Je fus motivé ce matin, tellement que je me levais avant l’aube pour prendre la direction de York et plus précisément de Lebetem E’ Unicornis. Ruby s’était longtemps faite à l’idée de mes, subites, allées et venues qui revenaient régulièrement m’empêchant même de prendre le petit-déjeuner. Manger m’aurait fait oublier. Celle-ci incluait quelques grammes d’une certaine plante, rien de plus, améliorant du double voire du triple la potion de veritaserum. J’étais donc arrivé bien avant mes employés par l’un des foyers d’une belle teinte verte. La moitié des potionistes du bâtiment de York travaillaient, ces jours-ci, sur le veritaserum. L’autre moitié travaillait, quant à elle, sur un amortentia plus … Comment dire ? Hypnotisant. En effet, Lebetem E’ Unicornis œuvrait dans plusieurs créneaux du commerce de potions international.

Ainsi concentré pendant plus de trois heures écrivant beaucoup trop de parchemins et consultant tout autant de livres de mon imposante bibliothèque, c’était lorsqu’un de mes employés cogna à ma porte que je me rendais compte que quelque chose clochait. Timide, effrayé comme l’habitude le laissait entendre et cela m’en agaçait, Ugo pipa mot d’un problème.

- Monsieur Lestrange … Il … Il y a un problème. Deux employés sont malades. Ils … Ils vomissent et … Nous ne savons pas quoi faire et …

- Ce n’est certainement pas d’embellir mon environnement telle une horrible verrue ironisais-je mi-sarcastique mi-colérique. Je vais envoyez un hibou à Ste-Mangouste.

Je connaissais évidemment Euron Carrow, directeur de Ste-Mangouste, pour l’avoir vu lors de mes séances de thérapies mensuelles. J’envoyais alors un message très concis spécifiant uniquement une maladie à Lebetem E’ Unicornis. Je ne voulais pas que le problème s’ébruite, car ça risquait d’amener une mauvaise réputation au bâtiment de York, mais possiblement aussi à celui de la maison mère de Paris. M’emparant de ma cape et de ma baguette magique que je mis dans son fourreau de cuir à mon côté, je quittais ainsi les locaux de mon bureau. Je voulais m’enquérir du problème moi-même. Qu’est-ce que ces trolls avaient encore fabriqués ? Diantre, le coupable ne restera pas assez longtemps ici pour s’en rendre contre ! Foi de Merlin !

Une trentaine de minutes plus tard, le problème était plus grand que nature. L’odeur aussi par le fait même. Il y avait plus de deux employés blancs comme neige et pouvant rappeler des zombies ou, plus communément appelés, des inferis. Je tentais de garder mon calme en présence du médicomage qui s’afférait près des malades qui ont, sous mon ordre, été déplacés dans un bureau vide.

Subitement, voulant m’approcher, mais le regrettant bien vite, je me fis vomir sur les chaussures par l’homme sensé régler le problème. Dégoûté et outré, je sentis que la situation devenait macabre alors que la couleur de peau du médicomage passait de la pêche au blanc en passant par le gris. Il geignait tel un enfant pendant que je me nettoyais d’un « récurvite » puis, m’éloignai rapidement dans le bureau du gestionnaire. Rare que je ressentisse ce sentiment, mais j’avais peur. Peur d’être aussi victime de cette infâmie.

Je m’assoie au bureau pour écrire un autre parchemin expliquant platement la situation et destiné à Euron Carrow. Je demandais alors à mon gestionnaire de la faire parvenir à son destinataire. Sur ce, je croisais les mains sous mon menton et réfléchit, concentré pendant plusieurs minutes des idées, parfois loufoques, prenant vie.

Le directeur de l’hôpital de Sainte-Mangouste s’était soudainement présenté à moi une quinzaine de minutes après l’envoi de mon deuxième parchemin à l’institution. Je me redressais tout en l’observant quelques secondes dans les yeux hochant la tête quant à son initiative. Je n’en porterais aucun préjudice, bien au contraire je préférais obtenir son aide à lui l’expert en médicomagie du Royaume-Uni magique au complet.

- Bien au contraire monsieur Carrow. Je suis bien heureux d’entendre que vous prenez ce problème à cœur. À vrai dire, je n’ais pas du tout envie que le problème s’ébruite jusqu’à ce que l’heure sonne midi.

Je retournais à nouveau sur les lieux du crime avec, cette fois, Euron Carrow sur mes talons. Mon esprit s’échauffait encore quant aux possibilités ayant pu causer cette maladie. Je passais en revue la simple maladresse d’un employé lambda – qui serait congédié sur le champ et pire encore – au sabotage en passant même par la guerre avec le Blood Circle. C’était impossible voyons marmonnais-je à part moi, car comment un Moldu aurait détecté ce bâtiment comme en étant un de fabrication de potions ? Debout derrière Euron, je regardais ce dernier examiner les malades comme tout bon médicomage ausculterait normalement. J’avais l’impression de voir les effets d’un poison. Un poison plutôt machiavélique même, car il se propageait par les airs et non seulement en l’ingérant. J’hochais la tête, sans faire montre d’une émotion, aux résultats obtenus par le directeur de l’hôpital de Sainte-Mangouste. Je le mis tout de même en garde de rester trop longtemps près des malades.

- C’est peut-être contagieux. Venez.

Arguais-je tout en sortant de la petite pièce et donnant quelques ordres à ceux qui entretenaient le bâtiment de nettoyer celle-ci de fond en comble. Je me retournais finalement vers Euron Carrow pour acquiescer à sa suggestion tout en lui faisant part du bon fonctionnement des installations et des potions actuellement en développement dans le bâtiment de York.

- Oui, tout a fonctionné correctement monsieur Carrow. Suivez-moi, les laboratoires sont au bout du couloir dans les caves. Nous en avons deux. Le plus gros est actuellement occupé par des recherches sur la potion de veritaserum. Nous sommes aussi toujours aux faits de la popularité du filtre d’amour et ainsi, le deuxième laboratoire œuvre sur celui-ci.

L’escalier, plus ou moins large, était fait de pierre, mes pas résonnants contre les parois du mur. Les caves étaient hautes d’un étage, éclairées par des flammes bleues et sans décorations murales ou textiles d’aucune sorte pour éviter les accidents. L’austérité était donc de mise dans cette partie du bâtiment à l’inverse du reste des pièces opulentes, mais chaleureuses. Trois des mes employés dont Ugo arrêtèrent de parler pour venir à ma rencontre. Froid et tentant de contenir tant bien que mal ma colère, j’entrepris de présenter notre invité.

- Voici monsieur Euron Carrow, directeur de l’hôpital de Sainte-Mangouste. Il est là pour régler le problème qui nous occupe actuellement. Lui et moi-même aimerions connaître in extrémis tous les ingrédients utilisés ce matin.

Je fis claquer ma langue pour spécifier que je n’avais pas toute la journée à attendre. Ainsi, après s’être tous les trois bousculés maladroitement Ugo alla chercher tous les parchemins. Je soupirais blaser et fermant les yeux à ce monde de trolls pour, au moins, quelques secondes. Je ne savais pas si je devais en rire ou en pleurer.

Pendant qu’Euron Carrow avait les yeux rivés sur la liste des ingrédients tendue par ce cher Ugo, je me fis violence pour ne pas amener des mots regrettés ensuite. Des mots que j’aurais dû, ainsi, expliquer au directeur de l’hôpital de Sainte-Mangouste, lieu nous unissant l’un et l’autre. Je n’avais guère l’envie de m’épancher une fois de plus quant à ce qui se dit entre mon psychomage et moi-même. Ce n’étaient nullement des affaires de Carrow. J’avais droit à une certaine liberté quand même.

J’avançais, ainsi, jusqu’à l’intérieur des dits laboratoires commençant par celui dont la potion de veritaserum faisait loi et où la fiole brisée jonchait encore le sol de pierre. Je m’accroupis pour observer plus minutieusement autant les débris de verre que les ingrédients encore visibles. À un œil amateur, cet amas de débris ne révèlerait rien. Pour ma part, j’arrivais aisément à reconnaître quelques minuscules débris de plumes de jobarbilles utilisées parfois dans la potion veritaserum et obligé par moi-même un mois plus tôt.

Je me relevais, les mains dans les poches, alors qu’Euron Carrow rendait son verdict et sur la liste des ingrédients totalement inoffensive selon lui – si vous ne vous en servez pas pour une potion de veritaserum – et sur le problème en étant un de sécurité.

- Bien.

Lâchais-je platement, mais mon regard se dirigeait quant à lui vers les trois employés derrière nous. Ils montraient tellement une attitude niaise leurs yeux globuleux et leur nez si gros qu’il semblait pendre tel au-delà de barreaux. Sans faire montre d’aucune émotion ce qui les faisaient toujours étrangement trembler de peur, ils en verraient, toutefois, des barreaux si je me rendais compte de leur culpabilité dans toute cette affaire. Lebetem E’ Unicornis est sécuritaire et si problème il y avait c’était sûrement dû à l’un d’eux. Quoi d’autre ? Du sabotage ? songeais-je à tout hasard pendant qu’Euron affirmait en la résolution discrète du problème.

- J’espère bien. La potion renversée est par là-bas à l’entrée du laboratoire du veritaserum révélais-je bien malgré moi tous les secrets du bâtiment de York à Euron. J’ai vu des petits morceaux de plumes de jobarbilles dedans tel il aurait dû en avoir pour du veritaserum …

Toutefois, je ne savais pas si ces plumes de jobarbilles faisaient réellement partie d’une potion de veritaserum. Est-ce que l’un des laborantins faisait confectionnait n’importe quoi ? Et pourquoi allait-il à l’encontre de mes volontés ? Je murmurais quelques mots pour moi-même me tournant, par le fait même, vers les trois employés toujours avec le même regard vide.

- Et si un ingrédient obsolète s’était glissé dans la fiole ? Un ingrédient qui créerait un mélange toxique peut-être ?

Je m’arrêtais alors et je me plantais devant Ugo et ses deux acolytes. Je les observais tous les trois avec attention. Je vis un certain stress s’emparer peu à peu du premier. Sachant qu’il était donc vulnérable, je m’hasarda à poser la question de la réponse que je souhaitais obtenir.

- Je vous le demande messieurs et les conséquences pourraient être très graves si vous mentez ou restez silencieux. Qui a préparé cette potion et fut-elle du veritaserum ?

En parlant, je pointais vers la potion éparpillée au sol.

Selon Euron Carrow, l’antidote de la potion équivaudrait à donner un bézoard à chacune des victimes. J’haussais un sourcil surpris et sincèrement déçu. Il était ennuyeux que la solution soit aussi simple. J’aurais cru qu’un élément toxique serait plus complexe à éliminer. Peu importe qui était le coupable de cette escroquerie, il n’était qu’un amateur. On savait que j’abhorrais tout autant les incompétents que les moldus voir pire et maintenant j’étais blasé. Au moins, des Moldus, il y en avait des intelligents. Euron avait, pourtant, oublié un ingrédient : la plume de jobarbille que j’évoquais précédemment. Je savais en avoir vu parmi les ingrédients éparpillés au sol.

- Et la plume ?

Arguais-je platement, mais je soupirais qu’il ne commenta pas plus. Après tout, tout ingrédient obsolète aurait pu causer la toxicité de la potion. Il ne fallait négliger aucun détail. Malheureusement pour eux, Ugo et ses deux acolytes ne surent absolument rien répondre. Mon regard devait être aussi noir que ceux de ces trois hommes étaient larmoyants. Je m’éloignais de quelques pas, les mains sur les hanches, pour échapper à la frustration et mieux réfléchir quand Euron lança un sortilège de légilimencie faisant couiner de frayeur Ugo jusqu’à le faire plier en deux, ses genoux touchant le sol.

- Oh … Intéressant …

Me retournais-je ironique face à la réponse de ce dernier. Néanmoins, rien ne m’aiderait à trouver le coupable de ce crime chez cet amoureux des belettes et de toutes ces choses à fourrure. Revenant à la hauteur d’Euron, je lançais un sortilège d’incarcerem ligotant ensemble ces trois lascars m’arrêtant dans le resserrement des liens que lorsque je vis des grimaces de douleur, des couinements et des jointures blanches. Sans faire montre d’émotion, je rangeais ma baguette magique ramenant finalement mon attention à Euron Carrow.

- Venez, vous allez dorénavant pouvoir aider les victimes.

Sur ce, je remontais les escaliers dans un pas régulier m’arrêtant uniquement en haut pour prendre à part Yoan et demandé de laisser Ugo, Adrian et Kent là où ils étaient pour le moment : que je m’occuperais de leur cas plus tard. Je rattrapais, ainsi, Euron alors qu’il rentrait dans la pièce ou les victimes avaient été placées. Avant qu’Euron ait pu se rendre près de mes employés malades, je m’y dirigeais moi-même m’accroupissant près de l’un d’eux. C’était un homme répondant au nom de Donovan. C’était un employé de confiance. Jamais, il ne m’avait fait faux bon, mais surtout il arrivait à des idées innovantes et des expériences ingénieuses. Je savais donc qu’il me dirait la vérité.

- Donovan, l’appelais-je par son prénom captant ainsi mieux son attention. Vous allez être transportez à Sainte-Mangouste avec les autres où on vous guérira, mais j’aimerais que vous me renseigniez sur un détail avant. Avez-vous vu la personne qui aurait concocté la potion coupable de votre maladie ?

Je n’étais pas énervé ni hâtif dans mes propos et cela s’en ressentait par le calme, près du murmure, de ma voix. Je désirais simplement savoir. Chaque chose en son temps, car il était tout aussi obligatoire de trouver le coupable de ce larcin que de guérir les malades.

Je tentais de garder mon calme et lentement je m’étais relevé tâchant de ne rien laisser paraître. Une forte envie de cogner un mur s’ensuivit, mais je réussissais à me contenir. Je n’étais pas homme à exploser de colère et encore moins en public. De surcroît, je jouissais d’une réputation à tenir. Sûrement aussi que les gestes lents, calmes et précis d’Euron Greyjoy avec son matériel me captivaient à un point ou j’entrais dans une sorte de transe. Momentanément, j’en oubliais le traître Adrian hypnotisé par le va-et-vient de ses mains, les bruit tranquille du verre des fioles et cette attirance viscérale par le liquide de jais que celles-ci contenaient.

Enfin, le directeur de Sainte-Mangouste avait terminé sa besogne ramenant son attention sur moi pour s’enquérir de ce qui restait à faire. Je n’avais rien, pourtant, rien de plus à rajouter ce dernier ayant parfaitement résumer la situation. Il me proposait même de m’aider avec Adrian Estevan, de son nom complet. J’hochais la tête acquiesçant à la proposition d’Euron. Il était vrai que je manquais encore de contacts que ce soit juste au Magenmagot ou dans le Ministère de la Magie en entier.

- Oui …

Je commençais réfléchissant encore aux contacts que pouvait avoir Euron Carrow au Magenmagot lorsqu’il m’avoua devoir amener les malades à Sainte-Mangouste sûrement pour s’assurer de leur santé à long terme. J’acquiesça à nouveau de la tête le laissant partir vers l’une des cheminées du hall avec le médicomage et les quelques malades causé par cet opprobre.

Sur un pas sûr, je retournais vers le laboratoire où j’avais laissé mes trois employés m’arrêtant seulement pour ordonner un nettoyage en bon et du forme de tous les locaux de l’entreprise et même si cela devait prendre la journée entière. Je n’accepterais pas, non plus, tout ce qui serait fait à moitié. Dans le laboratoire, je libérais Ugo et Kent les sommant d’aller rejoindre les autres. Je gardais, néanmoins, Adrian avec moi.

- Non, pas toi.

Eussé-je un sourire sardonique presque sadique suivant mon ton de voix froid et grave. Je ne lui ferais aucun mal, je savais être magnanime. Je n’avais besoin que d’une potion de veritaserum, l’une d’entre-elles que je gardais en sécurité dans mon bureau pour qu’il m’avoue tout. Ensuite, le magenmagot s’en chargerait. J’en jubilais de plaisir.