Elle est à Poudlard. Elle est à Poudlard. Elle est à Poudlard. Même si le Cercle connaissait l'existence de cette école de Magie, j’ignorais totalement son emplacement. À mes heures perdues, j’avais fouillé les recoins de leur ancienne Université qui nous servait désormais à stocker des prisonniers sorciers. En vain.

Mes objectifs personnels étaient devenus une obsession. J’avais retrouvé la maison de Jacob. La maison de mon enfance, mais Il n’y était pas. Ma soif de vengeance n’était clairement pas assouvie ; j’étais restée sur ma frustration, malgré les maigres infos récoltées. Maigres, mais primordiales.

Mon expédition aux States avait été bien laborieuse pour si peu de résultats. Quatre sorciers éliminés, certes, mais pas ce qui était prévu. Ensuite, j’avais beau avoir participé pour l’échange de marchandise, ça ne s’était pas fait non plus sans accroc, bien que l'échange ait pu avoir lieu. On ne m’accordait plus de missions d’éliminations, en dehors de mon escapade à Charlestone, depuis ce qu’il s’était passé dans la maison de Ludivine. La confiance que le Cercle m'accordait avait fortement diminué au fil des mois et il semblerait que, actuellement, ma seule utilité soit de planquer des balises anti-magie dans des villages sorciers que nous avions localisés et auxquels seul mon sang magique permettait d’accéder.

Mais nous manquions de connaissance à ce sujet là. Les villages cachés sorciers étaient légions et nous n’en connaissions qu’une petite poignée.

«Nous avons les moyens de te faire parler, donc on gagnerait tous du temps si tu passes à table rapidement.»

Mais ce n’étaient pas des informations réellement compliquées à obtenir. Nous avions des sorciers captifs, nous pouvions les interroger. C'était à ça qu'ils servaient, non ? Ils devaient forcément connaître l’emplacement de Poudlard, presque tous les sorciers d’Angleterre J’étais en présence de Eliza Johnson. Je ne la connaissais pas trop, en dehors des bruits de couloirs et autres rumeurs, je savais juste qu’elle trainait pas mal avec Robin. Est-ce que c’était bébé Kane qui l’avait assignée pour m’assister dans cet interrogatoire ? Je l’ignorais. Je savais juste que le fils de Georges n’avait pas trop accepté ma petite virée avec Rasak en Amérique du Nord.

«Mais si tu tiens à ce qu’on utilise la manière forte, ça ne sera pas un problème pour nous. Sache-le.»

Nous étions dans une salle d'interrogation plutôt classique, pour le moment, face au sorcier que nous devions cuisiner. Je faisais passer Sheila d’une main à l’autre pour bien qu’il comprenne que mes menaces n'étaient pas du bluff et que je n’hésiterai pas à laisser ma dague agir s’il ne se montrait pas coopératif.

«Dis-nous où trouver Poudlard !»

L’homme se contenta de me regarder avec un léger rictus, l’air de dire “Cause toujours”. Je jetai un œil à Johnson, l'interrogeant du regard pour savoir si elle voulait intervenir.

Les missions liées aux prises d’informations n’étaient pas les préférées d’Eliza. Elle aimait être dans le feu de l’action. Elle aimait se battre avec des sorciers avant de les torturer et de les tuer sans le moindre scrupule. La jeune femme n’était clairement pas du genre à rester sagement sur une chaise à poser des questions. La plupart ne préférait pas répondre.

— Je te conseille de collaborer, où tu risques de passer un mauvais quart d’heure, pesta-t-elle entre ses lèvres.

Elle était adossée au mur, un peu plus loin dans la pièce, et laissait sa partenaire gérer la situation à sa façon. Le succès n’y était pas. En voyant le regard de Garnet, elle décida d’intervenir à son tour, en levant les yeux au ciel. Ce n’était pas la jeune femme qui l’exaspérait, mais ce fichu sorcier qui ne voulait pas collaborer. Ne pouvaient-elles pas tout simplement le tuer ? Cela ferait gagner du temps à tout le monde. Elles auraient qu’à se mettre d’accord sur la version à donner aux dirigeants du Blood Circle. Après tout, s’il ne voulait pas parler, ce sorcier allait passer une magnifique séance de torture et Eliza ne maîtrisait pas toujours ses coups.

— Écoute, crétin. J’ai pas la journée à t’accorder, alors je vais te laisser trois possibilités.

Elle tira une chaise et s’installa face à lui, faisant tourner son propre couteau entre ses doigts, comme s’il s’agissait du jouet le plus passionnant du monde. Eliza devenait une autre personne quand elle se retrouvait en face de sorciers, mais elle adorait ça.

— Tu peux nous dire directement ce que l’on veut savoir et on gagnera du temps. Ce sera tout beau, tout rose pour tout le monde et tu pourras rentrer chez toi.

Au vu de la tête du sorcier, elle pouvait directement passer aux autres possibilités.

— Autrement, je peux m’attaquer à ce que tu tiens le plus au monde, ta magie. Avec ma collaboratrice, on aura aucun mal à t’injecter un sérum qui te la fera perdre jusqu’à la fin de tes jours.

Elle bluffait un peu. Leurs technologies n’avaient pas encore atteint ce stade, mais c’était amusant de lui faire croire le contraire.

— Sinon, j’ai toujours rêvé de faire le jeu du couteau, tu sais, celui entre les doigts de la main. Simplement je tiens bien trop aux miens pour fracasser la tronche d’imbécile dans ton genre, lâcha-t-elle avec un sourire provocateur. J’aimerais bien voir comment tu te débrouilleras pour tenir ta baguette sans aucun doigt.

Elle bascula son visage en direction de sa partenaire du jour et lui offrit un merveilleux sourire. Tout ça n’était clairement qu’un jeu pour Eliza, mais elle le gagnerait dans tous les cas.

— Tu veux commencer à jouer, Garnet, ou je m’y colle la première ?

Les arguments de Johnson n’avaient pas l’air de faire davantage mouche que les miens. Je ne savais pas à qui on avait affaire mais il était certain que lui savait pas encore de quoi nous étions capable. Il s’en foutait peut-être de sa magie, ou alors il savait que le sérum anti-magie n’était pas encore assez développé. Peut-être aussi qu’il ne nous pensait pas capable d’être violentes, parce  que nous n’étions que des femmes. Je savais, par expérience, que les sorciers avaient tendance à nous sous-estimer, à penser que les femmes n’étaient que des incapables. En tout cas, c’était comme ça que pensait Jacob.

Puisqu’il refusait de coopérer. Nous allions être obligées de changer de méthode d’interrogatoire. Quel dommage. Le jeu du couteau était une proposition intéressante, mais nous ne pouvions pas nous permettre de salir cette salle. Le Blood Circle avait bien des tares, mais nous n’étions pas des barbares. Nous laissions toujours une chance aux lâches et aux faibles de vider leur sac de leur plein gré. Une chance de rédemption pour leur péchés ; d’où l’utilisation d’une salle d’interrogatoire simple. Bien entendu, c’était une méthode peu efficace, peu se confiaient à nous dans un tel lieu ; la salle n’était pas très intimidante, l’absence d’outil persuasif et le fait qu’on devait éviter de salir faisait que la seule chose que nous pouvions faire, c’était…

*SPLAF*

Une bonne grosse claque. C’était pas grand chose, par rapport à tous les moyens que nous avions à notre dispositions dans d’autres salles… Mais ça avait tout de même le mérite de défouler.

«T’as peut-être pas bien entendu. On t’a demandé quelque chose. Où est Poudlard ? Parle.»

L’homme finit par ouvrir la bouche.

«J’en sais rien. Ça sert à rien, vous passerez pas les sortilèges de protections mis en place par les sorciers les plus puissants de tous les temps.»

*SPLAF* Une autre.

«Mauvaise réponse. Essaie encore.»

Mais il ne dit rien. *SPLAF* Encore une autre.

«Dans ce cas, tu peux peut-être nous dire où trouver un de vos villages magiques ?»

Pas de réponse. *SPLAF* Un coup poing fermé.

«Putain, Johnson. Il me tape sur les nerfs. Je te jure que je vais accidentellement le crever si ça continue. Faut qu’on le descende.» Par le descendre, j’entendais : “l’emmener dans des salle d’interrogatoires plus sérieuses” «Azy, on va l’emmener jouer au jeu du couteau, on va voir s’il est toujours aussi silencieux.»

À peine nous avions détaché le prisonnier de sa chaise que ce dernier gigota pour se défaire de notre emprise. Il devait penser avoir le dessus contre deux femmes de notre corpulence mais il n'avait pas l'air de savoir que nous étions des guerrières entraînées à combattre, à l'égal des soldats masculins du Cercle. On l'immobilisa assez rapidement. Ma dague sous sa gorge tandis que Johnson lui remit ses bracelets anti-magie.

«T'essayais de faire quoi là ? » Sheila se colla un peu plus contre sa gorge et pour une fois on pouvait voir que le sorcier n'était pas si à l'aise que ça. «Allez, bouge ton derch. Et dans le calme.»

Eliza adorait les interrogatoires, parce qu'elle savait parfaitement que les sorciers adoraient se prendre pour des super-héros. Ils se montraient défiants et refusaient de collaborer. Ils savaient tout autant qu'elle qu'aucun ne sortirait vivant de toute manière. Mais ce qu'Eliza aimait par-dessus tout était le moment où elle les torturait et qu'elle voyait une lueur d'espoir dans leurs yeux. Même en sachant que la mort était proche, ils finissaient par collaborer et se confier, dans l'espoir que leur tortionnaire serait clément. Ce n'était jamais le cas.

La jeune femme prenait un malin plaisir à les voir quitter ce monde lentement et douloureusement. Elle n'avait plus aucune déontologie quand cela concernait les sorciers. Ils méritaient tous de crever. Ils n'avaient pas la moindre empathie. Ils n'en avaient pas eu lorsqu'ils avaient exécuté ses parents. Pourquoi aurait-elle de la pitié envers eux aujourd'hui ?

Un rictus au coin des lèvres, elle observa Garnet en pleine action. Vu le bruit de ses gifles, elle n'y avait pas été de mains mortes, mais le sorcier refusait de collaborer. Ce n'était pas surprenant. Elles auraient dû directement passer aux choses sérieuses. Il n'avait encore aucune raison de leur faire confiance.

— Eh bien, Davis. Je sens que je vais aimer faire mes missions à tes côtés.

Eliza eut un petit sourire en la voyant maîtriser sans trop de mal le prisonnier. Elle avait de très bons réflexes à son âge. Qu'est-ce que ça sera quand elle atteindra celui de sa binôme ? Si elle continuait sur cette voie, elle ferait de grandes choses pour le Blood Circle.

Le trio descendit dans les sous-sols et Eliza poussa l'homme sur la chaise à l'aide de son pied sans le moindre scrupule. Avant qu'il n'ait le temps de réagir, elle pressa un bouton et le siège s'actionna de façon à le bloquer et l'empêcher de partir. Elle adorait cette technologie ! Très pratique pour les séances de torture. Eliza attrapa donc un couteau et le fit tournoyer entre ses doigts, s'approchant dangereusement du prisonnier.

— Au fond, je suis contente que tu ne coopères pas. Je me serais ennuyée, lança-t-elle avec un air sadique. On va donc jouer à un jeu assez simple. Le jeu du couteau. Si je te touche, tu auras le choix entre me donner une information sur Poudlard ou les villages sorciers. Si tu refuses de coopérer, Garnet aura tout le loisir de décider ce qu'elle fait de toi.

Elle jeta un regard à la rouquine pour être sûre qu'elle valide ses propos et finit par sourire au prisonnier.

— Bien. Commençons à jouer.

D'un geste expert, elle commença à frapper avec la pointe du couteau entre les doigts du prisonnier. Il ne bougea pas d'une semelle, au risque de se blesser. De toute manière, il ne pouvait pas aller bien loin. Vu que le jeu lui semblait trop simple, elle commença à accélérer la cadence. Jusqu'à ce que son couteau rencontre son index et que le prisonnier hurle.

Spoiler:

Johnson et moi escortions le prisonnier jusque dans les sous-sols, pour accéder à une salle d’interrogation spéciale. Eliza ne ménagea pas le sorcier lorsqu’elle l’installa sur le siège. Elle lui expliqua ensuite sa propre variante du jeu du couteau.

«S’il te plait. Ne coopère pas trop vite.»

De toute façon, est-ce qu’on pouvait vraiment croire ce qu’il nous dirait ici et maintenant ? L’accès à la confiance entre un tortionnaire et sa victime se faisait pas plusieurs étapes, et par l’utilisation de plusieurs procédés. Au début, les victime refusaient de parler… Ou éventuellement, elles mentaient. Il fallait briser leur volonté. Il fallait y aller lentement, crescendo. À mesure que l’on faisait connaissance, la victime commençait à lâcher des bribes de vérités. Ça prenait plus ou moins de temps, ça dépendait des personnes. Le couteau de Johnson dérapa et le sorcier hurla.

«J’ai… J’ai une femme, des enfants !»

Ah, ça c’était justement une bribe de vérité. Il commençait à se confier, mais rien d’utile. Évidemment, ce genre d’informations ça voulait dire quelque chose du genre “Non, mais vous pouvez pas faire ça, j’ai une famille, un chat, un chien, un boursouflet”. Ce n’était pas vraiment un signe de collaboration. Cependant…

«Mais c’est très bien ça. Donc tu sais comment tu vas les envoyer à l’école tes lardons. Tu vas pouvoir nous indiquer comment nous y rendre !»

La machine était en marche. Encore une fois, je savais qu’il n’allait pas parler maintenant. La torture était un procédé long et bruyant ; mais quand on commencera à utiliser certains outils, certaines méthodes… Nous pourrons croire tout ce qu’il nous dira.

«On va jouer à un autre jeu. Tu dois pas cligner des yeux. Si tu le fais, tu perds. Si tu perds, on te laisse le choix entre nous révéler quelque chose, être frappé ou te faire crever un œil. Si ce que tu nous dis ne nous semble pas pertinent, on te cogne.»

Il avait l’air de comprendre qu’on ne plaisantait pas. Il se prêta au jeu, il résista le plus longtemps possible. On pouvait voir ses yeux se remplir de larme tellement il avait besoin de fermer les paupières.

«Aaaaah ? Craquera ? Craquera pas ? »

Ce n’était qu’une question de minutes, de secondes même.

«Je me demande ce qu’il va choisir. Tu ferais quoi toi, Johnson ?»

Ce fut finalement les yeux embués de larmes qu’il craqua. Ça se voyait qu’il voulait s’essuyer les yeux avec son épaule, mais il ne le pouvait pas.

«Oh, ptit chat, faut pas pleurer. C’est pas grave.»

J’essuyai ses larmes avec ma manche.

«Là… Là… Ça va aller… Alors, tu veux nous dire quelque chose ?»

Pas de réponse. Je fis glisser Sheila le long de son bras.

«Tu veux peut-être  qu’on te crève les yeux alors ?»

Pas de réponse. Je souris doucement.

«Oh… Tu préfères qu’on te fasse mal ?»

Il hocha doucement la tête. J’ouvris un tiroir et regarda la liste des outils à notre disposition. Mon choix se porta finalement sur un marteau plutôt lourd que je posa devant le prisonnier.

«Johnson, tu veux t’y coller ? Ou j’le fais ?»

Un léger gémissement se fit entendre de la part du sorcier.

«Oh pardon, tu t'attendais à une petite tape sur les doigts ? On a dépassé ce stade maintenant, tu sais ? »

Eliza appréciait la jeune femme présente à ses côtés. Elle avait du cran. Elle lui montrait très bien qu'elle n'avait pas besoin d'Eliza comme mentor dans cette mission et cela lui convenait parfaitement. Elle n'avait aucune envie de chaperonner une envie qui chiait dans ses bottes et qui n'était pas sûre de vouloir frapper un prisonnier. Elle ne voulait pas d'un gamin qui réalisait sa première mission et qu'elle devait traiter correctement parce qu'il s'agissait d'un fiston de haut placé. Elle s'en balançait. Ce genre de mission ne l'intéressait pas. Eliza préférait être dans l'action et par là elle voulait dire entendre les cris des putains de sorciers.

Une chance qu'elle soit aimable et qu'elle n'exprime pas le flot d'insultes qui lui trottait en tête. Elle avait envie de leur exploser le crâne et de leur faire payer leur désinvolture. Elle voulait les réduire à néant après tout ce qu'ils avaient fait subir à sa famille et à celle d'autres adhérents.

— Parce que vous en avez quelque chose à foutre de la famille des moldus que vous assassinez ? Laisse moi rire.

Eliza eut un sourire un peu insolent qui ne présageait rien de bon. Si Garnet n'était pas intervenu, elle aurait sans doute arracher un doigt à ce connard. Visiblement, son idée de jeu était bien plus amusante. Elle devenait trop forte au jeu du couteau. Il n'y avait plus d'enjeux.

— A toi l'honneur.

La jeune femme n'allait pas voler l'amusement de sa partenaire. Elle hocha la tête et observa ensuite le prisonnier.

— Je propose que s'il gémit, on lui arrache un doigt. À moins qu'il nous révèle l'information que l'on souhaite avoir.

Eliza trépignait d'impatience. Elle observa Garnet s'exécutait. Elle était hargneuse. Nul doute qu'il ne fallait pas l'emmerder, celle-là ! Un sourire satisfait s'étira sur les lèvres de la Johnson alors qu'elle attendait patiemment la réaction de cette pourriture de sorcier.

Quelques instants plus tard, cet abruti se mit à gémir comme un enfant. L'autre partie du jeu allait pouvoir commencer. Elle releva ses yeux noisette en direction de Garnet.

— Je peux lui couper un doigt ou tu veux t'occuper de lui ?

Eliza ne volerait pas ce plaisir à sa partenaire, mais ses yeux pétillaient à l'idée de le faire souffrir. Au moment où elle s'avança avec un couteau, elle l'observa pour voir s'il allait lâcher une information. Il se tut, alors elle s'exécuta et commença à presser son index.

— Par pitié ! Je peux vous dire la localisation d'un village ! Au nord de Londres ! S'il vous plait, arrêtez ça. Laissez moi partir.

Un nouveau sourire satisfait s'étira sur les lèvres d'Eliza et elle tourna son visage en direction de Garnet. C'était un très bon début.

Spoiler:

Johnson me laissait le privilège de cogner. Elle ajouta une nouvelle règle à notre jeu. S’il gémissait, on lui arrachait les doigts, sauf s’il nous révélait quelque chose. J'aimais l'idée.

«Mouais, pourquoi pas.»

J’empoignai le manche du marteau et le dirigea rapidement vers le visage de notre victime. Je stoppai à quelques centimètres de sa joue tandis que le sorcier tournait la tête et fermait les yeux. Je posai ma main sur son épaule, il sursauta.

«Là… Là… Ça va aller. Ne t’en fais rien, je ne vais rien sentir.»

On pouvait lire la peur dans ses yeux. Il gardait sa bouche close, je pouvais deviner qu’il faisait de son mieux pour ne pas faire de bruits. Il s’était préparé au coup. Je souris. Je poussai doucement la chaise, pour l’éloigner de la table.

«Chouchou… T’es vraiment sûr de vouloir en arriver là ? Plus vite tu parles, et plus vite on n’en parle plus, tu sais ?»

Et sans lui donner l’opportunité de répondre, j’assenai un énorme coup dans les genoux de l’homme. Il cria de douleur et se mit à gémir. Perduuuuu !

«Tu vois, je t’avais dit que ça ne me ferait pas mal. J’ai rien senti.»

Johnson me demanda si elle voulait que je me charge de lui couper le doigt, ou si elle pouvait le faire. Je jetai le marteau sur la table et pris Sheila. Je caressai doucement la lame en réfléchissant. Elle semblait avoir vraiment envie de s'y coller.

«Vas-y. Je crois qu’on n’est pas prêt d’en finir avec lui. J'aurais d'autres occases.»

Elle tira sur l’index de l’homme. Il se débattit un peu, mais c’est surtout lorsqu’elle colla la lame de son couteau qu’il se mit à supplier. Je lui collai une énorme baffe.

«Ta gueule, arrête de chialer.» Je pris une chaise que je mis devant lui et je m’assis, face au dossier, devant lui. «Au nord de Londres. Ça veut rien dire. Tu aurais pu aussi bien dire l’est, l’ouest que le sud que tu pourrais pas te tromper. Va falloir être plus précis, parce que si j’ai une tendinite à force de te cogner, je vais finir par demander à quelqu’un de beaucoup moins tendre que moi.»

Tout ce qu’il voulait, c’était un peu de répit. Il était prêt à dire n’importe quoi qu’on serait capable de croire pour qu’on lui foute un peu la paix.

«Combien de kilomètres au nord ? Comment on y va ? Comment est-ce qu’il est caché ce village ? Comment il s’appelle ? Ta réponse me convient pas.»

Je m’emparai à nouveau du marteau. S’il pensait que ça allait s’arrêter aussi facilement, il était loin du compte. Ça ne faisait que commencer.

«En plus… Je crois que t’as oublié de nous parler de Poudlard.»

Je donnai de légers coups sur sa tête, assez pour être désagréables et faire passer le  message, mais pas assez pour le mettre en danger. On ne pouvait pas se permettre de le tuer avant qu’il ne parle, il fallait éviter de le vider de son sang trop rapidement, sinon on pouvait faire une croix sur ce qu’il avait à nous dire, mais on pouvait tout de même garder une pression constante sur sa vie ; qu’il comprenne qu’il n’était pas en vacances ici.

«J'vais chercher à boire.»

Je revins avec une carafe d'eau et trois verres. Je m'adressai à Johnson.

«Alors ? Du nouveau ?»

Plus le temps passait, moins Eliza était patiente. Elle n'était pas venue ici pour perdre son temps. Quoi qu'il se passe, ce crétin allait finir par lâcher le morceau. La jeune femme refusait d'essuyer un échec auprès des représentants du Blood Circle. Elle était une warrior et pas une imbécile en train de hurler sur une chaise pour un petit coup dans le genou. Vraiment un crétin ce sorcier. Sans sa baguette magique, il ne faisait plus le malin.

La compagnie de Garnet était très agréable. Elle était enfin en binôme avec quelqu'un qui ne doutait pas de ses capacités. Eliza était même heureuse de voir qu'elle ne manquait pas de confiance en elle en mission. Elle ne se serait pas comportée comme elle à son âge. Cela était une certitude !

Quand elle quitta la pièce pour aller s'occuper des raffraichissements, Eliza décida de faire avancer les choses à sa manière. Il ne voulait pas coopérer, alors elle n'allait pas se montrer gentille le reste de la journée. D'un coup sec, elle lui sectionna le bout de son index jusqu'à la première phalange. L'homme hurla à plein poumon.

— Si tu coopères, ton doigt pourra peut-être être recousu à temps. Sinon, je me verrai dans l'obligation de continuer à te couper chacune de tes phalanges, une à une. Puis je m'attaquerai à ta main et à ton bras, jusqu'à ce qu'il ne te reste qu'un petit moignon, lança-t-elle dans un rictus mauvais. Ca ne va pas être évident pour te défendre sans bras, ni mains, n'est-ce pas ?

Elle attrapa le bout de son doigt et une carte de la ville et s'amusa à le faire glisser dessus, comme s'il s'agissait que d'un vulgaire stylo.

— Maintenant, tu vas me dire de quel quartier tu parlais ?

En simple réponse, l'homme se contenta de cracher du sang sur le sol de leur QG. Quelle ingratitude ! Elle allait se montrer gentille pour une fois. Cela n'allait pas durer.

— Non, toujours rien, lança-t-elle à Garnet. Notre sorcier veut jouer aux super-héros alors qu'il se chie littéralement dessus.

Spoiler:

Apparemment, l’homme ne s’était toujours pas mis à table. D’après Johnson, il jouait au super-héros alors qu’il se faisait dessus.

«Compte pas sur moi pour changer sa couche.»

Je remplis les trois verres avec l’eau de la carafe, et en tendis un à ma binôme. Je bus une gorgée. Je remarquai finalement la carte de la ville recouverte de sang. Johnson devait vraiment vouloir savoir où était ce soi-disant village au nord de Londres. Il était vrai que c’était censé être notre priorité. Retrouver l’endroit où étaient terrés les sorciers afin de pouvoir les traquer, les attraper et leur faire payer. Mais j’en avais rien à foutre de ce village, ou d’un autre. C’était une perte de temps pour moi, d’autant plus qu’après c’était moi, Alexander ou Ange qui allions être envoyés pour infester la zone de balises anti-magie. Ce que je voulais, c’était Poudlard. Et si Bouclette ne voulait pas me donner son emplacement, je devrais le trouver par moi-même.

«C’est quoi ça, par terre ?»

Il avait osé cracher par terre ?! Je comprenais ce que Johnson voulait dire quand elle disait qu’il jouait aux durs.

«Il a pas encore compris à qui il avait affaire je crois.»

Je m’emparai du troisième verre d’eau et le lui envoyai de toutes mes forces au visage. Le verre se brisa sur lui. Je le pris par la gorge et le forçai à me regarder dans les yeux.

«Écoute moi bien espèce de sombre merde. Tu te sens peut-être puissant avec ta magie, tu penses que tes blessures guériront grâce à elle, que tu sortiras un jour d’ici.» Mes lèvres formèrent un sourire mauvais. «Mais ça n’arrivera jamais. JA-MAIS. Tu vas crever ici, privé de ta magie, comme un vulgaire chien malade qu’on euthanasie. Mais cette euthanasie ne dépend que de toi. Nous avons les moyens de te libérer de la douleur, on peut t’offrir une mort rapide, indolore. T’as juste à coopérer. Dans le cas contraire… » Je ris. «Pauvre merde, t’es pas prêt à ce qui va t’arriver. J’ai passé plus de la moitié de ma vie enfermée dans les cellules des mangemorts. Depuis que je suis enfant… Et crois moi qu’ils ont utilisé des méthodes physiques tout aussi efficace que le Doloris Et crois moi que j’ai bien appris à les utiliser. J’approchai ma bouche de son oreille pour lui chuchoter. «Mais si tu penses que tu es plus forte que moi. Obstine toi. Ton agonie durera des jours, des semaines, des mois. Ta douleur te rendra complètement fou au point de nous supplier de te buter. Tu tenteras même de le faire toi-même, mais on t’en empêchera. Et un jour… On tombera sur ta famille. Ta femme. Tes enfants. Tes amis. Et leurs traitements seront pires que les tiens.»

Je m’écartai finalement de lui.

«Alors ? Qu’est ce que tu choisis ? Une morte rapide et indolore ? Ou une longue vie de torture ?»

Le sorcier nous lâche quelque informations sur ce village, du moins c'est ce qu'il nous fait croire.

«Le village... Au Nord... Quelques kilomètres à peine. Un petit village, une centaine d'habitants, pas plus. Maintenant, vous avez ce que vous voulez ! Tuez-moi ! »

Je jetai un œil à Johnson. Il pense vraiment s'en tirer aussi facilement ?