walk on stormy seas (Rory & Silas)

INRP IRL

Rory & Silas

walk on stormy seas

A quand pouvait bien remonter son dernier passage au chemin de traverse ? Chaque bâtiment rencontré sonnait comme un vestige d’un temps résolument passé… Il s’y dégageait néanmoins une odeur familière et un soupçon de nostalgie dès qu’un minuscule détail semblait à même de la projeter plusieurs années en arrière. Mélancolique de surcroit, la plupart de ses souvenirs à l’école de magie n’étaient résolument pas qualifiés de joyeux. Elle ne s’était jamais vraiment épanouie dans cet environnement propice à la découverte et aux échanges sociaux de tous les horizons. Trop fermée d’esprit, peut-être. Trop méfiante, surtout. Naomi ne s’était jamais sentie pleinement intégrée en tant qu’élève de la maison Serpentard. Elle refoulait désormais sa nature profonde autant qu’elle le pouvait, se faisant discrète pour ne pas éveiller les soupçons au milieu de cette population avec laquelle elle avait choisi de co-exister. Cette même population qui la rejetterait - ou la dénoncerait - si sa nature de sorcière venait à se savoir. Et pour autant, elle se sentait plus en sureté à vivre ainsi, dans une bulle qui n’appartenait qu’à elle. Ni véritablement proche des moldus, ou même des siens. Faire cavalier seul remontait tout aussi loin qu’à l’époque où elle étudiait à Poudlard. Dans ce monde, rien ne changeait. Qu’il s’agisse de sa petite existence, des querelles incessantes entre l’Ordre et les mangemorts… Seul l’humanité semblait évoluer. En pire ou en mieux, cela restait encore à savoir.

Naomi avait beau renier sa condition de sorcière, elle ne pouvait pas décemment agir de la sorte, surtout dans de tels endroits. Forcée d’adopter une attitude froide et dédaigneuse - qui la qualifiait relativement bien - son souffle se fit plus silencieux au moment où elle bifurqua jusqu’au sentier menant à l’allée des embrumes. Ce n’était pas par gaieté de coeur qu’elle s’y rendait ce jour-ci - aussi rare se présentait-elle désormais dans des lieux typiquement interdits ou incluant la magie - mais plutôt pour rendre un service à un « proche parent » qui l’avait convié à se rendre jusqu’à la boutique de Barjow & Beurk. Cet ami n’était autre qu’un fin collectionneur d’objets sinistres ayant appartenus à des personnes résolument macabres ; une lubie à laquelle il consacrait la plus grande partie de son temps. Naomi, dont la curiosité la poussait souvent à se rendre dans des endroits obscures, ne s’était donc pas débinée pour lui accorder cette faveur en échange d’une récompense prochaine. Elle n’y connaissait pas grand chose en magie noire mais elle s’intéressait depuis longtemps à l’art et aux artéfacts des plus singuliers. Nul doute que l’on saurait la conseiller, puisque cette boutique véhiculait une certaine renommée depuis de très longues années…

Au son de la clochette annonçant son arrivé, la belle ne retira pas tout de suite l’énorme paire de lunette opaque qui camouflait en grande partie son visage. Le manque de luminosité ambiant la poussa cependant à prêter une plus grande attention à l'environnement. Contrariée, un faible râle glissa naturellement sur ses lèvres. Ce n’était définitivement pas le genre d’endroit pour elle. Par chance, il ne semblait pas y avoir grand monde, si bien qu’elle s’autorisa à remonter sa paire de lunette jusqu’au sommet de sa tête. Ce geste logea plusieurs de ses longues mèches blondes vers l’arrière, révélant ainsi ses grands yeux noisettes d’une intensité profonde, soutenu par un maquillage sophistiqué. Sans prêter attention à l’homme qui semblait se tenir avec l’aide d’une pauvre canne, la jeune femme lui offrit un sourire condescendant avant de se rendre jusqu’à un étalage contenant son lot d’objets épouvantes, comme il se faisait presque dans les films d’horreur ! Au lieu de trouver tout ceci désopilant, elle s’attarda davantage sur l’amas de poussières qui lui arracha un rictus. Son index glissa sur la surface plane de cette étagère pour en souligner le manque flagrant de propreté. « J’imagine qu’ils cultivent l’art de l’abject jusqu’au malheureux grain de poussière… » prononça t-elle pour elle-même. Cette boutique respirait une atmosphère toute particulière après tout. Sans doute venait-elle de ternir une image si judicieusement réfléchie par les gérants de la boutique… ? Tant pis. Allait-elle ne serait-ce trouver quelque chose d’intéressant dans cet endroit ?

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