Ça faisait… à peine 24 heures.

Mais 24 heures, normalement c’était 24 memes, une conversation juste en gifs et au moins 5 discussions différentes.

Là, quand je regardais notre conversation, il n’avait que mes messages. Elle ne les avait même pas vu. C’était étrange. Ça ne lui ressemblait pas du tout. Je n’étais pas parano, je connaissais Kayla. Si elle avait un empêchement ou quoi que ce soit, elle me le disait. Toujours! On s’écrivait constamment. Je comprenais qu’il avait son côté sorcier qui rendait les communications de ce genre complexe, mais limite, elle m’envoyait un hibou sinon. Non, quelque chose clochait, je le sentais. J’avais tenté de communiquer avec son copain, mais lui aussi pouvait être indisponible à cause de son travail. Aucune nouvelle. Rien du tout. Le silence pesant. Je me disais que si elle avait perdue son téléphone, elle aurait été avec quelqu’un ou du moins, elle aurait avisé quelqu’un et je l’aurais su. En presque 24 heures, je sais que j’aurais été mise au courant.

Ses parents n’avaient pas eu de nouvelles d’elle, j’avais même demandé à Paul, au cas. Puis finalement je me tournais vers Eirian. C’était son meilleur ami après tout. J’allais aussi écrire à Maxime, bref… presque tout le monde à ce point! Je voulais seulement que Kayla me donne un signe de vie. Qu’elle me balance un truc comme quoi j’avais la fibre protectrice de mon frère et j’en rirais avec elle. J’avais envoyé des messages en sachant que lui aussi n’allait peut-être pas les voir sur le coup. Mon dernier message incluait mon adresse, qu’il passe à la maison et qu’on puisse discuter justement de ce qui se passait.

Je faisais les cent pas dans mon appartement. Je réfléchissais. J’avais la tête qui allait dans tous les sens. Est-ce que j’en faisais trop? En même temps, trop était mieux que pas assez dans un cas comme ça, non…? Kayla en ferait sans doute tout autant pour moi la connaissant. Oui, ça je n’avais aucun doute. Je tenais mon téléphone d’une main, alerte à toutes notifications qui m’indiquerait que finalement tout allait bien. J’eus un sursaut horrible quand on cogna à ma porte, c’était Eirian sûrement.

J’allais ouvrir et sans doute que jamais il n’avait dû me voir ainsi. Je n’avais pas ce sourire habituel sur mes lèvres et le regard pétillant d’espièglerie. Non, j’étais inquiète, très inquiète. Je lui fis quand même un très petit sourire qui s’estompa rapidement. Je le laissais entrer en fermant la porte derrière lui.

« Salut Eirian, c’est… c’est vraiment gentil de passer… je me dis…enfin, peut-être que tu me trouves un peu intense hein? (J’eus un petit rire nerveux en allant vers ma petite table de cuisine) Mais c’est… c’est assez anormal que je n’ai pas eu de nouvelles de Kayla encore, tu vois… »

Je ne voulais pas m’asseoir, mais je lui avais fait la place pour entrer dans mon petit chez moi. D’ailleurs, sur les murs il devait avoir, parmi mes photos, des photos avec Kayla justement. Des photos de ma famille, du Mexique. Je me tournais ensuite vers Eirian, attendant…sois qu’il me dise de me calmer ou bien… qu’on pense où pouvait se trouver ma chère cousine.

Tu as profité du temps doux de ce mois de mai pour aller courir dans le parc de Poudlard – seul, pour une fois. Kayla sortait hier soir et en plus c’était la pleine lune, elle a dû passer une bonne partie de la nuit avec Maxime comme elles le font de temps en temps. Tu imagines sans mal les deux amies sous leur forme animale, en train de se pourchasser et de se sauter dessus, de rouler dans l’herbe et la terre, ravies d’elles-mêmes. Tu plaindrais presque la louve, qui ne doit pas tellement être de taille face à la puissance que peut déployer une panthère. Presque, car tu as déjà eu l’occasion de voir les compétences de Maxime en action et elle a clairement davantage d’expérience que Kayla en matière de transformation. Elles ont dû rentrer à l’aube, quand toi tu descendais t’entraîner, et tu t’amuses de la mine que ta meilleure amie arborera une partie de la journée. Tu la croiseras peut-être au petit déjeuner, c’est encore le meilleur moyen pour elle d’affronter la matinée. Son appétit compensera une partie de la fatigue – tu commences à bien la connaître.
Tu longes le lac de Poudlard, allonges tes foulées petit à petit jusqu’à finir par courir à pleine vitesse. Tu as toujours aimé, même si, comme toutes tes activités, cela revêt aussi un côté utilitaire : ta rapidité peut te sauver la vie face aux hommes du Blood Circle. Pour l’heure, tu profites du calme printanier, des premiers rayons du soleil tandis que tu cours à perdre haleine, appréciant l’effort que tu demandes à tes muscles. C’est revigorant et tu forces un peu plus que d’habitude pour le simple plaisir de la course, pour profiter de ces quelques minutes où tu ne penses à rien d’autre qu’à ce que tu es en train de faire, savourant le vent qui court sur ta peau et la vitesse.
Tu te laisses emporter au point qu’il est déjà tard quand tu rentres au château et tu fonces dans ton dortoir pour te doucher et te changer. Plutôt que de perdre encore du temps à redescendre déjeuner, tu grignotes sur le chemin de ton premier cours. Dommage, tu n’auras pas l’occasion de voir Kayla ronchonner sur sa fatigue avant le déjeuner.
Mais à midi, c’est à son tour de ne pas être présente et ça te surprend. Son ventre à pattes ne sauterait un repas pour rien au monde – à moins que la fatigue ne l’ait emporté et qu’elle profite de la pause pour faire un somme, Maxime peut lui apporter de quoi déjeuner. C’est vrai que ton amie commence à se faire vieille, les nuits blanches ne sont plus de son âge (coucou, Kayla, si tu passes par là :p).
Tu espères la croiser à la bibliothèque après les cours où tu réussis à lui faire passer pas mal de temps au grand dam de Maxime – mais elle n’est pas là non plus. Cela te laisse un sentiment étrange. Vous avez tellement l’habitude de vous croiser, de parler de tout et de rien que ne pas la voir pendant une journée te perturbe. Un autre signe de la façon dont vous vous êtes rapprochés au fil de l’année, multipliant les moments ensemble. D’autant plus que, après ce qui t’est arrivé, elle gardait un œil sur toi. Préoccupé malgré toi, tu bâcles le devoir sur lequel tu te penches, l’esprit ailleurs. Pour autant, le bracelet que tu lui as offert ne s’active pas, c’est que tout doit bien aller pour elle. C’est finalement au dîner où elle brille encore par son absence que tu percutes enfin : elle t’avait dit qu’elle prévoyait de passer la soirée et la nuit chez Lyam, elle a dû partir directement après les cours. Tu secoues la tête : ta parano est décidément beaucoup trop prégnante. Cependant, tu n’arrives pas à te défaire d’une inquiétude sourde, c’est quand même rare qu’elle ne prenne pas le temps de d’écrire ou de te croiser, mais bah… vous avez chacun vos vies, vous n’êtes pas toujours collés l’un à l’autre. Vous vous verrez pendant le week-end et voilà.

C’est le lendemain, en quittant l’enceinte de Poudlard comme tu le fais régulièrement pour vérifier tes messages sur ton téléphone, que tu commences à te dire que tu devrais plutôt requalifier ta paranoïa en instinct. Parce que si Kayla ne t’a pas écrit, Julia l’a fait et elle non plus n’a aucune nouvelle de sa cousine. Et si ta meilleure amie peut ne pas t’écrire, tu sais très bien qu’il n’en va pas de même avec sa cousine – elles échangent énormément pour tout et rien, tu as déjà eu l’occasion de les voir ensemble. Si ta collègue t’écrit c’est qu’elle s’inquiète pour de bon et cela transparaît dans chacun de ses mots. Elle t’a même envoyé son adresse pour que tu puisses passer chez elle lui parler de tout cela. Ce sera effectivement plus simple, surtout s’il se passe quelque chose et tu es quasi sûr que Kayla n’est pas à Poudlard.

24 heures. Si tu as mis 24h à te rendre compte qu’il est arrivé quelque chose à ta meilleure amie… Moins, peut-être, mais ça reste beaucoup trop de temps quand même. Et elle n’a pas pu ou pas voulu activer son bracelet, t’appeler à l’aide. Tu jures intérieurement, tout en t’efforçant de garder ton angoisse sous contrôle. Il y a peut-être une explication très simple à tout cela. Mais dans le contexte actuel, une sorcière qui ne donne pas de nouvelles à ses proches, surtout quelqu’un comme Kayla, tu ne peux pas t’empêcher de commencer à envisager le pire – et c’est l’image du Blood Circle qui flotte dans ton esprit tandis que tu amorces le transplanage. Tu as déjà pratiquement tout sur toi, tu ne sors jamais sans ta baguette ni ta lame, ton téléphone est à peu près chargé et tu as de quoi recevoir un éventuel message au secours de Kayla.

Tu transplanes à quelque distance de l’endroit où vit Julia afin de ne pas attirer l’attention. Avec les nouvelles mesures prises par le gouvernement de ton oncle, tu redoubles encore de précaution. Tu parcours les dernières rues à pied, attentif à ce qui se passe autour de toi, les sens en alerte. Tu frappes chez Julia et elle t’ouvre très vite. Elle ne ressemble en rien à la jeune femme que tu connais, pétillante et enthousiaste. Son inquiétude transparaît dans toute son attitude et le sourire qu’elle t’adresse ne dure pas. Ton ventre se serre. Quelque chose ne va vraiment pas. Si le Blood Circle s’en est pris à Kayla… tu le leur feras payer. Cher.

— Salut, Julia. Je suis venu dès que j’ai eu ton message.

Elle te répond avec nervosité en te faisant entrer. Ton regard épingle aussitôt les photos au mur sur lesquelles Kayla apparaît à de multiples reprises. Tu t’en détournes, pleinement concentré sur la situation. Tu secoues doucement la tête.

— Non, je ne trouve pas que tu en fasses trop. À dire vrai, je commençais à me poser des questions moi aussi, je ne l’ai pas vue de la journée hier ni ce matin, et même s’il y avait des raisons logiques… ça arrive quand même rarement. Et je sais à quel point vous vous écrivez souvent.

Tu grimaces.

— Désolé, ça ne sonne pas très rassurant, mais je suis inquiet aussi et je me demande s’il ne lui est pas arrivé quelque chose. Même si j’espère qu’on va bientôt recevoir un message pour nous dire que tout va bien et qu’elle a eu un problème de téléphone.

Toi-même, tu n’y crois pas vraiment.

— De quand datent les derniers messages que tu as reçus d’elle ?

J’avais vraiment un talent pour normalement ne pas laisser paraître les émotions que je jugeais négatives envers les autres. J’aimais mieux sourire et me convaincre que tout allait bien. La plupart du temps, ça fonctionnait assez bien je dirais. En revanche, quand ça concernait ma famille, alors là c’était totalement différent. Lorsque j’avais su que ma mère avait le cancer, ça m’avait bouleversé. Et chaque dégradation qu’elle avait me frappait de plein fouet. J’étais beaucoup plus sensible sur les sujets familiaux, ce n’était un secret pour personne. Kayla tout particulièrement. Parce qu’elle était dans un milieu plus dangereux, je le savais. C’était une personne formidable ma cousine. Elle faisait son chemin dans la vie…dans un contexte compliqué et hostile. C’est peut-être pour ça que je m’imaginais le pire. En même temps, si mon frère Paul me faisait le même coup, je paniquerais tout autant.

J’avais pensé à Eirian parce que je sais qu’ils passaient beaucoup de temps ensemble durant les journées de cours. Peut-être que le lui avait vu, qu’il avait une explication pour moi. J’espérais vraiment qu’il avait eu une urgence magique de je ne sais quoi et que bon, elle n’avait pas eu le temps de m’écrire. Bon, je ne cesse de me dire qu’elle aurait trouvé un moyen tout de même pour ne pas trop m’inquiéter, mais… Ah merde que la tête c’est parfois un boulet. Heureusement qu’Eirian arrive pendant mon combat intérieur. Je tente vraiment de me rassurer toute seule, la présence d’Eirian déjà me calme un peu. Parce que je n’étais plus seule avec mes pensées. En plus, il me dit qu’il est arrivé le plus rapidement possible. C’est vraiment apprécié. Je ne le connaissais pas encore très bien, mais j’appréciais déjà la compagnie d’Eirian au travail. Kayla m’en parlait souvent également. Naturellement, je lui faisais confiance.

Même s’il m’explique qu’il ne me trouve pas trop intense et que ça devrait me rassurer, j’avoue que j’aurais préféré qu’il me raconte que tout allait bien. Kayla était dans une indisponibilité quelconque. Mais non. Ses mots semblent être des poids qui s’ajoutent sur mes épaules. Je sens la pesanteur de la peur m’envahir. Je hoche la tête rapidement quand il me dit qu’on s’écrit souvent. Constamment oui. Il était inquiet lui aussi. Merde. Je sens le souffle qui me manque un peu. Ce n’est pas très perceptible, plus comme si mon corps se contractait sous une peur sourde.

« J’y ai pensé aussi…mais je me disais…que s’il avait quelque chose avec son téléphone, elle aurait trouvé un moyen de communiqué au moins avec l’un d’entre nous. Je…. Je ne veux pas sonner parano non plus, mais… je…comme toi, je suis vraiment inquiète. »

Encore plus maintenant qu’il affirme lui aussi avoir remarqué son absence. Ça faisait plus ou moins 24 heures aussi en plus. À sa question, je sors mon téléphone de ma poche en me rapprochant de lui. Il peut voir mon fond d’écran qui montre ma famille, dont Kayla et moi qui grimaçons. Je serre la mâchoire en ouvrant la conversation avec ma cousine et il peut remarquer que j’ai environ quelques messages sans réponse, sans avoir été vu également. Je remonte au message le plus récent que j’ai de Kayla.

« Avant-hier soir… Elle me disait qu’elle allait passer la soirée avec Maxime tu vois..? Et… plus rien après. Sur aucune appli de message… (Je farfouille entre Insta, messenger, les messages textes de mon portable, rien du tout. Je relève ensuite mon regard vers lui.) Qu’est-ce qu’on fait maintenant..? J’ai appelé ses parents, mon frère… j’ai écrit aussi à Maxime… Est-ce que j’appelle la police..? Ou c’est trop dangereux… je… »

Okay, je devais me calmer. Je m’emportais et la crainte m’envahissait. J’étais quand même en train de verbaliser le fait qu’officiellement… ma cousine était disparue et qu’on ne savait rien du tout de son état actuel.

« Dis-moi…qu’est-ce qu’on doit faire Eirian… »

C’était presque suppliant. J’avais besoin qu’on prenne en charge ma crainte qui augmentait et en même temps… je savais qu’Eirian était sans doute mieux outillé que moi pour ce genre de situation.

L’inquiétude de Julia avive tes craintes ; vous êtes parmi les personnes les plus proches de Kayla, ce n’est pas normal qu’aucun de vous n’ait eu de ses nouvelles en une journée – ce n’est pas le genre de ta meilleure amie qui se sert beaucoup de son téléphone et dont tu sais qu’elle échange constamment avec sa cousine. Même si elle avait eu une urgence, côté moldu ou sorcier, l’un de vous l’aurait forcément su et aurait pu faire passer le message. Et en ces temps troublés, deux mots s’imposent à toi : Blood Circle. Pour autant, rien n’est moins sûr, il pourrait aussi s’agir d’une mauvaise rencontre, d’un problème auquel tu ne penses pas, de… plein de choses. Tu fais taire l’angoisse qui te tord le ventre, ne peux t’empêcher de jeter un coup d’œil au bracelet qui aurait dû se déclencher… sauf si Kayla n’a pas eu le temps de l’activer. Entre l’Ordre et tes études d’Auror, tu sais gérer ce genre de situations. Normalement. Mais tu as parfaitement conscience que ce n’est pas du tout la même chose quand tu es directement impliqué, que la personne disparue est l’une des plus proches de toi. Kayla n’a pas besoin de tes angoisses, ni des vagabondages de ton imagination ; elle a besoin d’un Eirian calme, professionnel et qui fera tout pour la retrouver – mais ça, ça va sans dire.

Ta présence semble rassurer un peu Julia. Quoi qu’il se soit passé, et le temps que vous retrouviez Kayla ou qu’elle vous donne de ses nouvelles, tu resteras attentif à elle. Surtout que s’il se confirme qu’elle a bien disparu, il va falloir réfléchir à comment aborder le sujet avec ses parents, qui vont très vite s’inquiéter eux aussi, et tu ne les as encore jamais rencontrés. Si tu peux prendre les choses en charge avec Maxime côté monde sorcier, Julia pourra s’occuper du côté moldu si elle s’en sent la force.
Cependant, tu n’as pas de bonne nouvelle à lui apporter, rien de rassurant, parce que tu confirmes que son inquiétude est légitime. Tu perçois sa peur, ce qui ne fait qu’aviver ta détermination à comprendre ce qui a pu arriver à ta meilleure amie et à la retrouver – saine et sauve. Tu ne crois pas vraiment au problème de téléphone, même si tu l’évoques, ça ne ressemble pas à Kayla de rester si longtemps sans trouver un moyen de donner de nouvelles – et surtout aucun de vous ne l’a vue, alors qu’elle est censée être au château, tu ne passes quasiment pas une journée sans au moins l’apercevoir.

— Non, elle ne nous aurait pas laissés comme ça, sans rien dire. Il y a d’autres moyens de communiquer avec la magie. Je ne crois pas que ce soit de la parano, et tu as vraiment bien fait de me contacter : plus vite on pourra agir et mieux ce sera.

Julia te montre son téléphone, tu remarques le fond d’écran avec sa famille, et notamment la présence immanquable de Kayla. Les deux cousines font des grimaces et la photo montre toute leur complicité. Tu essaies de ne pas vraiment lire le contenu des messages, même s’ils montrent l’inquiétude de plus en plus forte de Julia, pour te concentrer sur le fait que s’ils ont bien été envoyés, ils n’ont en revanche pas été lus. Vos informations se rejoignent. Julia parcourt aussi les différents réseaux sociaux dont tu reconnais les logos. Partout, c’est le silence de la part de Kayla, et cela rend son absence encore plus prégnante. La voix de Julia vacille tandis qu’elle déroule les faits.

— C’est pareil pour moi, la dernière fois que je l’ai vue, c’est avant la nuit avec Maxime et j’ai bien vu Maxime à Poudlard. Donc je suppose qu’elles ont passé la soirée et sans doute une bonne partie de la nuit ensemble, avant de se séparer. Elle n’était pas différente ces derniers jours, donc c’est quelque chose qui l’a prise par surprise… Tu as le contact de Lyam ? Kayla a pu passer chez lui. Soit il l’a vue et elle a… disparu après être partie de chez lui, soit il ne l’a pas vue et c’est arrivé entre le moment où elle a quitté Maxime et où elle rentrait. Ça pourra déjà nous aider à déterminer le point de départ des recherches pour remonter la piste, elle t’avait dit où elle se rendait ? Ensuite…

Que faire ? Appeler la police ne te plaît pas, surtout avec une sorcière impliquée dans l’histoire. Trop de risques de tomber sur des policiers proches du Blood Circle ou qui suivent simplement la politique du gouvernement en matière de magie. Et même si tu n’as évidemment pas l’intention de mentionner ses pouvoirs, ça va attirer l’attention sur sa famille, la police enquêtera sur son passé… Tu essaies de prendre du recul, de ne pas laisser tes propres biais sur le sujet prendre le dessus. Parce que, d’instinct, en tant qu’ancien enfant « enlevé » et mort depuis un paquet d’années, tu ne pousseras jamais la porte d’un commissariat. Mais dans le cas de quelqu’un qui a eu une vie normale ? Si la police moldue peut faire quelque chose, si ta méfiance et tes réticences vous font perdre des chances de la retrouver ?
Julia se demande ce que vous pouvez faire, et tu sens la peur dans sa voix.

— Très sincèrement, je ne suis pas pour appeler la police moldue. Avec la situation actuelle… si jamais ils ont le moindre soupçon que Kayla est une sorcière, ça risque de ne pas très bien se passer. Mais il faudrait voir avec ses parents, ce sera à eux de décider… je serais plutôt d’avis de voir avec la police sorcière, j’ai des contacts parmi les Aurors, si les parents de Kayla sont d’accord. Et j’ai bien l’intention de la chercher moi-même, et je n’ai aucun doute que Maxime le fera aussi, une fois qu’elle aura eu les messages, elle nous dira où elles étaient précisément.

Face à sa peur, tu montres une assurance que tu n’éprouves pas vraiment, mais tu bascules sur ce mode de personne entraînée à faire face à toutes les situations.

— Désolé, je ne veux pas être trop directif… Julia, je te promets que je ferai tout mon possible pour la retrouver. On retournera tout Londres, s’il le faut, et même tout le pays.