«Règle numéro 1. Il faut toujours se demander : à qui profite le crime ? À qui la mort de Potter a le plus profité ? Aux Mangemorts ? Au Blood Circle ? D’accord, ces deux camps ont pu se débarrasser d’un rival. Mais au final, à part faire de Potter un martyr, et rendre ceux qui lui étaient fidèles encore plus unis,  qu’est ce que ça a apporté ? Rien. À qui la mort de Potter profite le plus, si ce n’est son remplaçant officiel au Conseil ? J’ai le sentiment que ce Tinkson n’est pas net. Je sais pas à quel point il est dangereux pour l’équilibre sorcier. Je sais pas s’il est manipulé ou s’il agit librement. Mais… Y’a quelque chose de sombre avec lui. Avec ce qu’il s’est dit lors de l’opération de vol d’information à l'hôtel de ville de Londres, je dois en avoir le cœur net.»

M. R. Tinkson est en déplacement, c’est l’occasion pour nous d’enquêter sur place sur ce gus. J’ignore ce que l’on cherche. Des informations, des preuves de sa culpabilité sur quoi que ce soit en rapport avec Potter, ou des décisions douteuses prises au conseil lors d’un remplacement. Difficile de trouver quand on ne sait pas quoi chercher, mais quand on tombera dessus, on le saura. C’est toujours comme ça que ça marche. Le plus dur avait été de convaincre Balthazar de l'utilité de cette opération.

Au final, j’ignore les motivations de Balthazar pour m’accompagner et plusieurs questions me hantent. Est-ce qu’au fond de lui, il pense que j’ai raison, et son esprit cartésien a besoin de preuves concrètes pour me croire ? Ou est-ce que au contraire, il veut utiliser mes propres armes pour me prouver que j’ai tort ? J’ai pour habitude d’agir seul, mais depuis que je suis à Londres, beaucoup de choses ont changé dans ma vie. Un nouveau pays, des nouveaux ennemis, des nouvelles règles. Les non-majs du coin savaient comment affronter la magie ; je ne serais pas étonné que l’attirail anti-magie du Blood Circle circule au marché noir et se retrouve dans les mains de mafieux. Le Mage vit une époque difficile et l’aide d’un acolyte n’est pas peut-être pas du luxe, d’autant plus que c’est chez un autre sorcier que je cherche à m’introduire et que je n’ai récupéré mes pouvoirs que depuis peu. J’espère ne pas être trop rouillé.

«Franchement… » Je toise le déguisement du petit. Il avait fait dans le simple. Il était masqué, et c’était plutôt discret. «T’aurais pu faire un effort vestimentaire, j’ai une réputation secrète à tenir quand même.» J’ai l’impression de traîner avec un cambrioleur.

Nous sommes en visuel de sa maison. Il faut qu’on se mette d’accord sur la manière d’entrer. Tinkson est une personne importante qui doit avoir de nombreux ennemis, nous pouvons être sûrs que de nombreux sortilèges de défense y sont employés. Je suis curieux de voir comment le petit Balthazar s’y prendrait pour rentrer, comment il m’imagine agir, quelle vision il a de moi en tant que le Mage.

«Alors petit, comment tu veux entrer ? » Il lui faut un super-nom à lui aussi. «Putain. Il te faut un nom de code, t’aimes pas que je t’appelle petit.»

Balthazar se sentait ridicule. Absolument ridicule. Non mais quelle idée d’accepter la proposition d’Hunter d’entrer sans aucune autorisation dans une maison n’appartenant à nul autre que Tinkson. Le Tinkson. Pourquoi avait-il accepté ?! Cela allait à l’encontre de tout ce en quoi il croyait et voulait pour son avenir. Seulement voilà, les arguments d’Hunter commençaient à faire leur petit bout de chemin dans son esprit. Déjà lors de leur première rencontre, Taz ne l’avait finalement pas dénoncé. Et aujourd’hui il le suivait dans ses aventures masquées. C’est surtout pour voir comment il fait. Oui c’était tout à fait ça. Balthazar voulait comprendre et estimer lui-même, sur le terrain, ce que donnait Hunter et ses principes. Le Poufsouffle ne pouvait seulement pas se permettre de se faire prendre. Sinon sa carrière était vraiment foutue… Non mais cela ne lui ressemblait pas du tout… Enfin, il s’était quand même préparé en amont. Révisé ses sorts, réfléchit en détails à toutes sortes de scénarios qui pourraient se passer et puis ce costume. Tout en noir, avec une espèce de cagoule sur le visage. Il dut reconnaitre que la tenue d’Hunter était quand même plus classe… Mais un peu «  too much ».

Hunter fit le briefe d’avant mission. Balthazar l’écoutait attentivement. Oui tout cela était vraiment louche. L’esprit cartésien de Balthazar martelait que ce n’était que des conjectures et qu’ils essayaient de relier des points indépendant par des lignes imaginaires mais comme aurait dit un juge : le doute était suffisant pour lancer une enquête. Et c’est ce qui aurait dû être fait… Mais face au chef de file, aucun auror, même le plus droit, n’aurait pu faire quoi que ce soit. Taz commençait à comprendre l’utilité « d’enquêter sous les radars »… Le jeune homme hocha la tête pour signifier qu’il avait compris.

Alors qu’Hunter commentait sa tenue, Balthazar lui jeta un regard agacé. « Sache que ce n’est pas si simple à dégoter ce genre de tenue sans paraître carrément bizarre… Ça fera très bien l’affaire pour cette seule mission qu’on fera ensemble… » Vérifiant sa tenue, il ne voulut pas reconnaître un quelconque manque de style et préféra se reconcentrer sur leur objectif, pas très bien défini au demeurant.

Arrivant près de la mission, les deux hommes détaillèrent la bâtisse de loin. Hunter posa la question à dix mille gallions. Il en profita pour l’appeler petit ce qui le fit grimacer. Comment entrer ? Balthazar avait fait quelques recherches sur le sujet. Mais il était aussi compliqué d’amasser des informations une entrée illégale dans une maison sans tout de suite devenir une cible pour les aurors.   « Il faudrait déjà avoir une idée du type de sort utilisé, car il doit y en avoir. Je ne serais pas étonné de découvrir un charme du Cridurut autour de la maison. On pourrait essayer un sortilège de blocage pour tenter de le faire disparaitre… Sinon un dérivé du sortilège de mutisme pour rendre l’alarme silencieuse ? Ou peut-être passer par le ciel ? Je doute que le charme monte jusqu’aux plus hautes fenêtres de la maison. »  Et un nom de code ?! Non mais et puis quoi encore ?! « Mais je sais pas moi . Qu’est-ce que tu me demandes ça maintenant ?! Je peux pas trouver quelque chose sur le fil comme ça ! » Chuchota-t-il agacé. « J’en sais rien… Me dit pas que tu as des idées ?»  

Alors que je critique le costume de Balthazar, ce dernier me réplique que ça fera très bien l’affaire pour cette seule mission que l’on fera ensemble.

«À ce propos… T’es sûr de vouloir venir ? Si on se fait prendre, c’est fini pour ta carrière et on aura tous les deux droit à un aller simple à Azkaban… C’est cher payer pour vérifier que je fais pas de conneries. Je peux simplement te faire un rapport détaillé de ce que je trouve, preuve à l’appui.»

Mais il tient vraiment à venir. Arrivés sur place, la question de comment entrer se pose. Je questionne le petit pour savoir à quel point il prend cette mission au sérieux. Ses réponses font sens, mais la priorité reste de lui trouver un nom de code. Il me demande si j’ai une idée, je souris derrière mon masque.

«Enchanté. “Juge”. Hey oh, me regarde pas comme ça, t’es tout le temps en train de juger ce que je fais.»

Je réagis finalement à ses propositions. Il a évoqué la possibilité de passer par le ciel. J’observe le haut de la bâtisse, puis les environs.

«C’est un peu tard pour jouer les Père Noël. Mais c’est vrai que le domaine est assez isolé pour que ça soit discret. Cela dit, je suis pas certain qu’il n’y ait pas de protection en haut, mais si on déclenche quelque chose, j’imagine que c’est pas le premier endroit qui va être vérifié.» Je ne suis pas un expert en effraction. Ça m’est déjà arrivé d’enquêter clandestinement sur des non-maj. Les systèmes de sécurité sont assez faciles à contourner avec l’aide de la Magie, mais si la cible peut également utiliser la Magie ce n’est pas la même chose. Je réfléchis. «Pas sûr qu’un sortilège de blocage suffise. Il doit aussi y avoir des maléfices anti-intrusion et autres sortilèges anticatimini, on ne va pas chez n’importe qui là. Tu maîtrises bien le Finite Incantatem ?»

Passer par les airs est vraiment notre meilleure option. Je transplane jusqu’à la boutique pour récupérer les balais que j’ai achetés la semaine dernière. Je ne pensais pas qu’on en aurait eu besoin, mais visiblement j’ai bien fait. J’apparais rapidement de nouveau aux côtés du "Juge" et lui tends l’un des deux balais.

«Par les airs on a dit, hein ? »

Ça fait des années que je n'ai pas utilisé de balai, mais le vol sur balai, c’est comme le vélo : ça ne s’oublie pas. J’envisage toutes les options dans ma tête, et me prépare au pire pour ce début de mission. Comme Perdre le contrôle du balai et tomber honteusement sur le toit en déclenchant un Charme de Cridurut cependant il faut avouer que dans un tel cas de figure je réagirais à temps pour lancer un Antisort Général, quitte à me faire mal même s’il n’y a aucune raison pour que tout se passe mal.

C'est quand on envisage le pire qu'il se réalise. Nous volons pendant quelques minutes en direction du bâtiment, jusqu'à ce que mon balai devienne incontrôlable et heurte celui du "Juge". Heureusement, nous sommes assez proches pour nous écraser sur le toit. Malheureusement, nous avons été pris de court et notre chute déclenche une horrible alarme.

«Par les airs on avait dit, hein ? »

Balthazar fixa en silence un Hunter qui lui martelait une vérité en pleine face sur ses agissements nocturnes qu’il n’avait pas du tout envie d’entendre. Le Poufsouffle le fixa incrédule quelques secondes. Le sorcier masqué ne semblait pas vraiment le vouloir à ses côtés… Il n’était pas trop tard pour reculer… Tout l’être de Taz lui hurlait d‘ailleurs de le faire. Mais il n’en avait étrangement pas envie, se cachant derrière les fausses certitudes de s’en sortir. Il voulait faire ça. Parce que c’était insensé, parce que sa vie partait en vrille entre la fin de ses études approchant à grand pas et Erin s’éloignant avec une vitesse folle. « Je viens. » Assura-t-il. « De toute façon tu ne t’en sortiras pas tout seul… »  Dit-il, une réminiscence de leur première rencontre dans un coin de sa tête. « Juge ?! Mais c’est une exacte description de qui je suis… C’est le pire nom de code qui soit ! » Murmura-t-il agacé. Malheureusement pour lui, il n’eut pas d’autre idée pour supplanter celle-ci. Il aurait toujours bien le temps d’en changer de toute façon… Parce tu comptes sur le fait que ça dure ?! s’offusqua son esprit. Bien sûr que non, c’était une unique mission. Une seule.

Balthazar leva les yeux au ciel à la question d’Hunter. « Je maîtrise… »… Il ne savait pas bien ce que voulait dire « bien ». Il connaissait le sort et l’avait lancé un nombre incalculable de fois dans sa vie de sorcier. Cela devait être suffisant non ? Hunter transplana soudain et le laissa seul, surpris. Non mais il se dégonflait déjà le Mage ?! Taz se retrouva comme un idiot sans vraiment savoir quoi faire. Finalement, Hunter réapparut et un sourire involontaire vint orner les lèvres de Balthazar à la vue de ce qu’il avait ramené. « Par les airs. » Répéta Taz. Si on lui avait un jour dit à quoi lui serviraient toutes ces années de Quidditch….

Ils s’élevèrent mais bien vite, la première partie de leur plan tourna au fiasco. Le balai d’Hunter sembla prit de frénésie et Taz n’eut pas le temps de l’éviter. Il se retrouva, comme Hunter, projeté sur le toit du manoir. Sonné par la chute, le cri strident de l’alarme ne fit rien pour calmer ses sens déboussolés. Taz fit une grimace à la remarque du Mage. La désagréable envie de lui répondre « d’apprendre à voler sur un balai » lui effleura les lèvres mais il s’abstint.

Dédé:

Reprenant quelque peu ses esprits devant l’urgence de la situation, Balthazar sortit sa baguette qui avait miraculeusement survécu à la chute et lança un sort. « Finite Incantem ! »  Dit-il avec la ferme volonté de mettre un terme à ce boucan. Le sort fonctionna et le silence soudain fut salvateur. Silence qui fut de courte durée car des aboiements et des cris semblaient se rapprocher. L’étudiant fixa Hunter. « Et maintenant ? On rentre ou on abandonne ? »

Le petit Balthazar me confirme qu’il compte m’accompagner, prétextant que je ne serais pas capable de m’en sortir seul.

«Parce que tu crois que “Mage” ce n’est pas une exacte description de ce que je suis également ? C’est justement ça qui en fait un parfait nom de code.»

Pour ce qui est de la connaissance du sortilège Finite Incantatem, Balthazar me certifie qu’il le maîtrise. Ça peut vouloir tout et rien dire, mais ce n’est pas l’heure de l’évaluation. Je fais un aller-retour en transplanage et revient avec deux balais, puisque nous devons passer par les airs.

Le plan ne se déroule pas comme nous l’avons prévu, nos balais deviennent rapidement fous et nous nous écrasons sur le toit du manoir. Au contact du sol, le charme du Cridurut qui protége le domaine se déclenche, aussitôt désamorcé par le Juge. Mais il est trop tard, nous pouvons déjà entendre des aboiements et des cris.

«Ah ouais, c’est trop tard là… Il aurait fallu lancer un sortilège de désenchantement avant que l’alarme ne se déclenche.»

Mais vaut mieux tard que jamais. Le “Juge” avait géré comme un chef sur ce coup là. Peut-être qu’il était plus réactif que moi, ou en moins mauvaise posture. Du haut du toit, nous pouvons voir des gardes accompagnés de croups occupés à sillonner le domaine à la recherche d’intrus… À notre recherche !

«Bonne idée de passer par les airs, ils n’ont pas encore compris qu’on est passé par là.»

Balthazar me demande si on doit rentrer ou s’il faut qu’on abandonne. Je ne peux pas abandonner, mais je ne peux me permettre de le mettre en danger. Néanmoins…

«Comment tu comptes repartir ? Avec les balais cassés… Les gardes qui sont à notre recherche… Et je suis sûr qu’il y a des sortilèges anti-transplanage… Mais tu peux quand même essayer, moi je continue.» Je parle doucement. J’expose simplement les faits calmement pour éviter que le petit ne panique. «Écoute… On s’en tient à ce qu’on avait prévu. On cherche des preuves, si elles existent, et on repart par le réseau de cheminées.»

Je récupère les balais brisés, me promettant d’enquêter plus tard sur les origines de ce dysfonctionnement. Pour l’heure, vous devez chercher des preuves, des indices, pas en semer. Je pointe ma baguette sur la fenêtre du toit. Je suis pas serein, il est possible qu’un charme de protection ait échappé à l’antisort du “Juge” et m’empêche d’ouvrir magiquement cette fenêtre. Auquel cas la manière forte devra s’imposer. Avec la chance qu’on avait, même si le sort marche, on allait avoir des complications. Mais peut-être que tout va bien se passer ?

«Alohomora»

Un déclic, la fenêtre est déverouillée.

«Après toi.»

Nous nous engouffrons rapidement dans une sorte de grenier. Je pose les débris de balais sur le sol pour refermer la fenêtre derrière nous. Elle coince, elle résiste. Je serre les dents.

«Allez… Ferme toi saleté.»

Il ne faut pas que les gardes dehors puissent voir que la fenêtre est ouverte. Je tire d’un coup sec et la fenêtre claque fortement contre le battant en se brisant violemment.

«Et merde.» C’était pas le but de vandaliser. Tinkson est peut-être un homme respectable, nous sommes là pour enquêter sur lui, pas le punir. «Reparo.»

Avec ce bruit, les gardes doivent maintenant se douter que nous sommes quelque part à l’intérieur.

Balthazar jeta un regard dubitatif à Hunter alors que celui-ci lui retournait sa remarque. Il y avait quand même moins de juges que de mages sur cette planète. Et encore moins de juges sorciers se promenant dans Londres. Donc oui, le Poufsouffle avait le droit d’être inquiet sur le choix de son « surnom » parce que franchement s’il pouvait bien éviter d’avoir encore davantage de problèmes après toute cette histoire… Peut-être qu’il n’aurait pas fallu y aller du tout si tu ne voulais pas de problème Balthazar Salvan… Le sermonna une nouvelle fois sa conscience. « Mouai… »

Après la débandade des balais, Hunter et Balthazar se retrouvèrent coincés sur le toit. La situation était critique et le cerveau du Juge réfléchissait à cent à l’heure : il était hors de question qu’il se fasse prendre ou cela en était fichu de son futur ! En plus, la sécurité rappliquait et aux aboiements, les croups n’étaient pas loin. Le jeune homme ne put dissimuler un fin sourire alors que le Mage le félicitait sur son idée. Bon, elle aurait été encore meilleure si elle avait fonctionné correctement…

Bien que Taz ait réussit à éteindre l’alarme qui leur vrillait les tympans quelques instants plus tôt, la question de continuer leur mission se posait. En substance, Hunter le mettait au défi de trouver un moyen de partir. Oui, enfin même s’ils continuaient, la façon de fuir restait quand même d’actualité ! Balthazar fixa Hunter alors que celui-ci lui affirmait continuer. Le réseau de cheminées ? Cela ferait l’affaire. Taz pesa le pour et le contre quelques secondes mais le choix était à nouveau forcé : il n’avait pas d’autres options. « Faisons ça… Mais je te préviens, il est hors de question qu’on se fasse prendre. » Répondit Taz, fixant accusateur Hunter.

Hunter ouvrit la fenêtre et Taz suivit ses indications. Il pénétra dans la maison, atterrissant dans un bruit étouffé sur le parquet. Le lieu est occupé par des objets couverts de poussières. Un débarras ? Le Poufsouffle n’avait pas le temps de s’y intéresser davantage. Il se retourna vers Hunter qui s’acharnait à refermer leur moyen d’entrée. Il sursauta quand la fenêtre se brisa et fixa effaré son acolyte. Se forçant à chuchoter malgré sa colère qui commençait à monter, il réprimanda presque Hunter : « Non mais c’est pas possible ! T’es sûr que t’as déjà fait ça ?! Parce que t’as l’air d’être un sacré amateur ! Tu m’avais vendu le fait que tu avais enquêté des années… » Balthazar commençait à se demander si sa confiance n’était pas mal placée. Et cela ajoutait au stress et à la peur de la situation. Il s’empêcha de continuer dans ses paroles blessantes en soupirant. « C’est parti… » Dit Balthazar en posant la main sur la poignée su débarras. Un petit escalier exigu descendant vers la partie habitation de la maison. Balthazar s’y engagea. Le palier abritait quatre portes. Balthazar en essaya une mais elle était fermée. Qu’en était-il des autres ?

Dédé:

Le “Juge” me fait remarquer que j’ai l’air d’un amateur et me demande si je suis sûr d’avoir déjà fait ça.

«Est-ce que j’ai déjà enquêté sur l’un des sorciers les plus importants de tout un gouvernement ? Bien sûr que non. Évidemment que non !» Je parle à voix basse, pour éviter qu’on se fasse repérer davantage. «Habituellement, c’est sur des non-maj que j’enquête, des groupes de délinquants, des mafias locales. La Magie me donne un coup d’avance contre ces gens-là, là c’est… Différent. D’autant plus qu’on ne peut pas se permettre de vandaliser, on sait pas si ce type est coupable. Et on est pas comme lui, on est pas là pour se venger de quoi que ce soit.»

J’ai conscience que mes paroles ne doivent pas rassurer le petit.

«On se fera pas prendre. Mais au cas où… » Je tends ma baguette vers un objet inanimé. «Impero.» Je regarde à nouveau le “Juge”. «Tu n’y pouvais rien, tu étais sous Imperium. L’examen de ma baguette prouvera que je l’ai fait.»

Mais se faire prendre n’est pas une option. Nous devons nous bouger. Balthazar soupire avant de descendre dans la partie habitation. Nous nous retrouvons au milieu de quatre portes. S’il n’y avait pas des gardes qui risqueraient de nous repérer, j’aurais proposé de se séparer pour couvrir plus de terrain, mais dans notre situation, il vaut mieux qu’on reste ensemble. Le “Juge” tente d’ouvrir une porte. Fermée. Peut-être que c’est là qu’on peut trouver ce que l’on cherche, mais à tout moment des gens peuvent débarquer, nous ne pouvons pas perdre de temps à essayer d’ouvrir une porte fermée. Je fais le guet pendant qu’il tente une autre porte. La porte s’ouvre et j’emboîte le pas de Balthazar pour entrer dans une chambre. Un lit et une table nous font face.

«Pas de cheminée ici… Mais fouillons quand même.»

Nous faisons rapidement le tour de la chambre. Mais il n’y a rien d’intéressant. Il semble s’agir d’une chambre d’ami qui ne contient aucune affaire personnelle. Il y a une statue d’un oiseau aux plumes vertes foncées, proche du noir.

«On ne trouvera rien ici. À moins que cette statue n'ouvre un passage, mais si on doit chercher le bon mot de passe pour ça, autant chercher une baguette dans un fagot de bois.»

Je dis ces mots en soupirant, mais contre toute attente, la statue s'élève, révélant un passage avec des escaliers, sous son socle. Le "Juge" et moi nous regardons pendant quelques secondes.

«J'ai trouvé le bon mot de passe sans le vouloir ?»

Cependant, nous entendons une voix en provenance du passage, toute proche. Nous n'avons pas le temps de quitter la pièce sans être vu.

«Qui est là ? Il y a quelqu'un ?»

Je pousse Balthazar sur le lit. Et lui souffle à voix basse.

«Vite ! Fais comme si tout était normal !»

Je m'installe à côté du "Juge" tandis que l'Elfe de la maison finit de monter les marches. Il entre dans la pièce, nous toise et nous confronte.

«Que faites-vous ici ?»

Je prends un air indigné, pointe ma baguette vers lui et hausse le ton.

«Comment ose-tu nous déranger dans notre intimité, Elfe ? Nous n'avons aucun compte à te rendre. Ton maître en entendra parler !»

Si Balthazar avait eu quelques années de moins et qu’ils ne risquaient par leur peau, il aurait probablement répondu un « gniah gniah gniah » en grimaçant à Hunter alors que celui-ci justifiait leur position inconfortable par le fait que concrètement il n’avait jamais rien fait de tel… Et bah ça lui faisait une belle jambe à Balthazar de savoir que son « mentor du jour » était aussi paumé que lui… Plus le temps passait, moins le Poufsouffle voyait comment toute cette histoire pouvait bien se finir…. Hunter tenta probablement d’être sympathique mais dès qu’Hunter prononça un Impero, Balthazar se mit immédiatement sur la défensive, la baguette pointé vers son comparse. « Ne refais plus jamais ce sortilège avec moi dans les parages le Mage. » Il ne voulait pas entendre parler de ce sortilège Impardonnable. Il avait trop payé. Sans s’étendre sur les raisons de sa haine viscérale du sort, il descendit dans les étages de la maison.

Un porte voulut enfin s’ouvrir mais ne mena qu’à une chambre sans grand intérêt. Encore plus dépité qu’il ne l’était déjà, Balthazar sentait poindre une sensation de travail insurmontable qui ne risquait pas d’aller en s’améliorant. Hunter sembla partager sa déception lorsque soudain la statue qui faisait face à la pièce s’anima. « Ca serait vraiment un coup de chance monstrueux… » Le jeune homme n’ajouta pas qu’avec la poisse qu’ils avaient déjà depuis le début de cette mission, cela était fort peu probablement, mais son ton ne laissait pas de doutes qu’il le pensait fortement.

Balthazar n’eut pas le temps de faire grand-chose. Hunter le poussa sur le lit, il se retint de protester pour ne pas faire de bruit. Les yeux interrogateurs, il fixa le Mage. Un Elfe de Maison apparut et Balthazar arrêta de respirer un instant. Comment devait-il faire quelque chose de « normal » alors qu’ils étaient allongés sur un lit avec des masques dans une maison qui n’était clairement pas la sienne ? La question de l’Elfe fut fort pertinente et Taz aurait bien été incapable de répondre en cet instant sans s’incriminer fortement. Il fixa stupéfait Hunter alors que celui-ci parlait d’intimité. « Hein quoi ? Intimité ? Nous ? » Son regard allait et venait entre le Juge et l’Elfe. Il n’était pas du genre à mentir mais dans cette situation avait-il d’autre choix s’il voulait éviter Azkaban ? « Oui…. Déjà qu’on entend des croups et des bruits étranges au plafond, en plus voilà qu’on s’invite dans notre chambre… »

Dédé:

L'elfe les jaugea l'un après l'autre sans dire un mot. Il commença à se reculer lentement et Balthazar sut qu'ils n'avaient pas fait mouche. « Ce serait le bon moment de faire un truc cher Mage...» Le jeune homme eut à peine le temps de finir sa phrase que l'Elfe de Maison partait en courant en criant « Des intruuuus ! »

Le petit Balthazar ne semble pas apprécier que j'utilise l’Imperium sur un pauvre objet sans défense. Il me menace de sa baguette en m’exhortant de ne plus jamais recommencer. Nullement intimidé, je fais un pas dans sa direction.

«Je pense que la babiole saura s’en remettre. J’ai fait ça pour te couvrir, au cas où, mais si tu me crois capable d’utiliser ça sur quelqu’un, c’est que tu me connais très mal. Garde ton énergie pour la suite, on n’est pas au bout de nos peines.»

Nous faisons rapidement le tour de la chambre d’amis, et même si nous supposons un éventuel passage secret avec la statue, nous ne nous attendons pas à ce qu’elle ne bouge d'elle-même pour découvrir un escalier, mais quelqu’un semble monter les marches dans notre direction. Je pousse le Juge sur le lit en lui demandant de faire comme si c’était normal que nous soyons ici. L’elfe de la maison sort du passage secret et nous confronte. Je tente un coup de bluff en le menaçant de ma baguette, comme n’importe quel sorcier arrogant, en le menaçant de prévenir son maître du dérangement qu’il nous a causé. Malheureusement, mon acolyte ne semble pas comprendre mon plan, et sa première réaction a été la confusion. Il tente de se reprendre, mais clairement c’était trop tard.

«Petrificus Totalus ! Fais chier... »

J’aurais préféré éviter de m’en prendre à cet elfe, mais c’était lui ou nous. Je ne suis pas un expert en elfe de maison, et je n’avais aucune idée de leurs forces et faiblesse, dans la hâte j’ai préféré utiliser un sortilège du saucisson plutôt que de risquer de mettre sa vie en danger en le stupefixant. Dans tous les cas, ma réaction a été trop tardive et la créature a eu le temps de sonner l’alerte. Nous pouvons déjà entendre les gardes se ruer vers nous.

«Pas le choix.»

Je prends le Juge par le bras et nous nous engouffrons dans le passage.

«Ferme-toi, ferme-toi saleté. Vite.»

Le passage se referme derrière nous, au nez et à la barbe des gardes. Je reste bouche bé.

«J’y crois pas.» Mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers, nous ne sommes pas tirés d’affaires. «Je doute que ça ne les retienne bien longtemps»

Nous pouvons entendre les gardes gueuler à travers la pierre. Ils ne semblent pas connaître le mot de passe et ils n’ont pas l’air de penser à libérer l’elfe pour qu’il leur ouvre la voie. À voix basse, je m’adresse à Balthazar.

«On a peut-être plus de répit que prévu. La vanité de ces sorciers semble nous sauver, pour le moment.» Je jette un œil au petit. «J’aurais pas dû accepter de t’embarquer là dedans… Ça va aller ?»

Nous allumons nos baguettes tout en nous engouffrant davantage dans le souterrain.

«Je sais pas ce qu’on cherche, mais s’il y a quelque chose de caché, c’est ici qu’on le trouvera. Prenons garde aux pièges.» Je guette les bruits en provenance de l’entrée du passage. Les gardes n’ont toujours pas l’air d’avoir réussi à entrer. «Ce passage ne les retiendra pas éternellement. Il faut aussi qu’on trouve quelque chose pour fuir. Un autre passage secret ou une cheminée. À moins qu’on puisse transplaner ici, mais j’en doute.»