Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Les rues de Londres lui semblaient bien tristes en comparaison avec sa Laponie natale. Grise, terne, la capitale faisant pâle figure face à celle qui restera à tout jamais dans son cœur, Rovaniemi. Elle n’était pourtant pas dépourvue de couleurs, surtout avec la nuit tombante, mais Solveig lui trouvait une fadeur sans nul précédent. Ou peut-être n’était-ce que le reflet de son humeur ce jour-là. La Suédoise ne vivait que rarement des journées pleines de bonheur et de rires. Elle n’obtenait satisfaction qu’à la sueur de ses propres efforts et même là, elle ne parvenait pas à sourire franchement à la vie. Si la sorcière de sang pur n’avait jamais vraiment été joviale même dans sa prime jeunesse, ses expériences passées lui avaient forgé un masque presque invincible. Ses yeux clairs s’arrêtaient quelquefois sur des détails de la vie londonienne défilant devant eux, mais jamais ils ne leur accordaient une quelconque importance. Pour tout dire, Solveig venait d’échanger une longue séance d’entraînement au krav maga avec supplément baguette, contre une soirée mondaine exclusivement réservée aux familles de sang pur qui la faisait déjà bailler d’ennui. Côtoyer les grands Mangemorts de ce monde, habilement cachés derrière leurs propres masques, s’avérait intéressant pour la Suédoise mais elle déplorait le fait que cela doive s’accompagner de faux sourires, de danses ennuyeuses et de repas insipides. Elle espérait de tout son cœur que les rares personnes qu’elle affectionnait réellement soient également présentes ou elle risquait de mourir d’ennui et de tromper ce dernier en provoquant un conflit, quel qu’il soit.
Le taxi s’arrêta devant l’immense propriétaire de l’hôte de la soirée et Solveig, après avoir payé son dû au chauffeur, descendit du véhicule dans un soupir. Elle récupéra les quelques affaires qui l’accompagnaient toujours où qu’elle parte en voyage et après un bref instant de répit, opta pour ce sourire passe-partout qu’elle était forcée de porter lors de tels événements. Elle entendait déjà ses zygomatiques lui hurler de se mettre en grève si elle continuait comme ça mais les ignora, pensant les noyer dans quelques verres de champagne sitôt que la soirée aura commencée. Accueillie par la partie féminine des propriétaires des lieux, elle conversa rapidement avec elle de la météo et de la mode sans y accorder plus d’attention puis s’excusa pour rejoindre l’une des chambres qui serait la sienne pour l’occasion. Il n’était pas rare lors de telles soirées de dormir sur place et la propriété de leurs hôtes était si vaste et peuplée de chambres qu’elle ne pouvait pas se priver d’un tel aménagement pour ses invités. Solveig fut conduite dans l’une d’elles, aux tons d’un beige douteux et fronça les sourcils en voyant deux lits côte à côte. Comme si on s’attendait à ce qu’elle ne vienne pas seule. La jeune femme plaça sa valise dans un coin de la pièce pour ne pas qu’elle traîne dans son passage et entreprit d’ouvrir les fenêtres afin d’aérer l’endroit. Elle retira sa petite veste qu’elle pendit dans l’armoire un peu trop vintage à son goût et se décida à prendre une douche. Elle n’était pas particulièrement sale, ayant déjà pris le soin de se doucher le matin même, mais le simple fait d’avoir traversé les rues de Londres lui donnait la sensation d’être crasseuse.
Enfin délassée, elle pouvait arborer un visage plus détendu et ouvrit sa valise pour en sortir les quelques robes sélectionnées en amont. Elle ne pouvait pas se présenter à une telle soirée en tailleur pantalon, même si l’idée la tentait bien. Mais elle préférait passer une soirée sous les radars plutôt que sous les spotlights, elle fit donc rapidement son choix pour une robe qui saurait la mettre en valeur sans prêter à scandale, et sans l’éclipser pour autant. La parfaite balance entre beauté et intelligence. Elle ajusta le décolleté en se regardant dans le miroir sur pied devant elle et redressa la bretelle droite avant de lisser le tissu sur sa peau. Sa couleur d’un vert chatoyant réhaussait à la fois la blancheur de son teint et la blondeur de ses cheveux, tout en créant un somptueux rappel à ses iris clairs. Simple mais efficace, elle lui permettrait de survivre à la soirée sans avoir à se préoccuper qu’un quelconque badaut marche sur sa robe. De plus, elle s’y sentait incroyablement à l’aise tant elle lui faisait l’effet d’une seconde peau. On pouvait imputer cela à sa texture semblable à de la soie.
Le silence régnant dans la chambre n’était perturbé que par les préparatifs de la soirée plusieurs mètres sous elle, les allers et venues dans le couloir et ses propres gestes, notamment la caresse de sa main contre le tissu. Voilà pourquoi le bruit de poignée qui se fit entendre dans la seconde suivante n’échappa pas à la sorcière qui fit rapidement un pas en arrière pour attraper sa baguette, qu’elle avait consciencieusement laissée sur l’un des lits, à portée de main. Solveig s’était jurée de ne plus jamais se laisser surprendre par qui ou quoi que ce soit et le temps que la porte s’ouvre fut suffisamment long pour qu’elle se cache dans la salle de bain. Merci la robe raisonnablement évasée qui lui octroyait des mouvements de jambes plus fluides. Alors qu’elle entendait la porte se refermer, elle décida de jeter un oeil à la personne qui venait de s’introduire dans la chambre. La Suédoise aurait dû être interpellée par la présence d’un second lit, mais elle restait concentrée sur ses souvenirs passés et l’urgence qui vivait en elle depuis. Il était plus logique pour elle qu’il s’agisse d’une attaque plutôt que d’une personne s’étant trompée de chambre. Elle ne put retenir un soupir de soulagement en reconnaissant la silhouette de la femme qui se dessinait près de la porte et sortit de sa cachette sommaire, mais la baguette toujours à la main par simple habitude.
« Astrid, älskling*, je ne m’attendais pas à te voir ! » Elle comprenait mieux maintenant pourquoi il se trouvait deux lits dans cette chambre : elle était réservée aux jumelles Eskil. Elle aurait dû s’en douter, à bien y réfléchir… Son sourire envers sa jeune sœur (elle aimait la taquiner avec cela) était plus sincère que celui qu’elle avait arboré pour ses hôtes et la reine de glace s’empressa d’aller prendre sa jumelle dans ses bras pour une brève - mais intense - embrassade.
« Je suis rassurée de te voir ici, j’aurais au moins une personne à qui parler qui soit un tant soit peu douée d’intelligence et de perspicacité. Mais si j’avais su que nous avions toutes les deux été invitées, je t’aurais proposé de voyager ensemble ! Cela m’aurait évité les questions embarrassantes de ce chauffeur de taxi à l’haleine infecte. » Elle mima une grimace de dégoût puis remit un peu d’ordre dans sa tenue. Voilà, se disait-elle, les conséquences de son caractère très individualiste. Elle ne prenait pas toujours le temps d’informer sa jumelle de ses activités et ce manque de communication menait à ce genre de situation. Solveig le regrettait bien souvent lorsque cela concernait Astrid. Pour les autres, elle se moquait bien de ne pas prendre de leurs nouvelles car bien souvent, leurs vies ne l'intéressaient pas. Sauf si elle avait quelque chose à y gagner.
« Qu’en penses-tu ? » demanda-t-elle à la brunette en désignant du regard la robe qu’elle portait. Son avis était le plus important de tous. Le seul, d’ailleurs.
*en suédois "chérie"
AVENGEDINCHAINS
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Sam 24 Sep - 19:49
TWIN SUPREMACY
you're my wonderwall
i've tried different ways, but it's all the same, at the end of the day, i have myself to blame.
La faute était sienne. Conçue dans le péché, elle n’était que fruit d’infidélité. Trace indélébile de la trahison de sa femme, ils avaient tenté de l’effacer. D’un coup de chiffon embrumé d’alcool. L’intoxication aurait dû lui être fatale, mais mauvaise herbe n’avait su disparaître. Elle s’accrochait, l’enfant, comme si elle refusait de les quitter.
Brin d’espoir, brin d’absurdité. Car penser qu’un jour elle compterait n’était qu’idiotie.
Elle avait, au fond des yeux, cette lumière qui les agaçait tant, et lorsqu’ils venaient à se poser sur eux, la rage les emplissait. Unique élément qui les unissait, la famille Eskil avait pourtant forgé une façade des plus élégantes. Tête haute, leur avait-on appris. Le peu de tendresse dont elle avait été témoin n’était que mascarade. Acte central d’une pièce bien sordide.
Au milieu de ces familles de haut nom, leur danse se devait d’être parfaite. Leurs pas coordonnés, chaque détail avait son importance. Le sourire d’Else, qui dans une robe de créateur, faisait rêver bien des hommes. La main ferme, et pourtant délicate, de Finn sur le dos de son épouse envoyait un message des plus clairs. Ses courbes étaient siennes, nul ne pourrait s’en approcher. Qu’ils y pensent, et ils en brûleront. Et puis ce regard complice qu’ils se lancent, où on pourrait presque lire un amour inconditionnel.
Farce à nigaud, foutre amas de conneries.
Ignorance ou injures, Astrid ne savait jamais ce qui l’attendait une fois les portes closes.
Car si aucun écart n’était accepté en public, la réalité n’était si rose.
Golden hours into cold war ; un pas seulement les séparait. Et quand, armes aux poings, la sentence venait, elle n’avait d’autre choix que d’enfin, abaisser le visage. Les yeux décryptant chaque petite imperfection de ce parquet froid, elle attendait. Que ça passe, qu’ils se lassent. Que leur rage devienne enfin silence.
Et ce parquet, encore aujourd’hui, serait-elle capable de le dessiner. Du bout des doigts, de la pointe d’un fusain. Les yeux clos, chaque détail doré. Jamais elle ne pourrait l’oublier.
RISE TO STAND ; nothing’s gonna hold you down for long.
Au cœur de ce chaos qui façonna son être, s’était trouvée sa plus grande alliée.
Par chance, elle n’était née seule. Quelques minutes avant elle, les cris aigus de poumons qui se gonflent pour la première fois, avaient retenti. Et dans cette vaste aire de glace, le Ciel accorda à Astrid un refuge.
Au petit être fut apposé le nom d’une Valkyrie, signe d’un destin brillant. Force de la nature était-elle née, et c’est ainsi qu’elle se devait d’être. D’elles d’eux, toujours fût-elle la force, tandis qu’Astrid se noyait dans une douceur mielleuse. Un fardeau qu’elle porta sans doute par sa faute, pour ne pas voir sa moitié six pieds sous terre.
s o l v e i g ; bien plus qu’un refuge, un pilier. Comme si leur âme avait été divisée en deux, chacune portait l’autre en elle. Elle n’était pas qu’ancre, que bouclier, elle était la moitié de son être. Celle dont l’humain est en constante quête, avait toujours été à ses côtés.
Sa douceur n’étant que faiblesse aux yeux de ce monde cruel, Astrid savait le poids qu’elle faisait reposer sur les épaules de sa jumelle. Celle qui s’était promis de la protéger quoi qu’il en coûte. La culpabilité parcourant son être sans cesse, mais elle ne saurait aller à l’encontre de celle qu’elle était. Astrid n’avait la force de tenir tête à ceux qui l’avaient façonnée. Elle n’était pas Solveig, ne le serait jamais. Elle était celle qui baissait les yeux face à la cruauté de leur sœur aînée, ne pipait mot, et Solveig, bien qu’enfant, ne cessait de garder un œil sur elle. Elle lui devait tout, à sa moitié.
Lorsque le clan des Orageux l'appela à eux, la surprise s’apposa sur le visage de chacun. On n’y croyait, ce n’était possible. L’enfant n’en avait pas l’étoffe. Les murmures étaient nombreux, les questions fusaient. Et derrière elle, il y avait ce sourire. Des yeux pétillants de fierté. Car au milieu de la foule étonnée, il y avait cet être si particulier qui jamais n’avait douté de sa force. Et dans ce regard si familier se dessinaient des mots ; vas-y, montre-leur.
🟔
the world may be heavy, but my heart beats with yours.
Une main sur la poignée, Astrid fut surprise de se retrouver nez-à-nez avec une baguette. Un écrin qu’elle saurait reconnaître parmi mille, puis cette effluve unique, à la hauteur de sa personnalité.
« Je dois avouer que je m’attendais à un accueil un tantinet plus chaleureux. »
Les sourcils légèrement arqués, elle ne put retenir son rire plus longtemps, qui vint envahir la pièce.
« Tu pensais le second lit pour Kaia ? Si c’est le cas, je peux toujours vous laisser en tête à tête et me trouver une autre chambre. »
Et ce rire, à nouveau. Ces paillettes au fond des yeux, qui ne sauraient quitter le visage de Solveig.
« Min pärla* » souffla-t-elle contre ses cheveux. Avant qu’elle ne brise leur étreinte, elle enroula une mèche blonde autour de son index, une habitude qu’elle avait gardé depuis l’enfance. Un petit geste qui savait l’apaiser, sans doute l’une autant que l’autre. « Je ne t’aurais jamais laissé les affronter seule. Quoi que, maintenant que j’y pense… ». Son rire se transforma rapidement en un tendre sourire, tandis que ses mains venaient se poser sur chacune de ses joues, amenant le front de sa sœur contre le sien. « Je suis là, tout va bien. Tout ira bien. ». Solveig ne le dirait sans doute jamais à haute voix, mais Astrid n’était dupe. A travers ses phrases si rapidement débitées, elle pouvait sentir une pointe d’angoisse.
Tu n’es pas seule, tu ne seras jamais seule. Des mots qu’elle n’avait besoin de prononcer. Ils n’étaient qu’évidence. Au fond, au milieu de leurs êtres à moitié brisés, chacune savait. Qu’elle ne pouvait vivre sans l’autre, qu’elle ne voudrait vivre sans l’autre.
A son tour, elle brise leur proximité, plongeant une dernière fois ses yeux verts dans les siens. A sa question, Astrid recule de quelques pas. Ses yeux pétillent à nouveau, son sourire ne saurait se faire plus grand.
« Que tu leur feras de l’ombre à tous. Et que je connais déjà bien plus d’une jalouse. »
Nul besoin de prononcer le nom de leur aînée. Avant de se faire minuscule au milieu de toute cette foule, Astrid se délecterait du visage décomposé de Kaia. Solveig était d’une beauté époustouflante. Rares étaient celles qui pouvaient s’y égaler. Et Kaia, bien que beauté elle-même, n’avait ce charisme que sa moitié dégageait. Jalousie n’était pas prête de s’envoler, car Solveig n’était qu’au début de ses prouesses. Le monde lui appartenait, et si quelqu’un devait s’en saisir, ce serait elle. Solveig avait cette poigne que nul ne saurait égaler, ces mots -crus- mais efficaces. Astrid n’avait nul doute face à l’avenir de sa jumelle. Véritable étoile, elle ne cesserait de briller.
Au milieu de ses pensées, l’enfant s’affala sur le premier lit qui se trouvait là. Les yeux clos, elle cherchait à son tour la force de faire face à la soirée qui les attendait.
Et sa voix se brise. « Sommes-nous réellement obligées d’y aller ? ». Un bref silence, comme un besoin de digérer les mots auxquels elles se devront de sourire. « On pourrait piquer du champagne et se cacher ici. Dans la baignoire, juste toi et moi. Tu peux même garder ta robe, ça nous fera des coussins. ». Mais ses paupières se rouvrent, sachant pertinemment qu’il ne s’agissait que d’une futile utopie. Elles ne pouvaient se permettre de ne pas être présente. Ça friserait l’incident diplomatique, Finn ne laisserait jamais cela se produire. Et s’il y avait bien une chose qu’elle souhaitait éviter ce soir, c’était d’étoffer la colère de leur paternel.
Son corps roule sur le côté, comme vidée de toute énergie. Sa main vient taper sur les draps à côté d’elle.
« J’ai l’impression de ne pas t’avoir vu depuis une éternité. » Moue presque boudeuse sur le visage, son côté enfantin reprend le dessus. Les yeux rivés sur le plafond aux dorures particulières, elle avait ce besoin oppressant de retrouver sa moitié. « Raconte-moi ta semaine. Tu as encore fait de la lèche à tes profs ? ». Taquinerie, sourire en coin. « Ils vont finir par devenir tout gluants tu sais. »
La mine de la jeune femme se renfrogna. L’idée de passer la soirée puis la nuit en la compagnie de sa demi-sœur aînée lui donnait envie de se taillader les veines. Les jumelles avaient dû la supporter bien trop longtemps pour continuer à s’imposer un tel supplice aujourd’hui, sauf lorsque la situation l’exigeait. Malheureusement pour elles, le temps était venu de mettre les masques et de prétendre être cette famille parfaite qu’on enviait sans totalement la comprendre. Il en avait pourtant toujours été ainsi lors de leurs déplacements familiaux : les jumelles d’un côté et le reste de la famille de l’autre. Une manière peu subtile de la part de Finn pour leur faire comprendre qu’à ses yeux, elles ne valaient désormais plus rien. Porter son nom ne suffisait plus. Aujourd’hui, il n’avait pour Solveig qu’une froideur qu’elle savait lui rendre au centuple. Et pourtant, la sorcière du Nord s’efforçait d’être la parfaite représentation de cette union brisée. Un symbole de tradition, de droiture et de supériorité. Bien qu’elle fût parfaitement consciente que cela ne servait à rien, elle tentait toujours de surpasser Kaia dans tous les domaines. Plus belle, plus forte, plus intelligente… plus Mangemort. Sa sœur aînée s’imposait en rivale de taille contre laquelle elle se mesurait chaque jour un peu plus. Solveig avait trop souffert de la tyrannie de Kaia pour laisser couler et passer à autre chose. Elle gardait en tête toute une enfance de punition et mépris de la part de leur père quand la coupable n’était autre que la première née, la légitime. Protéger Astrid de sa haine était devenu comme une évidence mais dans le processus, la jeune Solveig avait parfois oublié de s’armer elle-même d’un bouclier. Elle n’oubliera jamais certaines de paroles que Kaia eut envers elle, quand personne ne les écoutait. Tant de haine dans un être à l’apparence si beau symbolisait la société humaine actuelle. L’apparence comptait plus que tout et elle-même en jouait impunément. Seule Astrid représentait à ses yeux la pureté, si rare et infime, que l’on pouvait encore espérer voir s’étendre sur le monde. Elle n’ignorait ni sa douleur ni ses secrets mais se gardait bien de souiller sa personnalité si chaleureuse de la glace qui lui servait désormais de cœur.
« Plutôt me défenestrer ! » Elle répondit à son rire d’un sourire franc. Solveig ne se souvenait plus de la dernière fois qu’elle avait vraiment ri avec quelqu’un, sans chercher à se retenir. Sûrement avec Astrid ou, encore, avec Lui… Désormais, elle s’appliquait une certaine retenue pour ne pas se laisser surprendre par ses propres émotions. Elles pouvaient être si traîtresses… Le passé en témoignait. La jeune femme ferma les yeux au contact de son front contre celui de sa jumelle et prit ces quelques secondes, courtes mais intenses, pour se ressourcer. Astrid agissait avec elle comme une batterie mobile. Quand Solveig se sentait complètement à plat, déboussolée ou à la limite du burn out, elle savait trouver en sa sœur un réconfort que nul autre ne saurait lui céder. Elle était son ancre sur la terre ferme, son phare dans la nuit, son port d’attache. La retrouver à cet instant allégeait ses épaules d’un poids dont elle venait seulement de prendre conscience. Solveig portait tout sur elle. Chaque émotion refoulée, chaque pensée meurtrière, chaque départ de haine qu’elle devait taire pour ne pas perdre la face. La Suédoise encaissait sans cesse et avait parfaitement conscience qu’un jour, tout cela allait devoir s’échapper d’une manière ou d’une autre. Elle espérait simplement ne pas blesser Astrid au passage.
Afin de rendre l’atmosphère plus légère et parce que seul son avis comptait vraiment, elle fit admirer à la sorcière brune sa belle robe. Solveig prenait toujours soin à son apparence pour des raisons évidentes. À chaque soirée mondaine qui se présentait, elle se trouvait face à un dragon soutenu par leurs parents et aucun manquement n’était permis. Le moindre chignon mal fait ou maquillage mal dosé résultait à une défaite cuisante face à Kaia qui incarnait la perfection de leur race. Il lui semblait parfois que sa peau était plus blanche, ses dents plus droites, son regard plus bleu que les siens. Et elle enrageait. Elle se poussait à faire mieux, plus, encore. Toujours en guerre, toujours prête à se battre sans jamais demander de repos. Ce même regard plongea dans celui, plus vert, de sa sœur et son impétuosité se calma aussitôt. Bien sûr, Astrid ne manqua pas de la complimenter car c’était là ce qu’elle faisait toujours. Au fond, elle espérait que son raisonnement soit juste. Que cela fasse revenir leur père à elles. Mais à quoi bon rêver ? Debout à côté du lit, elle regardait Astrid et ses yeux clos divaguer sur leurs obligations sociétales. Ne pas y aller, rester entre elles, passer une bonne soirée à l’image de leur lien si puissant… Elle ne savait pas à quel point elle le désirait. Mais les jumelles ne pouvaient se permettre un tel manquement et cela, Astrid le savait. Le moindre faux pas et il faudrait tout recommencer à zéro… Ajustant sa robe autour d’elle, la blonde s’installa sur le couvre-lit à son tour et sourit à sa cadette.
« On pourra toujours s’offrir ce moment après. Rien ne nous oblige à rester jusqu’à la fin. » Même si elles avaient hérité du fardeau d’être de belles femmes de bonne famille, prêtes à marier. Il allait sans dire que ce soir, les partis allaient défiler les uns derrière les autres sans que Solveig n’en trouvât aucun à son goût ou digne de son intérêt. Astrid, elle l’imaginait fort bien, se ferait plus docile et douce, accepterait de danser de bonne grâce… les ferait même peut-être un peu rire. Comment s’y résoudre ? Comment être cette femme prévenante et mariable quand on connaissait l’envers du décor d’une relation ? Elle voulait effacer tous ces hommes de la soirée et ne la passer qu’à discuter avec Astrid car, en effet, voilà longtemps qu’elles ne s’étaient pas vues de la sorte. Un manquement que Solveig devait s’incomber. Manque de temps, dira-t-elle sans grande conviction.
« N’importe quoi, je ne fais pas de la ‘lèche’. Je n’y peux rien s’ils aiment les esprits brillants ! » Qui mieux qu’elle-même pouvait s’offrir des fleurs ? Si elle attendait son père ou un tout autre homme pour le faire, elle n’en recevrait jamais… Solveig prit la main de sa jumelle et lia leurs doigts ensemble, les posant sur les pans de sa robe. Elle fixa les vernis à la fois chaud et froid se complémenter puis porta de nouveau son regard sur la jeune femme.
« J’ai battu mon record personnel au 100 mètres. Je suis plutôt contente ! » Le sport faisait partie intégrante de sa vie désormais et elle ne pouvait plus s’en passer. Qu’il s’agisse de la boxe, des arts martiaux, de la course et même parfois de la natation, elle faisant son possible pour dépenser toute cette énergie contenue dans ces activités très physiques. Taper contre un sac de cuir contenant du sable restait son passe-temps favori de tous les instants. Cela lui vidait à la fois l’esprit et le cœur. Même la haine, à ce moment-là, semblait moins forte. La colère cessait de gronder. Du calme, juste du calme. Et un bien fou. « Et toi ma petite plume ? Comment se passe la médicomagie ? Tu as sauvé quelqu’un cette semaine ? Un petit bouche-à-bouche… ? » Solveig redoutait le jour où un homme lui prendrait sa place.
AVENGEDINCHAINS
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Sam 22 Oct - 18:18
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Solveig avait changé, elle ne pouvait le nier. Elle l’avait regardée évoluer, grandir. Petit bourgeon avait éclos. D’une douce pousse avait fleuri une magnifique rose. Au fil des années, jeune rose devint femme. Mutation étrange, pourtant écrite depuis la première semence. Le long de son tronc avaient poussé les épines. Rugueuses, venimeuses. Dissimulées derrière une plastique de poupée, elles étaient tueuses. Car poupée n’était plus. Comme si sa douceur d’antan l’avait quittée.
La nuance rosée de ses pétales s’était fanée. Ils auraient pu, de par leur fragilité, prendre une étrange teinte grise. Mais le bouton était d’une délicatesse impossible à modeler. S’habillant d’une couleur pourpre, symbole de son être, elle savait se faire noir.
Astrid, toujours à un pas d’elle, ne s’était interposée à sa transformation. Elle n’aurait pu, n’aurait su. Comme si, même elle, n’aurait été capable de rallumer cette lumière que Solveig semblait perdre. Jour après jour, elle avait regardé ses yeux s’éteindre un peu plus.
Penser que quelqu’un aurait pu stopper Solveig dans son ascension serait folie, mais au fond d’elle, Astrid gardait cette sensation de culpabilité. Comme une dague logée entre ses côtes, qui lorsqu’elle inspirait un peu trop fort, de cet espoir dont elle avait tant besoin, la ramenait à la réalité. Peut-être qu’égoïstement, ayant besoin de cet esprit protecteur, elle avait laissé la douceur de sa sœur s’échapper. L’innocence quitta Solveig bien avant elle. Elle ne pouvait y nier son rôle.
Si personne n’aurait su dessiner un autre chemin à Solveig, peut-être Astrid aurait-elle été capable de ralentir sa chute. A coup de gomme, adoucir la dureté des traits contre lesquels elle s’était heurtée. Pinceau en main, elle aurait dû ajouter quelques touches de couleur. Elle aurait pu fondre l’opacité de l’huile en aquarelle.
Elle aurait pu, d’une couche d’enduit, protéger sa sœur à son tour. Faisant de cette toile impénétrable, une œuvre que personne ne saurait atteindre. Mais petite brindille n’avait la force de la rose. Fragile, si facilement malléable, elle n’avait su s’imposer. Elle n’était bonne qu’à être jetée au creux du reste des pions, pour amplifier le brasier qui jamais ne devrait s’éteindre.
Elle avait failli à son devoir, sa promesse. Sa faiblesse avait fait défaut à sa moitié, celle pour qui elle aurait tout donné. Et ainsi, le regard pétillant d’autrefois avait laissé place à cette immensité glacée.
Par chance, Astrid était née des patins aux pieds. Elle domptait la glace comme peu sauraient dompter un dragon. De cet élément si froid, si dur, elle n’y voyait que beauté, liberté. Elle n’était idiote, elle savait combien elle pouvait être dangereuse, mais que serait la vie, sans une pointe de danger ? Quitte à finir six pieds sous terre, dans un cimetière aux côtés de ces êtres répugnants qu’elle méprisait, autant vivre chaque moment comme s’il s’agissait du dernier. Et si elle n’avait été dotée de talent pour chevaucher les balais, si chers aux yeux des sorciers, il y avait bien plus d’une aventure qui s’offrait à elle. Peur mise de côté. Il n’y avait d’épanouissement sans chute. On ne pouvait atteindre les étoiles sans une égratignure. Branche après branche, elles pouvaient lacérer son visage, mais Astrid ne perdrait son objectif de vue. Elle n’avait jamais eu peur de marquer sa peau, une qualité qu’elle partageait avec Solveig.
En grandissant, brindille s’était renforcée. Non loin de la moisissure, elle apprenait jour après jour à prendre du recul, sans pour autant savoir se détacher de l’amas de bois. Elle restait pion, mais avait appris à voler à ce foutu brasier, une part de sa chaleur. Une flamme qui vivait en elle, qui s’agitait derrière ses billes vertes, promettant d’un jour se répandre sur le monde.
Et cette flamme, elle la partageait avec sa sœur. Ne quittant ses côtés, elle était là pour réchauffer ce cœur dit de glace.
Car si Solveig était glace, Astrid serait feu.
Malheureusement, elles n’étaient seules. Le duo se devait de faire face au monde, à cette réalité oppressante, et surtout, à la cruauté de ceux qui ne sauraient les comprendre. Parmi eux, se tenait Kaia. Épaules droites, cette pointe de sadisme effrayante dans le regard et ces idées sombres dissimulées derrière un sourire carnassier. Pensant son sang royal, Kaia était de ces beautés qui avaient le monde à leurs pieds, qui rêvaient, d’un coup de baguette, de façonner chacun à sa convenance. Vulgaires marionnettes d’une scène tirée de son propre catalogue d’épouvante.
Celle qui se pensait reine de ce monde qui l’acclamait, avait pourtant trouvé rivale à sa hauteur. Pour la première fois, la poupée de cire avait vu le monde s’ouvrir aux yeux d’une autre. On l’écoutait, passionnés par la mélodie rauque de sa voix, la justesse de ses mots. En Solveig, Kaia avait trouvé sa némésis. Celle qui lui volerait tout, celle que jamais elle ne saurait surpasser. Solveig n’était pas que simple rivale à la hauteur, elle était déesse à côté de celle qui ne saurait jamais être plus que princesse gâtée.
« Ça peut toujours s’arranger, mais à condition que tu tombes sur la voiture des parents. Cabosse-leur le crâne. »
Après, avait-elle dit. S’installant à ses côtés, glissant ses doigts entre les siens, Solveig parlait d’une éventuelle fin de soirée, à deux. Et si l’idée réchauffait le cœur de l’enfant, elle savait pertinemment que ça n’arriverait pas. Astrid ne saurait quitter les festivités sans l’accord de ses parents et attendrait docilement leur approbation. Elle garderait ce sourire sonnant à demi-faux, se laisserait embarquer au milieu de la salle. Valser, s’il le fallait. D’un pas confiant, il lui faudrait maintenir les apparences. Parler intelligemment, mais pas trop. Rire grâcieusement, surtout qu’on ne l’entende pas trop -qu’elle ne les embarrasse pas. Que ses yeux pétillent, qu’ils séduisent, qu’elle fasse semblant d’être à la hauteur. De ceux qui se tiendraient devant elle, de ceux qui se pavaneraient en espérant pouvoir lier leur famille au grand nom des Eskil. Et surtout, qu’ils attirent à elle, les descendants des plus grandes lignées. Elle n’était que femelle à marier, objet de convoitise pour perpétuer la tradition. Séduire, s’unir, enfanter. Tel était son avenir, malheureusement déjà tracé.
Lorsqu’on l’autoriserait à regagner le confort de sa chambre, elle n’aurait plus la force. Une fois la porte refermée, son sourire la quitterait, les larmes s’agglutineraient sans doute au coin de ses yeux. Ses cils tenteront de les chasser, mais l’eau salée prendra le dessus. Dessin tristement répété, boucle sans fin.
Peut-être que Solveig serait déjà là. Peut-être qu’elle viendrait alors se joindre à elle, l’entourant de ses bras, quand son corps viendrait se recroqueviller sur le sol. Le visage contre l’étrange moquette, où elle tenterait d’imaginer la sensation familière de ce vieux parquet scandinave.
Astrid savait, qu’après des heures à jouer la parfaite héritière, elle ne saurait tenir une minute de plus. L’hypocrisie écrasant sa poitrine, elle ne trouverait plus la force de respirer. Que contre ce sol, elle tenterait de trouver, à nouveau, son souffle. Qu’elle rêverait d’ouvrir les fenêtres en grand, de pouvoir se suspendre à l’air frais, que ses joues s’y brûlent, mais elle se devrait d’étouffer ses sanglots. Elle ne pourrait prendre le risque qu’on l’entende. Ce serait donc les doigts creusant la chair de ses paumes, qu’elle s'empêchera de hurler au monde sa colère, son désespoir.
L’image hantant déjà ses rétines, elle ne dit rien. Un silence au sens lourd, venant déjà s’affaisser sur sa poitrine. Un poids qu’elle tente de balayer d’un battement de cils. La voix de sa sœur, enjouée face à ses prouesses sportives, sut parfaitement redessiner son sourire. Les yeux dans les siens, elle l’écoute, l’imagine le visage rouge, à la recherche de son souffle.
« Tu devais sentir bon. » Et un rire, ce rire. « Je suis fière de toi. »Toujours. « Et évidemment qu’ils t’aiment, c’est pas face aux cucurbitacées qu’on s’apprête à affronter qu’ils se réjouiront. Il leur faut quelqu’un à la hauteur pour challenger leur égo. La masturbation intellectuelle, c’est ça qu’ils aiment ! » Et alors vint la question, poussant Astrid à presque s’étouffer. Les yeux vers le ciel, son sourire ne quittait pas ses lèvres. « Aucun bouche-à-bouche, mais oui m’dame, j’ai sauvé quelqu’un. Peut-être pas sa vie en tant que telle, mais son égo au moins. Et pour un mâle dominant, c’est important, l’égo. » Un éclat de rire. « Si tu savais ce que j’ai vu les semaines passées... »
La voilà qui lui conte ses aventures médicales. De la minuscule égratignure de cet homme un tantinet douillet à la métamorphomage excentrique qui était venue implorer son aide à propos d’une houppette de plumes multicolores qui ne voulait plus la quitter. De ses histoires, elle ôte avec intention l’horreur de son service habituel. Les blessures apposées par le Blood Circle ne faisaient partie de ses sujets fétiches, qu’elle évite à tout prix. Ce soir s’annonçait déjà assez compliqué, il n’était pas question de plomber l’ambiance si tôt. Alors en silence, elle prie pour que sa sœur ne lui demande, la plongeant dans les histoires plus plus farfelues.
Et soudain, comme un éclair de génie traversant son squelette, elle s’exclame : « J’ai quelque chose pour toi ! » Quittant l’étreinte de leurs mains un instant, elle saute sur ses jambes pour atteindre sa valise. Deux doigts viennent s’y entrechoquer et les petits bouts de fer se démêlent. Droite face à Solveig, ses yeux pétillent de malice. Derrière son dos, ses mains tiennent un petit paquet, qu’elle vient enfin lui présenter. « Des bonbons ou des ennuis ? » Son âme d’enfant de retour, elle lui tend le sachet de dragées surprises. « Je suis passée devant l’autre jour. Je ne comprendrais jamais l’amour des anglais pour ces petites choses, mais elles me font rire. »
Se contenter d’un petit rien, tel était le talent d’Astrid, qui savait s’enjouer de la plus infime des particules. Elle voyait de la beauté là où d’autres ne voyaient que noirceur. D’un petit rien, elle créerait un monde aux mille surprises.
« D’ailleurs, en parlant d’ennuis… » Ses yeux se plongent à nouveau dans ceux de Solveig, guettant la moindre réaction. « D’où te vient ton intérêt soudain pour Sainte-Mangouste ? » Son visage lui révèlerait-il quelque chose à l’entente du nom de la clinique sorcière ? A l’affût du moindre indice, elle continue. Prise sur le fait, Astrid avait vu sa jumelle à de nombreuses reprises dans les couloirs, se faufilant jusqu’au bureau du directeur. Une fois, deux fois… Elle avait arrêté de compter. Curieuse et inquiète à la fois, elle comptait bien en apprendre plus –si ce n’était tout.
Le respect que portait Astrid au directeur de l’établissement était particulièrement puissant. Homme à la réputation qui le précède, il était considéré comme un des plus grands médicomages de son temps. Un exemple à suivre pour beaucoup, l’homme était dur, exigeant le meilleur de ses collaborateurs. Elle avait eu l’occasion de le croiser à de nombreuses reprises, sans jamais réellement travailler avec lui. Leur lien le plus étroit restait leur appartenance aux forces du mal. Mangemort de longue date, Carrow était un nom qui traînait sur de nombreuses lèvres.
« Heureusement que cet intérêt soudain ne ressemble pas à Papa, bien qu’il en ait presque l’âge. »
L’âge lui importait peu en vérité. L’amour –ou le désir, n’avait de règle. On ne pouvait le contrôler, en déterminer les paramètres. Le charisme de l’homme devait attirer bien des âmes –les noyait-il ? Le corps humain avait une alchimie qui lui était propre, qui ne saurait être répliquée à l’identique. Les potions d’amour et autres breuvages étranges ne sauraient égaler ce dit sentiment, qui, des années de cela, aurait sauvé la vie dudit élu.
Et si la confiance d’Astrid ne saurait se donner autant à quiconque qu’à Solveig, l’âme sentimentale de cette dernière l’inquiétait. Car si son instinct de survie était quasi animal, il fut un temps où son jugement avait failli. Conquis par des filets empoisonnés, son cœur d’adolescente s’était laissé berner. Son masque les avait trompés. Aucun n’avait su voir à travers les maillages de son être, ce qui reposait vraiment en lui.
Victime de sa jeunesse, de sa fierté peut-être, mais surtout de sa peur, Solveig avait sombré dans les ténèbres de ce qu’il avait osé appeler amour. Vaste blague à laquelle Astrid avait promis de ne pas rétorquer. Des mots qui rongeaient ses tripes, jour après jour, mais une promesse ne se devait d’être dite en l’air, elle s’y appliquerait donc –au plus grand damn de son âme.
Solveig avait traversé l’enfer. Une barque qui avait tangué des années durant, faite d’un bois moisi par l’eau contaminée. Un corps souillé, une âme à jamais marquée.
Un petit bout de femme qui tente de se reconstruire, cachant bien des cicatrices derrière un coeur qu’elle dit gelé. Qu’elle s’est forcée à geler. Barrière protectrice, défense indispensable pour garder les chevilles en terre, les genoux solides.
Des blessures qui jamais ne la quitteront, qui l’auront forgée. Poupée de cire qui jamais plus ne fondera, aussi proche du soleil soit-elle.
La protéger à tout prix, Astrid se l’était promis. Si elle ne pouvait maudire son ancien amant qu’en silence, elle ne la laisserait pas tomber à nouveau dans les filets d’un manipulateur.
Les hommes de pouvoir avaient ce côté attirant. Un charme qu’on ne pouvait nier. Que ce soient leurs jolies tournures de phrases ou le choix de leurs mots. Le ton de leur voix parfaitement maîtrisé. La gestuelle délicate et ferme à la fois, d’une sensualité rare. Plan longuement réfléchi, rien n’était laissé au hasard. Chaque élément défini avec sagesse et cupidité, un cercle restreint qui ne comptait un seul saint. Pas le moindre. Des destins sombres dessinés à travers des idées sanglantes ; personne n’en était à l’abri. Ils avaient ce pouvoir que peu savaient contrer. Leur résister était presque impossible, comme une course contre le temps lui-même. Tenter de lui échapper, de se faufiler entre ses aiguilles. Vulgaire souris prises au piège, leurs victimes n’en sortent que rarement indemnes.
Carrow était l’un des leurs. Son charisme époustouflant, son regard à en faire rougir la lune. Aussi craint qu’adulé, son nom ne quittait les lèvres des visiteurs, passait de tympan à tympan. Comme s’il avait créé son propre monde, Astrid ne laisserait pas Solveig devenir l’une de ses poupées.
Elle se l’était promis. Pour sa sœur, son bonheur. Et un peu égoïstement, pour sa propre sanité,
Un combat qu’elle partagerait jusqu’à la fin. Sa moitié, son combat.
L’une des questions qui lui passait régulièrement à l’esprit était la suivante : Astrid la connaissait-elle mieux que personne ou son jugement était-il biaisé par ses sentiments profonds à son égard ? La vérité se cachait peut-être dans l’une et l’autre de suppositions. Il lui semblait parfois que sa jumelle ne voyait en elle que l’enfant qu’elle avait été et qu’elle espérait voir survivre un peu plus longtemps, alors qu’il n’existait définitivement plus. Toute cette noirceur qui l’habitait et qu’elle cachait habilement, Solveig voulait pouvoir la partager avec sa sœur sans jamais réellement y parvenir. Comment réagirait-elle si elle venait à entendre le sombre futur qu’elle réservait aux moldus ? Aux sorciers, même ? Elle n’avait rien d’une sainte ni d’une irréprochable. La candeur d’Astrid n’était peut-être que feinte, mais elle soulevait de nombreuses interrogations sur leur fonctionnement. Se disaient-elles vraiment tout ? Ne se montraient-elles que ce qu’il était décent de voir ? De ressentir ? La sorcière regarda sa jumelle avec affection. Peu importe l’amour qu’elle avait pour sa sœur, certaines choses ne pouvaient être dites. Pas encore, tout du moins. Et cela contribuait à l’image erronée qu’elle renvoyait d’elle-même à l’être qui comptait le plus à ses yeux. Il lui avait fallu un temps considérable pour admettre sa vulnérabilité et sa fragilité à celle qu’elle voyait comme une petite sœur à protéger, coûte que coûte. Quel qu’en soit le prix. Mais comment être une protectrice efficace si sa propre armure possède plus de brèches que d’épaisseur ? Elle ne se sentait pas prête à lui avouer que le rôle auquel elle la destinait n’était pas celui que Solveig souhaitait endosser. Mais pour ce soir, pour quelques heures seulement, elle pouvait l’endurer. Elle n’avait d’ailleurs que peu de doutes sur la façon dont la soirée allait se dérouler. Semblable à toutes les autres, la Suédoise savait n’y trouver que déception et combat silencieux. Si Astrid se sentait obligée de suivre les indications de ses parents et d’adopter un comportement adéquat dans cette société élitiste, Solveig leur faisait de plus en plus souvent un pied de nez. Elle délivrait une performance royale où se mariaient indifférence et attraction totale. Son regard glacial, son menton haut et sa poitrine fière la rendait désirable aux yeux des plus idiots. Inutile de préciser que lors de telles soirées, ils étaient plus d’un à porter ce titre peu honorifique. Solveig les laissait s’approcher pour mieux les rejeter. Mais au lieu de se sentir bafoués, cela ne leur donnait que plus envie de l’avoir. Ils la suivaient, mendiaient sa compagnie, la suppliaient de ne lui accorder une danse. Une toute petite danse qui leur donnerait l’impression d’avoir une quelconque valeur à ses yeux. À bien y réfléchir, la jeune femme dansait de moins en moins et préférait arpenter la foule avec grâce et élégance, toisant du regard sa sœur aînée qui maudissait de plus en plus régulièrement son existence, signe que sa tactique fonctionnait à merveille. Plus Kaia la haïssait et plus elle sentait les ailes dans son dos grandir, jusqu’à l’élever du sol, loin de ces sous-hommes indignes de son intérêt. Mais surtout, elle agissait comme un garde du corps à chaque instant. Lorsqu’Astrid dansait ou entretenait une discussion – même banale – avec un soupirant, elle ne restait pas loin dans les parages, prête à abattre ses cartes, à porter le coup fatal qui fera fuir le prétendant éhonté. Et pendant sa marche silencieuse, elle observait le corps de sa jumelle s’animer, vivre et s’enflammer d’une façon qui lui était inconnue, qu’elle ne vivra jamais. Ce soir encore, elle espérait la voir se transformer en cette femme incroyablement belle et hypnotisante. Et bien que cela l’inquiétait profondément, Solveig trouvait étrange que sa sœur ne se fut jamais présentée à elle avec un amoureux au bras. Sa belle petite Astrid, si pleine de vie et d’amour… qui n’en voudrait pas ?
Elle écouta avec une patience infinie et une attention proche de la dévotion, les histoires vécues par la jeune femme lors de ces dernières semaines. Solveig n’avait pas besoin de prononcer le moindre mot pour signifier à sa jumelle sa pleine écoute. Elle pouvait passer des heures dans cette position, à être le réceptacle de ce flot de paroles qui entrait tout droit dans son oreille et venait se reposer dans son cœur. Elle voulait tout savoir d’Astrid et ne faisait l’impasse sur aucun des détails qui lui étaient contés. Parfois, elle avait un sourire, un froncement de sourcil ou un air étonné, qui accompagnait chaque histoire avec ferveur. Rares étaient les fois où elle la coupait dans son discours. Le milieu médical ne l’intéressait pas particulièrement mais la vie d’Astrid, elle, c’était de l’or. Elle n’en manquait pas une miette. La sorcière ne posa pas de questions et fit très peu de commentaires oraux. Quand sa sœur quitta le lit, elle ne broncha pas non plus. Curieux cependant, elle détailla chaque geste de la sorcière et haussa de nouveau un sourcil en la voyant revenir, si énigmatique et pleine d’entrain.
« Attends, sérieusement ? » Un rire clandestin se fraya le passage entre ses lèvres et elle réceptionna le cadeau généreusement offert par sa moitié. « C’est très gentil à toi, merci. » Elle n’était pas certaine de vouloir les goûter mais par respect pour Astrid, elle le fera sûrement. Elle ne mangeait que peu de sucreries et sûrement pas des dragées, qu’elle trouvait inutiles pour le palais. Mais pourquoi pas se récompenser de temps en temps avec ces drôles de choses qui se cassaient sous la dent ? Et en parlant de surprise, elle ne s’attendait pas à ce qu’elle lui fasse une réflexion sur ses allers et venues à Sainte-Mangouste. De toute évidence, la Suédoise n’était pas aussi discrète qu’elle l’aurait souhaité. Son visage n'afficha aucune émotion particulière – la normale pour Solveig jusqu’à présent – mais son esprit bouillonnait à la recherche d’une excuse suffisante pour apaiser les questionnements d’Astrid. Ses entrevues avec Euron dataient d’il y a plusieurs mois maintenant et elle faisait des réels progrès dans l’apprentissage de l’Occlumancie. C’était douloureux, souvent intenable mais Solveig se montrait forte et téméraire. Une élève exemplaire qui ne bronchait pas, gardait sa souffrance pour elle et ne se plaignait jamais de ce qu’elle subissait. Elle savait que chacun des efforts qu’elle fournissait lors de ces séances finirait par payer et petit à petit, jour après jour, elle en découvrait les fruits. Sa satisfaction n’était pas à son comble mais tendait à le devenir. Seulement voilà, elle n’avait pas pris en compte qu’Astrid pourrait se douter de quelque chose… Ou pas. Elle semblait lui prêter une aventure avec le directeur de l’établissement et Solveig trouva ça si stupide qu’elle manqua d’en rire ouvertement. Ce qu’elle ne fit pas, bien évidemment. Muette, elle suivit sa jumelle du regard, attendant que celle-ci ait terminé ses remarques pour pouvoir en placer une. D’elles deux, elle était rarement celle dont on entendait la voix de toute façon. Une grimace involontaire s’imprima sur le visage cruellement lisse de la Suédoise alors qu’elle faisait un lien étrange entre Euron et leur père.
« Non, rassure-toi, je n’ai pas de complexe d’Œdipe si c’est ce qui te préoccupe… » Drôle d’idée, d’ailleurs. Il faudrait déjà, pour cela, que Solveig veuille ouvrir son cœur à un homme et ce n’était pas près d’arriver. Pour ce qui était de l’âge, la jeune femme ne s’en souciait guère et à bien des égards, le Carrow pouvait être considéré comme un bon et beau parti. Forte stature, charisme, d’une élégance froide et aux traits taillés dans le marbre, Euron était aussi beau qu’intéressant. Il avait l’expérience de l’âge et le pouvoir qui allait avec. Dans d’autres circonstances, Solveig aurait peut-être jeté un autre regard sur le Mangemort. Leurs idéaux s’associaient parfaitement et ils se ressemblaient plus qu’elle ne saurait l’admettre. Mais elle doutait qu’il voit en elle une potentielle épouse – ou conquête – et elle-même ne posait pas sur lui un œil sexuellement intéressé. Elle avait tourné cette page il y a trois ans et tant que sa reconstruction ne serait pas complètement, elle ne laissera plus aucun homme la toucher intimement. Quelque chose lui disait qu’Euron la respectait pour cela. Elle ne ressemblait pas à ces étudiantes un peu stupides qui s’amourachait pour rien et le suivaient à la trace partout où il allait, juste parce qu’il était « grand et fort, et qu’il sentait bon ». Pathétique.
« Ma chère Astrid, tu te fais des films pour rien ! J’imagine que tu me fais ces réflexions car tu m’as vu côtoyer assez souvent Mr. Carrow dernièrement, n’est-ce pas ? Que je te rassure : il n’y a rien de romantique dans nos entrevues. Il se contente de… m’aider. » Elle en avait déjà trop dit. Solveig connaissait assez sa sœur pour savoir que cette dernière allait se jeter sur ce morceau de viande pour le dévorer, et plus encore. La curiosité allait la ronger jusqu’à l’os et sa sœur n’aurait d’autre choix que de la satisfaire. Le fait est que la sorcière comptait attendre encore quelques mois supplémentaires avant d’en toucher mot à sa jumelle. Elle espérait pouvoir compléter son enseignement… mais ses plans tombaient à l’eau et ce, contre son gré. Solveig effaça les plis de sa robe en passant ses paumes dessus avec délicatesse puis porta sur sa moitié un regard sérieux. Le sujet l’était, l’exigeait. Et pourtant, au dernier moment, elle dévia.
« Serais-tu jalouse ? Est-ce que tu le trouves à ton goût ? Cela expliquerait ton engouement pour le cursus médical… Je ne peux pas te blâmer, ceci dit ! Il est en effet intriguant. » Elle aurait dû dire autre chose, bien sûr. La vérité, par exemple. Elle le fera éventuellement mais sur le moment, elle avait comme… paniqué ? Si cela pouvait seulement lui arriver. Les mots lui avaient échappés et Astrid n’était pas dupe…
AVENGEDINCHAINS
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Lun 21 Nov - 11:09
TWIN SUPREMACY
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Pipelette, on ne pouvait le nier. Astrid parlait, peut-être un peu trop. L’opposé de sa moitié, comme sur bien des points. Ça en ennuyait plus d’un, notamment ses géniteurs. Comme si son ADN était à l’antipode de ceux qui l’avaient conçue. Peut-être tenait-elle de son père biologique ? La réponse n’avait de sens à ses yeux. Car si Solveig souhaitait à tout prix retrouver les traces de ses origines, Astrid préfèrerait les effacer —s’effacer. Devenir peut-être l’un de ces fantômes étranges, se promener dans les couloirs de Poudlard. S’engager contre Peeves, aider les étudiants. Démunis, dits faibles, solitaires. Il ne s’agirait pas d’apprendre à être le meilleur duelliste. A coups de baguette, contrer les plus forts pour imposer son nom, sa voix –bien que cela sache s’avérer utile. Il s’agirait bien plus d’un tour de poignet et de quelques mots murmurés. Elle pourrait devenir un nouveau type de fantôme, un mentor. Celle qui aide les âmes perdues à trouver leur voie. Cela nécessiterait cependant des adieux que jamais elle ne serait prête à faire.
Et lorsque ses pensées l’amenaient à se promener dans ces bois sombres, elle se rattachait constamment à la même image. Une plastique de poupée, ce regard glacé et pourtant, d’une douceur particulière lorsqu’il se posait sur elle. Ce grain de beauté sur son épaule droite et les deux petits sous sa cheville. Un sourire rare pour qui elle donnerait tout. Et ce rire, si elle pouvait l’entendre à nouveau…
S o l v e i g . Celle sur qui on posait le regard, tandis qu’Astrid baissait la tête, s’écartait du chemin. Ils avaient de nombreuses fois tenté de les séparer, jusqu’à comploter pour qu’elles se brisent l’une l’autre. En vain. Il n’y avait ni de Yin, ni de Yang. Juste deux âmes entremêlées l’une à l’autre. L’humanité et sa cupidité les faisaient hausser le ton de temps à autre. Elles n’étaient dépourvues, chacune, de leurs propres défauts. Humaines jusqu’au bout des doigts, les craquelures de l’une affectaient parfois les imperfections de l’autre. Mais si pour certains la passion devenait violence, il n’y avait entre les jumelles, que bienveillance. Nombreux étaient ceux qui avaient tenté de les séparer. De leur propre chair à celui qui avait volé le cœur de Solveig durant son adolescence, ils avaient tenté. Qu’importe la distance qu’ils puissent mettre entre elles, ses yeux pétilleraient toujours en sa présence.
Deux instruments différents, deux partitions différentes. Bois et cordes, qui s’accordaient sur la même clé. De leur différence naissait une mélodie enivrante. Les traits de l’une savaient mettre en avant la sonorité de l’autre. Se portant toujours un peu plus haut, chacune amplifiait la beauté singulière de sa moitié.
Entendre les mots « complexe d’Œdipe » suffirent à faire grimacer Astrid, qui d’un air de dégoût, mima un haut le cœur, la langue tirée et les traits décomposés. Elle refusait d’avoir une telle image en tête —par pitié, qu’on l’en abstienne. Pourtant, elle avait évoqué elle-même l’idée. Pointe d’humour qui s’était retournée contre elle-même. Les mots choisis n’avaient été à la hauteur de ses pensées. Et soudainement prise de remords, c’est sans un bruit qu’un « désolé » se dessine contre ses lèvres. Son dernier souhait était qu’elle se sente jugée. Car toujours, au creux de son épaule, elle pourrait poser son crâne, ses idées et ses ressentis.
Solveig prononça le nom de Carrow d’elle-même. Sans avouer ses véritables intentions, elle vient piquer un peu plus la curiosité de sa sœur. L’aider ? Peut-être aurait-elle préféré que ce soit romantique finalement.
Dans ses yeux se dessine l’inquiétude. Quelles raisons pouvaient pousser la jeune femme à solliciter l’aide si réccurente d’un médicomage de si grand renom ?
Un regard sérieux qui croise le sien, mais les mots qui suivent prennent une direction toute autre. Celle qui –par anxiété ?– laissa ses doigts assouplir le tissu de sa robe, avait pris le chemin sinueux de l’humour. D’habitude, Astrid l’aurait apprécié. Cet humour si cher à son cœur, leurs moues joueuses et piques défiantes.
Grimpant sur ses jambes, Astrid quitte le lit, leur proximité. « Il n’est pas déplaisant à regarder, mais à mon goût ? ». Elle aurait pu en cracher ses poumons. Le mystère l’entourant n’était réellement à son goût, non. A genoux, elle couche sa valise contre la moquette colorée. Un bruit métallique, puis ses doigts cherchant à travers ses affaires, remuant le tout. En se redressant, elle déroule sa tenue pour la soirée. « Intriguant ? C’est donc ce qui t’amène à lui, le mystère ? »
Dis-moi que c’est une énigme, juste une énigme de plus que tu essayes de résoudre. Dis-moi que rien d’autre ne t’amène à lui. Par pitié, dis-moi que tu vas bien.
Un silence s’installe. Les méninges fulminant, Astrid se confronte à sa propre image. Les yeux plongés dans le miroir, elle dépose contre son corps, la création du soir. Cachant ses genoux, le tissu tressé laisserait le reste de ses jambes à nues. Un rose pâle similaire à la couleur de sa peau. Un corset qui enfermerait un peu plus sa poitrine, parsemé de quelques fleurs cousues. Astrid serait douceur, calme au milieu de la tempête. Tandis qu’au creux de son crâne, l’orage se prépare. Et alors qu’elle dépose sa robe sur son lit, s’approchant à nouveau du grand miroir pour fixer ses boucles en chignon, les mots brûlent contre son palais.
« Est-ce que tu vas bien ? ». Elle n’ose se retourner, regardant le sol un instant. Ses pieds nus, peints d’un joli blanc, s’étaient crispés. Comme si le stress d’une potentielle réponse négative venait jusqu’à paralyser ses orteils.
Si tu es malade, je veux être là pour toi. Je serai là pour toi.
S’il te plaît, ne sois pas malade. Dis-moi que tout va bien. Dis-moi que je ne te perdrai pas.
L’inquiétude lui rongeant le palpitant, elle abandonne ses mèches rebelles. Elle pivote, s’avance jusqu’au lit. Ses genoux rencontrent le sol, tandis que ses mains trouvent celles de Solveig. Leurs doigts liés à nouveau, elle trouve le courage de rencontrer ses yeux.
Silencieusement, elle prie les Cieux pour que rien ne lui arrive. Dans ses pensées, elle se perd. Et enfin, les mots se formulent.
« Tu es malade ? »
Je suis là. Que ses yeux lui hurlent. Pour toujours et à jamais.
Solveig aurait préféré ne jamais avoir à aborder ce sujet. Celui du médicomage. Elle avait pris soin, lors de ses allées et venues, de n’être suivie par personne. Et pourtant, Astrid l’avait repérée. Elle aurait dû s’en douter qu’un jour ou l’autre, ce secret finirait par paraître au grand jour. Expliquer le pourquoi du comment à sa jumelle n’était pas impossible en soi, la Suédoise aurait simplement souhaité attendre que son apprentissage soit complet et terminé pour en toucher mot à sa moitié. Si elle lui en faisait part aujourd’hui, Astrid risquait peut-être de la pousser à abandonner, sachant à quel point il pouvait être douloureux d’apprendre l’occlumancie. Le processus n’avait rien de simple et beaucoup abandonnaient face à ce que cela impliquait : offrir précieux souvenirs à son précepteur/sa préceptrice. Solveig était fière de sa réalisation et du chemin qu’elle avait parcouru depuis sa première séance avec Euron. Comme promis, il gardait sa langue sur leurs activités et il ne la ménageait pas, jamais. Bien qu’elle eût l’image d’une poupée de porcelaine fragile, l’étudiante avait l’esprit solide et le corps qui allait avec. Cela, il avait eu tôt fait de le comprendre. Il ne s’inquiétait pas plus que ça pour elle, même lorsqu’elle grimaçait à en faire grincer ses dents. Mais Astrid, elle, n’aurait pas la même réaction face à la douleur visible de sa jumelle. L’idée qu’elle puisse vouloir mettre son veto la hantait car cela serait les prémices d’une discorde future à laquelle elle ne voulait pas se préparer. Elle voyait déjà l’inquiétude de la sorcière se faire une place décisive dans son regard et elle ne pouvait le supporter. Elle voulut aussitôt tout lui dire mais, étrangement, ne le put. Ses lèvres se mirent à bouger pour opter pour une sorte d’humour qu’elle ne réservait qu’à sa jumelle. Cela n’eut pas l’effet escompté.
« Je ne dirais pas ça. La nécessité, plutôt que le mystère. » Elle ne faisait qu’aggraver et l’inquiétude d’Astrid, et son cas. Autant lui dire d’entrée de jeu de quoi il s’agissait mais la jeune femme quitta le lit pour s’occuper de sa valise et Solveig vit dans ce silence une manière, pour elle, de réfléchir à ses propos futurs. Elle sentait la tension parcourir son corps de la même manière qu’il prenait possession de celui de sa jumelle. Elle sortit une robe digne de sa beauté qu’elle applique sur elle sans pour autant la porter. La Suédoise observa le reflet de sa sœur dans le miroir sans piper mot. Astrid était magnifique. Différente d’elle et Kaia, certes, mais unique dans sa singularité. Elle trouva la tenue fort jolie. Son regard se baissa sur ses propres mains qui vinrent lisser de nouveau les pans de sa robe. L’une à côté de l’autre, elles seront à nouveau très différentes. Le froid et le chaud, la glace et le feu.
La question de sa jumelle la tira de ses pensées et ses sourcils se froncèrent. Elle allait aussi bien qu’elle le pouvait, étant donné ses projets actuels. Chaque jour était une bataille mais Solveig n’estimait pas son quotidien plus compliqué que celui d’un.e autre. Elle faisait face aux difficultés avec grandeur et droiture, considérant qu’il n’y avait qu’ainsi qu’elle pouvait être satisfaite. Au fond, Astrid savait parfaitement bien qu’une part d’elle était brisée en de si petits morceaux qu’il était devenu impossible de la réparer. Elle devait transporter ce sac de poussières avec elle chaque jour et ne s’en plaignait pas. La douleur la rendait plus forte, plus résiliente. Grâce à elle, Solveig avançait avec plus d’entrain et de résolution. Peut-être Astrid le comprenait-elle ? La blonde ne s’étendait jamais sur les sentiments qui l’habitaient, pas même avec sa moitié. Les formuler à voix haute la brisait un peu plus. Elle serra les doigts entre les siens et vint déposer un tendre baiser sur le front de la sorcière.
« Ne dis donc pas de sottises, je ne suis pas malade. Tout va bien. » En cela, Solveig ne mentait pas. Elle avait une santé de fer qu’elle entretenait avec beaucoup de rigueur. Seul son esprit manquait de force parfois, raison pour laquelle elle avait fait appel à Euron. « Tu fais des montagnes d’un petit rien. Ce n’est pas pour l’aspect médical que je côtoie Mr. Carrow, mais pour son érudition. Il a beaucoup à m’apprendre et tu sais comme j’aime l’instruction. Tu sais très bien que je ne te mentirai pas si j’étais malade, n’est-ce pas ? » Peut-être n’oserait-elle pas en parler - du moins pas avec aisance - mais elle ne lui mentirait pas. Pas sciemment. Solveig avait trop d’estime envers Astrid pour oser lui faire tant de mal. La sorcière se redressa, sa main toujours dans celle de sa moitié et lui prit la robe qu’elle examina. Une moue appréciative vint modifier l’expression de son visage d’ordinaire impassible et elle la rendit à sa sœur.
« Tu as vraiment fait le bon choix, elle t’ira à merveille. Je défie quiconque de ne pas te trouver splendide ce soir ! Allez, va donc t’habiller ou nous allons être en retard. » Derrière ces propos se trouvait la présence de leurs parents et, surtout, leur jugement constant. Son père les détestant déjà suffisamment, Solveig ne souhaitait pas ajouter de l’eau dans son moulin et lui donner une bonne raison d’aussi peu les considérer. « Souhaites-tu que je t’aide avec ton chignon ? »
AVENGEDINCHAINS
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Dim 12 Fév - 18:01
TWIN SUPREMACY
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Solveig avait tenté la carte de l’humour. Un côté qu’elle ne dévoilait que rarement. Elle qui était froideur, distance. Elle qui incarnait le sérieux, la droiture, la bravoure. Mais en l’instant, son humour n’était que façade et Astrid n’était dupe. Elle ne savait peut-être pas tout de sa jumelle, mais elle savait faire la différence entre vérité et demi-vérité. Elle qui savait si bien détourner les questions, contourner les sujets avec élégance. Comme à son habitude, Solveig était d’une beauté époustouflante, jusque dans le choix de ses mots, qui vinrent appuyer un peu plus sur la poitrine d’Astrid.
Sa sœur évite la question. Une envie d’un cercle privé, hors d’atteinte, même d’elle. Un besoin de se protéger de ce monde qui la consume depuis sa naissance. Astrid l’entend. A travers ses mots, elle comprend qu’elle n’aura de réelle réponse, mais la peur ne peut s’empêcher de la submerger.
Puis il y a ces mots qui viennent transpercer son crâne. Solveig venait de sous-entendre que son amour de la médecine venait du faciès d’un médicomage. Elle sait pertinemment qu’il ne s’agissait là que d’un mécanisme de défense. Elle la connaît. Elle, ses réactions et sa façon d’être. Elle sait que ce n’est pas contre elle, mais l’idée que Solveig puisse penser rien qu’une seconde que ses intentions soient dirigées vers une attirance sexuelle potentielle la blesse. Peut-être qu’elle aurait relevé la chose, en temps normal, mais en cet instant, son attention se porte sur Solveig. Elle ne peut écarter la possibilité que quelque chose lui soit arrivé. Dans sa tête, ça grouille, ça la submerge.
Astrid se savait privilégiée, peut-être l’une des rares personnes avec laquelle Solveig acceptait de dévoiler un petit bout de vulnérabilité. Des deux, elle est celle qui représente la force, tandis qu’Astrid est la douceur, peut-être même la faiblesse. Elle est délicatesse, tandis que Solveig est férocité. Tel un lion, ses rugissements imposent le respect. Et au fond, Astrid sait que malgré son caractère, sa sœur n’eut d’autre choix que de choisir cet habit de fierté. Peut-être qu’elle était trop faible, trop chétive. Peut-être qu’elle était la raison pour laquelle Solveig se devait d’être si froide, si retenue. Peut-être se serait-elle développée autrement, épanouie dans la simplicité du quotidien, sans être dévorée par son ambition. Peut-être sourirait-elle plus souvent, illuminant ce monde ô combien triste.
Peut-être que si Astrid avait réussi à être plus solide, sa moitié aurait eu la possibilité d’emprunter un autre chemin. Mais Astrid, bien que parfaitement capable de tenir sa tête haute, avait été dotée d’une douceur sans doute trop exagérée. Elle paraissait chétive, sans défense. Pourtant capable de se défendre, elle ne pouvait nier que son cœur était une cible facile. Ainsi, Solveig était devenue rose. Une fleur à la beauté époustouflante. Des pétales délicats, et pourtant, personne n’oserait remettre en question sa force. Hormis les épines le long de sa tige, elle a cette stature qui ne donne envie de s’opposer à elle.
Elle dégage quelque chose, Solveig. Ce petit quelque chose d’unique qui vous transporte. Jusqu’aux tréfonds du monde. Jusqu’au bout de ses idées. Elle a ce charisme dans lequel se plonger, cette voix que l’on souhaite écouter. Elle a cette manière de formuler ses phrases, des mots que l’on pourrait boire. Elle a ces yeux qui transpercent, cette peau douce qu’on n’ose frôler de peur que le piège se referme et vous engloutisse à jamais.
Elle est de ceux qu’on ne peut réellement atteindre, comme une déesse qu’on n’oserait approcher de trop près. Mais Astrid avait toujours eu le droit de l’approcher. Elle avait ce privilège, cette façon de voir en elle, sans même avoir à poser sa baguette à l’arrière de sa nuque. Elles se complètent, se comprennent. Et pourtant, la voilà ce soir, totalement fermée à elle.
Elle parle de nécessité, puis vient à utiliser un nouveau mot qui perce sa poitrine. Sottises ; un mot bien léger pour beaucoup, mais lourd de sens pour Astrid. Petite sotte, entend-elle à nouveau. Ça fuse, ça explose. Contre son crâne, la voix de ses parents se réverbère. Solveig avait beau embrasser son front, serrer ses doigts au creux de leurs mains liées, le corps de la brune se tendit. Elle n’avait sans doute nulle intention de la blesser, mais à l’instant, Astrid ne peut respirer. Ses poumons se contractent, et sur son visage, on ne lit plus rien. A son tour, le masque de fer fit surface. Celui qu’elle portait si bien pour ce genre d’évènements.
Tu fais des montagnes d’un petit rien. Evidemment, petite sotte, ça n’est pas nouveau. Tu te montes la tête, tu imagines les pires scénarios. Shakespeare n’a qu’à bien se tenir, mais tu n’es pas digne d’une tragédie grecque. La tragédie, c’est toi, Astrid. Il a beaucoup à m’apprendre. Et peut-être que contrairement à toi, j’apprendrai quelque chose d’utile. Tu sais très bien que je ne te mentirai pas si j’étais malade, n’est-ce pas ? Ne te fais pas plus sotte que tu es, Astrid. Contrairement à toi, j’ai des valeurs, et elles, elles ne sont pas stupides.
Maudites pensées intrusives qu’elle tente de taire, mais son inconscient en a décidé autrement.
Et honnêtement, l’idée que Solveig lui mente ne l’étonnerait pas. A toujours vouloir la surprotéger, peut-être pensait-elle qu’Astrid n’était pas assez solide pour encaisser la vérité ?
Elle opte pour le silence. La tête ni vraiment baissée, ni vraiment levée, son regard suit la silhouette de sa sœur qui la quitte. Elle paraît dire quelque chose, mais Astrid ne saurait dire quoi. Comme si elle n’était plus capable de réellement appréhender son environnement. Pourtant, elle suit ses instructions. Dans le plus grand silence, elle glisse dans la robe, y sécurise ses formes et s’approche à nouveau de Solveig pour qu’elle puisse s’assurer de la fermer correctement. Puis vient le mot chignon. Astrid hoche presque naïvement la tête.
« S’il te plaît. »
Le temps passe. Des secondes, des minutes, peut-être des heures. Elle ne saurait dire. Perdue dans ses pensées, elle passe machinalement du mascara sur ses cils, les étendant d’un geste souple, et peint ses lèvres d’une couleur discrète, tandis que Solveig s’active sur ses cheveux. Elle ne prend pas même le temps de regarder le résultat, faisant confiance aux goûts de sa sœur –et surtout, bien trop perdue à l’intérieur de ce crâne trop bruyant. Elle noue les hauts talons autour de ses chevilles et s’approche de la porte qu’elle ouvre d’un mouvement presque brusque.
« Ne les faisons pas attendre. » Ils risqueraient de s’entretuer avant notre entrée. Et cette entrée, elle se doit d’être mémorable.
Le couloir est long et pour une fois, elle ne lie ses doigts à ceux de sa sœur. Sa voix s’était faite distante, une distance qu’elle continua de maintenir jusqu’à l'ascenseur. Un voyage court, mais un silence si pesant, qu’il lui parut interminable.
Un nouveau couloir, avant qu’elles n’arrivent dans le grand hall. A l’instar des comédies romantiques hollywoodiennes, il y avait cet escalier de pierre à descendre avant de pouvoir rejoindre la foule. Majestueux, il était orné de fleurs et d’un tapis bleu nuit, mettant en avant la couleur de la robe de Solveig. Bien qu’en colère contre cette dernière, Astrid se refuse de paraître désunies face aux requins qui les attendent avec hâte. Son bras se courbe pour que celui de sa jumelle s’y accroche, et ensemble, leur entrée se fit à leur image : un mélange entre délicatesse et force qui laissait sans voix.
Le regard d’Astrid ne se mêle pas à la foule de suite, peut-être de peur de croiser celui de Kaia. Elle préférait retarder au maximum leurs interactions. Sa tête reste pourtant droite, ses chevilles ne tremblent pas. Arrivées sur la dernière marche, elle se penche vers Solveig.
« Rappelle-toi, les meurtres sont interdits. »
Quel dommage, se dit-elle. En posant ses yeux dans la foule, Astrid peut déjà en pointer plusieurs noms. Un jour peut-être, feront-elles une liste des cibles à abattre.
Alors qu’Astrid s’apprête à quitter sa sœur pour trouver son chemin jusqu’au buffet, une main l’attrape. Garder sa grimace pour elle-même ne fut pas aisé, mais rapidement, ses yeux quittent la main fripée sur son bras pour se plonger dans ceux de l’intrus. Une amie de famille, fervente des parents Eskil, parfait.
« Les jumelles Eskil, quel plaisir de vous voir ici ! »
Plaisir non partagé. Se peint pourtant sur son visage un sourire.
« Vos parents ne sont pas loin, suivez-moi. » Nulle envie de la suivre, mais nul choix ne leur fut proposé. Le bras détaché de celui de Solveig afin de se faufiler au milieu des corps, elle avait tout de même attrapé sa main, pour ne pas la perdre. La vieille semble enfin s’arrêter. Astrid s’apprête à faire face à ses géniteurs et ravaler ses maux, jusqu’à ce qu’elle s’écarte pour laisser passer les jumelles. « Oh et regardez… Quelle surprise, Kaia est là aussi ! » Et merde. L’aînée se trouve face à elles. Astrid implante ses doigts un peu plus fortement dans la poigne de Solveig, avant que la voix criarde de Kaia ne fasse surface. « Astrid, voyons, tu pourrais laisser respirer un peu Solveig. Tu n’es pas un chien, tu n’as pas besoin qu’on te tienne en laisse, pas vrai ? » Elle se détache du contact de sa moitié, priant silencieusement pour disparaître. Elle tente de garder son sourire face aux regards durs de ses parents, mais se sentant déjà à bout de forces, elle s’excuse en vitesse. « Je vais aller chercher quelque chose pour me rafraîchir. » Souffle-t-elle en s’écartant, posant un instant les yeux dans ceux de Solveig, lui demandant si elle avait une préférence pour sa première boisson du soir.
Et alors que ses talons s’enfoncent dans le sol pour l’emmener aussi loin d’eux que possible, elle entend tout de même les mots de Kaia.
« Pauvre enfant, déjà perdue. Tu devrais la sortir un peu plus souvent Solveig, qu’elle apprenne à tenir le rythme. »
La soirée s’annonçait intéressante ; de quoi en écrire une jolie pièce de théâtre. De la comédie à la Molière ou du drame de Victor Hugo, quels en seront les résultats ?
Le silence s’installa entre elles alors que les doigts de Solveig prenaient place dans la chevelure de sa jumelle, l’arrangeant avec soin et précision. La femme de glace ne redoutait pas cette absence de conversation. Pas d’ordinaire. Cela étant dit, Astrid se faisait étonnamment calme, si bien qu’elle redoutât avoir causé chez elle un trouble dont elle ne saurait faire part sans la vexer à son tour. Une autre personne aurait probablement rompu la glace en demandant avec franchise ce qui posait problème, mais pas Solveig. Sa langue resta bien à l’abri dans sa bouche et lorsque sa jumelle manifesta son désir de sortir de cette chambre pour rejoindre la petite assemblée néfaste, elle n’émit aucune objection. Quelque chose rôdait entre elles et rendait leur dynamique moins intense que d’ordinaire, elle pouvait le sentir. Une tension s’était emparée du corps d’Astrid.
Le silence fut pourtant bien moins pesant pour la blonde que pour la brune. Elle n’en souffrait que rarement. Le voyage dans l’ascenseur, si bref fut-il, ne lui posa aucun problème particulier. Elle s’attarda sur les détails du plafond et la propreté du sol, avant de sortir en compagnie de sa jumelle. Là, proche du grand escalier les menant à la réception, Astrid passa son bras sous le sien et elle n’y chercha aucun signe particulier. Si elle avait quelque chose à lui dire ou lui reprocher, Solveig s’imaginait parfaitement qu’elle saurait le faire tôt ou tard. Pour le moment, elles devaient faire front dans ce bassin aux crocodiles, aux dents plus acérées les uns que les autres. Leur famille arrivant en tête de liste.
« Regrettable » répondit-elle entre ses dents avant qu’elles ne fussent alpaguées par une connaissance familiale. La tempête approchait et elles n’avaient pu profiter du calme de la soirée que quelques secondes car déjà, on les amenait vers les Eskil. Si Solveig se moquait bien de passer la soirée en compagnie de sa mère, la présence de son père et de sa sœur aînée lui courait déjà sur le haricot. Son visage, pourtant, garda un air profondément fermé et poli lorsqu’ils arrivèrent jusqu’à eux. La présence de Kaia à ce type d’événements n’était et ne pouvait jamais être une surprise. La vieille fille était une sangsue prête à tout pour finir la dernière goutte de champagne et danser avec les meilleurs partis du coin. Malheureusement pour elle, cela n’allait jamais très loin et elle savait fort bien que Solveig se réjouissait de cette déconvenue. Raison pour laquelle elle se vengeait constamment sur le caractère plus doux d’Astrid, sachant pertinemment que cela pouvait attiser la colère de la Reine de Glace. Et cette soirée ne manquait pas d’être semblable à toutes les autres. À peine furent-elles en présence de Kaia que cette dernière fit une remarque des plus désobligeantes sur sa jumelle, la traitant de toutou de compagnie. Ce fut suffisant pour qu’Astrid lâche son bras et cherche un échappatoire sous forme de boissons. Solveig lui indiqua vouloir quelque chose de fort car le combat qu’elle s’apprêtait à mener allait lui demander de la force. Non pas physique, mais mentale. À peine Astrid eut-elle tourné le dos que Kaia s’en prit de nouveau à elle, usant la patience de la blonde.
« Tu veux dire, comme Père le fait avec toi ? J’y penserai, merci du conseil. » Le regard furibond de Kaia ne lui échappa pas et Solveig eut presque envie de sourire suite à cela, mais s’en abstint. À la place, elle s’excusa auprès de ses parents et partit retrouver sa jumelle, dont la compagnie était préférable. Cependant, cette dernière ayant une longueur d’avance sur elle, elle perdit sa trace parmi la foule et se retrouva à errer parmi les gens de bonne fortune, associant quelques coups de mentons polis à des sourires fades et faux. Le temps qu’elle arrive jusqu’aux coupes de champagne, on lui avait présenté trois bons partis (tous beaucoup plus vieux qu’elle) et questionné sur son avenir “en tant que femme”, ce qui ne voulait rien dire d’autre que “mère” dans ce contexte. La volonté de Solveig de s’élever professionnellement par son ambition détonnait dans ces conversations aseptisées où le rôle de la femme se résumait à pondre des bébés et les jeter à la première nourrice venue pour aller faire des emplettes dans les meilleures boutiques de Londres en compagnie d’autres mères hypocrites, au regard vide et aux espoirs fânés. Solveig ne souhaitait cela ni pour elle, ni pour Astrid. En parlant de sa jumelle, elle finit par la croiser de nouveau et retint un soupir de soulagement. Ses mots suffirent à faire passer le message.
« Ne t’approche pas de la veuve Bingley » chuchota-t-elle à l’attention de la jeune femme. « Elle s’est donnée pour objectif de marier son fils cette année et il a encore moins de cheveux que l'année passée, si cela est seulement possible. » Leur père ne saurait tolérer de telles remarques au sujet d’un héritier au si grand standing que celui de Rufus Bingley, mais par chance ses oreilles se trouvaient bien loin de leur conversation. Solveig attrapa un verre et se délecta d’une micro gorgée, souhaitant garder à tout prix son allure noble.
« N’accorde aucune importance aux fariboles de Kaia. Tu sais bien que son jugement a toujours manqué de clarté. Tout comme ses goûts vestimentaires… » La langue acerbe de la Reine des Glaces ne savait se restreindre lorsqu’il s’agissait de leur sœur aînée.
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Twin supremacy (ft. Astrid)
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