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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Under the surface ✦ Balthazar :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Erin Delacour
Erin Delacour
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Jeu 11 Aoû - 16:06
⊱ Eriaz III ⊰

Under the surface

Avril 2021

A l’instant où la fiole de potion était entrée en contact avec ses lèvres, Erin avait compris qu’elle commettait une erreur. L’avertissement de Kesabel Greyback n’avait cessé de lui revenir en tête, si la potion tue-loup était capable d’endormir le loup puissant qui vivait en lui depuis des années, alors quel effet aurait-elle sur elle, dont la part louve était si faible et si récente ? Le sorcier avait eu l'air de penser que l'effet serait certainement dévastateur sur son organisme, que sa part louve ne le supporterait certainement pas. Pleine de cette sagesse caractéristique aux Serdaigles, Erin avait accepté cette explication. Si avant sa rencontre avec le Greyback, elle avait joué avec l'idée d'utiliser une potion tue-loup pour mieux maitriser les effets de la pleine lune sur son organisme, sa discussion avec lui l'avait poussé à renoncer. Elle ignorait tout de sa nouvelle condition, ce qu’elle trouvait certainement encore plus difficile à accepter que tout le reste, ce à quoi elle devait s’attendre, ce qu’elle pouvait faire et ne pas faire, tout était encore nouveau et incontrôlable pour elle. Et si c’était aussi le cas de Kesabel, elle gardait bien en tête qu’en ce qui concernait la lycanthropie, c’était lui qui possédait toutes les connaissances. Alors s’il estimait que prendre une telle potion était une très mauvaise idée, elle acceptait son avis sans chercher à discuter. Après tout ce n’était pas comme si cela faisait des années qu’elle avait été mordue et que son état n’avait plus de secrets pour elle. La morsure ne datait que de quelques mois seulement et jusqu’à présent Erin avait le sentiment que chaque pleine lune avait été différente, bien que jamais plus facile à vivre, à son plus grand désespoir. Au final, elle n’était personne pour remettre la parole de Kesabel en question, elle le savait bien.

Pendant des mois, Erin avait suivi les dires du sorcier. A chaque nouvelle pleine lune, elle avait serré les dents, elle avait pris sur elle, elle s’était efforcée de croire que la prochaine fois serait plus simple, plus facile à vivre. Qu’un jour elle s’habituerait et que ces moments ne seraient plus que des mauvais souvenirs relégués au passé. Qu’un jour elle retrouverait le contrôle de ses émotions, qu’elle cesserait de souffrir et de faire souffrir son entourage, qu’elle se retrouverait elle. Pendant tout ce temps, elle avait fait au mieux, elle avait tenté de ne pas perdre espoir, de se raccrocher à ce sentiment de libération qui l’envahissait une fois chaque pleine lune terminée. Si elle se concentrait là-dessus, peut-être pouvait-elle oublier le reste ? Peut-être pouvait-elle se montrer assez forte pour affronter tout le reste ? Erin avait voulu y croire, elle avait vraiment voulu y croire. Au point de retourner voir Kesabel Greyback dans son bar plein de loup garou et d’affronter les regards des sorciers présents alors qu’elle posait ses questions. Au point de chercher des conseils auprès d’Aidan, qu’elle avait également découvert loup garou. Pour vivre mieux ces terribles instants, elle avait accepté de s’entourer de ceux qui lui faisaient le plus peur, elle avait plongé dans l’antre des loups. Parce qu’elle en avait fait la promesse à celui qui comptait le plus dans son cœur. Elle avait promis à Balthazar d’essayer. Alors c’était ce que la française faisait, de son mieux, de toutes ses forces. Le problème, c’était que jusqu’à présent, elle avait le sentiment d’échouer. Ce n’était pas juste une impression, c’était une réalité. Erin échouait. Peu importe combien elle essayait, retrouver une vie normale lui était impossible. Ses émotions continuaient de lui échapper à chaque fois que la lune se faisait ronde, elle continuait de perdre dans des colères qui ne lui ressemblaient pas, la distance qui s’était creusée entre Balthazar et elle ne s’était pas effacée. Elle échouait, et pour elle, c’était certainement le pire sentiment à vivre.

Du moins, c’était ce qu’Erin avait cru. Sûrement avait-elle été naïve de croire que les choses ne pouvaient pas empirer, car ça avait bel et bien été le cas. Pour sa défense, il fallait dire que rien ne laissait présager une décision de déployer des détraqueurs dans le monde magique. Et pourtant, c’était bien ce qu’il s’était passé. Depuis l’attaque d’Azkaban par le Blood Circle, les créatures étaient partout dans le monde magique. Elles n’étaient pas une présence constante, mais c’était peut-être pire ainsi. Erin ne pouvait se préparer à leur absence ou à leur présence, un jour tout allait bien et le lendemain, les détraqueurs étaient là, aspirant les moindres étincelles de joie et d’espoir pour ne plus lui laisser que ses pensées les plus noires. Si au début, la française avait réussi à faire la part des choses et à ne pas trop se laisser empoisonner par la présence des créatures, plus la pleine lune avait approché, plus c’était devenu difficile. Les maigres instants de bien être qu’elle parvenait à ressentir lui étaient retirés et si elle n’avait pas caché à ses proches que la présence des détraqueurs la mettait à mal, elle n’en avait pas non plus révélé l’étendue. Il fallait dire que ça n’aurait pas dû être le cas. Sans avoir une existence parfaite, Erin n’avait pas non plus une vie particulièrement difficile, rien qui ne justifiait qu’elle se sente aussi mal. Révéler son mal-être, ça voulait dire révéler que quelque chose ne tournait pas rond chez elle. Ca voulait dire faire exploser son secret. Alors elle n’avait rien dit de plus, elle s’était contentée de souffrir en silence, chaque jour un peu plus à l’approche de la pleine lune. Elle avait vu son sommeil s’éloigner encore plus vite, ses émotions lui échapper davantage, la moindre étincelle d’espoir se faire souffler sous la présence des détraqueurs. Ce qu’Erin vivait comme une épreuve depuis des mois était devenu pire encore.

Jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Jusqu’à ce qu’elle craque et que poussée par un désespoir à son paroxysme la nuit de la pleine lune, Erin porte à ses lèvres une fiole de potion tue-loup. Tant pis pour les risques, tant pis pour la prudence, tout pour faire taire la tornade qui détruisait tout en elle. Depuis septembre, la Serdaigle avait pris l’habitude de ne pas rejoindre son dortoir la nuit de la pleine lune. Elle savait que c’était inutile, qu’elle serait trop torturée par ses émotions pour pouvoir trouver le sommeil. Pour éviter de déranger ses camarades et échapper aux questions, elle prétendait chaque fois rester tard dans la salle commune pour réviser, elle s’entourait de livres et de parchemins dont elle ne parvenait pas à lire le moindre mot tant la tempête sous son crâne était forte. Et elle attendait, dents serrées, que le temps passe. Elle tournait en rond, torturée par ses émotions qui demandaient à sortir. Comme une louve en cage. Mais cette fois-ci, ça n’avait pas été suffisant, cette fois-ci elle avait eu le sentiment que cette douleur ne cesserait jamais, quelle serait toujours là, à lui rappeler qu’elle était un monstre. Alors lorsque tous les étudiants avaient quitté la salle commune, Erin avait bu la potion, celle contre laquelle elle avait été mise en garde. Le désespoir avait été plus fort que tout. Il ne lui avait fallu qu’une vingtaine de minutes pour réaliser l’étendue de son erreur. L’effet n’avait pas été immédiat, mais maintenant qu’il était là, elle ne pouvait l’ignorer. Certes, la tempête sous son crâne semblait avoir baissé en intensité, mais ça n’était pas forcément une bonne chose car elle avait surtout l’impression qu’elle était étouffée sous tous les autres symptômes qu’elle ressentait. Et que c’était tout sauf un bon signe. C’était assez simple, la française se sentait soudainement mal, encore plus mal. Erin s’efforçait de respirer avec lenteur et application mais elle se rendit vite compte que ça n’avait aucun effet positif sur son état. Par Merlin, quelque chose ne tournait vraiment pas rond, et c’était de sa faute.

Dans un sursaut de conscience, Erin avait quitté la salle commune des aigles, avec l’idée confuse qu’elle devait trouver Marigold Prewett. Elle avait commis une terrible erreur en ingérant cette potion et elle ne voyait que la médicomage pour l’aider. Sauf que soudainement, traverser tout le château pour se rendre jusqu’aux appartements de la sorcière lui semblait une épreuve insurmontable. Erin se sentait brûlante et glacée en même temps, comme si elle couvait la grippe. Les signes étaient là, sa peau irradiait de chaleur mais elle pouvait sentir des sueurs froides se former à la lisière de ses cheveux détachés et le long de sa colonne vertébrale. Elle voulut soulever sa frange humide mais arrêta son geste en réalisant que ses membres étaient agités de tremblements incontrôlables. Ses bras, tout comme ses jambes frémissaient. Elle se sentait faible, au bord de la nausée, la gorge étrangement comprimée. Elle avait l’impression d’être légère et très lourde à la fois, comme si une simple brise serait en mesure de la faire chuter mais qu’elle serait ensuite incapable de se relever. Elle avait de la fièvre, beaucoup sûrement et chaque pas qu’elle faisait semblait résonner sous son crâne. La Serdaigle parcourut un étage, puis un autre dans un état second, jusqu’à ce qu’au milieu d’un escalier un vertige plus fort ne la force à s’arrêter. Erin ferma les yeux un instant. Le monde tournait autour d’elle et elle avait l’affreuse sensation qu’elle ne pourrait résister bien longtemps à l’effet de la gravité si elle gardait les paupières ouvertes. Elle préféra donc se plonger dans le noir, une main agrippée au mur de pierre le plus proche dans l’espoir un peu naïf que ça l’aiderait à ne pas chuter, cruellement consciente que cette solution ne pourrait être que provisoire.

Malgré le sang qui lui battait aux tempes, Erin entendit distinctement des bruits de pas résonner dans le couloir vide du château. Elle ouvrit brutalement les yeux et regretta aussitôt sa réaction quand un vertige la fit chanceler. Le cœur au bord des lèvres, la française se laissa tomber sur les marches, observant dans un silence douloureux une silhouette se détacher des murs de pierre. La surprise aurait pu l’étreindre, si son était n’avait pas été sa préoccupation première. « Taz… » Était-elle en train d’halluciner ? Vu comment elle se sentait rongée par la fièvre, elle n’en aurait pas été étonnée. Mais au fur et à mesure que la silhouette du Poufsouffle gagnait en netteté, elle comprit qu’il n’en était rien. Il était bien là, et le spectacle qu’elle devait lui offrir la mortifia un peu plus. Erin tenta de se redresser, de se convaincre qu’elle n’allait pas si mal mais elle savait que c’était une lutte vouée à l’échec, la pâleur de sa peau et ses tremblements de ses membres ne tromperaient personne. Encore moins celui qui la connaissait par cœur. « Qu’est-ce que… » Elle croisa son regard et dû s’y reprendre une seconde pour fois terminer sa phrase. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Etait-il là pour la sauver ? Si seulement tout pouvait être aussi simple.

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Balthazar Salvan
Balthazar Salvan
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Under the surface –
Eriaz III
Erin Delacour & Balthazar Salvan
Avril 2021 | Poudlard | Nuit

Il y avait dans ce monde d’étranges histoires, parfois drôles, violentes, ou abracadabrantes. Être juge, c’était écouter ces histoires, en comprendre les tenants et les aboutissants pour finalement, sur une action répréhensible, décider de la part de responsabilité de chacun des acteurs. Mais le plus souvent, Balthazar avait l'impression d'être totalement à côté de la plaque. Il se pensait invincible, inaliénable, inévitable. Mais il n'était finalement rien face à l'Univers, la Nature et le Temps. Il n'avait aucune possibilité d'action sur le monde et, alors qu'il pensait toujours pouvoir faire la différence, celle-ci n'arrivait jamais. Enfant, il pensait qu'une fois adulte, tout changerait. Étudiant, il pensait qu'une fois diplômé, tout changerait. Et alors que la fin de Poudlard se rapprochait, il se rendait bien compte que tout cela ne serait pas aussi simple.

Les idées noires de Balthazar se chevauchaient alors qu'il patientait devant deux élèves de Poudlard, concentrées devant un exercice de Potions typique des quatrième années. En tant que tuteur pour certains élèves en difficulté, Taz « sacrifiait » une soirée de sa semaine pour donner des cours du soir. La plupart du temps, il appréciait filer un coup de main. Mais, ce soir, il n'arrivait pas à rester joyeux alors même qu'une de ses élèves semblait enfin comprendre la potion d'Aiguise-Méninge. Le temps s’accélérait dans sa vie et il avait l'impression de n'avoir la main sur rien. Récemment, il ne s'était senti utile qu'avec Hunter en faisant des choses illégales, ce qui ne lui ressemblait guère. Que se passait-il exactement chez lui ? Quelque chose clochait pour sûr...

En parlant de choses qui clochaient : Erin Delacour. Il ne comprenait plus sa petite amie. Depuis maintenant de nombreux mois, elle apparaissait distante et perdue et il ne la comprenait plus. Pourtant il faisait tout pour elle, et était prêt à gravir des sommets impossibles... Mais rien ne semblait leur permettre à tous les deux de se sortir de cet étrange statu quo qu'ils avaient trouvés. Tout ce qui avait été si facile dans leur relation pendant de longues années semblait avoir été chamboulées en un instant.... Ce qui n'était pas particulièrement rassurant pour une relation qu'il pensait inébranlable...

« C'est vert-bleu-rouge-jaune-verte-violette l'ordre de couleur de la potion ? » Taz sursauta alors que deux yeux marron le fixaient avec insistance. Il réfléchit quelques secondes afin de rappeler son esprit à la réalité. « Oui c'est bien ça Tabetha. » Balthazar jeta un regard à l'heure et se leva. « Allez, on va s'arrêter là pour ce soir. Bon boulot les filles. » Ces dernières s'affairèrent à ranger leur affaire alors que la liberté leur étaient rendue. « Bonne soirée Balthazar. » Dirent-elles en cœur en quittant la bibliothèque. Ravi de ce cours qui s'était bien passé, Taz le fut moins en se rappelant qu'il avait ses propres devoirs à faire.

La nuit était bien avancée lorsque Balthazar accepta que son cerveau, perclus de fatigue, n’ingurgiterait plus rien sur les sanctions en cas de détournement d'objets moldus. Il rangea ses affaires et commença son chemin jusqu'à la salle commune des Poufsouffle, avec la ferme intention de s'écraser dans son lit. Son cerveau fatigué ne prit pas tout de suite conscience des bruits de pas qui résonnaient dans le château silencieux. Mais ceux-ci s’arrêtèrent lorsque Balthazar s'en rendit compte. Fronçant les sourcils, il s'immobilisa quelques instants. Il n'était pas préfet, ce n'était donc pas à lui de sanctionner des élèves hors de leurs dortoirs. Malgré tout, il préférait vérifier de quoi il en retournait... On était jamais trop prudent après tout. Erin et Kiara le lui en serait reconnaissantes en tant que préfètes elles-mêmes...

« Erin ? » La silhouette face à lui avait effectivement les cheveux blondes de sa copine mais les mouvements désorientés et l'état général débraillé s'avéraient aux antipodes de la Française. « Taz… » La silhouette s'effondra en même temps que le sac que Balthazar portait sur son épaule. Il se précipita vers elle. Il pensa d'abord qu'elle était saoule tant elle semblait ailleurs. Erin tenta de se relever en l'apercevant mais ce ne fut pas concluant. « Oh, par Merlin, Erin mais qu'est-ce... » Il souleva doucement les cheveux collés par la sueur au front de la jeune femme et sentit du même coup son front brûlant. « Qu’est-ce que… » Taz la fixait maintenant, les yeux exorbités et emplis d'inquiétude. « Qu’est-ce que tu fais là ? ». Il prit son visage dans ses mains pour tenter de comprendre ce qui pouvait bien se passer. « J'ai étudié tard....Tu.... Mais qu'est-ce qu'il t'arrive... Tu... Par la Sorcière Borgne tu es brûlante Erin. Qu'est-ce qu'il se passe ?! » Relevant la tête, tout en maintenant sa blonde, il tenta de scruter le couloir vide en espérant y voir une âme quelconque qui pourrait l'aider. Mais à cette heure-ci de la nuit, les chances étaient rares. « Tu dois aller à l'Infirmerie. Erin, bon sang, mais qu'est-ce que tu as ?! »
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two hearts still beating / on with different rhythms. maybe we should let this go. we’re fallin’ apart, still we hold together. we’ve passed the end, so we chase forever.

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Erin Delacour
Erin Delacour
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Ven 23 Déc - 18:37
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Under the surface

De sa morsure et des jours qui avaient suivis, Erin ne gardait que peu de souvenirs. Tout ce qu’il s’était déroulé avant était d’une précision presque chirurgicale dans son esprit, comme si sa mémoire s’était attelée à graver les derniers instants de normalité dans sa tête. Pour la rassurer ou la torturer, elle ne le savait pas bien. Ne pensait pas que c’était une bonne idée de s’interroger à ce sujet. Elle se revoyait se préparer pour la fête à la lisière de la forêt de Pré-au-Lard, elle pouvait toujours entendre la musique qui résonnait dans la nuit, l’éclat des feux de camps qui avaient été allumés pour l’occasion. Elle se voyait danser avec Balthazar, ses bras autour d’elle, elle s’entendait discuter avec ses amis, rire avec tous ceux qui les entouraient. De tout ça, elle se souvenait parfaitement. Tout comme elle voyait encore l’éclat sauvage dans le regard de l’homme -la bête- qui l’avait attaqué, comme elle pouvait toujours sentir la peur panique l’envahir dès qu’elle y songeait. Il y avait eu la terreur, puis la douleur. Et puis plus rien. Après ça, tout n’avait été qu’une longue page noire, sans le moindre éclat de lumière pour la rassurer. Des semaines qui avaient suivi sa morsure, Erin avait quasiment tout oublié, et c’était certainement bien mieux ainsi. Evan lui avait raconté qu’elle avait été rongée par la fièvre, que des jours durant, elle se tordait de douleur dans son lit, incapable d’ouvrir les yeux ou de prononcer le moindre son intelligible. Qu’il avait cru la perdre plusieurs fois. Pendant des jours et des jours, la souffrance l’avait gardé loin de la réalité, ce qui n’avait certainement été pas plus mal vu l’éclat qui s’était établit dans les prunelles de son frère cadet. Erin avait évolué dans un brouillard compact, une nouvelle réalité faite du noir du désespoir et du rouge de la douleur.

Puis elle s’était réveillée et elle avait découvert que sa vie ne serait plus jamais la même. Qu’elle ne serait plus jamais la même. La souffrance physique avait laissé place à la souffrance psychique et sa réalité à une nouvelle. Des mois durant, Erin avait fait de son mieux, vraiment. Comme elle l’avait promis à Balthazar, elle avait lutté. Elle essayait. Pour lui, pour elle, pour eux. Elle ne faisait que ça, elle essayait, elle luttait au quotidien. Plus courageuse que jamais, pendant des mois Erin aurait pu rivaliser avec les braves Gryffondors. Mais sa réalité avait été plus forte qu’elle, plus pernicieuse et tenace, elle avait fini par la mettre à genoux. Elle l’avait poussé à commettre le geste désespéré de porter une potion tue-loup à ses lèvres. Cette extrémité à laquelle elle avait pourtant promis de ne jamais recourir lui était soudain apparu comme la seule solution possible pour mettre fin à ses souffrances. C’était dire si sa condition lui pesait, si elle n’en pouvait plus. Et soudainement, elle avait l’impression d’être propulsée des mois en arrière, en juillet, quand juste après la morsure, elle luttait contre la fièvre et ses accès de délire. Alors c’était ça dont elle ne se souvenait plus ? Eh bien, ce n’était pas plus mal parce qu’elle ignorait comment elle aurait fait pour supporter ça pendant des jours et des jours entiers. C’était bien simple, chaque parcelle de son corps la faisait souffrir. La potion lui avait un peu éclaircit les idées, mais ce n’était peut-être pas pour le mieux finalement. Car pour le reste, tout avait empiré. Sa température corporelle flirtait avec l’indécence, ses jambes étaient faibles et sa vision avait du mal à se stabiliser. Erin était au plus mal et tout ce à quoi elle parvenait à penser, c’était à l’erreur monumentale qu’elle venait de commettre.

Dans son esprit embrumé, au milieu de la souffrance et de la culpabilité, elle parvint à songer qu’elle devait à tout prix trouver Miss Prewett. C’était elle, la médicomage qui l’avait soigné après sa morsure, elle était une des rares au courant de sa situation. Elle saurait quoi faire, si pas forcément pour arranger les choses, au moins pour la soulager. Ou ne serait-ce que la plonger dans le sommeil, à ce stade Erin préférait subir un coma artificiel que de continuer à sentir la potion l’affaiblir de minute en minute. Sauf que les appartements de la sorcière ne se trouvaient pas près de la salle commune des aigles et que soudainement, faire le moindre pas était devenu une épreuve pour la française. Avec des gestes lents et douloureux, Erin parcourut couloirs et escaliers avant qu’un vertige plus fort ne la force à s’arrêter au beau milieu des marches. Quand elle vit une silhouette se détacher dans le couloir, elle crut pendant un instant être victime d’une hallucination. Surtout au milieu de la nuit, dans le château désert. Mais non. « Erin ? » Balthazar venu la sauver, c’était presque trop beau pour être vrai. Si elle avait été en capacité de ressentir autre chose que du mal être, Erin aurait certainement été envahie par le soulagement en voyant le Poufsouffle la rejoindre. A la place, ses jambes la lâchèrent et elle s’effondra sur les marches sans parvenir à se relever. « Taz… » Le bruit des pas du Poufsouffle envahirent le couloir tandis qu’il la rejoignait dans l’escalier. Erin aurait aimé se lever, pouvoir rejoindre celui qui faisait battre son cœur. Elle aurait voulu pouvoir affirmer qu’elle allait bien, que tout irait bien. Qu’elle tenait sa promesse. Mais c’était impossible et cette idée lui tordit le cœur. « Oh, par Merlin, Erin mais qu'est-ce... » La française sentit le Poufsouffle poser sa main sur son front, un bref instant elle profita de la fraicheur de ses doigts sur sa peau brulante de fièvre. La sensation fut terriblement brève mais au moins c’était la preuve que rien de tout ceci n’était le fruit de son imagination fiévreuse. « Tu es là… Tu es vraiment là. » Murmura-t-elle entre ses lèvres, ses yeux bleus peinant à se fixer sur son visage.

Qu’est-ce qu’il faisait là ? Dans un bref instant de lucidité, Erin se posa la question. Il n’était pas censé être là, il n’était pas censé la voir comme ça. Elle était censée tout arranger, pas se retrouver affaiblie entre ses bras. « J'ai étudié tard....Tu.... Mais qu'est-ce qu'il t'arrive... Tu... Par la Sorcière Borgne tu es brûlante Erin. Qu'est-ce qu'il se passe ?! » Il prit son visage entre ses mains, un geste qui leur était familier. Un geste qu’il avait accomplis un nombre incalculable de fois pour l’embrasser, mais qui cette fois n’avait rien à voir. Ce n’était pas d’un baiser qu’il allait la sauver, même si Erin aurait tout donné pour que les choses soient si simples. N’était-ce pas ainsi que ça se passait dans les célèbres contes moldus ? Si quelqu’un pouvait la sauver d’un baiser, c’était bien Balthazar Salvan. Pour une fois, Erin regrettait de ne pas être une moldue, ses lèvres sur les siennes et tout aurait pu s’arranger. Elle aurait tellement voulu y croire. Mais c’était impossible et c’était une révélation tellement cruelle. Fermant un instant les paupières, elle pressa doucement sa joue contre la main du Poufsouffle. « Je… Je me sens si mal. » Souffla-t-elle d’une voix presque éteinte. Elle grimaça, le souffle court. Jamais la française ne s’était sentie ainsi, si mal, si faible. Elle qui aimait tant être en contrôle, se retrouvait à la merci des effets de la potion. Tout ça parce qu’elle n’avait pas été assez forte pour supporter les effets de la présence des détraqueurs à la pleine lune. « Tu dois aller à l'Infirmerie. Erin, bon sang, mais qu'est-ce que tu as ?! » Dans un sursaut, Erin secoua faiblement la tête. Pas l’infirmerie, c’était la seule chose dont elle était sûre. L’infirmier ne comprendrait pas. Ce serait prendre le risque que son secret soit exposé à tous. De toute manière, l’infirmier ne saurait certainement pas quoi faire. Une petite voix lui souffla que ce serait peut-être également le cas de Miss Prewett, mais au moins celle-ci savait tout de sa condition. « Non… Non, pas l’infirmerie. Il faut que je voie… Professeure Prewett. » Sûrement Balthazar ne comprendrait-il pas. Mais Erin ne se sentait pas d’autre choix. Au moins le fait que Marigold Prewett soit une ancienne médicomage devrait le convaincre.

Erin prit une profonde inspiration, aussi bien pour tenter de reprendre ses esprits que pour se donner du courage. Elle ne pouvait plus mentir à Balthazar, pas alors qu’elle se trouvait dans cet état, pas alors que l’inquiétude qu’elle lisait dans son regard lui broyait le cœur. Elle ne pouvait pas continuer ainsi, c’était impossible. En cet instant, elle s’en sentait physiquement incapable. Mais la peur, la peur était toujours là, et au milieu de la fièvre et de la souffrance, elle gagna du terrain. « J’ai fait quelque chose de mal, Taz… J’ai fait une terrible erreur. » Les prunelles bleutées d’Erin s’accrochèrent à celles de Balthazar. La Serdaigle s’accrocha à ce regard comme à une bouée en pleine tempête. C’était son point d’ancrage, et pourtant, alors qu’elle rassemblait de courage de reprendre la parole, elle craignait de le perdre à jamais. Sans lui, c’était la noyade assurée. « J’ai essayé de tenir ma promesse. J’ai essayé si fort… Mais je ne peux plus. » Sa voix n’était plus qu’un souffle, une supplique. Elle avait si peur, son cœur battait si fort dans sa poitrine. D’amour pour Balthazar, de crainte panique de le perdre. Sa main tremblante vint se poser sur sa joue, dans le geste presque désespéré de s’accrocher. « Je ne t’ai pas tout dit… Sur cet été… »

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Balthazar Salvan
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Avril 2021 | Poudlard | Nuit

Si Balthazar avait pu à un moment douter de son amour pour Erin, la voir ainsi percluse de fièvre sur le sol de Poudlard fit évanouir toutes ses craintes. Alors qu'Erin s'effondra il se précipita pour la relever. Elle n'allait pas bien. Pas bien du tout. Le Poufsouffle n'était pas medicomage mais il n'y avait pas besoin de cinq ans d'étude pour se rendre compte de l'état lamentable de la Française. Il ne sut pas vraiment quoi faire, quoi dire, il en était presque tétanisé tant la peur lui lacérait les entrailles. Mais que se passait-il par Merlin ? Il la souleva un peu pour tenter de comprendre ce qu'il se passait. Certes il ne l'avait pas vu depuis plusieurs jours mais tout de même, il aurait dû voir quelques signes avant-coureurs avant qu'elle n'en arrive à ce point de symptômes non ? Un grosse grippe ? Une maladie quelconque ? « Tu es là… Tu es vraiment là. » Il regarda Erin sans arriver à encore prendre conscience de l'ensemble de la situation. « Oui c'est moi ma belle, c'est moi. »

Alors que le Salvan tentait de comprendre comment cette fièvre avait pu s'emparer ainsi de sa petite amie, il fixa le visage d'Erin. Ses yeux étaient vitreux et elle délirait. Bon, ce n'était pas bon signe du tout. Ses quelques connaissances en premiers secours ne lui étaient d'aucun secours. La seule chose utile était la mention « prévenir des médicomages ». Il doutait qu'un des rares sorts qu'il connaissait puisse faire quoique ce soit pour aider la Serdaigle. Il ne se sentait pas de tenter quoique soit au risque de faire empirer les choses. C'était son Erin après tout. « Je… Je me sens si mal. » Taz fixa impuissant sa compagne. Il avait besoin d'informations tant qu'elle était encore consciente. Une fois qu'il l'aurait amenée à l'infirmerie, l'infirmier saurait quoi faire. Alors qu'il s'apprêtait à la soulever, Erin ne sembla pas d'accord avec les plans prévu par le sorcier. « Non… Non, pas l’infirmerie. Il faut que je voie… Professeure Prewett. » Il la fixa un instant. « Prewett ?! Sérieusement ? Tu as des requêtes dans cet état là ? » Il soupira, tiraillé entre son esprit logique qui lui intimait de l'emmener à l'infirmerie et celui amoureux qui était prêt à tout pour faire ce que lui demandait Erin. « Merde Erin, c'est pas le moment d'avoir des préférences. » Il soupira. Savait-il seulement où était le bureau de la Professeure Prewett ? Il l'avait croisé quelque fois... Elle était professeure de... Medicomagie non ? Bon ce n'était pas totalement idiot d'emmener Erin la voir. Mais le métier de soigner les élèves ne revenait-il pas à l'infirmerie ?

Alors que Balthazar était en plein conflit intérieur, il ne fit d'abord pas particulièrement attention aux paroles fiévreuses d'Erin. « J’ai fait quelque chose de mal, Taz… J’ai fait une terrible erreur. » Toujours en réfléchissant, il répondit mécaniquement. « Mais non Erin, tu es juste malade, cela arrive à tout le monde. » Où était ce fichu bureau ? Balthazar tentait de se creuser la tête à la recherche des informations. Il avait dû y accompagner un de ses élèves une fois...A l'est ! Il était à l'est du château. Bon au moins était-ce vers la même direction que l'infirmerie. Il verrait bien en route. Il n'était plus temps de tergiverser, il devait agir rapidement. Il passa doucement ses bras sous Erin. « Attention ma belle je vais te soulever. » Il prit une inspiration et remercia les cieux d'être quelqu'un d'actif et bourré d'adrénaline. Erin n'était pas particulièrement lourde, traverser le château à bout de bras devait être réalisable. « J’ai essayé de tenir ma promesse. J’ai essayé si fort… Mais je ne peux plus. » Il commença à marcher, abandonnant ses affaires qui en l'instant lui importait peu. Il n'y avait pas vraiment de choix entre Erin et son livre de droit. Il fixa Erin un instant. « Je ne vois pas de quoi tu parles Erin. Tu vas avoir besoin de parler mais au medicomage qui s'occupera de toi d'accord ? » L'urgence de la situation avait empli un Balthazar normalement calme d'une adrénaline qu'il avait rarement vécu. Il marchait d'un pas rapide, sans ressentir le moindre effort. Il n'osait cependant pas courir au risque de tomber et d'entraîner une Erin déjà faible dans sa chute.

La main d'Erin, tremblante vint se poser sur sa joue. « Je ne t’ai pas tout dit… Sur cet été… »  Le cœur de Balthazar tambourinait maintenant dans sa poitrine. Mais de quoi parlai-elle par tous les saints ?! Elle délirait totalement. Seulement, une part de lui ne pouvait pas oublier les longs mois de maladie qui avaient changé la Delacour. Il tenta de se convaincre qu'Erin délirait, qu'elle inventait au grès de la fièvre et que ce n'était peut-être qu'une rechute de sa maladie. Mais il l'avait tant imploré de lui dire la vérité. Il avait tant voulu comprendre cette distance, tout ce qui les avait séparé... Y avait-il vraiment eu autre chose ? Quelqu'un ?  Non. Il ne voulait pas savoir cela alors qu'Erin n'était pas vraiment là. Si elle voulait lui raconter tout cela une fois remise, il serait tout ouïe. Oui quand elle irait mieux, il écouterait. Maintenant elle avait besoin de survivre. C'était tout ce qui lui importait. « Erin, tu n'es pas en état pour des confessions. » Il la souleva un peu pour remettre correctement ses bras. « Tu me raconteras tout ce que tu voudras une fois que tu seras remise. Pour le moment, il faut que tu me dises ce qu'il t'arrive que Prewett ou qui que soit qu'on trouvera puisse te soigner. » Il accéléra un peu le pas, tentant de se repérer dans l'immensité du château qu'il avait occupé depuis plus de quatre ans. « T'es forte, brillante et sublime, tu vas pas te laisser avoir par une petite fièvre de rien du tout pas vrai ? Promets moi de rester avec moi ok ? Erin Élisabeth Apolline Delacour vous allez faire ce que je vous dis ou sinon ça va mal se finir, compris ? » Dit-il a bout de souffle aussi bien par sa course à travers les couloirs que par la peur et l'angoisse de voir Erin aussi mal en point.
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Erin Delacour
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Dim 12 Fév - 21:00
⊱ Eriaz III ⊰

Under the surface

Erin ne s'était jamais considéré comme douillette. Certes, elle ne cherchait pas l'adrénaline et les situations de danger. Elle aimait son confort et était clairement plus une sorcière de réflexion que d'action. Elle l'avait toujours dis et assumé, si le choixpeau l'avait réparti chez les érudits de Serdaigle, ce n'était pas pour rien. Gryffondor n'avait jamais été une option, ni pour elle, ni pour le couvre-chef magique. Ca lui allait très bien ainsi, l'action, l'aventure et les risques, elle les laissait aux autres sans le moindre regret. La Française préférait amplement ses livres et ses études. Même quand il s'agissait de faire du sport elle évitait tout ce qui pouvait représenter un risque et au Quidditch, elle avait toujours préféré la danse classique et l'équitation. Elle savait voler -le strict minimum- et appréciait même d'aider Balthazar à s'entrainer, mais ça s'arrêtait là, les acrobaties et autres montées d'adrénaline dont les joueurs de ce sport ne cessaient de parler, ce n'était définitivement pas pour elle. Alors à cause de tout ça, la douleur, la vraie, elle ne la connaissait pas vraiment. Quand elle se faisait mal ou qu'elle était malade, elle savait serrer les dents et encaisser sans trop se plaindre. Elle ne chouinait pas au moindre bobo, ne se gavait pas de potions et ne se précipitait pas à l'infirmerie pour un oui ou pour un non. La douleur, elle avait toujours réussi à la gérer, à faire avec. A ses yeux, c'était un mauvais moment à passer, et ça passait toujours. C'était désagréable, mais temporaire, d'autant que la magie faisait des miracles de ce côté-là. De fait, elle ne s'était jamais considérée comme particulièrement douillette. Alors aujourd'hui, elle se rendait compte que le problème n'était pas d'être sensible ou pas, le problème c'était qu'en réalité, elle n'avait jamais connu de réelle douleur et elle ne le réalisait que maintenant. Plus que la douleur, la souffrance. Aujourd'hui, c'était la première fois, et ça changeait tout.

Comment une simple potion pouvait causer autant de souffrances ? En temps normal, Erin aurait sans doute cherché à comprendre. Son esprit logique se serait mis en marche, l’aurait poussé vers des grimoires, des experts, à la recherche de réponses. Peut-être que cela viendrait plus tard d’ailleurs. Chassez le naturel, il revient au galop après tout. Mais pour le moment, la Serdaigle avait l’esprit trop embrouillé, le corps trop envahi par les effets néfaste de la potion pour s’interroger. Elle n’était pas en état de faire quoi que ce soit, elle n’était même pas en état de marcher, alors réfléchir, ce n’était même pas la peine d’essayer. Plonger dans un brouillard de douleur, elle avait même du mal à croire que Balthazar était réellement là à ses côtés. « Oui c'est moi ma belle, c'est moi. » Fermant les paupières un instant, elle se raccrocha à ces mots comme à une bouée de sauvetage. Ca aurait pu être une illusion, un vilain tour joué par son esprit torturé, elle n’en aurait même pas été surprise. Après tous ces mensonges, ces mauvaises décisions et ce mal être causés par sa faute, peut-être l’aurait-elle mérité. Mais non, Balthazar était là, il était vraiment là et pendant une poignée de seconde Erin se laissa aller à rêver qu’avec sa présence, tout s’arrangerait. Malheureusement le monde n’était pas aussi clément, son existence n’était pas aussi douce. La présence seule de son aimé ne suffisait pas à apaiser tous ses maux. La potion était toujours là, dans son organisme, lui embrouillant les sens et jouant avec ses nerfs. Il n’y aurait pas de guérison miraculeuse, peut-être même pas de fin heureuse. Cette idée aurait pu la faire pleurer, si seulement elle avait eu les idées plus claires. Erin n’avait pas d’autre choix, c’était vers Marigold Prewett qu’elle devait se tourner, la seule à être à la fois au courant de sa morsure et être une médicomage compétente. « Prewett ?! Sérieusement ? Tu as des requêtes dans cet état là ? » La française secoua faiblement la tête. L’infirmier ne lui serait d’aucune aide, c’était la seule pensée encore fixe dans son esprit. Il ne comprendrait pas, il serait démuni et prendrait certainement la décision d’informer d’autres sorciers, de peut-être informer la direction. Son secret n'en serait plus un pour personne. « Merde Erin, c'est pas le moment d'avoir des préférences. » Erin déglutit péniblement et s’efforça de fixer ses prunelles bleutées sur Balthazar. Elle pouvait lire son incompréhension sur ses traits, sa frustration même, face à cette requête qu’il ne devait pas comprendre. Mais c’était la seule solution. « S’il-te-plait… » Souffla-t-elle doucement, presque silencieusement, son regard accroché désespérément dans celui du Poufsouffle.

Quelque chose dans les prunelles de Balthazar fit comprendre à Erin qu’il allait la mener à la professeure Prewett. Aussitôt une tempête bien différente vint prendre place dans son esprit malade. Il y avait le soulagement qu’il la mène à la médicomage sans plus rechigner, mais également la crainte de ce qu’il se passerait une fois face à la sorcière. Parce que la française n’avait jamais oublié les mots de la médicomage. Ou plutôt son avertissement. Dès lors que sa condition mettait en danger sa santé, garder son secret n’était plus envisageable. Cette situation, même si techniquement tout était de la faute de la potion tue loup et non pas de la morsure en tant que telle, correspondait exactement à ce dont la Prewett l’avait mis en garde. La sorcière prendrait-elle la peine de faire sortir Balthazar avant de l’examiner ? Sûrement que non. Sûrement voudrait-elle l’interroger, chercher à comprendre, et dans le processus lui révéler les informations qu’Erin avait tut pendant si longtemps. Il saurait. Bientôt, Balthazar saurait tout et cette pensée vrilla le cœur de la Serdaigle. De crainte et de panique. Elle devait lui dire. Elle avait fait quelque chose de mal et elle devait lui dire. Avant qu’il ne soit trop tard. Si ce n’était pas déjà le cas. « Mais non Erin, tu es juste malade, cela arrive à tout le monde. » Elle secoua la tête, ce n’était pas ce qu’elle avait voulu dire. Elle ne voulait pas parler de la potion qu’elle avait ingéré ce soir. Enfin, quoi que… Peut-être que si. Tout était si embrouillé dans sa tête, elle avait le plus grand mal à faire la part des choses. Elle voulait parler de la potion tue loup qu’elle avait bu par désespoir. Elle voulait parler de ces mensonges qui lui empoisonnaient la vie depuis cet été. Il y avait tant de choses, tant de douleurs qu’elle ne savait plus vraiment de quoi elle parlait exactement.
 
« Attention ma belle je vais te soulever. » Erin aurait préféré qu'ils discutent d'abord, elle sentait que ce qu'elle avait lui dire était une priorité, elle n'avait pas de temps à perdre. Mais elle n'était pas en état de négocier quoi que ce soit et elle voyait bien qu'avec l'inquiétude baignant dans les prunelles de Balthazar, toute tentative aurait été vaine. Elle ne protesta donc pas, de toute manière elle n'en avait pas la force, alors elle se contenta de glisser ses bras autour du cou du Poufsouffle quand celui-ci la souleva. « Je ne vois pas de quoi tu parles Erin. Tu vas avoir besoin de parler mais au medicomage qui s'occupera de toi d'accord ? » Un sentiment de panique vint envahir le cœur de la Serdaigle. Ce n'était pas au médicomage qu'elle devait parler, Miss Prewett savait déjà tout. Elle avait déjà tout vu. Elle l'avait déjà prévenue. Maintenant c'était à lui qu'elle devait s'adresser, se confesser. « Non… Non. Tu dois savoir. Je dois te dire… » Il fallait qu'il l'écoute. Il fallait qu'il sache. Il fallait qu'enfin ce secret qui prenait toute la place entre eux cesse. Quelque chose lui était arrivé cet été et il devait le savoir. Il devait enfin entendre toute l'histoire, comprendre ce qu'il se passait. Même si cette perspective terrifiait Erin, elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix. Peut-être que ça libèrerait enfin sa conscience, que cela enlèverait ce poids entre eux. Mais pour cela il fallait déjà qu'il la laisse parler. « Erin, tu n'es pas en état pour des confessions. » Il avait raison, ce n'était pas le moment. Quand Erin s'imaginait cet instant, quand elle parvenait à passer par-dessus la peur qu'il lui inspirait et à réellement l'imaginer, ce n'était pas du tout ce qu'elle avait en tête. Elle ne se voyait pas souffrante, entre les bras de son amoureux. Elle ne se voyait pas rongée par la fièvre et lui par l'inquiétude. Elle ne ressentait pas qu'une crainte lancinante qui la rongeait de l'intérieur et l'empêchait de penser correctement.

Au fond, quel aurait été le meilleur moment pour tout avouer à Balthazar ? Y en avait-il seulement un ? Erin aurait aimé avoir trouvé une solution à son problème d'abord ou du moins un moyen de mieux supporter les effets que la pleine lune avait sur elle. Elle aurait aimé lui avouer ses problèmes mais lui présenter une solution en même temps. Lui montrer qu'elle avait tenu sa promesse de faire de son mieux, qu'elle avait même été au-delà. Elle aurait voulu ne pas juste avoir à lui avouer une malédiction. Mais il fallait voir les choses en face, les mois passaient et elle ne trouvait pas de solution, rien pour la soulager. Elle n'avait rien d'autre que la cruelle réalité à présenter à Balthazar. Du moins s'il voulait bien l'entendre. « Tu me raconteras tout ce que tu voudras une fois que tu seras remise. Pour le moment, il faut que tu me dises ce qu'il t'arrive que Prewett ou qui que soit qu'on trouvera puisse te soigner. » Erin enfoui son visage dans le cou du Poufsouffle, profitant de cette proximité dont elle avait tant manqué et qu'elle craignait de vivre pour la dernière fois. Il avait raison, elle devait lui dire ce qu'il lui arrivait, il devait pouvoir comprendre et l'expliquer à la professeure Prewett si elle n'en avait pas la force. Mais pas tout de suite, pas avant de savoir ce qui l'avait poussé à cet état. Elle ne pouvait pas lui parler de la potion sans d'abord lui parler de cette tristement fameuse nuit de juillet. De cette lune encore en forme de croissant. De cette morsure. « T'es forte, brillante et sublime, tu vas pas te laisser avoir par une petite fièvre de rien du tout pas vrai ? Promets moi de rester avec moi ok ? Erin Élisabeth Apolline Delacour vous allez faire ce que je vous dis ou sinon ça va mal se finir, compris ? »  La française se recula, quittant la sécurité du cou du Poufsouffle pour tenter de capter son regard. Cette fois-ci, ce n’était pas parce que, comme à chaque fois que Balthazar employait tous ses prénoms, elle comptait lui râler dessus. Cette fois, elle voulait voir une dernière fois l'amour au fond de ses prunelles, avant de prendre le plus gros risque de son existence. Celui de tout gâcher.

Elle laissa filer quelques secondes, l'hésitation et la peur retenant ses mots. Mais les portes qui défilaient devant eux lui montrèrent qu'ils avançaient dans le château et l'urgence de la situation la saisie. « Il faut que tu saches, Taz... Il faut que ça soit moi qui te le dise. » souffla-t-elle entre ses lèvres. Elle grimaça, s'efforça de faire le tri dans ses pensées, de les rendre plus claires. De faire refluer la peur qui ne la lâchait plus. Doucement elle détacha une de ses mains du cou de Balthazar pour la poser sur sa joue. Elle n'avait pas envie de continuer, mais elle le devait. Parce que la situation l'exigeait mais aussi pour lui. Elle lui devait la vérité, une chance de tout comprendre. « Tu ne sais pas... je t'ai menti sur cet été. » La française ferma les paupières, craignant plus que tout de voir la déception se peindre sur les traits de celui qu'elle aimait plus que tout. De voir se briser définitivement ce qu'il restait entre eux. « Je t'en prie ne me déteste pas. » murmura-t-elle en reposant ses yeux bleus sur lui. Désormais ils étaient emplis de larmes, mais il était trop tard. Balthazar avait le droit de savoir, de comprendre. Sa souffrance à elle passait après. Elle prit une profonde inspiration, plus difficile que les autres. « J’ai été mordue... » Avoua-t-elle dans un souffle. Erin déglutit avant de laisser filer entre ses lippes les derniers mots, les plus terribles « Par un loup-garou. »

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Balthazar Salvan
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Mar 1 Aoû - 21:05


Under the surface –
Eriaz III
Erin Delacour & Balthazar Salvan
Avril 2021 | Poudlard | Nuit

Balthazar avait eu une existence privilégiée. Il n’avait jamais débattu sur cet état de fait. Il avait grandi à l’abri du besoin dans une famille aimante, saine d’esprit et qui l’avait toujours soutenu. Il avait eu l’immense chance d’être sorcier et ainsi de pouvoir appartenir à un autre monde empli de merveilleux. Il avait été épargné par les misères du globe qu’il n’avait vraiment vu qu’à la télévision ou sur un trottoir. Et il n’avait véritablement eu peur, de ces peurs qui vous retournent les entrailles qu’à trois reprises dans sa courte vie. La fois de cette soirée moldue où tout s’était très mal fini pour beaucoup, cette nuit autour du feu attaqué par les moldus et où il avait rencontré Hunter. Dans ce top 3, il restait une place vacante que cette nuit-ci semblait prête à remporter avec panache. La peur pour un proche était plus insidieuse, plus brutale et plus désespérante que pour soi-même. En se battant pour sa propre vie, on avait toutes les clés en main pour le faire. Quand il s’agissait de quelqu’un d’autre, une vague d’impuissance vous étreignait et ne vous lâchait plus jusqu’à la fin, bonne ou mauvaise.

Balthazar se retrouvait ainsi avec Erin dans les bras, au bord de l’inconscience, avec le sentiment très net d’être à deux doigts de sombrer dans la folie. Il dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas hurler et tourner en rond paniqué. Plus encore quand son cerveau réussi enfin à formuler une idée cohérente, amener Erin à l’’infirmerie, pour finalement entendre par la principale intéressée qu’elle préférait Miss Prewett. Non mais elle n’avait pas suffisamment possession de ses moyens pour faire une quelconque requête la Delacour… Mais le regard qu’il croisa alors qu’elle le suppliait, même si son esprit n’était pas tout à fait arrêté sur le meilleur choix, il savait qu’il suivrait celui choisit par Erin car il en était ainsi être eux. Il ne pouvait pas lui refuser quoique ce soit, même à l’article de l’inconscience, inconscience qu’il avait le sentiment de partager…

Après quelques échanges de paroles, Balthazar souleva Erin et se mit en marche avec l’énergie de l’adrénaline et du désespoir nourrit par un sentiment de but ultime. A présent, son objectif était le bureau de Prewett. Il savait que s’il y arrivait, Erin irait pour le mieux. Alors qu’il courrait presque, soufflant sous l’effort et la peur, Erin sembla soudain avoir envie de confession. Balthazar n’était pas vraiment dans la meilleure des prédispositions pour obtenir ne serait-ce qu’une liste de courses, il doutait d’être capable d’encaisser ce qui semblait brûler les lèvres de la Delacour. « Non… Non. Tu dois savoir. Je dois te dire… »  Le Poufsouffle lui indiqua clairement qu’ils en discuteraient plus tard. Il sentit le besoin d’emplir l’espace sonore. Il avait besoin de parler pour extérioriser son stress et continuer de faire réagir Erin pour la maintenir éveillée.

Alors qu’il utilisait son ultime carte maîtresse, l’ensemble des prénoms de naissance d’Erin, ce qu’il savait la faisait enrager, il sentit son regard sur lui. Il laissa ses yeux glisser un instant vers la jeune femme et capta ses prunelles pleines d’une tristesse qu’il ne lui connaissait pas. Il ne s’y attarda pas. Aussi bien parce que cela lui brisait le cœur autant qu’il ne voulait absolument pas tomber et risquer de tout gâcher. Il ne sentait plus vraiment grand chose autour de lui. Aucune fatigue, aucune pierre inconfortable sous sa semelle, aucun changement soudain de température alors même qu’ils traversaient un jardin intérieur. Il semblait voler. « Il faut que tu saches, Taz... Il faut que ça soit moi qui te le dise. » Balthazar accéléra le pas. Peut-être voulait-il fuir cette confession inconnue pour laquelle il ne se sentait pas suffisamment fort pour l’encaisser. Qu’allait-elle bien pouvoir lui dire ?! Son esprit déjà malmené sonnait l’alerte rouge dans tout son être. « Tu ne sais pas... je t'ai menti sur cet été. » Il effectua un virage un peu moins doux qu’il ne l’aurait voulu afin d’atteindre la volée d’escaliers qui menait au bureau. « Par Merlin, Erin, on verra ça plus tard ! » S’agaça-t-il alors que son cardio était mis à rude épreuve par les marches qui s’étendaient devant lui. « Je t'en prie ne me déteste pas. » Une inspiration, deux expirations. Une inspiration, deux expirations. « Jamais Erin voyons. » Une inspiration, deux expirations. Il se sentait comme une machine. Plus il se rapprochait du bureau, plus les battements de son cœur s’accéléraient. « J’ai été mordue... » Il la laissa terminer, sans vraiment comprendre en quoi cela était une terrible déclaration. « Par un loup-garou. » Il continua d’avancer alors même qu’il attendait une confession qui le ferait hurler. Mais son cerveau déjà trop submergé par tout ce qui lui arrivait, ne comprenait pas dans l’ordre de priorité immédiat ce qu’il devait faire de cette information. « Je suis désolé pour toi Erin. » Et ce fut les seuls mots qu’il arriva à prononcer alors que les escaliers se terminaient.

Mordue par un loup-garou ?! L’esprit de Balthazar tentait d’appréhender la déclaration mais il dut se rendre à l’évidence : en l’état actuel des choses il n’arriverait pas à en faire quoique ce soit. Erin et Balthazar arrivèrent dans le couloir des bureaux et il accéléra encore d’avantage le pas. Se retrouvant devant la porte en bois portant le nom tant espéré, il tambourina à la porte avec l’énergie du désespoir. « Professeur Prewett ! Professeur Prewett ! » Hurla-t-il. De la lumière s’échappait de sous la porte en bois, et lorsque celle-ci s’ouvrit, Balthazar eut l’impression de voir Merlin lui-même. La professeur sembla les détailler et comprendre en une fraction de seconde ce qu’il était en train de se passer. « Posez là sur la table. » Ordonna-t-elle. Elle sembla s’affairer puis se retourna vers Balthazar. « Vous pouvez sortir, je vais m’occuper d’elle. » Balthazar la regarda sans comprendre. « Non, je préfère rester. » La professeur soutint son regard. « Ce n’était pas une question. Sortez, je vais avoir besoin de place et de calme pour la soigner. » Balthazar secoua la tête. « Monsieur... Salvan c’est bien ça ? Vous ne servirez plus à rien ici, pire vous risquez de me déconcentrer. Vous avez fait ce qu’il fallait en l’amenant ici. Vous avez fait votre part du travail, laissez-moi faire la mienne. Vous pouvez attendre derrière la porte, je viendrai vous chercher lorsqu’elle sera stable. » Miss Prewett était déjà en train de commencer un traitement lorsque Balthazar sortit silencieusement non sans avoir jeté un dernier regard vers Erin. « Je t’aime Erin » murmura-t-il pour lui-même. Il faisait des gestes mécaniques et se laissa glisser contre le mur du couloir.

Mordue par un loup-garou ?! Où ? Quand ? Comment ? Par qui ? Comment Balthazar n’avait-il pas pu s‘en rendre compte ?! C’était d’une absurdité folle ! Il l’aurait bien remarquée si elle s’était échappée à chaque pleine lune quand même ! En même temps cela fait des mois que tu ne la voyais plus vraiment… Objecta sa conscience. Oui, cette distance c’était installée en juillet, juste après la maladie d’Erin… Mais quel idiot ! Ce n’était pas une maladie. Enfin si mais pas du genre de celle à laquelle il s’attendait. Comment avait-il pu être aussi aveugle ?! Et pourquoi surtout ne lui avait-elle rien dit ?! Comment avait-elle pu lui cacher cela un an complet ?! N’avait-elle donc pas confiance en lui ? Pensait-elle vraiment qu’il ne pourrait pas comprendre ?! Ne se sentait-elle pas suffisamment proche pour lui partager ce secret ?! Mais bon sang ils étaient ensemble depuis des années, comment avait-elle pu douter un seul instant de son soutien ?! Balthazar se prit la tête entre les mains, et alors que l’adrénaline commençait à se dissiper et que la réalité de la situation lui frappait au visage, il éclata en sanglots.
~~~~~~~~~~~~~
(Coucou @Marigold Prewett, t’es un peu avec nous, désolée d'avoir un peu utilisé ton perso, je peux modifier au besoin Under the surface ✦ Balthazar 8298856 c'est la faute d'Erin)

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