Ah, tu parles d'une galère. Le secret n'est plus, c'est la panique, beaucoup ont fait un séjour à l'infirmerie voire à l'hôpital pour les cas les plus graves. Pour une fois, je me suis senti fier d'être aussi peu sociable et de détester sortir, de détester la foule de tout mon être. Au moins, il ne m'est rien arrivé à cette stupide fête foraine. Le pire c'est que j'avais hésité, à y aller. J'avais envie de faire goûter les sucreries moldues à Utakata, mais finalement ce jour-là j'ai préféré m'installer dans la salle commune avec un livre d'arithmancie avancée. C'est la meilleure idée que j'ai du avoir de ma vie. Je ne me considère pas comme un garçon très chanceux. Sans pour autant être maladroit, parfois quand il y a une merde qui ne peut arriver à personne, c'est sur moi qu'elle tombe. Alors ce feudeymon je l'aurais sans doute pris en pleine tête et je n'aurais plus de sourcils. Quoi que, à mon vis les sourcils cramés c'est le cadet de vos soucis quand vous risquez de brûler vif. J'aurais pu finir défiguré, de manière permanente, puisque les sourcils eux repoussent contrairement à la peau. Non vraiment, je n'aurais pas supporté qu'on abîme mon visage. Avoir d'autres cicatrices sur le corps ? Je ne suis plus à ça prêt, mais alors devenir affreux ?!

Toujours est-il que c'est désormais officiellement la merde. Je dors assez mal depuis cette nouvelle, et le fait qu je sois déjà insomniaque de base n'aide pas vraiment à être reposé. J'ai donc pris quelques décisions concernant mon apparence : fini les cheveux longs, ils sont désormais courts. Fini le blond également, je les ai teint en rose puisque Utakata n'aimais vraiment pas quand c'était court et blond. C'est mieux comme ça, même si c'est un peu féminin et que certains ont rigolé en me voyant débarquer quand j'ai effectué ce changement. Chang le bonbon. Finalement tout le monde s'y est habitué après quelques jours. Je ne suis pas à ma première frasque en ce qui concerne mon look. Les gens se sont habitués depuis Poudlard, les nouveaux ont appris à me connaître. Ou tout du moins, ils ont appris par les autres que j'étais parfois excentrique, mais surtout que je n'en avais rien à faire de ce que l'on pensais de moi. Les nouveaux ont aussi appris que j'avais une soeur. Une soeur qui ne me ressemble absolument pas, du moins d'un point de vue caractériel. Si nous avons bien entendu un air de famille puisque nous avons, malheureusement, les mêmes parents... Nymphéa et moi c'est le jour et la nuit.

Quand je suis quelqu'un de très calme, elle est particulièrement énergique. Carrément épuisante. Moi qui suis un très bon élève, elle se contente de faire au mieux sans atteindre l'excellence. Moi qui ne sais pas voler... Et elle qui est capitaine de son équipe de Quidditch. Quoi, je ne peux pas avoir tous les avantages de la fratrie non ? Je suis déjà plus beau et plus intelligent qu'elle. Alors je laisse le Sport et la sociabilité à Nymphéa. D'ailleurs, il faut que je la trouve celle-là. J'ai ouïe dire que cette idiote avais ouvertement parlé de nos origines métisses lors d'un atelier organisé par la directrice de Poufsouffle et le directeur de Serpentard -d'ailleurs, tu parles d'un drôle de duo ces deux là-. Un atelier au quel je n'ai pas participé parce que je n'en voyais pas l'intérêt. J'ai vécu seul pendant un an chez les moldus, j'estime donc que je suis tout à fait capable de maintenir l'illusion face aux moldus.

Quand je parle de métissage, je ne parle pas du fait que nôtre mère soit asiatique et notre père caucasien. Non, ça ce n'est pas bien grave sauf pour les Japonais très conservateurs à priori d'après ce que m'a appris mon petit ami. Mais on les emmerde ceux-là. Je suis raciste des cons, comme j'aime le dire assez souvent. Ce que j'entend par métissage du coup c'est que notre mère est sorcière et notre père moldu. Je DÉTESTE parler de ça. Et elle le sait. Si bien que certains ne le savaient pas, et sont venus me demander confirmation après : Hyacinthe, c'est vrai qu'un de tes parents est moldu ?... L'angoisse. La honte. Tout ça à cause de mon idiote de petite soeur. J'ai l'air de quoi moi maintenant, hein ?...

Le sac sur l'épaule, j'arrête un élève de Poufsouffle dans les couloirs en l'attrapant par le col de sa robe de sorcier : « Est-ce que tu aurais vu ma soeur ? » Le type qui est visiblement assez impressionnable bégaye qu'elle est sortie dans le jardin après le déjeuner. Déjeuner que j'ai raté, je n'avais pas le temps de manger encore une fois. Tant pis, je mangerai mieux ce soir j'imagine. Sortant donc dans les espaces verts de notre université magique, je déambule un moment avant d'appercevoir au loin un uniforme d'un jaune criard. Levant les yeux au ciel, je me rapproche en soupirant et constate qu'il s'agit bien de ma cadette. Prenant place de l'autre côté du kioske, sur un banc face à elle, je regarde par dessus mon épaule et pose mon sac par terre avant d'en sortir mes cigarettes sorcières de contrebande. Laissant la plus jeune des Chang cracher son venin en premier tandis que j'allume le bâton de nicotine avec précaution à l'aide du bout de ma baguette, je relève ensuite le regard vers elle. Tout en m'avachissant un peu plus contre la palissade en bois du kioske, je recrache la fumée et l'observe avec attention. Celle-ci est verte et prend la forme d'un crâne. Mouais, on a déjà vu plus original comme enchantement.

« Bonjour Nym' oui je vais très bien merci d'avoir demandé et de prendre des nouvelles de ton grand frère adoré. J'espère que toi aussi tu passes une merveilleuse journée ? » Ironie quand tu nous tiens. Je lui lance un regard noir après avoir répondu avec un sarcasme certain. Typique d'un Serpentard. « Je te cherchais figure toi. On m'a dit que tu avais participé à l'atelier du professeur O'Hara ? » Autant ne pas l'agresser tout de suite. Je préfère faire monter la pression. Mais vu le ton de ma voix et la tête que je tire, elle a surement déjà compris pourquoi je suis là. A moins qu'elle ne soit vraiment nunuche ?

Nia nia nia. Nymphéa semble vouloir jouer à qui sera le plus sarcastique et piquant de nous deux. Seulement, je suis un concurrent de taille. Sept ans, presque huit au sein de la maison Serpentard, disons que cela aide à se former aux réflexions acides. Nous ne sommes pas des tendres entre nous, souvent les relations sont tendues et nous somems très passif agressif. Tout l'inverse de sa maison, Poufsouffle, que j'imagine sans mal bien plus calme et avec un esprit de camaraderie et d'acceptation. A Serpentard pour survivre, il faut savoir s'endurcir rapidement et apprendre à cracher son venin en retour quand c'est nécessaire. Je me contente donc de rire à ses petites réflexions qui me semblent carrément futiles et enfantines. « Des biscuits hein ?... Fais attention à ne pas trop grossir ou tu vas casser ton balai la prochaine fois. Ce serait bête que Poufsouffle perde son capitaine. Mais ce serait une bonne chose que vous ayez un joueur en moins, j'avoue. Je suis donc partagé entre le fait de m'inquiéter pour ta santé, et l'envie de voir Serpentard gagner la coupe de Quidditch cette année. Finalement c'est pas plus mal, si tu deviens grosse, ça sera à notre avantage. » Je suis carrément vache avec elle. Ma sœur n'a aucunement besoin de perdre du poids, on est assez minces dans notre famille. Même moi qui ne suis pas très sportif, je garde la ligne et je n'ai jamais eu de gros problèmes de surpoids. C'est même l'inverse puis qu’à un moment, j'étais carrément amaigris. Je recommence à peine à prendre du poids, c'est dire...

Je lève donc les yeux au ciel en secouant la tête et continue de fumer ma cigarette magique avant de croiser les jambes et de la regarder plus sérieusement : « Maintenant parlons sérieusement. Il faut me dire à quel moment tu as pensé que c'était une bonne idée de dire qu'on est à moitié moldus toi et moi, vu la situation actuelle. Tu n'as pas pensé que ça pouvais me retomber dessus ?... NOUS retomber dessus ? Imagine, qu'on s'en prenne à toi, à maman, à papa ou même à moi. Je sais que t'en a rien à faire de moi et honnêtement je suis tout à fait capable de me défendre tout seul. Mais imagine que cette information tombe dans les oreilles de la mauvaise personne. Tu crois que papa va faire quoi si trois ou quatre mangemorts lui tombent dessus, en étant moldu ? » Appeler la police ? Il n'en aura certainement pas le temps. Il n'a aucun moyen de se défendre face à de la magie. Il ne pourras que subir, si maman n'est pas là avec sa baguette. « Je conçois qu'avec ton intelligence limitée c'est difficile de comprendre ça, mais les moldus sont plus vulnérables et plus faibles que nous. Tu veux la mort de papa sur la conscience ?... Si ce ne sont pas les Mangemorts qui lui tombent dessus, ce sera les illuminés du Blood Circle, qui essayerons de le soigner ou je ne sais quoi, puisqu'il a épousé une sorcière. Et ils ne vont pas faire ça délicatement non plus. Que ce soit d'un côté ou de l'autre, si quelqu'un apprend ce genre de choses, ça peut vite devenir dangereux pour la famille, Nymphéa. »

Je tire de nouveau une bouffée de nicotine pour me calmer et observe la fumée verte que je recrache en plissant les yeux, contrarié par toute cette situation : « Si ça s'apprend du côté des extrémistes, qu'ils soient moldus ou sorciers, on est tous en danger. Ils ne se contenterons pas d'exécuter un seul membre de notre famille, on va tous y passer. Je doute que tu ai envie de mourir ou d'être torturée. » C'est sans doute très ironique d'avoir peur de mourir, quand comme moi on a des antécédents de tentative de suicide. Mais il y a une différence entre avoir envie de se faire assassiner et décider soi-même d'en finir. Maintenant, même si c'est toujours compliqué pour moi d'être pleinement heureux, au moins j'ai assez envie de vivre pour tenir tête à des Mangemorts comme en Décembre dernier. Principalement parce que j'ai pris conscience que je ne suis pas tout seul. Ma mort en affecteras d'autres. Je me devais de protéger Utakata, à tout prix. Il a été pris pour cible, à cause de moi. A cause de mon appartenance à l'ordre du phénix. Si nous avons réussi à nous en sortir vivants face à quatre mangemorts je ne suis pas dupe : nous avons surtout eu beaucoup de chance et nous n'en sommes pas sortis indemnes de cette attaque.

C'est rare que je sois autant concerné. Avant je ne me souciais pas vraiment d'avoir un père moldu. J'en avais un peu honte vu ma maison, où beaucoup d'élèves sont de sang pur ou de familles uniquement sorcières. Je n'en parlais pas forcément, sauf à mes amis très proches, de peur d'être jugé ou considéré comme un sorcier de moindre talent car d'ascendance moldue. Mais maintenant avec le secret révélé, je m’inquiète beaucoup plus. De comment mon père va faire si on lui tombe dessus, de la tristesse de ma mère si une telle chose arrive. Il faut espérer que personne ne soit au courant. Je suis partisan de la devise suivante : pour vivre heureux, vivons cachés. Sans compter le bouleversement de la société engendré par cette révélation, ceux qui sont directement touchés ce sont les sang-mêlés comme nous. « Tu ferais mieux d'apprendre à réfléchir avant d'ouvrir la bouche à l'avenir. » Vraiment, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter une sœur pareille ? C'est à se demander si vraiment l'un de nous deux n'a pas été adopté ou échangé à la naissance. « Je me doute bien que papa a toujours eu pleinement conscience des risques. Même en étant moldu, il a toujours su ce qu'il se passait de nôtre côté puisque sa sœur était une sorcière. Mais ce n'est pas une raison. » 

Il m'est parfois bien difficile d'assumer partager la même génétique que la personne en face de moi. Comment peut-elle être aussi stupide ? Et pourquoi surtout est-ce qu'elle se met à pleurer aussi facilement ? Je suis assez sensible aussi. A fleur de peau même. Mais je ne le montre pas. Voilà la majeure différence entre Nymphéa et moi. Je préfère donner une vision froide de ma personne au reste du monde. Une carapace, pour ne pas que l'on puisse me faire du mal. Sembler intouchable, dépourvu de sentiments. Si nos parents étaient là et si j'étais encore assez petit, on m'aurais encore mis au coin pour avoir fait pleurer ma petite sœur. Ou en l’occurrence envoyé dans ma chambre vu mon âge, mais est-ce encore vraiment une punition puisque je préfère y être enfermé quoi qu'il arrive lorsque nous sommes à la maison ?... Je renifle de dédain à son égard et lève les yeux au ciel en recrachant ma fumée de cigarette qui a pris une teinte verte pomme désormais, plutôt qu'émaraude à force d'être consumée. « C'est ridicule. Tu ne sais juste pas faire profil bas quand c'est nécéssaire. » Putain d'orgeuil mal placé, putain de naïveté et surtout putain de bravoure chevaleresque.

Je ne sais pas si je suis vraiment un lâche. Sans doute un petit peu, aux yeux de certains, puisque j'ai déjà tenté de me suicider et que l'on dit généralement que c'est une preuve de faiblesse. Ou peut-être pas puisque j'ai tout de même tenu tête à des mangemorts avec mon petit ami. Tout en essayant de fuir, certes, mais je ne comptais pas mourir vainement. Assez paradoxal non ?... C'est pourtant clair dans mon esprit, si je crève, ce sera ma propre décision, je ne laisserai pas un mangemort m’abattre. Encore moins un de ces putains de moldus du blood circule. « ça ne sert à rien d'être brave si au final, c'est pour se mettre inutilement en danger. Tous les moldus ne sont pas comme Papa. Tous n'accepteraient pas la magie aussi facilement. Certains ont peur, parce qu'ils savent que nous sommes plus puissants. Et c'est normal, d'avoir peur de quelque chose que tu ne connais pas. C'est là dessus que joue le Blood circle, c'est en ça qu'ils sont dangereux. Tu crois que tes copines moldues vont le prendre comment, hein ?... Non, il vaut mieux continuer de dire qu'on est en internat à l'étranger. Comme on l'a toujours fait pour mentir aux voisins. »

Clairement, la révélation je la vit plutôt mal. Merde à la fin, je suis certain que Thomas a des doutes sur moi, encore plus maintenant. Nous ne sommes plus en contact mais s'il croise des mecs déterminés du Blood circle, je suis certain que cette ordure balancerai mon nom et donc mettrais en danger tout ce qui porte le nom de Chang au Royaume-uni. Incluant les familles moldues chinoises qui ont surement le même nom que nous, puisque c'est assez commun finalement. C'est comme s’appeler Stevens au Royaume-uni, que de s’appeler Chang en Chine. Ou à Hong kong dans notre cas. Mais merde ! Je dois bien avouer que je commence à songer au meurtre pour assurer mes arrières avec mon ex copain. Ex copain dont ma famille n'a pas entendu parlé. Parc que ça ne les regarde pas vraiment. Mes parents sont au courant de mes histoires avec certaines personnes, que j'ai vaguement évoqué ou présenté pendant mes années collège. Jusqu'à Utakata qui lui a été présenté dans les règles lors des vacances de Noël, qu'il a passé chez nous. C'est également à ce moment-là que mes deux parents ont su avec certitude que je n'aimais pas que les filles. Mais qu'importe, je ne suis plus à ça près et je pense qu'ils n'ont pas été si surpris que ça. Puis c'est comme s'ils l'avaient un peu cherché, en me prénommant Hyacinthe.

« Choisis tes fréquentations avec précaution. Avec les temps qui courent, on ne peut pas faire confiance à tout le monde et il faut faire attention à ce qu'on dit. » Encore plus si derrière, on n'est pas certain de pouvoir tenir un duel jusqu'à la mort.    

Le monde est rempli de mage noirs. C’est vrai. J’en suis convaincu d’en fréquenter malgré moi, sans le savoir pour autant. Tu parles d’une plaie. Personnellement je suis plus discret qu’eux. Peu de gens savent que je suis engagé dans l’ordre du phénix. A l’origine c’était surtout pour ne pas déshonorer le nom de Chang. Notre arrière grand-père était un auror qui s’est battu contre Grindewald et notre mère a été une résistante lors de la dernière guerre contre Voldemort, aussi connu sous le surnom de l’affreux sans nez. Parce que le seigneur des ténèbres finalement ça fait très dark vador dans star wars et du coup, moi, ça me fait rire à chaque fois. Sans parler de l’autre surnom officiel : celui dont on ne doit pas prononcer le nom. Mec, tu crois que Tom c’est un prénom tellement moche qu’il ne vaut mieux pas le dire ?... A ce point, sérieusement ?... Mais je m’égare.

Enfin pas tant que ça. Parce que même si cet idiot est mort comme une merde, des mangemorts il y en a encore. Et la fille de l’affreux sans nez a aussi choisi un pseudonyme débile et naze : l’Augurey. C’est comme si moi j’étais Sieur Hyacinthe le Poulet Braisé (pour ne pas dire bridé parce que du coup ce serait raciste), à un moment il faut arrêter les gens, ça va cinq minutes les surnoms débiles. On est plus au moyen-âge, où on héritait d’un surnom pour ses hauts faits ! Damoiselle Nymphéa, fléau de la tranquillité par exemple. ça irait bien à ma soeur qui semble toujours trouver le moyen de faire chier quand on a besoin de calme et de silence pour se reposer. C’est d’ailleurs en l'entendant hurler que je lève les yeux au ciel et me retourne pour la voir… Couverte de boue. Je me suis tellement perdu dans mes pensées que je n’ai même pas remarqué la pluie et je n’ai aucune idée de comment est-ce qu’elle s’est ramassée. Merde, j’aurais pourtant bien rigolé si je l’avais vue chuter !

J’enfile tout de même la capuche de ma robe de sorcier et décide de l’aider à se relever avant de la ramener à l’abri sous le petit kiosque en bois. J’espère que personne n’a vu ça, elle me fait déjà assez honte comme ça ! Dégainant ma baguette d’un geste sec, je la pointe vers elle : « Récurvite. »

Oui Nymphéa est nettoyée de la boue
Non La boue s’étale un peu plus sur elle  

MERDE. J’aurais peut-être du me concentrer un peu plus ! Ou alors, mon flux magique est perturbé en sa présence, puisque la boue s’est désormais étalée sur son visage et dans ses cheveux. Comme quand on était gosses, et que j’ai manifesté, tardivement, ma magie en lui faisant exploser son chocolat chaud à la figure. Ouais, ça doit être ça. Mais c’était bien mérité puisque mon nez était devenu violet quand c’est elle qui avait manifesté de la magie pour la première fois ! Sans succès je ne peux pas m’empêcher de commencer à pouffer de rire en voyant son visage choqué et dégoûté : « Quoi ? Il y a des gens qui payent très cher pour un masque à la boue, moi je suis gentil je te fais ça gratuitement pour que tu ai une jolie peau ! »

En voyant sa tête, je recommence à rire de plus belle.Ah, ça faisait longtemps que je n'avais pas rigolé comme ça ! Finalement ça fait du bien d'embêter sa petite sœur, je devrais faire ça plus souvent tiens !  « Aller, fais pas cette tête déjà que t'es moins jolie que moi, si en plus tu fais la moue ça ne va pas t'arranger ! »

La voilà qui crache son venin, ou qui du moins essaye. Mais la vipère, c'est moi. De nous deux je suis le plus toxique, celui avec le plus de répartie même si je dois bien avouer qu'elle aussi en a tout de même. Nymphéa, c'est une petite femme, avec tout de même du caractère. Le genre qui va vous tenir tête alors qu'on ne s'y attendrais pas. Et ça, je dois bien avouer que c'est admirable. Sous ses airs candides, ma sœur n'est pourtant pas à sous estimer. Un peu comme maman finalement, une jolie fille qui finalement est bien plus que ça. Cho Chang n'est pas simplement belle, c'est aussi une joueuse de Quidditch chevronnée et une sorcière talentueuse. Personne ne devrais en douter, car elle a après tout survécu à cette terrible bataille de Poudlard. Je ne sais pas si Nym' et moi en serions cabale. Peut-être, nous sommes des Chang après tout et nous descendons d'une lignée de duellistes hors paire. Mais le nom de famille ça ne fait pas tout, notre génération est bien placée pour en témoigner. Prenant en pitié ma petite sœur après son sortilège raté, j'esquisse un sourire. Un de mes rares sourires sincères, un sourire qui pour une fois n'est pas acide et hautain. Fouillant dans mon sac à dos j'en sors un mouchoir pour lui essuyer le visage un minimum.

Ma cadette tremble de rage, ou de frustration. Sans doute les deux, mais elle me rappelle beaucoup trop notre mère en cet instant. Nettoyant tant bien que mal ses joues pour mettre fin à cette dispute entre frère et sœur, je lui tapote ensuite la tête : « Tu t'es bien défendue. On va dire que tu me dois une crasse, je suis certain que tu trouveras bien un moyen de te venger bientôt, t'en fais pas. » Le jeu du chat et de la souris, Nymphéa et mois y jouons depuis l'enfance. Des chamailleries incessantes qui ont épuisé nos parents, des disputes qui continuent encore aujourd'hui à l'âge adulte. Il faut croire que ça ne changera jamais, que cette rivalité entre frère et sœur durera pendant encore longtemps, probablement pour toujours. Au moins maintenant que nous avons grandi, les gens ne pensent plus que nous sommes des jumeaux elle et moi. Neuf mois de différence... C'est finalement très très peu quand on y pense. La baguette à la main, j'invoque un simple parapluie et l'aide à rassembler ses notes de cours, tâchées de boue et d'eau. En soi, c'est tout à fait rattrapable avec la magie et je sais très bien que la poufsouffle en est capable. C'est un sortilège de nettoyage dont ses feuilles ont besoin, rien d'insurmontable en soi. Pareil pour son uniforme, qu'elle va simplement confier aux elfes de maison de l'université qui se chargerons du nettoyage. Demain matin, il sera propre et plié sur son étagère du dortoir. « On ferais mieux de rentrer. Tu vas attraper froid et tomber malade sinon, tu as un devoir à terminer et moi je vais devoir rejoindre mon cours de potions. Carrow va m'étriper si je suis en retard, puisque c'est moi qui ai les épines de porc épique dans mon sac. »  Et je connais suffisamment bien ma camarade de classe pour savoir qu'elle a la rancune tenace. Hestia ne me pardonnerai pas si nous rations notre potion à cause de mon retard en cours. J'en entendrais parler pendant des semaines durant, et j'aurais le droit à des remontrances constantes.

Attrapant le bras de Nymphéa pour éviter qu'elle ne trébuche de nouveau dans la boue, j'ajuste notre parapluie pour retourner à l'intérieur de l'université, où nous serons à l'abri de cette pluie soudaine. Foutu météo Anglaise tout de même ....