♛ We all need someone to hold

Depuis l’épisode de la salle de bains des préfets, Helios et Amber s’étaient revus à quelques occasions. Elle n’aurait jamais pensé que sa relation avec le Serpentard prenne un tel tournant, mais il avait eu le don d’apaiser ses maux. Quand ses tourments étaient bien trop présents, il était celui qui les faisait disparaître sans qu’elle n’ait besoin de parler. Ils s’étaient revus dans une salle de classe, puis sous les gradins du terrain de Quidditch. Braver les interdits avait toujours plu à Amber. C’était dans ces moments-là où elle se sentait plus vivante que jamais.

La fin de l’année approchait à grands pas. Amber était déçue d’avoir perdu son temps en début d’année à cause de tourments futiles. Il lui arrivait de repenser à son père, mais elle savait que Thorfinn n’était plus de ce monde. Tous les mangemorts commençaient à s’en douter. Cela faisait presque un an qu’il avait disparu de la circulation. L’affaire avait été classée par la police magique sans preuve ou indice. Tobias et Lexi avaient fait un excellent travail. Plus les mois passaient, plus Amber se sentait rassurée. Elle revivait. Elle entrevoyait enfin un avenir radieux.

Ce jour-là, elle avait proposé une séance révision à Helios. Elle lui avait glissé un mot dans la main au détour d’un couloir. Elle avait souvent fait ça pour éviter que les soupçons se déposent sur eux. Amber s’en fichait, mais elle savait que Grégory ou ses amis pouvaient se la jouer crétins s’ils apprenaient qu’ils s’étaient vus à plusieurs reprises. Mieux valait être discrets.

Pour innover un peu, la Serdaigle lui avait proposé de se rendre dans la Salle sur Demande en lui indiquant la démarche à suivre. Elle ne savait pas s’il connaissait ce lieu, mais il y avait un moment pour tout. Surtout un mois avant la fin de leurs études. Amber venait souvent ici quand elle avait besoin d’être au calme ou d’échapper à son dortoir bruyant. Elle imaginait toujours un petit salon cosy. Ce jour-là n’avait pas échappé à la règle.

La Salle sur Demande avait pris l’apparence d’un salon de chalet. Le feu était éteint en plein mois de mai, mais l’ambiance était tout aussi chaleureuse. Amber s’allongea sur le canapé en velours. Il était si confortable. Elle sortit un livre de son sac et commença à réviser les différents sortilèges qui pourraient lui être demandés à l’examen.

Amber savait qu’elle y arriverait. Elle avait toujours été une excellente élève. Même si elle avait eu quelques périodes de bas, elle avait toujours su remonter la pente. Ses moments avec Helios l’avaient aidé bien plus que ce qu’elle avait imaginé. Évidemment, elle ne lui avait rien dit de tout cela. Ils n’étaient pas en couple. Ils leur arrivaient simplement de passer du temps ensemble sans pour autant s’engager. Helios avait le droit d’aller voir ailleurs, tout comme elle. Ils étaient deux amis qui franchissaient parfois la barrière invisible. Cela ne leur empêchait pas de parler, de prendre des nouvelles, de plaisanter, de débattre, de se prendre la tête… En somme, la relation qu’ils avaient déjà par le passé.

— Je n’arrive plus à mémoriser, souffla-t-elle entre ses lèvres.

Elle avait l’impression d’encaisser encore et encore les informations, mais qu’elles refusaient de rentrer à la longue. Si Amber ne mémorisait pas tous ces sortilèges, elle ne pourrait pas prétendre à rejoindre les tireurs d’élite. Les tireurs d’élite… Son avenir professionnel n’avait jamais été aussi proche, mais quitter un château où elle s’était toujours sentie chez elle et en sécurité l’effrayait quelque peu. Son inconscient devait le percevoir et refusait de l’aider à apprendre ses cours.

Quand elle entendit la porte s’ouvrir, elle pencha la tête en arrière et découvrit une chevelure blonde qu’elle connaissait très bien. Elle finit par se redresser et adresser un doux sourire à son ami qui venait de faire son entrée dans la pièce.

— Chouette, tu as réussi à trouver. Je ne savais pas si tu étais déjà venu ici !

Amber haussa les épaules et posa son manuel sur la table basse. Elle se demandait pourquoi elle n’y avait pas pensé plus tôt. Ça aurait été plus intéressant que leurs échanges cachaient au fond de la bibliothèque. Étrangement, depuis l’épisode de la salle de bain des préfets, elle se sentait beaucoup plus innovante. Même s’ils n’avaient pas parlé de leurs problèmes, elle sentait qu’ils s’étaient rapprochés à leur manière. Les mots n’apaisaient pas tous les maux. La présence d’Helios, en revanche, y avait énormément contribué.

— Comment tu vas ?

La sorcière ne posait pas cette question par pure politesse. Ces dernières semaines avaient été chargées et elle n’avait pas pu prendre de ses nouvelles. Elle espérait que tout aille bien de son côté.

— Je n’arrive pas à me dire que c’est notre dernier mois dans ce château… Les années sont passés si vite.

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La fin de l’année scolaire se profilait à l’horizon, seulement à quelques mois d’où ils en étaient. Ce serait la fin d’une ère, d’un pan monumental de la vie d’Helios. Il dirait adieu à Poudlard en tant qu’élève une bonne fois pour toute. Ainsi va la vie diraient certains. Mais cette fin avait un goût doux-amer pour Helios. Depuis ses onze ans, il avait eu ce cadre pour grandir. Et aujourd’hui, il était à quelques pas de sauter dans le vide pour affronter l’inconnu. Quelle drôle de situation. Il ne croiserait plus tous les jours ni ses amis (même si le nombre de personnes portant ce titre avait drastiquement diminué suite à son petit passage à vide), ni ses victimes favorites, ni ses professeurs détestés, ni même Amber.

Aaah Amber. Cela en était une d’épine dans le pied du Serpentard. Depuis leur rapprochement plus que rapproché dans la salle de bain des préfets, ils avaient continué leur petit jeu dans divers lieux de Poudlard. Laisser la pression s’évanouir faisait du bien au Carrow. Et puis une fois qu’il n’y avait plus personne autour, avec Amber tout était facile. Elle le comprenait, ne le jugeait pas. Elle n’était pas en adoration devant lui et se permettait régulièrement des petites piques qu’il était plus que ravi de lui renvoyer. Il y avait une complicité entre eux qui rassurait Helios en ces temps de changement. Il ne serait pas allé jusqu’à dire qu’il était fou amoureux d’elle, après tout ils se connaissaient depuis trop longtemps pour cela. Mais il se devait de reconnaître qu’il développait une véritable affection pour la Towsen à son plus grand dam. Elle n’était plus que la Serdaigle mignonne avec qui il refaisait le monde à l’abri de la bibliothèque, ou l’insupportable forte tête de qui il se moquait dans les couloirs. Elle était une femme forte qui allait conquérir des montagnes et elle savait lui faire oublier un peu ses problèmes.

Au détour d’un couloir, Amber lui avait glissé un morceau de parchemin avec des indications pour leur prochain rendez-vous. Ils avaient dû trouver un nombre grandissant de stratagèmes pour éviter de se faire remarquer. Il était hors de question que qui que ce soit n’apprenne qu’Helios fréquentait Amber. Alors même qu’ils étaient amis cela avait été impossible, aujourd’hui c’était absolument inenvisageable. Helios attendit d’être seul dans un couloir pour déplier le message. La Salle sur Demande ?! Le jeune homme soupira alors que les souvenirs de ses mésaventures avec Hestia dans ladite salle, poursuivis par Peeves lui revenait avec douleur en mémoire. Un instant il regretta presque ce temps d’innocence et d’ignorance où il pouvait encore regarder sa cousine dans les yeux sans mourir de honte pour son sang ou ce qu’il lui avait fait. Mais bien vite, ces idées furent balayées par l’agacement et la pointe d’inquiétude de ne pas avoir suffisamment besoin de la Salle pour que celle-ci se dévoile à son regard. Avait-il besoin de réviser ? Oui et cette session de révision serait une bonne chose pour ses notes. Avait-il besoin d’Amber ? Quelle question idiote…

Après la fin des cours, alors même qu’il n’en était pas conscient, ses jambes le portèrent d’elles-mêmes face à un mur. Il jeta quelques regards dans les couloirs adjacents pour s’assurer de ne pas avoir de mauvaises surprises avec des Premières Années qui se seraient sentis pousser des ailes au point de le suivre dans la Salle sur Demande. Satisfait de ses vérifications, il passa trois fois devant le mur en pensant à Amber et ses cahiers. Alors même qu’il doutait que cela ne fonctionne, les grandes portes caractéristiques des lieux se manifestèrent à ses yeux. Soulagé, il poussa la porte et se retrouva dans un … Chalet ?! Mais qu’était encore aller imaginer cette pièce magique… Refermant doucement la porte derrière lui, il prit quelques secondes pour localiser Amber, affalée sur un canapé, entre tous les coussins et le feu crépitant. « Chouette, tu as réussi à trouver. Je ne savais pas si tu étais déjà venu ici ! » . Helios posa son sac et haussa les épaules. « Ce n’est pas  la première fois que je venais ici chère Amber, je n’étais pas du tout inquiet quand à trouver la salle… »  Evidemment cela n’était pas tout à fait vrai mais il n’allait s’étendre ni sur la fois où il était déjà venu ni sur ses inquiétudes. « Comment tu vas ? »  La question le fit sourire. « Comme quelqu’un qui vient de rejoindre une jolie fille près d’un feu de cheminé. »  Son regard se fit mutin, avec pleins d’idée en tête qui n’incluaient pas forcément de révision, en tout cas pas celle des matières enseignées à Poudlard. Tentant une réponse un peu plus sérieuse, il ajouta. « Ça va. Un peu stressé par les derniers exams mais j’ai bon espoir de valider et pouvoir sécuriser ma place à Sainte-Mangouste… Et toi ? »  

La remarque suivante d’Amber le fit acquiescer et il prit quelques secondes à répondre. Ainsi donc il n’était pas le seul à réfléchir à l’avenir… Cela aurait été ridicule de le croire mais voir Amber se dépêtrer dans les mêmes craintes censées le rassurera. Il la poussa légèrement pour s’asseoir sur le canapé et passa un bras autour de ses épaules. « Je ne suis pas sûr de bien réaliser non plus. Fini Poudlard, fini les cours interminables et les soirées en lisière de Forêt interdite. Adieu Peeves, raclure de fond de chaudron et adieu les couvre-feux ! Adieu les règles absurdes de cette école et les devoirs à n’en plus dormir. »  Il se tourna vers Amber et lui vola un baiser. « Et bonjour à la vie de sorcier accompli ! »  Il attrapa le livre qu’avait posé Amber et y jeta un coup d’œil. « Sortilèges hein ? Besoin d’aide ? »  Non pas qu’Helios était un professionnel dans le domaine, mais l’idée de se concentrer sur les cours et les révisions qu’il avait à faire le détournerait du coup d’Amber et de ses courbes qu’il aurait été plus que ravi de parcourir.

Codage d’après Libella sur Graphiorum

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Une étrange relation s’était développée entre la Serdaigle et le Serpentard. Elle était incapable de trouver les mots justes pour la décrire. Ils étaient des amis de longue date, mais avait franchi un cap. Si quelqu’un lui avait dit l’année dernière qu’elle allait partager ses draps avec Helios, elle aurait explosé de rire. Il n’était qu’un garçon de son école avec qui elle chuchotait quelques confidences dans un coin reculé de la bibliothèque de Poudlard. Ni plus ni moins.

Leurs premiers échanges n’avaient été fait qu’en parfaite innocence. Puis ils avaient grandi. Ils avaient appris à se connaître eux-mêmes, à connaître leurs corps et la sexualité n’était plus seulement rattaché à une histoire de biologie. Non. L’alchimie était venue s’additionner à cela.

Cette dimension-là, elle ne pensait pas l’explorer un jour avec Helios. Elle l’avait toujours vu comme le petit garçon aux cheveux blonds platine qui aimait bien la taquiner, planqué derrière un livre. Elle l’avait toujours vu comme l’enfant de dix ans qui avait fait son entrée à Poudlard en même temps qu’elle. Rien d’étranges dans ses pensées, jusqu’à l’épisode de la salle de bain des préfets. Elle n’aurait su expliquer ce qui avait fait ce déclic en elle. Si c’était l’état de détresse profonde qu’elle avait ressenti lors de leur rencontre ou le fait qu’ils étaient tous les deux nus dans cette eau. Pourtant, ce jour-là, sa vision d’Helios avait changé.

Ils s’étaient adonnés à des actes pas du tout catholiques. Ils avaient laissé leurs pulsions parler pour eux. Mais, par tous les sorciers, que cela faisait du bien ! Helios avait apporté du réconfort dans la vie d’Amber. Il était l’ancrage dont elle avait besoin dans ce monde odieux et sans scrupule. Son frère étant reparti à New York, elle se sentait plus seule que jamais.

Alors ami, amant, pote occasionnel… Elle se moquait un peu de l’étiquette que l’on pouvait mettre sur leur relation. Il était là quand elle avait besoin de lui et c’était tout ce qui importait. Elle lui confiait parfois ses tourments dans la limite du raisonnable. Elle ne se sentait pas encore prête à lui avouer qu’elle était à l’origine du meurtre de son père ou, tout du moins, qu’elle y avait contribué. Dans quelques jours, cela ferait un an qu’il avait disparu. Elle se sentait de plus en plus tendue, même si elle essayait de maîtriser au maximum ses émotions. Si elle n’en parlait pas à Helios, c’était parce qu’elle avait peur qu’il prenne la fuite. Après tout, il y avait un énorme fossé entre tuer des moldus et son propre père. Elle n’était pas sûre qu’il compatisse à son histoire et ne voulait pas mettre fin aux bons moments qu’ils passaient ensemble. Pas tout de suite.

— À quelle occasion te rendais-tu ici ? lui demanda-t-elle, surprise d’apprendre qu’il connaissait déjà la Salle sur Demande. Cesse donc tes compliments. Je pourrais finir par m’y habituer.

Un doux sourire s’étendit sur ses lèvres alors qu’elle refermait le livre posé sur ses genoux.

— Je suis sûre que tu y arriveras. Tu mérites ta place là-bas plus que quiconque.

Elle avait vu les heures que son ami avait passé à apprendre et à pratiquer. Elle ne comprendrait pas s’il ne validait pas ses examens.

— L’avenir ne t’effraie pas du tout ?

Ses sourcils se relevèrent légèrement. Elle ne s’attendait pas à une liste de tous les aspects négatifs de Poudlard. De son côté, elle avait du mal à se faire à l’idée que ce château ne serait plus sa maison. L’idée de retourner dans ce manoir lui donnait déjà la nausée. Elle avait hâte de travailler et de gagner son indépendance. Ses lèvres rejoignirent celles de Helios, un court instant. Il arrivait encore à la prendre par surprise et lui arracha même un rire.

— Ça va me manquer quand même. Avec mon sale caractère, ça va être compliqué de sociabiliser en dehors de ce château.

Elle se gratta l’arrière de la nuque, amusée, et tendit le livre de sortilèges à son camarade.

— J’ai du mal à mémoriser le geste du sortilège Fenestra, lui expliqua-t-elle en se rapprochant de lui pour ouvrir le manuel à la page concernée. Le geste ressemble énormément à celui d’Orchideus. C’est assez problématique quand tu as un bouquet de fleurs qui apparaît au lieu d’une fenêtre qui se casse.

Elle releva son regard émeraude en direction de Helios et attendit ses conseils. Les mouvements de poignets manquaient souvent de justesse dans la précipitation et elle n’avait pas le droit à l’erreur pendant son examen final. Son esprit était déjà ailleurs, alors qu’aucun faux pas n’était possible. C’était la dernière évaluation de son existence. Elle devait se donner à cent pour cent, épater les professeurs et gagner sa place au Ministère de la Magie. Peut-être finirait-elle par y faire bouger les lignes. En particulier à une période où l’Augurey commençait à prendre une certaine ampleur. Elle voulait que la justice existe encore dans ce monde, mais peut-être était-elle trop ambitieuse ? Elle l’avait souvent été.

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La chaleur du lieu tranchait avec les malheureux événements qu'Helios avait pu vivre dans la Salle sur Demande. Elle avait alors été une immense pièces emplies de tous les objets de Poudlard. Et il y avait eu Peeves. Et Hestia. Les deux Serpentards avaient dû sauver leurs peaux devant les pitreries cruelles et particulièrement dangereuses du fantôme. Cela était l'une des dernières fois où Hestia et Helios avaient été ensemble, en tant qu'équipe... Avant qu'elle ne le trahisse, ou qu'il la trahisse, ce n'était pas très clair... A la question d'Amber, Helios resta vague. Les problèmes avec sa cousine lui appartenait et il n'était pas encore enclin à les divulguer à la jeune femme. Et puis dans cette histoire, il n'avait pas le beau rôle, ce qui ne lui allait pas vraiment. « Une histoire avec Peeves sans grande importance. » Il changea de sujet en complimentant Amber. Un sourire. « Bien Madame, s'il n'y a que ça pour vous faire plaisir, je cesserai. » Répondit-il pompeusement en singeant une révérence que l'un comme l'autre avait pratiqué à de nombreuses reprises.

« Je le pense aussi. Après il faudra voir à ce que l'administration le voit aussi ! » Répondit-il en haussant les épaules à la remarque d'Amber. « L’avenir ne t’effraie pas du tout ? »Il fixa un instant la jolie brune sur le canapé et réfléchit. « Si bien sûr... D'un côté, l'avenir est source d'angoisse car on ne sait jamais ce qu'il va bien pouvoir nous arriver de mal... Mais c'est justement ça qui est bien. Car d'un autre côté l'avenir peut être source de choses formidables et j'ai bien l'intention de tout faire pour ce soit le cas. » Le Serpentard s'assit sur le canapé et détailla tout ce qui ne lui manquerait pas à Poudlard. Il n'avait pas besoin de se lover dans les bons souvenirs, cela ne lui ferait que regretter le passé. Et rien de bon n'en ressortirait. Un baiser et un rire. Il n'y avait pas besoin de grand chose pour qu'Helios sourit ce soir.

« Ça va me manquer quand même. Avec mon sale caractère, ça va être compliqué de sociabiliser en dehors de ce château. » Helios émit un petit rire à cette réponse. « C'est le moins qu'on puisse dire... Ce sera un nouveau départ, vois ça comme une occasion d'être autre chose qu'une fille grincheuse et acariâtre. » Se moqua Helios avant de s'intéresser aux cours d'Amber. Il prit le livre que lui approchait la jeune femme et sourit à l'image qu'il avait d'une Amber tentant de briser une vitre pour finalement se retrouver face à un magnifique bouquet. « Au moins si tu rentres chez quelqu'un sans y être invitée tu n'arriveras pas les mains vides... » Souligna-t-il en tentant de garder son sérieux. Il attrapa sa baguette et, vérifiant une dernière fois le livre, il se tourna vers la fenêtre la plus lointaine du chalet. « Il faut que tu ramènes plus vite ta baguette quand tu reviens vers le centre en terminant le « tra ». » Il pointa la fenêtre et mit son explication à l’œuvre « Finestra ! » La fenêtre se brisa dans un bruit sourd et une pointe de fierté apparut sur les traits d'Helios. Il pouvait remercier ses années de duels pour sa prononciation... Il jeta un regard vers Amber pour s'assurer qu'elle avait compris. « Fenestra Reparo ! » La fenêtre se reconstitua et Helios se décala légèrement pour laisser Amber s'exercer. « Vas-y, essaie. » Il tenta de se mordre les joues mais dut ajouter : « Et au pire, j'adore les fleurs. »

Amber n'était pas l'élève la plus brillante de Poudlard mais elle avait une hargne qu'il était rare de voir chez des Serdaigles. Elle serait brillante en tireuse d'élite pour le Ministère... Enfin ce qu'il resterait du Ministère à ce moment là... Les troubles ne semblaient pas cesser. Mais le Conseil tenait bien, c'était le principal. Et si les Mangemorts venaient à affronter l'Ordre du Phoenix ? Helios ne préféra pas y penser. Il savait très bien vers qui se tournerait Amber, elle avait été suffisamment claire sur ses motivations et ses choix de vie. Alors peut-être qu'ils se retrouveraient chacun d'un côté de cette ligne imaginaire...

« Tu retourneras vivre au Manoir Towsen ou tu as d'autres envie ? » Demanda précipitamment Helios alors que ses pensées commençaient à dangereusement l'entraîner vers des conflits d'idées malheureux. « Je demande ça comme ça, je serai moi-même de retour chez les Carrows. » S'empressa-t-il d'ajouter, ne voulant surtout pas qu'Amber se fasse des idées. Habiter avec elle ?! Ils n'étaient même pas officiellement ensemble alors de là à réfléchir à leur lieu d'habitation... Et puis cela voudrait  dire qu'il devrait clairement avouer au monde cette fréquentation et il en était hors de question. Sang-mêlé, puis maintenant propre d'une traître à son sang... La vision parfaite du Mangemort qu'il avait voulu obtenir commençait sérieusement à se fracturer en de trop nombreux morceaux qui serait bien trop difficile de garder collés.

Codage d’après Libella sur Graphiorum

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Amber était reconnaissante de se retrouver dans ce « chalet » aux côtés de Helios. Elle avait besoin d’un peu de calme dans sa vie, de ne pas être entourée de tous ses étudiants en furie et angoissés à l’arrivée des examens de fin d’année. C’était infernal d’être dans la salle commune, ces derniers temps. Le jeune Carrow la tourmentait bien moins. Elle avait besoin de ces moments de répit pour se remettre d’aplomb. La Salle-sur-Demande était l’endroit parfait pour se retrouver loin de ses camarades. Et cette ambiance festive en plein mois de juin mettait un peu de baume au moral d’Amber. Son réveillon de Noël n’avait pas été très joyeux. Le premier sans son père… Margaret n’avait pas cessé de leur rappeler. La bonne humeur n’était pas au rendez-vous. Même sa famille paternelle était venue. Elle n’avait pas cessé de parler des Sans-Noms, une organisation similaire à celle de l’Augurey, mais située en Australie. Une organisation gérée par une partie de sa famille. Selon eux, Thorfinn n’aurait jamais disparu de la sorte s’il avait intégré la bonne organisation. De son point de vue, Amber n’appréciait aucun des deux. Elle n’aimait pas l’idéologie qu’elle prônait. Les nés-moldus avaient autant de droit qu’eux et les moldus avaient le droit de vivre leur propre vie, sans que les sorciers ne viennent s’en mêler.

— Peeves… Un sacré phénomène, celui-là ! Il ne va pas me manquer.

La sorcière roula des yeux et finit par offrir un demi-sourire à Helios. En sa compagnie, elle chassait ses tourments avec facilité. Elle ne saurait l’expliquer. Elle n’en comprenait pas la raison. Simplement, cette épisode dans la salle de bain des préfets avait fait prendre un autre tournent à leur amitié. Elle n’était pas sûre de bien la cerner, à présent, mais elle savait qu’elle appréciait plutôt bien ce qui se déroulait sous ses yeux.

— Je ne te savais pas philosophe, Helios, mais ce que tu me dis me plaît.

Elle se redressa sur le canapé et l’écouta, les sourcils froncés. Leur avenir professionnel était quelque chose d’important, la finalité de toutes ces années d’enseignement.

— Ils ont intérêt à voir à quel point tu es brillant ! Sinon, je serai obligée de leur rendre une petite visite.

Amber se mettait même à l’humour ! Que lui prenait-il ? Avait-elle de la fièvre en sa présence ? Elle se racla la gorge et détourna son attention vers son manuel scolaire. Elle ne voulait pas paraître trop niaise. La sorcière avait souvent l’impression de l’être quand elle était d’une humeur plus légère. Encore une mauvaise vision des choses que lui avait communiqué sa famille !

— Je ne suis pas grincheuse ! tonna-t-elle, un air presque outré sur le visage.

Au fond, elle savait que Helios avait raison à son sujet. Elle n’était pas la plus joyeuse depuis quelques mois, mais elle avait parcouru un beau et long chemin depuis le mois de décembre. Elle n’aboyait plus sur tous les étudiants de ce château et elle se confiait un peu plus au sorcier.

Assise sur le canapé, elle le regarda briser la fenêtre sans trop de difficulté. Heureusement, le paysage n’était qu’une représentation de son imagination. Le froid n’envahirait pas cette pièce et elle pourrait continuer à savourer ce faux feu de cheminée, comme s’il était réel. Il répara les « dégâts » d’un mouvement de baguette magique et l’invita à réessayer le sortilège.

— Fenestra !

Et la magie se produisit ! La fenêtre tomba en morceaux et n’émit pas le moindre bruit. De quoi faire une intervention en toute discrétion, le jour où elle rejoindrait les tireurs d’élite. La seconde suivante, elle répara sa bêtise et s’amusa à relancer le sortilège, en faisant fourcher volontairement sa langue. Une marguerite géante apparut au bout de sa baguette magique et elle l’offrit à Helios.

— Si vous me permettez, Monsieur.

Elle rit doucement et finit par se rallonger sur le canapé, s’affalant totalement sur son camarade. La tête sur ses genoux, elle planta son regard dans ses yeux bleu océan. Sa question lui fit reprendre son sérieux et elle mit quelques secondes à réfléchir.

— J’ai des économies, mais j’aimerais éviter de trop piocher dedans. Dès que j’intégrerai une unité de tireurs d’élite, je quitterai le manoir familial et je m’installerai dans le monde magique. Je ne sais juste pas encore quel quartier privilégier. Le plus loin de ce fichu manoir serait idéal.

Elle haussa les épaules et se contenta de poser sa propre question à Helios.

— Tu n’as pas envie de partir de chez eux pour le moment ?

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Helios se demandait bien comment serait sa vie après Poudlard. Elle pourrait difficilement être plus compliquée qu'elle ne l'était déjà. Mais au moins serait-il libre de la vivre loin de l'enfer de l'école. Enfer était un grand mot... Poudlard avait été sa maison, bien plus que le manoir Carrow depuis ses onze ans. Le château avait été son havre, là où il se sentait puissant, où il connaissait et aimait certains de ses occupants. Mais Poudlard n'avait été qu'un décor pour sa vie chaotique, le lieu en tant que tel n'avait pas eu d'impact, c'était ce qu'Helios en avait fait. Et il allait s'assurer que Sainte-Mangouste serait le même théâtre. Avec moins d'êtres aussi détestable que Peeves, ça s'en était sûr ! « Peeves devrait être interné oui... » Marmonna-t-il encore agacé par les « facéties » carrément ignobles du petit fantôme. Si le Baron Sanglant pouvait l'empaler sur son épée fantomatique, il n'en serait que ravi...

Le jeune homme laissa échapper un petit rire devant la remarque d'Amber. Lui ? Philosophe ? Non, il était surtout pragmatique ! Il voyait ce que le monde pouvait lui amener et il allait tout faire pour que cela se produise. « Il s'agit de savoir ce que tu veux Amber. Une fois que c'est fait, il ne reste plus qu'à tout faire pour y parvenir et ne laisser rien ni personne t'en empêcher. Tu verras que comme ça l'avenir fera moins peur ! » Ajouta-t-il factuel. Le sorcier leva un sourcil lorsqu'Amber parla de leur rendre une petite visite. Il se demandait bien ce que la petite Towsen pourrait bien faire face à Euron Carrow mais il était admiratif de sa ténacité et son ambition. Et bien, au moins elle commençait à suivre ses conseils !

Le manuel d'Amber lui fut présenté et il y jeta un coup d’œil. La réponse outrée d'Amber fut une preuve criante de ce qu'il venait de répondre. « Je ne suis pas grincheuse » Helios lui jeta un regard entendu. « Je pense que tu n'as pas discuté avec un étudiant de cette école sans hausser le ton depuis un an... » Cela avait fait plusieurs mois, bien avant qu'ils ne se retrouvent dans les bains, qu'Amber eut disparu de son cercle social. Bon, certes il était aussi fautif avec toute son histoire et ses problèmes mais quand même, il y avait occamy dans théière... Helios n'allait l'interroger sur ces sujets. Il avait peur qu'Amber lui retourne la question et alors il serait bien obligé de lui mentir. Et bien que dans une relation cela ne l'avait jamais vraiment chamboulé, il n'en avait aujourd'hui pas très envie. Bien sûr il le ferait sans hésiter. Mais seulement s'il s'en retrouvait obligé.

Après son essai de sortilège où il s'en sortit avec les honneurs, il se décala légèrement pour laisser Amber essayer. Il doutait qu'elle y arrive du premier coup, mais au moins serait-il servi avec un joli bouquet à mettre dans son dortoir. Mais encore une fois, Amber le surprit et il dut bien admettre qu'il n'avait pas eu beaucoup foi en la jeune femme. « Bien joué miss Towsen, je vois que je suis très bon professeur ! » Commenta-t-il, sans perdre l'occasion de s'envoyer des fleurs. Il sursauta presque lorsque Amber relança le sortilège et qu'une fleur géante apparut au bout de sa baguette. Il mit quelques secondes à comprendre la volonté de l'action et il répondit d'un sourire enjôleur. « Trop aimable Mademoiselle, merci. » Dit-il sans quitter Amber des yeux en attrapant la fleur.

La jolie sorcière éclata de rire et décida de s'allonger sur un Helios qui se laissa faire. Les pieds posés sur la table basse, enfoui dans les coussins du canapé, lui aussi était plutôt confortable. C'était quand même sympa ces petits moments hors du temps... Il finit par demander à Amber ce qu'elle comptait faire pour la suite d'un point de vue immobilier. Il la fixa un instant, attendant patiemment une réponse. Il hocha la tête en entendant les mots de la jeune femme. Cela était compréhensible. Les Towsen n'étaient pas les plus avenants des sorciers de Londres et plus encore avec les idées bien arrêtées d'Amber. La mort de son père ne devait pas non plus avoir aidé à rendre la famille plus joyeuse...  A la question d'Amber il haussa à son tout les épaules. « Non je ne pense pas. Meredith n'est jamais au Manoir vu son travail et ses fonctions. Donc je peux profiter de ce grand espace pour moi tout seul et puis, d'avoir un elfe de maison, c'est quand même bien pratique... Je verrai bien une fois medicomage. J'ai le temps de voir venir... Enfin c'est ce que je me dis. » Il n'avait pas vraiment réfléchi au après d'un point de vue autre que professionnel. Il n'avait rien anticipé. Helios avait tellement été emmêlé dans ses problèmes qu'il n'avait pas réfléchi au après. Où vivre, qui suivre, quoi penser... Tant de questions auxquelles il devait s'atteler à trouver les réponses. D'ailleurs il y en avait une autre qui lui trottait dans l'esprit depuis plusieurs jours et alors qu'il pensait ne pas vouloir y penser justement, les mots franchirent sa bouche. « Tu vas rejoindre l'Ordre du Phoenix si tu quittes le manoir ? » Helios sentit soudain sa marque Mangemort sur l'avant-bras lui brûler la peau... Celle-ci, cachée par sa chemise et son pull, lui rappela la réalité du monde dans lequel Amber et lui risquait de se retrouver si leurs chemins divergeaient autant qu'il le craignait.

Codage d’après Libella sur Graphiorum

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Amber haïssait Peeves. Elle ne comptait plus le nombre de fois où il était allé chercher des préfets ou des adultes pour qu’elle se fasse prendre en train de ne pas respecter le règlement. S’il n’était pas intouchable, elle aurait attrapé son corps et l’aurait fracassé contre le mur. Les idées ne manquaient pas, mais les humains ne pouvaient pas faire grand-chose contre les fantômes. N’y avait-il pas moyen de le pétrifier ? Une plante ou une créature magique, peut-être ? Cela valait le coup d’y réfléchir pour lui faire comprendre qu’il était détestable juste avant de quitter le château.

Helios argumenta sur le fait qu’il ne fallait laisser personne l’empêcher d’atteindre ses objectifs. Un sourire naquit sur les lèvres de la sorcière et elle mit cette affaire de Peeves de côté. La tête penchée sur le côté, elle ne put retenir une remarque amusée.

— Tu n’es pas à Serpentard pour rien.

Au fond, Amber espérait qu’ils puissent tous les deux exercer la profession de leur rêve sans avoir de bâtons dans les roues. Elle savait qu’ils ne partaient pas dans la même direction, mais elle ne doutait pas qu’un avenir brillant les attendait. Ils étaient tous les deux ambitieux et tenaces.

Quand Helios l’annonça comme étant une grincheuse, elle prit un air outré et tenta de se défendre. Pourtant, il n’avait pas tort. Elle n’avait pas souri à un seul élève de cette école depuis plusieurs mois. Cette remarque lui déclencha un petit rire, entre la gêne et l’amusement. Helios avait raison. Elle s’était renfermée comme une huître à la mort de son père, mais elle avait ses raisons qui ne pourraient peut-être pas comprendre. Amber se mordit la lèvre inférieure. Elle ne se sentait pas prête à lui avouer toute la vérité, mais elle savait qu’elle pourrait exprimer son ressenti sans avouer le contexte de la mort de son père. Leur relation avait grandement évoluée, ces derniers mois, mais il restait un passage qu’elle ne se sentait toujours pas prête à prononcer à haute voix.

Elle entrouvrit la bouche, prête à se confier, mais Helios partit sur la prononciation et le mouvement de baguette liés au sortilège qu’elle était en train d’apprendre. Ainsi soit-il ! Elle se mit à s’exercer et offrit même une fleur à son camarade. Elle ne savait pas où ces échanges allaient les conduire, mais cette situation lui convenait très bien. Ils ne se prenaient pas la tête, ne se devaient rien du tout et profitaient simplement de la compagnie de l’un et de l’autre. Au fond, Amber se demandait où tout cela les mènerait ou si un jour il arrêterait ces rencontres pour une autre fille. Cette idée lui compressa le cœur dans la poitrine sans qu’elle n’en comprenne la raison.

— Oh, tu m’as fait peur ! J’ai cru que tu allais me proposer d’emménager avec moi, lança-t-elle avec un sourire malicieux. Nul doute que je t’aurais bouffer tout cru si ça avait été le cas.

Évidemment, Amber plaisantait. C’était souvent le cas quand elle voyait Helios. C’était sa manière d’oublier ce qui se passait à l’extérieur et de profiter du moment présent. Il était rare qu’elle arrive à lâcher prise comme elle le faisait avec lui depuis plusieurs mois. Déjà, il était rare qu’elle se laisse aller à des plaisirs charnels avec la même personne. Helios était un privilégié, en quelque sorte…

Puis le rire laissa place au sérieux et Helios lui demanda si elle comptait rejoindre l’Ordre. Les sourcils d’Amber se froncèrent et elle quitta les genoux de son ami pour lui faire face. C’était une conversation sérieuse et elle voulait pouvoir le regarder pendant qu’elle parlait.

— Je ne sais pas. Je ne sais pas si je vais rejoindre une des causes ou ne choisir aucun camp.

Elle déglutit et baissa un instant le regard en direction du canapé. C’était le moment. Elle sentait qu’elle avait besoin de se livrer.

— Je suis perdue. Je ne sais plus vraiment qui je suis depuis le décès de mon père.

Amber s’agita sur place, un peu nerveuse de parler de ses propres émotions, mais elle devenait de plus en plus pesante au fil des rencontres avec Helios. Elle se devait d’être honnête avec lui.

— Il y a eu ce moldu que j’ai tué, l’année dernière, et dont je t’avais parlé. Puis mon père m’a envoyé en mission avec un mangemort qui m’a forcé à torturer un innocent et à utiliser un sortilège impardonnable, lança-t-elle en faisant des pauses à certains moments comme pour chercher les mots justes. Je pensais que ça ne marcherait pas, parce qu’il faut vouloir faire du mal pour que la personne souffre avec le Doloris. Mais ça a fonctionné et le moldu s’est effondré au sol.

Et ce fut à cet instant qu’Amber embellit la réalité pour que Helios comprenne un peu mieux son état d’esprit actuel.

— Quand je suis rentrée, j’ai été furieuse et j’ai eu une altercation avec mon père, qui a fini par me lancer ce même sortilège sur moi, pour ne pas que je lui tienne tête. Ce… Ce n’était pas la première fois. Il m’a déjà lancé l’Imperio à plusieurs reprises et je crois qu’il a fait la même chose avec mon frère.

Amber avait blêmi au fur et à mesure de son explication. Elle n’était pas à l’aise pour parler d’elle, pour se livrer, et cela se voyait. Malgré tout, on lui avait souvent répété que cela était nécessaire pour se sentir mieux, mais à cet instant, elle se sentait plus bas que terre et n’en voyait aucun intérêt. Tant pis. Elle s’était lancée et devait finir son explication.

— J’ai suivi des entraînements pendant des mois pour essayer de maîtriser les effets du Doloris et de l’Imperio. J’y suis parvenue pour ce dernier point et Thorfinn ne l’a pas accepté. C’est pour cette raison qu’il est passé au Doloris. C’était le dernier jour où je l’ai vu en vie.

Elle se racla la gorge et tenta d’affronter le regard d’Helios.

— Je suis perdue parce que je n’ai ressenti aucune tristesse à la mort de mon propre père, que je n’ai ressenti aucun remord quand j’ai tué ce moldu et que mon sortilège a fonctionné quand il a fallu que j’en torture un autre. Je ne peux pas m’enlever ces images de ma tête et je n’arrive pas à repousser la noirceur qui a en moi. Je l’ai laissé s’installer depuis le mois de juin et j’ai peur de devenir comme lui.

C’était stupide. Helios la trouvait-il stupide ? Il en avait tous les droits. Amber était simplement perdu et ne savait plus quelle voie suivre. Elle ne voulait pas exécuter tous les moldus, simplement ceux qui leur veulent du mal. Mais tuer n’était pas dans ses principes auparavant...

We all need someone to hold

Après la séance de sortilège, Helios aurait dû se contenter des informations qu’il avait eues suite aux échanges avec Amber. Ils avaient déjà rapidement échangé sur leurs envies respectives, il n’y avait pas besoin de revenir à des discussions personnelles. De toute façon, le jeune homme n’était pas du genre à s’épancher. Il ressentait les émotions fortement mais cela ne voulait pas dire qu’il aimait en parler ou écouter celles des autres. Il aimait à croire qu’il était inatteignable, et que le malheur des autres n’entrait pas dans ses préoccupations… Alors pourquoi avait-il choisi la médicomagie si c’était véritablement le cas ? Il dupait de moins en moins de monde, à commencer par lui-même. Mais malgré tout cette histoire de futur le rendait inquiet. Et il préférait s‘enquérir des choix de la Towsen. Il grimaça alors qu’elle évoquait la possibilité qu’il puisse lui demander quelque chose du genre d’habiter ensemble. « Ça risque pas Towsen, on arrive déjà pas à se supporter une journée de révision, tu crois qu’habiter ensemble va arranger les choses ? » Il se rallongea dans le canapé avec la ferme intention de montrer le détachement dont il tentait de faire preuve. Au moins, d’un point de vue géographique ils étaient fixés. Et pour le reste ? Ils sortaient du monde tranquille de Poudlard, la guerre était partout et ils devraient tôt ou tard choisir un camp, qu’ils le veuillent ou non. Le Serpentard avait déjà choisi depuis sa majorité. Mais pas Amber…

Helios l’écouta silencieusement alors qu’elle lui répondait, soudain étrangement sérieuse. C’était un sujet sérieux, pourquoi était-il étonné de cela ? Et puis, le Carrow ne comprit pas bien comment mais Amber commença à se livrer. Elle lui balança des informations qu’il n’avait pas du tout anticipées. Pire, il s’agissait de choses difficiles à entendre, même pour lui. Les familles de Sang-Pur étaient rarement tendres, Helios savait qu’il avait eu la chance du démon d’être élevé par Meredith. Mais tous ne l’avait pas cette chance, toutes encore moins. Ses poings se serrèrent lorsque la sorcière parla des Sorts Impardonnables. Ce qui était impardonnable, c’était bien de les utiliser sur ses enfants. Il laissa Amber vider son sac. Il voyait cette discussion comme une plaie suintante dont il fallait épancher le pus pour réussi à sauver le membre atteint. Il était médicomage, c’était son métier de soigner les gens. Et il eut en cet instant un sentiment bien peu professionnel : un vague de tendresse envers Amber se déversa dans sa poitrine et il ne sut pas très bien comment l’interpréter. Ce n’était pas le moment de réfléchir à lui.

Le jeune homme laissa quelques secondes s’écouler alors qu’il cherchait ses mots. Il ne savait pas très bien par où commencer, quoi dire, quoi faire. Il se targuait d’être un extraverti mais il ne savait bien naviguer que dans les grandes foules, là où il pouvait surplomber les gens. Pas dans l’intimité d’un chalet, avec un seul être en face. Peut-être devait-il prendre Amber dans ses bras ? Elle risquait de lui asséner un coup fort douloureux dont il se passerait bien. Il opta plutôt pour quelques paroles. « Nous ne sommes pas nos parents. Tu ne t’en doute peut-être pas mais j’en sais quelque chose… Nous ne sommes pas nos parents mais malheureusement nous avons été élevés par eux. Et une part de nous est leur, qu’on le veuille ou non. Je ne serai pas le Helios que je suis aujourd’hui si Meredith ne m’avait pas inculqué sa vision du monde, ses manières et ses ambitions. Mais je ne serai pas non plus le Helios d’aujourd’hui si elle ne m’avait pas transmis sa peur de la solitude, ses angoisses et ses travers. » Il soupira. Il n’avait jamais vraiment avoué ce genre de choses à qui que ce soit. La Towsen n’avait pas intérêt à en répéter un mot dès qu’ils sortiraient de cet endroit. « Mais je ne suis pas que ça. Je me suis construit avec d’autres choses, d’autres personnes, lieux et situations. C’est ce qui fait que je suis Helios et pas Meredith. Et c’est ce qui fait que tu es Amber et pas Thorfinn. » Il attrapa la les mains d’Amber et la força à croiser son regard. « Tu dis qu’une noirceur te prend aux tripes ? Je n’appellerais pas ça de la noirceur. Embrasse ce sentiment et fais en ta force. Les moldus ne méritent pas ton esprit et sont trop insignifiants pour ne serait-ce que t’atteindre. Tu es plus forte que cela. Je suis désolé pour ton père mais… Lui était faible. C’est de la faiblesse que d’user de ces Sortilèges Impardonnables pour imposer le respect. Tu vas être grandiose Amber Towsen. Tu vas être grandiose et rien ni personne ne pourra juger ton être. Il n’y aura que toi qui puisses décider de ce que tu veux pour ton existence. Ecrase sous ta semelle ce qui te retient et avance. Tu n’es pas du genre à te laisser bouffer par quoi que ce soit. »

Sa tirade finie, Helios déposa un baiser sur la main d’Amber et laissa passer quelques secondes. Finalement, il se leva : leur petite séance de révision arrivait à son terme et le Serpentard était attendu par le club d’échecs magiques. Il avait déjà séché les deux derniers entrainements et Grigori risquait de l’incendier sur place s’il en ratait encore un. « Le devoir m’appelle Towsen. Tu vas réussi ton examen sans problème. Et pour le reste… » Il fit un petit sourire. « Tu sais où me trouver si tu as besoin de quelqu’un pour t’aider à briser des genoux … » Le sérieux de sa voix laissa place à un ton un peu plus moqueur « … Ou passer le temps à d’autres activités plus physiques. » Son regard ne laissait pas vraiment de place à l’imagination quand aux autres activités auxquelles il faisait référence. Il avait besoin de s’éloigner des révélations d’Amber, de les digérer pour ne plus en être aussi ébranlé au point de le laisser paraître. Le Carrow ramassa ses affaires et se dirigea vers la sortie. Il ne se retourna qu’à la porte. « Grandiose Towsen. Souviens-toi de cela, car je te parie une bierraubeurre que tu ne seras pas moins que cela. » Il sourit et quitta la Salle sur Demande en faisant un petit signe de la main.