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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Planque Prank [Olivia] :: United Kingdom :: Angleterre :: Londres :: Odeon Leicester Square
Lyllyah Sody
Lyllyah Sody
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Mar 11 Oct - 21:07

Juin 2021

J’avais le nez qui chatouillait bordel de merde. Je l’avais tant gratté qu’il était devenu rouge et le pire, c’est que ça n’avait rien changé. Au contraire, j’avais même encore plus mal ! Quelle chiotte, est-ce que j’avais un rhume ou est-ce que je ne supportais pas quelque chose dans l’air ? Vraiment, l’Angleterre était bizarre. Non seulement il pleuvait tout le temps, mais en plus j’avais des allergies ou intolérances inconnues. Évidemment, je ne remettais pas en question ce que j’avais mangé la veille. Manger, c’était sacré, alors je ne doutais jamais de la nourriture. Moi qui faisais à ce point de l’exercice physique, j’avais besoin de me nourrir à la hauteur de mes efforts.
Mmmh non sûrement que c’était les tapis rouges que nos pieds foulaient. Ouais, ça devait être ça. Des putains de nid à microbes et à autre merde bactérienne ça. En plus ici, ils étaient couverts de pop-corn, de bout de biscuits, de boissons renversées et… erk, est-ce que c’était un chewing-gum que je voyais collé derrière la poubelle ? Derrière la poubelle… au secours, quel manque de savoir-vivre, le monde était fou !
J’inspirais profondément, exaspérée, mais c’était le truc à ne pas faire. Mon nez me piqua cette fois.

- ATCHOUM !

Pliée sur moi-même tant l’éternuement avait été soudain, j’avais secoué ma chevelure rousse, me donnant l’air d’un petit feu follet qui venait d’exploser. Je me redressais tout en reniflant, mes acouphènes sifflant de plus belle comme pour me rendre la vie encore plus difficile.

- Euarg… pardon. Je n’arrive pas à me faire au climat mouillé de Londres. J’ai peut-être choppé un rhume à la con.

Lyllyah Sody tombait très rarement malade, mais il fallait dire ce qui était. Il avait beaucoup plu ces derniers temps, les fameuses pluies printanières, et j’avais enchaîné les nuits blanches entre le boulot, Moïra, mes animaux et le Blood Circle. Mon corps était donc tout naturellement affaibli je le savais très bien, et ce n’était pas le café qui me servait de sommeil qui allait me rendre les forces qu’une bonne nuit pouvait m’offrir. J’avais une tête dans le cul bien carabiné ce soir, et j’en étais navrée pour Olivia. Elle ne me voyait pas sous mon meilleur jour, mais je m’étais engagée auprès d’elle et auprès du Blood Circle, et Lyllyah Sody ne manquait jamais à son devoir.

Jamais
Jamais jamais
Oh que non
On est forte
On est douée
On est dangereuse


Je plissais les paupières en entendant les sifflements aigus s’intensifier encore. Assise sur le banc dans les couloirs du cinéma, je venais me frotter les oreilles, agitant au passage mes appareils auditifs. Diablerie.
Ce soir, on était en planque, sans être planquées. On était habillée en civil en portant le strict nécessaire d’armes sur nous pour nous défendre si besoin. On faisait davantage du repérage. Le lieu était tellement saugrenu que j’avais du mal à comprendre les véritables intentions de nos supérieurs. C’était vrai, est-ce que les sorciers allaient vraiment au cinéma ? Est-ce qu’ils n’avaient pas un genre de cinéma magique absurde ? Avec genre des licornes et des poneys arc-en-ciel qui font des cacas papillon ? En plus, en quoi on pourrait reconnaître un sorcier se balader en ville dans un cinéma à côté d’un grand centre commercial ? Est-ce qu’ils avaient une démarche particulière ? Est-ce qu’ils portaient leurs chapeaux pointus débiles (est-ce qu’ils avaient vraiment des chapeaux pointus ?) ? Est-ce qu’ils se promenaient sans arrêt avec leurs baguettes aussi niaises que dangereuses ?
Je poussais un profond soupir tout en me redressant. Je croisais les bras et m’adossais au mur derrière nous tout en faisant sautiller ma jambe droite, démontrant mon impatience.

- Ce serait louche tu crois si je me mets à faire des pompes là ? Histoire de faire passer le temps.

J’appréciais beaucoup Olivia et je ne craignais pas de me montrer sous mon vrai jour avec elle. Oh, ce n’était pas ma meilleure amie, je devais même plutôt dire que nous avions une relation plus cordiale qu’autre chose pour le moment. Néanmoins, elle m’avait accueillie avec la sympathie qui lui était propre lorsque j’étais arrivée au Blood Circle, et surtout, nous avions des points communs non négligeables. Nous étions toutes les deux des blessées de guerre, et nous avions chacune nos maux avec lesquelles nous devions vivre au quotidien. Cependant, j’avais eu de la chance comparée à elle, tout le moins, si je ne me trompais pas : je pouvais continuer à exercer en tant que militaire alors que ce n’était pas son cas. Franchement, je la plaignais, parce qu’en réalité je n’étais pas certaine d’être bonne à quoique ce soit si on m’enlevait mon métier.
Peut-être pourrais-je venir ici et vendre des glaces et du pop-corn ? En plus, l’odeur qui flottait ici me donnait envie. Non aller Lyllyah, pense avec autre chose que ton estomac. Pense au sport. Pompes. Arg. C’était un cercle vicieux.

- On se fait un peu chier non ?

Malgré les apparences, j’adorais les planques et mine de rien, j’étais sur le qui-vive même si je n’en avais pas l’air. J’observais avec attention chaque passant en essayant de découvrir le moindre signe suspect. Cependant, il fallait bien dire ce qui était : je n’avais pas encore une très grande expérience du monde magique. En plus de notre passé un peu commun, j’étais persuadée que c’était parce que Olivia avait plus d’expérience que moi que nos supérieurs nous avaient collées ensemble. Moi, ça m’allait bien, mais je n’arrivais pas trop à savoir si ça lui convenait à elle. Elle n’était pas très… euh, expansive. Oui voilà, c’était le mot. Si j’étais très démonstrative et que je pouvais parler beaucoup, elle était mon parfait opposé. Ça m’amusait dans un sens, j’aimais nous comparer aux deux faces d’une même pièce. Mais tout ça, je le gardais pour moi. Certes je n’avais pas beaucoup d’amis dans ma vie, voire aucun, mais ce n’était pas pour autant que j’étais une mendiante affective, loin de là. Je m’en sortais très bien avec mon chien et mon cheval… et Moïra bien sûr. Je souriais un peu en pensant à elle avant d’enfoncer mes mains dans les poches de ma veste en jean, les tressautements de ma jambe se calmant, tout comme mes sifflements.

- J’ai faim. Tu veux du pop-corn ?

Si, si, je suis professionnelle, promis… et ce nez qui recommence à me chatouiller bordel !



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Olivia V. Baring
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Dim 8 Jan - 15:25
Lyllyah Sody & Olivia V. Baring || Cinéma à Londres || Juin 2021
Planque Prank

Une mission tout ce qu'il y avait de plus normal. Cela faisait du bien de se changer les idées en allant en planque plutôt qu'en opérations risquées dans des prisons/immeubles/ruines abandonnés. Olivia en avait un peu assez de se retrouver sous le feu ennemi et de s'en prendre toujours plein la figure. Certes c'était le boulot et cela lui permettait de penser à tout sauf à sa vie personnelle inexistante. Mais tout de même, elle devait en être à trois côtés fêlées, deux dents en moins et un nombre incalculables d'yeux au beurre noir, et cela seulement sur les derniers six mois. Alors quand on lui avait proposé cette mission de surveillance, elle avait sauté sur l'occasion. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur leurs ennemis et de changer un peu des combats rapprochés. Ce qu'elle n'avait pas vraiment prévu ce fut de se retrouver avec Lyllyah Sody. Certes, elle aurait pu tomber avec bien pire (Doryan par exemple) mais cette fille partait dans tous les sens régulièrement et Olivia n'était pas sûre qu'une mission en planque ne fut pas synonyme de gâcher le talent de la rousse. Mais les chefs avaient « dit que » et elles se retrouvaient toutes les deux sur un banc en surveillant un cinéma. Au moins n'étaient-elles pas dehors à se cailler les miches. La Baring n'y avait pas cru au départ. Mais si... Les sorciers aussi allaient au cinéma. Et puis quoi, pour la prochaine fois, un supermarché ?!

Olivia sursauta lorsque Lyllyah éternua. Son regard quitta son téléphone et fixa la jeune femme. Le bruit n'était presque pas humain tant il fut bruyant pour le petit bout de femme avec qui elle partageait la mission. « Non mais c'était quoi ça ? » Répondit en retour une Olivia qui la dévisagea. « C'était un éternuement Ça ? Et bah... A tes souhaits alors... » Olivia se décala très légèrement sur le banc alors que Lyllyah indiquait avoir probablement choppé un truc. Il ne manquait plus que ça... Olivia était ici pour se préserver... Ce n'était pas pour échanger un bras cassé contre un rhume carabiné ! « J'dois avoir du doliprane quelque part, t'en veux ? » Dit-elle avec une certaine sollicitude. Il n'y avait rien de pire que de bosser malade. Deux mois plus tôt, Olivia avait eu une grippe affreuse qui l'avait cloué au lit quatre jours.

Comme prévu, Lyllyah avait du mal à tenir en place. Olivia la regarda avec un soupir se lever. « Oui Lyl', ce serait carrément louche. Va faire un tour dans les couloirs voir s'il y a quelque chose de suspect, si vraiment t'as besoin de te dégourdir les jambes » La militaire était une fille d'action, cela se sentait et se voyait en opération. Mais la planque, c'était une branche tout à fait particulière de la surveillance qui n'impliquait ni tir en rafale ni grosse explosion. Ce n'était pas non plus la tasse de thé d'Olivia mais comme dit plus tôt, elle avait besoin d'un peu de calme...

Olivia ne reporta son attention sur son téléphone et les notes de la mission que pour mieux la reperdre aux paroles de Lyllyah. « On se fait un peu chier non ? » Olivia se pinça l'intérieur des joues alors qu'un sourire pointait sur ses lèvres. « Oui, on se fait un peu chier, mais c'est un peu le principe... » La jeune femme capitula et rangea son téléphone. « C'est pas ta première planque ma vieille, va falloir t'y faire... » Elle jeta un regard sur les lieux en se remémorant les notes du dossier. « C'est censé être une plaque tournante ici. Normalement, ils ne font que passer. Soit pour déposer des infos qui seront reprises par d'autres, soient ils disparaissent quelque part dans ce bâtiment. Il suffit simplement de savoir combien et à quoi ils ressemblent...Mais … On est encore tôt dans la soirée, il devrait y avoir plus d'agitation d'ici une heure. » Commenta-t-elle factuelle. Elle voulait essayer de garder la motivation de sa collègue avant que celle-ci de fasse un parcours du combattant entre trois sièges rouges, une affiche et deux poubelles. Olivia fixa un instant les passants, un instant seulement car Lyllyah revint à la charge.

« J’ai faim. Tu veux du pop-corn ? » Un soupir. Les yeux agacés d'Olivia se posèrent sur sa partenaire. Elle avait l'impression de gérer une gamine de son groupes de scolaires au musée. Non mais sérieusement, comment était-ce possible de n'avoir aucune patience comme cela ? Les deux femmes avaient beau avoir le même âge, Olivia avait l'impression d'être l'adulte des deux. Peut-être était-ce son ancienneté qui commençait à la sortir de sa phase tête brûlée ? Elle eut une pensée de sympathie pour Lyam qui l'avait supporté à cette époque... Alors qu'elle voulait faire une petite réponse cinglante sur le manque de concentration de certaines personnes sur cette mission, son ventre gargouilla. Elle soupira en se souvenant des deux pauvres crackers qu'elle avait grignoté le midi et capitula. « Je veux bien un medium de sucré salé s'teu plait. » Elle fouilla dans sa poche et en sortit un billet de 10 livres qu'elle tendit à Lyllyah. « Oh et un coca aussi merci. » Elle fouilla encore et sortir quelques pièces. « Sinon effectivement je vais jamais survivre... » Ajouta-t-elle plus honnête qu'elle ne l'aurait voulu. Était-ce vraiment sérieux d'ainsi se gaver de sucre et de gras ? Non. Mais cela aurait la sainte vocation de l'occuper pendant au moins trente minutes et de la tenir éveillée pour la longue nuit qui s'annonçait.


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Lun 23 Jan - 17:43

Juin 2021

J’adressais un sourire plein d’excuses à la jeune femme suite à mon éternuement. Lorsqu’elle me proposa un médicament, mon expression changea sensiblement. Je fronçais imperceptiblement les sourcils et étire mes lèvres en un sourire contrit. Je ne connaissais pas encore très bien Olivia, en revanche, j’en savais assez pour pouvoir dire qu’elle était complètement dépendante de certains médicaments. Comme moi, elle avait subi un grave accident qui n’avait pas été sans séquelles. J’étais donc bien placée pour savoir ce qu’elle vivait. Moi-même n’étais pas ressortie indemne de l’explosion qui m’avait coûté une partie de mes tympans, et moi aussi je devais prendre un traitement régulier. Je détestais avaler ses substances, car j’ignorais les effets dans mon corps sur le long terme. C’était censé m’aider pour l’instant, mais si ça se trouvait, dans vingt ans j’allais avoir des problèmes au foie à cause de ces merdes. Enfin, je n’allais pas me plaindre, je n’avais pas été mise sur la touche, c’était déjà ça.

— Ça va pour le moment, merci, déclinais-je avec un petit signe de la main. Pour le moment j’ai juste le nez qui chatouille, comme s’il y avait un truc dans ce cinéma qui me faisait réagir.

Les sorciers peut-être ? Est-ce qu’on pouvait être allergique aux sorciers ? À la connerie ça j’avais déjà remarqué que oui, mais à la magie ? Après tout pourquoi pas ? Ce n’était pas aussi délirant que d’avoir des pouvoirs et vouloir asservir le monde entier n’est-ce pas ?
D’ordinaire, j’étais une personne disciplinée, surtout en planque. Aujourd’hui, à cause de mon extrême fatigue, j’étais on ne peut plus impatiente. J’avais la bougeotte, ce qui me correspondait bien lorsque je m’autorisais à l’avoir, donc pas en planque. Je décidais de transformer ça dans mon personnage sous couverture. Après tout, nous étions ici pour faire du repérage et voir si des sorciers venaient au cinéma voir des films du genre « Mon petit poney » et surtout, voir s’ils s’échangeaient des informations.
Peut-être que le Blood Circle était paranoïaque à nous demander de venir vérifier tous les mouvements suspects dans un cinéma, mais à bien y réfléchir, ça pouvait aussi être un endroit parfait. Ma seule crainte était qu’ils nous échappent dans les salles obscures. Ce serait vachement plus stratégique et discret d’échanger des informations durant un film plutôt que dans des couloirs remplis de passant qui y allaient de leurs petits avis sur la projection qu’ils venaient de regarder. Je ricanais lorsqu’Olivia me répondit en me proposant plutôt d’aller déambuler dans les couloirs au lieu de faire des pompes. Je lui accordais un grand sourire plein de dents avant qu’elle ne me rappelle les grandes lignes du dossier. Malgré mon air détaché et plein de désinvolture, une lueur combative se glissa dans mes prunelles vertes.

— Ptetre dans les chiottes… ou sinon ben dans les salles obscures. Faudra vérifier s’il y a des sorties durant les projections.

J’avais glissé ça le plus discrètement et naturellement du monde après m’être penchée dans la direction de la jeune femme. En me remettant droite, je rentrais une nouvelle fois dans mon personnage impatient et qui ne tenait pas en place. Autant joindre l’utile à l’agréable. Puisque j’avais conscience de ne pas être dans les conditions optimales pour une planque ce soir, autant jouer de mon impatience pour me construire un personnage et rentrer dans sa peau. Voilà pourquoi je me levais quand Olivia me donna sa commande. En voyant son argent, je déclinais poliment, devinant bien que mon hyperactivité du moment devait l’emmerder.

— Je t’invite, ça me fait plaisir, puis je rajoutais, c’est pour le dédommagement.

Si je pouvais me foutre complètement d’être insupportable pour certaines personnes, comme Rasak, ce n’était pas le cas avec Baring. Elle était quelqu’un que j’appréciais parce que nous avions beaucoup de points communs et que j’avais l’illusion de croire que nous pouvions beaucoup nous entendre toutes les deux. Ainsi, dans toute la maladresse dont je pouvais faire preuve, j’essayais malgré tout d’être délicate. J’avais des lacunes sociables, c’était indéniable, mais je faisais de mon mieux.
Avant qu’elle ne puisse rétorquer quoique ce soit, je fis volte-face pour aller jusqu’au comptoir. Les mains dans les poches avec mon air nonchalant, j’observais les gens autour de moi comme le ferait n’importe quel pensif. Évidemment, ce n’était présentement pas le cas puisque j’observais le moindre détail, et, à défaut de pouvoir écouter discrètement les conversations à cause de mes oreilles défectueuses, je scrutais le moindre mouvement suspect. Rien à signaler pour l’instant. Tout le monde semblait extraordinairement normal. Je pris les commandes et retourna auprès de ma collègue en lui tendant ses pop-corn.

— Un sucré-salé pour mademoiselle, avec un Coca-Cola comme accompagnement eeettt, je lui tendis une barre chocolatée, un Mars. Parce qu’un Mars et ça repart.

Je ricanais bêtement à la citation de la marque avant de m’asseoir avec mon propre médium full sucre (je n’aimais pas trop les pop-corn salés). Posant mon soda juste à côté de moi, je reniflais en retenant un nouvel éternuement. Tout en mâchonnant mes pop-corn bruyamment, me donnant un air franchement insupportable, merci ma couverture, je donnais quelques informations à la jeune femme.

— Il y a trois couloirs à proximité du comptoir. Une donne sur les salles une à cinq, un autre donne sur les toilettes et j’imagine que le dernier c’est le quai de chargement des marchandises.

Olivia l’avait dit elle-même, ce n’était pas ma première planque. Même si je préférais être sur le terrain pour de l’action plutôt que de l’espionnage, cela ne m’empêchait pas d’être efficace et de faire convenablement mon job. Ainsi, avec mon air impatient et impertinent que je m’étais construit pour camoufler mon état personnel, j’avais travaillé à notre mission du soir. Le nez me chatouilla subitement à son maximum, me faisant éternuer une nouvelle fois. Au moins ce coup-ci, je n'avais pas fait sauter les murs, et mon paquet médium était resté étrangement stable. La nourriture, c'est trop important, il faut la protéger. D'ailleurs, je reprenais une poignée de pop-corn en soupirant. Cette fois plus discrètement avant de demander, l’air de rien, histoire de faire comme si nous étions deux amies qui passaient le temps dans un cinéma.

— Et sinon, tu en es ou dans ta vie ?




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Olivia V. Baring
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Lun 13 Mar - 19:24
Lyllyah Sody & Olivia V. Baring || Cinéma à Londres || Juin 2021
Planque Prank

Olivia haussa les épaules alors que Lyllyah indiquait être probablement allergique à quelque chose dans le cinéma. Peut-être était-ce la magie ? Pouvait-on seulement être allergique à la magie ? Il y avait bien des gens allergiques au pollen...Olivia n'était pas une scientifique mais il y avait peut-être quelque chose à creuser non ? Des spécialistes des alertes de magie qui éternueraient à chaque manifestation de sorciers... Cela pouvait être vachement pratique quand même... Mouai mais comme dit avant, ce n'était pas du tout son domaine d'expertise ! Il fallait plutôt qu'elle se concentre sur cette surveillance. Mais avec Lyllyah qui trépignait ce n'était pas la partie la plus simple de la mission. Entre anciennes militaires, elles avaient sympathisé assez vite. Même si l'Armée était une grande famille, les différents corps ne se ressemblaient que peu. Ils étaient plutôt cousins que frères et sœurs. En parlant de frère, Olivia reconnaissait un peu de Tim en Lyllyah. Le même maintien qui trahit le passage à l'armée. Et cette insatiable besoin de bouger.

Olivia acquiesça aux possibilités de lieux et où trouver du sorcier. Effectivement, il y avait tellement d'entrées et de sorties, de caches potentielles et de dédales que ce gruyère n'était pas à leur avantage. Mais elles étaient également là pour ça : analyser le terrain et récupérer le maximum d'informations possibles. Cependant, effectivement, la faim commençait à tenailler l'estomac de la jeune femme et elle capitula alors que Lyllyah s'apprêtait à aller chercher leur pitance. La Baring lui sourit alors que sa comparse lui indiquait payer sa commande. « Merci Lyl'. » Elle n'essaya pas de décliner la proposition. D'une, celle-ci était sympathique et de deux, elle aurait peur de vexer la jeune femme. Il ne manquait plus qu'elles s'agacent mutuellement pour placer cette planque dans le top trois des mauvaises expériences d'Olivia. D'ailleurs, Lyllyah ne lui laissa pas une quelconque chance de répondre puisqu'elle partit d'un pas assuré vers le comptoir. Olivia en profita pour scruter les environs en attendant sa comparse. Le public commençait lentement mais sûrement à arriver. Plus de monde indiquait plus de difficultés à scruter les faits et gestes de chacun mais aussi plus de chance que des activités suspectes se produisent. Cela allait encore être une longue nuit.

Son pop-corn arriva en grandes pompes. Olivia émit un petit rire à la révélation du mars. Elle récupéra sa commande. « C'est fort aimable Miss Soly ! » Elle jeta un coup d’œil vers la foule, dépitée par le nombre de personnes qui risquaient de débarquer sous peu. « Pas sûre que ça reparte tout de suite cependant! ». Olivia ouvrit la bouteille et se but deux longues gorgées de Coca. Ce n'était pas très bon pour son organisme mais elle avait besoin de caféine et de sucres rapides pour se maintenir alerte. En picorant les pop-corns, elle écouta les premières observations de Lyllyah. Elle hocha la tête tout en s'en imprégnant.« Ça correspond plus ou moins aux quelques plans qu'on a pu récupérer de la mairie. Si seulement ils ne dataient pas d'il y a quinze ans... » Soupira une Olivia qui n'avait pas pu préparer sa mission autant qu'elle l'aurait voulue par manque d'informations importantes... Enfin, de nouveau, elle était là pour ça : récupérer des infos ! « Ça m'étonnerait qu'ils passent par le quai pour être furtif. Il doit y avoir des caméras et puis ce serait suspect.... » Cela n'allait pas beaucoup plus les avancer. Olivia soupira et se résigna à devoir faire le piquet en fixant les couloirs principaux. Que pouvait-elle bien faire d'autre ? « A tes souhaits.... » Se contenta d'ajouter la jeune femme après un nouvelle éternuement de sa collègue.

« Et sinon, tu en es où dans ta vie ? » Olivia jeta un regard intriguée à Lyllyah alors qu'elle-même terminait de mâcher la poignée de pop-corn qu'elle venait d'ingurgiter. La rousse avait le chic pour poser les questions au bon moment dis donc... Elle haussa les épaules. Elle se sentait stagner en ce moment, voilà la réponse qu'elle voulait honnêtement dire à voix haute. Elle avait l'impression de s'embourber dans sa vie, dans son combat et dans sa tête. Elle qui adorait ne penser que peu aux lendemains, trop occupée avec ses conflits, commençaient aujourd'hui à se poser sérieusement des questions. Elle avait les réseaux sociaux, elle voyait toutes les filles de son âge, se marier, fonder une famille, avoir un avenir. Mais Olivia avait du mal à se dire quoi faire pour la suite... Elle n'était pas du genre petite maison de banlieue, mari aimant, deux enfants et un chien. Elle pensait plutôt mourir l'arme à la main sur un champ de bataille glauque... « Là où j'ai toujours plus ou moins été. » Elle haussa les épaules. « J'en suis à faire le boulot qu'on me demande. Voilà tout... » La Baring but une gorgée de coca. « C'est pas vraiment mon type de me prévoir un avenir. » C'était un peu sombre et pessimiste mais c'était la réalité. « Et toi ? » Elle jeta un coup d’œil vers sa partenaire, quittant le couloir qu'elle surveillait depuis plusieurs minutes des yeux. « T'as des plans particuliers ? Un copain ? Une copine ? Une maison à acheter ? Un AK-47 à remonter ? » Se moqua-t-elle doucement ? Ce n'était pas vraiment son arme de prédilection mais elle comprenait que certains l'apprécie. Enfin, bref, Olivia comme Lyllyah le savait, elles n'étaient toutes les deux pas destinées à une vie bien rangée de civiles.
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Sam 25 Mar - 10:56

Cherche et trouve
Juin 2021

Je pouffais de rire à la remarque de ma partenaire alors qu’elle doutait du slogan de la barre chocolatée dans notre situation présente. En lorgnant la foule qui arrivait, je ne pouvais m’empêcher de hausser un sourcil. Dans le fond, Olivia n’avait pas tort, notre mission de ce soir n’allait pas être évidente s’il y avait une telle foule d’un coup. En même temps, nous étions un mercredi soir, jour de sorties de nouveaux films, et il y avait un blockbuster qui était en tête de liste. Rien qui puisse nous rendre la tâche facile en bref.
Toutefois, je restais imperturbable et concentrée, prête à bondir s’il le fallait, car nous n’étions pas à l’abri d’un problème potentiel. Depuis ma venue à Londres, j’étais sans arrêt sur le qui-vive, il m’était difficile de songer à autre chose qu’à la protection de la population et j’avais à cœur de mener à rien cette mission, même si elle m’éreintait. Ne pas pouvoir me détendre ne serait-ce que cinq minutes mettaient mes nerfs à rude épreuve, je devais bien l’admettre.

— Ouais, c’est embêtant qu’ils n’aient pas été mis à jour. En même temps, ça datait de la construction du bâtiment, je pense que s’il y a eu d’autres travaux, rien n’a été signalé.

Les sorciers n’étaient sûrement pas à un détournement près s’ils étaient effectivement venus trafiquer quelque chose ici. Surtout que, de ce que j’avais compris, ils pouvaient rendre des zones invisibles pour nous, gens normaux sans magie. Les tricheurs. Dans ces cas-là, difficile de les rendre sur un putain de plan.

— Merci, je reniflais, je pense aussi que le quai n’est pas l’endroit idéal, sauf s’il y en a un qui se fait passer pour un employé. Dans ce cas, il pourra peut-être faire passer des caisses en douce.

Je grignotais une bouchée de pop-corn l’air de rien comme si notre conversation était des plus banales. Tandis qu’Olivia veilla aux couloirs principaux, moi, je lorgnais les toilettes. D’une main, j’ouvrais ma bouteille de soda dont le gaz s’échappa dans un petit souffle. J’écoutais les confidences de mon ancienne collègue avant de boire une gorgée de ma boisson en la regardant du coin de l’œil.  

— Ça fait un peu surplace comme constat, je me trompe ? C’est quoi comme boulot qu’on te demande de faire ?

Sans grâce, je mâchais mes pop-corn en me délectant du goût sucré qui explosait dans mes papilles. J’adorais le sucre et je devais me contenir de trop en manger pour ne pas flinguer mes années d’entraînement. À sa question, je fis une petite grimace et levais les yeux.

Ben, un peu comme toi, je ne suis pas du genre à prévoir un avenir. J’ai fréquenté une super nana pendant un temps, on s’amusait bien, mais ça a pris fin il n’y a pas longtemps. Je haussais les épaules. Du coup ben voilà je continue mon train de vie tranquillement. Métro, boulot, dodo. Je ne me laisse pas abattre pour autant, je m’amuse ! Je vais pas me prendre la tête pour ce genre de chose, j’ai pas envie de me miner la santé et bon… j’enfournais un pop-corn dans ma bouche, je suis du genre solitaire, les gens m’apprécient peu en général. Je lui fis un grand sourire en montrant toutes mes dents. Tu me connais bien, mais je préfère les Fass-90 ou les 9mm.

Je croisais les jambes en faisant sautiller le pied en équilibre sur mon genou, les yeux à nouveau rivés vers les toilettes.

— Et toi ? Tu as un copain ou une copine ? Tu arrives quand même à t’éclater un peu de temps en temps ?

Le mot « éclater » était évidemment bourré de sous-entendus. Je ne prenais aucun détour pour poser mes questions aux gens, je n’avais pas les inhibiteurs que les règles sociétales imposaient. C’était pour ça que j’étais souvent seule ou rejetée, je pouvais choquer les gens. Cependant, on ne pouvait pas me reprocher d’être franche, et il était par ailleurs difficile de m’offenser en me posant des questions. En réalité, je ne connaissais pas très bien Olivia en dehors du Blood Circle, pour le moment, mes relations avec ces gens-là étaient strictement professionnelles, mais il y en avait avec qui les atomes crochus commençaient à se manifester. Je bus une nouvelle gorgée de mon soda.

— Faudra aller aux toilettes tout à l’heure… peut-être quand les films auront commencé ? On pourra voir qui essaie de s’éclipser en douce.
 

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Ven 17 Nov - 18:01
Lyllyah Sody & Olivia V. Baring || Cinéma à Londres || Juin 2021
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Olivia soupira lorsque Lyllyah abonda dans son sens concernant la non-mise à jour des plans du cinéma. Avec des informations datées, il leur était d’autant plus compliqué de mener les missions à bien. Il fallait donc des petites mains, comme elles deux, pour venir faire de la reconnaissance et déterminer les meilleurs chemins actuels que pouvaient emprunter les sorciers pour éviter le Blood Circle. Mais qu’est-ce que ces planques étaient longues…

Continuant de manger, elle acquiesça aux remarques de Lyllyah. Effectivement un infiltré était plus que probable. « On devrait peut-être mettre la main sur la liste des employés et recouper avec notre base de données. Avec un peu de chance, des noms pourraient sortir et affiner nos recherches. » Elle se le nota dans un coin de sa tête pour remonter l’idée plus tard au quartier général. Cela ne lui couterait pas grand-chose, surtout qu’elle trouverait bien quelqu’un pour faire le boulot, une nouvelle recrue ou autre. Elle avait passé l’âge de comparer des listes, l’avantage de l’expérience… Et du fait d’être agent de terrain aussi probablement. Être un gratte-papier ne l’avait jamais vraiment motivée.

Les gens continuaient d’aller et venir et Olivia les détailla. D’abord critique, elle se laissa un instant dériver dans ses pensées. Quand était la dernière fois qu’elle était ainsi allée au cinéma juste par plaisir, en riant avec des amis, en mangeant du pop-corn et parlant du futur ? Probablement de nombreuses années en arrière… Tellement lointain qu’elle ne s’en souvint pas immédiatement. Quelle tristesse sa vie était devenue. Ces pensées firent un peu échos à la réponse directe de sa comparse. Cela faisait du bien de temps en temps les gens comme ça. Olivia ricana. « Surplace ? Ouai carrément, et c’est la merde. Le même travail que toi je pense. Protéger les populations, infiltrer et démanteler des réseaux. Sauver le monde en somme. » Répondit-elle moqueuse.

Olivia reprit une gorgée de Coca en faisant une petite moue lorsque Lyllyah lui appris qu’elle avait fréquentée quelqu’un mais que cela s’était terminé. Elle ne pouvait que trop bien s’identifier. « Ne pas t’apprécier ? Je comprends pas pourquoi. T’es tellement avenante et souriante. C’est peut-être le Fass-90 ou le 9mm qui te donne un petit air pas très abordable. »  Olivia émit un petit rire étouffé à sa propre blague avant d’enchainer sur avaler quelques popcorns. « Je suis désolée pour ton histoire. Elle sait pas ce qu’elle perd cette nana. » Mouai, elle n’avait jamais été très bonne pour remonter le moral des copines. Elle faillit s’étouffer à la question suivante. Ce n’était pas vraiment le sujet qu’elle aurai attendu de discuter en planque. Enfin, elle était mauvaise langue, c’était justement souvent dans ces moments d’attente que les potins sortaient. « Nope, ni copain, ni copine. Y a eu quelques débuts de trucs, mais ma tête doit pas revenir aux gens, ça n’a jamais donné grand-chose. Après je ne suis pas à plaindre hein, ma gueule revient aux mecs dans les bars pour une nuit alors je peux quand même m’amuser pour relâcher la pression… »

Son coca manquait cruellement d’alcool pour ce genre de discussion. Olivia fut reconnaissante à Lyllyah de changer de sujet et de ne pas rester sur la catastrophe qu’était sa vie sentimentale. « T’as raison, c’est une très bonne idée. » Elle releva la tête pour scruter les files qui se formaient pour accéder aux différentes salles. « Par contre pas d’intervention, on est vraiment là juste pour les infos… » Elle sentait le besoin de le rappeler à sa collègue qui avait un véritable besoin d’action dans le sang. « Mon frère a été dans l’armée de Terre aussi. Et il avait un vrai problème pour rester en place. C’est un truc qu’on vous apprend là-bas ou quoi ? C’est comme les huskies, y a un minimum d’exercice physique par jour et par soldat ? » Le sourire qui accompagna sa remarque se voulut moqueur mais bienveillant. Olivia n’était pas là pour comparer les différents corps de l’armée…. Même s’il n’y avait pas besoin de comparaison puisque l’armée de l’Air était la meilleure.

Elle se laissa aller en arrière pour s’appuyer sur le mur et ferma quelques secondes les yeux. Des bruits lui firent rouvrir. Les gens commençaient à entrer. Enfin il y allait avoir un peu de choses à faire. Les couloirs se vidèrent petit à petit et en quelques dizaines de minutes, il n’y avait plus que quelques bruits de bas qui s’entendaient. Olivia se releva à l’affut des derniers bruits. « On vise les toilettes du coup ? » Elle termina son coca et vida les derniers popcorns. « Faudrait mieux pas se séparer. Sait-on jamais sur quoi on va tomber… » Elle renifla. Zut, elle aussi commençait à tomber malade ? Elle jura silencieusement. Si Lyllyah lui avait refilé un truc, elle n’allait pas être très contente… La jeune femme se leva, pensant au futur de leur mission d’investigation. « J’espère vraiment qu’il n’y aura pas d’action, je me suis suffisamment cassé de choses en rencontrant des récalcitrants, j’aimerais bien que cela ne deviennent pas systématiques… » Marmonna-t-elle.
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Alors que je mâchouillais mon snack, mes yeux trainèrent sur un couple d’hommes passant devant nous, main dans la main. Ils étaient mignons, pour ainsi dire, et j’avouais que mon cœur papillonna en les apercevant. Moi qui nageais dans la guerre et les conflits, ce genre de petit rappel à l’amour me faisait du bien, même si je n’étais absolument pas concernée. Love is not dead.
Quand bien même je n’en avais pas l’air (tout l’art de la planque), je m’attardais sur une plaquette posée sur une porte. Staff only. Puis, je m’adossais en croisant les jambes pour mieux regarder vers les guichets. Un simple comptoir derrière lequel des étudiants en job provisoire distribuaient les entrées en cliquant bêtement sur leurs ordinateurs. J’abondais dans le sens de Baring.

— Eux, ils ne sauront rien, disais-je en désignant du menton les guichets. J’attrapais un horaire des films du jour et fis mine de le lire, un index tatoué pointant une ligne. En revanche, à quinze heures il y a un truc qui pourrait nous intéresser toutes les deux.

Je me penchais vers elle pour lui montrer le programme. Évidemment, ce n’était pas ce putain de bout de papier qu’il fallait regarder, mais bien la porte, désignée dans la direction militaire donnée. Si on voulait trouver des renseignements sur les employés et sur de potentiels plans de la rénovation du bâtiment, ça devait être là-bas.
En me désaltérant, je souris à Olivia comme si elle était une amie proche afin de tromper la vigilance des passants et d’un potentiel suspect qui pouvait nous observer à notre insu. Pour autant, j’étais sincèrement amusée alors qu’elle me confiait ses fonctions du moment.

— Ouais, ce n’est pas si faux ! Mais bon, si on perd de vue nos motivations premières, on peut tout de suite donner notre démission. Je la regardais de biais. Et, tu penses bien, c’est inenvisageable pour moi, malgré tout. Et pour toi ?.

Ce « malgré tout » faisait allusion à mon handicap. Une situation qu’elle pouvait, mieux que quiconque, comprendre. Un soldat cloué à terre c’était un soldat mort. Les vétérans tournaient souvent mal, et parfois, je me faisais du souci pour Baring, même si je ne le lui disais pas. On n’était pas du genre à s’émouvoir quand nous étions ensemble. Alors, me confier à elle sur mes récentes histoires me fit un drôle d’effet, pour autant, sa réaction me toucha.

— Pourtant, ils sont adorables, ricanais-je en faisant mention de mes armes. Puis, je haussais les épaules. C’est gentil de me dire ça. Je la poussais du coude dans un geste taquin. Je t’aime bien aussi, tu sais.

Je lui fis un petit clin d’œil amusé. Si je m’étais confiée à Baring, ce n’était pas pour qu’elle me tapote l’épaule ni qu’elle me remonte le moral avec des paroles toutes faites. Non, je m’étais confiée à elle pour partager. Mon moral n’était pas en berne, et il ne le serait sans doute jamais. Je retrouvais du sérieux quand elle joua cartes sur table elle aussi. Je souris à sa conclusion.

— Mmmh, pourtant, tu as une jolie tête. Même ta coupe de cheveux te va bien. Je ricanais. Les gens sont cons, laisse tomber. Je pris une gorgée de ma boisson avant de conclure, sans filtre. En fait, on devrait se mettre ensemble.

Mais trêve de connerie, on avait quand même du boulot. En suggérant de surveiller également les toilettes pour observer les allées et venues des mauvais spectateurs quand les films auront commencé, je ricanais une nouvelle fois aux instructions de ma coéquipière.

— Cheffe, oui, cheffe.

En vérité, elle n’avait pas besoin de me le dire : les instructions du Blood Circle avaient été claires et je ne comptais pas les transgresser. Pour autant, je comprenais ces craintes et le fond de sa réflexion révélée, je levais les yeux au plafond avec un sourire qui barrait l’ensemble de mon visage.

— Haha, très drôle ! Je pense surtout que c’est une déformation professionnelle. J’indiquais le haut de son crâne d’un geste de la main. C’est comme vous, les maîtres de l’air, vous êtes tout le temps décoiffé.

Seconde allusion à sa chevelure en cinq minutes. Joli score. Est-ce que sa coiffure ne me revenait vraiment pas ? Je la contemplais plus attentivement en profitant qu’elle ait les yeux fermés. Les quelques mèches qui s’échappaient derrière ses oreilles étaient aussi charmantes qu’amusantes. Non, rien ne me déplaisait. Je la taquinais, simplement.
Puis, après quelques minutes passées, je terminais mes encas et me levais à sa suite.

— On reste ensemble, et on fait net et sans bavure.

Approuvais-je. Les séparations c’était les pires plans de merde qu’on pouvait trouver uniquement dans les films à suspense débiles et sans réalisme. Sans entamer ma concentration, je lui jetais un coup d’œil alors qu’elle reniflait. Ah. Oups. J’espérais ne pas lui avoir refilé un truc. Enfin, déjà fallait-il que je sois vraiment malade, ce que je ne pensais pas. J’étais pour ainsi dire jamais malade.
Je poussais la porte des toilettes non sans soupirer un peu.

— T’en fais pas, je serai là pour prendre à ta place au pire.

Puis j’inspectais chaque cabine pour m’assurer que nous étions bien seules. Parfait. Maintenant, j’inspectais les aérations et en désignait une.

— Celle-là, elle n’est pas sur notre plan.


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Dim 21 Jan - 3:26
Lyllyah Sody & Olivia V. Baring || Cinéma à Londres || Juin 2021
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Olivia resta silencieuse lorsque Lyllyah lui donna de précieuses informations. L’air était lourd de bruits tout autant que de monde. Tout bourdonnait aussi bien devant leurs yeux que dans leurs oreilles.  Elle se pencha légèrement lorsque sa comparse lui montra le plan mais ce ne fut que pour mieux voir de quoi elle parlait. Effectivement, il devait s’agir de bureaux ou de vestiaires, dans tous les cas, la mention « Staff only » ne laissait pas de doute quant au fait que si elles devaient trouver quelque chose, ce serait bien par là…

La conversion continua sur des sujets plus personnels qu’Olivia aurait préférés ne pas aborder. Souligner son absence de vie sociale autre que pour le boulot n’était pas vraiment un fait d’arme à brandir devant tout le monde. Elle est une triste fille dans une triste vie. Non naturellement, elle ne s’attendait pas à trouver l’amour souverain qui la sauverait de tous ses mots, ce prince charmant qui l’embarquerait sur son beau cheval blanc pour l’épouser et lui donner trois enfants. Elle n’était pas faite de ce pain là. Elle aurait voulu simplement une vie, aussi complexe et simple que celles de ces gens qui prenaient leur pop-corn pour aller voir un film. Mais aurait-elle était bien plus heureuse ? Ne s’agissait-il pas du classique « l’herbe est plus verte chez le voisin » ? Il aurait été idiot de s’apitoyer ainsi sur son sort, surtout en pleine planque. Alors Olivia repoussa toutes ces idées et se reconcentra sur la mission. Elle sourit malgré elle aux remarques de Lyllyah. « Evidemment que c’est inenvisageable pour moi aussi. Je ne sais pas fonctionner autre part que là-dedans, enfin tu sais de quoi je parle… » Retourner à la vie civile, c’était bien la pire chose qui pouvait arriver à un soldat. Surtout lorsque ce dernier n’avait connu que l’armée.

La remarque sur les armes si attachantes de Lyllyah fit mouche et Olivia fut contente de la voir un peu sourire. Elle l’aimait bien cette fille. Leur communication était facile, sans chichi, et elle avait l’impression d‘être comprise ce qui n’était pas le cas d’autres membres du Blood Circle bien moins militaires. Elle émit un petit grognement lorsque la jeune femme la poussa du coude en lui indiquant bien l’aimer. Oui bon, elles n’allaient pas s’attarder sur le sujet… Olivia ne releva pas mais cela lui fit bien plus plaisir qu’elle ne l’aurait admis. Elle leva les yeux au ciel à la remarque sur sa coupe de cheveux. Elle savait que Lyllyah avait une certaine véhémence pour son absence de brushing. « Mes cheveux t’emmerdent Sody. Mais oui, faudrait faire ça. Au moins on sera sûre d’éviter les cons, pas vrai ? »

Le retour à la réalité de leur mission se fit petit à petit et Lyllyah ne manqua pas l’occasion de se moquer de sa partenaire. Olivia souffla mais ne répondit pas. Ces remarques étaient futiles vu le professionnalisme de la rousse. Mais cela ne faisait jamais de mal de rappeler les bases, surtout lorsqu’on avait une coéquipière aussi agitée. Olivia émit un petit rire à la réponse qu’elle reçut de la militaire.   « T’as vraiment un truc avec mes cheveux hein… Mais ok, je prends comme raison la déformation professionnelle… » Elle ne s’arrêterait évidemment pas à cette réponse sur la durée mais cette discussion devrait continuer plus tard. Les deux jeunes femmes avaient du pain sur la planche.

Après s’être demandée si elle ne couvait pas quelque chose, il fut temps pour Olivia de bouger. Accompagnée de Lyllyah, elles entrèrent dans les toilettes.  « T’en fais pas, je serai là pour prendre à ta place au pire. » La jeune femme émit un petit ricanement. « Trop aimable… » Dit-elle, sachant pertinemment que l’une comme l’autre de leur mieux en cas de confrontation et que Lyllyah aurait probablement d’autres chats à fouetter que de lui éviter une énième côte cassée. La Baring laissa Lyllyah inspecter les lieux puis la rejoignit pour inspecter le plan puis l’aération. Effectivement, il y avait un trou sur le plan. « Pourquoi c’est toujours dégeux ou étriqués les trucs de sorciers ? » Olivia s’approcha de l’aération et, se soulevant en s’appuyant sur une rangée de tuyaux au sol, l’inspecta rapidement. Il n’y avait aucune marque particulière, rien qui n’aurait pu laisser penser à une quelconque magie derrière son existence. Olivia força légèrement  et délogea la grille en faisant le moins de bruit possible. Elle sortit une lampe torche de son sac et réitéra son inspection sans succès. « J’ai jamais aimé ramper dans ces trucs… Tu me fais la courte échelle ? » Arrivant à se hisser, aidée de Lyllyah, elle s’engouffra dans la gaine métallique, poussant son sac à dos devant elle. Elle attendit que Lyllyah la rejoigne, peu inquiète des capacités de la jeune femme à se hisser dans le conduit. Peut-être aurait-elle dû laisser la rouquine passer devant comme celle-ci avait si gentiment proposé de prendre sa place en cas de désagréments. Il était de toute façon trop tard. Vu l’étroitesse du chemin, il faudrait au moins attendre un croisement pour espérer changer leur configuration actuelle.

Rampant dans le conduit, elles arrivèrent à une première intersection. Une plus grande ouverture à droite, menant vraisemblablement à un grand ventilateur à l’arrêt et la gaine continuait à gauche. « Super ça commence bien... » Marmonna Olivia. Mais alors qu’elle allait commencer à débattre sur quel chemin prendre, elle entendit du bruit derrière elles. Deux voix distinctes qui discutaient. Et qui semblaient se rapprocher. « Non mais je sais bien ce qu’a dit Yaxley. Mais je m’en fous. C’est une idée stupide que d’espérer appâter des moldus avec de vulgaires SMS douteux. » Une voix masculine répondit. « Je te fais confiance, c’est toi la spécialiste moi j’y connais rien à leurs machins. Tout ce qu’il faudrait c’est prouver que son idée est stupide… Et malheureusement on y arrivera qu’en le faisant… » Les voix se rapprochait et Olivia accéléra son avancée pour se planquer vers le ventilateur. Elle chuchota à l’intention de sa comparse : « Pas d’engagement s’ils ne nous repèrent pas ? Sinon, tu prends le premier qui passe et je m’occupe du deuxième ? »
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Mer 7 Fév - 11:10

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Qu’Olivia ne s’offusque pas de mes mauvaises plaisanteries, mieux, qu’elle y réponde, m’amusait sincèrement. Entre nous, il n’y avait pas vraiment de faux semblant. Après tout, on était qui on était : des soldates formées pour la guerre, des machines programmées pour protéger notre nation, quelle quel soit. Je penchais la tête dans sa direction lorsqu’elle abonda dans mon sens. Inenvisageable de rester sur la touche, aussi bien pour elle que pour moi. Quoi de plus logique après tout ? à quoi pouvions-nous être douées en dehors de nos fonctions de soldates ? Pizzaiolo ? Fleuriste ? Bon sang, il valait mieux ne pas y penser !
Un nouveau sourire barra mon visage quand elle rétorqua à ma proposition.

— C’est clair ! Nous, on n’est pas conne, donc on fera la paire. On se protégera mutuellement. Et ne t’inquiète pas, j’adore tes cheveux en vrai.

Et en vrai, je m’en foutais complètement de sa coupe de cheveux. Elle aurait pu être chauve que j’aurai sorti le même genre de conneries débiles. Et difficile de savoir si je parlais sérieusement ou pas, si l’invitation à se mettre en couple était réellement pensée ou non. Ça n’avait pas d’importance. Je lançais souvent des propositions gênantes parce que je n’avais pas les filtres sociétaux. Olivia n’allait sûrement pas s’en offusquer. À dire vrai, même moi j’ignorais si ma proposition était sérieuse ou non. Est-ce que je le pensais vraiment ? Est-ce que je ressentais quelque chose pour elle ?
Que de questions inutiles que je balayais d’un coup d’éternuement discret dans le mouchoir que je sortais à la hâte pour me couvrir le visage.

Quand enfin on se mettait en branle, mon côté protecteur prit le dessus sans que je ne puisse vraiment le contrôler. Après tout, il était là pour ça. J’étais là pour ça. J’étais née pour ça. Loin d’imaginer qu’Olivia était une petite chose sans défense, si le choix s’offrait à nous, alors il était clair que je prendrais pour elle, parce que j’étais comme ça. Alors, je répondis avec le même ricanement. Sans doute que durant la situation d’action je serai occupée, mais, si au maximum nous pouvions éviter de nous tabasser, ça m’arrangerait. J’aimais l’action, oui, mais je n’avais jamais prétendu apprécier briser des mâchoires. Ce n’était pas ce qui me faisait vibrer, je n’en tirais aucune satisfaction. Je préférais toujours quand mes sujets se mettaient à table sans que j’aie besoin de les menacer. On me faisait souvent porter le chapeau de la méchante, mais dans le fond, je savais que tout cela était faux. J’étais la gentille. Celle qui protège la veuve et l’orphelin.
Une fois dans les chiottes, l’inspection des lieux fut rapide, et notre potentielle porte secrète découverte.

— Parce qu’eux-mêmes sont dégueu et étriqués ?

Ou pour nous repousser.
Mais on n’est pas des cafards.
Dans le ventre de la bête.
Ça ou le cul du diable.
Être précisément là où on ne s’y attend pas.


Après un tintement plus intense de mes acouphènes, je corrigeais mes propos.

— Ou alors pour que justement, on ne sache pas que c’est là, juste sous notre pif.

Ce qui était un raisonnement d’autant plus rageur quand on y pensait. Si le Blood Circle parvenait à poser des pièges à l’insu des sorciers, l’inverse était tout aussi vrai. Combien de pièges, de système de surveillance, de balises quelconques, de créatures maléfiques, rôdaient dans les rues de Londres pour nous épier, nous, pauvres âmes sans pouvoirs magiques. Nous n’étions que des parasites pour les sorciers. Des parasites qu’il fallait vite exterminés.
Alors, parasites soyons !
Après une brève inspection, Olivia décrocha la grille et je l’aidais à grimper dans ce trou à rat. Une fois assurée qu’elle s’était avancée et que je pouvais grimper sans lui donner un coup involontaire, je lançais mon sac, puis prenais la grille d’une main et sautais souplement jusqu’au trou en me rattrapant de ma main libre. En me contorsionnant, je parvenais à me retourner et reposer la grille discrètement avant d’emboiter le pas (à quatre pattes) de ma coéquipière de mission.
Aussi discrètement que possible, je suivais Olivia en me remémorant le plan que j’avais sorti tantôt. Premier croisement. Je ne dis rien, lorsque la jeune femme décidait des directions : j’abondais dans son sens. Non pas que j’ai un gps sans faille dans la tête, cette partie du plan n’existait pas après tout, mais nous avions étudié les cartes des structures et des bâtiments alentour. Cette direction était la plus logique.

Les poils de ma nuque se hérissèrent lorsque des voix s’élevèrent dans notre dos. Putain, il ne manquait plus que ça ! Dans un échange de regard un peu confus, je repris la suite d’Olivia jusqu’au ventilateur, balançait mon sac de son côté et me plaquait contre la paroi après avoir éteint ma lampe de poche. Pourvu qu’ils ne nous voient pas ces cons ! C’était nyctalope un sorcier ? C’était des salopes, ok, mais nyctalope ? Je m’attendais à tous avec ces bâtards. À l’attention d’Olivia, je remuais les doigts. Des signes précis et silencieux. Le langage d’infiltration militaire.

"Défense uniquement. Silence. "

Pourtant douée pour gérer ma respiration, mon pouls s’accéléra lorsque les voix grossirent encore. Des ombres s’étirèrent sur les parois. Ils approchaient.

— Il y a bien d’autres moyens d’y parvenir.
— Ben, pourquoi tu n’as rien proposé alors ?
— Parce que je n’avais pas envie d’entendre Yaxley pleurer en réalisant que j’avais raison.
Ils se regardèrent en bifurquant à l’intersection.
— Du coup, c’est moi qui dois t’entendre pleurnicher. Tu veux que je t’oubliette ?
— Essaie, et je te bombarde la tronche.

Ils partirent alors dans un tout autre débat en proférant des formules ou je ne sais quoi. Les voix se dissipèrent au même temps que les ombres. Quand le silence retomba totalement, j’attendais encore quelques secondes avant de relâcher mes muscles. Mes épaules s’affaissèrent légèrement et je libérais ma respiration en un soupir.

— Putain… heureusement qu’ils sont cons, murmurai-je. Au moins, on sait qu’on est sur le bon chemin. Attends deux secondes.

Avec des gestes minutieux, non sans grimacer à cause du souffle du ventilateur juste à côté de nous qui rajoutait un bruit de fond à mon tintement déjà constant dans les oreilles, je sortais un petit calepin et un stylo de la poche de mon sac. Avec des traits grossiers, je n’étais pas cartographe après tout, je situais les chiottes, le conduit, et le chemin que nous avions pris jusque-là. Je notais l’intersection et le ventilateur.
Après un hochement de tête, je fis signe à Olivia.

— On continue. Je trace le chemin, on verra bien où ça nous mène.

Je réfléchissais un moment avant de déclarer, toujours à voix basse.

— On a étudié les plans annexes tout à l’heure… ils sont partis à l’ouest. Corrige-moi si je me trompe, mais c’est vers les quais de chargement. À l’est, j’indiquais la direction de mon index plus pour me situer moi-même que pour indiquer la direction à Olivia, c’est l’entrée du cinoch et au sud les chiottes. Il y a quoi au nord ?

Mes iris gris teintés de bleu à cause de l’obscurité du lieu fixèrent celles d’Olivia. Dans tous les cas, il fallait qu’on bouge. Si on restait plantée là comme des racines, on allait finir par se faire repérer. D’un petit geste du menton, j’indiquais à Olivia de continuer tout en prenant garde à ne pas lui couper la parole.


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La réponse de Lyllyah acheva de faire sourire Olivia. C’était vraiment une chouette fille. Etaient-elles amies ? A que moment l’était-on « amie » ? Olivia n’avait eu que des frères d’armes. Et un frère tout court. Elle n’avait jamais eu son gang d’amies comme dans les comédies américaines avec qui parler mode ou petits copains. Elle n’avait eu que des compagnonnes et compagnons de galère qui échangeaient sur la dernière arme de poing à la mode ou du dernier bombardement. Ce n’était pas vraiment la même ambiance. Et ce décalage, Olivia le ressentait chaque jour depuis des années. Elle n’avait pas l’impression d’être formatée comme la majorité des gens. Et elle avait l’impression que Lyllyah non plus. Elles se comprenaient et la Baring n’avait plus l’impression d‘être totalement à côté de la plaque. Et qu’est-ce que cela faisait du bien ! « Ca me va ! Et évidemment que t’adore mes cheveux, ils sont merveilleux ! »

La mission se fit moins passive et les deux jeunes femmes se dirigèrent vers les toilettes. A la remarque désolée d’Olivia, Lyllyah lui répondit une boutade qui la fit ricaner. « Pas faux ! Mais oui plutôt la deuxième option, t’as raison… » . L’exploration dans « le ventre de la bête » commença alors  une fois les deux femmes dans les conduits d’aération. Olivia n’était pas claustrophobe, en tant que pilote elle avait eu l’habitude des habitacles compressés. Mais là elle n’était pas à l’abri dans sa boite métallique… Elle était dans ce qu’elle supposait être un labyrinthe de conduits avec des menaces à chaque recoin… Un mercredi classique en somme.

La première menace ne se fit pas attendre et des voix résonnèrent dans les conduits. Une fois plaquées dans un recoin, Olivia jeta un regard à Lyllyah. Elle acquiesça silencieusement aux consignes de sa compagne. Elle avait l’impression que les battements de son cœur dans sa poitrine emplissaient l’espace sonore. Les voix passèrent et finalement s’éloignèrent. Olivia laissa échapper un soupir lorsqu’elles se retrouvèrent relativement hors de danger. Elle n’avait pas prévu dans sa journée de planque de se retrouver dans une bataille rangée contre deux sorciers dans une gaine de ventilation… Olivia acquiesça à la remarque de Lyllyah sur l’intelligence relativement basse des sorciers. « Et avec ça on gagne pas encore la guerre, je comprends pas… » Elle regarda avec curiosité le manège de Lyllyaha avant de comprendre ce qu’elle avait en tête. Olivia avait un bon sens de l’orientation, mais mieux valait ne pas prendre de risque. « Ok. J’ouvre la voie. » Alors qu’elle s’apprêtait à repartir, elle écouta attentivement les réflexions de Lyllyah. « C’est bien ça à l’ouest. Ca mène à l’allée à l’arrière du cinéma, qui est assez peu fréquentée. Donc pas étonnant si c’est par là qu’ils entrent et sortent… » Son nez se fronça légèrement lorsqu’elle essaya de se souvenir de ce qu’il y avait au nord. « De mémoire il y avait les vestiaires et locaux techniques… Mais la plupart n’avait pas de titre sur le plan. Plusieurs salles peuvent être inoccupées... Enfin par le cinéma. Ca vaut le coup de vérifier si les sorciers ne s’en sont pas appropriés certaines. » Olivia releva la tête et fit plusieurs aller-retour de regards entre les conduits et le plan de Lyllyah. Tentant de se souvenir du plan étudié plus tôt, elle se décida pour une direction. « On vise le nord si ça te va. C’est là où on a le moins d’informations. » Elle jeta un regard à sa montre. « Faudra pas trop trainer si on veut pouvoir ressortir avec les clients de la dernière séance. » Elle attendit l’accord de Lyllyah puis s’engagea dans les conduits en direction du Nord.

Ramper dans les conduits n’était pas une mince affaire. Plusieurs fois, comme vers le ventilateur précédent, elles eurent un peu plus de place mais ce ne fut jamais beaucoup. Arrivées à un croisement où trois choix s’offraient à elles, Olivia secoua la tête, perdue dans les dédales. « Bon… Je suis pas mauvaise pour me repérer mais là j’ai perdu le nord. T’as une idée avec ton plan ? » Elle attendit sagement la réponse de Lyllyah, lui faisant entièrement confiance sur la suite des opérations à adopter. Enfin, elle n’attendit qu’une vingtaine de secondes, précisément jusqu’au moment où la gaine où elle se trouvait émis un bruit inquiétant. Olivia se figea. La gaine émit un nouveau grincement sinistre et Olivia jeta un regard inquiet à Lyllyah. Elle n’eut pas le temps de faire beaucoup plus. Les attaches cédèrent et la portion de gaine contenant Olivia se détacha. Se retrouvant dans un toboggan géant, Olivia glissa la tête la première vers l’inconnu : l’extérieur de la gaine. Elle tenta de se rattraper en en écartant les bras et les jambes contre la paroi mais cela ne fit que ralentir légèrement sa chute. « Et meeeeeeeeeeerde ! » Entendit-on suivi d’un bruit sourd d’atterrissage peu maitrisé. Allongée sur le sol, Olivia mit quelques secondes à se remettre d’aplomb. Avec un peu de chance, Lyllyah était dans une portion de gaine qui n’avait pas lâché. Ou sinon, Olivia la verrait arriver bien assez tôt. Voulant éviter un possible atterrissage secondaire d’une demoiselle Soly sur elle, Olivia roula lentement sur le côté. Elle en profita pour s’assurer de n’avoir rien de cassé. Une petite douleur au poignet sur la réception mais elle avait réussi à rouler et s’éviter de plus grosses séquelles. Relevant la tête, elle se retrouva dans une obscurité parfaite… Sa cascade n’avait pas dû passer inaperçue et risquait d’attirer du monde. Super pour l’infiltration…
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Lyllyah Sody
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Jeu 25 Avr - 18:25

Cherche et trouve
Juin 2021

L’avantage avec Baring, c’était qu’on se comprenait pour plusieurs raisons. Nos formations militaires respectives y étaient pour beaucoup, et j’étais contente de la compter parmi mon cercle. Au moins, avec elle, je ne me sentais pas rabaissée comme avec Rasak, et je ne me sentais pas considérée comme une étrangère comme avec les autres membres du Blood Circle. Je savais que j’étais différente, ça ne me posait pas de soucis, mais il était toujours agréable de rencontrer des gens qui pouvaient me comprendre vraiment, comprendre mon comportement et comprendre pourquoi j’agissais d’une certaine manière plutôt que d’une autre. C’était sans compter que je faisais confiance à Baring, je pouvais donc lui tourner le dos sans craindre qu’une bombe m’explose à la tronche et me coute une partie de mon ouïe.

— Moi non plus… faut croire qu’il y a certaines têtes pensantes utiles dans leurs rangs.

Je ne voyais pas d’autres explications. À force de considérer les moldus comme de la merde sous prétexte qu’on n’avait pas de pouvoir magique, ils nous sous-estimaient, et du coup, ils en devenaient cons. C’était dans notre avantage, mais pourtant, il y avait une résistance surprenante… ou pas. La magie devait rendre bien des services ! mais un coup de fusil à pompe entre les deux yeux ça rend bien service aussi.
En écoutant Olivia, je hochais la tête, pensive en prenant des notes grossières sur mon plan puis lui indiquais que la direction du Nord me semblait aussi le choix le plus judicieux. Ainsi, sans davantage de paroles qui auraient pu trahir notre présence, je me mettais en route en suivant la jeune femme.

Si j’étais habituée à évoluer à plat ventre suite à mes nombreux entraînements, ça ne voulait pas dire que j’aimais ça et que je trouvais la chose agréable. Au contraire. Se déplacer discrètement dans ses conduits était comme poser un éléphant dans un magasin de porcelaine. Le moindre à-coup, le moindre geste brusque se répercutaient dans l’entier du bâtiment. Et merde, ce nez qui chatouille là. Un instant, je m’arrêtais et pris une grande inspiration avant d’étouffer au mieux mon éternuement dans mon pull doublé de ma manche. Je lâchais un juron discret avant de reprendre la suite d’Olivia en traçant toujours mon plan.

— Ouais, maintenant qu’ils divisent les films en saga, ils ne durent plus 3 heures.

De temps en temps, je jetais un coup d’œil à ma montre. Non pas que je ne faisais pas confiance en le sens de l’orientation de Baring, mais avec ces détours à cause des ventilations, il était facile de perdre le Nord… et justement ! Quand arriva l’intersection, je me posais et lui souris en lui montrant ma montre.

— D’après cet outil, c’est… je me tournais exagérément pour faire réagir l’aiguille rouge posée sur le large bracelet vert kaki. Par-là !

J’indiquais le tunnel tout à gauche. Marrant tiens, j’aurai pris à droite ! Comme quoi, moi aussi j’avais perdu tout sens de l’orientation dans ces conduits à la con. J’ouvrais la bouche pour chambrer Olivia quand un bruit peu sympa résonna. Je me figeais comme un chat. Le deuxième craquement me fit réagir et je tendais la main vers Olivia pour lui attraper un pied, mais c’est déjà trop tard.

— Olivia !

Elle disparut dans un entremêlement improbable de cheveux, de jambes et de chaussures. Ensuite, le raffut terrible me fit froid dans l’échine, en plus de son juron prolongé et enfin, la chute. Je grimaçais.

Ouille.
Aïe.
Elle est matinale, mais elle doit avoir mal.
Gros bobo !
Petit bobo.
Rien de cassé ?


Dans un silence contrit, j’hésitais sur la marche à suivre. Plonger tête baissée n’était peut-être pas le meilleur moyen de lui venir en aide. Parler trahira ma présence, mais bon, elle venait d’alerter tout le quartier de notre présence donc bon. Alors, je me risquai d’un petit.

— Ça va ?

J’entendais qu’elle roulait, sûrement pour éviter mon arrivée inopinée. Pas de bruit de bagarre, et depuis le conduit, pas de bruit d’alerte. Bon.

— J’arrive.

Bon, maintenant, comment je m’y prenais ? En avant et risquer de me péter les mains ? En arrière et risquer de me péter le cul à l’atterrissage ? J’optais pour le juste milieu, à savoir, m’assoir et descendre comme dans un toboggan tout en contrôlant ma descente. L’avantage que j’avais comparé à Olivia c’était que je pouvais prévoir le truc. Cela ne m’empêchait pas d’atterrir lourdement et plus vite que ce que je pensais, non sans pousser un énième juron, et d’éternuer encore. Histoire de bien niquer la discrétion.
Plongée dans le noir le plus total, je m’accroupis instinctivement. Je comptais jusqu’à 50 en prenant de profondes respirations pour éviter que mon souffle me trahisse et ne s’emballe. Une fois persuadée que rien ne venait vers nous, je murmurais.

— Olivia ?

Murmurais-je. Je la rejoignis quand elle me répondit et posai une main sur son épaule (un peu à tâtons).

— Tout va bien ? Je contrôlais son état et m’assurais qu’elle puisse se déplacer avant de grogner. Faut qu’on bouge.

Je fouillais dans mon sac et sortit une torche. Je plissais mes yeux quand la lumière m’éblouit puis balaya à l’horizontale l’endroit. On venait d’atterrir dans un genre de bureau, ou plutôt de local d’archives. Jackpot ou pas jackpot ?
En coinçant la torche dans ma bouche, j’ouvrais le premier tiroir que j’avais sous la main et regarde à l’intérieur.

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