’heure et rapidement, il s’imposa dans son espace personnel, regardant l’autre avec un mépris et un dédain qui ferait fuir n’importe quel homme, surtout un homme comme lui qui ne semblait pas avoir assez de caractère ou de présence masculine pour s’opposer à un homme de la stature de Sofiane. Il n’était pourtant pas le plus musclé, ni le plus grand. Et pourtant, il y avait cette lueur dans le regard qui trahissait son manque de considération pour l’autre et sa capacité à aller au bout des choses. Il lui suffisait parfois de scruter quelqu’un attentivement pour que l’autre comprenne que Sofiane ne riait pas, n’acceptait aucune demi-mesure et surtout, qu’il n’était pas du genre à aimer négocier. La plupart du temps, cela suffisait. Ce fut également le cas de celui-là qui repartit la queue entre les jambes après seulement quelques paroles échangées. Il n’était pas de la trempe de Charly. « Cela n’en a pas l’air. » dit-il en prenant au premier degré sa phrase sur son mouillage de culotte team glamour. « Regarde comme s’il s’enfuit déjà, un vrai lâche. » Il n’aimait peut-être pas les défis.

Lorsque Charly évoqua le fait qu’il l’avait laissé sans nouvelles, Sofiane percuta pour la première fois qu’elle avait peut-être souffert de ce manque de communication. « Au moins tu savais que j’étais pas mort. » La rudesse de ses propos ne le choquaient même plus. Il ne ressentait aucune culpabilité d’avoir laissé la jeune femme sans nouvelles, n’ayant pensé, à ce moment là, qu’à sa propre survie. Sofiane était égoïste, il l’avait toujours été et s’il avait vaguement conscience qu’il avait blessé Charly, l’admettre était une tout autre affaire.

Elle lui intima de lui ficher la paix mais Sofiane n’abandonnait pas aussi facilement au contraire ; cette confrontation, il la voulait, il la désirait ardemment, surtout après la provocation qu’elle avait osé effectuer sur les réseaux sociaux. Elle le cherchait de manière frontale. Alors il n’allait pas l’épargner lui non plus. D’un air provocateur, il lui demanda de voir la réalité en face : elle s’ennuyait de lui le retour du melon et les autres hommes apparaissaient tous insignifiants à ses yeux parce que le seul homme qu’elle désirait, c’était lui. Elle lui offrit sur un plateau la preuve qu’il souhaitait en demeurant bien plus longtemps que nécessaire entre ses griffes acérées, comme si être à son contact lui plaisait plus que de raison. Elle le repoussa après quelques secondes et un sourire amusé s’installa sur ses lèvres alors que sa poitrine se soulevait à une vitesse incroyable, témoignant de sa colère et de sa frustration. Quand à son regard furieux, il était la manifestation de son irritation. Les mots qu’elle débitait s’échappaient de sa bouche avec une vitesse incroyable tandis que le rouge s’emparait de ses joues. « Comme si c’était l’unique chose que j’attendais de toi. » déclara-t-il lorsqu’elle osait dire qu’elle n’était là que pour assouvir ses besoins charnels. Ce n’était pas le cas, il fallait se rendre à l’évidence. Il la laissa déverser sur lui toute son ire tandis que ses mains venaient percuter son torse avec une certaine violence. Pas suffisamment pour le faire reculer mais assez pour qu’il doive ancrer ses appuis sur le sol. Elle hurlait et la plupart des personnes autour d’eux s’étaient arrêtés pour les observer et une sorte de cercle s’était créé autour d’eux ; leur dispute était au centre de l’attention. Malgré la musique toujours aussi forte, certains n’en perdaient pas une miette et le fait que Charly grimpe dans les décibels n’arrangeait rien.  Il n’en avait rien à faire que tout le monde les regarde et se fichait que les autres entendent le sujet de leur virulente conversation. « C’est bizarre, je croyais qu’on faisait ce qu’on voulait quand on voulait ?  » remarqua-t-il d’un ton tout aussi dédaigneux qu’elle. Sa voix s’élevait aussi parmi la foule tandis que le cercle autour d’eux s’agrandissait de plus en plus après que Sofiane ait attrapé ses poignets pour la forcer à se soumettre. « Mais arrête de bouger putain !!  » Elle continuait pourtant de s’égosiller, de s’extirper de son emprise alors qu’il balança : « Je me suis pas tiré comme un lâche, je suis parti, c’est tout. On est dans un pays libre non? Même pas le droit de faire ce qu’on veut ??! » La vérité était tout autre mais Sofiane n’était pas prêt de la dire à voix haute. Il avait mal. Trop mal.  « Et comment ça tu pars ? Tu pars où et quand ? C’est trop dangereux, c’est hors de question.» Sofiane le maniaque du contrôle, le retour.

Citation :
Oui - Le videur n'aime pas trop comment Sofiane lui parle mais essaie de temporiser en les menaçant de les virer
Non - Le videur n'apprécie pas l'humour de Sofiane et à défaut de pouvoir virer Sofiane, il attrape le bras de Charly pour la mettre à l'écart

Alors qu’ils poursuivaient leur dispute, qui devenait de plus en plus virulente, un des membres de la sécurité s’approcha d’eux : « Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Il y a un problème ?  » Sofiane le toisa d’un regard noir et répondit aussi sec : « Ouais, c’est toi mon problème, j’ai pas le droit de m’embrouiller avec ma copine ? » il s’enflamme chut Les deux hommes s’affrontèrent du regard tandis que le videur tentait d’analyser la situation ; il était carré et bien charpenté. Sofiane, pour autant, ne baissait pas les yeux et il n’avait pas peur d’un peu de muscle. « Et bien vous allez gentiment aller vous embrouiller ailleurs que dans ce bar. » Le ton était sérieux, mesuré, un poil agacé. Alors que Sofiane allait répliquer qu’il n’avait pas d’ordre à recevoir d’un homme comme lui, celui-ci empoigna le bras de Charly et l’attira contre lui pour la forcer à quitter la piste. Ce faiblard. Il ne pouvait s’en prendre à Sofiane alors il essayait avec la jeune femme. Agissant immédiatement, accentuant la colère du videur, Sofiane repoussa avec violence son bras et le menaça : « Touche-la encore et je te défonce. » Clair, net et précis. La violence pouvait se lire dans ses yeux sombres tandis qu'il s'imposait devant Charly pour la protéger comme si la menace venait du videur et non de lui.
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Sam 26 Nov - 19:33
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'Oui/Non' :
Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi || Soly IX D12-icon
Résultat :
Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi || Soly IX Non
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Sam 4 Mar - 22:03



Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi
Sofiane & Charly


Je voulais passer à autre chose. Je voulais l’oublier. Je lui en voulais d’être ainsi parti. La mort d’Ambrose m’avait bouleversée au plus profond de mon âme. Avoir trouvé Sofiane pour traverser cette épreuve m’avait soulagée sur le moment. Mais son absence m’avait laissée en chute libre. Je m’étais d’abord inquiété pour lui, cherchant à le joindre. J’étais prête à me rendre chez lui et appeler les secours quand après un passage au Blood Circle, j’avais appris qu’il était en Syrie sans date de retour prévue. Sans même me prévenir. Il n’allait peut-être pas revenir. Il avait fui notre réalité, m’y laissant seule. Seule et démunie face à ce monde de plus en plus obscur et décadent. Mais Doryan, Olivia, Jonas… ils étaient restés eux. Un mois depuis le dernier souffle d’Ambrose. Un mois que le Syrien s’était échappé. Et ce soir, je venais fêter ma liberté. Mon passeport fraîchement reçu par le travail, mon badge de presse. Une photo, une story Instagram. Il ne devait pas avoir accès à ce compte. Normalement… mais l’autre, celui que j’utilisais pour le freerun… A mesure de la soirée et de l’alcool que je buvais, l’euphorie se glissa dans mon esprit. Plusieurs photos que je prenais au fil de la soirée. Avec mes frères de cœur. Ceux qui m’avaient initié à ce sport qui coule avec véhémence dans mes veines. Sans réfléchir, j’envoyais plusieurs photos… Est-ce que je le provoquais ? Est-ce que je me doutais qu’il allait sûrement voir ? Jamais je ne l’admettrais. Mais dans le fond… Bien sûr que je voulais le toucher. Lui faire mal.

Encore des verres, encore des rires. Si je danse avec mes amis, je ne vois pas le temps filer. L’alcool à cette magie de tout estomper. De tout effacer. Temporaire. Avec un retour brutal sur terre. Mais là tout de suite, je n’y pense pas. Je préfère profiter. Je me laissais aller contre un homme parfaitement inconnu. Bon danseur, belle gueule. Je sais déjà comment va se profiler le reste de ma soirée. Enfin… Avant qu’Il n’arrive. De manière fracassante. Tout Lui. Sofiane s’impose. S’interpose. Marque son territoire. Son odeur. Ses mains qui me possèdent. Il parvient même à réveiller ce désir que je voulais étouffer jusqu’à ce qu’il meurt. Mais j’ai envoyé ces photos…

Et si je voulais le provoquer avec ma proie de cette nuit, cette dernière se fit rapidement la malle. Mes prunelles azurées s’assombrirent de colère aux propos que Sofiane s’empressa de prononcer. Quelle merde. « Au moins, cela aurait justifié ton silence. » Mon regard percuta le sien. Quel culot… Je n’en revenais pas de cette audace. De ce contact qui m’avait manqué autant que j’avais envie de le pulvériser en cet instant. Si ma raison tentait de le rejeter, mon corps lui réagissait avec une évidence bien trop lisible. L’ancien soldat n’était pas aveugle. Je me détestais d’être aussi manipulable. « Rien dans tes actions ne me laisse penser autre chose Rasak. » persiflais-je. Il disparaissait. Revenait comme une fleur s’imposant dans ma vie sans se soucier du reste. « Tu ne feras pas de moi ce que tu veux. » Ce soir je comprenais qu’il me voulait. Mais d’une façon bien trop toxique. Il me voulait à Lui. Docile, soumise. Mais cela n’arriverait jamais. Nous étions dans une confrontation brutale. Je le repoussais, frappais contre son torse, déversant ma verve colérique. Reconnaître que cela me touchait trop pour qu’il ne soit qu’un coup de jambe en l’air de temps en temps serait bien trop compliqué. Nouvelle œillade sombre à son encontre. « C’est bizarre, je pensais qu’on avait dépassé ce stade après la mort d’Ambrose. » Je mimais ses paroles. Mordante, je voulais le blesser avec mes mots. Il m’avait fait mal avec son départ. Je voulais tout lui rendre. Qu’il éprouve la même sensation de trahison, de colère.

Les personnes autour de nous commençaient réellement à s’attrouper. Ecoutant et assistant sans gène à notre altercation. Il me semblait même en voir un nous filmer… Lorsqu’il me saisit les poignets, m’obligeant à ployer sous sa force, je l’insultais, verte de rage. Sa réponse m’excéda au plus haut point. Il n’aurait pas tenu mes mains, je lui aurais sûrement collé une gifle… Un sourire bien trop satisfait étira mes lippes à ses questions. Encore une fois, je volais ses réponses. « On est dans un pays libre, non ? Même pas le droit de faire ce qu’on veut ? » Est-ce que je le poussais à bout ? Certainement. J’en avais conscience et je m’en fichais royalement. J’avais juste besoin d'extérioriser toute cette haine qui m’envahissait.

Soudain, un homme assez imposant que je reconnaissais comme un vigile vint s’interposer. Quand Sofiane me définit comme sa copine, j’éclatais d’un rire sans joie. « Les copains ne se barrent pas sans donner de nouvelle. Ou c’est une façon très lâche de rompre si tu veux mon avis. » Sourire sarcastique dont j’eus à peine le temps de me délecter de son effet puisque l’agent de sécurité se saisissait de mon bras pour me conduire dehors. Je soufflais en me disant que ce n’était pas plus mal dans le fond. Je devais m’éloigner de Lui. Mais c’était sans compter sur le Syrien qui se glissait entre nous de façon menaçante. Je levais les yeux au ciel et profitais de sa réaction pour filer. Je me rendais au vestiaire pour récupérer mes affaires et déboulais sur le parking, l’air frais venait me fouetter le visage. Cela me fit le plus grand bien. Je resserrais mon manteau contre moi et sortais mon téléphone pour appeler un Uber. Mais rapidement, des bruits de pas s’approchant avec rapidité me firent faire volte-face. Sofiane n’en avait pas fini…


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Sam 11 Mar - 21:01

Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi
Soly IX || Mi-avril 2021, Bar londonien

Les choix de Sofiane apparaissaient toujours déraisonnés et déraisonnables lorsque cela touchait à ses relations, peu importe la relation d’ailleurs. Il vivait les choses avec plus d’intensité, plus de folie, moins de nuance et davantage de rigidité que les autres personnes ; c’était son mode de fonctionnement, sa manière d’être et d’agir et la plupart du temps, il ne se rendait compte de rien. Pour lui, c’était normal, c’était habituel. Avec ses ennemis, c’était la haine assurée, le déchaînement de violence et la lutte jusqu’à la mort ; pour le moment, il avait toujours eu de la chance et avait toujours été celui qui tuait avant d’être tué. Quant à ses relations amicales, jamais aucune n’avait tenue dans le temps en dehors d’Ambrose. Était-ce parce qu’ils étaient si semblables qu’ils avaient pu créer ce lien intangible ? Ils se comprenaient, ayant vécu les mêmes atrocités et ayant grandi plus ou moins dans les mêmes conditions ; ils avaient également cet objectif, ce but commun qui les avaient rapproché. Pour la première fois depuis bien des années, sa mort avait remué quelque chose chez le Syrien, quelque chose qu’il ne pensait jamais ressentir : la culpabilité. La honte. La peine. Ces émotions normalement inaccessibles pour lui l’avaient submergé et Sofiane avait ressenti le besoin d’échapper au flot de sentiments violents qui l’avaient percuté sans crier gare, sans qu’il ne puisse les en empêcher. La Syrie l’avait accueilli à bras ouverts et rapidement, il avait repris ses marques là-bas, comme s’il n’était jamais vraiment parti. Et pourtant. Pourtant, il y avait tant d’affaires inachevées ici. La mort d’Ambrose demeurait non-élucidée et il y avait enfin du nouveau. Il avait peut-être une chance, même si celle-ci était faible, de faire payer les meurtriers de son meilleur ami en espérant que la vengeance puisse lui permettre de retrouver davantage de sérénité. En somme, Sofiane voulait pouvoir redormir la nuit sans que le traumatisme lié à la mort d’Ambrose ne vienne le hanter.

Et puis il y avait Charly. Il avait beau dire le contraire, il avait beau dire qu’il n’avait pas fui, il avait abandonné Charly à son sort sans regarder derrière lui. Pourquoi ? Elle était faite du même bois que lui et sa souffrance était égale à la sienne ; afin d’oublier, il avait fallu abandonner la jeune femme. Mais Charly n’était pas le genre de femme qu’on oubliait facilement et le jeu auquel ils s’adonnaient depuis des moins avait rendu Sofiane bien trop dépendant pour qu’il la laisse s’en aller, encore moins maintenant qu'il était de retour sur le sol londonien. En Syrie, son image était presque fantomatique, comme un lointain souvenir. Mais ici... Tout semblait si empreint d'elle. Et n'en déplaise à son esprit, il aimait la manière dont ils interagissaient, dont il devait mentir, comment il devait parfois se comporter pour qu’elle retombe dans ses bras. Parce qu’elle ne pouvait pas s’en empêcher, parce qu’elle s’ennuyait de lui et que les autres rendaient tout si fades. Voilà ce que Sofiane pensait. Elle avait besoin de lui. Sûrement autant que lui en définitive, parce qu’elle était le seul lien, la seule chose qui le raccrochait encore à Ambrose.

La preuve qu’elle lui en voulait pour son silence ne tarda pas à poindre ; derrière les mots, il perçut l’inquiétude qu’elle avait pu ressentir à l’idée qu’il soit décédé lui aussi mais à ce moment là, Sofiane n’avait pensé qu’à sa propre survie, annihilant celles des autres et donc, celle de Charly. « T’aurais peut-être préféré. » Qu’il soit mort ? Leurs regards se percutèrent, se jugèrent et aucun d’eux ne souhaitaient lâcher, comme si c’était un duel mythique qui se jouait là. Mais les réactions physiques de Charly aux actions de Sofiane laissaient présager qu’elle ne serait finalement pas si satisfaite qu’il passe l’arme à gauche. Tout son corps la trahissait ce qui rendait Sofiane plus confiant en définitive. Elle lui reprocha de ne s’intéresser à elle que pour les mauvaises raisons et il haussa les épaules, insatisfait. « Pourtant je suis bien là. » dit-il d’un ton acerbe. S’il n’avait souhaité que son corps pour une nuit endiablée, il ne serait pas venu la chercher ici, c’était une certitude. « Arrête ton cirque, t’as toujours été maîtresse de tes choix. » Il ne l’avait jamais forcé à rien, il ne l’avait jamais obligé à faire quoi que ce soit, elle s’était toujours retrouvée dans ses bras sans qu’il n’ait besoin d’avoir une quelconque pression physique sur elle ; elle ne l’avait jamais véritablement repoussé. Alors peut-être que c’était ce qu’elle désirait ce soir, le sortir de sa vie définitivement. Mais Sofiane ne pouvait pas accepter qu’elle se dérobe qu’elle cherche à se soustraire à lui et lorsqu’elle parla d’Ambrose, son visage perdit son air suffisant. Cherchant à lui rappeler à quel point il était responsable de sa mort, il lui souffla : « Tais-toi. » et ça c’est juste parce qu’il était poli. Mais aucun des deux ne souhaitaient se taire, au contraire et la conversation augmenta en décibel si rapidement qu’un groupe de clients commença à se former autour d’eux, certains cherchant à écouter, d’autres au contraire à s’éloigner du duo infernal qu’ils formaient.

L’agacement qu’il ressentait se mua en une rage folle tandis qu’elle faisait exprès de reprendre ses mots et ses expressions pour le déstabiliser. Elle était si forte à ce jeu, si douée. Alors qu’il allait répliquer, on vint les interrompre. L’attroupement avait eu pour effet d’attirer les regards des vigiles et l’un d’eux venait demander le calme. Mais rien que sa voix agaçait Sofiane qui serra les dents et cracha son venin ; il était encore dans un pays libre et s’il voulait s’embrouiller avec Charly, il le faisait, peu importait les conséquences. La jeune femme n’était pas du même avis, stipulant que son comportement était intolérable. Sofiane n’eut guère le temps de répondre, trop occupé à se mettre entre le vigile et Charly qui avait pourtant tenté de l’éloigner de lui. Alors que le vigile commençait à vouloir parlementer plus longuement avec le syrien, Sofiane ne se rendit pas compte que Charly en profitait pour prendre la tangente.

Lorsqu’il s’en aperçut, elle n’était plus dans son champ visuel et il n’écoutait qu’à moitié l’homme qui tentait de le faire sortir. Lorsque celui-ci lui agrippa le bras, Sofiane le vécut comme une attaque personne et dégaina ses poings. Un second vigile s’interposa entre les deux tandis qu’une bagarre plutôt violente débutait et que Sofiane recevait autant de coups qu’il n’en donnait. La douleur physique se rappela à lui comme une vieille amie et étrangement, cela ne fit que raviver et exacerber les émotions qu’il ressentait déjà. Les coups s’enchaînaient mais Sofiane ne se laissait pas faire, recherchant le déchaînement de colère de la part des vigiles qui durent se mettre à trois pour le faire sortir, ne le lâchant que dehors, en pestant qu'ils refuseraient désormais son accès au bar. La belle affaire, c'était bien le cadet de ses soucis. L’air frais fut saisissant. Maintenant que l’entièreté de son corps le faisait souffrir, il se sentait apaisé. Comme s’il n’avait plus besoin de réfléchir à la douleur de l’âme ; tant qu’il avait mal physiquement, son cerveau était concentré sur d’autres maux. Sofiane essuya le sang qui coulait d’une de ses arcades sourcilières, résultat d’un des coups qu’il n’avait su éviter. Il découvrirait sans doute le reste des stigmates de la bagarre ce soir sous sa douche, le temps que les bleus se forment. Une fois dehors, la chevelure blonde de Charly en train d’attendre près des dépose-minutes réservés au taxi l’interpella. Il s’approcha d’elle et lui dit : « Je suis en voiture, je peux te ramener chez toi. » Elle n'était garée qu'à quelques mètres. Il n’y avait aucune obligation étrangement. Pas d’ordre. C’était une simple proposition. Sentant l’hémoglobine couler de son nez, il jura dans sa langue natale et chercha un mouchoir pour éponger. « Je retourne sur le terrain demain, ils ont trouvé une nouvelle piste. » Il n’avait pas besoin de préciser de quoi il s’agissait. Elle savait très bien de quoi il parlait. Faisant ensuite de nouveau allusion à son départ, Sofiane ajouta : « Je ne m'excuserai pas Charly, si c'est ce que tu attends. » S'excuser de quoi d'ailleurs? D'être parti pour survivre. « Si j'étais resté, je serai mort. » C'était un fait qui était soudainement très clair dans son esprit.

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Lun 10 Avr - 20:22



Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi
Sofiane & Charly


Que penser de cette situation ? Nous avancions d’un pas pour mieux reculer de deux. Un instant, je crois pouvoir lui faire confiance. La seconde suivante, il semble déterminé à me prouver tout le contraire. Cette situation est instable. Devrais-je dire qu’il est toxique ? M’entraîne sur des chemins troubles jusqu’à ce que je me perde en chemin ? Peut-être. Cette nuit, son intrusion dans la boîte de nuit m’a rendue folle. Il est parti. Sans donner un seul signe de vie. Et il pense pouvoir s’interposer entre un homme et moi ? J’étais parfaitement décidée à tourner la page. Il avait fui. Il n’avait rien dit. Me tourner le dos sans même une parole. Toutes ses actions me confirmaient une chose : je ne devais jamais m’attacher à un homme. Celui qui m’était destiné était décédé il y a des années. Plus jamais je ne retrouverais un compagnon digne de lui. Aucun ne lui arrivait à la cheville. Sofiane avait été une erreur. Je m’étais attachée à tort et la vérité venait me brûler brutalement pour me faire réagir. Je continuerai de m’amuser, passant d’homme en homme et quand je saurais trop vieille je finirais seule. C’était ainsi que les choses devaient se passer. Je ne me soumettrais pas aux humeurs taciturnes et changeantes du Syrien.

Notre échange était virulent, mordant. L’homme avec qui j’avais pensé passer la nuit s’était envolé. Sofiane m’agressait de ses joutes verbales. Mais ce soir, je ne voulais pas en démordre. « Peut-être. » répliquais-je de façon acerbe alors qu’il disait que j’aurais préféré le voir mort. Si c’est ce qu’il voulait entendre. Si cela pouvait le blesser autant qu’il m’avait blessée, alors je lui dirais les pires atrocités. Je n’avais, ce soir, aucun scrupule. Nos regards s’entrechoquèrent brutalement. Le menton relevé, j’avais décidé de ne rien lâcher. Même sa tentative de me retourner la tête avec ses mains sur mes courbes et ses lèvres sur les miennes. Bordel que c’était dur de résister à cette attraction. Il savait que j’étais sensible à ses charmes. Certainement, pensait-il gagner la bataille de cette façon ? Mais je le repoussais, mon corps trahissant malgré tout ce que ma raison refusait de lui offrir. « Et tu pensais à quoi en venant ici ? Que j’allais t’accueillir à bras ouverts ? » Cuisses ouvertes également ? Certainement pas après cette scène qu’il venait de me faire. Il n’avait aucun droit sur moi. Je lui en voulais d’être parti de cette façon. Ses méthodes n’arrangeaient rien, bien au contraire. Elle s’agaça à sa réponse suivante. « Et ça t’emmerde bien hein ? Parce que ce soir, je n’irais nulle part avec toi. C’est fini ce petit jeu. »

Je mimais ses paroles et ramenais Ambrose au cœur du sujet. Il nous avait rapprochés lorsqu’il avait disparu, plus encore à son enterrement. Et au retour de Sofiane, il nous éloignait. Peut-être est-ce un signe de son ami d’enfance ? Une façon de la prévenir de fuir l’ancien soldat. J’avais fermé les yeux sur le passif du Syrien. J’avais oublié mes a priori que je m’étais faits sur lui quand je l’avais connu sur le terrain. J’avais décidé de passer outre ces photos douteuses qu’il détenait de moi. Pour quelles raisons au final ? « Jamais ! » lançais-je alors qu’il m’ordonnait de me taire. J’étais décidé à faire tout le contraire de ce qu’il voulait quitte à le rendre totalement dingue. Et cela marchait. Tant et si bien que la foule autour de nous se faisait spectatrice et que les vigiles vinrent nous demander d’évacuer les lieux. Chose que je fis sans me faire prier.

L’air frais estompa les dernières traces d’alcool qui sillonnait mes veines. Téléphone à la main, je lançais l’application Uber pour commander un chauffeur et rentrer chez moi. Le prochain arriverait dans une quinzaine de minutes. J’allais devoir attendre dans le froid. Mais rapidement, les bruits de pas de Sofiane retentirent dans mon dos. Mes prunelles azurées se posèrent sur les marques des coups qu’il avait reçus. Je me demandais dans quel état pouvaient être les gardiens des lieux. Je savais de quoi l’ancien militaire pouvait être capable.  «  Non. » répondis-je sèchement. La dernière fois, il avait terminé chez moi. Je ne recommencerai pas. Ce qui suivit… je crus que j’allais exploser de colère. Je me retenais de prendre la parole à ses premiers mots et le fixais tout en me figeant. J’allais le tuer. Quant à la suite, je secouais la tête, dépitée. « Comment ça, ils ont trouvé une piste ? Pourquoi je ne suis pas au courant ? J’avais expressément demandé à l’être. Tu reviens et comme par hasard je suis écartée ? » Je m’approchais de lui totalement furieuse. « Ambrose était mon troisième frère. Mon ami d’enfance. On a vécu les mêmes merdes ! Je le connaissais depuis bien plus longtemps que toi ! N’envisage même plus de m’écarter des recherches. Encore moines de t’en servir en espérant que ça me calme vis-à-vis de toi. C’est terminé notre alliance pour le retrouver. Tu as fait ton choix quand tu t’es barré sans rien me dire. Tu aurais simplement pu me parler, me dire que tu avais besoin de partir. Et au lieu d’arriver comme un forcené en pleine soirée, tu aurais juste pu confier ce que tu ressentais au lieu de me balancer tes états d’âme après ton scandale dans la boîte de nuit ! » Mon regard assombrit par la colère aurait pu le tuer sur place. Je lui tournais le dos, lui signifiant que je ne voulais plus lui parler et que je m’étais un terme à notre discussion. Il ne voulait pas s’excuser de son comportement merdique ? Très bien. Qu’il ne compte pas sur moi pour échanger avec lui. Je n’avais qu’une envie, lui retourner une claque sur le visage. Il ne méritait rien de plus ou de mieux de ma part. Il m’avait fait trop perdre de temps à jouer ainsi. Plus je le fréquentais, plus je réalisais qu’il pouvait être toxique, dangereux. Et si mon palpitant continuait de s’embraser en sa présence, c’était un signe pour que je m’éloigne de lui le plus possible avant qu’il ne m’entraîne avec lui dans son errance.


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Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi
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Sans surprise, la situation entre Sofiane et Charly était des plus catastrophiques. Probablement parce qu’aucun d’entre eux n’avaient la force ni le courage, de subir et d’entendre les véhémences de l’autre. Ils étaient tous les deux parqués dans leur peine, leur douleur, leur maux et ils ne voulaient subir aucune conséquence de leurs actes. Même si clairement, Sofiane était cette fois responsable de la situation. Comme les autres fois d’ailleurs. Parce qu’il était comme ça, il était ainsi, il ne savait pas comment fonctionner autrement ; il avait tenté la confrontation, la colère, la fuite. Aucune de ses actions n’avaient porté ses fruits et Charly lui paraissait toujours aussi inaccessible, tel un papillon qu’on ne parvenait pas à emprisonner dans un bocal. Pourtant, Sofiane mettait tout en œuvre pour qu’elle lui revienne mais Charly avait davantage de caractère qu’il ne l’aurait imaginé. Et étrangement, peut-être même de manière inconsciente, il s’était attachée à elle, à ce qu’elle représentait et à ce qu’elle était. Par ailleurs, Sofiane détestait perdre. Il détestait qu’on lui résiste, qu’on lui dise non, qu’on ose le chasser de sa vie sans regarder en arrière. Au contraire, il avait besoin de se sentir considéré, surtout par les personnes qu’il convoitait ; Charly qui le repoussait le renvoyait à une image bien trop difficile à digérer.

Ce qui était néanmoins amusant dans ce jeu perpétuel dans lequel ils s’enfermaient systématiquement, c’était que Sofiane savait qu’il ne lui était pas insensible, même si elle cherchait à le repousser de mille manières. Ses mains sur sa peau était la confirmation qu’il attendait ; elle le désirait toujours, malgré ses actes, malgré les reproches qu’elle lui faisait, malgré sa colère. C’était probablement d’ailleurs les raisons de cette ire vengeresse ; Charly n’avait pas supporté son départ en catimini alors elle avait besoin d’exprimer sa rage par d’autres moyens. Si Sofiane pouvait comprendre, il ne pouvait pas accepter que cela dure plus de deux minutes et la situation devenait des plus instables tandis qu’ils se confrontaient au beau milieu de la piste de danse, observés par d’autres clients curieux de savoir ce qui les rendait si véhéments. Si seulement ils savaient… Si seulement ils se rendaient compte à quel point Sofiane et Charly étaient embourbés dans une relation toxique à laquelle ils s’accrochaient néanmoins… Pour autant, leurs échanges demeuraient des plus acerbes, chacun tentant de blesser l’autre, de pousser l’autre dans ses retranchements. Cela paraissait évident que Charly tentait de le confronter sur son départ tout comme Sofiane tentait de de se dédouaner. Aurait-elle préféré qu’il soit mort lui aussi ? Peut-être répondit-elle, insolente, tandis que le syrien esquissait un sourire moqueur. Était-ce la vérité ? Probablement. A plusieurs reprises, Sofiane aurait aussi préféré qu’elle soit morte pour qu’il puisse échapper au lien qui les unissait et qu’il puisse reprendre une vie plus simple. Car Charly compliquait tout, c’était certain. « Je n’attendais rien. » C’était vrai et faux en même temps et ce curieux paradoxe le força à contre-attaquer aussitôt. Il n’avait jamais réussi à la faire céder comme il l’aurait voulu et si Charly pointait là un point sensible, Sofiane se contenta de rire, amusé. Elle lui revenait toujours. Tôt ou tard. Il y avait toujours quelque chose qui les forçait à se retrouver à nouveau. La dernière fois, c’était Ambrose.

Cette fois-ci, aucun sourire narquois ne vint marquer le visage de l’ancien militaire. La mort d’Ambrose avait été un choc, un véritable naufrage et Sofiane n’avait pas pu se confronter aux émotions qu’il avait subitement ressenti de plein fouet, lui qui avait toujours pensé être un homme des plus solides dont les sentiments n’étaient que secondaires. Il ignorait si ceux-ci avaient toujours été là et si la mort d’Ambrose les avait subitement renvoyé vers la surface ou s’il les découvrait uniquement maintenant. Peu importait en réalité, ce qu’il fallait souligner, c’était que la douleur avait été insoutenable, ingérable. Et lorsqu’ils s’emportèrent dans une énième tentative de joute verbale, Sofiane lui intima de se taire, ce qu’elle refusa. Évidemment. Les vigiles du bar en profitèrent pour les séparer et tandis qu’il se battait contre trois d’entre eux, Charly s’éclipsait à l’extérieur. Sofiane finit par la rejoindre grâce à l’aide aimable des vigiles qui lui expliquèrent qu’il n’était plus le bienvenue en ces lieux. Comme s’il en avait quelque chose à faire. Tout ce qui l’intéressait ici, c’était elle.

Proposant son aide pour la raccompagner, son non catégorique ne le surprit pas pour un sou. Cela aurait été étonnant qu’elle accepte après leur dispute. Prenant un virage à cent quatre-vingt degrés dans la conversation, Sofiane expliqua en quelques mots les raisons de sa venue. Ou plutôt de son retour en Angleterre. Les meurtriers d’Ambrose étaient là, quelque part, en pleine nature. Et si la piste avait refroidi, il demeurait un espoir, un petit espoir auquel le syrien se raccrochait. Il n’y avait que la vengeance qui l’animait et celle-ci tentait maladroitement d’étouffer le profond sentiment de culpabilité qu’il ressentait vis-à-vis de la mort de leur ami. Il serait mort s’il était resté, il en était persuadé. Il n’aurait jamais supporté d’être responsable. Pourtant, personne ne le jugeait ainsi, personne ne l’avait accablé du décès d’Ambrose. Mais dans le tumulte de ses émotions, Sofiane n’avait pu empêcher cette pensée de s’insinuer dans son esprit au point qu’il avait du fuir pour ne pas sombrer dans les errements et le chaos le plus total. Alors qu’il gardait le silence, il supporta sans rien ajouter la colère sous-jacente de Charly qui s’animait à nouveau, furieuse de ne pas avoir été prévenue de quoi que ce soit. Sofiane arqua un sourcil, véritablement surpris qu’elle n’ait pas été mise au courant. Dans ses propos, il pouvait ressentir toute la rage, le désespoir, la colère, la tristesse, l’abandon. Comme si Charly se sentait lésée. Elle lui tourna le dos afin de rompre tout contact avec lui et Sofiane sortit une cigarette de son paquet pour tenter de calmer ses nerfs. Il prit le temps qu’il fallait pour contourner la jeune femme et lui dire, sincèrement : « Je ne sais pas pourquoi ils ne t’en ont pas parlé. Je ne suis pas responsable du fait que tu n’aies pas été mise au courant. J’étais encore en Syrie quand ils m’ont appelé. » Qu’elle ne se méprenne pas. C'était ce qui l'avait poussé à revenir. « Je ferai le nécessaire pour que tu sois informée de tout ce qu’il se passe concernant Ambrose maintenant que je fais partie du conseil. » déclara-t-il ainsi, presque l’air de rien. Cela s’était fait naturellement. Facilement. Depuis son retour, Sofiane n’avait de cesse que de s’impliquer davantage dans la vie de l’organisation et maintenant qu’il avait fait sa place au sein du Cercle, rejoindre le conseil afin d’apporter des solutions plus radicales et  définitives au problème magique lui avait paru des plus évidents. Si d’autres n’avaient pas le courage de proposer des actions plus draconiennes, Sofiane se fera une joie de le faire pour eux.

Quant au reste… « Je n’attends rien de toi. » répéta-t-il. C’était un mensonge, évidemment. S’il était là ce soir, c’était bel et bien parce qu’il avait besoin d’elle, d’une manière qui n’était ni acceptable, ni tolérable dans une véritable relation sentimentale. Sofiane était virulent, toxique, manipulateur. Il le savait, il n’y pouvait rien, il vivait juste avec. Il soupira doucement, écrasant son mégot de cigarette au sol et en rallumant une aussitôt, tendant le paquet vers la jeune femme. Tentant néanmoins de rallier Charly à sa cause, il reprit : « Tu sais bien que je ne suis pas comme ça. Parler, dire les choses, ça n’a jamais été moi. Ne fais pas comme si tu l’ignorais. Tu as toujours su qui j’étais. C'était déjà comme ça quand on s'est rencontré sur le terrain. » Il n’était pas comme les autres hommes qui pouvaient évoquer leurs douleurs et leurs maux. Il n’était de ceux-là. Et pourtant… « Ce n’est pas parce que tu connaissais Ambrose depuis plus longtemps que moi que je ne suis pas autant affecté que toi par sa mort. » Les mots sonnaient si étrangement dans sa bouche ; le dire à voix haute était insoutenable. « Ambrose aussi était comme mon frère. J'étais plus proche de lui que je ne l'ai jamais été avec ma propre fratrie. » C'était la première fois qu'il parlait vraiment de sa famille avec Charly, peut-être même ignorait-elle qu'il avait des frères et soeurs. « Il n'y a plus rien qui m'attend en Syrie. Ma vie est ici maintenant. J'aurai peut-être pu m'en rendre compte autrement qu'en partant sans rien dire. » Tirant adroitement les fils de sa marionnette, Sofiane cherchait à tout prix un moyen de ramener Charly dans son sillon. Il n'était pas revenu pour elle parce qu'il était alors focalisé sur Ambrose mais maintenant qu'ils étaient ensemble, il se rendait compte que son esprit ne pouvait supporter qu'elle lui échappe.

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Dim 21 Mai - 23:44



Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi
Sofiane & Charly


Il n’attendait rien. C’est qu’il venait de me répondre et je ne savais même pas comment je devais réagir à cette réponse. Après tout, c’est ce que j’avais toujours voulu. L’indépendance. Etre libre d’aller et venir si cela me chantait. Alors pourquoi cela me rendait folle de rage à l’intérieur cette réponse ? Pourquoi cela dévorait mes entrailles et m’emplissait d’une colère sourde, cette indifférence ? Je m’étais bercée d’illusions. Au décès d’Ambrose, j’avais cru que Sofiane et moi… Sofiane et moi… J’étais ridicule. Je me rendais compte que j’avais fait des plans sur la comète. Moi qui avais juré sur la tombe de Tim que jamais aucun n’autre homme ne prendrait sa place. Qu’ils lui étaient tous inférieurs. J’avais failli la laisser à Lui. Je me détestais pour ça. Ma réaction était celle d’une femme jalouse. D’une femme délaissée. Une femme immature qui avait cherché l’attention d’un homme. Du Syrien. De l’ancien soldat. De l’amant. Du photographe. De l’ami d’Ambrose. Un mélange sulfureux et toxique de mon passé et de mon présent. Pourtant rien ne semblait rimer avec futur. J’étais juste… ridicule. D’y avoir cru. Ne serait-ce qu’une seconde. Il avait traversé cette souffrance avec moi. Cette peine. Ce vide. Cette absence. Lui mieux que quiconque aurait pu avancer à mes côtés durant cette période terrible. Mais il avait disparu. Il m’avait tout bonnement abandonné.

Nous nous retrouvions dehors, la nuit berçant les maux que nous nous jetions à la figure. Enfin, j’étais surtout celle qui s’énervait. Son impassibilité me poussait peut-être même davantage à monter dans les tours. Pourquoi lui ne ressentait pas cette lave sous-jacente prête à exploser ? Pourquoi il ne se déversait ? Il tentait presque d’apaiser la situation. Me proposant de me raccompagner. Me parlant d’Ambrose. Qu’il serait ce qu’il faudrait pour que je sois informée. Un sifflement agacé fila entre mes lippes. Mon regard bleuté rencontra ses iris. « Merci bien monseigneur. » Je mimais une révérence agacée. J’avais presque oublié qu’il était membre du syndicat à présent. Une des voix qui murmurait à l’oreille des familles fondatrices. Ce qui expliquait que je n’étais plus prioritaire dans la dispersion des informations. Après tout, je ne faisais partie que du bas peuple à présent. Un jour, j’enverrai tout promener. Un tatouage viendrait recouvrir cette putain de brûlure qui se dissimulait derrière mon oreille. J’agirais en mon simple nom.

Et puis, il répéta de nouveau qu’il n’attendait rien de moi. Cela n’avait pas de sens. « Je ne te demandais pas un compte-rendu détaillé sur tes émotions Rasak. Juste me dire que tu partais, ça t’aurait coûté quoi franchement… » Bien sûr que je le connaissais. Je n’étais pas du genre à m’étaler non plus sur mes ressentis. Mais juste dire qu’il s’en allait, c’est vraiment trop demander ? Je l’écoutais ensuite parler, ma gorge se nouant alors qu’il mentionnait Ambrose. Son absence était terrible. Je ne ressentais que le vide, l’absence et le manque quand je voyais son visage dans mes souvenirs. Puis ce corps… brûlé. Cette souffrance qu’il avait certainement endurée… Sofiane évoqua sa famille, laissée là-bas, dans son pays. Je ne m’étais jamais interrogé sur le Lui d’avant. J’en avais eu un aperçu à l’époque. Etait-il si différent dans le fond ? Je ne savais presque rien sur lui quand je ressemblais à un livre ouvert devant lui. Je jetais un œil sur mon téléphone, guettant le Uber qui devait arriver. Un silence s’installa. Nos regards s’accrochèrent pendant ce qui me sembla une éternité. Je ne le comprenais pas. Je ne saisissais rien à ce qui nous liait. Comment nous étions-nous rapprochés pour nous rejeter aussi rapidement ? Pourquoi je m’étais attachée à lui ? Mon palpitant se serra brutalement. « Je suis perdue Rasak… Je ne comprends plus rien à ce qu’il se joue entre nous. Je ne sais pas ce que je veux, encore moins ce que tu cherches. » Mes prunelles glissèrent sur lui, sur sa carcasse imposante. Sur ses yeux clairs qui contrastaient avec sa peau ambrée. Ses lippes qui se resserraient sur sa clope.

Un petit bip sonore se fit entendre sur mon iPhone. Le prénom, la voiture et la plaque étaient indiqués. Je regardais un instant autour de nous et vis le véhicule qui s’approchait. Ce dernier s’arrêta juste derrière moi. « Si tu n’attendais rien, qu’est-ce que tu es venu faire là Sofiane ? » soufflais-je sans réellement attendre de réponse. J’espérais juste qu’il allait réfléchir à cette question. Chercher à comprendre ce qui ne tournait pas rond entre nous. J’ouvrais la portière du Uber, l’observant à la volée une dernière fois avant de me glisser sur le siège arrière. Mes émotions partaient dans tous les sens. Je ne savais plus à quoi m’en tenir. L’alcool ne m’aidait certainement pas à réfléchir de façon concise et efficace. Je comprenais juste que Sofiane avait pris une part bien plus importante que je n’avais voulu l’admettre dans ma vie. Seulement… je ne connaissais rien de lui, seulement ses aspects les sombres et je m’y étais laissée entraîner lentement…


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Jeu 8 Juin - 23:20

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Soly IX || Mi-avril 2021, Bar londonien

L’air frais était mordant mais étrangement, il permettait à Sofiane de rassembler ses idées. Elle lui avait échappé une fois alors qu’il se battait avec une virulence peu commune contre les vigiles du bar donc il n’avait pas envie qu’elle puisse s’enfuir à nouveau. Pour la première fois depuis ce qui lui semblait des années, Sofiane était désemparé. Dissimuler son agacement et sa culpabilité derrière cette attitude froide et déraisonnée était sa façon à lui d’éviter de ressentir de plein fouet le tourment des émotions dans lequel il flottait depuis maintenant quelques semaines. La mort d’Ambrose avait rebattu les cartes et Sofiane avait vécu celle-ci comme un véritable coup de tonnerre, revivant peut-être inconsciemment le décès de son frère aîné alors qu’il n’était qu’adolescent. Ambrose avait sorti Sofiane de la merde -pour parler franchement- et sans lui, le syrien se sentait perdu. Ils avaient formé un incroyable duo et leur terrible efficacité en mission leur avait valu bien des éloges au Blood Circle. Mais au-delà du fait qu’Ambrose lui avait offert un but et un objectif à atteindre dans la vie, il avait également trouvé en lui un allié de confiance, une personne sur qui compter, quelqu’un qui ne l’avait jamais jugé, jamais rejeté, toujours compris. Sofiane demeurait une énigme à part entière pour la plupart des personnes alors trouver en Ambrose un ami avait été salutaire pour lui. Voilà pourquoi sa mort faisait si mal.

Au milieu de tout cela, il y avait Charly. Elle aussi avait perdu une personne chère et si Sofiane avait cru dans un premier temps pouvoir panser ses plaies auprès d’elle, la perspective de rester à ses côtés avait ravivé d’autres blessures. Charly lui faisait penser à Ambrose et pour retrouver un semblant de lucidité, il avait fallu s’éloigner. Aussi loin possible de cette vie, aussi loin possible d’elle et de l’Angleterre où chaque personne lui rappelait son ami. Et pourtant, il était de retour, pour des raisons qu’on qualifierait peut-être d’obscures et que Sofiane préférait taire. Il était là maintenant, c’était tout ce qu’il fallait savoir. Évidemment, pour Charly, son retour était synonyme d’une grande colère, une colère causée par son absence et ses silences. Celle-ci était fort justifiée et Sofiane la recevait en pleine face mais ne l’acceptait qu’en partie. Une partie de lui comprenait ses réticences à ce que tout redevienne comme « avant » entre eux, une autre part de lui trouvait cela inadmissible qu’elle ne soit pas déjà en train de ramper à ses pieds en pleurant à quel point il lui avait manqué. Cette ambivalence le rendait fou et cela expliquait peut-être pourquoi ses réactions étaient si disproportionnées et surtout si… inhabituelles. Comme maintenant où il cherchait à calmer le jeu, à ne pas envenimer la situation alors que Charly faisait tout son possible pour qu’il s’énerve. Que voulait-elle vraiment ? Qu’il se fâche réellement, qu’il use de violence ? Peut-être était-ce ce qu’elle voulait, peut-être était-ce dont elle avait besoin ? Mais une part de lui-même lui intimait de se méfier. Tout était prétexte pour le sortir de sa vie, il le savait. S’il voulait s’immiscer à nouveau dans son existence, il devait jouer plus finement, utiliser la carte de l’homme qui cherchait à se repentir, qui n’entrait pas dans le cercle vicieux de la colère. C’était tout un stratagème qu’il tentait sagement d’exécuter mais ce n’était pas si simple face à une Charly bien décidée à montrer les crocs. Sofiane décida de ne pas ajouter de l’huile sur le feu face à sa révérence exagérée, réaction enfantine à son humeur des plus sombres.

Alors qu’elle lui reprochait à nouveau de ne pas lui avoir dit qu’il partait en Syrie, il acquieça faiblement et leva les yeux au ciel. Il admit pourtant : « C’est vrai, ça ne m’aurait rien coûté. » C’était un fait. Un SMS, un simple appel. Cela lui aurait pris cinq secondes. Mais cela n’avait même pas été une option en vérité. Il avait quitté l’Angleterre sans regrets et ne s’était pas retourné une seule fois. Mais maintenant qu’il était de retour… Le vide provoqué par la mort d’Ambrose l’avait suivi en Syrie et Sofiane avait alors compris que ce vide ne serait jamais comblé (peu importe qu’il soit à des milliers de kilomètres ou non) tant que justice et vengeance n’auront pas été faites. Sofiane le savait, il n’était pas revenu pour Charly. Mais être en Angleterre sans elle n’avait aucun sens. Cette ambiguïté était des plus singulières mais dans son esprit chaotique, il n’y avait rien de plus clair. Lorsque le silence s’installa, leurs regards s’entrechoquèrent à nouveau tandis qu’elle disait être perdue, qu’elle disait ne rien comprendre de ce qu’elle souhaitait ou de ce que Sofiane cherchait. Il haussa vaguement les épaules avant d’ajouter : « Sur ce point, on est d’accord. » Il porta à nouveau sa cigarette à sa bouche, tentant de camoufler ses errements en s’occupant l’esprit. Charly avait raison, ils ne savaient pas ce qu’ils désiraient, ce qu’ils voulaient, ce qu’ils cherchaient.

Pendant qu'il cherchait quoi lui répondre, son Uber réduisait les derniers mètres qui les séparaient. À ce stade, il y avait deux solutions, laisser Charly partir ou éviter à tout prix qu’elle s’en aille. Dans l’esprit embrumé du syrien, la laisser partir maintenant ressemblerait fortement à un adieu des plus définitifs alors lorsqu’elle lui demanda, de manière probablement rhétorique, ce qu’il était venu faire ce soir, dans ce bar, auprès d’elle, Sofiane décida de prendre les choses en main. La portière venait de se refermer mais il la rouvrit brusquement, s’installant à ses côtés sans préambule. Le chauffeur se retourna immédiatement en disant : « Je suis navré, la course a été réservée pour une seule personne. » Sofiane leva les yeux vers le plafond de la voiture et résista à l’envie folle de le fusiller du regard avant de sortir son porte-feuille et de lâcher deux billets de vingt livres sterling. « Roule. » Se satisfaisant de cela et semblant jouer avec les limites de sa morale, le chauffeur accepta les billets et reprit sa course. Sofiane ne se préoccupait même pas de la destination, imaginant sans mal que Charly avait décidé de rentrer chez elle. Ce n’était pas très loin, ils n’avaient pas beaucoup de temps. Avant qu’elle n’ait le temps de véritablement protester, il embraya : « Je vais pas te mentir Charly, j’en sais rien. Je ne t'ai pas écrit avant de partir parce que je voulais laisser derrière moi cette vie que je m'étais construite ici en imaginant que tout serait différent là-bas. Cela n'a servi à rien.» Il soupira faiblement avant d’ajouter : « Si tu crois que tu es la seule à être complètement paumé... Tout ce que je sais, c’est quoi que je fasse, tout me ramène à toi. » Entre manipulation et vérité, tout se mélangeait. Dans la pénombre de l’habitacle de la voiture, les doigts de Sofiane cherchèrent la main de la jeune femme qu’il serra brièvement. « Je ne veux plus être seul, sans Ambrose, je n’ai personne ici. Je n’ai plus que toi. » Était-ce une énième manœuvre visant à la ramener auprès de lui ou bien un aveu de franchise ? Rien n’avait jamais été aussi peu clair dans l’esprit de Sofiane. Cette ville, cette fille, lui faisaient perdre la tête.

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Ven 23 Juin - 0:16

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Soly IX || Mi-avril 2021, Bar londonien

Les effets étourdissants de l’alcool m’abandonnaient, laissant place à une douleur lancinante à la tête. J’appuyais mes doigts sur les tempes, frôlant cette cicatrice qui me restait depuis cet attentat alors que j’avais perdu la mémoire. Je fermais les yeux un instant. L’air frais frôlait mes joues et me berçait comme pour tenter de calmer la tempête émotionnelle que Sofiane avait éveillée. Ma raison me disait de m’enfuir, de lui tourner le dos à jamais. Les discussions avec Doryan, Jonas ou encore Olivia auraient dû me tenir sur cette route. C’est ce que je tentais de faire en le laissant aux mains des vigiles, sachant pertinemment qu’il aurait le dessus. J’avais commandé un Uber pour mettre de la distance, mais cela semblait jouer contre moi. Il ne serait pas là avant plusieurs minutes. Un espace bien trop important qui permettait à Sofiane de se glisser entre les mailles du filet que j’avais tenté d’ériger entre nous.

Alors que je lui reprochais de ne me pas m’avoir prévenue, il acquiesçait en me prenant au dépourvu. Mes épaules tendues se relâchèrent légèrement. Je lui disais que je ne savais plus où nous en étions. Qu’est-ce qu’il voulait ? Je ne savais même pas répondre à cette question. J’avais le sentiment d’être attachée à Sofiane. Plus que mes aventures d’un soir ou deux. Différent de ce que j’éprouvais avec mes sexfriends… Une nouvelle fois, il obtempérait. J’observais ses lippes se refermer autour de sa cigarette puis la fumée qui s’en échappait. Je secouais négligemment la tête. J’étais totalement perdue. Je n’avais jamais ressenti un tel émoi dans ma cervelle. Je le détestais autant que j’avais envie de lui, ne sachant choisir un mot pour définir ce tumulte incessant qu’il était venu réveiller en venant dans cette boîte de nuit. Un frisson parcourut mon échine. Je commençais à avoir froid. La fatigue m’enlisait, ma tête était sur le point d’exploser. Le chauffeur arriva enfin. Un œil sur mon portable me confirma que c’était la bonne voiture.

Je me glissais dans l'habitacle avec le sentiment d’être à l’abri. Cela ne dura qu’une seconde… le conducteur était en train de saisir mon adresse quand la porte s’ouvrit et que Sofiane prenait place à mes côtés. J’ouvrais la bouche pour contester son intrusion, mais le chauffeur fut plus rapide. J’observais malgré moi la scène médusée tandis que le véhicule démarrait. Il abandonnait sa voiture sur le parking sur un coup de tête. J’aurais dû dire au chauffeur de s’arrêter, imposer à Sofiane de sortir. J’aurais dû quitter ce siège et me défaire de cette ceinture. Au lieu de cela, le Syrien s’introduisait, s’immisçait… s’imposait toujours plus dans mon univers. Je voulais le repousser. Je n’avais aucune idée de ce qu’il avait en tête. Mon palpitant s’embrasa à ses paroles. Je me laissais retomber sur le cuir qui soutenait ma carcasse. Mes yeux se fermèrent tandis que je cherchais à faire du tri dans mes pensées. Qu’est-ce que je devais faire de ses confessions ? Je prenais une profonde inspiration avant de relâcher mon souffle tandis que sa main venait se resserrer autour de la mienne un bref instant. Mon regard se posa dans le sien. Le conducteur faisait mine de ne pas nous écouter avec ses air pods.

Que devais-je répondre à ça ? J’avais besoin de quitter l’Angleterre également. Mon travail me permettait de m’échapper. Je comprenais le besoin qui l’avait traversé. Mais contrairement à lui, ma vie était ici. J’avais des amis et ma famille. Je ne comptais pas les abandonner. C’est ce qu’il aurait fait si cela c’était bien passé en Syrie. Il m’aurait simplement oublié au profit d’une nouvelle vie ailleurs. Pouvais-je réellement le blâmer ? « Et si on repartait de zéro ? » Je m’entendais proposer cette idée qui me paraissait presque aussi absurde que désespérée. J’avais soufflé ces mots sans même savoir comment m’y prendre. Je pivotais légèrement, ma tête s’appuyant sur le siège, continuant de l’observer. « On oublie ce bordel et on verra ce que ça donne… » Il était loin le temps où nous nous étions rencontrés en Syrie. Il restait malgré tout ce soldat taciturne et j’étais encore cette blonde qui n’avait cessé de sourire. Son contact m’avait pourtant brûlé. Poussée sur des sentiers que je ne me serais jamais pensé capable d’emprunter. Etait-ce réellement quelque chose de bien ? Je repassais chacune de nos rencontres. Chacune de nos altercations. Ce moment où je m’étais sentie en danger. Et pourtant, il avait éveillé chez moi des sentiments contradictoires, me faisant revenir à la surface alors que je faisais mine de flotter au-dessus depuis la mort de Tim. Ce n’était certainement pas la meilleure façon de faire. Certainement pas la plus raisonnable… mais cela faisant longtemps que je n’étais plus apte à réfléchir correctement quand il était dans les parages.

La voiture ralentie arrivant au pied de mon immeuble. Je me libérais de la ceinture et me penchais vers lui déposant un baiser sur sa joue. « A vendredi ? » soufflais-je. Ces rendez-vous sur les toits avant que tout ne dérape. Avant que tout ne devienne compliqué. Une énième et dernière chance, voilà ce que je nous offrais…
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Sofiane Rasak
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Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi
Soly IX || Mi-avril 2021, Bar londonien

Pourquoi espérer que les échanges entre Sofiane et Charly soient plus cordiaux alors que le feu qui les animait intérieurement avait souvent était au milieu de leur relation ? Peut-être qu’au début celui-ci était davantage étouffé par la manière dont Sofiane avait appréhendé la jeune femme ; avec beaucoup plus de tact et en y mettant davantage de forme. Force était de constater que le naturel était bien vite revenu au galop une fois l’opération de séduction et le flirt passés. Sofiane s’était alors persuadé qu’elle lui appartenait et que rien ni personne ne pourrait faire revenir Charly en arrière. C’était sans compter l’indépendance de la journaliste et sa façon bien à elle de se soustraire à l’emprise qu’il avait tenté d’instaurer sur elle. Comment pouvait-on la blâmer pour cela ? Sofiane était tout ce qu’il y avait de plus infréquentable et de détestable de par sa personnalité à part, hors du commun. Il n’était pas comme les autres mais pas forcément dans le bon sens du terme. Il ne savait pas comment agir de manière appropriée sans avoir une idée derrière la tête ; parce que tout était forcément calculé, tout était forcément contrôlé, il ne laissait jamais de place à l’imprévu.

Et pourtant, ces derniers temps, Sofiane avait l’impression de ne rien maîtriser, que tout partait à vau-l’eau, qu’elle lui échappait. Ce qu’ils vivaient ces dernières semaines avaient fini par les rapprocher juste avant que Sofiane ne s’éloigne à nouveau. Fuir lui avait semblé être la meilleure des solutions mais le temps avait passé et le désir de vengeance était toujours omniprésent dans l’esprit du jeune syrien, le nier serait un mensonge. C’était avec le besoin de restructurer sa vie qu’il était revenu, reprendre le contrôle, chasser des sorciers, leur faire payer. C’était tout ce qui comptait. Tout ? Non un village d’irréductibles gaulois résiste encore et toujours… ah non c’est pas ça, il y avait aussi Charly évidemment. Mais Sofiane n’était pas dupe, et la soif d’indépendance de Charly était la cause directe de ses exactions. Pour rattraper le coup, il allait falloir user de patience mais aussi lui offrir quelques mensonges au passage afin d’enjoliver les choses. Sofiane était passé maître dans cet art subtil et sa force de persuasion l’aidait régulièrement dans cette quête.

Par ailleurs, Sofiane était des plus tenaces. Il ne laissa pas Charly s’échapper dans cette voiture et grimpa dedans sans lui demander son avis, achetant vulgairement le chauffeur pour qu’il ne lui ordonne pas de sortir (et de toute manière, Sofiane l’aurait-il écouté ? Soyons honnête, non). Le véhicule démarra quelques secondes plus tard et Sofiane s’élança dans sa quête de la reconquête. Réaffirmant sa position auprès de la jeune femme, il lui offrit quelques éléments d’explication sans savoir véritablement si c’était un jeu qu’il s’imposait pour qu’elle retombe dans ses bras ou bien s’il y avait une semi part de vérité dans tout cela. C’était ce qui rendait le lien qui les unissait difficile à cerner, ni lui ni elle ne savait sur quel pied danser. Lorsqu’ils échangèrent un regard, Sofiane se tut brutalement, tentant de sonder la jeune femme, se demandant s’il l’avait persuadé ou s’il avait perdu la bataille. Les yeux de Charly étaient pourtant des plus expressifs d’habitude, sans doute que la pénombre de l’habitacle rendait difficile leur lecture. Ce fut les premiers mots qu’elle prononça qui changèrent l’ambiance déroutante qu’il y avait dans la voiture. Repartir de zéro, c’était ce qu’elle proposait et Sofiane ne pouvait qu’attraper cette perche qu’elle lui tendait. Ainsi elle était prête à oublier toutes les bavures, les mensonges, les sournoiseries dont il se rendait coupable en agissant d’une manière absolument incorrect avec elle. Et pourtant, elle souhaitait repartir sur de nouvelles bases. En entendant ces quelques mots, Sofiane pensa qu’il avait gagné. Qu’elle était trop attachée à lui pour se défaire de son influence, aussi mauvaise soit-elle ; qu’elle était capable de lui pardonner ses frasques et autres joyeusetés alors que le comportement du syrien était des plus perfides. Peut-être que son esprit troublé ne parvenait plus à faire la part des choses entre ce qui était bon et ce qui était mauvais ? Peu importait en réalité pour Sofiane, tant qu’elle lui revenait. « D’accord. » souffla-t-il, le visage inexpressif. Pourtant, à l’intérieur de lui, tout bouillonnait. L’espoir de ne plus être seul, la satisfaction qu’elle ait flanché, le plaisir de l’avoir manipulé.

Alors que le silence les englobait et que Sofiane n’avait rien à dire pour le briser, se demandant désormais ce qui allait se passer, ils arrivèrent devant l’immeuble de Charly. Il resta immobile, cherchant les mots qu’il fallait mais il n’eut guère besoin de le faire puisqu’elle prit les devants, l’embrassant sur la joue, lui proposant d’elle-même une prochaine rencontre. Vendredi. Un sourire satisfait s’installa sur les lèvres du syrien lorsqu’il lui murmura à l’oreille : « A vendredi. » La promesse d'un nouveau départ ou bien fonçaient-ils à nouveau tout droit dans un mur?

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