Aux cœurs blessés,
l'ombre et le silence !

Owen s'inquiétait. Sa copine n'était pas rentrée du travail comme prévu. Bien sûr, il connaissait son tempérament. Pas du genre à se laisser faire si elle avait fait une mauvaise rencontre, c'est une tigresse sa Becky. Ou encore son côté volage...Même. Pour une raison obscure, l'Étasunien n'était pas rassuré. Pourtant, il n'avait rien noté d'étrange durant leur week-end passé ensemble. Bon elle était partie à la bourre, la faute aux deux jeunes gens qui faisaient les oiseaux de nuit mais sinon rien. Absolument rien. L'heure tournait. Il l'attendait dans le salon, espérant la voir arriver. Rien. Du calme Owen. Si ça se trouve elle est allée dormir chez un proche et elle a oublié de te prévenir. Oui, voilà. Le Crawford commençait à somnoler, se réveillait en sursaut. Tentait de lutter contre le pouvoir soporifique de Morphée encore et encore, avant de finalement sombrer pour s'éveiller le lendemain matin le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, les muscles lourds, et une douleur tiraillant atrocement sa nuque. Il s'étira et fit le tour de son appartement. Les chambres, la salle de bain. Pas de Rebekah. Peut-être qu'elle est retournée chez elle et c'est moi qui ai mal compris ? Pensa-t-il en se levant du divan dans lequel il s'était endormi comme un sac. Son estomac grommelait, stupide faim du matin. Il avait plus urgent que de se remplir la panse. Passant dans la salle de bain pour se passer de l'eau sur le visage et se changer, Owen transplana à Londres devant l'appartement de Rebekah. Il toqua à la porte. Personne. Ayant de quoi entrer - autorisation, clé et tout ce qui va avec -  l'ex-Gryffondor se permit de le faire histoire de s'assurer que tout allait bien. L'intérieur était bien rangé, calme. Trop calme. "Becky ?" Pareil, le blond fit le tour des lieux. Elle s'était littéralement volatilisée.

Une idée lui vint alors à l'esprit. Il écrivit une note à son attention au cas où elle passerait par-là, qu'il mit en évidence en la collant sur le miroir de la salle de bain. Peut-être qu'il se faisait du souci pour rien, c'est parfaitement son genre après tout. Laissons passer la journée, la soirée même. Et tu aviseras Owen. Il soupira. Puis au même moment, il fut interpellé par un bruit suspect. En bon curieux, le blond quitta la pièce pour regarder, c'est là qu'il la vit. Rebekah, accoudée dans la cuisine vêtue d'un simple t-shirt, sa baguette pointée dans sa direction, croyant sûrement que la présence dans sa maison pouvait être celle d'un cambrioleur. Mais non c'était Owen qui la dévisageait, à la fois perplexe et quelque peu soulagé de la revoir. « Becky...? » Elle baissa sa garde. Lui, avait l'impression de faire face à un fantôme. D'une Rebekah qui n'était plus que l'ombre d'elle-même. Des larmes se mirent à parler sur ses joues, jamais encore son petit-ami ne l'avait vu dans cet état en presque trois ans de relation. « Désolée ! »

Des tas de questions bousculaient. Après tout, c'est normal. Il manquait des pièces du puzzle pour comprendre ce qui l'avait rendu ainsi. Parce que oui, forcément, quelque chose s'était passé pendant son absence. La seule chose qu'il pouvait faire à présent, était de sécher ses larmes d'un geste tendre et la bercer dans ses bras. « Ne soit pas désolée ce n'est rien...Je suis là. Qu'est-ce qu'il s'est passé...? » Elle avait l'air tout d'un coup si fragile, si...Perdue. Ça ne lui ressemblait pas. Pas du tout. Il ne voulait pas la brusquer mais qu'au moins qu'elle sache, comme il avait pu le dire à maintes reprises, qu'il sera toujours là pour elle. Parce qu'Owen, il est comme ça.

Un garçon au grand coeur.

Aux cœurs blessés,
l'ombre et le silence !

La voir dans un tel état lui brisait le cœur. Jamais il n'avait vu Rebekah aussi mal. En la retrouvant plantée là au milieu du salon après avoir passé la nuit à s'inquiéter, Owen n'imaginait pas l'horreur dont elle avait été témoin avant de revenir ici. Il pensait tout bêtement qu'elle avait fait une grosse bourde, qu'elle avait honte d'en parler....Quelque chose dans le genre en tout cas. Sauf que le bougre était loin du compte en réalité. Très loin même. Il la sentait trembler dans ses bras, de peur ? De chagrin ? Sûrement les deux. Il restait encore à savoir le pourquoi du comment, et Owen n'allait pas tarder à avoir la réponse. « Du sang... Sur mes mains... Il est mort ! C'est ma faute Owen... Antonio est mort... Si je n'étais pas arrivée en retard... » Son coeur loupa un battement. Quoi...? Il resta bouche bée, continuant à blottir sa petite amie contre lui et à passer une main dans le dos pour essayer de l'apaiser. Son récit faisait tristement écho avec un souvenir enfouit dans sa mémoire qu'il aurait mieux préféré oublier. Des coups de feu. Le bruit sourd d'un corps tombant sur le sol. Le sang, se rependant sur le plancher en bois. À travers la porte de l'armoire dans laquelle lui et son frère étaient cachés, il avait tout vu. Le meurtre de sa mère, abattue devant ses deux fils qu'elle avait pris soin de dissimuler. Tout lui revint instantanément en mémoire. Mais il devait se montrer à la hauteur. Pour elle. Parce que c'est Rebekah qui avait le plus besoin de quelqu'un en mesure de lui remonter le moral.

Après quelques minutes fortes en émotions, Owen la fit asseoir dans le canapé. Il l'avait tirée vers lui, se retrouvant ainsi tous les deux tranquillement posés contre le dossier, bercés par le sifflement de leur respiration et les pleurs étouffés de la jeune femme. Le Crawford l'avait laissée reprendre ses esprits. Il n'avait pas cherché à insister de peur de la brusquer. Un récit aussi terrible que le sien ne pouvait être livré que si elle se sentait capable. Et visiblement, la présence d'Owen l'avait aidée à se sentir à confiance pour se confier davantage sur ce qui la tourmentait. « Quand j'ai quitté ton appartement en vitesse ... » Commença-t-elle, brisant ainsi le silence qui s'était installé. « ...J'ai transplané jusqu'au bar et avant même d'entrer je savais que quelque chose n'allait pas... Owen... j'ai à peine poussé les portes du White que je savais qu'Antonio avait eu des ennuis... J'ai essayé, j'ai tout fais pour la sauver... mais... il était déjà mort ! Il est mort, Antonio est mort ! » Owen l'avait attentivement écoutée. Témoin de sa détresse, il ne voulait pas être passif. Malheureusement, il n'y avait pas grand chose à faire à part apporter son soutien. S'il pouvait ramener Antonio, là, maintenant, il l'aurait fait. Quitte à se sacrifier. Le choixpeau ne l'avait pas envoyé à Gryffondor par hasard. Certes, il avait la dévotion et une bienveillance exacerbée envers ses proches typique d'un Poufsouffle, mais il avait surtout l'âme d'un Gryffondor pour sa bravoure, son optimisme et son sens moral de preux chevalier. « Shht...Je suis là Bekah, je suis là. » Il s'était redressé et gentiment, ce dernier vint sécher ses larmes en ne la quittant pas du regard. Une lueur chaleureuse brillaient dans ses yeux azur qu'il avait hérité de sa défunte mère. Tout en fait. Car si Matthew tendait plus à ressembler à leur père, Owen avait tout de maman. La couleur blé de ses cheveux, le bleu de ses iris sauf en ce qui concernait son sourire. « Je sais ce que tu ressens, mieux que quiconque. Je sais ce que ça fait de perdre un proche aussi brutalement. C'est dur, on culpabilise. Mais ce n'est pas ta faute, tu ne pouvais pas savoir ce qui arriverait. » Il caressait a joue humide. Puis il se saisit de ses épaules avec plus de fermeté cette fois-ci, comme s'il voulait cravacher son courage. « Mais écoute-moi. Tu n'es pas seule. Je ne te laisserais pas tomber. Je t'aiderais à aller mieux Bekah , même si je dois passer mes jours et mes nuits pour y parvenir. Ça ne se fera pas en un claquement de doigts c'est sûr, il te faudra du temps. Peut-être des mois, des années ? Peu importe. Le mieux que tu puisses faire à présent, c'est de ne pas l'oublier. De te remémorer les bons moments que vous avez passé ensemble. C'est comme ça que tu le feras vivre éternellement. » Un sourire s'esquissa sur ses lèvres. Son discours n'était que le fruit de ce qu'on lui avait répété à une époque où l'avenir n'avait plus aucun sens pour lui. Il espérait de ce fait que ces mots servent à Rebekah autant qu'ils l'ont aidé à se relever et à aller de l'avant. Tout du moins, il n'était plus là à se morfondre sur son sort. Il pouvait remercier Merlin d'avoir des amis et un grand frère en or. « Et puis...Qu'est-ce qu'il penserait s'il te voyait dans cet état ? » Termina-t-il en replaçant délicatement une mèche rebelle derrière l'oreille de Rebekah. Ce n'était pas difficile à deviner. N'importe qui lui dirait de se ressaisir, que le temps fera les choses. Il suffisait d'y croire, de se raccrocher à cet espoir et de trouver la volonté de combattre ses démons. Et s'il le fallait, Owen serait son glaive;

Aux cœurs blessés, l'ombre et le silence !

Dire qu'il ne se sentait pas impuissant face à tout ça était un euphémisme. Owen n'était pas habitué à se retrouver dans ce genre de situation. Néanmoins, il faisait de son mieux en usant  ses propres mots pour la consoler. Lui faire rappeler que la vie est courte et qu'il faut en profiter tant qu'il en est encore temps. C'était ce leitmotiv qui l'aidait à avancer, à ne pas couler. Non ce soir, Rebekah ne fera pas naufrage. Il en faisait la promesse, quitte à jurer sur la tombe de ses parents. « S'il me voyait dans cet état... Il me dirait de me relever, de sécher mes larmes et de ne surtout pas faire quelque chose de stupide... »  Ses lèvres s'étirèrent. L'entendre prononcer de telles paroles le rassurait. Son discours de thérapeute avait fait écho chez la Perroni. Évidemment, le deuil ne se fera pas en une seule journée. Déjà, le Crawford pouvait se targuer de la voir reprendre un peu du poil de la bête. Plus les jours passeront, moins la douleur sera présente. Le temps est souvent le meilleur des remèdes. Mais pour se faire, il ne faut pas être plongé dans la solitude. Avoir quelqu'un sur qui compter est plus essentiel pour ne pas broyer du noir. Owen parlait en pleine connaissance de cause, puisque lui aussi avait traversé un sombre épisode durant son enfance. Toutefois, aujourd'hui, l'étasunien ne s'estimait pas "heureux" même s'il donnait l'impression du contraire sous ses sourires qu'il offrait à son entourage. Si on le croyait baigner en plein bonheur, tant pis en un sens. Il n'aurait pas à faire pitié à qui que ce soit ni d'être forcé de se justifier. « Ça c'est la Bekah que je connais. celle qui ne se laisse par abattre et qui dit merde à ceux qui veulent l'empêcher de vivre. » Et il souhaitait plus que tout être là à ses côtés jusqu'à ce qu'elle ai entièrement remonté la pente. En attendant, Owen s'attelait à lui donner le réconfort dont elle avait besoin. « Scusate... Je suis désolée chéri, tu as vécu bien pire... Je n'ai pas le droit de m’apitoyer ! » Pire ou pas, leurs situations étaient similaires. Tous les deux avaient perdu un être cher. Un membre de leur famille dans de cruelles circonstances qui leur avait été arraché bien trop brutalement. « Pourquoi tu n'aurais pas le droit ? J'ai eu plus de vingt ans pour le faire moi. » Affirmait-il, caressant gentiment la joue humide de sa petite amie. Cette dernière venait de se mettre à califourchon sur lui. Ils se faisaient face, les yeux dans les yeux, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre seulement. « C'est de toi dont il est question. Alors si je peux faire quoique ce soit qui puisse t'aider à aller mieux, je le ferai sans hésiter. » Le blond la tira un peu plus contre lui, puis vint déposer un baiser chaste sur ses lèvres. C'était doux, chaleureux. Comme toute cette affection qu'il avait pour elle.

Aux cœurs blessés, l'ombre et le silence !

Rebekah avait repris quelques couleurs. Il était trop tôt pour dire que son objectif d'éponger sa peine ai été atteint, mais Owen avait de quoi être fier d’avoir réussi à lui faire retrouver le sourire. C’était déjà ça. L'italienne avait eu l’air d'apprécier l'attention qu’il lui avait donnée. Sa présence, ses mots. Ses gestes tendres dont ce baiser déposé qui avait vraisemblablement fait le plus d'effet. Il voyait dans son regard que quelque chose avait changé. Une lueur familière, à la fois reconnaissante et désireuse. Quand Rebekah glissa sa main derrière sa nuque, vint se poser sa joue et se rapprocher pour continuer leur échange doucereux, ses lèvres s'étirèrent en un petit sourire satisfait. La connaissant, Owen pensait qu'elle serait plus demandeuse et fût du coup pris de court lorsqu'elle s'interrompit, faisant se questionner le blondinet sur ce soudain revirement. « Il y a bien quelque chose que tu peux faire pour moi, là maintenant ! » Sans chercher très loin, il comprit oû elle venait en venir. « Et quoi donc ? J’ai toute la journée tu sais. » Plaisanta-t-il en jouant celui qui ne devinait rien. Les mains de la Perroni qui encadraient son visage vinrent chercher les extrémités de son t-shirt gris à manche longues, et le tira de sorte à ce qu'il passe au-dessus de sa tête. L'américain sentait ses doigts frôler sa peau, frissonnante à ce contact exquis. Ce sentiment s'intensifia par ce baiser passionné que Rebekah vint chercher, baiser auquel Owen répondit expressément. Ses mains se baladaient sur les courbes de sa dulcinée et bien vite, elle le débarrassa de ce qu'il avait sur le dos, laissant son torse était visible dessiné par le sport qu'il pratiquait activement depuis Poudlard. D'ailleurs, elle ne se privait pas pour le dévorer du regard après avoir fait une pause dans leur échange sulfureux. « Tu veux prendre une douche ? » Quelque peu essoufflé, sa requête eue l'air de l'amuser. « Pourquoi, tu as peur qu'on s'enflamme un peu trop ? » Vu le tempérament des deux en la matière, ils étaient capables de voler vers d'autres horizons. Il n'avait pas dormi de la nuit suite à l'inquiétude qui l'avait rongé toute la soirée. En s'affalant dans le canapé, le blond avait senti son corps s'alourdir mais Rebekah l'avait réveillé en lui donnant un bon coup de fouet rien qu'en l'embrassant avec cette fougue. « Je rigole amore, bien sûr que je veux. Viens un peu par-là. » Le blond plaqua de nouveau ses lèvres contre les siennes et se leva en portant la jeune femme. Il fit attention de ne pas se prendre les pieds dans quelque chose, ni les murs aussi. Au pire s'ils tombaient tous les deux, ils seraient capables de commencer la fête à même le sol de toute façon.

La salle de bain n'était qu'à quelques pas seulement et à peine ils pénétrèrent à l'intérieur de la pièce, allumant la lumière d'un revers de la main au passage, le Crawford l'installa sur le rebord du meuble de la salle de bain. Pris d'une impatience qui grandissait à chaque seconde, à chaque toucher ou même un regard, l'ex-Gryffondor débarassa à son tour Rebekah de son t-shirt beaucoup trop grand, et commença à titiller sa jugulaire. Ses mains passaient sur chaque parcelle d'épiderme qu'elles trouvaient, les cuisses, les hanches. Il soupirait dans le creux de ses oreilles en réaction à ce désir brûlant qui grimpait crescendo en lui. Ses doigts, eux, finir par venir habillement se glisser dans son dos pour détacher son soutien-gorge : elle était désormais seins nus contre lui, tous deux plus ou moins égalités sur ce qui leur restait à enlever. Un sourire satisfait se dessina sur son visage. Pas plus tard que la veille de l'avant soir, ils étaient passés sous les draps. Si réitérer l'expérience l'aidait à se vider la tête, il serait le dernier à lui dire non. Et puis il devait l'avouer, lui aussi en avait bien envie.

Aux cœurs blessés, l'ombre et le silence !